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Date :     06-12-2013

Sujets :
Lecture : Francis Bacon (1561 - 1626) à propos de la fable d'Ésope : la femme et la poule ; Lecture : Francis Bacon (1561 - 1626) cite un proverbe : raisin contre raisin mûrit plus tôt ; Lecture : Francis Bacon (1561 - 1626) décrit une expérience qui montre que la chaleur se porte plus volontiers du bas vers le haut que du haut vers le bas ; Lecture : Saint Augustin (354 - 430) décrit les trois espèces d'erreurs auxquelles les hommes sont sujets en lisant ; ITINERA ELECTRONICA & textes préparés : Francis Bacon, Augustin (saint) ;

Notice :

1. Lecture : Francis Bacon (1561 - 1626) à propos de la fable d'Ésope : la femme et la poule :

Francis Bacon, De la dignité et de l'accroissement des sciences, V, 2 :

... Debent igitur homines ludibrium illud mulieris AEsopi cogitare; quae sperarat ex duplicata mensura hordei gallinam suam duo oua quotidie parituram. At illa impinguata nullum peperit. Prorsus non tutum fuerit alicui Experimento Naturali confidere, nisi facta fuerit probatio et in minore et in maiore Quanto.

Ainsi on ne devrait jamais perdre de vue cette plaisanterie d'Ésope sur une femme qui espérait avoir deux oeufs au lieu d'un en doublant la mesure d'orge qu'elle donnait chaque jour à sa poule. Mais qu'en arriva-t-il ? La poule engraissa et ne pondit plus. Ainsi il ne faut pas trop faire fonds sur quelque expérience que ce soit, à moins qu'on n'ait éprouvé les effets de la plus grande et de la plus petite quantité.

Ésope, fable XC :
http://mercure.fltr.ucl.ac.be/Hodoi/concordances/esope_51a100_tot/lecture/40.htm

[90] Γυνὴ καὶ ὄρνις. Γυνὴ χήρα ὄρνιν ἔχουσα καθ' ἑκάστην ἡμέραν ὠὸν τίκτουσαν ὑπέλαβεν ὅτι, ἐὰν πλείονα αὐτῇ τροφὴν παραβάλῃ, καὶ δὶς τῆς ἡμέρας τέξεται. Καὶ δὴ τοῦτο αὐτῆς ποιησάσης, συνέβη τὴν ὄρνιν πίονα γενομένην μηκέτι μηδὲ ἅπαξ τεκεῖν. Ὁ λόγος δηλοῖ ὅτι τινὲς τῶν ἀνθρώπων διὰ πλεονεξίαν περιττοτέρων ἐπιθυμοῦντες καὶ τὰ παρόντα ἀπολλῦσιν.

[90] LA FEMME ET LA POULE Une femme veuve avait une poule qui lui pondait tous les jours un oeuf. Elle s'imagina que si elle lui donnait plus d'orge, sa poule pondrait deux fois par jour, et elle augmenta en effet sa ration. Mais la poule devenue grasse ne fut même plus capable de pondre une fois le jour. Cette fable montre que, lorsqu'on cherche par cupidité à avoir plus que l'on n'a, on perd même ce qu'on possède.


2. Lecture : Francis Bacon (1561 - 1626) cite un proverbe : raisin contre raisin mûrit plus tôt :

Francis Bacon, De la dignité et de l'accroissement des sciences, V, 2 :

... Adagio receptum erat, "Botrum contra botrum citius maturescere" ; id quod de mutuis amicitiae operis et officiis increbuit. At nostri Cydrae (uini scilicet ex pomis) confectores hoc optime imitantur. Cauent enim ne poma tundantur aut exprimantur, antequam nonnullo tempore in aceruos coniecta mutuo contactu maturuerint ; unde nimia potus aciditas emendetur. ...

... Un ancien proverbe disait : "raisin contre raisin mûrit plus tôt" ; et c'est ce qu'on a souvent appliqué aux services et aux offices mutuels de l'amitié. C'est aussi ce que, chez nous, ceux qui font le cidre (espèce de vin de pommes), savent très bien imiter. Car ils ont soin, avant de piler les pommes, ou de les mettre au pressoir, de les tenir en tas pendant quelque temps, afin qu'elles mûrissent mieux par leur contact mutuel; ce qui corrige l'excessive acidité de cette boisson. ...


3. Lecture : Francis Bacon (1561 - 1626) décrit une expérience qui montre que la chaleur se porte plus volontiers du bas vers le haut que du haut vers le bas :

Francis Bacon, De la dignité et de l'accroissement des sciences, V, 2 :

... Item, Calidum se diffundendo fertur tamen potius in sursum : num etiam Frigidum se diffundendo fertur magis in deorsum? Exempli gratia; accipias bacillum ferreum, illudque in uno fine calefacias ; et deinde erigas ferrum, parte calefacta subtus locata, in superiore parte manu apposita; actutum manum aduret; parte autem calefacta supra locata, et manu subtus, multo tardius aduret : num etiam, si totum bacillum calefiat, et finis alter niue uel spongia in aqua frigida tincta madefiat ; si nix aut spongia superius locetur, num (inquam) frigus deorsum mittet citius, quam inferius locata sursum? ...

... De même la chaleur, en se répandant en tout sens, se porte toutefois plus volontiers de bas en haut. Le froid, en se répandant, se porte-t-il de préférence vers le bas? Par exemple, prenez une verge de fer, chauffez-la à l'une de ses extrémités; puis redressez cette verge, en plaçant en bas la partie chauffée ; cela posé, si vous approchez la main de la partie supérieure, vous vous brûlerez aussitôt. Mais, si vous placez en haut la partie chauffée, et la main en bas, vous ne vous brûlerez pas si promptement. Actuellement supposons qu'on chauffe toute la verge, et qu'on plonge l'une de ses extrémités dans la neige, ou qu'on la mouille avec une éponge trempée dans l'eau froide : je demande si la neige ou l'éponge étant placée en haut, le froid se portera plus vite vers le bas, qu'il ne se fût porté vers le haut, si le corps refroidissant eût été placé en bas ?


4. Lecture : Saint Augustin (354 - 430) décrit les trois espèces d'erreurs auxquelles les hommes sont sujets en lisant :

Augustin (saint), De l'utilité de la foi, IV, 10 :

... tria genera sunt erroris, quibus homines errant, cum aliquid legunt. De singulis dicam. Primum genus est, in quo id quod falsum est uerum putatur, cum aliud qui scripsit putauerit. Alterum est, quamuis non tam late patens, non tamen minus noxium, cum id quod falsum est uerum putatur, id tamen putatur quod etiam ille qui scripsit putauit. Tertium est, cum ex alieno scripto intellegitur aliquid ueri, cum hoc ille qui scripsit non intellexerit. In quo genere non parum est utilitatis, immo si diligentius consideres, totus legendi fructus est integer. Primi generis exemplum est, ut si quisquam, uerbi gratia, dicat et credat Rhadamanthum apud inferos audire ac diiudicare causas mortuorum, eo quod Maronis in carmine id legerit. Hic enim errat duobus modis; quod et rem non credendam credit, neque id putandus est credidisse ille quem legit. Alterum genus animaduerti sic potest: si quis, quia Lucretius animam ex atomis esse scribit, eamque post mortem in easdem atomos solui atque interire, id uerum ac sibi credendum arbitretur. Nam et hic non minus miser est, si de re tanta id quod falsum est pro certo sibi persuasit; quamquam id Lucretius, cuius libris deceptus est, opinatus sit. Quid enim huic prodest de auctoris sententia certum esse, quando sibi eum non per quem non erraret, sed cum quo erraret, elegerit? Tertio generi est illud accommodatum: si quis Epicurum, lecto eius in libris aliquo loco ubi continentiam laudat; in uirtute illum summum bonum posuisse asseueret, et ideo non esse culpandum. Huic etiam quid obest error Epicuri, si summum bonum hominis uoluptatem ille corporis credit; cum iste non se dederit tam turpi noxiaeque sententiae, neque ob aliam causam ei placeat Epicurus, nisi quod eum sensisse non putat, quod sentiri non oporteat? Hic error non modo humanus est, sed saepe etiam homine dignissimus. ...

Il est trois espèces d'erreurs auxquelles les hommes sont sujets en lisant. Je parlerai de chacune d'elles. La première consiste à croire vrai ce qui est faux, quand l'écrivain a pensé autrement qu'il n'a écrit. La deuxième, pour être moins répandue, n'en est pas moins pernicieuse; elle consiste à croire vrai ce qui est faux, en croyant toutefois ce que l'écrivain à cru lui-même. La troisième consiste à croire vrai dans un ouvrage ce qui n'a pas été tel dans la pensée de l'écrivain. Dans ce dernier cas, l'erreur peut être très utile, et même, à bien considérer, il n'y a alors que profit à retirer de sa lecture. Un cas de la première espèce, c'est, par exemple, si l'on disait et si l'on croyait que Rhadamanthe dans les enfers fait comparaître les morts devant lui pour les entendre et les juger, parce qu'on a lu cela dans un poème de Virgile (Enéïde, VI, 566-569). Il y a ici double erreur, parce que l'on croit une chose qui n'est pas croyable, et parce qu'on ne doit pas se figurer que l'auteur l'ait crue. On peut donner pour la seconde espèce l'exemple suivant parce que Lucrèce dit que l'âme est composée d'atomes, et qu'après la mort elle s'échappe avec ces mêmes atomes et meurt, un lecteur s'imaginera que c'est la vérité et qu'il doit le croire. Il n'en est pas moins malheureux si, sur un sujet si important, il a pris pour certain ce qui est faux, bien que Lucrèce, dont l'ouvrage l'a trompé, ait eu cette opinion. A quoi sert en effet à ce lecteur d'être sûr du sens de l'écrivain, quand cet écrivain qu'il a choisi, au lieu de l'empêcher de tomber dans l'erreur, l'y entraîne avec lui ? Voici qui se rapporte à la troisième espèce. Après avoir lu quelque passage des oeuvres d'Epicure où il vante la continence, on affirmera que ce philosophe a placé le souverain bien dans la vertu, et que par la suite il n'est pas blâmable. En quoi nuit à ce nouveau lecteur l'erreur d'Epicure, si ce dernier croit que le souverain bien de l'homme est le plaisir des sens, puisque ce lecteur n'a pas adopté une maxime si honteuse et si funeste, et qu'Epicure ne lui plaît que parce qu'il ne lui prête pas une opinion qui ne doit pas être admise? Cette erreur non seulement est pardonnable, mais souvent même tout à fait digne d'un homme.


5. ITINERA ELECTRONICA & textes préparés :

  • Francis Bacon (1561 - 1626), De la dignité et de l'accroissement des sciences, V, ch. 2 [Texte latin et traduction française numérisés par nos soins]
    latin :
    http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/Aclassftp/textes/BACON/de_dign_augm_sc_lv05_ch02.txt
    français :
    http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/Aclassftp/textes/BACON/de_dign_augm_sc_lv05_ch02_fr.txt

  • Augustin (saint ; 354 - 430), De l'utilité de la foi, texte complet [Traduction française reprise au site de l'Abbaye Saint Benoît de Port-Valais]
    latin :
    http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/Aclassftp/textes/Augustin/de_utilitate_fidei.txt
    français :
    http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/Aclassftp/textes/Augustin/de_utilitate_fidei_fr.txt


Jean Schumacher
6 décembre 2013


 
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Dernière mise à jour : 17/02/2002