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Le livre d'étincelles (le Liber scintillarum)

Numéro d'ordre: 1

AUTEUR: Guy SIMONIS (courriel: Guy.Simonis@village.uunet.be)
Classe / Année d'études: 5R - option Latin
Institution: Institut Saint-Michel, VERVIERS
Date de réalisation: 1999

Nature du travail: Livre virtuel multimédia (KeeBoo)
Titre: Rêve

Descriptif:
Cette bande dessinée a été réalisée en prolongement de l'étude du thème de l'âge d'or et de l'utopie.

Base textuelle:
extraits repris à The latin Library

TRADUCTIONS:

    Horace, Epodes, XVI, 41 sqq. :

    Gagnons les compagnes, les riches compagnes, les Iles Fortunées
    où la terre, chaque année, rend à l'homme Cérès sans labour,
    où, toujours, la vigne fleurit sans qu'on l'émonde;
    où bourgeonne le rameau d'un olivier qui jamais ne trompe;
    où la figue brune décore un arbre qui est le sien;
    où le miel coule du creux de l'yeuse;
    où, du haut des monts, bondit d'un pied sonore l'onde légère.
    Là, sans être commandées, les chèvres viennent vers les jarres à traire
    et le troupeau rapporte de bonne amitié ses mamelles distendues.
    L'ours n'y rugit point, le soir, autour des bergeries;
    le sol profond n'y est point gonflé de vipères.
    Et nous verrons, dans notre bonheur, plus de merveilles encore:
    comment l'humide Eurus n'y ronge point les champs sous ses torrents de pluie;
    comment les grasses semences ne sont point brûlées sous les mottes desséchées:
    car le roi des dieux célestes y contient l'un et l'autre excès.
    Vers cette terre n'ont point dirigé leur course, sous les rames de l'Argo,
    les pins assemblés, et la Colchidienne impudique n'y a point porté ses pas;
    vers elle n'ont détourné leurs antennes ni les marins de Sidon,
    ni l'équipage tant éprouvé d'Ulysse.
    Nulle contagion n'y attaque le bétail, nul astre
    n'y consume les troupeaux de ses ardeurs affrénées.
    Jupiter a réservé ces rivages pour une race pieuse,
    lorsqu'il altéra par le bronze la pureté du siècle d'or:
    avec le bronze, puis avec le fer il fit les âges durs,
    d'où s'offre aux hommes pieux l'heureuse évasion dont je suis le chantre inspiré.

    [F.VILLENEUVE, Horace. Odes et Epodes, tome I, Paris, Les Belles Lettres, 1959]

    Lucrèce, De la nature des choses, V, 925-944:

    Alors vivait dans les campagnes une race d'hommes beaucoup plus dure, comme devaient l'être des créatures sorties de la dure terre; race dont des os plus grands et plus solides formaient la charpente, dont les chairs étaient reliées par de forts tendons, et qui ne redoutait guère l'emprise ni du froid ni du chaud, ni la nouveauté de la nourriture, ni l'atteinte de la maladie.
    Durant de nombreuses révolutions du soleil à travers le ciel, ils prolongeaient leur vie vagabonde, semblable à celle des bêtes.
    Point de robuste laboureur pour diriger la charrue recourbée; personne ne savait retourner la terre à l'aide d'un soc de fer, ni planter dans le sol de jeunes pousses encore tendres, ni retrancher avec la serpe les branches mortes des grands arbres.
    Ce que le soleil et les pluies leur donnaient, ce que la terre produisait spontanément était un présent suffisant pour contenter leurs coeurs.
    Le gland du chêne composait le plus souvent toute leur nourriture; et ces fuits que de nos jours tu vois en hiver mûrir et se colorer de pourpre, les arbouses, la terre les produisait alors plus nombreux et plus gros encore.
    Enfin le monde, dans la fleur de sa nouveauté, faisait croître en abondance une pâture grossière, qui suffisait aux misérables mortels.

    [A. ERNOUT, LUCRECE. De la Nature, Livres IV-VI, Paris, "Les Belles Lettres", 1964]

    Ovide, Amours, III, 8, 35 et sq.:

    Au contraire, quand le vieux Saturne règnait sur les cieux,
    toutes les richesses étaient cachées dans les profondeurs ténébreuses de la terre;
    l'airain, l'argent, et avec l'or, les masses de fer
    touchaient à l'empire des mânes, et l'on n'entassait pas les métaux.
    Mais la terre donnait des biens plus précieux: des moissons sans le secours du soc recourbé,
    des fruits et du miel découvert dans le creux d'un chêne.
    Personne ne déchirait la terre à grand renfort de charrues;
    aucun arpenteur ne délimitait les parcelles du sol;
    on ne plongeait pas dans la mer des rames qui la battent et la soulèvent;
    ses rivages étaient, pour les mortels, la route extrême.
    C'est contre toi-même, nature humaine, que tu as tourné ton indutrie,
    et tu as été trop ingénieuse à te nuire.
    Qu'as-tu gagné à ceindre les villes de murailles et de tours?
    Qu'as-tu gagné à ce que des mains ennemies recourent aux armes?
    Qu'avais-tu à démêler avec la mer? La terre aurait dû te suffire.
    Pourquoi ne pas chercher aussi à te faire du ciel un troisième empire?
    Si nous creusons la terre, c'est pour en tirer des lingots d'or, non des moissons.
    Les soldats possèdent des richesses achetées dans le sang.
    La curie est fermée aux pauvres; c'est la richesse qui donne les magistratures curules,
    elle qui fait le grave juge, l'irréprochable chevalier.

    [Henri BORNECQUE, Ovide. Les Amours., Paris, Les Belles Lettres, 1961]

    Tibulle, Elégies, I, 3, 35 - 50 :

    Qu'on vivait heureux sous le règne de Saturne, avant le temps où de longues routes se sont ouvertes sur la terre!
    Le pin n'avait pas encore bravé les ondes azurées ni présenté aux vents le gonflement de la voile déployée; errant à la poursuite du gain en des terres inconnues, un nautonier n'avait pas encore chargé son vaisseau de marchandises étrangères.
    Ce temps-là n'a pas vu le taureau vigoureux subir le joug, le cheval mordre le frein de sa mâchoire domptée; les maisons n'avaient point de porte, on n'enfonçait pas de pierre dans les champs pour marquer exactement les limites des propriétés.
    D'eux-mêmes les chênes donnaient du miel, et spontanément les brebis venaient offrir le lait de leurs mamelles aux hommes qui n'avaient pas de souci.
    Il n'y avait pas d'armée, pas de colère, pas de guerres, et l'art inhumain du forgeron cruel n'avait pas façonné l'épée.
    Aujourd'hui, sous la domination de Jupiter, ce sont des meurtres et des blessures toujours, aujourd'hui c'est la mer, aujourd'hui mille voies s'ouvrent brusquement qui conduisent à la mort.
    [Max PONCHONT, Tibulle et les auteurs du Corpus Tibullianum, Paris, "Les Belles Lettres", 1961]

    Virgile, Géorgiques, II, 459 et sq.:


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Dernière mise à jour : 22 mai 2000