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Date :     08-03-2013

Sujets :
Lecture : Francis BACON (1561 - 1626) souhaite qu'un jeune homme ne voyage à l'étranger que sous la direction d'un tuteur ; Lecture : Francis BACON (1561 - 1626) : Les Sirènes sont-elles une allégorie des voluptés ? ; ITINERA ELECTRONICA : 4 nouveaux environnements hypertextes : Francis Bacon (x 4) ;

Notice :

1. Lecture : Francis BACON (1561 - 1626) souhaite qu'un jeune homme ne voyage à l'étranger que sous la direction d'un tuteur :

Francis Bacon, Sermones fideles siue interiora rerum, XVIII, 2 :

… Ut adolescentes peregrinentur sub tutore, aut seruo aliquo experto, probo ; modo talis sit, qui linguam calleat, quique regionem illam ante adiuerit; unde possit eos instruere, quae in illa regione, ubi peregrinantur, digna spectatu et cognitu sint; quae amicitiae et familiaritates contrahendae ; quae denique studia et disciplinae ibi uigeant. Aliter enim adolescentes peregrinabuntur cucullati, et foras prospicient parum.

… Je voudrais d'abord qu'un jeune homme ne voyageât que sous la direction d'un gouverneur, ou d'un domestique, sage et de bonnes moeurs, qui eût voyagé lui-même dans ce pays où il se propose d'aller, qui en sût la langue, et qui fût en état de lui indiquer d'avance quels sont, dans ce même pays, les objets qui méritent le plus de fixer l'attention d'un observateur; quelles liaisons plus ou moins étroites il doit y contracter, quels exercices, quelles sciences, ou quels arts y sont portés à un certain degré de perfection; car autrement un jeune homme voyagera, pour ainsi dire, les yeux bandés, et quoique hors de chez lui, de ses foyers, il ne verra rien.


Lecture : Francis BACON (1561 - 1626) : Les Sirènes sont-elles une allégorie des voluptés ? :

Francis, Bacon, De la sagesse des anciens, XXXI, 2 :

[31,2] Fabula ad mores pertinet, atque minime obscura sane, nec tarnen inelegans parabola uidetur. Voluptates ex copia rerum ac affluentia ; atque, ex hilaritate : siue exultatione animi proueniunt : illae olim primis ipsis illecebris subito, et tanquam alatae, mortales rapere solebant. Doctrina autem et eruditio hoc saltem effecit, ut animus humanus se nonnihil cohibeat, et exitum rei secum perpendat ; itaque alas uoluptatibus detraxit. Hoc autem in Musarum decus et honorem egregium cessit : postquam enim philosophiam contemptum uoluptatumn inducere posse nonnullorum exemplo patuit; statim res sublimis uisa est, quae animam ueluti humo affixam attollat et euehat, et hominum cogitationes (quae in capite uigent) pennatas et ueluti aethereas faciat. …

[31,2] Cette fable se rapporte visiblement aux mœurs; et quoique le sens de cette allégorie soit facile à saisir, elle n'en est pas moins ingénieuse. Les voluptés ont pour cause principale l'abondance, l'affluence des biens, avec un sentiment de joie et d'expansion. Lorsque les hommes étaient encore plongés dans la plus profonde ignorance, ils cédaient aux premières séductions, et les voluptés, qui alors avaient des ailes, les entraînaient rapidement; mais dans la suite la science et l'habitude de réfléchir qui les mit en état de réprimer du moins les premiers mouvements de l'âme, et de prévoir les conséquences de ces plaisirs auxquels ils étaient tentés de se livrer, ôta aux voluptés leurs ailes; heureux effet des sciences, qui donna aux muses plus de relief et de dignité; car, lorsqu'on se fut assuré, par l'exemple de quelques âmes fortes, que la philosophie pouvait inspirer le mépris des voluptés, elle parut quelque chose de sublime et d'élevé, c'est-à-dire qu'elle parut capable d'élever l'âme au-dessus du limon terrestre auquel elle semblait être restée attachée jusqu'à cette époque, et de donner, pour ainsi dire, des ailes à la pensée humaine, dont le siège est la tête. …

==> Dans une Fiche de lecture, datée du 27 janvier 2006, nous avons cité PLUTARQUE à propos du Chant des Sirènes :

PLUTARQUE, Œuvres morales, Propos de table, IX, 14 :

Sujet : A propos des Sirènes et de leurs chants

Extrait :

... αἵ γε μὲν δὴ Ὁμήρου Σειρῆνες οὐ κατὰ λόγον ἡμᾶς τῷ μύθῳ φοβοῦσιν, ἀλλὰ κἀκεῖνος ὀρθῶς ᾐνίξατο τὴν τῆς μουσικῆς αὐτῶν δύναμιν οὐκ ἀπάνθρωπον οὐδ´ ὀλέθριον οὖσαν ἀλλὰ ταῖς ἐντεῦθεν ἀπιούσαις ἐκεῖ ψυχαῖς, ὡς ἔοικε, καὶ πλανωμέναις μετὰ τὴν τελευτὴν ἔρωτα πρὸς τὰ οὐράνια καὶ θεῖα λήθην δὲ τῶν θνητῶν ἐμποιοῦσαν κατέχειν καὶ κατᾴδειν θελγομένας, αἱ δ´ ὑπὸ χαρᾶς ἕπονται καὶ συμπεριπολοῦσιν.

(8) Parlerai-je des Sirènes d'Homère ?
La frayeur que nous en inspire la mythologie n'a pas de fondement; et le poète nous donne très raisonnablement à entendre que l'influence de leurs chants mélodieux n'a rien de funeste pour l'humanité, rien qui puisse donner la mort. Mais quand les âmes échangent, comme il est naturel, ce monde-ci contre un autre séjour, lorsqu'après le trépas elles deviennent errantes, les Sirènes leur inspirent l'amour de ce qui est céleste et divin, en même temps qu'elles leur versent l'oubli des misères mortelles. Elles les maintiennent, les charment, les consolent; et ces âmes, par reconnaissance, les suivent et s'attachent à elles.

[tiré de : Victor BETOLAUD, Œuvres complètes de Plutarque, Œuvres morales, t. III, Paris, Hachette, 1870]

Environnement hypertexte :
http://mercure.fltr.ucl.ac.be/Hodoi/concordances/plutarque_propos_table_09/

==> Dans l'actualité du 21 mars 2008 une autre référence est faite au Chant des Sirènes :

Que chantaient les Sirènes ? :

Livre : Eva CANTARELLA, Ithaque.
De la vengeance d'Ulysse à la naissance du droit.
Titre original : Ithaca. Eroi, donne, potere tra vendetta e diritto (2002)
Traduction française par Pierre-Emmanuel DAUZAT
Paris, Albin Michel, 2003, 296 pp.

Extrait (pp. 195-198) :

"Que chantaient les Sirènes : éros et les prés fleuris.

Dans sa Vie de Tibère, Suétone raconte que l'empereur harcelait les grammairiens avec cette question : « Que chantaient les Sirènes ? » Les grammairiens ne savaient que répondre. Homère, en fait, s'en tient pour ainsi dire à des généralités : dans son récit, les Sirènes promettent le don de la connaissance à qui répondra à leur invitation. « Nous savons tout ce que voit passer la terre nourricière », disent-elle à Ulysse. Qui écoute leur chant repart « plus riche en savoir ».

Trop riche, peut-être, sachant plus de choses qu'il n'est permis aux mortels d'en savoir. D'une certaine façon, l'attitude de qui les écoute paraît semblable à celle de Prométhée, qui voulait voler le feu aux dieux. De même, qui veut tout connaître — passé, présent et futur — ne reconnaît pas, à l'instar de Prométhée, les limites de sa nature mortelle : il croit être, il voudrait être l'égal des dieux.

Mais si l'on réfléchit attentivement à l'épisode, si on lit non seulement ce qui y est dit explicitement, mais aussi ce qu'il sous-entend, le chant des Sirènes ne promet pas uniquement la connaissance. Ou, mieux, ce n'est pas une connaissance générique qu'il promet : les Sirènes possèdent et transmettent un savoir spécifique, et le récit des mésaventures qui adviennent à qui les écoute met en garde contre le désir de posséder ce savoir-là.

Les Sirènes sont femmes. Quelles connaissances peuvent avoir les femmes ? Quel savoir peuvent-elles transmettre ? Il n'y a qu'une seule réponse : le savoir de l'amour. L'art de la séduction. L'enchantement de la passion. Le chant des Sirènes est une invitation sexuelle, une provocation des sens. C'est l'arme invincible par laquelle les femmes (certaines femmes) attirent les hommes. Une arme qui emporte, qui ensorcelle, qui anéantit toute capacité de résistance. Qui écoute les Sirènes ne reverra jamais sa femme, ses enfants qui l'attendent, parce qu'il a cédé à la séduction extraconjugale, à l'appel d'un sexe désordonné, incontrôlable, qui n'a pas pour fin la reproduction.

Bref, la rencontre d'Ulysse avec les Sirènes est porteuse d'une leçon évidente, quoique cachée : il existe des femmes dangereuses, dont il faut se méfier et se garder. Des femmes qui prennent des initiatives, qui suscitent le désir hors des lieux physiques et institutionnels qui lui sont réservés. ...


3. ITINERA ELECTRONICA & environnements hypertextes :

Cette semaine-ci, Christian RUELL a pu créer 4 nouveaux environnements hypertextes :

  • Francis Bacon (1561 - 1626) , De la dignité et de l'accroissement des sciences, Livre I, par. 51 à 60 [Texte latin et traduction française numérisés par nos soins]
  • Francis Bacon (1561 - 1626) , De la sagesse des anciens, XXXI : Les Sirènes, ou la volupté [Texte latin et traduction française numérisés par nos soins]
  • Francis Bacon (1561 - 1626) , Sermones fideles siue interiora rerum, Sermo IX : De l'envie [Traduction française numérisée par nos soins]
  • Francis Bacon (1561 - 1626) , Sermones fideles siue interiora rerum, Sermo XVIII : Des voyages [Traduction française numérisée par nos soins]

Les textes bruts de ces oeuvres sont disponibles dans le Dépôt ITINERA ELECTRONICA.


Jean Schumacher
8 mars 2013


 
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Dernière mise à jour : 17/02/2002