Notice : Un nouvel environnement hypertexte est à disposition : la tragédie Phèdre (ou Hippolyte) de Sénèque.
Adresse sur la Toile: Phèdre
Cet environnement ainsi que l'application Description lexicographique de base (3e version - octobre 2002) que nous avons présentée dans une autre Actualité fournissent à l'étudiant les outils relevant des nouvelles technologies nécessaires, par exemple, au travail d'une lecture cursive du théâtre de Sénèque - en commençant par Phèdre -, lecture cursive d'un autre type ouverte à la fois sur l'apprentissage de la langue latine par le pratiquant mais aussi sur l'enrichissement de toute la communauté des latinistes grâce à l'inscription des données d'analyse produites dans une base de données au contenu progressif.
Mise en appétit : La mort d'Hippolyte (vers 1050 à 1110):
[1050] Tremuere terrae, fugit attonitum pecus
passim per agros, nec suos pastor sequi
meminit iuuencos; omnis e saltu fera
diffugit, omnis frigido exsanguis metu
uenator horret. solus immunis metu
[1055] Hippolytus artis continet frenis equos
pauidosque notae uocis hortatu ciet.
Est alta ad Argos collibus ruptis uia,
uicina tangens spatia suppositi maris;
hic se illa moles acuit atque iras parat.
[1060] ut cepit animos seque praetemptans satis
prolusit irae, praepeti cursu euolat,
summam citato uix gradu tangens humum,
et torua currus ante trepidantis stetit.
contra feroci gnatus insurgens minax
[1065] uultu nec ora mutat et magnum intonat:
'haud frangit animum uanus hic terror meum:
nam mihi paternus uincere est tauros labor.'
Inobsequentes protinus frenis equi
rapuere cursum iamque derrantes uia,
[1070] quacumque rabidos pauidus euexit furor,
hac ire pergunt seque per scopulos agunt.
at ille, qualis turbido rector mari
ratem retentat, ne det obliquum latus,
et arte fluctum fallit, haud aliter citos
[1075] currus gubernat: ora nunc pressis trahit
constricta frenis, terga nunc torto frequens
uerbere coercet. sequitur adsiduus comes,
nunc aequa carpens spatia, nunc contra obuius
oberrat, omni parte terrorem mouens.
[1080] non licuit ultra fugere: nam toto obuius
incurrit ore corniger ponti horridus.
tum uero pauida sonipedes mente exciti
imperia soluunt seque luctantur iugo
eripere rectique in pedes iactant onus.
[1085] Praeceps in ora fusus implicuit cadens
laqueo tenaci corpus et quanto magis
pugnat, sequaces hoc magis nodos ligat.
sensere pecudes facinus - et curru leui,
dominante nullo, qua timor iussit ruunt.
[1090] talis per auras non suum agnoscens onus
Solique falso creditum indignans diem
Phaethonta currus deuium excussit polo.
Late cruentat arua et inlisum caput
scopulis resultat; auferunt dumi comas,
[1095] et ora durus pulcra populatur lapis
peritque multo uulnere infelix decor.
moribunda celeres membra peruoluunt rotae;
tandemque raptum truncus ambusta sude
medium per inguen stipite ingesto tenet;
[1100] paulumque domino currus affixo stetit.
haesere biiuges uulnere, et pariter moram
dominumque rumpunt. inde semianimem secant
uirgulta, acutis asperi uepres rubis
omnisque ruscus corporis partem tulit.
[1105] Errant per agros funebris famuli manus,
per illa qua distractus Hippolytus loca
longum cruenta tramitem signat nota,
maestaeque domini membra uestigant canes.
necdum dolentum sedulus potuit labor
[1110] explere corpus.
Traduction française:
[1050] La terre voit ce monstre avec horreur; les
troupeaux effrayés se dispersent; le pâtre abandonne
ses génisses; les animaux sauvages quittent leurs
retraites, et les chasseurs eux-mêmes sont glacés
d'épouvante. Le seul Hippolyte, inaccessible à la
peur, arrête ses coursiers d'une main ferme, et,
d'une voix qui leur est connue, s'efforce de les rassurer.
Une partie de la route d'Argos est percée entre de
hautes collines, et voisine du rivage de la mer.
C'est là que le monstre s'anime au combat et aiguise sa rage.
[1060] Dès qu'il a pris courage et médité son
attaque, il s'élance par bonds impétueux, et, touchant
à peine la terre dans sa course rapide, il se jette
au-devant des chevaux effrayés. Votre fils, sans
changer de visage, s'apprête à le repousser, et,
d'un air menaçant et d'une voix terrible: "Ce monstre,
s'écrie-t-il, ne saurait abattre mon courage;
mon père m'a instruit à terrasser les taureaux".
Mais les chevaux, ne connaissant plus le frein,
entraînent le char, et, quittant le chemin battu,
[1070] n'écoutent plus que la frayeur qui les précipite à
travers les rochers. Comme un pilote qui, malgré la
tempête, dirige son navire et l'empêche de présenter
le flanc aux vagues, tel Hippolyte gouverne encore
ses chevaux emportés. Tantôt il tire à lui les rênes,
tantôt il les frappe à coups redoublés. Mais le monstre,
s'attachant à ses pas, bondit tantôt à côté du
char, tantôt devant les coursiers, et partout
redouble leur terreur.
[1080] Enfin il leur ferme le passage et s'arrête devant
eux, leur présentant sa gueule effroyable. Les
coursiers épouvantés, et sourds à la voix de leur
maître, cherchent à se dégager des traits; ils se
cabrent, et renversent le char. Le jeune prince tombe
embarrassé dans les rênes, et le visage contre terre.
Plus il se débat, plus il resserre les liens
funestes qui le retiennent. Les chevaux se sentent
libres, et leur fougue désordonnée emporte le char
vide partout où la peur les conduit.
[1090] Tels les chevaux du Soleil ne reconnaissant plus la main
qui les guidait d'ordinaire, et indignés qu'un mortel portât
dans les airs le flambeau du jour, abandonnèrent
leur route, précipitant du ciel le téméraire Phaéton.
La plage est rougie du sang du malheureux Hippolyte;
sa tête se brise en heurtant les rochers. Les
ronces arrachent ses cheveux, les pierres meurtrissent
son visage; et ces traits délicats, dont la beauté
lui fut fatale, sont déchirés par mille blessures.
Mais tandis que le char rapide emporte çà et là cet
infortuné, un tronc à demi brûlé, et qui s'élevait
au-dessus dé la terre, se trouve sur son passage, et l'arrête.
[1100] Ce coup affreux retient un moment le
char; mais les chevaux forcent l'obstacle en déchirant
leur maître, qui respirait encore. Les ronces
achèvent de le mettre en pièces. Il n'est pas un
buisson, pas un tronc qui ne porte quelque lambeau
de son corps. Ses compagnons éperdus courent
à travers la plaine, et suivent la route sanglante
que le char a marquée. Ses chiens même cherchent
en gémissant les traces de leur maître. Hélas! nos
soins n'ont pu rassembler encore tous les restes de
votre fils.
Références utiles:
- Texte latin(repris à la Latin Library): Dépôt ITINERA ELECTRONICA
- Traduction française (Collection des Auteurs latins publiés sous la direction de M. NISARD): Dépôt ITINERA ELECTRONICA
- Présentation HTML : BCS - Bibliotheca Classica Selecta
Annonce :
les environnements hypertextes en finition concernent:
- César, Commentaires sur la Guerre des Gaules, livres V et VII
- Horace, Odes, Epodes, Epîtres et Satires, oeuvres pour lesquelles Vincent CALLIES (Site Mythorama) nous a aimablement fournis les fichiers sur support électronique des traductions faites par Charles-Marie Leconte de Lisle (1818-1894)
- Tacite, Annales, Histoires, Agricola, Dialogue sur les orateurs grâce à la mise à disposition progressive, par Philippe REMACLE (Site de textes latins), des fichiers sur support électronique des traductions faites en 1884 par J.-L. BURNOUF
- Erasme, Lettre à Dorpius (au sujet de l'Eloge de la Folie), L'Institutio principis christiani [sans traduction française]
- Grégoire IX, pape, Lettre à l'archevèque de Reims (1er juillet 1239)[sans traduction française]
Jean Schumacher
LLN, le 31 octobre 2002
|