Projets ITINERA ELECTRONICA - HODOI ELEKTRONIKAI - HELIOS

Actu' ITINERA+ (Actualités - Nouvelles)


  Accueil     Liste des actualités     Recherche     Actualité     Administration  

Date :     25-05-2012

Sujets :
Lecture : L'HISTOIRE est l'oracle de la vie (L. JERPHAGNON) ; Lecture : TERTULLIEN à propos d'Ève (A. SOUPA - C. PEDOTTI) ; Lecture : BERNARD de CLAIRVAUX à propos des appels interjetés sans motif sérieux ; ITINERA ELECTRONICA : 6 nouveaux environnements hypertextes : Augustin (saint), Bernard de Clairvaux (saint ; x 2), Grégoire le Grand, Orderic Vital, Yves de Chartres ;

Notice :

1. Lecture : L'HISTOIRE est l'oracle de la vie (L. JERPHAGNON) :

Livre : Lucien JERPHAGNON, Connais-toi toi-même ... et fais ce que tu aimes.
Paris, Albin Michel, 2012, 377 pp.

Extrait : p. 328:

" ... Ce que nous venons de dire de l'autrement spatial vaut pour l'autrement temporel. On s'est toujours intéressé au passé le plus lointain. Et d'abord à ces commencements que la Bible, Hésiode et tant d'autres ont narrés par le menu : c'était « en ces temps-là », en des temps hors du nôtre, qui n'en est que la conséquence. Prestige inusable des commencements ! De même on entreprit de consigner la geste des rois, des chefs de guerre, des fondateurs. Depuis Hécatée, dès le Ve siècle av. J.-C., Thucydide, Polybe, César, Tite-Live, Tacite et combien d'autres ont évoqué un présent révolu mais toujours à l'arrière-plan : avoir été est encore une manière d'être. Jusqu'aux infimes traits d'esprit, anecdotes, petites histoires en marge de la grande, que les compilateurs recueillaient avec scrupule, se recopiant les uns les autres avec ferveur. Pour Valère Maxime, Aulu-Gelle et Macrobe, pour Plutarque et le pseudo-Athénée, le temps d'un dîner entre amis, on revivait des heures mortes qui pour d'autres avaient compté. Rien de tout cela ne devait se perdre : que serait l'avenir hors de tout passé ? Historia magistra uitae : l'aura-t-on dit et répété, à temps et à contretemps ! Rompre avec tant de présences évanouies aurait été couper ses propres racines, congédier ses ancêtres, poser un nouvel instant premier, à l'instar des dieux. Hybris, démesure impensable. ..."

Témoignage :

Cicéron, De l’Orateur, II, 9 :

(36) Historia uero testis temporum, lux ueritatis, uita memoriae, magistra uitae, nuntia uetustatis, qua uoce alia nisi oratoris immortalitati commendatur?

Enfin, l'histoire elle-même, le témoin des siècles, le flambeau de la vérité, l'âme du souvenir, l'oracle de la vie, l'interprète des temps passés, quelle autre voix que celle de l'orateur peut la rendre immortelle?


2. Lecture : TERTULLIEN à propos d'Ève (A. SOUPA - C. PEDOTTI) :

Livre : Anne SOUPA - Christine PEDOTTI, Les pieds dans le bénitier.
Paris, Presses de la Renaissance, 2010, 269 pp.

Extrait : p. 38:

" ... Mais elles [les femmes] n'étaient en aucun cas les égales des hommes. Cette idée d'égalité semblait totalement ridicule. Par nature, les femmes étaient faibles, physiquement, intellectuellement et spirituellement. Et d'ailleurs, c'était bien par le « maillon faible », Ève, que le serpent avait introduit le mal et la discorde entre Dieu et les hommes. Le catalogue des insultes que les Pères de l'Église font pleuvoir sur Ève et ses descendantes est éloquent.
Tertullien détient sans doute la palme : « Tu enfantes dans les douleurs et les angoisses, femme; tu subis l'attirance de ton mari et il est ton maître. Et tu ignores qu'Eve, c'est toi? Elle vit encore en ce monde, la sentence de Dieu contre ton sexe. Vis donc, il le faut, en accusée. C'est toi la porte du diable. C'est toi qui as brisé le sceau de l'Arbre; c'est toi qui la première as déserté la loi divine; c'est toi qui as circonvenu celui auquel le diable n'a pu s'attaquer; c'est toi qui es venue à bout si aisément de l'homme, l'image de ton Dieu. C'est ton salaire, la mort, qui a valu la mort au Fils de Dieu. »
Terrible, exagéré peut-être, mais dix siècles plus tard, le très fin Thomas d'Aquin, docteur de l'Église, écrit toujours : «L'homme jouit avec plus d'abondance du discernement de la raison que la femme. » Pour être plus sobre, ce n'en est pas moins rude ! …

Témoignage :

TERTULLIEN, De l’ornement des femmes, I, 1 :

... In doloribus et anxietatibus paris, mulier, et ad uirum tuum conuersio tua et ille dominatur tui: et Euam te esse nescis? (2) Viuit sententia Dei super sexum istum in hoc saeculo: uiuat et reatus necesse est. Tu es diaboli ianua; tu es arboris illius resignatrix; tu es diuinae legis prima desertrix; tu es quae eum suasisti, quem diabolus aggredi non ualuit; tu imaginem Dei, hominem, tam facile elisisti; propter tuum meritum, id est mortem, etiam filius Dei mori habuit: et adornari tibi in mente est super pelliceas tuas tunicas?

... Femme, tu enfanteras dans les douleurs et les angoisses, tu seras sans cesse attirée vers ton mari, et il te dominera. Et tu ne veux pas reconnaître Eve en toi ? La sentence de Dieu sur ce sexe vit encore de nos jours. Eh bien, oui, qu'elle vive ; il faut que ce crime demeure comme un opprobre éternel. O femme ! tu es la porte par où le démon est entré dans le monde ; tu as découvert l'arbre la première ; tu as enfreint la loi divine; c'est toi qui as séduit celui que le démon n'eut pas le courage d'attaquer en face ; tu as brisé sans efforts l'homme, cette image de Dieu; c'est enfin pour effacer la peine que tu as encourue, c'est-à-dire la mort, que le fils de Dieu lui-même dut mourir ; et tu songes encore à charger d'ornements tes tuniques de peau !


3. Lecture : BERNARD de CLAIRVAUX à propos des appels interjetés sans motif sérieux :

Bernard de Clairvaux, De la considération, III, 2 :

… Arbitror idem debere pati illum, qui sine causa forte appellauit. Formulam hanc iustitiae praefigit tibi et diuinae incommutabilis ratio aequitatis, et, ni fallor, ipsa appellationum lex, ut illicite usurpata appellatio nec prosit appellanti, nec appellato obsit. Utquid enim frustra fatigatus sit homo? Quam plenum iustitiae, ut sese potius laeserit, qui uoluit proximum? Appellasse inique, iniquum est; inique et impune, iniquarum appellationum fomes. Iniqua autem omnis appellatio, ad quam iustitiae inopia non coegit. Appellare, non ut graues, sed si graueris, licet. Appellandum a sententia. Ante sententiam improbe omnino, nisi ob manifestum grauamen, praesumitur appellatio. Qui igitur non grauatus appellat, liquet quia aut grauare intendit, aut tempus redimere. Non est autem suffugium appellatio, sed refugium. Quantos nouimus appellasse pulsatos, quo interim liceret, quod nunquam licet? Nonnullis etiam, quoad uixerunt, licuisse appellationis suffragio nefaria scimus, uerbi gratia, incestum, adulterium. Quale est hoc, turpitudini patrocinari, quod uel maxime formidari a turpibus oportebat? …

… Je [Bernard de Clairvaux] suis d'avis que la peine d'un appel interjeté sans motif sérieux retombe tout entière sur son auteur; c'est d'ailleurs la règle qui vous [pape] a été tracée d'avance par les principes immuables de la justice divine, et si je ne me trompe, par la loi même qui régit la matière et qui ne permet pas qu'un appel injuste profite à l'appelant et nuise à l'intimé. Pourquoi, en effet, avoir tourmenté cet homme sans raison ? N'est-il pas plus juste que tout le mal retombe sur celui qui a voulu porter un préjudice à son prochain ? Interjeter appel injustement, est une manifeste injustice; mais l'interjeter injustement et impunément, c'est ouvrir la porte toute grande à une foule d'autres appels injustes. Or il faut tenir pour injustes tous ceux qui ne sont pas dictés par la difficulté de se faire rendre justice. Il est permis d'interjeter appel non pour nuire au prochain mais pour se soustraire soi-même à une injustice. On ne peut appeler que d'une sentence ; le faire avant qu'elle soit portée, à moins qu'un dommage manifeste ne nous y contraigne, c'est évidemment agir dans un but mauvais. Celui donc qui interjette un appel, quand il n'est pas lésé, n'a évidemment en vue que de léser lui-même le prochain ou de gagner du temps. Or la voie de l'appel n'est pas un subterfuge, mais un refuge. Que de grands personnages avons-nous vus recourir à un appel avec la pensée de se ménager ainsi tout le temps de faire ce qu'il n'est jamais permis de faire! Combien même ont pu, tout le monde le sait, grâce à un appel, persister tant qu'ils ont vécu dans d'incroyables désordres, tels que l'inceste et l'adultère! Quel renversement est-ce là, protéger d'affreux désordres par l'institution même qui devrait causer la plus grande terreur au désordre ? …


4. ITINERA ELECTRONICA & environnements hypertextes :

A l'Université, le 2e quadrimestre est terminé, les examens de la session de juin pointent à l'horizon, lesétudiants sont en blocus (d'étude) et Christian RUELL continue son chemin : 6 nouveaux environnements hypertextes ont vu le jour :

  • Augustin (saint), Contre les juifs, texte complet [Traduction française reprise au site de l'Abbaye Saint Benoît de Port-Valais]
  • Bernard de Clairvaux (saint), De la considération, livre III [Traduction française reprise au site de l'Abbaye Saint Benoît de Port-Valais]
  • Bernard de Clairvaux (saint), Lettres, Lettre CCLXXX : Au pape Eugène III [Traduction française reprise au site de l'Abbaye Saint Benoît de Port-Valais]
  • Grégoire le Grand, Les Morales sur Job, livre II [Traduction française reprise au site des vrais chrétiens orthodoxes francophones]
  • Orderic Vital, L'Histoire ecclésiastique, livre XII [Traduction française reprise au site de Philippe Remacle]
  • Yves de Chartres, Lettres, Lettre CX : Au pape Pascal II [Traduction française reprise au site de Philippe Remacle]

Les textes bruts de ces oeuvres sont disponibles dans le Dépôt ITINERA ELECTRONICA.


Jean Schumacher
25 mai 2012


 
UCL | FLTR | Itinera Electronica | Bibliotheca Classica Selecta (BCS) |
Analyse, design et réalisation informatiques : B. Maroutaeff - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 17/02/2002