Texte latin :
[15,9] IX.
1. Proinde quoniam ut Mantuanus uates praedixit excelsus maius opus
moueo maiorque mihi rerum nascitur ordo, Galliarum tractus et situm
ostendere puto nunc tempestiuum, ne inter procinctus ardentes
proeliorumque uarios casus ignota quibusdam expediens imitari uidear
desides nauticos, adtrita lintea cum rudentibus, quae licuit parari
securius, inter fluctus resarcire coactos et tempestates.
2. ambigentes super origine prima Gallorum scriptores ueteres
notitiam reliquere negotii semiplenam, sed postea Timagenes et
diligentia Graecus et lingua haec quae diu sunt ignorata collegit ex
multiplicibus libris. cuius fidem secuti obscuritate dimota eadem
distincte docebimus et aperte.
3. Aborigines primos in his regionibus quidam uisos esse firmarunt,
Celtis nomine regis amabilis et matris eius uocabulo Galatas dictos
ita enim Gallos sermo Graecus appellat alii Dorienses antiquiorem
secutos Herculem oceani locos inhabitasse confines.
4. Drasidae memorant re uera fuisse populi partem indigenam, sed
alios quoque ab insulis extimis confluxisse et tractibus
transrhenanis, crebritate bellorum et adluuione feruidi maris
sedibus suis expulsos.
5. aiunt quidam paucos post excidium Troiae fugitantes Graecos
ubique dispersos loca haec occupasse tunc uacua.
6. regionum autem incolae id magis omnibus adseuerant, quod etiam
nos legimus in monumentis eorum incisum, Amphitryonis filium
Herculem ad Geryonis et Taurisci saeuium tyrannorum perniciem
festinasse, quorum alter Hispanias, alter Gallias infestabat:
superatisque ambobus coisse cum generosis feminis suscepisseque
liberos plures et eos partes quibus imperitabant suis nominibus
appellasse.
7. a Phocaea uero Asiaticus populus Harpali inclementiam uitans,
Cyri regis praefecti, Italiam nauigio petit. cuius pars in Lucania
Veliam, alia condidit in Viennensi Massiliam: dein secutis aetatibus
oppida aucta uirium copia instituere non pauca. sed declinanda
uarietas saepe satietati coniuncta
8. per haec loca hominibus paulatim excultis uiguere studia
laudabilium doctrinarum, inchoata per bardos et euhagis et drasidas.
et bardi quidem fortia uirorum illustrium facta heroicis conposita
uersibus cum dulcibus lyrae modulis cantitarunt, euhages uero
scrutantes seriem et sublimia naturae pandere conabantur. inter eos
drasidae ingeniis celsiores, ut auctoritas Pythagorae decreuit,
sodaliciis adstricti consortiis, quaestionibus occultarum rerum
altarumque erecti sunt et despectantes humana pronuntiarunt animas
inmortales. |
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Traduction française :
[15,9] IX. Maintenant
je puis dire, après le chantre illustre de Mantoue, que mon sujet
grandit, qu'une plus majestueuse série d'événements se déroule
devant moi. Une description préalable de la contrée qui en fut le
théâtre ne saurait donc être un hors-d'oeuvre; car des notions de ce
genre jetées incidemment au milieu du récit, quand l'intérêt du
lecteur est éveillé par l'attente d'une bataille ou par les
alternatives du combat, font ressembler l'auteur à ces marins qui
ont négligé aux heures de loisir la réparation de leurs voiles et de
leurs cordages; et se voient forcés de s'en occuper au moment où ils
sont déjà aux prises avec la tempête et battus par les flots.
Les anciens auteurs, faute de données précises, ne nous ont transmis
sur l'origine des Gaulois que des notions plus ou moins incomplètes.
Mais plus récemment Timagène, Grec par l'activité d'esprit comme par
le langage, parvint à rassembler un grand nombre de faits longtemps
perdus au milieu des livres obscurs dont il les avait tirés. Je vais
m'aider de ses recherches, en y ajoutant la méthode, et en tâchant
de mettre chaque chose dans son ordre et dans son jour.
D'après le rapport des contemporains, les Aborigènes de cette
contrée étaient un peuple appelé Celtes, du nom d'un roi de mémoire
chérie; ou Galates, du nom de la mère de ce même roi. De ce dernier
nom les Grecs ont fait celui de Galles (Gaulois). Une colonie de
Doriens, suivant d'autres, y était venue, à la suite du plus ancien
des Hercule former un établissement sur le littoral. Selon les
antiquités druidiques, la population de la Gaule n'est indigène
qu'en partie, et s'est recrutée à diverses reprises par
l'incorporation d'insulaires étrangers venus d'au delà les mers , et
de peuplades transrhénanes chassées de leurs foyers, soit par les
vicissitudes de la guerre, état permanent de ces contrées, soit par
les invasions de l'élément fougueux qui gronde sur leurs côtes.
D'autres disent qu'une poignée de Troyens, échappés au sac de leur
ville, et rencontrant partout les Grecs dans sa fuite, vint occuper
ces régions, alors sans habitants. L'opinion soutenue par les
naturels, et leurs monuments en font foi, est qu'Hercule, fils
d'Amphitryon, destructeur rapide de Géryon et de Taurisque, l'un
tyran de l'Espagne, l'autre de la Gaule, eut, de son commerce avec
diverses femmes des plus nobles familles de ce dernier pays, un
grand nombre d'enfants, dont chacun donna son nom au canton régi par
ses lois. La même tradition veut qu'une émigration de Phocéens
d'Asie, fuyant l'oppression d'Harpale, satrape de Cyrus, ait d'abord
pris terre en Italie, et fondé la ville lucanienne de Vélia; puis
soit allée avec le reste de son monde élever Marseille dans la Gaule
Viennoise, établissement qui, devenu prospère, aurait, à la suite
des temps, couvert le pays de nombreuses colonies.
Nous abrégeons cette revue, que trop de fidélité finirait par rendre
fastidieuse. Insensiblement la civilisation s'introduisit chez ce
peuple : il prit goût au culte de l'intelligence, sous l'inspiration
de ses bardes, de ses eubages et de ses druides. Les bardes
célébraient les grandes actions dans des chants héroïques, où se
mariaient les doux accords de la lyre; les eubages interrogeaient,
commentaient les sublimes secrets de la nature.
Quant aux druides, leurs spéculations étaient
encore d'un ordre plus élevé : formés en communautés dont les
statuts étaient l'oeuvre de Pythagore, l'esprit toujours tendu vers
les questions les plus abstraites et les plus ardues de la
métaphysique comme le maître, ils tenaient en mépris les choses
d'ici-bas, et déclaraient l'âme immortelle. |
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