Notice : 1. Lecture : Francis Bacon (1561 - 1626) à propos de l'art de se taire :
Francis Bacon, De la dignité et de l'accroissement des sciences, VIII, 1 :
... Vetus est narratio (Rex Optime) conuenisse complures philosophos
solenniter coram legato regis exteri, atque singulos
pro uirili parte sapientiam suam ostentasse, ut haberet legatus
quae referret de mirabili sapientia Graecorum. Unus tamen ex
eorum numero silebat, et nihil adducebat in medium ; adeo ut
legatus ad eum conuersus diceret, "Tu uero quid habes quod referam" ?
Cui ille: "Refer" (inquit) "regi tuo te inuenisse apud
Graecos aliquem qui tacere sciret". ...
... Une ancienne histoire, roi plein de bonté, rapporte qu'une multitude de
philosophes s'étant assemblés en grand appareil, en présence de l'envoyé
d'un roi étranger, chacun d'eux prenait peine à étaler sa sagesse, afin que cet
envoyé, en prenant la plus haute idée, eût un beau rapport à faire sur la
merveilleuse sagesse des Grecs. Cependant un d'entre eux ne disait mot,
et ne fournissait point sa part, l'envoyé se tournâ de son côté, et lui dit :
"et vous, n'avez-vous rien à me dire, dont je puisse faire mon rapport ?"
"Rapportez à votre maître", lui répondit ce philosophe, "que vous avez
trouvé parmi les Grecs un homme qui savait se taire". ...
{Cfr. Plutarque, Oeuvres morales, Sur le bavardage}
2. LECTURE : Francis BACON (1561-1626) : un exemple de parabole : la curiosité inutile :
Francis Bacon, De la dignité et de l'accroissement des sciences, VIII, 2 :
...
PARABOLA.
4. Sed et cunctis sermonibus, qui dicuntur, ne accommodes auras
tuam, ne forte audias seruum tuum maledicentem tibi.
EXPLICATIO.
Vix credi possit, uitam quantum perturbet inutilis curiositas
circa illas res quae nostra intersunt : nimirum, quando secreta
illa rimari satagimus quae detecta et inuenta aegritudinem quidem
animo inferant, ad consilia autem expedienda nihil iuuent.
Primo enim sequitur animi uexatio et inquietudo, cum humana
omnia perfidiae et ingratitudinis plena sint. Adeo ut, si comparari
possit speculum aliquod magicum, in quo odia et quaecunque
contra nos ullibi commouentur intueri possemus, melius
nobis foret si protinus proiiceretur et collideretur. Huiusmodi
enim res ueluti foliorum murmura sunt, et breui euanescunt.
Secundo, curiositas illa animum suspicionibus nimiis onerat,
quod consiliis inimicissimum est eaque reddit inconstantia et
complicata. Tertio, eadem male ipsa saepissime figit, alias
praeteruolatura. Graue enim est conscientias hominum irritare;
qui, si latere se putent, facile mutantur in melius ; sin deprehensos
se sentiant, malum malo pellunt. Merito igitur summae
prudentiae tribuebatur Pompeio Magno, quod Sertorii chartas
uniuersas, nec a se perlectas nec aliis permissas, igni protinus dedisset.
PARABOLE.
4. Garde toi de prêter l'oreille à tous les propos qu'on peut tenir,
de peur d'entendre ton serviteur disant du mal de toi.
{Proverbes, XXIX, 9}
EXPLICATION.
Il est incroyable combien cette inutile curiosité et cette excessive envie de
savoir ce qu'on pense de nous, répand d'amertume sur notre vie; je veux dire,
quand nous allons épiant tous ces secrets, dont la découverte ne fait que
nous affliger, et n'avance point du tout nos affaires. Car, en premier lieu,
tout ce que nous y gagnons, c'est de l'inquiétude et du chagrin, tout en ce
monde n'étant qu'ingratitude et perfidie. En sorte que si l'on pouvait faire
acquisition d'une sorte de miroir magique, où l'on vit nettement toutes
les haines dont on est l'objet, et tout ce qu'on machine contre nous, le mieux
serait de le jeter ou de le briser ; car il en est de tous ces propos comme du
murmure des feuilles, ils s'évanouissent bientôt. En second lieu, cette
curiosité nous rend excessivement soupçonneux. Or, rien n'est plus préjudiciable
à nos desseins ; cette défiance les compliquant excessivement, et y jetant de
l'irrésolution. En troisième lieu, cette curiosité fixe le mal même, qui, sans cela,
n'eût fait que passer; car il est dangereux d'exciter le dépit des hommes qui se
sentent coupables ; tant qu'ils s'imaginent qu'on ne les voit pas, il est aisé de
les ramener; mais une fois qu'ils se voient démasqués, ils s'en vengent en
faisant encore pis. Ainsi, c'est avec raison qu'on a regardé comme un trait de
souveraine prudence le parti que prit Pompée de jeter au feu tous les papiers
de Sertorius,sans les avoir lus lui-même, et sans avoir permis à qui que ce soit
de les lire.
{Cfr. Plutarque, Vie de Pompée, ch. 20 et Vie de Sertorius, ch. 27}
3. ITINERA ELECTRONICA : Environnements hypertextes & Textes préparés :
A) Environnements hypertextes :
B) Textes préparés :
- Cornelius Agrippa (Henri-Corneille Agrippa de Nettesheim ; 1486 -1535), De l'excellence et de la supériorité de la femme, ch. 21 à 30; Traduction française numérisée par nos soins.
Traduction française: G. Roétit, De l »excellence et de la supériorité de la femme ouvrage traduit du latin d’Agrippa. Paris, Delance, 1801
]
latin :
http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/aclassftp/Textes/Cornelius_Agrippa/de_nobilitate_ch21a30.txt français :
http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/aclassftp/Textes/Cornelius_Agrippa/de_nobilitate_ch21a30_fr.txt
- Francis BACON (1561 - 1626), De la dignité et de l'accroissement des sciences, livre VIII, chapitre 1 [Texte latin et traduction française numérisés par nos soins.
Traduction française : A. LASALLE, Oeuvres de François Bacon. Dijon, L.-N. Frantin. XV volumes (1799-1802). Vol. II.]
latin :
http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/AClassFTP/Textes/Bacon/de_dign_augm_sc_lv08_ch01.txt
français :
http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/AClassFTP/Textes/Bacon/de_dign_augm_sc_lv08_ch01_fr.txt
- Albert d'Aix (XIIe s.), Chronicon Hierosolymitanum, livre VII [Traduction française reprise au site de Philippe Remacle :
http://remacle.org/bloodwolf/historiens/albertaix/croisade7.htm
Traduction française :
M. GUIZOT, Collection des Mémoires relatifs à l'Histoire de France. Paris, Brière, 1824]
latin :
http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/AClassFTP/Textes/Albert_Aix/chronicon_07.txt français :
http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/AClassFTP/Textes/Albert_Aix/chronicon_07_fr.txt
- Helmold von Bosau (vers 1120 - après 1177), Chronica Slavorum, Livre I, ch. 21 à 40 [Traduction libre établie par Marc Szwajcer.
Traduction : J.-Fr MICHAUD, Bibliothèque des Croisades, 3e partie. Paris, Ponthieu, 1829] latin :
http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/aclassftp/Textes/HELMOLD_BOSAU/chronica_slavorum_01_21a40.txt
français :
http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/aclassftp/Textes/HELMOLD_BOSAU/chronica_slavorum_01_21a40_fr.txt
Jean SCHUMACHER
6 juin 2014
|