Notice : 1. LECTURE : Pétrarque (1304-1374) : Est-il possible de perdre à la guerre mais avec les honneurs ?
Pétrarque, Entretiens familiers de Pétrarque Sur la bonne et mauvaise fortune ou L'Art de vivre heureux, ch. 73 : De la perte d'une bataille
... Itaque non, quisquis bello uincitur, bellicis simul spoliatur laudibus; licet etiam armis amissis ex acie fugientem, quodque est maius, in acie pereuntem, secum ducis eximii nomen ferre. Nam et ad Thermopylas Leonidam non tam uictum quam uincendo fatigatum, inter ingentes stratorum hostium cumulos occidisse, cum suis Grece memorant historie; quam Deiphebo famam Maro applicat; et in campis Emathiis, si Lucano creditur, stetit ordine certo infelix acies. Et nouissimo prelio quod in Africa cum Hannibale gestum est, nec melius instrui aciem, nec acrius potuisse pugnari, ut de uictore uictus, sic et de uicto itidem uictor ipse, confessus est, uterque ingens rerum talium extimator. Quid amisit autem, qui ueram artis sue gloriam et bene geste rei conscientiam non amisit?
... C'est pourquoi un homme qui est vaincu à !a guerre ne perd pas toute sa
gloire, il peut emporter la réputation de grand capitaine, quoiqu'il ait perdu
les armes et la vie même. C'est ainsi que les Grecs rapportent que Léonidas
se trouva mort parmi les ennemis n'ayant pas tant été vaincu, comme lassé
de vaincre. Lucain remarque aussi que ceux, qui furent défaits aux
campagnes d'Émathie, gardèrent toujours l'ordre du combat parmi les
confusions de la guerre. On dit encore.de la dernière guerre d'Afrique,
qui fut faite contre Annibal, qu'on-ne pouvait ni mieux ranger une armée, ni
combattre plus vaillamment, suivant le témoignage que les vaincus
donnèrent aux vainqueurs et les vainqueurs aux vaincus.. ll n'appartenait
qu'à eux d'en parler, comme d'en juger. Je conclus donc que celui-là n'a rien
perdu à la guerre, qui a conservé son honneur parmi ses disgrâces. Il a bien
fait de son côté si la fortune a mal fait du sien.
2. LECTURE : Érasme (1469-1536) se dit charmé per les gands édifices et les grandes villes
Érasme, Correspondance, Lettre 2195 à Johann Choler - extrait :
... Hactenus nihil est quod querar de nomine huius g-Eleutheropoleohs mihi sane fuit hactenus quod dicitur. Veruntamen ut caeci maxime dicuntur capi rebus uidentium, ita ego pusillus semper magnis aedificiis et urbibus sum delectatus, quumque raro pedem efferam cubiculo, tamen in ciuitatibus
frequentissimis uiuere gaudeo. Hic est naturae sensus, cui tamen non omnino deest ratio. In illis pauciora sunt ruris uestigia, et paratior rerum bonarum copia. Denique in magna hominum turba facilius est inuenire probos amicos quam in raritate. ...
... Jusqu'à présent, je n'ai aucun motif de me plaindre de cette "ville de la liberté" {Fribourg} : elle a été pour moi à ce jour pleinement conforme à son appellation. Cependant, de même que les aveugles sont, dit-on, intéressés au plus haut point par l'activité de ceux qui voient, de même moi qui suis
minuscule, j'ai toujours été charmé par les grands édifices et les grandes villes ; et bien que je mette rarement le pied hors de ma chambre, j'ai cependant plaisir à vivre dans les villes les plus peuplées. C'est là un sentiment instinctif, qui n'est pourtant pas tout à fait dépourvu de raison. Il y a dans ces villes moins de traces visibles de la campagne, et les bonnes choses y sont plus disponibles et abondantes. Enfin, il est plus facile de trouver d'honnêtes amis dans une grande foule d'hommes que dans un petit nombre. . ..
Traduction française : Jacques Chomarat, joseph Helle gouarc'h, Pierre Langlois, Guy Serbat, Jean-Claude Margolin, La correspondance d'Érasme, vol. VIII (1529 - 1530), University Press, Bruxelles, 1979
3. LECTURE : John Barclay (1582 - 1621) décrit longuement la secte des Hyperéphaniens en Sicile
John Barclay, L'Argénis, II, 5
Hyperephaniis ex suae superstitionis genio nomen hoc fecimus. Eorum factio regnantibus grauis quodam Usinulca auctore hoc saeculo est exorta. Ille deorum cultu neglecto qualis in Sicilia semper uiguit, ausus est nouas religiones afferre pacemque sollicitare animorum, qui superbia -- -- uel nimia simplicitate -- -- diripi possent. Quibusdam igitur ambitiosum fuit a sensu maiorum eo duce discedere. Alios eloquentia fefellit cui pietatis species erat intexta. Accessit impetus nouitatis, tanto furore excaecans animos, ut barbara Usinulcae commenta inuenerint laudatores, non ex uastis et ultimis terris, sed (quod mireris) ex alumnis Siciliae -- -- quamquam nihil portentis deterius quibus suam ille scholam foedauit, ut uel referre me pudeat contumeliosam numinibus uesaniam. Negat ullum mortalium ulli sceleri operam dare, nisi qui illi perpetrando ab adigentibus diis damnatus est. Utcumque uero in uitia pugnes, in te sis innocens, commodus hominibus, in deos liberalis, eiusmodi pietate effici non uult ut amicior diis uiuas. Non haec enim omnia esse illam uirtutem, quae acceptos immortalibus homines facit, sed illius tantummodo signa uirtutis. Praeterea non esse in delictis discrimina, sed in hominibus qui delinquunt: si quidem a diis exosos -- -- uel oleris furto! -- -- mereri quicquid Furiae apud poetas faciunt; ceteros uero non parricidio, non incestu, libare amicitiam qua cum numinibus sunt coniuncti; ita ab uno scelerum ceno hos intactos, illos amisso decore excedere. Velut in aquas si quid anserini generis mergas, inde inuiolata siccitate eduxeris, cum ceterae aues, aquis iisdem et minori saepe mora, tenorem et usum pennarum corrumpant. Parco ceteram Usinulcae amentiam memorare. ...
... Les Hyperéphaniens tirent leur nom de la superstition à laquelle ils sont
attachés. C'est Ulican, qui de nos jours a donné naissance à cette secte si
contraire aux édits des souverains. Cet homme vif et remuant a rejeté la
manière ordinaire de révérer les Dieux, pour introduire une nouvelle
religion, et jeter le trouble dans les esprits, que l'orgueil ou la trop grande
simplicité rendaient susceptibles de ses impostures. Quelques-uns se sont fait
honneur de quitter leur ancienne religion pour embrasser, sous la conduite
de ce premier chef, de nouveaux sentiments. D'autres séduits par des paroles
choisies et soutenues d'une pieté fervente, se sont laissés entraîner à la
nouveauté et ces mensonges grossiers d'Ulican ont trouvé des sectateurs, je
ne dis pas dans des pays écartés, mais au milieu même de la Sicile, quoiqu'il
n'ait rien de si pernicieux que les maximes impies, dont il a infecté son école.
Et la honte même de vous entretenir de ces folles idées qui vont jusqu'à
attaquer les Dieux. Il nie qu'aucun mortel ne puisse commettre le crime, s'il
n'y est entraîné par leur volonté particulière. Résister avec courage aux
passions les plus dérèglées, conserver son innocence, ne chercher qu'à faire
plaisir à ceux avec qui l'on a à vivre, avoir pour les Dieux le respect qui leur
est dû, tout cela, selon Ulican, n'est d'aucun mérite auprès d'eux, ce n'est
point là, dit-il, cette vertu qui nous les rend favorables, ce n'en sont que les
dehors. Il prétend que toutes les fautes sont égales, et que la différence de la
punition, ne doit être prise que de la part de celui qui offense les Dieux que
s'il a le malheur de n'en être point aimé, quand il n'aurait commis qu'un vol
de peu de conséquence, il doit être exposé à tous les genres de supplices,
dont les furies, au rapport des poètes, tourmentent les âmes dans les enfers,
au lieu que celui qui a le bonheur d'en être aimé, peut commettre
impunément, et sans craindre de perdre leur amitié, un parricide, ou un
inceste : de façon que d'une même espèce de crime, l'un en sortira pur, et
l'autre souillé ; à peu près comme nous voyions qu'il arrive à certains
oiseaux, qui vont à l'eau : ils y demeurent du temps sans contracter la
moindre humidité, tandis que d'autres ne pourraient y demeurer un
moment, sans perdre l'usage de leurs plumes. Je ne dis rien des autres
extravagances d'Ulican. ...
4. ITINERA ELECTRONICA
: Environnements hypertextes & Textes préparés :
A) Environnements hypertextes :
B) Textes préparés :
- Pétrarque (1304-1374), Entretiens familiers de Pétrarque Sur la bonne et mauvaise fortune ou L'Art de vivre heureux, ch. 77 : De la perte d'une bataille
Traduction française numérisée par nos soins en adaptant l’orthographie.
Traduction française : Entretiens familiers de Pétrarque sur la bonne ou mauvaise fortune ou l’art de vivre heureux. Tomme second. Paris, Trabouillet , 1673
...
latin :
http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/AClassFTP/Textes/Petrarque/de_remediis_fortunae_ch77.txt
français :
http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/AClassFTP/Textes/Petrarque/de_remediis_fortunae_ch77_fr.txt
- John BARCLAY (1582 - 1621), L’Argénis, Livre II, chap. 5
Traduction française numérisée par nos soins (orthographie adaptée).
Traduction française : abbé Josse, L’Argenis de Barclay. Tome premier. Chartres, N. Besnard, 1732
...
latin :
http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/AClassFTP/Textes/John_Barclay/argenis_02_05.txt
français :
http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/AClassFTP/Textes/John_Barclay/argenis_02_05_fr.txt
Jean Schumacher
01 septembre 2017
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