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Date :     05-09-2003

Sujets :
Environnement hypertexte : Sénèque; S. SAYLOR, Rubicon; Sénèque : L'homme illettré - l'homme mal habillé; Démétrius le Cynique : boucles d'oreilles et vêtements

Notice :

1. Environnement hypertexte :

L'environnement hypertexte constitué pendant la semaine concerne:

Sénèque, Des bienfaits, livre VII.

Les textes bruts pour ce livre sont disponibles dans le Dépôt ITINERA ELECTRONICA:

Sénèque, Des bienfaits, livre VII : texte latin - traduction française

L'environnement hypertexte présent clôture le traitement de l'oeuvre De Beneficiis de Sénèque. Un traité dont le texte latin a été saisi optiquement, puis, vérifié et corrigé par nos soins.


2. Steven SAYLOR, Rubicon :

Traduction française: André DOMMERGUES
Titre original : Rubicon (1999) Editions du Masque - Collection 10/18 "Grands détectives", 2001, 318 pp. , 8,48 € (EUR)

Quatrième de couverture : César a franchi le Rubicon et les Romains, gouvernés par son rival Pompée, tremblent pour l'avenir de leur cité. Patriciens et sénateurs fuient la ville pour échapper aux armées du proconsul, la laissant sans défense face aux bandits et aux pillards. Dans pareil chaos, un assassinat pourrait presque passer inaperçu. Sauf quand la victime est un des cousins de Pompée et que le corps est retrouvé dans le jardin du plus fin limier de Rome, Gordianus. L'enquêteur n'a d'autre choix que de se charger de cette difficile affaire. Mais dans une république agonisante, à l'aube de la guerre civile d'où naîtra l'Empire, les alliances politiques brouillent les cartes, et il faudra beaucoup d'adresse à Gordianus pour venir à bout de cette enquête.

Cicéron, Lettres Ad Familiares , XVI, 8 et 12 :

Aux pages 100 à 117 de ce roman policier, l'auteur a placé une entrevue entre Tiron, le secrétaire bien connu de Cicéron, et Gordien, l'inspecteur chargé de l'enquête relative à un assassinat qui a eu lieu dans son propre jardin.

Nous avons saisi optiquement cet extrait; il est disponible en ligne à l'adresse suivante:
Entrevue Tiron - Gordien.

Au cours de l'entretien, il est question de lettres que Cicéron fait parvenir à son secrétaire qui est en convalescence à Patras après une longue maladie.

Une de ces lettres est citée aux pages 107 et 108 du roman "Rubicon" :

Il [Tiron] sourit, sembla réfléchir, puis sortit un petit sac de sa tunique, dont il tira une feuille de parchemin pliée. Il appela une servante pour lui demander de décrocher une des lampes et de l'apporter à notre table. À la lueur de la lampe, je lus la lettre. Elle était datée du premier jour du mois, deux semaines auparavant.

Formiae, calendes de février.
Marcus Tullius Cicéron à Marcus Tullius Tiron, à Patras.
Je continue de me faire du mauvais sang pour ta santé. La maladie dont tu souffres n'est pas dangereuse, cela me console, mais qu'elle persiste, cela m'inquiète. L'absence de mon secrétaire si compétent me contrarie, mais l'absence d'un être cher me contrarie plus encore. Pourtant, bien qu'il me tarde de te voir, je te recommande de ne pas voyager avant d'être complètement remis, tant qu'il fera si mauvais temps. Même dans les maisons confortables il est difficile d'échapper au froid, et c'est pire encore en mer avec la pluie et la bise. Comme le dit Euripide : «Le froid est le pire ennemi des constitutions fragiles.»

César feint toujours de négocier avec Pompée tout en jouant à l'envahisseur. Comme Hannibal dont les diplomates précédaient les éléphants! Il déclare qu'il va laisser la Gaule à Domitius et venir à Rome présenter sa candidature à la charge de consul, ainsi que l'exige la loi - mais à la seule condition que Pompée disperse toutes les forces loyalistes récemment levées en Italie et regagne sur-le-champ l'Espagne. César ne parle pas de renoncer aux villes fortes dont il s'est emparé depuis qu'il a franchi le Rubicon.

Notre espoir, c'est que les Gaulois qui se trouvent parmi les troupes de César l'abandonnent, car ils ont certainement de bonnes raisons de le haïr après toutes les souffrances qu'il leur a infligées pendant la conquête de la Gaule. Au nord, il y aurait une Gaule rebelle; à l'ouest, les six légions de Pompée en Espagne; et à l'est, les provinces que Pompée a pacifiées il y a longtemps et où le Grand Homme est encore tenu en haute estime. Si seulement le centre peut tenir assez longtemps pour empêcher César de mettre Rome à sac!

Portes-tu l'écharpe jaune qu'elle t'a donnée quand tu es parti en Cilicia ? demande Térentia. Fais de ton mieux pour te protéger du froid.

Cette lettre, dont la formulation est de S. SAYLOR, s'inspire de deux lettres "réelles" de Cicéron: Ad familiares, XVI, lettres 8 et 12 :

Lettre 8 :

Magnae nobis est sollicitudini ualetudo tua; nam, tametsi, qui ueniunt, g-akinduna g-men, g-chroniohtera g-de nuntiant, tamen in magna consolatione ingens inest sollicitudo, si diutius a nobis afuturus est is, cuius usum et suauitatem desiderando sentimus. Ac tamen, quamquam uidere te tota cogitatione cupio, tamen te penitus rogo, ne te tam longae nauigationi et uiae per hiemem nisi bene firmum committas neue nauiges nisi explorate. Vix in ipsis tectis et oppidis frigus infirma ualetudine uitatur, nedum in mari et uia sit facile abesse ab iniuria temporis.

g-Psuchos g-de g-leptoh g-chrohti g-polemiohtaton, inquit Euripides: cui tu quantum credas, nescio; ego certe singulos eius uersus singula testimonia puto. Effice, si me diligis, ut ualeas et ut ad nos firmus ac ualens quam primum uenias. Ama nos et uale. Q- f. tibi salutem dicit.

Traduction :

Votre santé nous inquiète beaucoup. Les arrivants s'accordent à dire que le mal n'est pas dangereux, mais peut traîner en longueur. C'est une consolation et à la fois une cause de tourment, si je dois longtemps encore être privé d'une compagnie dont votre absence me fait sentir plus vivement l'utilité et les charmes. Toutes mes pensées sont avec vous. Mais, je vous conjure de ne point vous exposer, faible encore, à une si longue navigation, et à un voyage d'hiver. Ne vous embarquez qu'à bon escient. Avec une santé faible à peine peut-on se garantir du froid dans de bonnes habitations, et au milieu des villes. Jugez s'il est facile de se préserver de ses atteintes en voyage et sur mer. "Le froid est le grand ennemi des peaux délicates", dit Euripide. Mais fait-il autorité pour vous? Je regarde, moi, ses vers comme autant d'axiomes. Soignez-vous, soignez-vous, si vous m'aimez, et revenez-nous vaillant le plus tôt possible. Adieu : aimez-moi toujours. Le fils de Quintus vous embrasse.

Lettre 12 :

Quo in discrimine uersetur salus mea et bonorum omnium atque unuersae rei publicae, ex eo scire potes, quod domos nostras et patriam ipsam uel diripiendam uel inflammandam reliquimus: in eum locum res deducta est, ut, nisi qui deus uel casus aliquis subuenerit, salui esse nequeamus. Equidem, ut ueni ad urbem, non destiti omnia et sentire et dicere et facere, quae ad concordiam pertinerent; sed mirus inuaserat furor non solum improbis, sed etiam iis, qui boni habentur, ut pugnare cuperent me clamante nihil esse bello ciuili miserius. Itaque, quum Caesar amentia quadam raperetur et oblitus nominis atque honorum suorum Ariminum, Pisaurum, Anconam, Arretium occupauisset, urbem reliquimus: quam sapienter aut quam fortiter, nihil attinet disputari; quo quidem in casu simus, uides. Ferunter omnino condiciones ab illo, ut Pompeius eat in Hispaniam, delectus, qui sunt habiti, et praesidia nostra dimittantur; se ulteriorem Galliam Domitio, citeriorem Considio Noniano - his enim obtigerunt - traditurum; ad consulatus petitionem se uenturum, neque se iam uelle absente se rationem haberi suam; se praesentem trinum nundinum petiturum. Accepimus condiciones, sed ita, ut remoueat praesidia ex iis locis, quae occupauit, ut sine metu de iis ipsis condicionibus Romae senatus haberi possit. Id ille si fecerit, spes est pacis, non honestae - leges enim imponuntur - , sed quiduis est melius quam sic esse, ut sumus; sin autem ille suis condicionibus stare noluerit, bellum paratum est, eiusmodi tamen, quod sustinere ille non possit, praesertim quum a suis condicionibus ipse fugerit, tantummodo ut eum intercludamus, ne ad urbem possit accedere, quod sperabamus fieri posse; delectus enim magnos habebamus putabamusque illum metuere, si ad urbem ire coepisset, ne Gallias amitteret, quas ambas habet inimicissimas praeter Transpadanos, ex Hispaniaque sex legiones et magna auxilia Afranio et Petreio ducibus habet a tergo: uidetur, si insaniet, posse opprimi, modo ut urbe salua. Maximam autem plagam accepit, quod is, qui summam auctoritatem in illius exercitu habebat, T- Labienus, socius sceleris esse noluit: reliquit illum et nobiscum est, multique idem facturi esse dicuntur. Ego adhuc orae maritimae praesum a Formiis: nullum maius negotium suscipere uolui, quo plus apud illum meae litterae cohortationesque ad pacem ualerent; sin autem erit bellum, uideo me castris et certis legionibus praefuturum. Habeo etiam illam molestiam, quod Dolabella noster apud Caesarem est. Haec tibi nota esse uolui, quae caue ne te perturbent et impediant ualetudinem tuam. Ego A- Varroni, quem quum amantissimum mei cognoui, tum etiam ualde tui studiosum, diligentissime te commendaui, ut et ualetudinis tuae rationem haberet et nauigationis et totum te susciperet ac tueretur: quem omnia facturum confido; recepit enim et mecum locutus est suauissime. Tu, quoniam eo tempore mecum esse non potuisti, quo ego maxime operam et fidelitatem desideraui tuam, caue festines aut committas, ut aut aeger aut hieme nauiges: numquam sero te uenisse putabo, si saluus ueneris. Adhuc neminem uideram, qui te postea uidisset quam M- Volusius, a quo tuas litteras accepi: quod non mirabar; neque enim meas puto ad te litteras tanta hieme perferri. Sed da operam, ut ualeas et, si ualebis, quum recte nauigari poterit, tum nauiges. Cicero meus in Formiano erat, Terentia et Tullia Romae. Cura, ut ualeas. IIII K- Februar. Capua.

Traduction :

D'un mot jugez à quelle extrémité nous sommes réduits, moi, tous les gens de bien, et la république entière. Nous fuyons, laissant nos maisons et la patrie elle-même, exposées aux horreurs du pillage ou de l'incendie. Oui, les choses en sont à ce point qu'à moins d'intervention divine ou d'un coup du sort rien ne peut nous sauver. Depuis le moment où j'ai mis le pied dans Rome, je n'ai eu qu'une pensée, la concorde; je n'ai cessé de la prêcher, d'y travailler. Mais je ne sais quelle rage s'est emparée de toutes les têtes. J'ai beau crier qu'il n'y a rien de pis que la guerre civile. On veut se battre; les prétendus gens de bien, tout comme les méchants. Dans son fatal aveuglement, César, emporté par une sorte de démence et perdant la mémoire de son nom, et des honneurs dont on l'a comblé, César vient d'occuper Ariminium, Pisaure, Ancône, Arrétium, et nous, nous quittons la ville. Est-ce sagesse, est-ce courage? c'est ce que je n'examine pas ici.

Vous voyez quelle position! Or voici les conditions de César : que Pompée passe en Espagne; que les levées qu'on a faites, et nos garnisons soient licenciées: à ce prix, il promet de remettre la Gaule ultérieure à Domitius et la citérieure à Considius Nonianus, à qui elles sont échues; de venir solliciter en personne le consulat, de renoncer à toute prétention de candidature, lui absent, et de faire en personne les trois demandes d'usage. On accepte tout, pourvu seulement qu'au préalable ses troupes évacuent les points occupés, et que les délibérations du sénat soient libres. S'il y consent, la paix est possible; paix peu honorable. On nous fait la loi. Mais il n'y a rien de pis que la position actuelle. S'il revient sur ses propres conditions, nous sommes prêts à la guerre; guerre qu'il soutiendrait difficilement sous le poids d'une rétractation. Tout dépend de l'arrêter, de lui fermer l'accès de la ville. Et l'on espère y réussir. Nos levées sont nombreuses, et nous croyons qu'il appréhende, par une marche sur Rome, de perdre les deux Gaules, où il est en exécration partout, excepté chez les Transpadans. De plus il a sur ses derrières six légions d'Espagne et nos nombreux auxiliaires sous les ordres d'Afranius et de Pétréius. Il semble donc, en supposant que sa folie l'emporte, qu'il peut être accablé, si l'on parvient seulement à couvrir Rome.

Déjà il vient de recevoir un coup terrible. T. Labiénus, qui a tant d'influence dans son armée, n'a pas voulu se rendre son complice. Il l'a quitté; il s'est joint à nous. Cet exemple aura, dit-on, de nombreux imitateurs.

Je commande encore la côte depuis Formies. Je ne veux pas de poste plus important, afin de donner plus de poids à mes lettres et à mes conseils de paix. Mais je prévois qu'en cas de guerre, j'aurai le commandement d'un camp et d'un certain nombre de légions. J'ai le chagrin de voir Dolabella dans les rangs de César. Je tenais à vous donner ces détails ; mais n'allez pas vous en laisser affecter au point de retarder encore votre convalescence.
- Je vous ai recommandé de la manière la plus pressante à A. Varron que j'ai toujours trouvé excellent pour moi et plein d'amitié pour vous. Je l'ai prié de s'occuper de votre santé, de votre traversée, de tout ce qui vous touche enfin; je ne doute pas qu'il n'y mette de l'intérêt. Il me l'a promis, et m'a dit à ce sujet les choses les plus aimables. Puisque je n'ai pu vous avoir quand j'avais le plus besoin de vos services et de votre dévouement, gardez-vous aujourd'hui de toute précipitation, et ne vous exposez pas, malade encore, ou dans la saison d'hiver, aux dangers d'une navigation. Je ne vous reprocherai jamais d'arriver trop tard, si vous revenez bien portant.
Depuis M. Volusius qui m'a remis une lettre de vous, je n'ai vu personne. C'est tout simple. Comment mes lettres vous arriveraient-elles par une si mauvaise saison? Ne vous occupez que de votre santé. Ne vous mettez en route que quand elle sera bonne et la navigation facile. Cicéron est à ma maison de Formies. Térentia et Tullie sont à Rome. Portez-vous bien.
Le 4 des kalendes de février, à Capoue.

Pour composer "sa" lettre, S. SAYLOR a butiné les deux lettres de Cicéron et en a extrait le contenu de sa lettre.


3. Sénèque : L'homme illettré et l'homme mal vêtu :

Tiré du De beneficiis, V, 13:

Quaedam etiamsi uera non sint, propter similitudinem eodem uocabulo comprehensa sunt. Sic pyxidem et argenteam et auream dicimus : sic illitteratum, non ex toto rudem, sed ad litteras altiores non perductum : sic qui male uestitum et pannosum uidit, nudum se uidisse dicit.

Traduction :

Il est des choses que, bien que non identiques, nous comprenons sous la même dénomination, à cause de leur similitude. C'est ainsi que nous donnons le même nom à une boîte d'or ou à une d'argent; c'est ainsi que nous appelons illettré, non seulement l'homme qui ne sait rien du tout, mais celui qui ne s'est pas élevé jusqu'à la haute littérature; ainsi, quand on a rencontré un homme mal vêtu et couvert de haillons, on dit qu'on l'a vu tout nu.


4. Démétrius le Cynique: boucles d'oreilles et vêtements "légers" (Sénèque, De beneficis, VII,9) :

Video uniones, non singulos singulis auribus comparatos : iam enim exercitatae aures oneri ferendo sunt; iunguntur inter se, et insuper alii binis superponuntur : non satis muliebris insania uiros subiecerat, nisi bina ac terna patrimonia auribus singulis pependisseut. Video sericas uestes, si uestes uocandae sunt, in quibus nihil est quo defendi aut corpus, aut denique pudor possit : quibus sumptis, mulier parum liquido nudam se non esse iurabit. Haec ingenti summa ab ignotis etiam ad commercium gentibus arcessuntur, ut matronae nostrae, ne adulteris quidem, plus sui in cubiculo, quam in publico ostendant.

Traduction :

Je vois des perles qui ne sont pas uniques pour chaque oreille; car déjà les oreilles sont accoutumées à porter des fardeaux. On les accouple deux à deux, et, par-dessus, on en met d'autres. Les hommes ne se croiraient pas assez asservis à la folie des femmes, s'ils ne suspendaient deux ou trois de leurs patrimoines à chaque oreille de leur maîtresse. Je vois des vêtements de soie, si l'on doit nommer vêtement ce qui ne protège ni le corps, ni la pudeur; des habillements avec lesquels une femme ne pourrait jurer qu'elle n'est pas nue. Voilà ce qu'on cherche à grand prix, ce qu'on va demander à des nations dont le commerce nous était inconnu, afin que, dans leur chambre à coucher, nos matrones ne puissent pas montrer à leurs amants plus qu'elles ne montrent au public".


Jean Schumacher
LLN, 5 septembre 2003


 
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Dernière mise à jour : 17/02/2002