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Date :     09-08-2002

Sujets :
ERASME, Eloge de la Folie

Notice :

Dans le cadre du Projet ITINERA ELECTRONICA et en vue de constituer un nouvel ensemble Hypertexte, l'oeuvre d'ERASME, L'Eloge de la Folie, écrite en 1508, a fait l'objet d'un traitement électronique:

Texte latin:

Source: George Mason Univ., dept. of Modern and Classics Languages

Adresse dans le Dépôt ITINERA ELECTRONICA:
http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/AClassFTP/Textes/Erasme/eloge_folie_lat.txt

Traduction française :

Référence: Pierre de NOLHAC, ERASME. Eloge de la Folie, Paris, Classiques Garnier, 1936

Adresse dans le Dépôt ITINERA ELECTRONICA [sans les Notes]:
http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/AClassFTP/Textes/Erasme/eloge_folie_fr.txt

Adresse des Environnements hypertextes: http://agoraclass.fltr.ucl.ac.be/concordances/default.htm

Consultation de cette oeuvre via l'application CONCORDANCE 5L, application disponible en téléchargement libre et gratuit à l'adresse suivante:
http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/itinera/hors_ligne/concord/default.htm


Résultats, à titre d'exempla, de l'une ou l'autre consultation:

  • A propos des femmes (une des 25 attestations):

    [17] XVII. - L'homme, cependant, étant né pour gouverner les choses, aurait dû recevoir plus qu'une petite once de raison. Jupiter me consulta sur ce point comme sur les autres, et je lui donnai un conseil digne de moi : celui d'adjoindre la femme à l'homme. Ce serait en effet, disais-je, un animal délicieux, fol et déraisonnable, mais plaisant en même temps, qui, dans la vie domestique, mêlerait sa folie au sérieux de son partenaire et en atténuerait les inconvénients. Bien entendu, lorsque Platon, semble hésiter à classer la femme parmi les êtres doués de raison, il ne veut pas signifier autre chose que l'insigne folie de ce sexe. Qu'une femme, par hasard, ait envie de passer pour sage, elle ne fait que redoubler sa folie. Va-t-on oindre un boeuf pour la palestre, et Minerve le permettrait-elle? N'allons pas contre la nature; on aggrave son vice à le recouvrir de vertu et à forcer son talent. « Le singe est toujours singe, dit l'adage grec, même sous un habit de pourpre. » Pareillement, la femme a beau mettre un masque, elle reste toujours femme, c'est-à-dire folle.

    [17] Caeterum quoniam uiro administrandis rebus nato, plusculum de rationis unciola erat adspergendum, ut huic quoque pro uirili consuleret, me sicut in caeteris in consilium adhibuit, moxque consilium dedi me dignum: nempe uti mulierem adiungeret, animal, uidelicet, stultum quidem illud atque ineptum, uerum ridiculum et suaue, quo conuictu domestico, uirilis ingenii tristitiam, sua stultitia condiret atque edulcaret. Nam, quod Plato dubitare uidetur, utro in genere ponat mulierem, rationalium animantium, an brutorum, nihil aliud uoluit, quam insignem eius sexus stultitiam indicare. Quod si qua forte mulier sapiens haberi uoluit, ea nihil aliud agit quam ut bis stulta sit, perinde quasi bouem aliquis ducat ad ceroma, inuita reluctanteque, ut aiunt, Minerua. Conduplicat enim uitium, quisquis contra naturam, uirtutis fucum inducit, atque alio deflectit ingenium. Quemadmodum, iuxta Graecorum prouerbium, simia semper est simia, etiam si purpura uestiatur: Ita mulier semper mulier est, hoc est, stulta, quamcumque personam induxerit.

  • A propos des prêches dans les églises :

    L'esprit de l'homme est ainsi fait qu'on le prend beaucoup mieux par le mensonge que par la vérité. Faites-en l'expérience; allez à l'église quand on y prêche. S'il est question de choses sérieuses, l'auditoire dort, bâille, s'embête. Que le crieur (pardon, je voulais dire l'orateur), comme cela est fréquent, entame un conte de bonne femme, tout le monde se réveille et se tient bouche bée. De même, s'il y a quelque saint un peu fabuleux et poétique, à la façon de saint Georges, de saint Christophe ou de sainte Barbe, vous verrez venir à lui beaucoup plus de dévots qu'à saint Pierre, à saint Paul ou même au Christ.

    Postremo sic sculptus est hominis animus, ut longe magis fucis, quam ueris capiatur. Cuius rei si quis experimentum expositum et obuium quaerat, conciones ac templa petat, in quibus si quid serium narratur, dormitant, oscitant, nauseant omnes. Quod si clamator ille (lapsa sum, declamator dicere uolebam) ita ut saepe faciunt, anilem aliquam fabellam exordiatur, expergiscuntur, eriguntur, inhiant omnes. Item si quis sit Diuus fabulosiur et poeticus, quod si exemplum requiris, finge huius generis Georgium aut Christophorum, aut Barbaram, uidebitis hunc longe religiosius coli, quam Petrum, aut Paulum, aut ipsum etiam Christum.

  • A propos d'une controverse de théologie :

    Quelqu'un voulait savoir quel texte des Saintes Écritures ordonnait de brûler les hérétiques plutôt que de les convaincre par la discussion. Un vieillard à la mine sévère, que son sourcil révélait théologien, répondit avec véhémence que cette loi venait de l'apôtre Paul, lorsqu'il avait dit: « Évite ("devita") l'hérétique, après l'avoir repris une ou deux fois. » Il répéta et fit sonner ces paroles; chacun s'étonnait; on se demandait s'il perdait la tête. Il finit par s'expliquer : « Il faut retrancher l'hérétique de la vie », traduisait-il, comprenant "de vita" au lieu de "devita". Quelques auditeurs ont ri; il s'en est trouvé pour déclarer ce commentaire profondément théologique. Et, tandis qu'on réclamait, survint, comme on dit, un avocat de Ténédos et d'autorité irréfragable : « Ecoutez bien, dit-il. Il est écrit : Ne laissez pas vivre le malfaisant ("maleficus"). Or, l'hérétique est malfaisant. Donc, etc---» Il n'y eut alors qu'une voix pour louer l'ingénieux syllogisme, et toute l'assemblée trépigna de ses lourdes chaussures. Il ne vint à l'esprit de personne que cette loi est faite contre les sorciers, jeteurs de sorts et magiciens, que les Hébreux appellent d'un mot qui se traduit par "maleficus". Autrement, la sentence de mort s'appliquerait tout aussi bien à la fornication et à l'ébriété.

    Ibi cum quispiam exigeret, quae tandem esset Diuinarum Litterarum auctoritas, quae iuberet Haereticos incendio uinci, magis quam disputatione reuinci: Senex quidam seuerus, et, uel supercilio teste, Theologus, magno stomacho respondit, hanc legem tulisse Paulum Apostolum, qui dixerit: 'Haereticum hominem post unam et alteram correptionem deuita'. Cumque ea uerba idemtidem intonaret, et plerique demirarentur quid accidisset homini, tandem explanauit, de uita tollendum haereticum. Risere quidam, nec deerant tamen quibus hoc commentum plane theologicum uideretur, caeterum reclamantibus etiamnum nonnullis successit g-Tenedios, quod aiunt, g-sunêgopos et auctor irrefragabilis. Accipite rem, inquit: Scriptum est: 'Maleficum ne patiaris uiuere': Omnis Haereticus maleficus: Ergo etc. Mirati quotquot aderant, hominis ingenium, et in eam sententiam itum est pedibus, et quidem peronatis. Neque cuiquam uenit in mentem, legem eam ad sortilegos et incantatores, ac magos at tinere, quos Hebraei sua lingua uocant h-mekaschephim, alioqui fornicationem et ebrietatem capite punire oportuit.

  • A propos d'une fiction platonicienne :

    Je me rappelle ici la fiction platonicienne de ces prisonniers enchaînés dans la caverne, d'où ils n'aperçoivent que les ombres des objets. Un d'eux, qui s'est enfui, revient dans l'antre, leur conte qu'il a vu les objets réels, et démontre par quelle grave erreur ils croient qu'il n'existe rien au delà de ces ombres misérables. Étant devenu sage, il a pitié de ses compagnons et déplore la folie qui les retient dans une telle illusion; mais, eux, à leur tour, rient de son délire et le chassent. Il en est de même du commun des hommes. Ils s'attachent étroitement aux choses corporelles et croient qu'elles sont à peu près seules à exister. Les gens pieux, au contraire, négligent tout ce qui touche au corps et sont ravis tout entiers par la contemplation des choses invisibles. Les premiers s'occupent tout d'abord des richesses, ensuite des commodités du corps, en dernier lieu de leur âme, à laquelle, d'ailleurs, la plupart ne croient pas, parce que les yeux ne la perçoivent point. Inversement, les autres tendent tout leur effort vers Dieu, le plus simple de tous les êtres, puis vers l'objet qui s'en rapproche le plus, c'est-à-dire l'âme; ils sont insoucieux du corps, méprisent l'argent et le fuient comme une infection. S'ils sont obligés de s'en occuper, ils le font à contre-coeur et avec dégoût; ils ont ces choses comme s'ils ne les avaient pas; ils les possèdent sans les posséder.

    Itaque solet iis usu uenire, quod iuxta Platonicum figmentum, opinor, accidere iis, qui in specu uincti rerum umbras mirantur, et fugitiuo illi, qui reuersus in antrum, ueras res uidisse se praedicat, illos longe falli, qui praeter miseras umbras nihil aliud esse credant. Etenim sapiens hic commiseratur, ac deplorat illorum insaniam, qui tanto errore teneantur. Illi uicissim illum ueluti delirantem rident, atque eiiciunt. Itidem uulgus hominum ea quae maxime corporea sunt, maxime miratur, eaque prope sola putat esse. Contra pii, quo quidquam propius accedit ad corpus, hoc magis negligunt, totique ad inuisibilium rerum contemplationem rapiuntur. Nam isti primas partes tribuunt diuitiis, proximas corporis commodis, postremas animo relinquunt: quem tamen plerique nec esse credunt, quia non cernatur oculis. E diuerso illi primum in ipsum Deum, rerum omnium simplicissimum, toti nituntur: secundum hunc, et tamen in hoc, quod ad illum quam proxime accedit, nempe animum: corporis curam negligunt, pecunias ceu putamina prorsus aspernantur, ac fugitant. Aut si quid huiusmodi rerum tractare coguntur, grauatim, ac fastidienter id faciunt, habent tamquam non habentes, possident tamquam non possidentes.


Louvain-la-Neuve, 9 août 2002


 
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Dernière mise à jour : 17/02/2002