Notice : 1. Fiches de lecture :
- Adresse du site : Lectures (site arrêté à la date du 18 mai 2006)
- Base de données : Fiches (depuis le 19 mai 2006)
- Ajouts : consultation des ==> Nouveautés <==
Les Nouveautés concernent :
- ==> LATIN :
- AUGUSTIN, La cité de Dieu, livre VII
- ==> GREC :
- DIODORE de SICILE, La Bibliothèque historique, XI
- PLUTARQUE, Vie de Lucullus - Vie de Sertorius
Nouvelles étincelles glanées :
- les dieux (romains) ont été des hommes ... divinisés
- lois : l'ostracisme et le pétalisme
- les îles fortunées et les Champs Élysées
- armée : un général doit mourir en capitaine et pas en soldat
- armée romaine : une punition infamante pour les soldats fuyards
- une parabole de Sertorius (chevaux - hommes)
- Lucullus : un autre Xerxès (mais) en toge
- Ce soir, Lucullus dîne chez Lucullus
- armée espagnole : la pratique de la libation
2. ITINERA ELECTRONICA et environnements hypertextes français, anglais, allemands :
En marge du Colloque Cyber-Langues 2006 dont nous avons rendu compte dans l'ACTU du 25 août dernier, il nous a été demandé si des environnements hypertextes et, plus largement, une architecture TICE, similaire à celle des ITINERA et des HODOI, ne pouvaient pas être envisagés aussi pour les langues vivantes et, plus particulièrement, pour la littérature française.
Notre réponse : non seulement, c'est possible mais nous l'avons déjà fait ! Dans le cadre d'un séminaire, nous avons réalisé en 2002-2003 des prototypes d'environnements français, anglais et allemands
Adresse : Virtual pathfinding
Objectif assigné à ce séminaire : construire un outil de travail interactif permettant à des personnes - des cadres d'entreprise, par exemple - de peaufiner leur connaissance de l'autre langue sur la base e phrases tirées de sujets d'actualité. Il s'agit à la fois de cerner les différents sens et emplois d'un terme et, d'un autre côté, pouvoir rechercher des attestations dans une banque d'articles informatisée.
Le sujet d'actualité était : François de SINGLY, La réinvention de la famille; article présenté sur et traduit en plusieurs langues par le magazine LABEL France.
Après normalisation par nos soins de la ponctuation forte faisant en sorte que le contenu d'une phrase française corresponde exactement à celui de la phrase anglaise traduite, nous avons établi deux environnements l'un basé sur le texte français et offrant, en dernier ressort, la juxtaposition de la phrase française et anglaise, et l'autre, basé sur le texte anglais pour présenter, toujours en juxtaposition, le contenu anglais et sa "traduction" française.
Le déroulement - ou cheminement - est le même que celui des ITINERA : du texte à l'attestation; de l'attestation au contexte et, enfin, du contexte à la concordance.
Si le séminaire avait pu déboucher sur un Projet en bonne et due forme, nous disposerions à l'heure actuelle d'une base textuelle de bon aloi et de nombreux environnements multi-lingues (LABEL France traduit aussi les mêmes sujets en espagnol, en allemande, etc.).
Il appartient aux enseignants qui nous ont interogé à ce sujet - et dans le cas où les applicatons TICE en rapport avec Virtual Pathfinding rencontrent leus préoccupations -, de solliciter une collaboration institutionnelle avec l'UCL-LLN : les outils sont prêts et disponibles.
Le prototype allemand-anglais repose sur la Légende de Crescentia, attestée dans une Chronique impériale médiévale allemande (XIIe s.; langue : Frûhhochdeutsch). Traduction anglaise par Jim MARCHAND de l'Univ. of ILLINOIS at URBANA-CHAMPAIGN.
L'objectif linguistique était différent ici : donner à connaître, dans une langue moderne, un contenu attesté dans un état de langue peu maîtrisé à l'heure actuelle. Les spécialistes du Frühhochdeutsch doivent, en effet, se compter sur les doigts d'une main, du moins à notre connaissance.
Rappelons, enfin, qu'une importante banque de textes est à disposition pour la majeure partie des romans de Théophile GAUTIER : textes français, ...
Ces textes sont préparés en vue de leur soumission à l'une ou l'autre des applications établies par nos soins : listes du vocabulaire, concordance phrases; applications statistiques, etc.
3. ITINERA ELECTRONICA et Description lexicographique de base - Projet HELIOS : ressources à disposition :
Une enseignante, qui vient de découvrir les ITINERA, nous sollicite à propos de la possibilité d'un travail interactif sur le latin à confier, en autonomie, aux étudiants.
Les ITINERA regorgent d'applications de ce type : cf. la Boîte à outils
Il existe, plus particulièrement, la Description lexicographique de base, application modifiée voire réécrite à plus d'une reprise à la suite de remarques et de souhaits formulés par des enseignants.
La dernière version date de 2003 mais elle a été présentée complètement dans l'ACTU du 17 octobre 2002. Nous renvoyons donc les intéressés à cette présentation. Nous nous limitons à rappeler ici les points forts et le déroulement de ce programme qui s'exécute en ligne :
- création d'un espace de travail propre et protégé via un Login (code d'accès que l'utilisateur crée lui-même); la possibilité est donnée ainsi de poursuivre et de terminer le travail en plusieurs sessions interactives;
- choix d'un texte - d'un extrait à placer, via copier-coller, dans la fenêtre ad hoc;
- le travail d'analyse, forme après forme, avec, en soutien, un dictionnaire latin-français et un précis de grammaire ainsi que l'environnement hypertexte correspondant (s'il existe)
- la récaptitulation du travail effectué en vue d'une impression
- l'envoi du travail à l'enseignant via la voie du courrier électronique + envoi d'une copie dans la boîte aux lettres de l'étudiant;
- professeur : réception, examen, correction + commentaires du travail reçu; réexpédition du travail corrigé à l'étudiant.
Nous ne pouvons que conseiller aux intéressés de (re)prendre connaissance de la présentation de cette application, puis, de "se jeter à l'eau" pour l'éprouver. En cas de difficultés : deux adresses sont à votre disposition : meurant@egla.ucl.ac.be et schumacher@sflt.ucl.ac.be
==> Projet HELIOS <== : rappelons à l'intention des enseignants, qui sont à la recherche de séquences d'apprentissage en ligne, que Sophie van Esch a réorganisé les ressources disponibles au sein du Projet HELIOS en mettant en relief, pour les étudiants, trois clés d'entrée : thématique, grammaticale, méthodologique.
Adresse : ressources HELIOS.
Si les TICE en appui des langues anciennes vous tentent et si vous désirez vous joindre au corps expéditionnaire constitué à cette fin auprès du Lycée ouvert de Grenoble (LOG) - Langues anciennes (Académie de Grenoble) deux adresses de contact sont à votre disposition : FR : Sophie van ESCH (sophie.van-esch@ac-grenoble.fr) et BE : Alain MEURANT (alain.meurant@uclouvain.be). Pour l'appui technologique, le contact est Jean SCHUMACHER (johann.schumacher@uclouvain.be).
4. HODOI ELEKTRONIKAI : nouveaux environnements hypertextes :
Cette semaine-ci Christian Ruell a pu constituer les environnements suivants :
5. Livre :
Livre : Margaret DOODY
Titre : Aristote et les belles d'Athènes
Titre original : Poison in Athens (2004)
Traduit de l'anglais par Bernard CUCCHI
Éditions 10|18, "Grands détectives", 2006
Pages : couverture - quatrième de couverture
Extrait (pages 62 - 66) :
"PLAIDOIRIE D'ORTHOBOULOS
— Nobles citoyens d'Athènes : je suis surpris de me
trouver ici, accusé de faits aussi graves. Soyez assurés
que je ne doute pas, dans le fond de mon coeur et en toute
honnêteté, que cette accusation de coups et blessures n'a
pas lieu d'être. Il est vrai qu'Ergoklès et moi-même
avons acheté en commun une esclave du nom de Marylla.
Il est également vrai que j'ai payé la majeure partie de la
somme demandée – ce ne fut pas une transaction à parts
égales. Le reçu prouve sans l'ombre d'un doute cette disparité.
En outre, Ergoklès a omis de vous dire que nous
avions eu une discussion avant les événements sur lesquels
il s'est étendu – dont, plutôt, il a donné sa propre
version. Je lui avais alors reproché de maltraiter la femme
esclave, ce qui constituait un abus par rapport aux termes
de notre accord. J'ai prévenu Ergoklès que j'avais l'intention
de racheter sa part puisque j'étais déjà l'acquéreur
principal de la femme. J'ai ajouté que je me proposais à
terme d'affranchir l'esclave, ce qui a eu le don de mettre
Ergoklès de très mauvaise humeur, mais ne m'a pas
empêché de maintenir mon offre. Je savais que la fille
ne voulait plus avoir de rapports avec lui à cause de ses
manières grossières et inélégantes. J'ai eu la franchise
d'avertir Ergoklès qu'il pourrait récupérer son argent,
mais pas la fille, qui résidait chez moi.
«C'est alors qu'un soir, comme vous l'avez entendu
narrer, Ergoklès et ses amis se sont présentés à ma porte
pour exiger leur dû, faire du tapage et me menacer à plusieurs
reprises. Le récit qu'ils ont donné de leur "visite"
suffit à prouver qu'ils agissaient de manière violente et
outrageante. Ils ont tenté de forcer l'entrée et, avec mon
domestique, moi-même et mon fils aîné les avons repoussés
– comme nous en donne le droit la loi athénienne. Si
Ergoklès et ses complices n'ont pas subi plus que des
coups de poing ou de pied, à vrai dire, ils peuvent s'estimer
heureux ! Ils méritaient pire ! Et combien d'écoliers
connaissent de telles mésaventures dans la cour de l'école
sans broncher ou réclamer leur papa à la rescousse !
« Un autre jour, cet homme m'a croisé dans un établissement
qui n'est ni entièrement privé (comme ma
demeure) ni pour autant public (comme l'Agora) ; un
endroit où il estimait pouvoir m'agresser sans courir de
risques. C'est dans l'ignorance de sa présence que je me
suis rendu au bordel de Manto, mais il m'a retrouvé. Je
n'ai pas lieu d'être fier qu'on m'ait surpris dans un bordel.
Mais je n'ai jamais dissimulé que je fréquentais la
maison de Manto. Chacun sait que je suis veuf et que je
réponds ainsi aux incitations de la nature et agis de
manière responsable. En vérité, cet homme, Ergoklès,
pouvait très bien avoir eu vent de ma visite en ces lieux.
Au contraire de ce qu'il affirme – ce serait moi qui lui
aurais tendu un piège –, il semble plus juste de croire
qu'il avait prémédité son coup mais qu'il s'est enivré
plus qu'il ne pouvait le supporter au cours des moments
passés à m'attendre. Dès qu'il m'a vu, il s'est avancé en
titubant et a voulu m'agresser. Tous mes témoins vous
le confirmeront.
PREMIER TÉMOIN DE LA DÉFENSE : PHILINOS,
FILS DE PHILINOS DE KÉPHISIA
—Je m'appelle Philinos, fils de Philinos, Athénien
du dème de Képhisia. Je connais Orthoboulos depuis
longtemps ; nous avons de nombreuses relations communes.
Orthoboulos est un homme d'humeur toujours
égale et aimable avec autrui, ne cherchant jamais à
provoquer. Moi aussi, je me trouvais dans le bordel de
Manto cette nuit-là et je sais exactement ce qui s'est
passé. Il semblerait qu'Ergoklès avait bu avant notre
arrivée. J'affirme que c'est lui qui a pris à partie
l'accusé, et non pas le contraire. Ergoklès a proféré des
insultes – faut-il que je vous en impose la litanie ? Il en
est qu'il serait inconvenant de répéter. Avant cette rencontre,
je ne connaissais pas Ergoklès et j'ai été surpris
de son comportement. Je l'ai prié d'en finir et de regagner
sa place, lui suggérant de manger quelque chose
pour diminuer l'effet de la boisson. « Orthoboulos, m'a-t-il
rétorqué, ou peu s'en faut, je lui boufferai les
oreilles et les couilles après les avoir fait frire ! » Puis il
a levé le poing pour nous menacer et c'est alors que la
rixe a commencé, sans que personne ait couru un risque
véritable. Orthoboulos ne cherchait qu'à se défendre et
je ne pense pas qu'il ait infligé de blessure sérieuse à
Ergoklès. J'ai appelé à la rescousse des gens de la
maison afin qu'ils m'aident à mettre un terme à cette
bagarre en obligeant Ergoklès à sortir.
SUITE DE LA PLAIDOIRIE D'ORTHOBOULOS
— Tels sont les faits, ainsi que Philinos en atteste.
Quand il m'a vu, Ergoklès s'est précipité à ma rencontre,
alors que je ne l'avais ni provoqué ni molesté. Il
s'est lancé dans une diatribe confuse, me traitant de
divers noms d'oiseaux, puis il a voulu porter la main sur
moi. N'avais-je pas le droit de me défendre ? J'ai
répondu de la même manière, pour le calmer, et je l'ai
repoussé. Il a renversé la table et a cassé la jarre qui se
trouvait dessus. J'ai ramassé un tesson, je ne le nie pas,
mais je ne l'ai pas utilisé pour l'attaquer. Ergoklès s'est
blessé à la tête en heurtant des morceaux de la jarre
quand il est tombé, voilà tout.
« Enfin, la dernière chose dont on puisse m'accuser,
c'est bien de préméditation ! Est-ce qu'un homme qui a
l'intention de tuer ou d'agresser quelqu'un se rend,
désarmé, dans certain endroit, escomptant que la fortune
placera une arme entre ses mains ? Non ! Ce serait
ridicule, citoyens. Un homme qui a prémédité de tuer ou
de se battre gagne le lieu où il a décidé d'affronter son
adversaire en emportant une arme – gourdin ou poignard.
Personne ne se risque à mains nues dans un
affrontement sérieux. En outre, si, comme Ergoklès le
prétend, je le tenais à ma merci, à la suite d'un traquenard
que je lui aurais tendu, à l'entendre, pourquoi n'ai-je
pas saisi l'occasion de le tuer ? Puisqu'il était en mon
pouvoir, pourquoi, animé d'intentions si malveillantes,
ne me suis-je pas débarrassé de cet individu ? Son accusation
est grotesque et forgée de toutes pièces à partir
d'une querelle dans laquelle il n'a pas eu le beau rôle,
vu l'état dans lequel il se trouvait.
«Honorables citoyens d'Athènes, Ergoklès a reçu un
coup – je l'admets. Je lui ai donné une grande claque.
Rien de plus. A partir de cela, il a inventé toute cette histoire,
prétendant que son oeil douloureux est le résultat
d'un méchant horion. Je vous le demande : pourquoi
Ergoklès agit-il ainsi ? Je vous réponds : parce qu'il a
des vues sur mes biens. Parce qu'il est jaloux de ma
réussite et en particulier de mon succès auprès de
Marylla, la femme esclave. Il est des hommes si faibles
et si mal assurés de leur personne qu'ils sont vexés par
la préférence que manifesterait même un chien ou une
esclave. Son intention est de me détruire – pour le simple
plaisir d'assouvir son ressentiment. En définitive,
Ergoklès s'est peint avec un luxe de détails que je
n'aurais su imaginer.
« Que puis-je ajouter ? Pleurnichard, lâche, menteur
aussi... et brutal, tel est le portrait que nous a tracé de
lui mon adversaire. Il ne s'est pas refusé les insultes
les plus basses, dignes d'une rixe de taverne. Quelle
raison aurions-nous de le croire ? Que la logique et la
raison soient vos guides. Posez-vous la question, vous
les plus estimables des citoyens d'Athènes : est-ce pour
ce genre de peccadilles que les lois de notre cité ont été
conçues ? Un oeil qui a viré au noir est-il digne d' occuper
l'Aréopage ? Vous connaissant tels que je vous
connais, au moment où je me présente devant vous, en
toute humilité, je crois en votre justice ainsi qu'en votre
pouvoir, et j'espère que vous ne permettez pas à l'injustice
et au ressentiment de prendre le dessus. ..."
Jean Schumacher
LLN, le 8 septembre 2006
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