Notice : 1. LECTURE : Érasme (1469-1536) met en scène Philippe de Macédoine et un soldat qui a fait naufrage et qui s'est montré très ingrat envers celui qui l'avait recueilli :
Érasme, Correspondance, Lettre 1689 à Bernard de Cles - extrait :
... Philippus Macedonum rex, Alexandri Magni pater, sed ueris
animi dotibus utcunque laudato filio maior, inter bonos principes
numeratur, sed nulla re celebrior quam aequitate ciuilitateque
morum. Is habebat militem manu fortem sed animo prauum,
cuius in multis expeditionibus utilem expertus operam, subinde ex
praeda aliquid illi uirtutis causa donarat, et hominem uenalis
animae crebris autoramentis accenderat ad rapinas ; non aliter
quam ex fera canibus aliquid extorum obiicitur, quo sint acriores;
in uenatu. Hunc militem forte naui fracta in possessionem cuiusdam
Macedonis tempestas impulerat. Quod ubi nunciatum est
Macedoni, collegit hominem, refocillauit semianimem, multisque
diebus summa cum humanitate tractauit ; postremo discedentem
instruxit uiatico. Interea miles crebro dicebat hospiti suo, "Referam
tibi gratiam, uidere tantum mihi contingat Imperatorem
meum". Et quod pollicitus est, praestitit. Venit ad Regem,
naufragium exposuit, auxilium tacuit. Ac protinus petit a Rege
praedium illius Macedonis a quo receptus, recreatus, sanatus et
uiatico adiutus fuerat ; commentus est nonnihil causae aduersus
hominem benemeritum. Hoc erat referre gratiam promissam.
Fauebat Rex strennuo militi, miserebatur naufragi, credidit ingrate.
Quid multa ? Donauit quod petebatur. His modis peccant et
aequi principes, praesertim in bello.
Non absoluam narrationem, nisi recitaro sententias aliquot quas
hoc loco interserit Seneca. "Multa", inquit, "reges, in bello praesertim,
opertis oculis donant. Non sufficit homo iustus armatis
cupiditatibus. Non potest quisquam eodem tempore et bonum
uirum et bonum ducem agere. Quomodo tot milia hominum
insatiabilia satiabuntur ? Quid habebunt, si suum quisque habuerit ?"
{Sénèque, Des Bienfaits, IV, 37}
Expulsus Macedo non tulit tacite hospitis ingratissimi perfidiam.
Regi per literas breues sed liberas rem omnem significat. At Rex
optimus id factum nihilo leuius tulit quam is qui fuerat expulsus ;
nihilque moratus, Pausaniae—id erat militi nomen—mandat ut
e uestigio restituat hominem in pristinam possessionem. Quid
praemii debebatur impio militi, ingrato hospiti, auidissimo naufrago,
impudenti postulatori ? Inscribi oportuit fronti illius stigmata ingratum
hospitem testantia. ...
... On met au rang des bons princes Philippe, roi de Macédoine,
père d'Alexandre le Grand, mais supérieur pour les dons véritables
du caractère à ce fils qu'on a célébré de tant de façons; rien
ne l'a rendu plus célèbre que la justice et la courtoisie de ses manières.
Ce roi avait un guerrier plein de courage physique mais
moralement corrompu; ayant apprécié au cours de nombreuses
expéditions la valeur de ses services, il lui avait donné chaque
fois une partie du butin pour récompenser sa vaillance et par ces
générosités répétées avait enflammé le goût du lucre dans l'âme
vénale de cet homme. Ce n'est pas autrement qu'on jette aux
chiens un peu des entrailles du gibier, pour qu'ils deviennent plus
acharnés à la poursuite. Or, un jour ce soldat fit naufrage et la
tempête le jeta sur les terres d'un Macédonien. Dès qu'on annonça
la chose à celui-ci, il recueillit notre homme à moitié mort,
le ranima et, pendant de longs jours, le soigna avec la plus
grande humanité; enfin, quand il partit, il pourvut à ses frais de
voyage. Pendant tout ce temps, le soldat ne cessait de répéter à
son hôte : « Je te le revaudrai, pourvu que j'aie la chance de revoir
mon général ». Et ce qu'il avait promis il l'accomplit. Il alla
trouver le roi, raconta son naufrage mais ne dit mot des secours
reçus; sur le champ, prétextant quelque procès contre cet homme
à qui il devait tant, il demanda au roi la propriété du Macédonien
qui l'avait recueilli, ranimé, guéri et gratifié d'un viatique.
Voilà ce qui s'appelle manifester la reconnaissance qu'on a promise.
Le roi était bien disposé pour son valeureux soldat, il le
plaignait d'avoir fait naufrage, il crut cet ingrat. Que dire de
plus ? Il accorda ce qu'on lui demandait. C'est ainsi que les princes,
même justes, commettent des fautes, surtout en temps de guerre.
Je ne terminerai pas mon récit sans citer quelques réflexions
que Sénèque intercale ici : « Les rois, dit-il, font bien des cadeaux,
les yeux fermés, surtout à la guerre. Un homme juste n'est pas de
taille à résister aux convoitises militaires. Nul ne peut à la fois se
conduire en honnête homme et en bon général. Comment rassasier
tant de milliers d'individus insatiables ? Qu'auront-ils, si chacun
reçoit ce qui lui revient ? ». Le Macédonien exproprié ne subit
pas sans se plaindre la perfidie d'un hôte si ingrat. Dans une
lettre courte mais franche il dévoila au roi toute l'affaire. L'excellent
souverain ne prit pas les choses plus légèrement que le propriétaire
dépossédé; sans retard il fit appeler Pausanias — c'était
le nom du soldat — pour lui ordonner de rendre sur le champ à
cet homme les biens qu'il possédait avant. Quelle récompense
était due à ce soldat impie, à cet hôte ingrat, à ce naufragé plein
de cupidité, à ce solliciteur sans scrupules ? Il fallait imprimer
sur son front la marque d'infamie dénonçant un hôte ingrat. ...
Traduction française : Daniel Coppieters de Gibson, André Raeymaeker, Aloïs Gerlo, La correspondance d'Érasme, vol. VI (1525 - 1527), University Press, Bruxelles, 1978
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Jean Schumacher
02 juin 2017
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