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Date :     20-06-2014

Sujets :
LECTURE : Juste Lipse (1547 - 1606) : A quoi sert-il de quitter sa patrie pour fuir les troubles qui s'y manifestent ? ; LECTURE : Francis Bacon (1561 - 1626) : Que faut-il faire lorsqu'on est tombé en disgrâce (auprès d'un supérieur) ? ; ITINERA ELECTRONICA : Environnements hypertextes et textes préparés : Ennodius de Pavie ; Francis Bacon, Juste Lipse, Helmold von Bosau ;

Notice :

1. LECTURE : Juste Lipse (1547 - 1606) : A quoi sert-il de quitter sa patrie pour fuir les troubles qui s'y manifestent ? :

Juste Lipse, De la constance, I, 2 :

... Patriam ecce desertum is : sed dic serio, illam cum fugies, te quoque effugies ? Vide ne contra sit, et tecum atque in pectore isto circumferas fontem fomitemque tui mali. Ut ii qui febriunt, iactant se inquiete et uersant, et lectum subinde mutant uana spe leuamenti : in eadem caussa nos, qui terram terra frustra mutamus, aegri scilicet mentis. Aperire enim hoc est morbum, non tollere : fateri internum hunc calorem, et non mederi. Eleganter Romanus sapiens : "Proprium est aegri nihil diu pati, et mutationibus ut remediis uti. Inde peregrinationes suscipiuntur uagae, et littora pererrantur; et modo mari se modo terra experitur praesentibus semper infesta leuitas". Itaque fugitis magis turbas quam uitatis. Ut cerua illa apud Virgilium, "Quam procul incautam nemora inter Cressia fixit Pastor agens telis :
... illa fuga siluas saltusque peragrat Dictaeos ..."
frustra : quia, ut idem poeta addit, "haeret lateri tetalis arundo" :
ita uos, qui telo hoc adfectuum penitus percussi, non id excutitis, sed migratione transfertis. Qui crus sibi aut brachium fregit, non currum poscit, ut opinor, sed chirurgum : tua quae uanitas, qui internam hanc plagam motu sanare te postulas et discursu ? Animus enim certe est, qui aegrotat : et omnis haec exterior imbecillitas, desperatio, languor, orta ab uno fonte, quod iacet ille et languet. Sceptrum abiecit princeps diuinaque pars : et eo uilitatis lapsa est, ut sponte seruiat suis seruis. Dic, locus hic quid faciet aut motus? Nisi forte regio aliqua est, quae metus temperet, quae spes refraenet, quae malam hanc saniem educat, quam alte imbibimus, uitiorum. Atqui nulla est, nec in insulis ipsis beatorum; aut si est, ostende, et omnes illuc agmine facto imus. ...

... Voilà que tu vas déserter ta patrie ; mais, dis-le moi sérieusement, en la fuyant, te fuiras tu toi-même ? Prends garde que le contraire ne t'arrive et que tu n'emportes avec toi, et dans ton propre cœur, la source et le foyer de ton mal. Comme ceux que la fièvre tourmente s'agitent sans cesse, ne pouvant supporter le repos, se retournent et changent de lit dans le vain espoir d'un soulagement, de même nous, quand nous sommes malades d'esprit, nous avons beau changer de lieu : c'est découvrir notre mal, non l'enlever ; c'est confesser, non éteindre cette inflammation intérieure. Un sage Romain a dit avec élégance : "C'est le propre d'un malade de ne rien supporter longtemps et de chercher le changement comme un remède. Alors on entreprend des pérégrinations sans but, on erre au hasard le long des rivages ; et tantôt sur mer, tantôt sur terre, se manifeste clairement aux yeux de tous ceux qui nous voient la légèreté qui toujours nous tourmente".
{Séneque, De la tranquillité de l'âme, II, 12}
Vous fuyez les troubles, vous ne les évitez pas. Comme la biche, dont parle Virgile, "que le pasteur a frappée de loin avec son javelot pendant qu'elle errait sans défiance dans les forêts de la Crète, s'élance et fuit à travers les bois et les bocages de Dicté",
{Virgile, L'Énéide, IV, 72}
mais en vain, car, ajoute le poète, "elle emporte le roseau mortel attaché à son flanc" :
{Virgile, L'Énéide, IV, 73}
ainsi vous que le trait des affections a profondément blessé, vous ne le faites pas tomber en émigrant, vous l'emportez avec vous. Qui s'est cassé un bras ou une jambe, ne demande pas, il me semble, qu'on lui amène un char ou un cheval, mais un chirurgien : quelle est donc ta vanité à toi de prétendre guérir ta plaie intérieure par le mouvement, et en courant çà et là ? Car certainement c'est ton âme qui est malade. Cette faiblesse extérieure, cette langueur, ce désespoir, tout cela naît d'une même cause, la prostration et l'énervement de l'esprit. La partie dirigeante et divine a rejeté le sceptre ; elle est tombée à ce degré d'avilissement qu'elle se rend esclave volontaire de ses propres esclaves. Dis, que peut faire à cela ou le lieu ou le mouvement ? à moins qu'il n'y ait quelque région inconnue qui tempère les craintes, qui refrène les folles espérances, qui extirpe ce mauvais virus des vices dont nous sommes profondément imbus. Or une telle région n'existe pas, même dans les îles fortunées : s'il en est une, montre-la moi ; l'instant nous partons tous avec toi pour y aller. ...


2. LECTURE : Francis Bacon (1561 - 1626) : Que faut-il faire lorsqu'on est tombé en disgrâce (auprès d'un supérieur) ? :

Francis Bacon, De la dignité et de l'accroissement des sciences, VIII, 2c :

... PABABOLA.
16. Si spiritus potestatem habentis ascenderit super te, locum tuum ne dimiseris; quia curatio faciet cessare magna peccata.
EXPLICATIO.
Praecipit Parabola quomodo se quis gerere debeat, cum iram atque indignationem principis incurrerit. Praeceptum duplex : primo, ut non dimittat locum suum ; secundo, ut curationi, tanquam in morbo aliquo graui, diligenter et caute attendat. Consueuerunt enim homines, postquam commotos contra se principes suos senserint, partim ex dedecoris impatientia, partim ne uulnus obseruando refricent, partim ut tristitiam et humilitatem eorum principes sui perspiciant, se a muneribus et functionibus suis subducere ; quinetiam interdum ipsos magistratus et dignitates quas gerunt in principum manus restituere. At Salomon hanc medendi uiam, ueluti noxiam, improbat ; idque summa profecto ratione. Primo enim, dedecus ipsum nimis illa publicat ; unde tum inimici atque inuidi audaciores fiunt ad laedendum, tum amici timidiores ad subueniendum. Secundo, hoc pacto fit ut principis ira, quae fortasse si non euulgaretur sponte concideret, magis figatur, et ueluti principio iam facto hominis deturbandi in praecipitium illius feratur. Postremo, secessus iste aliquid sapit ex maleuolo, et temporibus infenso ; id quod malum indignationis malo suspicionis cumulat. Ad curationem autem pertinent ista : primo, caueat ante omnia ne stupiditate quadam, aut etiam animi elatione, indignationem principis minime sentire aut inde prout debeat affici uideatur : hoc est, ut et uultum, non ad tristitiam contumacem, sed ad moestitiam grauem atque modestam componat; et in rebus quibuscunque agendis se minus solito hilarem et laetum ostendat ; quin et in rem suam erit, amici alicuius opera et sermone apud principem uti, qui quanto doloris sensu in intimis excrucietur tempestiue insinuet. Secundo, occasiones omnes uel minimas sedulo euitet, per quas aut res ipsa quae indignationi causam praebuit refricetur, aut princeps denuo excandescendi et ipsum quacunque de causa coram aliis obiurgandi ansam arripiat. Tertio, perquirat etiam diligenter occasiones omnes, in quibus opera eius principi grata esse possit; ut et uoluntatem promptam redimendi culpam praeteritam ostendat, et princeps suus sentiat quali tandem seruo, si eum dimittat, priuari se contigerit. Quarto, culpam ipsam aut sagaciter in alios transferat, aut animo illam non malo commissam esse insinuet, aut etiam malitiam illorum, qui ipsum regi detulerunt uel rem supra modum aggrauarunt, indicet. Denique in omnibus euigilet, et curationi sit intentus. ...

... PARABOLE.
16. Si l'esprit de celui qui a la puissance s'élève contre toi, n'abandonne pas ton poste; car le traitement remédiera aux grandes erreurs de régime.
[Ecclésiaste, X, 4}
EXPLICATION.
La parabole enseigne comment on doit se conduire lorsqu'on a encouru l'indignation et la colère du prince : précepte qui renferme deux parties. 1°. Il recommande de ne pas abandonner son poste; 2°. de penser à la cure, comme dans une maladie grave, et de n'épargner pour cela ni soin ni précautions. Car la plupart des hommes, lorsqu'ils voient leur prince irrité contre eux, disparaissent; et, soit par l'impuissance de supporter la perte de leur considération, soit pour ne pas frotter la plaie en se montrant, soit enfin pour rendre le prince témoin de leur affliction et de leur humiliation, ils se dérobent à leurs emplois et à leurs fonctions; ils vont quelquefois jusqu'à abdiquer leurs magistratures et leurs dignités, et â les remettre entre les mains du prince. Mais Salomon improuve ce genre de traitement, le regardant comme préjudiciable; et cela par les raisons les plus fortes. 1°. Cela même rend votre déshonneur trop public, vos ennemis et vos envieux en deviennent plus hardis pour vous attaquer ; et vos amis, plus timides pour vous servir. Il en résulte aussi que la colère du prince, qui, si elle n'était pas rendue publique, tomberait d'elle-même, se fixe davantage, et qu'ayant déja ébranlé son homme, elle le pousse dans le précipice. De plus cette retraite donne un certain air de malveillance et de mécontentement du présent; ce qui ajoute, au mal de l'indignation, le mal du soupçon. Or, voici en quoi consiste le traitement. 1°. Il ne faut pas se donner l'air d'être insensible à l'indignation du prince, soit par une sorte de stupidité, soit par une hauteur excessive; mais il faut en paraître affecté comme on doit l'être; c'est-à-dire qu'il faut composer son visage, non en y faisant paraître un air de mauvaise humeur et de rébellion, mais une tristesse grave et modeste. Il faut, dans tout ce que l'on fait, montrer moins de gaieté et d'enjouement qu'à l'ordinaire. De plus, pour rétablir un peu vos affaires, usez de l'entremise d'un ami, et engagez-le à faire entendre au prince, par un discours insinuant, de quelle douleur vous êtes intérieurement pénétré. En second lieu, évitez avec soin toutes les occasions, même les plus légères, de rappeler au prince la chose qui a excité sa colère, et de toucher ainsi à la plaie; et beaucoup plus encore de l'irriter de nouveau, et de lui donner lieu de vous faire une seconde réprimande devant les autres : saisissez avec soin toutes les occasions où votre service peut être agréable au prince, afin de lui témoigner le plus vif désir de réparer la faute commise, et de lui faire sentir de quel serviteur il se priverait, s'il venait à vous congédier : rejetez adroitement la faute sur les autres, ou insinuez que, si vous l'avez commise, ce n'est point par mauvaise intention ; ou encore faites remarquer la malignité de ceux qui vous ont dénoncé au roi, et faites voir qu'ils ont excessivement aggravé la chose: enfin tenez-vous continuellement éveillé, et occupez-vous sérieusement du traitement. ...


3. ITINERA ELECTRONICA : Environnements hypertextes & Textes préparés :

A) Environnements hypertextes :

  • ENNODIUS de Pavie (474 - 521), Lettres, livre VIII [Traduction française reprise au site de Philippe Remacle]

    Ingénierie informatique : Boris Maroutaeff, Colin Scoupe

B) Textes préparés :

  • Juste Lipse (Joost Lips ; 1547 - 1606), De la constance, Livre I, ch. 1 à 5; [Texte latin numérisé par nos soins.
    Traduction française préparée par François-Dominique FOURNIER.
    Traduction française: Lucien du Bois, Juste Lipse, Traité de la constance. Bruxelles & Leipzig, Merzbach, 1873]
    latin :
    http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/aclassftp/Textes/Juste_Lipse/de_constantia_01_01a05.txt
    français :
    http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/aclassftp/Textes/Juste_Lipse/de_constantia_01_01a05_fr.txt

  • Francis BACON (1561 - 1626), De la dignité et de l'accroissement des sciences, livre VIII, chapitre 2b [Texte latin et traduction française numérisés par nos soins. Traduction française : A. LASALLE, Oeuvres de François Bacon. Dijon, L.-N. Frantin. XV volumes (1799-1802). Vol. II.]
    latin :
    http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/AClassFTP/Textes/Bacon/de_dign_augm_sc_lv08_ch02b.txt
    français :
    http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/AClassFTP/Textes/Bacon/de_dign_augm_sc_lv08_ch02b_fr.txt

  • Helmold von Bosau (vers 1120 - après 1177), Chronica Slavorum, Livre I, ch. 41 à 60 [Traduction libre établie par Marc Szwajcer.
    Traduction : J.-Fr MICHAUD, Bibliothèque des Croisades, 3e partie. Paris, Ponthieu, 1829]
    latin :
    http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/aclassftp/Textes/HELMOLD_BOSAU/chronica_slavorum_01_41a60.txt
    français :
    http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/aclassftp/Textes/HELMOLD_BOSAU/chronica_slavorum_01_41a60_fr.txt


Jean SCHUMACHER
20 juin 2014


 
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Dernière mise à jour : 17/02/2002