Projets ITINERA ELECTRONICA - HODOI ELEKTRONIKAI - HELIOS

Actu' ITINERA+ (Actualités - Nouvelles)


  Accueil     Liste des actualités     Recherche     Actualité     Administration  

Date :     17-06-2011

Sujets :
Lecture : à propos de la pudeur féminine (J. C. BOLOGNE) ; Lecture : Caton et, ensuite, Pline l'Ancien à propos des médecins grecs et de leurs pratiques ; ITINERA ELECTRONICA : 9 nouveaux environnements hypertextes : Augustin (saint ; x 2), Cyprien (saint ; x 2), Guillaume de Tyr, Pline l'Ancien, Res gestae diui Augusti, Robert le moine, Rutilius Namatianus ;

Notice :

1. Lecture : à propos de la pudeur féminine (J. C. BOLOGNE) :

Livre : Jean Claude BOLOGNE, Pudeurs féminines. Voilées, dévoilées, révélées.
Éditions du SEUIL, Paris, 2010, 392 pp.

Extrait : pp. 27-28 :

" ... Les lieux interdits.
Plus convenable de rester à la maison... Question de pudeur? Non pas. Le gynécée n'est pas fermé à clé : il ne faudrait pas le confondre avec le sérail oriental. "Gunaicôn" désigne simplement le lieu de l'habitation réservé aux femmes, comme "l'andrôn" désigne les appartements des hommes. Il faut une certaine richesse, donc un certain niveau social, pour se permettre de diviser ainsi une maison.
Ce sont les règles sociales qui maintiennent les femmes et les filles à l'intérieur. Lorsque Lysistrate, chez Aristophane, se plaint de la maigre affluence à l'importante réunion qu' elle a convoquée, Cléonice ne l'explique pas par la clôture du gynécée. «Il est difficile pour une femme de sortir», plaide-t-elle, énumérant les soucis du ménage qui retiennent les femmes : s'occuper du mari, du bébé ou de l'esclave... La suite de la pièce confirme cette liberté : les femmes finissent par répondre à l'invitation de Lysistrate.
Aussitôt, cependant, nous comprenons que ce sont des femmes qui travaillent : marchandes de graines, purée et légumes, débitantes d'ail, hôtelières, vendeuses de pain. Ce n'est pas la décence ou la pudeur qui retiennent l'Athénienne au gynécée, mais la conscience de sa condition sociale. Il est dégradant de devoir subvenir aux besoins de sa famille en travaillant dehors. Nous trouvons dans l'Antiquité grecque cette première composante de la pudeur féminine qui restera une constante jusqu'à une époque récente: elle est le signe d'une distinction sociale. C'est pour cela que bien des femmes ne souscriront pas à la thèse féministe d'une pudeur imposée par les hommes et dont il convient de se libérer.
Pour les jeunes filles non plus, le gynécée n'est pas fermé comme un sérail... mais le quitter dénote un singulier manque de pudeur ! Pour réconforter Prométhée, les Océanides n'hésitent pas à braver l'honnêteté et l'interdiction paternelle. Le fracas des chaînes sur le Caucase «a banni de nos coeurs la vénérable pudeur, nous nous sommes précipitées, nu-pieds, sur un char ailé». La gravité de l'infraction témoigne de l'ampleur de l'amitié qu'elles lui portent.
Ici, sortir suppose la renonciation à la pudeur. Ailleurs, c'est alors qu'il faut la revêtir comme une armure. Refusant la claustration, Arganthoné, à Cios, partait à la chasse avec sa meute de chiens. Sans doute le souvenir d'Artémis, la vierge chasseresse, atténue-t-il le scandale. Et la jeune fille reste farouche. Lorsqu'elle est abordée par Rhésos, «retenue par la pudeur», elle résiste à la passion qu'elle sent naître pour le jeune homme. Mais le temps finit par la vaincre. L'aventure se termine bien, puisqu'elle devient l'épouse de Rhésos.
Sortir, c'est perdre son pucelage. ..."

Source :

PARTHENIOS de Nicée (Ier s. av. J.-Chr.), Passions amoureuses, XXXVI : Arganthoné et Rhésos

XXXVI. Περὶ Ἀργανθώνης.
1. Λέγεται δὲ καὶ Ῥῆσον, πρὶν ἐς Τροίαν ἐπίκουρον ἐλθεῖν, ἐπὶ πολλὴν γῆν ἰέναι προσαγόμενόν τε καὶ δασμὸν ἐπιτιθέντα. ἔνθα δὴ καὶ εἰς Κίον ἀφικέσθαι κατὰ κλέος γυναικὸς καλῆς (Ἀργανθώνη αὐτῇ ὄνομα).
2. αὕτη τὴν μὲν κατ´ οἶκον δίαιταν καὶ μονὴν ἀπέστυγεν, ἀθροισαμένη δὲ κύνας πολλοὺς ἐθήρευεν οὐ μάλα τινὰ προσιεμένη. ἐλθὼν οὖν ὁ Ῥῆσος εἰς τόνδε τὸν χῶρον βίᾳ μὲν αὐτὴν οὐκ ἦγεν· ἔφη δὲ θέλειν αὐτῇ συγκυνηγεῖν· καὶ αὐτὸς γὰρ ὁμοίως ἐκείνῃ τὴν πρὸς ἀνθρώπους ὁμιλίαν ἐχθαίρειν· ἡ δὲ ταῦτα λέξαντος ἐκείνου κατῄνεσε πειθομένη αὐτὸν ἀληθῆ λέγειν.
3. χρόνου δ´ οὐ πολλοῦ διαγενομένου εἰς πολὺν ἔρωτα παραγίνεται τοῦ Ῥήσου. καὶ τὸ μὲν πρῶτον ἡσυχάζει αἰδοῖ κατεχομένη, ἐπειδὴ δὲ σφοδρότερον ἐγίνετο τὸ πάθος, ἀπετόλμησεν εἰς λόγους ἐλθεῖν αὐτῷ· καὶ οὕτως ἐθέλων ἐθέλουσαν αὐτὴν ἐκεῖνος ἠγάγετο γυναῖκα.
4. ὕστερον δὲ πολέμου γενομένου τοῖς Τρωσὶ μετῄεσαν αὐτὸν οἱ βασιλεῖς ἐπίκουρον. ἡ δὲ Ἀργανθώνη, εἴτε καὶ δι´ ἔρωτα, ὃς πολὺς ὑπῆν αὐτῇ, εἴτε καὶ ἄλλως καταμαντευομένη τὸ μέλλον, βαδίζειν αὐτὸν οὐκ εἴα. Ῥῆσος δὲ μαλακιζόμενος τῇ μονῇ οὐκ ἠνέσχετο, ἀλλὰ ἦλθεν εἰς Τροίαν καὶ μαχόμενος ἐπὶ ποταμῷ τῷ νῦν ἀπ´ ἐκείνου Ῥήσῳ καλουμένῳ πληγεὶς ὑπὸ Διομήδους ἀποθνῄσκει.
5. ἡ δὲ ὡς ᾔσθετο τεθνηκότος αὐτοῦ, αὖτις ἀπεχώρησεν εἰς τὸν τόπον, ἔνθα ἐμίγη πρῶτον αὐτῷ, καὶ περὶ αὐτὸν ἀλωμένη θαμὰ ἐβόα τοὔνομα τοῦ Ῥήσου· τέλος δὲ σῖτα καὶ ποτὰ μὴ προσιεμένη διὰ λύπην ἐξ ἀνθρώπων ἀπηλλάγη.

XXXVI : Arganthoné.
1. On raconte que Rhésos, avant d’aller aider les Troyens, parcourut de nombreuses terres, les assujettit et leur imposa des tributs. Et, entre autres, il arriva aussi à Cios, attiré par la réputation d’une belle femme qui s’appelait Arganthoné.
2. Cette dernière, qui ne supportait pas de rester enfermée chez elle, avec une meute considérable de chiens, s’en allait à la chasse, sans aborder quiconque. Donc, arrivé en ce pays, Rhésos ne la prit pas par la force, mais il lui dit au contraire qu’il désirait chasser en sa compagnie, et que lui aussi détestait la fréquentation des hommes. À ces paroles, elle accepta, persuadée qu’il disait la vérité.
3. Quelque temps plus tard, elle tomba éperdument amoureuse de Rhésos. Dans un premier temps, freinée par la pudeur, elle cacha ses sentiments ; mais comme sa passion devenait plus violente, elle trouva le courage d’en discuter avec lui, et Rhésos l’épousa, avec son consentement.
4. La guerre contre les Troyens ayant éclaté, les rois lui demandèrent son aide. Arganthoné, soit à cause du grand amour qu’elle éprouvait pour lui, soit parce que d’une certaine façon elle prévoyait ce qui allait se passer, ne le laissait pas partir. Mais Rhésos, qui ne supportait absolument pas de s’amollir à la maison, partit pour Troie. En combattant sur les rives du fleuve qui, de son nom, s’appela Rhésos, il fut blessé par Diomède et mourut.
5. Dès qu’elle apprit sa mort, Arganthoné retourna sur les lieux où ils avaient fait l’amour pour la première fois, et là, en errant tout autour, elle ne cessait de crier le nom de Rhésos. À la fin, si malheureuse au point de refuser toute nourriture et toute boisson, elle s’ôta la vie.


2. Caton et, ensuite, Pline l'Ancien à propos des médecins grecs et de leurs pratiques :

Pline l'Ancien, L'Histoire naturelle, XXIX, 7 et 8 :

[29,7] 14 Dicam de istis Graecis suo loco, M. fili, quid Athenis exquisitum habeam et quod bonum sit illorum litteras inspicere, non perdiscere. uincam nequissimum et indocile genus illorum, et hoc puta uatem dixisse: quandoque ista gens suas litteras dabit, omnia conrumpet, tum etiam magis, si medicos suos hoc mittet. iurarunt inter se barbaros necare omnes medicina, sed hoc ipsum mercede faciunt, ut fides iis sit et facile disperdant. nos quoque dictitant barbaros et spurcius nos quam alios g-Opikohn appellatione foedant. interdixi tibi de medicis.

[29,7] VII. 1. "Je [Caton] vous parlerai de ces Grecs, mon fils Marcus, en temps et lieu. Je vous marquerai ce que je trouve d'excellent à Athènes, et je démontrerai qu'il est bon de prendre une teinture de leurs lettres, mais non de les approfondir. C'est une race perverse et indocile. Croyez qu'un oracle vous parle quand je vous dis : Toutes les fois que cette nation apportera ses connaissances elle corrompra tout. Ce sera bien pis si elle nous envoie ses médecins : ils ont juré entre eux de tuer tous les barbares à l'aide de la médecine; ils exercent cette profession moyennant salaire, pour gagner leur confiance et les perdre facilement. Nous aussi ils nous appellent barbares, et nous flétrissent même plus que les autres, en nous donnant le sobriquet d'Opiques. Une fois pour toutes, je vous interdis les médecins." ...

[29,8] … 26 uerum haec ad singulorum salutem pertinent; illa autem, quae timuit Cato atque prouidit, innocentiora multo et parua opinatu, quae proceres artis eius de semet ipsi fateantur, illa perdidere imperii mores, illa, quae sani patimur, luctatus, ceromata ceu ualitudinis causa instituta, balineae ardentes, quibus persuasere in corporibus cibos coqui, ut nemo non minus ualidus exiret, oboedientissimi uero efferrentur, potus deinde ieiunorum ac uomitiones et rursus perpotationes ac pilorum euirato instituta resinis eorum, itemque pectines in feminis quidem publicati.
27 ita est profecto: lues morum, nec aliunde maior quam e medicina, uatem prorsus cottidie facit Catonem et oraculum: satis esse ingenia Graecorum inspicere, non perdiscere. …

Ces erreurs [des médecins] , à la vérité, n'intéressent le salut que de tel ou tel individu; mais les pratiques redoutées de Caton et prévues par lui, pratiques regardées comme beaucoup plus innocentes et de peu de conséquence, au point que les premiers médecins de Rome n'hésitent pas à les avouer, ces pratiques auxquelles nous nous soumettons même en santé, voilà ce qui a perdu les moeurs de l'empire; ce sont ces frictions avec l'huile et la cire comme pour les combats de la lutte, frictions qu'on prétend purement médicinales; ce sont ces bains brûlants dont on nous a persuadé que l'usage est salutaire pour la digestion des aliments, ces bains d'où chacun sort affaibli, et d'où l'on emporte les plus obéissants pour les enterrer; ce sont ces boissons prises à jeun, ces vomissements qu'on excite pour boire ensuite sans mesure; ces épilations efféminées pour lesquelles ils nous fournissent leurs résines, et le pubis des femmes cessant même d'être partie secrète. Disons la vérité : la corruption morale n'a pas de cause plus active que la médecine, et elle justifie tous les jours la prédiction de Caton, et cet oracle de sa sagesse; qu'il faut prendre une teinture des sciences grecques sans les approfondir. …


3. ITINERA ELECTRONICA & environnements hypertextes :

L'avant-dernière livraison d'hypertextes AVANT LES VACANCES est des plus conséquentes : Christian RUELL a créé 9 nouveaux environnements :

  • Augustin (saint), Des moeurs de l'Église catholique, livre II [Traduction française reprise au site de l'abbaye de Saint Benoît de Port-Valais]
  • Augustin (saint), Sermons, CXXXVI : L'aveuglement des juifs[Traduction française reprise au site de l'abbaye de Saint Benoît de Port-Valais]
  • Cyprien (saint), De l'unité de l'Église catholique, texte complet [Traduction française reprise au site de l'abaye de Saint Benoît de Port-Valais]
  • Cyprien (Pseudo-), Les 3 livres des témoignages contre les juifs adressés à Quirinus, Préface
  • Guillaume de Tyr, L'Histoire des Croisades, livre XV [Texte latin et traduction française repris au site de Philippe Remacle]
  • Pline l'Ancien, L'Histoire naturelle, livre XXIX [Traduction française reprise au site de Philippe Remacle]
  • Res gestae diui Augusti (Monument d'Ancyre), texte complet [Traduction française reprise au site NOCTES GALLICANAE]
  • Robert le moine, L'Histoire de la première Croisade, livre IV [Texte latin et traduction française repris au site de Philippe Remacle]
  • Rutilius Namatianus, Mon retour, livre II [Texte latin et traduction française repris au site de Philippe Remacle]

Les textes bruts de ces oeuvres sont disponibles dans le Dépôt ITINERA ELECTRONICA.


Jean Schumacher
17 juin 2011


 
UCL | FLTR | Itinera Electronica | Bibliotheca Classica Selecta (BCS) |
Analyse, design et réalisation informatiques : B. Maroutaeff - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 17/02/2002