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Date :     13-02-2004

Sujets :
Environnements hypertextes : Silius Italicus, Stace, Tite-Live; Que représentait la mort chez les anciens?; Mémoire = réminiscence?; L'Université payante;

Notice :

1. Environnements hypertextes :

Les environnements hypertextes constitués pendant la semaine concernent:

Les textes bruts de ces oeuvres sont disponibles dans le Dépôt ITINERA ELECTRONICA :


2. Que représentait la mort chez les anciens? :

Réponse de Cicéron, Les Tusculanes, livre I, ch. 12:

27 Itaque unum illud erat insitum priscis illis, quos Cascos appellat Ennius, esse in morte sensum neque excessu uitae sic deleri hominem, ut funditus interiret; idque cum multis aliis rebus, tum e pontificio iure et e caerimoniis sepulcrorum intellegi licet, quas maximis ingeniis praediti nec tanta cura coluissent nec uiolatas tam inexpiabili religione sanxissent, nisi haesisset in eorum mentibus mortem non interitum esse omnia tollentem atque delentem, sed quandam quasi migrationem commutationemque uitae, quae in claris uiris et feminis dux in caelum soleret esse, in ceteris humi retineretur et permaneret tamen.

Traduction française :

Or, la croyance générale des anciens était, que la mort n'éteignait pas tout sentiment, et que l'homme au sortir de cette vie n'était pas anéanti.
Quantité de preuves, mais surtout le droit pontifical, et les cérémonies sépulcrales, ne permettent pas d'en douter.
Jamais des personnages d'un si grand sens n'auraient révéré si religieusement les sépulcres, ni condamné à de si grièves peines ceux qui les violent, s'ils n'avaient été bien persuadés que la mort n'est pas un anéantissement, mais que c'est une sorte de transmigration, un changement de vie, qui envoie au ciel et hommes et femmes d'un rare mérite : tandis que les âmes vulgaires sont retenues ici-bas, mais sans êtres anéanties.


3. Mémoire = réminiscence?

C'est la question que pose Cicéron, Les Tusculanes, livre I, ch. 24 en s'appuyant sur Platon:

57 Habet primum memoriam, et eam infinitam rerum innumerabilium. quam quidem Plato recordationem esse uolt uitae superioris. nam in illo libro, qui inscribitur Menon, pusionem quendam Socrates interrogat quaedam geometrica de dimensione quadrati. ad ea sic ille respondet ut puer, et tamen ita faciles interrogationes sunt, ut gradatim respondens eodem perueniat, quo si geometrica didicisset. ex quo effici uolt Socrates, ut discere nihil aliud sit nisi recordari. quem locum multo etiam accuratius explicat in eo sermone, quem habuit eo ipso die, quo excessit e uita; docet enim quemuis, qui omnium rerum rudis esse uideatur, bene interroganti respondentem declarare se non tum illa discere, sed reminiscendo recognoscere, nec uero fieri ullo modo posse, ut a pueris tot rerum atque tantarum insitas et quasi consignatas in animis notiones, quas g-ennoias uocant, haberemus, nisi animus, ante quam in corpus intrauisset, in rerum cognitione uiguisset. ...
Ita nihil est aliud discere nisi recordari.

Traduction française:

Et cette mémoire, Platon veut que ce soit la réminiscence de ce qu'on a su dans une autre vie. Il fait parler dans le Ménon un jeune enfant que Socrate interroge sur les dimensions du quarré : l'enfant répond comme son âge le permet : et les questions étant toujours à sa portée, il va de réponse en réponse si avant, qu'enfin il semble avoir étudié la géométrie.
De là Socrate conclut qu'apprendre, c'est seulement se ressouvenir. Il s'en explique encore plus expressément dans le discours qu'il fit le jour même de sa mort. Un homme, dit-il, qui paraît n'avoir jamais acquis de lumières sur rien, et qui cependant répond juste à une question, fait bien voir que la matière sur laquelle on l'interroge, ne lui est pas nouvelle ; et que dans le moment qu'il répond, il ne fait que repasser sur ce qui était déjà dans son esprit. Il ne serait effectivement pas possible, ajoute Socrate, que dès notre enfance nous eussions tant de notions si étendues, et qui sont comme imprimées en nous-mêmes, si nos âmes n'avaient pas eu de connaissances universelles, avant que d'entrer dans nos corps. ...
Apprendre n'est donc que se ressouvenir.


4. L'Université payante

L'idée de faire payer aux étudiants leurs études (universitaires) a germé, en Europe occidentale, au début des années 1990 et a fait bien du chemin depuis lors au sein d'organismes comme l'OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économiques), la Commission européenne (entre autres: programme MINERVA) ou l'ERT (European Round Table of Industrials) et l'AGCS (Accord Général sur le Commerce des Services) qui ont publié de nombreux articles, notes et rapports à ce sujet.

Le journaliste Gérard de Sélys a fait une synthèse des réflexions et propositions émises dans ces cercles dans deux articles, l'un datant de février 2003, l'autre de janvier 2004.

Les lignes directrices de cette thématique semblent être les suivantes:

  • marchandisation du service public d'éducation;
  • L'École, grand marché du XXIe siècle;
  • l'éducation - l'enseignement à distance; le télé-enseignement;
  • la carte d'accréditation des compétences (skill accreditation card) pour les étudiants; etc.

Le hasard fait que de façon presque simultanée nous avons pu prendre connaissance, dans des revues ou des journaux, d'articles relatifs à l'Université payante :

  • ALLEMAGNE : Der Spiegel, n° 3 du 12 janvier 2004 : dossier intitulé: L'Université gratuite qui coûte cher (Die teure Billig-Uni). Restauration grâce aux d'études payantes? (Sanierung durch Studiengebühren?), pp. 36 - 50; dossier préparé par Julia KOCH et Katia THIMM.
    Sous-titre: Éducation (formation) contre minerval (Geist gegen Gebühr). Les universités allemandes sont face à la faillite: des professeurs surchargés, une recherche de niveau moyen, des étudiants frustrés, des bâtiments en piteux état et de moins en moins de financement de la part de l'état. Mais le pays a besoins d'académiques plus encore qu'auparavant. Un remède à cet état de misère: les études payantes.

  • FRANCE: Le MONDE, édition du samedi 24 janvier 2004 : artcle de Luc BRONNER, La grande misère des universités françaises. Et, en encart, des propos échangés entre Jean-Jacques PAYAN, ancien directeur général des enseignements supérieurs et de la recherche, et la journaliste Virginie MALINGRE.
    Une des questions posées, dans cet entretien, était la suivante: Les droits d'inscription doivent-ils rester gratuits?
    Réponse de J-J. P. : Non. Ils sont modiques. Ils peuvent être sensiblement augmentés pour peu qu'un système de bourses efficace et de prêts avac garantie de l'Etat soit mis en place. Les universités ont besoin d'argent. Mais, surtout, payer pour étudier, cela éviterait tous les mécomptes dus aux étudiants fantômes.

  • ANGLETERRE: Le SOIR, édition du mardi 27 janvier 2004, Jérôme RASETTI, à propos de la réforme des universités soumise ces jours derniers au parlement britannique par le premier ministre Tony Blair : Frais universitaires triplés? :
    "Elle s'appelle Jemma Thomas. A 20 ans, elle est en deuxième année d'études de relations internationales à l'université de Plymouth, dans le sud d'Angleterre. Comme beaucoup d'étudiants britanniques, Jemma s'est déjà lourdement endettée pour payer ses droits d'inscriptions, son loyer et ses divers frais. "Je dois déjà 14.000 livres (20.000 euros)", lâche l'étudiante qui travaille cinq nuits par semaine dans un centre d'appels. Le projet de réforme du financement des universités la révolte : "Je suis en colère, car les enfants de Monsieur Blair ne connaîtront jamais les problèmes auxquels je suis confrontée", estime Jemma dont les parents doivent également aider la soeur qui étudie aussi à l'université. "Avec ce nouveau système, seuls les riches pourront aller à l'université... Ou ceux qui peuvent étudier à plein temps et ne pas vivre" ! Sa colère est partagée par des centaines de milliers d'étudiants qui redoutent que la nouvelle loi conduise à la naissance d'un système à deux vitesses. Selon le projet, le plafond actuel sur les droits d'inscription, qui est de 1.125 livres sterling (1.620 euros) par an, sera supprimé à partir de 2006. Il pourra monter jusqu'à 3.000 livres (4.320 euros). Pour le gouvernement, cette mesure est indispensable pour financer les universités britanniques, car le plafond actuel ne représente qu'un quart du coût réel d'un cursus universitaire. Le projet de loi est donc bien accueilli parmi les universitaires et les directions de facultés qui se frottent les mains : 75 % des recteurs ont déjà fait part de leur intention de demander les droits d'inscription maximaux de 3.000 livres. Le gouvernement insiste cependant sur l'aspect social de cette réforme, puisque les étudiants issus de familles à revenus modestes ne paieront rien et recevront même des bourses d'études. Ils rembourseront leurs frais d'inscription une fois entrés dans la vie active. Toutefois, s'insurgent les opposants à cette réforme, la loi est profondément inégalitaire et fait courir un risque que les universités britanniques avaient jusqu'ici évité : la reconnaissance des revenus et non plus des mérites. "Il y aura les universités pour les riches comme Oxford et Cambridge qui trouveront toujours des étudiants quels que soient leurs droits d'inscription. Et celles, moins connues, qui braderont leurs droits d'inscription pour attirer des étudiants", redoute le principal syndicat étudiant."

Les raisonnements, qui ont été les fils conducteurs de cette thématique de l'Université payante, tels qu'ils nous sont apparus, semblent avoir été les suivants:

  • si les études devaient devenir payantes, les Universités disposeraient d'un supplément de rentrées financières qu'elles ne devraient pas (plus) réclamer aux gouvernements;

  • cet argent pourrait servir tant aux infrastructures à rénover ou à améliorer qu'à l'engagement (et la rétribution adéquate) de "meilleurs" professeurs; ipso facto, il y aurait probablement aussi la création d'Universités de pointe (d'élite) disposant justement de ces "meilleurs" professeurs ou du moins d'un corps professoral en plus grand nombre et qui soit entouré d'assistants et de chercheurs en fonction des services offerts et des recherches entreprises;

  • les études payantes devraient avoir aussi un impact sur une responsabilisation accrue de tous les acteurs du terrain éducatif : directeurs, enseignants, étudiants. Les directeurs auraient la possibilité d'engager eux-mêmes les enseignants et de déterminer les programmes d'étude offrant les plus grandes possibilités d'embauche. Les enseignants seraient tenus de donner le meilleur d'eux-mêmes pour mériter une rétribution correspondante aux efforts fournis et, aussi, pour conserver un quota d'étudiants suffisant au maintien de l'enseignement donné. Les étudiants, tenant compte des prêts et/ou bourses qui leur auront été consentis mais qu'ils devront rembourser dès leur entrée dans la vie active, devraient se sentir plus impliqués par leurs choix et aussi plus appliqués à terminer leurs études dans les meilleurs délais.

  • Une Université payante peut très bien devenir une Université privée dépendant des entreprises qui en assurent le support financier et, de ce fait, privilégier des cursus en prise directe avec les milieux professionels.

De nombreuses autres réflexions peuvent être faites - et l'ont été - mais nous ne pouvons pas en rendre compte dans le cadre d'une Actualité , une chose, cependant, semble évidente : les temps sont mûrs pour une réforme des systèmes éducatifs et des finalités de l'enseignement (uniquement?) universitaire.


Jean Schumacher
13 février 2004


 
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Dernière mise à jour : 17/02/2002