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Date :     03-10-2014

Sujets :
LECTURE : Juste-Lipse (1547 -1606) : Les criminels sont rongés par le souci ; LECTURE : Francis Bacon (1561 - 1626) : L'homme a autour de lui de nombreux exemples de personnes qui ont vaincu la mort ; ITINERA ELECTRONICA : Environnements hypertextes & Textes préparés : Francis Bacon ; Loup de Ferrières (v. 805 - 862), Juste-Lipse, Francis Bacon ; Enseignement (universitaire) : SUETONE (Vie de Caligula) et TACITE, Annales (La tragédie de Messaline) par Paul-Augustin DEPROOST ;

Notice :

1. LECTURE : Juste-Lipse (1547 -1606) : Les criminels sont rongés par le souci :

Juste-Lipse, De la constance, II, 14 :

... Nec splendor ille tibi imponat, et circumfusa potentia, aut opes. quia non magis illi ideo felices aut beati, quam sani, quorum febris aut podagra recumbit in purpureo strato. Mendicum aliquem in fabula uides, qui regis personam sustinet, auratum et pulchrum. uides, sed non inuides : quia latere sub auro illo scis scabiem, paedorem, sordes. idem existima in magnis omnibus istis et superbis tyrannis : "Quorum mentes si recludantur", ait Tacitus, "possint adspici laniatus et ictus : quando ut corpora uerberibus, ita saeuitia, libidine, malis consultis animus dilaceretur". Rident illi saepe, fateor : sed non uerum risum. Gaudent : sed non germanum gaudium, non hercle magis. quuam ii qui capitis damnati in carcere attinentur, et talis interdum aut tesseris fallere se conantur, nec fallunt. Manet enim impressus ille imminentis supplicii terror, nec tollit se umquam ab oculis imago luridae mortis. Vide mihi, sodes, dimoto externorum isto uelo, Siculum illum tyrannum : "Districtus ensis cui super impia Ceruice pendet". Audi Romanum illum lamentantem : "Dii me Deaeque peius perdant, quam perire cottidie sentio". Audi alterum ingemiscentem : "Ergo ego solus nec amicum habeo, nec inimicum?" Haec uera illa animorum tormenta, Lipsi, hi cruciatus, angi semper, poenitere, metuere : quibus caue compares eculeos ullos, fidiculas, uncos. ...

... Ne t'en laisse pas imposer par la splendeur, par l'étendue de la puissance, ou par l'abondance des richesses : ils [les criminels] n'en sont pas plus satisfaits ni plus heureux que ne sont bien portants ceux que la fièvre ou la goutte cloue sur un lit de pourpre. Tu vois dans une mascarade quelque mendiant déguisé en Roi, tout doré, magnifique : tu le vois, mais tu ne l'envies pas, car tu sais que cette pourpre d'emprunt recouvre la lèpre, la crasse, l'ordure. Pense la même chose de tous ces grands et superbes tyrans dont les âmes, dit Tacite, "si on les ouvrait, étaleraient aux yeux les plaies et les cicatrices, tant elles sont déchirées par la cruauté, les passions et les mauvaises pensées, comme le corps seul l'être par les coups de fouet".
{Tacite, Les Annales, VI, 6}
Souvent ils rient, je l'avoue, mais leur rire n'est pas franc; ils se réjouissent, mais leur joie n'est pas véritable : pas plus, par Hercule, que celle des condamnés à mort, qui, dans leur prison, essaient de se distraire en jouant aux dés ou aux tessères, et qui n'y parviennent pas, car la terreur du supplice imminent reste profondément gravée en eux, et rien ne peut arracher de leurs veux la livide image de la mort. Écarte, mon ami, le voile des objets extérieurs et vois ce tyran de la Sicile "qui sent sur sa tête impie l'épée suspendue" de Damoclès.
{Horace, Odes, III, 1, 17}
Ecoute les lamentations de Tibère au Sénat : "que les Dieux et les Déesses me maudissent plutôt que de me sentir périr ainsi chaque jour".
{Tacite, Les Annales, VI, 6}
Recueille les paroles de Néron gémissant et près de mourir : " "me voilà donc seul, sans ami et sans ennemi ?"
{Suétone, Vie de Néron, XLVII, 5}
Voilà, Lipse, les véritables flagellations des âmes, le supplice de toujours être rongé par le souci, de toujours se repentir, de toujours craindre. Garde-toi de comparer ces tortures avec les chevalets, les cordes, les crocs d'aucun tourmenteur. ...


2. LECTURE : Francis Bacon (1561 - 1626) : L'homme a autour de lui de nombreux exemples de personnes qui ont vaincu la mort :

Francis Bacon, Sermones fideles siue interiora rerum, Sermo II : De la mort :

... Obseruatione plane dignum est nullam esse animi passionem tam debilem quin superet et in ordinem redigat timorem mortis. Ideoque mors non est hostis adeo formidabilis, cum tam multos habeat homo circa se athletas qui in certamine illam uincant. Ultio de morte triumphat; amor eam parui facit; honor ambit; metus ignominiae eligit; maeror ad eam confugit; metus anticipat. Imo legimus quod postquam Otho imperator seipsum interfecisset ipsa misericordia (quae affectus est omnium tenerrimus) multos prouocarit ad commoriendum ex mera animi compassione erga dominum suum, ut fidissimos asseclas. Quin et addit Seneca fastidium et satietatem: cogita quam diu eadem feceris. "Mori uelle non tantum fortis aut miser, sed etiam fastidiosus potest"

... Il est bon d'observer à ce sujet qu'il n'est point, dans le coeur de l'homme, de passion si faible qu'elle ne puisse surmonter la crainte de la mort : la mort n'est donc pas un ennemi si redoutable, puisque l'homme a toujours en lui de quoi la vaincre : le desir de la vengeance triomphe de la mort; l'amour la méprise; l'honneur y aspire; le désespoir s'y réfugie ; la peur la devance ; la foi l'embrasse avec une sorte de joie. Et même, si nous devons en croire l'histoire romaine, après que l'empereur Othon se fut donné la mort, la compassion, qui est la plus faible de toutes les afflictions humaines, engagea quelques-uns de ceux qui lui étaient le plus attachés, à suivre son exemple; résolution, dis-je, qu'ils prirent par pure compassion pour leur chef, et comme la seule digne de ses partisans. A ce genre de motif Sénèque ajoute l'ennui, la satiété et le dégoût. "Mépriser la mort", dit ce philosophe, "il n'est pas besoin pour cela de courage ni de désespoir, c'est assez d'être las de faire et refaire, depuis si longtemps, les mêmes choses, et d'être ennuyé de vivre".
{Sénèque, Lettres à Lucilius, IX, 77, 6}


3. ITINERA ELECTRONICA : Environnements hypertextes & Textes préparés :

A) Environnements hypertextes :

  • Francis BACON (1561 - 1626), De la dignité et de l'accroissement des sciences, livre III (complet)
    [Texte latin et Traduction française numérisés par nos soins]

    Ingénierie informatique : Boris Maroutaeff, Colin Scoupe

B) Textes préparés :

  • Loup de Ferrières (v. 805 - 862), Correspondance, Lettre I : À Éginhard
    [Traduction française numérisée par Marc Swajzer.
    Traduction française : Cfr. Correspondance de Loup de Ferrières, éditée en 1927 par L. Levillain.]
    latin :
    http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/aclassftp/Textes/Loup_Ferrieres/epistola_01.txt
    français :
    http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/aclassftp/Textes/Loup_Ferrieres/epistola_01_fr.txt

  • Juste Lipse (Joost Lips ; 1547 - 1606), De la constance, Livre II, ch. 11 à 15
    [Texte latin et Traduction française numérisés par nos soins.
    Traduction française: Lucien du Bois, Juste Lipse, Traité de la constance. Bruxelles & Leipzig, Merzbach, 1873]
    latin :
    http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/aclassftp/Textes/Juste_Lipse/de_constantia_02_11a15.txt
    français :
    http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/aclassftp/Textes/Juste_Lipse/de_constantia_02_11a15_fr.txt

  • Francis BACON (1561 - 1626), Sermones fideles siue interiora rerum, Sermo II : De la mort
    [Traduction française numérisée par nos soins. Traduction française : A. LASALLE, Oeuvres de François Bacon. Dijon, L.-N. Frantin. XV volumes (1799-1802). Vol.XI.]
    latin :
    http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/AClassFTP/Textes/Bacon/serm_fid_02.txt
    français :
    http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/AClassFTP/Textes/Bacon/serm_fid_02_fr.txt


4. Enseignement (universitaire) : SUETONE (Vie de Caligula) et TACITE, Annales (La tragédie de Messaline) par Paul-Augustin DEPROOST :

L'année académique 2014-2015 est maintenant ouverte. Les cours ont repris. Comme chaque année, Paul-Augustin DEPROOST a mis deux nouvelles thématiques au progamme d'étude des étudiants qui suivent le cours de latin :

  • SUETONE, Vie de Caligula

    Dans l'INTRODUCTION, nous pouvons lire à propos de Caligula

    "Ce n'est pas le lieu d'entrer ici dans le détail de la biographie de Caligula et de s'interroger sur la validité de toutes les sources historiques de Suétone. Il faut cependant retenir certains points de cette biographie qui permettront de mieux comprendre les appréciations de Suétone et le jugement que ses contemporains ont pu porter sur l'empereur. De ce point de vue, il est regrettable que nous n'ayons pas conservé les pages de Tacite relatives au règne de Caligula ; elles devaient être remarquables, si l'on peut en juger à partir des biographies extraordinaires qu'il nous a laissées de ses successeurs Claude et Néron.

    Calius Caligula est le troisième empereur romain après Auguste et Tibère, et il appartient à la dynastie julio-claudienne. Il est né en 12 PCN et est le dernier fils de Germanicus et d'Agrippine, qu'il ne faut pas confondre avec la mère de Néron, du même nom et qui est la sœur de Caligula. Élevé au milieu des soldats dont il portait l'uniforme, il doit son surnom à une plaisanterie militaire : caligula est le diminutif de caliga, qui signifie « bottine de soldat » (SVET., Cal. IX, 1). Il succède le 18 mars 37 à Tibère, dont il est le petit-neveu, et devient donc à 25 ans le troisième empereur romain. D'un seul coup, Caligula a reçu tous les titres attachés à sa fonction, comme un fils de roi, ce qui n'était pas du tout prévu à l'origine du principat : il a obtenu en une seule journée le serment de toutes les armées et l'investiture sénatoriale, le titre d'imperator, le grand-pontificat, la puissance tribunicienne, qui le rend sacro-saint ou intouchable, et le titre de Père de la Patrie. Caligula est le premier à accumuler tous ces titres qu'Auguste avait mis des années à recueillir et que Tibère avait en partie refusés. Ainsi donc, dès le troisième empereur, l'Empire romain évolue vers une institution monarchique, dont l'attribution dépend non plus du vote du peuple ou de la consécration personnelle d'un homme de valeur, mais bien du soutien de l'armée et de l'investiture formelle du Sénat, sans négliger les implications dynastiques de la succession. Les provinces ont aussitôt suivi et, avec les armées, elles ont prêté le serment de fidélité à Caius qui désormais le reçut chaque année. Les premiers mois de ce règne furent heureux ; Caius exprima le désir de collaborer avec le Sénat, rappela d'exil les victimes de Tibère, honora les membres de sa famille. Plusieurs inscriptions d'Orient attestent la très grande popularité du prince dans les premiers mois de son règne.

    Mais peu après l'accession de Caligula au trône, sa grand-mère, Antonia, mourut, très âgée, sans doute la seule personne capable d'avoir sur l'empereur une bonne influence, car elle l'avait en partie élevé. Dès octobre 37, Caligula tomba gravement malade, probablement d'une dépression nerveuse, qui agit sur son caractère comme un catalyseur et révéla sa vraie nature. Sa santé était médiocre, ses ancêtres lui avaient légué de multiples tares aggravées par la multiplication des mariages consanguins, l'épilepsie entre autres, et la maladie déséquilibra d'une façon irréversible ce jeune homme doué, intelligent, instruit, bon orateur. Il faut tenir compte également de son inexpérience, de la griserie du pouvoir et de l'influence des esclaves et des affranchis orientaux qu'il avait connus chez sa grand-mère, la fille de Marc-Antoine, l'amant célèbre de Cléopâtre, gagné aux excès somptuaires de la cour égyptienne : il y a chez Caligula comme le désir infantile de revivre le rêve de son aïeul, la vie luxueuse et prodigue du souverain hellénistique, dédaigneux du conformisme austère d'Auguste et de Tibère.

    À peine rétabli, Caius se lance dans une politique, si l'on peut ainsi parler, d'extravagances et de cruautés qui forment l'essentiel de la biographie de Suétone et qui ont été retenues par Camus pour articuler sa pièce. Les opposants ou ceux qui risquent de le devenir, les dignitaires du régime, les meilleurs serviteurs de Tibère, vieillards honorables et chevronnés, sont systématiquement moqués, asservis, humiliés, réduits aux plus immondes bassesses, terrorisés, « suicidés », éliminés, sommairement exécutés sous les quolibets bouffons du bourreau. Des dépenses folles en jeux, en fêtes, en gaspillages, en constructions inutiles, viennent rapidement à bout du trésor laissé par Tibère, et pour remplir les caisses, ce sont de nouvelles condamnations qui frappent les plus riches à Rome, en Gaule, dont les biens sont confisqués.

    Peut-on trouver un fil conducteur dans cette politique démente de Caligula ? Il prit d'abord en tout le contre-pied de Tibère, tant dans sa politique intérieure que dans sa politique extérieure. Mais surtout il voulut très consciemment gouverner en monarque oriental, en tyran despotique selon son bon plaisir. Le plus grave est que toutes ces tendances étaient déjà inscrites implicitement et latentes dans les bases du principat telles qu'elles avaient été mises en place par Auguste, en particulier les germes d'une monarchie sans contrôle. Caligula exalte l'idéologie orientale du prince hellénistique et son auto-déification. Il fait construire des temples, en Orient surtout, où sa statue est placée à côté de celle du dieu dans le naos, et il instaure un véritable culte en son honneur. Il veut imposer aux sénateurs la proskynèse, génuflexion en guise de salut, comme Dioclétien deux siècles et demi plus tard. Il fait diviniser Rome, puis dans les provinces, sa sœur préférée, Drusilla, morte en 38 et à qui l'on rend un culte, comme aux sœurs épouses de certains rois orientaux, ce qui a fait naître des bruits fâcheux sur les relations incestueuses de l'empereur. Caligula a voulu que le Sénat lui vote l'édification d'un temple sur le Capitole, et en attendant il fait agrandir celui de Castor et Pollux, où on vient l'adorer en personne. Il fait relier son palais du Palatin au Capitole par une passerelle géante, afin de pouvoir, dit-il, s'entretenir plus commodément avec Jupiter. En matière de culte, il entreprend de restaurer et d'imposer à nouveau des cultes religieux qui avaient complètement disparu de la circulation, par goût d' « antiquaire ». Il autorise le culte à la divinité égyptienne Isis, proscrit par Tibère, et fait construire un Isaeum sur le Champ de Mars et inscrire les fêtes d'Isis dans le calendrier romain (ceci est à replacer dans le climat de méfiance qui anime encore à cette époque les Romains contre les pratiques religieuses orientales, ce qui ne sera plus du tout le cas dans l'antiquité tardive).

    En dehors de la Judée, qui s'est révoltée lorsque Caligula a voulu placer sa statue dans le temple de Jérusalem, les provinces orientales se sont pliées aisément à cette politique. En revanche, elle suscite un mécontentement croissant à Rome, inquiète de cette allégeance impériale à un orientalisme dont elle avait appris à se méfier. De plus, après s'être aliéné les classes supérieures, Caius eut l'imprudence de lever des impôts nouveaux sur les artisans et les commerçants de Rome et ne se gênait pas pour insulter et bafouer même les tribuns des cohortes prétoriennes qui étaient le seul appui qui lui restait. Après l'échec sanglant d'au moins deux conspirations, il fut enfin assassiné dans une galerie du palais, probablement le 24 janvier 41, à l'âge de 29 ans, par le tribun d'une cohorte prétorienne précisément, Cassius Chaerea, que Caligula avait coutume d'outrager en l'appelant publiquement Vénus ou Priape, lorsqu'il demandait le mot d'ordre du jour, et en l'obligeant à lui baiser sa main obscène quand il le rencontrait. Ce règne tragique et bouffon inaugure une longue série, mais, à bien des points de vue, la politique de Caligula est prophétique, dans la mesure où elle annonce une des évolutions majeures du pouvoir impérial dans l'antiquité tardive, de plus en plus inspiré par les dérives despotiques des monarchies orientales.

    En dehors de Suétone, la littérature antique s'est intéressée très tôt au troisième empereur romain. On retiendra deux œuvres du savant juif Philon d'Alexandrie, In Flaccum et Legatio ad Gaium, publiées en 41, soit immédiatement après la mort de Caligula ; plusieurs évocations très sévères dans les Dialogues de Sénèque (e.g. const. sap., XVIII), dont les qualités oratoires ont porté ombrage au prince ; plusieurs références chez Tacite, nonobstant la perte des livres VII et VIII des Annales, probablement entièrement consacrés à Caligula ; le Bellum Iudaicum et surtout les Antiquitates Iudaicae (livres XVIII et XIX) de l'historien juif Flavius Joseph, qui écrit en grec sous les Flaviens, à la fin du premier siècle. Plus tard, au début du troisième siècle, le livre 59 de l'Histoire romaine de l'historien grec Dion Cassius est tout entier consacré à Caligula. Dès lors, même si le personnage est évoqué dans les ouvrages de nombreux écrivains, il faudra attendre le XIXe siècle pour trouver à nouveau une œuvre d'envergure sur Caligula, dans un genre certes très différent, le théâtre. En 1832 paraît, en effet, la pièce bouffonne de Dumersan et Brazier intitulée tout simplement Caligula. En 1837, Alexandre Dumas conserve le titre éponyme pour sa tragédie en cinq actes et en vers dont Jules Lantin, un an plus tard, publiera une version argotique sous le titre de Caligula, pot-pourri par Romain Duclacoir, citoyen gaulois de Pontoise. Le XXe siècle, quant à lui, effectuera un retour aux sources latines en exploitant le nom de Caligula pour des travaux purement historiques. En 1903, Hugo Willrich propose la première biographie historique moderne de Caligula. En 1914, la traduction française de l'opuscule de Ludwig Quiddle, intitulé Caligula, étude d'un cas de folie césarienne à Rome semble orienter l'examen historique vers une approche psychologique.

    D'autres biographies suivront comme Bubi ou la vie de Caligula de Hans Sachs (1932) et Caligula ou le pouvoir à vingt ans par Roland Auguet (1975), et, plus récemment, Les mémoires de Caligula par Cristina Rodriguez (2000) ou Caligula, le mal-aimé par Roger Caratini (2002). Entre temps, le personnage aura fait un retour vers la tragédie puisque Albert Camus écrit, à son tour, en 1944, son célèbre Caligula, qui est devenu un classique du genre et dont le succès est confirmé par les multiples articles et essais que la pièce a suscités."

    http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/itinera/Enseignement/Glor2330/Suetone_caligula/intro.htm#caligula

  • TACITE, Annales, La tragédie de Messaline

    Dans l'INTRODUCTION nous lisons à propos de la tragédie de Messaline :

    "Les chapitres 26 à 38 du livre XI des Annales de Tacite racontent le dernier scandale de Messaline, l’épouse de l’empereur Claude, celle que le satiriste Juvénal, à peu près à la même époque, appelle « la putain impériale » (sat. VI, 118 : meretrix Augusta). Pendant que Claude, retenu par des obligations religieuses, s’attarde à Ostie, elle décide de le « répudier » et d’épouser solennellement son amant, Silius, qui est le consul désigné pour cette année. Les affranchis impériaux, et Narcisse en particulier, qui joue dans ce récit un rôle prépondérant, se liguent contre elle et provoquent sa perte : elle sera finalement exécutée en 48 avec plusieurs de ses partisans. Sur le conseil de Pallas, devenu le plus puissant des affranchis, Claude épouse alors sa propre nièce, Agrippine, la mère de Néron qui sera adopté par Claude dès 50. Claude a un fils de Messaline, Britannicus, qu’Agrippine s’attache à supplanter pour assurer l’Empire à Néron. Cet épisode haut en couleur de la vie privée du prince est annoncé au chapitre 12, où Tacite décrit la violente passion de Messaline pour Silius ; il commence à proprement parler avec la dernière phrase du chapitre 25, qui sert de transition, mais qui constitue également une vision anticipée de l’avenir, car l’expression ut deinde ardesceret in nuptias incestas fait directement allusion au mariage prochain de Claude avec sa nièce Agrippine.

    Ces treize chapitres constituent, dans la seconde partie du livre XI des Annales, un tout caractérisé, cohérent. L’ensemble s’ordonne autour de deux personnages-vedettes, Messaline et Narcisse, dont les passions, poussées à l’extrême, s’affrontent et ne permettent aucun compromis. Messaline était une jeune femme, belle et passionnée, qui trompa Claude abominablement ; elle ne devait pas avoir plus de 20 ans au moment des faits, et Claude était son premier mari. Elle descendait de Marc-Antoine, dont elle imita la vie désordonnée, sans en partager pour autant l’ambition : Messaline était une femme plus passionnée qu’ambitieuse. En même temps, ces quelques chapitres nous font connaître le monde pervers des grands affranchis de l’empire, pour lesquels Tacite éprouve un profond mépris ; l’enrichissement et la puissance politique de ces hommes nouveaux constituent assurément l’un des faits les plus importants du règne de Claude. Si Tacite condamne Messaline, c’est qu’elle ne sait pas aimer : elle confond l’amour avec la volupté ; elle veut jouir, et s’abandonne dès lors à tous les désordres de la passion. Or, elle est puissante auprès du prince qui est, lui aussi, libidineux, et qu’elle asservit par les sens : c’est donc la passion qui est au pouvoir, et cette situation indigne l’historien, tout autant que les manœuvres de délation de l’affranchi Narcisse. Dans ces pages, Tacite condamne non pas une personne, mais un système, une collectivité entièrement dominée par les passions. Ils sont tous responsables ensemble de ce qui se produit. Messaline connaît la disgrâce ; certes à juste titre, mais ceux qui l’abattent ne sont que ses anciens complices, parmi lesquels Narcisse, qui lui doit sa propre carrière. Un des mots qui revient tout au long de ce récit, comme un leitmotiv, est la « peur » ; Messaline a sans doute mérité la mort pour ses crimes, mais ce n’est pas de cela qu’elle meurt ; c’est de la lâcheté d’autrui. Dans cette affaire, la peur prend la place de la justice, elle la parodie, elle la bafoue, et Tacite condamne un système entièrement construit sur la terreur et le vice. Personne ne sort indemne de cette tragédie : Claude est aussi coupable par sa passivité et son aveuglement que Messaline qui a trahi l’empire par sa sensualité ; mais la plus grave erreur de ce régime est d’avoir laissé le pouvoir à des affranchis, des anciens esclaves qui ont fini par prendre le dessus sur la vieille aristocratie romaine ; accessoirement, celle-ci n’est pas non plus épargnée, mais, au moment de mourir, ses principaux représentants sauront montrer de la grandeur d’âme.

    À propos de Messaline, voir aussi Juvénal, Satires VI, 114-132 (la prostituée); X, 330-345 (sur le mariage de l'impératrice avec Silius); Suétone, Vie de Claude; Dion Cassius, Histoire Romaine, LX (Claude)".

    http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/itinera/Enseignement/Glor2330/Tacite_Messaline/intro.htm#messaline

Les statistiques de consultation pour le mois de septembre - les cours n'ont repris que le 15 septembre - font voir que de l'ordre de 11.350 pages ont déjà été visitées dans le cours de P.-A. Deproost.

Les classiques se portent bien car, pour la même période, 24.571 sessions de travail ont déjà été ouvertes sur le site ITINERA ELECTRONICA dont le cours de PAD fait partie intégrante.


Jean SCHUMACHER
3 octobre 2014


 
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Dernière mise à jour : 17/02/2002