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Date :     24-04-2009

Sujets :
Fiches de lecture : 9 ajouts; Livre : Magda SZABÓ, L'Instant - La Créüside; HODOI ELEKTRONIKAI : 9 nouveaux environnements hypertextes : Basile de Césarée (x 2), Jean Chrysostome (x 5), Oracula Sibyllina, Philon d'Alexandrie;

Notice :

1. Fiches de lecture :

  • Adresse du site : Lectures (site arrêté à la date du 18 mai 2006)
  • Base de données : Fiches (depuis le 19 mai 2006)

  • Ajouts : consultation des ==> Nouveautés <==

Les Nouveautés concernent :

  • ==> GREC :

  • JEAN Chrysostome, Sur la virginité
  • ORACULA Sibyllina, livre IV
  • PHILON d'Alexandrie, De la vie contemplative

  • Jean Chrysostome, Saint Paul et le double but du mariage
  • Quel doit être le discours d'un orateur ?
  • A propos des inconvénients des secondes noces
  • Description du mari jaloux
  • Jean Chrysostome : La félicité du mariage n'est qu'une ombre et qu'un songe
  • A quoi sert la parure (d'une femme) ?
  • A propos de la jeune fille qui devient épouse
  • A propos du passage de la Mer Rouge
  • Description du cataclysme final et du jugement dernier


2. Livre : L'Instant - La Créüside :

Livre : Magda SZABÓ, L'Instant - La Créüside
Titre original : A Pillanat (1990)
Traduit du hongrois par Chantal Philippe
Editions Viviane Hamy, février 2009, 357 pp.

Pages numérisées : couverture ; 4e de couverture ; Table des matières

Extrait : pp. 16-19 :

" ... On peut voir à la télévision que lorsque l'image se fige sur un personnage particulier, l'action est suspendue. En fixant l'image de la reine de Troie, j'ai soudain vu le personnage de Créüse, que j'avais jusque-là négligé, investi d'une nouvelle fonction. Cet arrêt sur image m'a montré qu'elle n'était pas le personnage secondaire que je croyais, mais un catalyseur, car si elle n'avait pas péri, aucune potentialité logique n'aurait pu conférer une noble patine à la nouvelle couronne d'Octave.

Créüse ne pouvait pas voir le nouveau pays, la volonté divine l'éliminait d'emblée, car en restant en vie, la reine ne ferait que tout chambouler, non seulement en Italie où un futur gendre pouvait difficilement arriver en compagnie de son épouse, mais aussi à Carthage, car la sombre passion de Didon était indispensable pour justifier les terribles pertes humaines des malencontreuses guerres puniques, destinées à assurer l'hégémonie en Méditerranée et le monopole du blé.

La plus belle trouvaille de Virgile est sans doute de s'être rendu compte qu'il devait « caser » la mort de Créüse dans une description dépourvue de pathos, mais qu'il fallait la faire disparaître très vite dans les bruines du siège de Troie.

En tant qu'écrivain, il fut assez convaincant pour que personne ne se fasse d'idées sur le drame conjugal inséré dans le deuxième chant, que le héros supporte avec une surprenante force d'âme, et même raconte, bien qu'il l'ait qualifié d'infandum. Ses lecteurs ont sans doute raisonné comme je l'avais fait dans mon enfance, et pensé que la malheureuse Créüse, indispensable victime de guerre, serait dédommagée dans l'autre monde.

J'étais très jeune au début de ma carrière d'écrivain, je produisais déjà quelques sottises bien tournées, mais je n'aurais eu ni le savoir ni le talent nécessaires pour formuler de manière adéquate ce que je venais de comprendre : dès le début, Créüse n'avait aucune chance. Outre sa compassion, Virgile pouvait tout au plus lui offrir en pensée un brin d'asphodèle, puisqu'il devait la faire disparaître pour prouver l'ascendance divine d'Octave.

Comme ce serait bien, pensais-je, si les créations de l'auteur se matérialisaient, si Créüse résistait, se dressait face au poète pour lui dire qu'elle n'avait pas la moindre intention de périr. Le pauvre Virgile en serait mort, sans l'épisode de Créüse il n'y aurait pas eu d'Enéide, car Iule devait naître à Troie pour assurer la continuité phrygienne. Le poète a peut-être lui-même senti quelle injustice c'était de sacrifier l'épouse d'Enée, et il a demandé à ses amis de brûler son oeuvre. Mais ce n'est pas pour quelques vers boiteux qu'il a condamné le produit de plusieurs années de travail, cet éloge courtisan en forme d'épopée lui était sans doute trop pénible pour vouloir laisser à la postérité la preuve qu'il s'était laissé intimider.

L'avenir m'avait touchée, comme si l'un des événements de notre destin futur avait surgi à l'avance, mais je ne m'en étais pas rendu compte : où était dans l'espace, dans le temps, l'époque où le monstre de la politique littéraire de notre pays voudrait nous absorber, mes amis et moi, avec nos familles, alors qu'à l'évidence nous serions sauvés si nous entonnions un hymne à Stalinius et Racosius, et que dans le cas contraire nous devrions en subir les conséquences. Aucun de nous n'a sacrifié sur l'autel de Stalinius et consorts, nous avons assumé le sort des écrivains réduits au silence, nous avons disparu de la vie publique, disparu aussi de nos vêtements pour ainsi dire, car nous avions bien peu à manger, et plus aucune sécurité, mais c'était plus facile que d'écrire un hymne à la gloire d'un dictateur, bourreau sanguinaire, et de son valet hongrois.

L'époque n'avait pas encore révélé tout cela, je n'en étais encore qu'à préparer ma licence en étudiant L'Enéide. En parcourant la littérature secondaire et la mythologie, je fus saisie d'une saine colère en m'apercevant que les beaux-arts avaient fait preuve de la même injustice envers cette femme : peintres et sculpteurs ne représentaient que le personnage d'Enée prenant la fuite avec son père et son fils. C'est lui qu'on voit devant Troie en flammes sur le porche de la maison viennoise de Jeno Savoyai située dans la rue Himmelspfort; ou parmi les statues antiques des bosquets de Schönbrunn, c'est lui qui se dresse au milieu des buis, coiffé d'un casque à plume d'autruche, en compagnie de Iule et de son père Anchise, mais nulle trace de Créüse. Tous se sont ligués contre elle, je pensais qu'elle mériterait d'être rappelée de la mort, et l'idée me vint de la ressusciter moi-même. C'était une gageure, il fallait la témérité, la soif de vérité de la jeunesse pour récrire l'histoire d'Enée sous forme de roman, en redonnant vie à Créüse et en mettant son personnage en lumière. Les hommes ne sont pas des dieux, et personne ne vaut qu'on sacrifie un mortel pour justifier sa prétendue qualité divine. Personne. ..."

Références : WIKIPEDIA ; Le Nouvel Observateur : mort de la romancière M. Szabó ; Le Nouvel Observateur, Elle a récrit l'Énéide


3. HODOI ELEKTRONIKAI & environnements hypertextes :

Cette semaine-ci, Christian RUELL n'a pas ralenti son rythme époustouflant : 9 nouveaux environnements hypertextes ont vu le jour :

Les textes bruts de ces oeuvres sont disponibles dans le Dépôt HODOI ELEKTRONIKAI.


Jean Schumacher
24 avril 2009


 
UCL | FLTR | Itinera Electronica | Bibliotheca Classica Selecta (BCS) |
Analyse, design et réalisation informatiques : B. Maroutaeff - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 17/02/2002