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Date :     18-11-2016

Sujets :
LECTURE : Pétrarque (1304-1374) cite en exemple de cupidité mal placée l'affaire de l'opale du sénateur romain Nonius que convoita Marc-Antoine pour la donner à Cléopâtre ; LECTURE : Pétrarque (1304-1374) donne comme exemple de modestie et de modération le trophée de Pompée dans les Pyrénées ; LECTURE : Pétrarque (1304-1374) donne en exemple de la vanité humaine l'agate de Pyrrhus ; LECTURE : Pétrarque (1304-1374) se demande : à quoi cela a-t-il servi à Polycrate de Samos de posséder un sardonyx d'une valeur inestimable ? ; ITINERA ELECTRONICA : Environnements hypertextes &Textes préparés : Augustin (saint) ; Denys Caton, Augustin (saint), Pétrarque ;

Notice :

1. LECTURE : Pétrarque (1304-1374) cite en exemple de cupidité mal placée l'affaire de l'opale du sénateur romain Nonius que convoita Marc-Antoine pour la donner à Cléopâtre :

Pétrarque, (1304-1374), Entretiens familiers de Pétrarque Sur la bonne et mauvaise fortune ou L'Art de vivre heureux, XXXVII, 2 :

... Cui enim queso non est notum Nonii consilium? Romanus hic senator fuit uir locupletissimus gemmamque habuit uiginti millibus extimatam — gemme nomen opalus; mittit hunc India, colorum pene omnium uarietate prefulgidum —. Huius fama excitatus accensusque cupidine Antonius triumuir, homo omnium superbissimus atque auarissimus et cui quicquid natura libitum fortuna licitum fecisset, cum iniusto gemme desiderio, ut fit, crudele possessoris odium concepit. Hinc in illo publico proscriptionis incendio, quo tot patrie lumina periere, Nonii nomen arsurum cum reliquis ob hoc unum crimen, quod formose tyrannoque placite dominus rei esset, insertum est. Ille autem, cui Ponticus saltem fiber exemplo esset ut perniciose iactura sarcinule libertatem redimeret ac salutem, illam ipsam, sibi, ut auguror, presenti discrimine cariorem, sic amplexus aufugit, ut ea salua nulla sibi uel patrimonii uel patrie cura esset, cum illa paratus exulare et mendicare et ad extremum mori. Quis non magni extimet, ad quam uir senatorius sic affectus sit? Et profecto fatendum alterum: aut magni pretii eam fuisse aut parui animi possessorem. Sed quid horum uerius ut diffiniam non expectas, etsi autem huius ac reliquorum simile iudicium seu contagium animorum late serpens uulgi mores infecerit. Magna tamen ingenia nec nummis delectari nec omnino alia quam uirtutis pulchritudine tangi decet, nisi ut per hec breuia que delectant oculos experrecta mens in amorem ac desiderium eterne pulchritudinis rapiatur, quo de fonte quicquid est pulchrum prodit. ...

... Qui n'a ouï parler de la résolution de Nonius ? C'était un sénateur romain, qui étant extrêmement riche, avait une opale du prix de vingt mille écus ; c'est une pierre qui vient des Indes, et dont la couleur semble tenir de l'éclat de toutes les autres. Marc-Antoine, triumvir, le plus superbe et le plus avare de tous les hommes en fut amoureux, sitôt qu'il avait entendu parler de sa beauté. Et comme c'était une personne à qui la fortune semblait rendre licite tout ce que la nature voulait, avec l'injuste désir de cette pierre, il conçut, comme c'est l'ordinaire, une haine implacable contre son possesseur. Ainsi dans cet incendie public d'une proscription fatale, qui ravit tant de lumières à la patrie, le nom de Nonius y fut inséré pour être brûlé comme les autres et cela pour ce crime seul, qu'il était maître d'une belle chose qu'un tyran aimait avec passion. Lui, qui pouvait avoir appris par l'exemple du Castor à racheter sa vie et sa liberté par la perte d'un petit fardeau, mais fort ruineux, s'enamouracha si fort de son opale, que le danger présent lui rendait encore plus chère, qu'il n'eut plus de soin pour son patrimoine, pour sa patrie, ni pour soi-même, pourvu qu'il la pût conserver, et se disposa de s'enfuir, de mendier et de mourir avec elle.
{Cfr. Pline l'Ancien, Histoire Naturelle, XXXVII,21}
Qui n'estimera donc beaucoup une pierre qu'un grand sénateur a si fort considérée? Certes il faut avouer, ou que la chose était de grand prix, ou que son possesseur avait une âme bien basse. Tu n'attends pas que je décide ici lequel des deux est le plus véritable. Or bien que ce jugement et d'autres semblables, comme une contagion pernicieuse aux esprits, ait corrompu les moeurs du peuple, il n'est pas de la bienséance que de grandes âmes et des génies héroïques se plaisent à l'argent ou à des pierreries, s'il n'y a pas une autre chose que la beauté de la vertu ; si ce n'est afin que par ces objets passagers qui flattent les yeux, l'esprit se réveille pour s'emporter plus ardemment à l'amour et à la recherche de cette éternelle beauté, qui est la source, la fin et l'exemplaire de toutes les autres. ...


2. LECTURE : Pétrarque (1304-1374) donne comme exemple de modestie et de modération le trophée de Pompée dans les Pyrénées :

Pétrarque (1304-1374), Entretiens familiers de Pétrarque Sur la bonne et mauvaise fortune ou L'Art de vivre heureux, XXXVII, 4 :

... Magnus Pompeius, continentissimus Romanorum ducum, horum dico nouissimorum, qui quantum magnitudine gestarum rerum ceteris antecellunt tantum modestia morum uiteque frugalitate maioribus cedunt suis, uictor ab Hispania pacato rediens occidente compressisque predonibus et in unum coactis locum, cui Conuenarum nomen ob hoc inditum in seculum id durat, illic Pyreneis in montibus, locorum forsan asperitate modestiam adiuuante atque etatis uictorieque superbiam compescente, masculum tropheum puramque et rigidam sui oris imaginem erexit: uere tunc magnus atque magnificus, quamuis adolescens annis, moribus senex maturusque animi!

... Le grand Pompée, le plus continent de tous les capitaines romains, je parle de ces derniers, qui cèdent autant à leurs prédécesseurs en fait de modestie et de frugalité, qu'ils surpassent tous les autres par la gloire de leurs exploits. Ce grand homme, dis-je, revenant victorieux d'Espagne, après avoir donné la paix à tout l'Occident et ayant arrêté les courses des voleurs, en les réduisant en un lieu qui en porte encore le nom, fit dresser à sa mémoire un trophée mâle qu'on voit encore aujourd'hui dans les monts Pyrénées {Col de Panissars}, l'âpreté des lieux ayant peut-être aidé sa modération et bridé en lui l'insolence de l'âge et la superbe de la victoire. Ce trophée n'est qu'une simple et rude représentation de son visage entaillée dans une pierre, mais qui montre qu'il était lors véritablement grand et magnifique ; bref vieil homme de maturité et en bonnes moeurs, encore qu'il fût jeune d'âge....


3. LECTURE : Pétrarque (1304-1374) donne en exemple de la vanité humaine l'agate de Pyrrhus :

Pétrarque (1304-1374), Entretiens familiers de Pétrarque Sur la bonne et mauvaise fortune ou L'Art de vivre heureux, ch. 37 : Des pierres et des pierreries :

... Audisti ut Pyrrho illi, qui cum Romanis bellum gessit, achates fuit lapis olim pretiosissimus hominum iudicio, nunc eodem quo pretia rebus fiunt uariante uilissimus, in quo quidem species rerum diuersarum representari solere oculis fama est, hominum, iumentorum, fluminum, nemorum, uolucrum ferarumque nulla penitus manu artificis sed nature. In anulo sane Pyrrhi regis, ut Solini uerbo utar, non impressis sed ingenitis figuris, Muse nouem et Apollo erat, choree nobilis citharista, sparsis ita nexisque inuicem gemme notis, ut tot imaginum in tam paruo spatio una queque suis discerneretur insignibus; preclarus, ut res erat, anulus addiditque gratie regis nomen; pluris enim fiunt res illustrium. Sed quid, oro, illi contulit achates suus? An bello inuictum, an non dicam morti, non hostili gladio sed saxo quod feminea etiam torsit manus, exemptum fecit? Quid, inquam, hunc uel Pyrrho profuit habuisse, uel hoc nocuit caruisse Fabritio Curioque, quibus ille uictus atque Italia pulsus est ducibus? Affirmare ausim, neutri horum umquam sessurum animo fuisse ut horrentem galeam rigidumque nec auro aut gemmis insignem gladium anulo regio permutaret: sic mollia queque despiciunt uiri fortes. Quomodo uero anulum regis ambirent, qui sola uirtutis fiducia regem ipsum et regias opes regnumque contempserant? ...

... Tu auras ouï dire {Cfr. Pline l'ancien, L'Histoire naturelle, XXXVII,3} que Pyrrhus {Pyrrhus Ier, roi d'Épire}, qui fit la guerre aux Romains, avait une agate, qui était la plus estimée de toutes les pierres, au jugement des hommes, au lieu que maintenant elle paraît vile, le même jugement qui ôte et qui donne le prix aux choses ayant changé avec le temps. On dit que dans cette agate on voulait voir la représentation de plusieurs sortes de choses : on y découvrait des hommes et des chevaux, des oiseaux et des bêtes sauvages, des brebis et des fleuves et tout cela formé de la main de la nature, et non par aucun artifice humain. Du moins Solin assure que dans l'anneau de ce roi on voyait par "des figures non pas imprimées mais engendrées, les neuf muses avec Apollon, chef d'une si belle danse, les marques de la pierre étant tellement jointes et débarrassées entre elles qu'en un si petit espace chaque personnage se discernait par ses propres instruments".
{Solin (IIIe - IVe s. de notre ère), Recueil de faits remarquables (POLYHISTOR), V, 4}
C'était là certes un bel anneau, et le nom royal de son possesseur lui donnait encore de la grâce. En effet on estime plus ce qui appartient aux personnes illustres. Mais que lui servit cette agate ? Le rendit-elle invincible à la guerre ou exempt de la mort, qui ne lui vint pas de l'épée d'un puissant ennemi mais d'un coup de pierre et encore jetée de la main d'une femme ? Quel avantage a eu Pyrrhus de l'avoir ; ou quel désavantage a eu Fabricius ou Curion de ne l'avoir pas ? car ce furent ces deux chefs qui le vainquirent et le chassèrent d'Italie. J'ose bien assurer que nul de ces deux grands hommes n'aurait jamais consenti de changer son casque ni son épée, quoique ce ne fut que du fer et de l'acier sans aucun enrichissement d'or ni de diamants, contre le riche anneau de ce prince. C'est ainsi que les vaillants hommes méprisent tout ce qui est mol et qui sent l'efféminé. Mais ces deux héros, qui par la seule confiance qu'ils avaient en leur vertu, illustre cause de leur fierté, avaient méprisé le roi même, aussi bien que son royaume et ses richesses, comment auraient-ils brigué d'avoir son anneau ? ...


4. LECTURE : Pétrarque (1304-1374) se demande : à quoi cela a-t-il servi à Polycrate de Samos de posséder un sardonyx d'une valeur inestimable ?

Pétrarque (1304-1374), Entretiens familiers de Pétrarque Sur la bonne et mauvaise fortune ou L'Art de vivre heureux, XXXVII, 8 :

... Est et gemme alterius fama uetustior, quam Samiorum tyrannus Polycrates habuit. Ferunt fuisse sardonicem: is lapillus inter multa pretiosa ditissimi hominis pretiosissimus habitus, quamobrem qui nichil umquam sensisset aduersi, palam obsequentis et clanculum insidiantis fortune inuidiam placaturus, nauigio in altum prodiit anulumque ipsum in quo gemma erat manu propria demersit, uel sic saltem semel doliturus in uita, uisus sibi callide transegisse cum fortuna, si tot letis hoc unum triste pensaret. Illa uero nec falli nec facile potest mulceri: mala bonis equa lance componens, plusculum exigebat pro diuturno fauore, breue quidem sed predurum, ut qui per omnem uitam felicissimus sibi atque aliis uisus esset in morte miserrimus uideretur essetque miserrimus, hinc uitiis, hinc suppliciis omnibus unum caput urgentibus. Itaque uelut oblatum respuens, o fortune ludos!, pisce quodam internuntio, qui tunc ore anulum excipiens captusque illico menseque eius appositus fuerat, anulum illi suum non sine quodam spectantium stupore restituit. Eam gemmam multis post seculis Augustus Cesar, et pretio tactus et miraculo, insertam auree corone ad edem Concordie dedicasse fertur. Hic rursus interrogo: quid hoc uel tyranno profuit habuisse patriam affligenti uel Pythagore obfuit caruisse, communem sibi cum illo patriam et domum propriam et amicos morum eius odio relinquenti? Nempe tyrannus ille patibulo affixus, omnium iudicio, cum summum supplicium pateretur, et maiore etiam dignus erat; iste philosophus in pace obiens pro deo cultus, domus eius pro templo habita est: tantum inter illius gemmam atque huius pallium interfuit.

... On fait encore une plus ancienne mention d'une autre pierre précieuse qui appartenait à Polycrate, tyran de Samos. C'était un sardonyx, qui nonobstant sa petitesse passait pour le plus grand trésor du plus riche homme de la terre. L' Histoire observe à ce propos que n'ayant jamais ressenti d'adversité, pour apaiser l'envie de la fortune, qui flatte les grands en public, pour les trahir en secret, il se mit en mer, et y jeta de sa main une bague, où cette pierre était enchassée afin qu'il eût du moins ce regret et ce déplaisir en sa vie. Il croyait avoir fait un pacte bien avantageux avec la fortune en lui rendant ce peu de tristesse pour tant de joies. Mais elle, qui ne se laisse pas facilement ni tromper ni adoucir, pesant dans une égale balance les maux et les biens, exigeait un peu davantage pour une faveur et une prospérité si longue. C'était un point de temps mais bien rude à passer. En effet, elle voulut que celui, qui durant le cours de sa vie avait paru très heureux aux autres, comme à lui-même, parût aussi et fût véritablement très malheureux à sa mort. Voilà pourquoi tous les crimes et tous les supplices pressaient en cet instant une seule tête. Et la fortune, suivant ses jeux ordinaires, refusant le présent qu'on lui avait fait, lui fit rendre sa bague au grand étonnement de tout le monde par l'entremise d'un poisson, qui l'ayant avalée fut pris aussitôt et servi à la table de ce tyran. On dit qu'Auguste, plusieurs siècles après, également touché de la valeur et du miracle de cette pierre, la fit enchasser dans une couronne d'or et l'offrit au temple de la concorde. Je te demande encore ici qu'a-t-il servi à cet tyran de posséder cette pierre pendant qu'il ruinait sa patrie ? Et Pythagore s'est-il mal trouvé de ne pas la posséder au temps que, par l'aversion qu'il avait des façons de faire de ce tyran, il quitta sa patrie qui lui était commune avec lui, sa maison même et ses plus intimes amis? C'était qu'il fuyait l'ennemi commun. Enfin ce tyran, ayant été attaché au gibet, lorsqu'il souffrait le dernier supplice, parut digne à tout le monde d'en souffrir encore un plus grand. Ce philosophe au contraire, mourant en repos, fut tenu pour un dieu et sa maison pour un temple. Tant il y avait de différence entre l'anneau de l'un et le manteau de l'autre. ...


5. ITINERA ELECTRONICA : Environnements hypertextes & Textes préparés :

A) Environnements hypertextes :

  • Augustin, De la Trinité : Livre III
    Traduction française reprise au site de l'Abbaye Saint Benoît de Port-Valais :
    http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/augustin/trinite/livre2.htm
    Traduction française :
    "Oeuvres complètes de Saint Augustin". Traduites pour la première fois, sous la direction de M. Raulx, Bar-le-Duc, 1869

    Ingénierie informatique : Boris Maroutaeff, Colin Scoupe

B) Textes préparés :

  • Denys Caton (? ; Ier-IIe s. ap. J.-Chr.), Distiques, Livre IV
    Traduction française reprise au site de Philippe Remacle :
    http://remacle.org/bloodwolf/fabulistes/caton/distiques1.htm
    Traduction française : Pierre Dumoulin, Distiques de Caton. Paris, Fuchs, 1802
    latin :
    http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/AClassFTP/Textes/Denys_Caton/disticha_04.txt
    français :
    http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/AClassFTP/Textes/Denys_Caton/disticha_04_fr.txt
  • Augustin (saint), De la Trinité, Livre V
    Traduction française reprise au site de l'Abbaye Saint Benoît de Port-Valais :
    http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/augustin/trinite/livre5.htm
    Traduction française : "Oeuvres complètes de Saint Augustin". Traduites pour la première fois, sous la direction de M. Raulx, Bar-le-Duc, 1869 .
    latin :
    http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/AClassFTP/Textes/Augustin/de_trinitate_05.txt
    français :
    http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/AClassFTP/Textes/Augustin/de_trinitate_05_fr.txt
  • Pétrarque (1304-1374), Entretiens familiers de Pétrarque Sur la bonne et mauvaise fortune ou L'Art de vivre heureux, ch. 37 : Des pierres et des pierreries
    Traduction française numérisée par nos soins en adaptant l’orthographie.
    Traduction française : Entretiens familiers de Pétrarque sur la bonne ou mauvaise fortune ou l’art de vivre heureux. Tomme second. Paris, Trabouillet , 1673 .
    latin :
    http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/AClassFTP/Textes/Petrarque/de_remediis_fortunae_ch37.txt
    français :
    http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/AClassFTP/Textes/Petrarque/de_remediis_fortunae_ch37_fr.txt

 


Jean Schumacher
18 novembre 2016


 
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Dernière mise à jour : 17/02/2002