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Date :     23-12-2011

Sujets :
Lecture : A propos de l'invraisemblable casse résultant de l'amour (L. JERPHAGNON) ; Lecture THUCYDIDE fait dire à Périclès : Nous susciterons l'admiration des temps présents et futurs ; ITINERA ELECTRONICA : 4 nouveaux environnements hypertextes : Bernard de Clairvaux, Jérôme (x 2), Orderic Vital ;

Notice :

1. Lecture : A propos de l'invraisemblable casse résultant de l'amour (L. JERPHAGNON) :

Livre : Lucien JERPHAGNON, De l'amour, de la mort, de Dieu et d'autres bagatelles.
Entretiens avec Christiane Rancé.
Paris, Albin Michel, 2011, 264 pp.

Extrait : pp. 192-194 :

" ... A ces deux hypothèses [concernant le mal d'amour], il faut en ajouter une troisième, celle où il n'y a pas, ou plus, d'amour du tout ni d'un côté ni de l'autre. Rencontres décevantes de gens dont la chair est prompte, mais dont l'esprit est faible, croisement de désirs trop précis et d'aspirations trop vagues. Mais la nature a horreur du vide, c'est bien connu ; c'est alors par le manque d'amour que l'amour tue. Emma Bovary est à elle seule une catastrophe, et l'arsenic lui paraît finalement la seule solution. Du moins réserve-t-elle la potion à son usage : Thérèse Desqueyroux, elle, aura raté de peu Bernard, attentif seulement à ses hectares de pins et à « ses patientes découvertes de l'ombre ». Sans compter le cas bien banal où à la lune de miel succède, si j'ose dire, la gueule de bois."
...
"Il y a là comme une constante. Tout cela, qui vient de Tite-Live, de Virgile, d'Ovide, de Suétone, repris des siècles plus tard par Shakespeare, Racine ou Corneille, ou que nous décrivent Mme de La Fayette, Flaubert, Zola, Mauriac et combien d'autres – tout cela qui rejoint ce qu'on lit chaque matin dans la rubrique des faits divers –, aurait de quoi alerter sur l'invraisemblable casse résultant de l'amour. Dans toute l'histoire des lettres, je ne vois que les dieux pour esquiver ces difficultés et ces crises. Non qu'ils échappent aux passions : il n'est même pas rare qu'ils tombent amoureux, mais, pour eux, tout s'arrange. Non seulement ils ont à leur disposition une panoplie de techniques sophistiquées : métamorphoses et autres, mais, surtout, ils n'ont pas à endosser les suites de leurs entraînements. Il ne saurait y avoir pour les dieux de drames de l'amour ni de chagrins, parce qu'ils sont censés vivre hors du temps : à peine y font-ils une apparition de loin en loin, et si d'aventure ils s'éprennent de quelque mortelle ou mortel, c'est à ces derniers qu'il reviendra d'en assumer les conséquences à mesure qu'elles s'inscriront dans la durée. On est alors ramené au problème précédent.
Chez les simples mortels, je ne verrais qu'une exception : Philémon et Baucis. A ce couple fut accordée la grâce, de toutes la plus précieuse, de quitter ce monde ensemble. A leur mort, les voilà donc changés l'un en chêne, l'autre en tilleul, et les deux arbres joignent leurs ramures. Mais cela, ils le tenaient de Zeus et d'Hermès passant incognito par la Phrygie, et qu'ils avaient, sans les identifier, retenus à déjeuner. Donc l'exemple ne vaut pas. Esmeralda et Quasimodo avaient autrement peiné avant qu'on retrouvât leurs ossements si étroite- ment enchevêtrés. Bref, si l'on en croit la littérature, [l'amour] c'est un désastre sur toute la ligne. Aragon avait bien mesuré «ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson ». ..."

Témoignage :

Ovide, Les Métamorphoses, VIII, v. 696 - 724 :

... flexere oculos et mersa palude
cetera prospiciunt, tantum sua tecta manere,
dumque ea mirantur, dum deflent fata suorum,
illa uetus dominis etiam casa parua duobus

[8,700] uertitur in templum: furcas subiere columnae,
stramina flauescunt aurataque tecta uidentur
caelataeque fores adopertaque marmore tellus.
talia tum placido Saturnius edidit ore:
"dicite, iuste senex et femina coniuge iusto
digna, quid optetis." cum Baucide pauca locutus
iudicium superis aperit commune Philemon:
"esse sacerdotes delubraque uestra tueri
poscimus, et quoniam concordes egimus annos,
auferat hora duos eadem, nec coniugis umquam

8,710] busta meae uideam, neu sim tumulandus ab illa."
uota fides sequitur: templi tutela fuere,
donec uita data est; annis aeuoque soluti
ante gradus sacros cum starent forte locique
narrarent casus, frondere Philemona Baucis,
Baucida conspexit senior frondere Philemon.
iamque super geminos crescente cacumine uultus
mutua, dum licuit, reddebant dicta "uale" que
"o coniunx" dixere simul, simul abdita texit
ora frutex: ostendit adhuc Thyneius illic

[8,720] incola de gemino uicinos corpore truncos.
haec mihi non uani (neque erat, cur fallere uellent)
narrauere senes; equidem pendentia uidi
serta super ramos ponensque recentia dixi
"cura deum di sint, et, qui coluere, colantur."

... ils [Philémon et Baucis] s'arrêtent, se retournent; ô prodige ! tout était submergé. Leur cabane seule subsistait au milieu du marais. Tandis qu'ils s'étonnent, déplorant le sort funeste de leurs voisins, cette chaumière antique et pauvre, pour deux maîtres trop étroite,
[8,700] est un temple. Les vieux troncs qui la soutiennent sont changés en colonnes; le chaume qui la couvre jaunit; la surface du sol devient marbre; le toit est d'or, et la porte d'airain : "Sage vieillard, et vous, femme d'un si pieux époux, leur dit alors avec bonté le maître du tonnerre, parlez, quels sont vos vœux" ? Philémon confère un moment avec Baucis, et reporte aux Dieux, en ces termes, le souhait qu'ils ont formé : "Souffrez que nous soyons les prêtres de ce temple; faites que nos destins, depuis si longtemps unis, se terminent ensemble;
[8,710] que je ne voie jamais, le tombeau de Baucis ! que Philémon ne soit jamais enseveli par elle ! " "Leurs vœux sont exaucés. La garde du temple leur fut confiée, et tant qu'ils respirèrent ils desservirent ses autels. Un jour que, courbés sous le poids des ans, ils étaient assis sur les marches du temple, et qu'ils s'entretenaient des prodiges dont ils furent témoins, Baucis voit Philémon se couvrir de feuillage; Philémon voit s'ombrager la tête de Baucis; tandis que l'écorce s'étend et les embrasse, ils se parlent, se répondent encore : "Adieu, cher époux ! Adieu, chère épouse !" Et l'écorce monte, les couvre, et leur ferme la voix. Le pâtre de Phrygie montre encore au voyageur
[8,720] les deux troncs voisins qui renferment leurs corps. De sages vieillards m'ont conté cette aventure; ils n'avaient aucun intérêt à tromper; j'ai dû les croire. J'ai vu des festons de fleurs pendre à ces arbres et les entrelacer; je les ai moi-même ornés de guirlandes nouvelles, et j'ai dit : "La piété des mortels est agréable aux dieux, et celui qui les honore mérite d'être honoré à son tour". ...


2. Lecture THUCYDIDE fait dire à Périclès : Nous susciterons l'admiration des temps présents et futurs :

Périclès ( -461- -399) prononce en -431 une oraison funèbre en l'honneur des guerriers morts au combat. Il fait également l'éloge d'Athènes, de ses institutions et des ses héros ("ils ont la terre entière pour tombeaux"). Voici pourquoi, selon Périclès, Athènes est un exemple à suivre pour la Grèce et même pour l'humanité tout entière:

Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, II, ch. XLI :

[2,41] 'Ξυνελών τε λέγω τήν τε πᾶσαν πόλιν τῆς ῾Ελλάδος παίδευσιν εἶναι καὶ καθ' ἕκαστον δοκεῖν ἄν μοι τὸν αὐτὸν ἄνδρα παρ' ἡμῶν ἐπὶ πλεῖστ' ἂν εἴδη καὶ μετὰ χαρίτων μάλιστ' ἂν εὐτραπέλως τὸ σῶμα αὔταρκες παρέχεσθαι. καὶ ὡς οὐ λόγων ἐν τῷ παρόντι κόμπος τάδε μᾶλλον ἢ ἔργων ἐστὶν ἀλήθεια, αὐτὴ ἡ δύναμις τῆς πόλεως, ἣν ἀπὸ τῶνδε τῶν τρόπων ἐκτησάμεθα, σημαίνει. μόνη γὰρ τῶν νῦν ἀκοῆς κρείσσων ἐς πεῖραν ἔρχεται, καὶ μόνη οὔτε τῷ πολεμίῳ ἐπελθόντι ἀγανάκτησιν ἔχει ὑφ' οἵων κακοπαθεῖ οὔτε τῷ ὑπηκόῳ κατάμεμψιν ὡς οὐχ ὑπ' ἀξίων ἄρχεται. μετὰ μεγάλων δὲ σημείων καὶ οὐ δή τοι ἀμάρτυρόν γε τὴν δύναμιν παρασχόμενοι τοῖς τε νῦν καὶ τοῖς ἔπειτα θαυμασθησόμεθα, καὶ οὐδὲν προσδεόμενοι οὔτε ῾Ομήρου ἐπαινέτου οὔτε ὅστις ἔπεσι μὲν τὸ αὐτίκα τέρψει, τῶν δ' ἔργων τὴν ὑπόνοιαν ἡ ἀλήθεια βλάψει, ἀλλὰ πᾶσαν μὲν θάλασσαν καὶ γῆν ἐσβατὸν τῇ ἡμετέρᾳ τόλμῃ καταναγκάσαντες γενέσθαι, πανταχοῦ δὲ μνημεῖα κακῶν τε κἀγαθῶν ἀίδια ξυγκατοικίσαντες. περὶ τοιαύτης οὖν πόλεως οἵδε τε γενναίως δικαιοῦντες μὴ ἀφαιρεθῆναι αὐτὴν μαχόμενοι ἐτελεύτησαν, καὶ τῶν λειπομένων πάντα τινὰ εἰκὸς ἐθέλειν ὑπὲρ αὐτῆς κάμνειν.

[2,41] XLI. - "En un mot, je l'affirme, notre cité dans son ensemble est l'école de la Grèce et, à considérer les individus, le même homme sait plier son corps à toutes les circonstances avec une grâce et une souplesse extraordinaires. Et ce n'est pas là un vain étalage de paroles, commandées par les circonstances, mais la vérité même ; la puissance que ces qualités nous ont permis d'acquérir vous l'indique. Athènes est la seule cité qui, à l'expérience, se montre supérieure à sa réputation ; elle est la seule qui ne laisse pas de rancune à ses ennemis, pour les défaites qu'elle leur inflige, ni de mépris à ses sujets pour l'indignité de leurs maîtres. Cette puissance est affirmée par d'importants témoignages et d'une façon éclatante à nos yeux et à ceux de nos descendants ; ils nous vaudront l'admiration, sans que nous ayons besoin des éloges d'un Homère ou d'un autre poète épique capable de séduire momentanément, mais dont les fictions seront contredites par la réalité des faits. Nous avons forcé la terre et la mer entières à devenir accessibles à notre audace, partout nous avons laissé des monuments éternels des défaites infligées à nos ennemis et de nos victoires. Telle est la cité dont, avec raison, ces hommes n'ont pas voulu se laisser dépouiller et pour laquelle ils ont péri courageusement dans le combat ; pour sa défense nos descendants consentiront à tout souffrir. ...

Dossier :

La Grèce antique. De Homère à Alexandre le Grand dans : NATIONAL GEOGRAPHIC hors série n° 11, décembre 2011.

Nous avons numérisé : la page de couverture, le sommaire et les pages 33 et 34 où intervient la citation de Périclès :

La Grèce antique


3. ITINERA ELECTRONICA & environnements hypertextes :

Christian RUELL termine l'année 2011 en beauté : 4 nouveaux environnements hypertextes ont vu le jour.

  • Bernard de Clairvaux (saint) , Sermons sur le Cantique des Cantiques, Sermon XI [Traduction française reprise au site de l'Abbaye Saint Benoît de Port-Valais]
  • Jérôme (saint) , Vulgate, La prophétie de Jérémie [Traduction française reprise au site jesusmarie.com]
  • Jérôme (saint) , Au pape Damase, Explication de la parabole de l'enfant prodigue (Lettre XXI) [Traduction française reprise au site de l'Abbaye Saint Benoît de Port-Valais]
  • Orderic Vital , L'Histoire ecclésiastique, livre VI [Traduction française reprise au site de Philippe Remacle]

Les textes bruts de ces oeuvres sont disponibles dans le Dépôt ITINERA ELECTRONICA.


Jean Schumacher
23 décembre 2011


 
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Dernière mise à jour : 17/02/2002