[0] ABRÉGÉS de l'Histoire romaine de Tite-Live. [1] (Partie A) Arrivée d'Enée en Italie; ses exploits. Règne d'Ascagne à Albe, de Silvius, puis des Silvii. La fille de Numitor, violée par Mars, enfante Romulus et Remus. Meurtre d'Amulius. Fondation de la ville par Romulus. Désignation des sénateurs. Guerre avec les Sabins. Dépouilles opimes apportées à Jupiter Férétrien. Division du peuple en curies. Défaite des Fidénates et des Véiens. Déification de Romulus. Numa Pompilius établit le rituel. La porte de Janus est fermée. Tullus Hostilius pille les Albains. Combat des trois frères. Supplice de Mettius Fufetius. Tullus frappé de la foudre. Ancus Martius bat les Latins, fonde Ostie. Tarquin l'ancien l'emporte sur les Latins, construit le cirque, bat les voisins, fait des remparts et des égouts. La tête de Servius Tullius lance des flammes. Servius Tullius bat les Véiens, divise le peuple en classes, dédie le temple de Diane. Tarquin le Superbe, après le meurtre de Tullius, s'empare du pouvoir. Crime de Tullia contre son père. Meurtre de Turnus Herdonius par Tarquin. Guerre avec les Volsques. Par la ruse de Sextus Tarquin Gabies est mise à mal. On commence le temple du Capitole. Les autels du Terme et de la jeunesse ne peuvent être déplacés. Lucrèce se tue. Expulsion de Tarquin le Superbe. La royauté a duré deux cent cinquante-cinq ans. (Partie B) Aux Latins vaincus il assigne le mont Aventin; il étend le territoire, fonde la colonie d'Ostie, renouvelle les cérémonies établies par Numa. Il règne vingt-quatre ans. Sous son règne Lucumon, fils de Démarate de Corinthe, vient de Tarquinies, ville étrusque, à Rome, et, admis dans l'amitié d'Ancus, se met à porter le nom de Tarquin l'ancien, et, après la mort d'Ancus, lui succède comme roi. Il nomme cent nouveaux membres au sénat, soumet les Latins, donne des jeux au cirque, augmente les centuries de chevaliers, entoure la ville d'un mur, fait des égouts. Il est tué par les fils d'Ancus, après avoir régné trente-huit ans. [Pour éprouver la science de l'augure Attus Navius, il lui demanda, dit- on, s'il pourrait faire ce à quoi il pensait, et, sur sa réponse affirmative, lui dit de couper une pierre avec un rasoir; Attus le fit aussitôt.] - À lui succède Servius Tullius, fils d'une captive noble de Corniculum. Quand il était encore au berceau, sa tête, dit- on, avait lancé des flammes. Il fait le premier recensement et accomplit le lustre, où furent recensées, dit-on, quatre-vingt mille personnes, recule les limites du pomerium, ajoute à la ville les collines du Quirinal, du Viminal, de l'Esquilin, fait d'accord avec les Latins le temple de Diane sur l'Aventin. Il est tué par L. Tarquin, fils de Tarquin l'ancien, à l'instigation de sa fille Tullia, après avoir régné quarante-quatre ans. - Après lui L. Tarquin le Superbe, sans vote du sénat ni du peuple, s'empare du pouvoir. Il s'entoure d'une garde personnelle. Il fait la guerre aux Volsques, et, avec leurs dépouilles, élève au Capitole un temple à Jupiter. Par la ruse, il réduit Gabies en son pouvoir. À ses fils venus à Delphes, et demandant à l'oracle lequel d'entre eux régnera à Rome, l'oracle répond: "Celui qui en premier lieu aura embrassé sa mère". Tandis qu'ils interprètent à leur façon cette réponse, Junius Brutus, qui les a accompagnés, feint de tomber et embrasse la terre; et l'événement donne raison à son acte. En effet, les excès de sa conduite ayant rendu Tarquin le Superbe odieux à tous, à la fin, - (par suite du viol commis, la nuit, par son fils Sextus, sur Lucrèce, qui, ayant appelé son père Tricipitinus et son mari Collatin pour les conjurer de ne pas laisser sa mort sans vengeance, se tue d'un coup de couteau), - il est chassé, grâce à Brutus plus qu'à tout autre, après avoir régné vingt-cinq ans. Alors sont nommés les premiers consuls, L. Junius Brutus et L. Tarquinius Collatinus. (trad. E. Lasserre, Paris, Garnier) [2] Brutus fit jurer au peuple de ne laisser personne régner à Rome; Tarquin Collatin, son collègue, suspect à cause de sa parenté avec les Tarquins, il l'obligea à abdiquer le consulat et à quitter la ville. Il fit piller les biens des rois, consacra à Mars le terrain qui fut nommé Champ de Mars. De jeunes nobles, parmi lesquels ses fils et ceux de son frère, ayant conspiré pour faire rentrer les rois à Rome, il les fit frapper de la hache. À l'esclave qui les avait dénoncés, nommé Vindicius, il donna la liberté d'où le mot de vindicta (affranchissement). Les princes, avec les forces réunies des Véiens et des Tarquiniens, ayant fait la guerre à Rome, il mena l'armée contre eux, et, dans la bataille, mourut avec Arruns, fils du Superbe: les femmes le pleurèrent un an. Le consul L. Valérius présenta une loi sur l'appel au peuple. Le Capitole fut dédié. Porsenna, roi de Clusium, ayant pris les armes pour les Tarquins, arriva au Janicule; le passage du Tibre lui fut interdit par le courage d'Horatius Coclès, qui tandis que d'autres coupaient le pont Sublicius, soutint seul l'effort des Étrusques, puis, le pont rompu, se jeta en armes dans le fleuve, et rejoignit les siens à la nage. À cet exemple de courage s'en ajouta un autre, en la personne de Mucius: entré pour frapper Porsenna, dans le camp ennemi, il tua un secrétaire qu'il prit pour le roi. Arrêté, il mit sa main sur l'autel où l'on avait sacrifié, et la laissa brûler, disant qu'il y avait (à Rome) trois cents hommes tels que lui. L'admiration pour eux força le roi à accepter des conditions de paix; il abandonna la guerre et reçut des otages. Parmi eux une jeune fille, Clélie, trompant ses gardiens, traversa le Tibre et rejoignit les siens à la nage. Rendue à Porsenna, elle fut relâchée par lui avec honneur; on lui éleva une statue équestre. Appius Claudius passa de chez les Sabins à Rome, ce qui fit ajouter la tribu Claudia. Le nombre des tribus fut porté à vingt et une. Sur Tarquin le Superbe, qui faisait la guerre à Rome avec l'armée des Latins, le dictateur Aulus Postumius remporta une victoire. La plèbe s'étant, à cause des esclaves pour dettes, retirée sur le mont Sacré, la sagesse de Menenius Agrippa la fit revenir de sa dissidence. Ce même Agrippa, étant mort, fut, par suite de sa pauvreté, enterré aux frais de l'État. On créa cinq tribuns de la plèbe. Corioli, place des Volsques, fut prise par le courage et l'activité de Cn. Marcius, appelé pour cela Coriolan. Titus Latinius, plébéien, invité dans une vision à porter au sénat certains avertissements religieux, l'ayant négligé, perdit son fils, eut les pieds paralysés, puis, après avoir été porté au sénat en litière et y avoir donné ces mêmes indications, recouvrant l'usage de ses pieds, rentra chez lui. Cn. Marcius Coriolan, exilé, devenu général des Volsques, ayant amené leur armée près de Rome, et les hommes envoyés à lui, députés, puis prêtres, l'ayant vainement supplié de ne pas porter la guerre contre sa patrie, sa mère Véturie et sa femme Volumnie obtinrent de lui sa retraite. Une loi agraire fut présentée pour la première fois. Spurius Cassius, consulaire, accusé d'aspirer à la royauté, fut condamné et exécuté. La vestale Oppia, pour inceste, est enterrée vive. Les Véiens étant des ennemis plus gênants que dangereux, la famille des Fabius demanda à leur faire la guerre, et envoya contre eux 306 soldats qui, sur la Cremera, furent tous tués, sauf un enfant laissé à Rome. Le consul Appius Claudius, vaincu devant les Volsques par suite d'une révolte de son armée, décime ses soldats sous le bâton. Affaires contre les Volsques, les Èques et les Véiens; querelles des patriciens et de la plèbe. (trad. E. Lasserre, Paris, Garnier) [3] Troubles causés par les lois agraires. Le Capitole, pris par des exilés et des esclaves, est repris grâce à leur massacre. Deux recensements: au premier lustre, on recense cent quatre mille sept cent quatorze têtes de citoyens, non compris les orphelins et les orphelines, au suivant cent dix-sept mille deux cent dix-neuf. Comme on avait subi une défaite devant les Èques, L. Quinctius Cincinnatus, nommé dictateur, de la campagne où il s'appliquait à des travaux rustiques est mandé à Rome pour conduire cette guerre. Il vainquit les ennemis et les fit passer sous le joug. Le nombre des tribuns de la plèbe est porté à dix, trente-cinq ans après la création des premiers tribuns. Les ambassadeurs qui étaient allés chercher les lois de l'Attique les ayant apportées, pour établir et promulguer ce code on nomme, au lieu de consuls, des décemvirs, sans aucun autre magistrat, trois cent un an après la fondation de Rome, et, comme le pouvoir avait été transféré des rois aux consuls, il le fut des consuls aux décemvirs. Ceux-ci établirent dix tables de lois. Comme ils s'étaient montrés modérés dans l'exercice de leur charge, on avait décidé de les proroger pour une seconde année dans la même magistrature. Mais, après avoir ajouté deux tables de lois aux dix premières, ayant commis des excès, ils refusèrent de quitter leur charge et la gardèrent une troisième année, jusqu'à ce qu'à leur pouvoir odieux mit fin la débauche d'Appius Claudius. Celui-ci, devenu amoureux d'une jeune fille, Virginie, envoya en sous main quelqu'un pour la réclamer comme esclave, réduisit son père Verginius à cette nécessité: il prit à la boutique la plus proche un couteau et tua sa fille, ne pouvant l'empêcher autrement de tomber au pouvoir de l'homme qui voulait la déshonorer. Cet exemple d'un tel abus de pouvoir souleva la plèbe, qui occupa le mont Aventin et força les décemvirs à se démettre. Parmi eux Appius, qui avait mérité les principaux châtiments, est jeté en prison; les autres furent envoyés en exil. Le livre contient en outre des victoires sur les Sabins et les Volsques, et un jugement peu honorable du peuple romain, qui, pris pour juge entre les gens d'Ardée et les gens d'Aricie, s'adjugea le territoire discuté. (trad. E. Lasserre, Paris, Garnier) [4] Une loi sur le mariage entre les patriciens et la plèbe, proposée par les tribuns, après une grande lutte causée par la résistance des patriciens, est votée. - Tribuns de la plèbe - Pendant quelques années les affaires du peuple romain, à l'intérieur et à l'extérieur, sont administrées par cette sorte de magistrats. De même les censeurs sont alors créés. Le territoire enlevé aux Ardéates par un jugement du peuple, après l'envoi d'une colonie, leur est rendu. Une famine éprouvant le peuple romain, Spurius Maelius, chevalier romain, distribue à ses frais du blé au peuple; après s'être ainsi concilié la plèbe, comme il recherchait la royauté, il est tué par Caius Servilius Ahala, maître de la cavalerie, sur l'ordre du dictateur Quinctius Cincinnatus. Lucius Minucius, qui l'avait dénoncé, reçoit en présent une vache dorée. - À des ambassadeurs romains tués par les Fidénates, comme ils sont morts pour l'État, on élève des statues aux Rostres. Cossus Cornélius, tribun militaire, ayant tué Tolumnius, roi de Véies, est le second des hommes à remporter les dépouilles opimes. Le dictateur Mamercus Aemilius limite la durée de la censure, qu'on exerçait avant pendant cinq ans, à un an et demi; pour cela il est flétri par les censeurs. Fidène est soumise, des colons y sont envoyés. Les Fidénates les ayant tués et ayant fait défection, le dictateur Mamercus Aemilius les bat et prend Fidène. Une conspiration d'esclaves est étouffée. Postumius, tribun militaire, à cause de sa cruauté est tué par son armée. Alors pour la première fois on donne aux soldats une paie fournie par le trésor. Ce livre contient en outre des exploits contre les Volsques, les Fidénates et les Falisques. (trad. E. Lasserre, Paris, Garnier) [5] Au siège de Véies on construit des baraques pour faire hiverner les soldats. La chose, étant nouvelle, soulève l'indignation des tribuns de la plèbe, qui se plaignent qu'on ne laisse même pas l'hiver à la plèbe pour se reposer du service. Pour la première fois, les chevaliers se mettent à servir avec leurs chevaux personnels. Le lac Albain ayant débordé, pour interpréter la chose on enlève un devin à l'ennemi. Le dictateur Furius Camille prend Véies, qu'on avait assiégée pendant dix ans, transporte la statue de Junon à Rome, envoie la dîme du butin à Apollon, à Delphes. Le même homme assiégeant, comme tribun militaire, Faléries, on lui livre les fils de certains ennemis, qu'il renvoie à leurs parents; aussitôt Faléries se rend, et il obtient ainsi par la justice la victoire sur les Falisques. L'un des censeurs, Caius Julius, étant mort, on lui subroge Marcus Cornelius. On ne fit plus cela ensuite parce que, pendant ce lustre, Rome fut prise par les Gaulois. Furius Camille, ayant été assigné par Lucius Apuleius, tribun de la plèbe, part pour l'exil. Les Gaulois Senones assiégeant Clusium, et les ambassadeurs envoyés par le sénat pour arranger la paix entre eux et les Clusiens ayant pris un poste de combat dans l'armée des Clusiens, les Senons, irrités de leur conduite, marchent contre Rome avec une armée, et, après avoir mis les Romains en déroute sur l'Allia, prennent Rome, sauf le Capitole, où la jeunesse s'était réunie; les hommes les plus âgés, revêtus des insignes des charges qu'ils avaient exercées, assis dans le vestibule de leurs demeures, y sont tués. Les Gaulois, arrivés déjà, par un côté détourné, au sommet du Capitole, sont trahis par les cris des oies, et, grâce surtout à Marcus Manlius, jetés à bas du rocher. Les Romains sont forcés ensuite par la faim d'en venir à donner mille livres d'or pour acheter à ce prix la levée du siège; mais Furius Camille, nommé dictateur quoique absent, au milieu même de la réunion où l'on traitait des conditions de la paix, arrive avec une armée, et, après six mois d'occupation, chasse les Gaulois de Rome et les taille en pièces. On dit qu'il faut émigrer à Véies puisque la ville est incendiée et détruite; ce dessein, grâce à Camille, est repoussé. Ce qui touche aussi le peuple, c'est le présage fourni par une parole d'un centurion qui, étant venu au forum, dit aux soldats de son manipule: "Halte, soldat; nous serons très bien ici." On élève un temple à Jupiter Capitolin, parce qu'avant la prise de Rome on avait entendu une voix annoncer l'arrivée des Gaulois. (trad. E. Lasserre, Paris, Garnier) [6] Il contient des victoires sur les Volsques, les Èques et les Prénestins. On ajouta quatre tribus, la Stellatina, la Tromentina, la Sabatina et l'Arniensis. Marcus Manlius, qui avait sauvé le Capitole des Gaulois, ayant libéré des gens liés par leurs dettes, et affranchi des prisonniers pour dettes, est accusé de viser à la royauté, condamné et précipité de la roche (Tarpéienne). Pour le flétrir un sénatus-consulte interdit à tout membre de la famille Manlius le nom de Marcus. Caius Licinius et Lucius Sextius, tribuns de la plèbe, proposent une loi pour qu'on prenne dans la plèbe les consuls, choisis jusque-là parmi les patriciens, et après de grandes luttes, malgré la résistance des patriciens, après que les mêmes tribuns de la plèbe ont été pendant cinq ans seuls magistrats en charge à Rome, la font voter. Le premier des plébéiens, Lucius Sextius est nommé consul. On propose aussi une seconde loi, défendant à quiconque de posséder plus de cinq cents arpents de terre. (trad. E. Lasserre, Paris, Garnier) [7] Deux nouvelles magistratures sont ajoutées aux anciennes, la préture et l'édilité curule. L'État est affligé par une épidémie que rend remarquable la mort de Furius Camille. En lui cherchant un remède et une fin par de nouvelles pratiques religieuses, on fait, pour la première fois, des jeux scéniques. Lucius Manlius ayant été assigné par Marcus Pomponius, tribun de la plèbe, pour sa cruauté lors d'une levée de troupes et la relégation à la campagne de son fils Titus Manlius, sans avoir aucun grief contre lui, le jeune homme même, au père duquel on reprochait sa relégation, vient dans la chambre du tribun, et, l'épée nue, le force à jurer suivant ses propres termes qu'il ne persévérera pas dans son accusation. - On jette à ce moment toute sorte d'objets précieux dans un gouffre très profond de Rome; Curtius, armé, à cheval, s'y précipite; ainsi il est comblé. - Le jeune Titus Manlius, qui avait défendu son père contre les poursuites d'un tribun, marche contre un Gaulois ui provoquait un des soldats romains en combat singulier, le tue, et lui enlève son collier d'or, qu'il porte ensuite lui-même, ce qui le fait appeler Torquatus. - Deux tribus sont ajoutées aux anciennes, la Pomptina et la Publilia. Licinius Stolon est condamné d'après sa propre loi, pour avoir possédé plus de cinq cents arpents de terre. Marcus Valérius, tribun des soldats, tue un Gaulois qui l'avait provoqué, un corbeau, perché sur son casque, attaquant des serres et du bec son ennemi. Il en tire son nom de Corvus, et, l'année suivante, est nommé consul à vingt-trois ans, à cause de sa valeur. - On s'unit d'amitié avec les Carthaginois. Les Samnites font la guerre aux Campaniens qui demandent secours au sénat et, ne l'obtenant pas, remettent leur ville et leur territoire au peuple romain. Comme ils sont devenus biens du peuple romaine, on décide de les défendre contre les Samnites. Le consul Aulus Cornelius ayant conduit son armée sur un terrain défavorable où elle était en grand danger, Publius Decius Mus, tribun des soldats, la sauve; en occupant une hauteur dominant la crête où s'étaient établis les Samnites, il fournit l'occasion au consul d'échapper pour occuper une position plus favorable. Lui-même, cerné par les ennemis, s'arache à leur étreinte. Les soldats romains, laissés en garnison à Capoue ayant conspiré pour s'emparer de cette ville, et, leur plan découvert, ayant fait défection au peuple romain par crainte du châtiment, le dictateur Marcus Valérius Corvus, qui, par sa sagesse, les avait tirés de leur folie, les rend à leur patrie. Le livre contient en outre des victoires sur les Herniques, les Gaulois, les Tiburtes, les Privernates, les Tarquiniens, les Samnites et les Volsques. (trad. E. Lasserre, Paris, Garnier) [8] Les Latins et les Campaniens font défection, et, envoyant des ambassadeurs au sénat, mettent comme condition à la paix que l'un des consuls soit pris chez les Latins. Cette mission remplie, leur préteur Annius, descendant du Capitole, tombe et se tue. Le consul Titus Manlius, son fils ayant combattu, malgré ses ordres, contre les Latins, quoiqu'il ait été vainqueur, le fait frapper de la hache. - Les Romains luttant avec peine dans une bataille, Publius Decius, alors consul avec Manlius, se dévoue pour l'armée, se lance à cheval au milieu des ennemis, est tué, et, par sa mort, rend la victoire aux Romains. - Les Latins viennent se soumettre. - Au retour de Titus Manlius à Rome, aucune personne jeune ne va au- devant de lui. - La vestale Minucia est condamnée pour inceste - Les Ausones vaincus, leur ville, Calès, prise, on y envoie une colonie; de même à Fregellae. - Plusieurs matrones sont surprises à fabriquer des poisons; un très grand nombre d'entre elles, aussitôt après avoir bu leurs drogues, meurent. On fait alors la première loi sur les empoisonnements. - Les Privernates ayant pris les armes sont vaincus; on leur donne le droit de cité. - Les Napolitains, vaincus par les armes et le siège, se rendent. Quintus Publilius, qui les a assiégés, obtient le premier une prorogation de commandement et le triomphe comme proconsul. - La plèbe est délivrée de la servitude pour dettes à cause de la passion d'un créancier, Lucius Papirius, qui veut violer son débiteur Caius Publilius. - Le dictateur Lucius Papirius Cursor étant revenu de l'armée à Rome pour reprendre les auspices, le maître de la cavalerie, Quintus Fabius, poussé par l'occasion de vaincre, combat heureusement les Samnites malgré ses ordres. Le dictateur paraissant disposé pour cela à faire supplicier le maître de la cavalerie, Fabius s'enfuit à Rome, et, quoique sa cause n'y gagne guère, est gracié à la prière du peuple. - Le livre contient en outre des victoires remportées sur les Samnites. (trad. E. Lasserre, Paris, Garnier) [9] Les consuls Titus Veturius et Spurius Postumius, ayant amené leur armée, près des Fourches Caudines, dans un défilé d'où ils n'avaient nul espoir de s'échapper, traitent avec les Samnites, donnent comme otages six cents chevaliers romains, et ne peuvent emmener leur armée qu'à la condition de passer tous sous le joug. Ces mêmes hommes, sur la proposition du Consul Spurius Postumius, qui avait conseillé au sénat de livrer les responsables d'un traité si mauvais pour libérer la parole de l'État, sont livrés, avec deux tribuns de la plèbe et tous les garants du traité, aux Samnites, qui refusent de les recevoir. Peu après, les Samnites sont battus par Papirius Cursor et envoyés sous le joug, les six cents chevaliers romains livrés comme otages sont repris, et la honte de la première humiliation est effacée. - Deux tribus sont ajoutées aux anciennes, l'Ofentina et la Falerna. - Les colonies de Suessa et de Pontiae sont installées. - Le censeur Appius Claudius amène à Rome l'eau de la fontaine Claudia, établit la route pavée nommée voie Appienne; il inscrit parmi les sénateurs des fils d'affranchis; mais cet ordre paraissant déshonoré par ces membres indignes, les consuls de l'année suivante laissent le sénat composé comme il l'était avant les derniers censeurs. - Ce livre contient en outre des victoires sur les Apuliens, les Étrusques, les Ombriens, les Marses, les Péligniens, les Éques et les Samnites, avec qui l'ancien traité fut rétabli. (trad. E. Lasserre, Paris, Garnier) [10] On envoie des colonies à Sora, à Albe et à Carséoles. On reçoit la soumission des Marses. On augmente le collège des augures, dont on porte le nombre à neuf, au lieu de quatre qu'ils étaient avant. Une loi sur l'appel au peuple est présentée (c'est la troisième fois) par le consul Marcus Valérius. On ajoute deux tribus nouvelles, l'Aniensis et la Terentina. On déclare la guerre aux Samnites et l'on combat souvent contre eux avec succès. Alors que l'on combat contre les Étrusques, les Ombriens, les Samnites et les Gaulois, sous la direction de Publius Decius et de Quintus Fabius, et que l'armée romaine est en grand danger, Publius Decius, suivant l'exemple de son père, se dévoue pour l'armée, et, par sa mort, donne dans ce combat la victoire au peuple romain. Papirius Cursor, en face d'une armée de Samnites qui, s'étant liés par serment afin de combattre avec un courage plus opiniâtre, sont descendus de leur camp en ligne de bataille, les met en déroute. On fait le recensement, on accomplit le lustre: on recense deux cent soixante- douze mille trois cent vingt citoyens. (trad. E. Lasserre, Paris, Garnier) [11] Le consul Fabius Gurges ayant échoué devant les Samnites, et le sénat parlant de l'écarter de l'armée, son père, Fabius Maximus, en suppliant d'épargner cette honte à son fils, touche d'autant plus le sénat, qu'il promet de partir comme lieutenant de son fils et tient cette promesse. Aidé par ses conseils et par son action, le consul, son fils, massacre les Samnites et en triomphe; Caius Pontius, général des Samnites, figure dans son triomphe et est frappé de la hache. - La cité souffrant d'une épidémie, on envoie des ambassadeurs pour apporter la statue d'Esculape d'Épidaure à Rome; ils rapportent un serpent qui s'était réfugié dans leur navire et en qui on est d'accord pour voir la divinité elle-même. Ce serpent ayant gagné, du bateau, l'île du Tibre, en ce même lieu on fonde un temple à Esculape. - Le consulaire Lucius Postumius, pour avoir, étant commandant d'armée, usé de la main-d'oeuvre de ses soldats sur ses terres, est condamné. - Avec les Samnites, qui demandent la paix, on renouvelle le traité pour la quatrième fois. - Le consul Curius Dentatus, après avoir massacré les Samnites, vaincu les Sabins, qui s'étaient révoltés, et reçu leur soumission, triomphe deux fois pendant la même magistrature. - On envoie des colonies à Castrum, Sena et Hadria. - Création des triumviri capitales. - Le recensement fait, on accomplit le "lustre"; on recense deux cent soixante-douze mille citoyens. À cause des dettes, la plèbe, après de graves et longues séditions, se retire enfin sur le Janicule, d'où le dictateur Quintus Hortensius la fait descendre; celui-ci meurt au cours même de sa magistrature. - Ce livre contient en outre des opérations contre les Vulsiniens, et aussi contre les Lucaniens, contre qui on avait décidé de porter secours aux gens de Thurium. (trad. E. Lasserre, Paris, Garnier) [12] Des ambassadeurs romains ayant été tués par les Gaulois Sénons, la guerre est déclarée aux Gaulois; le préteur Lucius Caecilius est massacré par eux avec ses légions. - Les Tarentins, ayant pillé une flotte romaine et tué le duumvir qui la commandait, chassent les ambassadeurs envoyés par le sénat pour se plaindre de ces outrages. C'est pourquoi on leur déclare la guerre. - Les Samnites font défection. Contre eux et contre les Lucaniens, les Bruttiens, les Étrusques, en quelques combats, plusieurs généraux combattent heureusement. - Pyrrhus, roi d'Épire, vient au secours des Tarentins en Italie. Une légion campanienne, avec le préfet Decius Vibellius, ayant été envoyée pour défendre Rhegium, massacre ses habitants et occupe la ville. (trad. E. Lasserre, Paris, Garnier) [13] Le consul Valérius Laevinus combat Pyrrhus avec peu de bonheur, les soldats romains étant surtout effrayés par l'aspect inaccoutumé des éléphants. Après ce combat, Pyrrhus, examinant les cadavres des Romains tombés dans la bataille, les trouve tous tournés vers l'ennemi. En pillant le pays, il s'avance jusqu'à Rome. Caius Fabricius est envoyé vers lui par le sénat pour traiter du rachat des prisonniers; le roi tente en vain de lui faire abandonner sa patrie. Les prisonniers sont renvoyés sans rançon. Cineas, envoyé par Pyrrhus au sénat en ambassade, demande que, pour établir la paix, on reçoive le roi à Rome. On décide de discuter cette demande à une séance où les sénateurs seront plus nombreux; et Appius Claudius, qui, à cause du mauvais état de ses yeux, se tenait depuis longtemps à l'écart des conseils publics, vient à la curie, et fait prévaloir l'avis de refuser la demande de Pyrrhus. - Cnéius Domitius, premier censeur plébéien, accomplit le "lustre"; on recense deux cent quatre-vingt-sept mille deux cent vingt-deux citoyens. - Pour la seconde fois, on livre bataille à Pyrrhus, avec un résultat douteux. - Avec les Carthaginois, on renouvelle le traité pour la quatrième fois. - Un homme qui était passé de chez Pyrrhus chez le consul Fabricius et lui promettait de donner du poison au roi, est dénoncé et renvoyé à celui-ci. - Le livre contient en outre des succès sur les Lucaniens et les Bruttiens, les Samnites et les Étrusques. (trad. E. Lasserre, Paris, Garnier) [14] Pyrrhus passe en Sicile. - Entre autres prodiges, la foudre ayant, au Capitole, abattu la statue de Jupiter, sa tête est découverte par les haruspices. - Curius Dentatus, faisant une levée de troupes, fait vendre, le premier, les biens de qui ne répond pas à l'appel; il vainc aussi Pyrrhus, revenu de Sicile en Italie, et le chasse d'Italie. - Le censeur Fabricius exclut du sénat le consulaire Publius Cornelius Rufinus parce qu'il possède dix livres d'argent travaillé. Le lustre ayant été accompli par les censeurs, on recense deux cent soixante et onze mille deux cent trente-quatre citoyens. - Avec le roi d'Égypte Ptolémée, une alliance est conclue. - La vestale Sextilia, condamnée pour inceste, est enterrée vive. - On envoie des colonies à Posidonia et à Cosa. - Une flotte carthaginoise vient au secours des Tarentins, en violation du traité. - Ce livre contient en outre des succès sur les Lucaniens, les Bruttiens et les Samnites, et la mort du roi Pyrrhus. (trad. E. Lasserre, Paris, Garnier) [15] Aux Tarentins vaincus on accorde la paix et la liberté. La légion de Campaniens qui avait occupé Rhegium, est assiégée; ils se rendent et sont frappés de la hache. - Des ambassadeurs d'Apollonie envoyés au sénat ayant été maltraités par certains jeunes gens, ceux-ci sont livrés aux Apolloniates. - Aux Picentins vaincus on accorde la paix. - Des colonies sont conduites à Ariminum en Picenum et à Bénévent en Samnium. - Alors pour la première fois le peuple romain commence à se servir d'argent. - Des Ombriens et des Sallentins, vaincus, on reçoit la soumission. - Le nombre des questeurs est augmenté et porté à huit. (trad. E. Lasserre, Paris, Garnier) [16] Origine des Carthaginois et débuts de leur ville. Contre eux et contre Hiéron, roi de Syracuse, le sénat décide qu'il faut porter secours aux Mamertins, après un débat entre partisans et adversaires de cette mesure. - Les armées romaines ayant alors, pour la première fois, passé la mer, on combat assez souvent avec succès contre Hiéron. Il demande la paix, qu'on lui accorde. - Le lustre est accompli par les censeurs; on recense deux cent quatre-vingt-deux mille deux cent trente-quatre citoyens. - Le premier, Decius Junius Brutus donne au public un spectacle de gladiateurs en l'honneur de son père mort. - On envoie une colonie à Aesernia. - Ce livre contient en outre des succès remportés sur les Carthaginois et les Vulsiniens. (trad. E. Lasserre, Paris, Garnier) [17] Le consul Cnéius Cornelius est entouré par une flotte carthaginoise, et fait prisonnier par ruse, après avoir été invité comme pour une entrevue. Le consul Caius Duilius bat la flotte carthaginoise, et, le premier de tous les généraux romains, célèbre un triomphe pour une victoire navale. Pour cette raison, il garde, à titre perpétuel, l'honneur, quand il revient de dîner, de faire porter, au son de la flûte, une torche devant lui. - Le consul Lucius Cornelius combat heureusement, en Sardaigne et en Corse, contre les Sardes, les Corses, et Hannon, chef des Carthaginois. - Le consul Atilius Calatinus, ayant conduit à la légère son armée dans un endroit que cernent les Carthaginois, en sort grâce à la valeur et à l'activité de Marcus Calpurnius, tribun militaire, qui, en faisant une sortie avec trois cents soldats, a attiré les ennemis sur lui. - Hannibal, général carthaginois, la flotte qu'il commandait ayant été vaincue, est mis en croix par ses soldats. - Le consul Atilius Regulus, ayant vaincu les Carthaginois dans un combat naval, passe en Afrique. (trad. E. Lasserre, Paris, Garnier) [18] Atilius Regulus, en Afrique, tue, après avoir perdu à cause de lui beaucoup de soldats, un serpent d'une taille monstrueuse; après avoir remporté plusieurs victoires sur les Carthaginois, le sénat n'envoyant pas de successeur à ce chef victorieux, il s'en plaint dans une lettre au sénat, dans laquelle, entre autres raisons qui lui font demander un successeur, on voit que sa petite propriété est abandonnée par ses domestiques. Puis, le destin voulant, en Régulus, fournir un grand exemple de bonne et de mauvaise fortune, les Carthaginois font venir Xanthippe, général lacédémonien, et Regulus est vaincu dans une bataille et fait prisonnier. Ensuite des succès de tous les généraux romains sur terre et sur mer sont gâtés par le naufrage des flottes. - Tiberius Coruncanius est, le premier des plébéiens, nommé grand pontife. - Les censeurs Publius Sempronius Sophus et Manius Valérius Maximus, dressant la liste des sénateurs, excluent du sénat seize membres; ils accomplissent le "lustre", où sont recensés deux cent quatre-vingt-dix-sept mille sept cent quatre-vingt-dix-sept citoyens. - Regulus, envoyé au sénat par les Carthaginois pour traiter de la paix et, s'il ne peut l'obtenir, de l'échange des prisonniers, mais lié par le serment de revenir à Carthage, si les Romains décident de ne pas échanger les prisonniers, conseille au sénat de refuser l'une et l'autre; et comme, fidèle à son serment, il est retourné à Carthage, les Carthaginois le mettent au supplice et il meurt. (trad. E. Lasserre, Paris, Garnier) [19] Caecilius Metellus, vainqueur des Carthaginois, célèbre un brillant triomphe, où figurent treize chefs ennemis et cent vingt éléphants. Le consul Claudius Pulcher, parti malgré les auspices, ordonne de jeter dans l'eau les poulets sacrés qui ne veulent pas manger; il livre sur mer une bataille malheureuse aux Carthaginois; rappelé par le sénat et invité à nommer un dictateur, il nomme Claudius Glicia, un homme du dernier rang, qui, forcé d'abdiquer sa magistrature, assiste par la suite aux jeux en robe prétexte. Aulus Atilius Calatinus est le premier dictateur à conduire une armée hors de l'Italie. On échange les prisonniers avec les Carthaginois. - Des colonies sont envoyées à Frégènes, et dans le territoire sallentin à Brindes. - Les censeurs accomplissent le "lustre"; on recense deux cent quarante et un mille deux cent douze citoyens. - Claudia, soeur de ce Publius Claudius qui, pour avoir méprisé les auspices, avait été vaincu comme, au retour des jeux, elle se trouve pressée par la foule, dit: "Puisse mon frère vivre encore et commander à nouveau une flotte!" Elle est, pour cela, punie d'une amende. - Pour la première fois on nomme deux préteurs. - Caecilius Metellus, grand pontife, comme Aulus Postumius, consul, mais en même temps flamine de Mars, voulait partir pour faire la guerre, le retient à Rome et ne le laisse pas abandonner ses fonctions sacrées. - Plusieurs généraux ayant battu les Carthaginois, le consul Caius Lutatius couronne ces victoires en battant aux îles Aegates la flotte carthaginoise. Les Carthaginois demandent la paix, qu'on leur accorde. - Le temple de Vesta brûle; Caecilius Metellus, grand pontife, arrache à l'incendie les objets sacrés. - On ajoute deux tribus nouvelles, la Velina et la Quirina. (trad. E. Lasserre, Paris, Garnier) [20] Les Falisques s'étant révoltés, au bout de cinq jours, complètement domptés, ils viennent se soumettre. - On envoie une colonie à Spolète. - On fait avancer pour la première fois une armée contre les Ligures. - Les Sardes et les Corses, s'étant révoltés, sont soumis. - La vestale Tuccia est condamnée pour inceste. - La guerre est déclarée aux Illyriens pour avoir tué un des ambassadeurs envoyés vers eux, et, soumis, ils viennent se rendre. - Le nombre des préteurs est augmenté et porté à quatre. - Des Gaulois transalpins, qui avaient fait irruption en Italie, sont massacrés. Dans cette guerre, le peuple romain, d'après Fabius, eut huit cent [mille] hommes sous les armes, Romains ou Latins. Les armées romaines ayant pour la première fois traversé le Pô, les Gaulois Insubres, mis en déroute dans plusieurs combats, viennent se soumettre. Le consul Marcus Claudius Marcellus, ayant tué le chef des Gaulois Insubres Vertomar, remporte des dépouilles opimes. - Les Histriens sont soumis. De même les Illyriens, s'étant révoltés, sont domptés et viennent se soumettre. - Les censeurs accomplissent trois fois le "lustre"; au premier on recense deux cent soixante-dix mille sept cent treize citoyens. - Les affranchis sont ramenés dans quatre tribus, alors qu'avant ils avaient été répartis dans toutes: l'Esquiline, la Palatine, 1a Suburane et la Colline. - Le censeur Caius Flaminius établit la voie Flaminia et construit le cirque Flaminius. - On conduit des colonies, dans le territoire pris aux Gaulois, à Plaisance et à Crémone. (trad. E. Lasserre, Paris, Garnier) [21] Ce livre raconte la naissance de la seconde guerre punique et le passage d'Hannibal, général des Carthaginois, au-delà de l'Hèbre, contrairement au traité. Assiégée par lui, Sagonte, cité d'alliés du peuple romain, est prise après sept mois de siège. Pour ces outrages, on envoie des ambassadeurs réclamer à Carthage. Les Carthaginois refusant de leur donner satisfaction, on leur déclara la guerre. Hannibal, ayant franchi un col des Pyrénées, arriva, à travers les Gaules, après avoir dispersé les Volques, qui s'efforçaient de l'arrêter, aux Alpes, et, les ayant franchies péniblement, après avoir repoussé aussi, en plusieurs combats, les montagnards gaulois dressés devant lui, descendit en Italie; sur le Tessin, il battit les Romains dans un combat de cavalerie. Blessé là, Publius Cornélius Scipion fut protégé par son fils, qui reçut plus tard le nom d'Africain. L'armée romaine vaincue une seconde fois sur la Trébie, Hannibal passa aussi l'Apennin, où ses soldats souffrirent extrêmement de la violence des tempêtes. Cnéius Cornélius Scipion, en Espagne, combattit heureusement les Carthaginois, prenant le chef des ennemis, Magon. (trad. E. Lasserre, Paris, Garnier) [22] Hannibal, ayant perdu un oeil par suite de ses veilles continuelles dans les marais, arrive en Étrurie; dans ces marais il avait marché quatre jours et trois nuits sans aucun repos. - Le consul Caius Flaminius, homme imprudent, parti malgré de mauvais auspices, après avoir fait arracher à la pioche les drapeaux qu'on ne pouvait retirer du sol, et avoir roulé par-dessus la tête du cheval sur lequel il était monté, est cerné par Hannibal dans une embuscade et massacré avec son armée près du lac Trasimène. Six mille hommes qui avaient percé les lignes ennemies sont, malgré la parole d'Adherbal, enchaînés par suite de la perfidie d'Hannibal. - Tandis qu'à la nouvelle de la défaite Rome est dans le deuil, deux mères, en recevant leurs fils, meurent de cette joie inespérée. Pour le désastre, sur les indications des livres Sibyllins, on voue un "printemps sacré". - Puis, alors que Quintus Fabius Maximus, dictateur, envoyé contre Hannibal, ne veut pas lui livrer bataille, pour ne pas exposer à une lutte contre un ennemi fier de tant de victoires des soldats effrayés par leurs échecs, et qu'en se plaçant seulement devant lui il arrête ses efforts, Marcus Minucius, maître de la cavalerie, hardi et imprudent, en accusant le dictateur de mollesse et de peur, se fait donner par un vote du peuple un pouvoir égal à celui du dictateur; l'armée partagée entre eux, Minucius, ayant livré bataille sur un terrain défavorable, et ses légions étant en grand danger, est sauvé par l'arrivée de Fabius Maximus et de ses troupes. Cédant à ce bienfait, il joint son camp à celui du dictateur, le salue du nom de père et ordonne à ses soldats de faire de même. - Hannibal, après avoir ravagé la Campanie, se trouvant enfermé par Fabius entre la ville de Casilinum et le mont Callicula, en attachant des sarments aux cornes des bœufs et en les allumant, met en fuite les troupes romaines postées sur le Callicula, et franchit ainsi le défilé. Il épargne aussi la propriété du dictateur Fabius Maximus, quand il brûle tous les alentours, pour le faire soupçonner de trahison. Puis, sous le commandement des consuls Paul- Émile et Térentius Varron, on subit devant Hannibal, à Cannes, une grande défaite; dans ce combat sont tués 45.000 Romains avec le consul Paul-Émile, 90 sénateurs, 30 anciens consuls, anciens préteurs ou anciens édiles. Après quoi, comme de jeunes nobles, par désespoir, concevaient le dessein d'abandonner l'Italie, le tribun militaire Publius Cornélius Scipion, surnommé plus tard l'Africain, tirant le fer sur la tête des délibérants, jure de tenir pour ennemi celui qui n'aura pas juré en ses termes, et obtient que tous s'engagent par serment à ne pas abandonner l'Italie. - Faute d'hommes on arme 80.000 esclaves. Quoi qu'il soit possible de racheter les prisonniers, on ne les rachète pas. Le livre contient en outre le tableau de l'agitation et du deuil à Rome, et des opérations en Espagne, plus heureuses. Opimia et Florentia, vierges Vestales sont condamnées pour inceste. On se porte au-devant de Varron et on le remercie de n'avoir pas désespéré de l'État. (trad. E. Lasserre, Paris, Garnier) [23] Les Campaniens passent à Hannibal. Magon, envoyé à Carthage pour y annoncer la bataille de Cannes, y répandit à terre dans le vestibule de la curie les anneaux d'or enlevés aux cadavres romains: il y en avait, dit-on, plus d'un boisseau. À cette nouvelle, Hannon, l'un des nobles Carthaginois, conseillait au sénat carthaginois de demander la paix aux Romains: il ne l'obtint pas, le parti des Barca s'y opposant. À Nola, le préteur Claudius Marcellus, ayant fait une sortie contre Hannibal, fut vainqueur. Casilinum, assiégé par les Carthaginois, était si tourmenté par la famine, que les assiégés mangeaient des courroies, des peaux arrachées à leurs boucliers et des rats. Ils vécurent de noix lancées par les Romains dans le Vulturne. Le sénat est complété par cent quatre-vingt-dix-sept personnages pris dans l'ordre équestre. Le préteur Lucius Postumius et son armée sont massacrés par les Gaulois. Cnéius et Publius Scipion, en Espagne, battent Asdrubal et s'emparent de l'Espagne. Les restes de l'armée de Cannes sont relégués en Sicile, pour ne pas en revenir avant la fin de la guerre. Le consul Sempronius Gracchus bat les Campaniens. Le préteur Claudius Marcellus disperse et bat à Nola l'armée d'Hannibal, et, le premier, donne aux Romains, las de tant de désastres, de l'espoir dans cette guerre. Entre Philippe, roi de Macédoine, et Hannibal, une alliance est conclue. Ce livre contient, en outre, des succès remportés sur les Carthaginois par les préteurs Publius et Cnéius Scipion en Espagne, Titus Manlius en Sardaigne; ils font prisonniers le général Asdrubal, Magon et Hannon. L'armée d'Hannibal s'est tant plongée dans la luxure pendant ses quartiers d'hiver, qu'elle s'y est énervée corps et âme. (trad. E. Lasserre, Paris, Garnier) [24] Hiéronyme, roi de Syracuse, dont le (grand-)père Hiéron avait été l'ami du peuple romain, passe aux Carthaginois, et, à cause de sa cruauté et de son orgueil, est tué par les siens. - Le proconsul Tibérius Sempronius Gracchus bat les Carthaginois et leur chef Hannon à Bénévent, grâce surtout à l'action d'esclaves dont il ordonne l'affranchissement. - Le consul Claudius Marcellus, en Sicile, province passée presque tout entière aux Carthaginois, assiège Syracuse. - On déclare la guerre à Philippe, roi de Macédoine; surpris devant Apollonie par un combat de nuit et mis en fuite, celui-ci se réfugie en Macédoine avec des troupes presque désarmées. On avait envoyé pour cette expédition le préteur Marcus Valérius. - Le livre contient, en outre, les exploits contre les Carthaginois, en Espagne, de Publius et Cnéius Scipion. Ceux-ci attirent dans leur amitié Syphax, roi de Numidie, qui, vaincu par Masinissa, roi des Massyles, combattant pour les Carthaginois, passe avec de grandes troupes en Espagne, près des Scipions, en face de Gadès, où l'Afrique et l'Espagne sont séparées par un détroit. (Les Celtibères aussi furent admis dans l'amitié romaine; certains d'entre eux ayant été pris comme auxiliaires, alors pour la première fois les camps romains continrent des soldats mercenaires.) (trad. E. Lasserre, Paris, Garnier) [25] Publius Cornélius Scipion, surnommé plus tard l'Africain, est nommé édile avant l'âge. Hannibal prend Tarente, à l'exception de la citadelle, où la garnison romaine s'était réfugiée, grâce à de jeunes Tarentins, qui font semblant d'aller de nuit à la chasse. On fonde les jeux Apollinaires, d'après les prédictions de Marcius qui avaient annoncé la bataille de Cannes. Les consuls Quintus Fulvius et Appius Claudius luttent avec succès contre le général carthaginois Hannon. Le proconsul Tibérius Sempronius Gracchus, amené dans une embuscade par un Lucanien, son hôte, est tué par Magon. Centenius Paenula, qui avait servi comme centurion, ayant demandé au sénat de lui confier une armée, et promis, s'il l'obtenait, de vaincre Hannibal, reçoit le commandement de huit mille hommes, livre bataille à Hannibal et est massacré avec ses troupes. Capoue est assiégée par les consuls Quintus Fulvius et Appius Claudius. Le préteur Cnéius Fulvius est battu par Hannibal; dans ce combat tombent vingt mille hommes. Lui-même échappe avec deux cents cavaliers. Claudius Marcellus prend Syracuse après plus de deux ans de siège, et s'y conduit en grand homme. Dans le tumulte de la prise de cette ville, Archimède, attentif seulement aux figures qu'il avait tracées sur le sable, est tué. Publius et Cnéius Scipion, en Espagne, trouvent une triste fin à tant de victoires, étant massacrés avec leurs armées presque entières sept ans après être arrivés en Espagne. Cette province aurait été perdue, si Lucius Marcius, chevalier romain, n'avait, par sa valeur et son activité, réuni les débris des deux armées, et, grâce à ses exhortations, enlevé deux camps ennemis. Vingt-sept mille environ furent tués, de ... mille huit cents...; on fit un grand butin. Marcius se voit appeler général. (trad. E. Lasserre, Paris, Garnier) [26] Hannibal établit son camp sur l'Anio à trois milles de Rome. Il vient chevaucher en personne, avec deux mille cavaliers, jusqu'à la porte Capène, pour reconnaître la situation de la ville. Alors que trois jours de suite, des deux côtés, les armées se sont rangées en bataille, une tempête vient chaque fois interrompre le combat: dès qu'on est rentré au camp, le ciel redevient serein. - Capoue est prise par les consuls Quintus Fulvius et Appius Claudius. Les principaux Campaniens s'empoisonnent. Alors que les sénateurs campaniens sont attachés au poteau, pour être frappés de la hache, le consul Quintus Fulvius, recevant du sénat une lettre par laquelle on lui ordonne de les épargner, sans la lire la met dans un pli de sa toge, ordonne de faire justice et fait supplicier les sénateurs. - Comme, aux comices, on se demandait, dans le peuple, à qui confier le commandement en Espagne, personne ne voulant s'en charger, Publius Scipion, fils du Publius qui était tombé en Espagne, déclare qu'il est prêt à y aller; envoyé là-bas par les suffrages du peuple et l'assentiment de tous, il prend Carthagène; il avait vingt-quatre ans et paraissait de race divine, parce que lui-même, depuis qu'il avait pris la toge, allait chaque jour au Capitole, et que, dans le lit de sa mère, on voyait souvent un serpent. - Ce livre contient en outre les actions accomplies en Sicile, l'alliance faite avec les Étoliens, et la guerre contre les Acarnaniens et Philippe, roi de Macédoine. (trad. E. Lasserre, Paris, Garnier) [27] Le proconsul Cnéius Fulvius et son armée sont massacrés par Hannibal près d'Herdonea. Avec un meilleur résultat le consul Claudius Marcellus livre bataille au même adversaire près de Numistro. Hannibal bat en retraite pendant la nuit; Marcellus le suit et le serre de près dans sa retraite jusqu'à l'amener à combattre. Hannibal l'emporte dans le premier engagement, Marcellus dans le suivant. Le consul Fabius Maximus, le père, reprend Tarente grâce à une trahison. Les consuls Claudius Marcellus et Titus Quinctius Crispinus, s'étant avancés loin de leur camp pour faire une reconnaissance, sont cernés par Hannibal dans une embuscade. Marcellus est tué, Crispinus s'enfuit. Le lustre est accompli par les censeurs. On dénombre cent trente sept mille cent huit têtes de citoyens; ce nombre montre combien d'hommes le sort contraire en tant de batailles a enlevés au peuple romain. En Espagne, près de Baecula, Scipion livre bataille à Hasdrubal et à Hamilcar et est vainqueur. Entre autres prisonniers, il renvoie un adolescent princier d'une grande beauté à son oncle Masinissa, avec des présents. - Hasdrubal, qui a passé les Alpes avec une nouvelle armée, pour se joindre à Hannibal, est massacré avec cinquante-six mille hommes, et cinq mille quatre cents ennemis sont faits prisonniers, sous la conduite du consul Marcus Livius, mais grâce aux services non moins grands du consul Claudius Néron, qui, opposé à Hannibal, abandonnant son camp de façon à tromper cet ennemi, part avec des troupes choisies et vient envelopper Hasdrubal. - Le livre contient en outre des succès de Publius Scipion en Espagne et du préteur Publius Sulpicius sur Philippe et les Achéens. (trad. E. Lasserre, Paris, Garnier) [28] Succès remportés en Espagne par Silanus, lieutenant de Scipion, et par Lucius Scipion, son frère, sur les Carthaginois; et par le proconsul Publius Sulpicius, ayant pour allié Attale, roi d'Asie, sur Philippe, roi de Macédoine, en faveur des Étoliens. Le triomphe ayant été accordé aux consuls Marcus Livius et Claudius Néron, Livius, qui avait mené les opérations dans sa province, entre dans Rome sur un quadrige, Néron, qui était allé dans la province de son collègue aider à sa victoire, le suit à cheval, et, dans cet appareil, obtient plus de gloire et de considération que Livius; car, dans la guerre, il avait été plus actif que son collègue. Le feu s'éteint dans le temple de Vesta, par la négligence d'une vestale qui ne l'a pas surveillé; elle est punie du fouet. Publius Scipion, en Espagne, termine la guerre contre les Carthaginois, dans la quatorzième année de cette guerre et la cinquième depuis son arrivée dans le pays; ayant totalement interdit aux ennemis la possession de cette province, il reconquiert l'Espagne; et passant de Tarragone en Afrique, chez Syphax, roi des Massyles, il conclut un traité avec lui. Là Hasdrubal fils de Gisgon dîna avec lui, sur le même lit. Scipion donne à Carthagène, en l'honneur de son père et de son oncle, des combats de gladiateurs, non avec des gladiateurs professionnels, mais avec les hommes qui, soit pour faire honneur à leur chef, soit par suite d'un défi, descendent dans l'arène; des princes, deux frères, s'y disputent le trône par le fer. - La ville de Gisia étant attaquée, les habitants égorgent leurs enfants et leurs femmes sur un bûcher qu'ils ont élevé, puis s'y précipitent sur leurs cadavres. - Scipion lui-même ayant été atteint d'une grave maladie, une révolte s'élève dans une partie de son armée; une fois rétabli, il l'apaise, force les peuples d'Espagne révoltés à venir faire leur soumission, et, ayant lié amitié avec Masinissa, roi des Numides qui lui promet son aide au cas où il passerait en Afrique, ainsi qu'avec les gens de Gadès, après le départ de cette ville de Magon (à qui on a écrit de Carthage de passer en Italie), il revient à Rome et est nommé consul. Comme il demande la province d'Afrique, et que Quintus Fabius Maximus s'y oppose, on lui donne la Sicile avec la permission de passer en Afrique, s'il le juge utile à l'état. Magon, fils d'Hamilcar, passe de la plus petite des îles Baléares, où il a hiverné, en Italie. (trad. E. Lasserre, Paris, Garnier) [29] Caius Laelius, envoyé par Scipion de Sicile en Afrique, en rapporte un énorme butin, ainsi qu'un message de Masinissa qui se plaint de ce que Scipion n'a pas fait encore passer son armée en Afrique. Fin, par une victoire romaine, de la guerre soulevée en Espagne par Indibilis; lui-même est tué dans la bataille; Mandonius,à la demande des Romains, est livré par les siens. Magon, qui était à Albingaunum chez les Ligures, reçoit d'Afrique de grandes troupes et de l'argent pour enrôler des mercenaires; on lui ordonne de se joindre à Hannibal. Scipion passe de Syracuse dans le Bruttium, et, après avoir chassé la garnison carthaginoise et mis en fuite Hannibal, reprend Locres. Paix avec Philippe. La Mère de l'Ida est apportée de Rome de Pessinonte, ville de Phrygie, après qu'on a trouvé dans les livres Sibyllins cette prédiction que l'ennemi étranger peut être chassé d'Italie, si le Mère de l'Ida est apportée à Rome. Elle est remise aux Romains par Attale, roi d'Asie. Elle est reçue par Publius Scipion Nasica, fils du Cnéius qui était mort en Espagne; le sénat jugea le meilleur des hommes cet adolescent qui n'avait pas encore été questeur; la réponse de l'oracle ordonnait en effet de faire recevoir et consacrer cette divinité par le meilleur des hommes. Les Locriens envoient à Rome une ambassade pour se plaindre de l'impudence du légat Pleminius, qui a dérobé le trésor de Proserpine et déshonoré leurs enfants et leurs femmes. Amené à Rome enchaîné, il meurt en prison. Des bruits sans fondement sur le proconsul Publius Scipion, qui était en Sicile, ayant été portés jusqu'à Rome, d'après lesquels ce général s'abandonnait à la mollesse, une commission envoyée par le sénat pour voir si cela est vrai lave de cette infamie Scipion qui, avec la permission du sénat, passe en Afrique. Syphax, ayant reçu en mariage la fille d'Hasdrubal fils de Gisgon, renonce à l'amitié qu'il avait nouée avec Scipion. Masinissa, roi des Massyles, pendant qu'il se battait en Espagne pour les Carthaginois, ayant perdu son père Gala, avait été écarté du trône. Ayant cherché plusieurs fois à le reconquérir par la guerre, mais vaincu dans plusieurs combats par Syphax, roi des Numides, il est entièrement dépouillé de son royaume; avec deux cents cavaliers il se joint, en exilé, à Scipion, et avec lui, dès le début de la campagne, massacre Hannon, fils d'Hamilcar, et les troupes nombreuses qu'il commandait. Scipion, à l'arrivée d'Hasdrubal et de Syphax, qui amenaient près de cent mille hommes, abandonne le siège d'Utique et fortifie des quartiers d'hiver. Le consul Sempronius, sur le territoire de Crotone, bat Hannibal. Entre les censeurs Marcus Livius et Claudius Néron, la discorde est éclatante: Claudius ôte son cheval à son collègue, pour avoir été condamné par le peuple et envoyé en exil, et Livius à Claudius, pour avoir porté contre lui un faux témoignage et s'être réconcilié de mauvaise foi avec lui. Le même censeur laisse toutes les tribus, sauf une, soumises à la capitation, pour l'avoir condamné innocent, et nommé, après cela, consul et censeur. Les censeurs accomplissent le lustre. On recense deux cent quatorze mille citoyens. (trad. E. Lasserre, Paris, Garnier) [30] Scipion bat en Afrique les Carthaginois et aussi Syphax, roi de Numidie, en plusieurs combats, avec l'aide de Masinissa; il enlève deux camps ennemis, dans lesquels quarante mille hommes sont détruits par le fer ou le feu. Il fait prisonnier Syphax, grâce à Caius Laelius et à Masinissa. Masinissa s'éprend de Sophonisbe, femme de Syphax, fille d'Hasdrubal, qu'il fait prisonnière, et, ayant célébré ses noces, la garde pour femme. Blâmé par Scipion, il envoie à cette femme du poison qu'elle boit et dont elle meurt. Les nombreuses victoires de Scipion font que les Carthaginois, réduits au désespoir, rappellent Hannibal pour aider au salut public. Quittant au bout de quinze ans l'Italie, il passe en Afrique, tente dans une entrevue de conclure la paix avec Scipion, et, quand on n'a pu s'entendre sur les conditions de paix, est battu dans une bataille. Les Carthaginois demandent la paix et l'obtiennent. Hannibal, entendant Gisgon parler contre la paix, le tire de sa main au bas de la tribune; puis, s'étant excusé de son acte impulsif, il conseille lui-même la paix. On rend à Masinissa son royaume. Revenu à Rome, Scipion triomphe de la façon la plus magnifique et la plus célèbre; le sénateur Quintus Térentius Culleo le suit dans le cortège avec le bonnet d'affranchi. Scipion l'Africain - on ne sait si ce surnom lui est venu d'abord de l'attachement des soldats, ou du souffle de la faveur populaire - fut certainement le premier général devenu célèbre sous le nom du peuple vaincu par lui. Magon, blessé dans un combat en territoire Insubre, en retournant en Afrique où l'ont rappelé des ambassadeurs, meurt de sa blessure. (trad. E. Lasserre, Paris, Garnier) [31] La guerre contre Philippe, roi de Macédoine, qui avait été interrompue, est reprise; voici les raisons qu'on en donne: à l'époque des initiations, deux jeunes Acarnaniens, qui n'étaient pas initiés, viennent à Athènes et pénètrent dans le sanctuaire de Cérès avec des compatriotes. Pour cela, comme s'ils avaient commis le plus grand des sacrilèges, ils sont mis à mort par les Athéniens. Les Acarnaniens, portés à venger leur mort, demandent à Philippe son aide et attaquent Athènes; les Athéniens demandent leur aide aux Romains. La guerre commence cinq cent cinquante et un ans après la fondation de Rome, quelques mois après la paix avec Carthage. Des ambassadeurs d'Athènes, assiégée par Philippe, ayant demandé du secours au sénat, et le sénat ayant décidé de le lui donner, mais la plèbe, à qui pèsent les peines incessantes de tant de guerres, étant de l'avis contraire, la proposition du sénat: que le peuple ordonne de porter... aussi secours à une cité alliée, l'emporte. Cette guerre est confiée au consul Publius Sulpicius, qui, ayant amené son armée en Macédoine, livre à Philippe des combats de cavalerie heureux. - Les gens d'Abydos, assiégés par Philippe, à l'exemple des Sagontins tuent les leurs et se tuent. - Le préteur Lucius Furius bat les Gaulois Insubres révoltés et le Carthaginois Hamilcar, qui travaillait à reprendre la guerre dans cette partie de l'Italie. Hamilcar et trente-cinq mille hommes sont tués dans cette guerre. (Le livre contient en outre des expéditions du roi Philippe et du consul Sulpicius et des prises de villes faites par l'un et par l'autre. Le consul Sulpicius mène la guerre avec l'aide du roi Attale et des Rhodiens. Le préteur Lucius Furius triomphe des Gaulois.) (trad. E. Lasserre, Paris, Garnier) [32] On rapporte plusieurs prodiges annoncés de régions opposées, entre autres, en Macédoine, la naissance d'un laurier sur la poupe d'un bateau de guerre. - Le consul Titus Quinctius Flamininus bat Philippe dans les gorges de l'Épire, le met en fuite et l'oblige à rentrer dans son royaume. Lui-même dévaste la Thessalie, voisine de la Macédoine, avec ses alliés Étoliens et Athamans, et son frère, Lucius Quinctius Flamininus, après un combat naval, avec l'aide du roi Attale et des Rhodiens, l'Eubée et la côte. - Les Achéens sont admis clans l'amitié de Rome. - Le nombre des préteurs est augmenté, on en nomme six. - Une conspiration d'esclaves faite pour délivrer les otages Carthaginois est étouffée, deux mille cinq cents sont tués. - Le consul Cornélius Cethegus met en déroute les Gaulois Insubres. - Rome se lie d'amitié avec les Lacédémoniens et leur tyran Nabis. - Le livre rapporte en outre la prise de villes en Macédoine. (trad. E. Lasserre, Paris, Garnier) [33] Le proconsul Titus Quinctius Flamininus termine la guerre contre Philippe, vaincu en bataille rangée à Cynoscéphale en Thessalie. Lucius Quinctius Flamininus, frère du proconsul, soumet les Acarnaniens après avoir pris Leucas, leur capitale. Philippe demandant la paix, on la lui accorde, en affranchissant la Grèce. Attale, transporté de Thèbes à Pergame par suite d'une brusque maladie, y meurt. Le préteur Caius Sempronius Tuditanus et son armée sont massacrés par les Celtibères. Les consuls Lucius Furius Purpurio et Claudius Marcellus réduisent les Gaulois Boïens et Insubres. Marcellus obtient le triomphe. Hannibal, ayant en vain poussé à la guerre en Afrique, et dénoncé pour cela à de notables Romains par des lettres du parti adverse, par crainte des Romains, qui ont envoyé à son sujet des ambassadeurs au sénat de Carthage, s'enfuit auprès d'Antiochus, roi de Syrie, qui prépare la guerre contre Rome. (trad. E. Lasserre, Paris, Garnier) [34] La loi Oppia, que le tribun de la plèbe Caius Oppius avait fait voter pendant la guerre punique pour limiter le luxe des femmes, est abrogée après un grand débat, et malgré l'intervention de Caton hostile à sa suppression. Caton, parti pour l'Espagne, pacifie, à la suite d'une guerre qui commence à Empories, l'Espagne citérieure. Titus Quinctius Flamininus termine une guerre heureuse contre les Lacédémoniens et leur tyran Nabis par une paix telle qu'il la souhaitait lui-même et la libération d'Argos, qui était sous les ordres du tyran. Ce livre rapporte en outre des victoires remportées en Espagne et sur les Boïens et les Gaulois Insubres. Les sénateurs pour la première fois sont séparés du peuple pour assister aux jeux. Ils le doivent à l'intervention des censeurs Sextus Aelius Paetus et Caius Cornélius Cethegus, dont la plèbe s'indigne. On fonde plusieurs colonies. Marcus Porcius Caton célèbre son triomphe sur l'Espagne. Titus Quinctius Flamininus, qui a vaincu le roi de Macédoine Philippe et Nabis, tyran de Lacédémone, et délivré toute la Grèce, à cause du grand nombre de ses exploits, célèbre son triomphe pendant trois jours. Des ambassadeurs carthaginois annoncent qu'Hannibal, qui s'est réfugié chez Antiochus, prépare la guerre avec lui. Hannibal a tenté d'autre part de pousser les Carthaginois à la guerre par l'intermédiaire du Tyrien Ariston, envoyé par lui à Carthage, mais sans aucune lettre. (trad. E. Lasserre, Paris, Garnier) [35] P. Scipion l'Africain, envoyé comme ambassadeur auprès d'Antiochus, cause à Ephèse avec Hannibal, qui s'est joint à Antiochus, pour enlever si possible à ce prince la crainte qu'il a conçue du peuple romain. Entre autres questions, il lui demande quel est, selon lui, le plus grand des généraux. Hannibal répond: "Alexandre de Macédoine, parce qu'avec de faibles troupes il a battu des armées innombrables, et parcouru les limites extrêmes du monde, qu'on ne peut espérer aller voir qu'en dépassant les espoirs permis à un homme". Scipion lui demandant qui il range le second, Hannibal répond: "Pyrrhus; le premier il a enseigné à tracer un camp, et pour cela personne n'a mieux que lui choisi un emplacement ni disposé des postes". Scipion poursuivant et demandant qui il nomme le troisième, Hannibal se nomme lui-même. Alors Scipion lui dit, souriant: "Que dirais-tu, si tu m'avais vaincu?" - "Alors, dit Hannibal, je me placerais avant Alexandre, avant Pyrrhus et avant les autres." - Entre autres prodiges, très nombreux, dit-on, on rapporte qu'une vache du consul Cn. Domitius mugit: "Rome, prends garde à toi." - Nabis, tyran de Lacédémone, poussé par les Étoliens qui sollicitent Philippe et Antiochus de faire la guerre au peuple romain, quitte le parti de Rome, et, en faisant la guerre à Philopoemen, préteur des Achéens, est tué par les Étoliens. Les Étoliens aussi renoncent à l'amitié du peuple romain. S'étant allié à eux, Antiochus, roi de Syrie, porte la guerre en Grèce, et s'empare de plusieurs villes, entre autres de Chalcis, et de toute l'Eubée. Le livre contient en outre ce qui a été fait en Ligurie et les préparatifs de guerre d'Antiochus. (trad. E. Lasserre, Paris, Garnier) [36] Le consul Acilius Glabrio vainquit Antiochus aux Thermopyles, avec l'aide du roi Philippe, le chassa de Grèce et soumit en outre les Étoliens. Le consul P. Cornélius Scipion Nasica, que le sénat avait jugé l'homme le meilleur, dédia le temple de la Mère des dieux qu'il avait lui-même installée sur le Palatin. Le même consul reçut la soumission des Gaulois Boïens qu'il avait vaincus et célébra sur eux un triomphe. En outre, il est fait mention de combats navals livrés avec succès contre les préfets du roi Antiochus (trad. P. Jal, Paris, CUF) [37] Le consul L. Cornélius Scipion, dont le frère, Scipion l'Africain, était le légat (ce dernier avait dit qu'il serait le légat de son frère si la Grèce était accordée à celui-ci comme province, alors qu'on était d'avis de donner cette province à C. Lélius qui avait beaucoup d'influence au sénat), partit pour faire la guerre au roi Antiochus et fut le premier de tous les généraux romains à passer en Asie. Régillus remporta, avec l'aide des Rhodiens, une victoire sur la flotte royale d'Antiochus à Myonnesos. Le fils de l'Africain, fait prisonnier par Antiochus, fut rendu à son père. Antiochus, ayant été vaincu par L. Cornélius Scipion avec l'aide d'Eumène, roi de Pergame, le fils d'Attale, on lui accorda la paix à condition qu'il cédât toutes les provinces situées en deçà du mont Taurus. L. Cornélius Scipion, qui avait mis fin à la guerre contre Antiochus, se vit décerner, à l'égal de son frère, le surnom d'Asiaticus. On déduisit la colonie de Bologne. Le royaume d'Eumène, avec l'aide duquel Antiochus avait été vaincu, fut agrandi. Aux Rhodiens également, qui avaient eux aussi aidé Rome, on accorda certaines cités. Aemilius Régillus, qui avait vaincu les préfets d'Antiochus dans un combat naval, célébra un triomphe naval. M'. Acilius Glabrio triompha d'Antiochus qu'il avait chassé de Grèce et des Étoliens. (trad. P. Jal, Paris, CUF) [38] Le consul M. Fulvius reçut la reddition, en Épire, des habitants d'Ambracie qu'il avait assiégée, soumit Céphallénie, réduisit complètement les Étoliens et leur accorda la paix. Son collègue, le consul Cn. Manlius, vainquit les Gallo-Grecs (Tolostobogiens, Tectosages et Trocmes) qui étaient passés en Asie sous la conduite de Brennus et étaient les seuls, en deçà du mont Taurus, à ne pas obéir à Rome. Leur origine et la façon dont ils ont occupé les territoires où ils se trouvent, font l'objet du récit. Est rapporté aussi, à propos d'une femme, un exemple de courage et de pudeur. Femme du roi des Gallo-Grecs, faite prisonnière, elle tua le centurion qui lui avait fait violence. Les censures procédèrent à la clôture du lustre. On recensa 258.310 citoyens. Un traité d'amitié fut conclu avec Ariarathe, roi de Cappadoce. Cn. Manlius, malgré l'opposition des dix légats sur l'avis desquels il avait rédigé le traité ave Antiochus, célébra un triomphe sur les Gallo- Grecs après avoir plaidé sa propre cause devant le sénat. Scipion l'Africain, à qui un procès avait été intenté, selon les uns, par le tribun de la plèbe Q.Pétilius, selon les autres, par Névius, parce qu'il avait fraudé le trésor public sur le butin pris à Antiochus, déclara, le jour venu, quand il eut été appelé aux rostres: "En e jour, Quirites, j'ai vaincu Carthage" et, suivi du peuple, monta au Capitole. Puis, pour ne plus être en butte aux attaques injustes des tribuns, il se retira pour un exil volontaire à Literne. On ne sait s'il mourut à cet endroit ou à Rome, car son monument funéraire se trouve aux deux endroits. Comme Lucius Scipion Asiaticus, frère de l'Africain, impliqué dans la même accusation de péculat et condamné, était conduit en prison pour y être enchaîné, le tribun de la plèbe Ti. Sempronius Gracchus, qui avait été auparavant l'ennemi des Scipions, fit intercession et, à la suite de ce service, épousa la fille de l'Africain. Comme les questeurs avaient été envoyés pour confisquer ses biens au nom de l'État, non seulement ils n'y trouvèrent pas la moindre trace de l'argent du roi, mais ils ne récupérèrent nullement une somme équivalant au montant de l'amende à laquelle il avait été condamné. Quant à la somme incalculable que lui avaient apportée ses parents et ses amis, il refusa de l'accepter; ce qui lui était nécessaire pour vivre, fut racheté. (trad. P. Jal, Paris, CUF) [39] Le consul M. Aemilius, ayant soumis les Ligures, prolongera la route allant de Plaisance à Ariminum et lui fit rejoindre la Via Flaminia. Les débuts de l'introduction à Rome, par l'armée d'Asie, des goûts pour le luxe, font l'objet du récit. Les Ligures, tous ceux qui se trouvaient en deçà de l'Apennin, furent soumis. Les Bacchanales, culte grec et nocturne, pépinière de tous les crimes, ayant fini par provoquer un complot entre un nombre considérable de gens, firent l'objet d'une enquête et furent supprimées, au prix du châtiment de beaucoup de gens. Les censeurs L. Valérius Flaccus et M. Porcius Caton (l'homme le plus remarquable qui soit, aussi bien dans les activités de la guerre que dans celles de la paix) exclurent du sénat L. Quintius Flamininus, frère de Titus, parce que - alors que, comme consul, il possédait la province de Gaule - il avait, dans un banquet, à la demande Philippe le Carthaginois, son mignon, un prostitué notoire, tué un Gaulois de sa main, ou bien, selon d'autres, parce qu'il avait fait frapper de la hache un condamné, à la demande d'une courtisane de Plaisance, dont il était éperdument amoureux. On possède encore le discours prononcé par M. Caton contre lui. Scipion mourut à Literne et, comme si la fortune voulait réunir aux environs de la même date les funérailles de deux hommes d'exception, Hannibal, au moment où Prusias, roi de Bithynie, près duquel il s'était réfugié après la défaite d'Antiochus, allait le livrer aux Romains qui avaient envoyé T. Quintius Flamininus pour le réclamer, se donna la mort par le poison. Philopoemen aussi, le général achéen, un homme d'exception, fut contraint par les Messéniens à mourir par le poison après qu'ils l'eurent capturé au cours d'une guerre. On déduisit les colonies de Potentia, de Pisaurum, de Modène et de Parme. Le livre contient en outre le récit des campagnes menées avec succès contre les Celtibères, ainsi que les débuts et les causes de la guerre de Macédoine. Celle-ci découla de ce que Philippe supportait difficilement de voir son royaume diminué par les Romains et était forcé de retirer ses garnisons des places thraces et d'autres lieux. (trad. P. Jal, Paris, CUF) [40] Philippe ayant donné l'ordre de rechercher, pour les faire mettre à mort, les fils des nobles qu'il tenait dans les chaînes, Théoxéna, redoutant pour ses enfants qui étaient d'une extrême jeunesse, la luxure du roi, fit apporter devant elle des épées et une coupe contenant du poison: elle réussit à les persuader d'échapper, en se tuant, à un outrage imminent et, après les en avoir persuadés, se tua elle aussi. Les querelles entre les fils de Philippe, roi de Macédoine, Persée et Démétrius, font l'objet du récit; on raconte aussi comment, par la tromperie de son frère, Démétrius fut d'abord accusé de forfaits imaginaires, parmi lesquels le délit de parricide et la tentative de s'emparer du trône, et finalement comment, parce qu'il était l'ami du peuple romain, il fut mis mort par le poison et comment le trône de Macédoine passa à Persée, à la mort de Philippe. Le livre contient de même le récit des campagnes menées avec succès par plusieurs généraux chez les Ligures et, en Espagne, contre les Celtibères. On déduisit la colonie d'Aquilée. Des livres de Numa Pompilius furent découverts par des cultivateurs travaillant dans le champ du scribe L. Pétillius, au pied du Janicule, enfermés dans un coffret de pierre, écrits en grec et en latin. Comme le préteur auquel ils avaient été apportés avait lu que la plupart des indications qu'ils contenaient étaient de nature à détruire les sentiments religieux, il déclara sous serment au sénat qu'il était contraire à l'intérêt de l'État qu'ils fussent lus et conservés. En vertu d'un sénatus-consulte, ils furent brûlés au comitium. Philippe, accablé de chagrin parce que, poussé par les fausses accusations de Persée, son second fils, il avait fait mourir son fils Démétrius par le poison, songea à tirer un châtiment de Persée et voulut plutôt laisser Antigone, son ami, comme successeur de son royaume, mais la mort l'enleva au milieu de ses projets. Ce fut Persée qui hérita du trône. (trad. P. Jal, Paris, CUF) [41] Le feu s'éteignit dans le temple de Vesta. Le proconsul Tib. Sempronius Gracchus vainquit les Celtibères, reçut leur soumission et fonda Gracchuris, une ville d'Espagne, en souvenir de ses actions. De son côté, le proconsul Postumius Albinus soumit les Vaccéens et les Lusitaniens. L'un et l'autre célébrèrent un triomphe. Antiochus, fils d'Antiochus, que son père avait donné en otage aux Romains, fut, à la mort de son frère Séleucus (qui avait pris la succession à la mort de son père), renvoyé de Rome dans le royaume de Syrie. À part ses sentiments religieux qui lui firent offrir beaucoup de temples magnifiques à de nombreux alliés, à Athènes, le temple de Jupiter Olympien, et, à Antioche, celui de Jupiter (Capitolin), il se conduisit en roi tout à fait méprisable. Les censeurs procédèrent à la clôture du lustre. On recensa 258.294 citoyens. Le tribun de la plèbe Q. Voconius Saxa déposa un projet de loi interdisant à une femme d'hériter. M. Caton soutint le projet. Son discours subsiste. Le livre contient en outre le récit des campagnes menées avec succès contre les Ligures, les Histriens, les Sardes et les Celtibères par plusieurs généraux ainsi que les débuts de la guerre de Macédoine que fomentait Persée, fils de Philippe. Celui-ci avait envoyé une ambassade aux Carthaginois et ces derniers lui avaient donné audience pendant la nuit. Mais il sollicitait aussi l'aide d'autres cités grecques. (trad. P. Jal, Paris, CUF) [42] Le censeur Q. Fulvius Flaccus dépouilla le temple de Junon Lacinia de ses tuiles de marbre pour couvrir le sanctuaire qu'il dédiait. Un sénatus-consulte ordonna de rapporter les tuiles. Eumène, roi d'Asie, se plaignit devant le sénat de Persée, roi de Macédoine, dont les actes dommageables envers le peuple romain sont mentionnés. C'est pourquoi, la guerre lui ayant été déclarée, le consul P.Licinius Crassus, qui en avait été chargé, passa en Macédoine et, au cours de petites expéditions et de combats de cavalerie, combattit en Thessalie contre Persée avec des résultats... Entre Masinissa et les Carthaginois, il y eut un différend à propos d'un territoire. Le sénat leur fixa une date pour en débattre. Des ambassades furent envoyées dans les cités alliées et chez les rois pour leur demander de rester fidèles, les Rhodiens ayant une attitude hésitante. Les censeurs procédèrent à la clôture du lustre. On recensa 267.231 citoyens. Le livre contient en outre le récit des campagnes menées avec succès contre les Corses et les Ligures. (trad. P. Jal, Paris, CUF) [43] Plusieurs préteurs furent condamnés pour avoir administré leurs provinces de façon cupide et cruelle. Le proconsul P.Licinius Crassus prit d'assaut plusieurs villes en Grèce et les pilla cruellement. Aussi les captifs qu'il avait fait vendre aux enchères furent-ils ensuite rétablis dans leurs droits par sénatus-consulte. De même les amiraux des flottes romaines commirent beaucoup d'exactions à l'égard des alliés. Le livre contient le récit des campagnes menées avec succès par le roi Persée en Thrace, après qu'il eut vaincu les Dardaniens et l'Illyrie dont le roi était Gentius. Le soulèvement provoqué en Espagne par Olonicus s'apaisa quand celui-ci eut été tué. M.Aemilius Lépidus fut choisi par les censeurs comme prince du sénat. (trad. P. Jal, Paris, CUF) [44] Q. Marcius Philippus pénétra en Macédoine par des défilés impraticables et occupa plusieurs villes. Les Rhodiens envoyèrent des ambassadeurs à Rome, menaçant de secourir Persée, si le peuple romain ne concluait pas un traité de paix et d'amitié avec lui. Cette démarche provoqua l'indignation. Comme cette guerre avait été confiée, l'année suivante, à L. Aemilius Paulus, consul pour la seconde fois, Paulus, après avoir prié dans une assemblée pour que tous les maux funestes menaçant le peuple romain fussent reportés sur sa famille, partit pour la Macédoine, vainquit Persée et fit passer toute la Macédoine en son pouvoir. Avant d'engager la bataille, il prédit à son armée, pour qu'elle ne s'en étonnât pas, une éclipse de lune pour la nuit suivante. Gentius, roi des Illyriens, qui s'était soulevé, fut lui aussi vaincu par le préteur L. Ancius, vint offrir sa soumission et fut envoyé à Rome avec sa femme, ses enfants et ses proches. Des ambassadeurs d'Alexandrie vinrent de la part des rois Cléopâtre et Ptolémée, se plaindre d'Antiochus, roi de Syrie, parce qu'il venait leur faire la guerre. Persée, qui avait sollicité l'aide d'Eumène, roi de Pergame, et de Gentius, roi des Illyriens, fut, parce qu'il ne leur donnait pas l'argent qu'il leur avait promis, abandonné par eux. (trad. P. Jal, Paris, CUF) [45] Persée fut fait prisonnier par Paul-Émile à Samothrace. Antiochus, roi de Syrie, assiégeait Ptolémée et Cléopâtre, rois d'Égypte, et le sénat lui avait envoyé des ambassadeurs pour lui ordonner de quitter le territoire du roi: comme, lorsque le message lui eut été délivré, le roi avait répondu qu'il considérerait ce qu'il devait faire, un des ambassadeurs, Popilius, fit un cercle autour du roi avec son bâton et lui ordonna de donner sa réponse avant de sortir du cercle. Cette manière brusque amena Antiochus à renoncer à la guerre. Des ambassades de peuples et de rois apportant leurs félicitations furent reçues au sénat, celle des Rhodiens qui, pendant cette guerre, avaient pris parti contre le peuple romain, ayant été rejetée. Comme, le lendemain, on demandait qu'on leur déclarât la guerre, les ambassadeurs plaidèrent devant le sénat la cause de leur patrie; on les renvoya en ne les considérant ni comme des alliés ni comme des ennemis. Une fois la Macédoine organisée en province, Paul-Émile triompha malgré l'opposition de ses propres soldats mécontents de l'insuffisance de leur butin et les objections de Servius Sulpicius Galba et il fit défiler Persée avec ses trois enfants devant son char. Pour empêcher qu'il n'éprouvât une joie complète à la suite de son triomphe, celle-ci fut entachée par les funérailles de ses deux fils: la mort du premier précéda le triomphe de son père, celle du second le suivit. Les censeurs procédèrent à la clôture du lustre. On recensa 312.805 citoyens. Prusias, roi de Bithynie, vint à Rome féliciter le sénat de la victoire remportée sur la Macédoine et recommanda son fils Nicomède au sénat. Le roi, plein d'adulation, se disait l'affranchi du peuple romain. (trad. P. Jal, Paris, CUF) [46] Le roi Eumène vient à Rome. Il avait gardé, dans la guerre de Macédoine, une neutralité suspecte; lui interdire l'entrée de Rome, c'était le déclarer ennemi; la lui permettre, c'était le décharger de tout soupçon; on porta alors une loi générale, qui défendait à tous les rois de venir à Rome. - Les consuls Claudius Marcellus et C. Sulpicius Gallus soumettent, l'un les Gaulois alpins, l'autre les Liguriens. - Les députés du roi Prusias viennent se plaindre d'Eumène qui ravageait leurs frontières, et l'accusent d'avoir conspiré, avec Antiochus, contre le peuple romain. On conclut un traité d'alliance avec les Rhodiens qui le sollicitaient. - Les censeurs ferment le lustre. Le cens donne trois cent vingt-sept mille vingt-deux citoyens. - M. Aemilius Lépidus est élu prince du sénat. - Ptolémée, roi d'Égypte, expulsé de ses états par son jeune frère, est rétabli par des députés envoyés de Rome. - À la mort d'Ariarathe, roi de Cappadoce, son fils Ariarathe lui succède sur le trône, et envoie des ambassadeurs pour renouveler son alliance avec le peuple romain. - Guerres, mêlées de succès et de revers, contre les Liguriens, les Corses et les Lusitaniens; troubles en Syrie à la mort d'Antiochos qui laissait un fils du même nom tout à fait en bas âge. - Démétrius, fils de Séleucus, qui avait été envoyé en otage à Rome, et que les Romains voulaient y retenir, fait mettre à mort secrètement cet Antiochos enfant avec son tuteur Lysias, et, lui- même, s'établit sur le trône. - Mort de L. Aemilius Paulus, le vainqueur de Persée. Tel avait été le désintéressement de celui qui avait rapporté d'Espagne et de Macédoine des richesses immenses, que la vente de ses biens ne put suffire à payer la dot de son épouse. - Les marais Pontins sont desséchés et convertis en terres labourables par le consul Cornélius Céthégus, à qui cette province était échue. (trad. Collection Nisard) [47] Cn. Trémellius, tribun du peuple, est condamné à une amende, pour s'être montré insolent dans un démêlé avec le grand pontife M. Aemilius Lépidus; et le droit de la religion fut plus puissant que celui de la magistrature. - Loi sur la brigue. - Clôture du lustre: trois cent trente-huit mille trois cent quatorze citoyens inscrits. - Aemilius Lépidus est nommé prince du sénat. - Les Ptolémées mettent fin à leurs dissensions par un traité, qui assure à l'un l'Égypte, à l'autre le royaume de Cyrène. - Ariarathe, roi de Cappadoce, expulsé de ses états par les intrigues et les armes de Démétrius, roi de Syrie, est rétabli par le sénat. On envoie des députés pour décider une question de territoire entre Masinissa et les Carthaginois. - Le consul C. Marcius, après avoir d'abord éprouvé quelques revers, remporte une victoire sur les Dalmates. Ce peuple, qui s'était attiré cette guerre pour avoir ravagé les terres des Illyriens, alliés du peuple romain, est soumis par le consul Cornélius Nasica. - Le consul Q. Opimius subjugue les Liguriens transalpins, qui pillaient et ravageaient le territoire d'Antibes et de Nice,villes des Massiliens. - Viennent ensuite les affaires d'Espagne et leurs mauvais succès sous différents chefs. - La 598e année de la fondation de Rome, les consuls entrent pour la première fois en charge , immédiatement après la dissolution des comices et la création des consuls de l'année suivante. La révolte des Espagnols est la cause de ce changement dans la tenue des comices. - Les députés envoyés pour juger le différend survenu entre Masinissa et les Carthaginois, rapportent qu'ils ont trouvé à Carthage des amas de matériaux pour les constructions navales. - Plusieurs préteurs, accusés d'exactions par les provinces, sont condamnés. (trad. Collection Nisard) [48] Les censeurs ferment le lustre: trois cent vingt-quatre mille citoyens inscrits. - Germes de la troisième guerre punique. À la nouvelle qu'une nombreuse armée de Numides, sous la conduite d'Arcobarzane, petit-fils de Syphax, était rassemblée sur les frontières carthaginoises, M. Porcius Caton demande que la guerre soit déclarée aux Carthaginois, pour avoir appelé Arcobarzane sur leur territoire, en apparence contre le roi Masinissa, mais en réalité contre les Romains. Sur l'avis contraire de P. Cornélius Nasica on décide que des députés seront envoyés pour examiner l'état des choses. Après avoir réprimandé sévèrement le sénat de Carthage, au sujet de l'armée et du matériel naval qu'ils avaient rassemblés en contravention au traité, les députés essaient de rétablir la paix entre les Carthaginois et Masinissa, qui consent à céder le territoire en litige. Le sénat avait déclarée s'en remettre à l'arbitrage des députés, lorsque Giscon, fils d'Hamilcar, homme turbulent, excite tellement par ses discours l'animosité de ses concitoyens contre les Romains, que les députés n'échappent aux violences que par la fuite. Cette nouvelle ne fait qu'augmenter les dispositions hostiles dans lesquelles se trouvait déjà le sénat, à l'égard des Carthaginois. - M. Porcius Caton ne peut, dans sa pauvreté, rendre à son fils, mort dans le prétoire, que les bonheurs funèbres les plus modestes. - On envoie à Rome Andriscus qui se donnait, avec la plus grande assurance, pour le fils de Persée, l'ancien roi de macédoine. - M. Aemilius Lépidus, qui pour la sixième fois avait été nommé prince du sénat par les censeurs, prescrit, avant d'expirer, à ses fils de n'employer ni lin, ni pourpre à couvrir le lit sur lequel son corps serait porté au bûcher; et de ne consacrer au reste de ses funérailles qu'une faible somme; parce que ce n'est pas le luxe, mais les images des ancêtres, qui donnent de l'éclat aux funérailles des grands hommes. - Enquête sur des empoisonnements. Publilia et Licinia, femmes de la noblesse, qui étaient accusées d'avoir fait périr leurs maris, personnages consulaires, sont mises à mort sur le jugement de la famille, après que l'affaire eut été instruite, et qu'elles eurent donné caution au préteur. - Gulussa, fils de Masinissa, dénonce les levées de troupes qui se font à Carthage, l'armement d'une flotte, et des préparatifs de guerre qui ne laissent plus d'incertitude. - Caton demande que la guerre soit déclarée, P. Cornélius Nasica vent qu'on ne fasse rien à la légère, et l'on décide que dix députés seront envoyés pour s'assurer de la vérité. - Les consuls L. Licinius Lucullus et A. Postumius Albinus mettent la plus grande rigueur dans la levée des troupes et n'accordent de grâce à personne. Les tribuns du peuple, ne pouvant obtenir d'exemption pour leurs amis, jettent les consuls en prison. - La guerre d'Espagne, malheureuse à plusieurs reprises, avait jeté un tel trouble parmi les citoyens, qu'on ne trouvait personne qui voulût partir comme tribun ou comme lieutenant. Alors P. Cornélius Aemilianus s'avance et déclare qu'il est prêt à accepter tout service militaire qui lui sera imposé, quel qu'il soit. Son exemple ranime l'ardeur de tous pour la guerre. - Tous les peuples de la Celtibérie semblaient disposés à une attaque générale, lorsque le consul L. Lucullus, qui avait succédé à M. Claudius Marcellus, soumet les Vaccéens et les Cantabres, et d'autres peuples inconnus de l'Espagne. - C'est dans cette guerre que P. Cornélius Africanus Scipion Aemilianus, fils de L. Paulus, et petit-fils, par adoption, de l'Africain, étant alors tribun militaire, tue de sa main un barbare qui l'avait provoqué au combat; il affronte encore un plus grand danger au siège de la ville d'Intercatie, dont le premier il franchit le rempart. -Le préteur Ser. Sulpicius Galba est défait dans un combat contre les Lusitaniens. - Les députés reviennent d'Afrique avec les ambassadeurs carthaginois et Gulussa, fils de Masinissa, et rapportent qu'ils ont vu à Carthage une armée et une flotte. L'affaire est mise en délibération dans le sénat. Caton et d'autres principaux sénateurs veulent qu'on fasse passer sans délai une armée en Afrique; mais sur l'opposition de P. Cornélius Nasica, qui ne trouve pas encore là un motif de rupture assez légitime, on décide qu'on n'aura pas recours aux armes, si les Carthaginois brûlent leur flotte et licencient leur armée; sinon les prochains consuls devront faire un rapport sur la guerre punique. - Un théâtre avait été mis en adjudication par les censeurs, et se construisait lorsque un sénatus-consulte, rendu sur la proposition de P. Cornélius Nasica, le fait détruire comme inutile et contraire aux moeurs publiques; et pendant quelque temps encore le peuple assiste debout aux jeux. - Masinissa, âgé de quatre-vingt-douze ans et habitué à ne prendre d'autre nourriture que du pain sec, défait les Carthaginois qui lui avaient déclaré la guerre en violation du traité, et qui par là attirèrent en outre sur eux les armes romaines. (trad. Collection Nisard) [49] Troisième guerre punique commencée la 601e année de la fondation de Rome, et terminée au bout de cinq ans. - Un débat s'élève entre M. Porcius Caton et Scipion Nasica, le premier regardé comme le citoyen le plus sensé de Rome, le second tenu de plus, au jugement du sénat, pour le plus honnête. Caton voulait la guerre, il voulait abattre et anéantir Carthage; Nasica était d'un autre avis. Il est décidé cependant que la guerre sera déclarée aux Carthaginois, pour avoir construit des vaisseaux en violation du traité, pour avoir passé les frontières avec une armée, pour avoir porté la guerre à Masinissa, ami et allié du peuple romain, et pour avoir refusé de recevoir, dans leur ville, Gulussa, fils de Masinissa, qui accompagnait les députés romains. - Avant qu'aucune troupe ait été embarquée, arrivent à Rome des députés d'Utique, apportant une entière soumission de leurs personnes et de leurs biens. - Cette ambassade, acceptée comme un heureux présage, fut aussi agréable au sénat qu'amère aux Carthaginois. - Comme le prescrivaient les livres sibyllins, on célèbre sur le Tarentum, en l'honneur de Pluton, les jeux célébrés cent ans auparavant, pendant la première guerre punique, la 501e année de la fondation de Rome. - Trente députés viennent à Rome apporter la soumission des Carthaginois. - Caton fait triompher son avis de maintenir le décret et d'ordonner aux consuls d'entrer en campagne le plus tôt possible. Ceux-ci passent en Afrique, et se font d'abord livrer trois cents otages et toutes les armes, tous les instruments de guerre qui se trouvaient à Carthage; mais lorsque, conformément aux ordres du sénat, ils enjoignent aux Carthaginois de transporter leur ville dans un autre endroit qui soit éloigné de la mer de dix mille pas au moins, alors l'atrocité de la sentence exaspère les Carthaginois et les force à la guerre. - Les consuls L. Marcius et M'. Manilius commencent le siège et l'attaque de Carthage. Dans cette attaque, deux tribuns qui s'étaient jetés témérairement avec leurs cohortes sur une partie de la muraille négligemment gardée, se trouvaient dans un pressant danger, lorsqu'ils sont dégagés par Scipion l'Africain. Aidé de quelques cavaliers il sauve aussi un fort des Romains qui allait être emporté de nuit; et c'est encore à lui qu'est attribué le principal honneur d'avoir délivré le camp assiégé par les Carthaginois, qui avaient fait une sortie générale de toutes leurs forces. - Pendant l'absence de son collègue, que les consuls avaient appelé à Rome, le consul voyant ses efforts inutiles, lève le siège et mène son armée à la rencontre d'Asdrubal, qui avait pris position avec un corps de troupes dans un défilé escarpé. Scipion dissuade d'abord le consul d'engager le combat sur un terrain aussi défavorable; mais l'avis du plus grand nombre, envieux de son habileté et de son courage, l'ayant emporté, il pénètre avec les autres dans le défilé, et ses prédictions se réalisent: l'armée romaine est battue et mise en fuite, deux cohortes sont assiégées par l'ennemi. Il rentre alors dans le défilé avec quelques escadrons de cavalerie, dégage les cohortes et protège leur retour. Son courage trouve un admirateur dans Caton lui-même, si prompt d'ordinaire au blâme, et qui va jusqu'à dire dans le sénat que tous ceux qui servaient en Afrique n'étaient que des ombres, qu'il n'y avait de vigueur que dans Scipion. La faveur du peuple romain s'attache si vivement à lui, que dans les comices la plupart des tribus inscrivent son nom pour le consulat, bien que son âge s'y oppose. - L. Scribonius, tribun du peuple, ayant proposé une loi pour rendre à la liberté les Lusitaniens qui s'étaient livrés à la foi du peuple romain, et que Ser. Galba avait fait vendre en Espagne, est chaudement appuyé par Caton, dont le discours existe encore et se trouve dans ses Annales. - Q. Fulvius Nobilior, qui, lui aussi, avait été souvent l'objet des attaques de Caton dans le sénat, répond pour Galba; et Galba lui-même, se voyant près d'être condamné, embrasse ses deux fils couverts de la prétexte et le fils de Sulpicius Gallus son pupille, et se défend en termes si pathétiques que la loi est rejetée. Il existe trois discours de Galba, deux au sujet des Lusitaniens contre le tribun du peuple Libon et sa rogation, un autre contre L. Cornélius Céthégus, dans lequel il déclare avoir fait massacrer les Lusitaniens qui avaient leur camp auprès du sien, parce qu'il avait acquis la certitude qu'après avoir, suivant leur usage, immolé un cheval avec son cavalier, ils voulaient, en affectant des intentions pacifiques, assaillir son armée. - Un certain Andriscus, homme de la plus basse naissance, qui se donnait pour le fils du roi Persée, et avait changé son nom en celui de Philippe, s'échappe secrètement de Rome, où l'avait envoyé, à cause de ce mensonge même, Démétrius, roi de Syrie; et cette fable trouvant autant de crédit que la vérité, il voit accourir auprès de lui assez de monde pour en former une armée, et bientôt les armes ou la bonne volonté de la nation le rendent maître de toute la Macédoine. Voici l'histoire qu'il avait inventée: Né du roi Persée et d'une de ses concubines, il avait été confié, pour être élevé, à un certain Crétois, afin que dans les hasards de la guerre que le roi soutenait alors contre les Romains, il pût survivre quelque rejeton de la race royale. Après la mort de Persée, il fut élevé à Hydramyte jusqu'à l'âge de douze ans, ignorant sa naissance, et se croyant le fils de celui qui l'élevait. Celui-ci étant tombé malade, et voyant approcher son dernier jour, avait alors dévoilé son origine et confié à celle qui passait pour sa mère un petit écrit marqué du sceau du roi Persée, qu'elle devait lui remettre lorsqu'il aurait atteint la puberté, la conjurant, par les dernières prières, de tenir la chose dans le secret jusqu'à ce moment. Devenu pubère, on lui avait remis cet écrit dans lequel il était dit que son père lui laissait deux trésors; et alors la femme, qui avait le secret de cette substitution, lui découvrit sa véritable origine qu'il ignorait, et le supplia, s'il voulait éviter la mort, de quitter ces lieux avant que la chose arrivât aux oreilles d'Eumène, l'ennemi de Persée. Plein de frayeur, il se rendit en Syrie où il espérait trouver quelque secours en Démétrius; et ce fut là que, pour la première fois, il osa divulguer sa condition. (trad. Collection Nisard) [50] La Thessalie, que le Pseudo-Philippe voulait aussi envahir et occuper à main armée, est protégée par les Achéens que les députés romains avaient appelés à la défense de ce pays. - Prusias, roi de Bithynie, qui régnait sur les vices les plus ignobles, est mis à mort par son fils Nicomède, secondé par Attale, roi de Pergame. Il avait un autre fils qui était né, dit-on, avec la mâchoire supérieure formée d'un seul os continu. - Des trois députés que les Romains avaient envoyés pour réconcilier Nicomède et Prusias, l'un avait la tête couverte de cicatrices, un autre, les jambes impotentes, et le troisième passait pour avoir l'esprit inerte; ce qui fit dire à Caton que cette ambassade n'avait ni tête, ni pieds, ni coeur. La Syrie possédait à cette époque un roi de même origine que celui de Macédoine, et qui égalait Prusias en mollesse et en lâcheté. Toujours gisant dans les lieux de débauche et de prostitution, il laissait régner Ammonius, qui fit périr tous les amis du roi, la reine Laodice, et Antigone, fils de Démétrius. - Masinissa, roi de Numidie, cet homme si remarquable, meurt à l'âge de quatre-vingt-dix ans. Telle fut sa vigueur, même dans sa vieillesse, qu'entre autres actes d'un âge moins avancé, qu'il accomplit dans ses derniers jours, on peut citer la naissance d'un enfant qu'il eut dans sa quatre-vingt-sixième année. Il avait trois fils Micipsa, l'aîné, Gulussa et Mastanabal, qui était instruit même dans les lettres grecques. Il leur laissa son royaume en commun, en leur ordonnant de prendre pour arbitre du partage, Scipion Émilien, qui divisa entre eux l'administration. - Phameas Himilcon, commandant de la cavalerie carthaginoise, homme brave, et la principale ressource des Carthaginois, passe aux Romains avec ses troupes, à l'instigation de Scipion. - Une tempête engloutit dans les flots Claudius Marcellus, un des trois députés envoyés à Masinissa. - Les Carthaginois tuent au milieu du sénat, leur préteur Asdrubal, petit-fils de Masinissa, qu'ils soupçonnaient de trahison, à cause de sa parenté avec Gulussa, auxiliaire des Romains. - Scipion Émilien, qui demandait l'édilité, est désigné par le peuple pour le consulat. Comme il n'avait pas les conditions d'âge requises il est exempté des lois et, après quelque opposition de la part du sénat, il est nommé consul par les suffrages empressés des plébéiens. - M'. Manilius emporte d'assaut plusieurs villes situées aux alentours de Carthage. - En Macédoine, le Pseudo-Philippe taille en pièces le préteur P. Juventius avec son armée; mais il est vaincu à son tour et fait prisonnier par Q. Caecilius; et la Macédoine rentre sous la domination romaine. (trad. Collection Nisard) [51] Carthage, qui enfermait dans son enceinte une étendue de terrain de vingt-trois mille pas, est prise en détail après un long et pénible siège, d'abord par le lieutenant Mancinus, ensuite par le consul Scipion, à qui la province d'Afrique avait été donnée directement sans tirage au sort. - Les Carthaginois étaient parvenus à creuser un nouveau port (toutes les issues de l'ancien étant gardées par Scipion ), et à rassembler en secret, et en un court espace de temps, une flotte immense; mais ils ne furent pas plus heureux sur mer que sur terre. Scipion détruit, avec l'armée qu'il renfermait, le camp de leur général Asdrubal, assis dans une position de difficile accès, près de la ville de Nepherin; et s'empare enfin de la ville, la 700e année de sa fondation. La plus grande partie du butin fut restituée aux Siciliens, sur qui elle avait été prise. - Au dernier instant de l'existence de Carthage Asdrubal était venu se livrer à Scipion; mais son épouse, qui peu de jours auparavant n'avait pu obtenir de son mari de passer comme transfuge au vainqueur, se précipita du haut d'une tour avec ses deux enfants au milieu des flammes qui dévoraient la ville. - À l'exemple de son frère naturel Paul-Émile, le vainqueur de la Macédoine, Scipion, donna des jeux publics, et exposa aux bêtes les transfuges et les fugitifs. - Origine de la guerre achéenne; violences exercées, par les Achéens, sur les députés du peuple romain envoyés à Corinthe pour séparer de la ligue achéenne les villes qui avaient été sous la domination de Philippe. (trad. Collection Nisard) [52] Combat près des Thermopyles entre Q. Caecilius Metellus et les Achéens, ayant pour auxiliaires les Béotiens et Chalcidiens. Les Achéens sont vaincus, et leur chef Critolaüs s'empoisonne. Diaeus, instigateur de cette guerre, nommé général à la place de Critolaüs, est défait près de l'isthme par le consul L. Mummius, qui reçoit toute l'Achaïe à discrétion, et détruit Corinthe en vertu d'un sénatus-consulte, qui la punissait ainsi de l'outrage fait aux députés romains. Thèbes et Calchis, qui avaient secouru les Achéens, éprouvent le même sort. L. Mummius donna, en cette occasion, un grand exemple de désintéressement: de toutes les richesses, de tous les ornements qui abondaient dans l'opulente Corinthe, il n'entra rien dans sa maison. - Q. Caecilius Metellus triomphe d'Andriscus, P. Cornélius Africanus Aemilianus Scipion, de Carthage et d'Asdrubal. - En Espagne, Viriathe, d'abord simple pasteur, puis chasseur, et de chasseur devenu brigand, et bientôt chef d'une véritable armée, se rend maître de toute la Lusitanie. Le préteur M. Vétilius est pris et son armée mise en déroute; son successeur dans la préture, M. Plautius, n'est pas plus heureux que lui; et bientôt la terreur qu'inspire cet ennemi devient telle qu'il faut employer contre lui une armée et un chef consulaires. - Troubles de la Syrie et guerres entre les rois. Alexandre, homme inconnu et de naissance obscure, régnait en Syrie, après avoir tué, comme nous l'avons dit, le roi Démétrius. Le fils de Démétrius, que son père avait envoyé autrefois à Cnidos pour le mettre à l'abri des hasards de la guerre, aidé par Ptolémée, roi d'Égypte, dont il avait épousé la fille Cléopâtre, et méprisant la lâcheté et la mollesse d'Alexandre, l'attaque et le tue. Ptolémée, blessé grièvement à la tête, meurt pendant que les médecins lui faisaient l'opération du trépan; et son jeune frère Ptolémée, qui régnait à Cyrène, lui succède. - Les cruautés et les tortures que Démétrius exerçait sur les siens révoltent un de ses sujets nommé Diodotus, qui revendique le trône pour le fils d'Alexandre, à peine âgé de deux ans. Démétrius, vaincu dans un combat, s'enfuit à Séleucie. - L. Mummius triomphe des Achéens, et fait porter dans son triomphe des tableaux peints et des statues d'airain et de marbre. (trad. Collection Nisard) [53] Le consul Appius Claudius subjugue les Salasses, peuplade des Alpes. - En Macédoine, un autre Pseudo-Philippe est taillé en pièces avec son armée par le questeur L. Trémellius. - Les Celtibères sont défaits par le proconsul Q. Caecilius Métellus. - Le proconsul Q. Fabius emporte plusieurs villes d'assaut et fait rentrer dans l'obéissance une grande partie de la Lusitanie. - Le sénateur Acilius écrit en grec l'histoire romaine. (trad. Collection Nisard) [54] En Espagne le consul Q. Pompéius soumet les Termestins; il conclut, avec ceux-ci et avec les Numantins, une paix honteuse. - Les censeurs ferment le lustre: le cens donne trois cent vingt-huit mille quatre cent quarante-deux citoyens. - Les députés de la Macédoine viennent se plaindre du préteur D. Junius Silanus, qui, après avoir reçu de l'argent, avait encore exercé toutes sortes de spoliations dans la province. Le sénat voulait instruire sur ces plaintes; mais T. Manlius Torquatus, père de Silanus, demande et obtient que l'instruction lui soit confiée; et après avoir pris chez lui connaissance de l'affaire, il condamne son fils et le déshérite. Celui-ci ayant mis fin à ses jours en se pendant, le père n'assista pas même à ses funérailles; mais il se tint dans sa maison comme à son ordinaire, donnant audience à ceux qui venaient le consulter. - Le proconsul Q. Fabius déshonore ses exploits en Espagne en traitant d'égal à égal avec Viriathe. Celui-ci est assassiné par des traîtres soudoyés par Servilius Caepion; il est vivement regretté de toute son armée qui lui fait de magnifiques funérailles. Grand homme et grand général, presque toujours vainqueur pendant les quatorze années qu'il fut en guerre avec les Romains. (trad. Collection Nisard) [55] Les consuls P. Cornelius Nasica, celui que le tribun du peuple Curiatius avait surnommé en plaisantant Sérapion, et D. Junius Brutus, procédant à la levée des troupes, font en présence des nouvelles recrues un exemple des plus salutaires: C. Matiénus, accusé devant les tribuns du peuple d'avoir déserté l'armée en Espagne, et condamné, est longtemps battu de verges sous la fourche, puis vendu à vil prix. - Les tribuns du peuple ne pouvant obtenir l'exemption du service qu'ils sollicitaient pour dix soldats, font conduire les consuls en prison. - En Espagne, le consul Junius Brutus donne à ceux qui avaient servi sous Viriathe des terres et une ville qui fut appelée Valentia. - Le sénat déclare nul le traité conclu avec les Numantins, qui défont et mettent en fuite M. Popilius. - Pendant que le consul C. Hostilius Mancinus accomplissait un sacrifice, les poulets s'échappent de leur cage. En outre, au moment où il s'embarquait pour l'Espagne, on entendit une voix qui criait: "Arrête, Mancinus"; sinistres présages, comme l'événement le prouva. Vaincu par les Numantins, chassé de son camp, sans espoir de sauver son armée, il fait avec eux une paix ignominieuse, que le sénat ne voulut pas ratifier. Trente mille Romains avaient été vaincus par quatre mille Numantins. - D. Junius Brutus emporte trente villes d'assaut, et soumet toute la Lusitanie jusqu'au couchant et à l'Océan. Ses soldats refusant de passer le fleuve Oblivio, il arrache un étendard des mains de celui qui le porte, traverse le fleuve et se fait suivre ainsi de son armée. - Le roi de Syrie, fils d'Alexandre (Balas), âgé d'environ dix ans, est mis à mort perfidement par son tuteur Diodotus, surnommé Tryphon. Celui-ci avait corrompu les médecins, qui, faisant croire au peuple que le jeune roi souffrait de la gravelle, le tuèrent en l'opérant. (trad. Collection Nisard) [56] Dans l'Espagne ultérieure D. Junius Brutus remporte une victoire sur les Gallèques. Moins heureux dans un combat contre les Vaccéens, le proconsul M. Aemilius Lépidus renouvelle le désastre numantin. Pour délier le peuple romain de la foi due au traité conclu par Mancinus, on livre son auteur aux Numantins qui ne veulent pas le recevoir. - Clôture du lustre par les censeurs: trois cent vingt-trois mille neuf cent vingt-trois citoyens inscrits. - Le consul Fulvius Flaccus soumet les Vardéens, peuple d'Illyrie. - En Thrace, le préteur M. Cosconius défait les Scordisques. - Pour mettre un terme à cette honteuse guerre des Numantins, que faisait durer l'impéritie des généraux, le sénat et le peuple romain défèrent spontanément le consulat à Scipion l'Africain. Comme il ne pouvait le prendre sans violer la loi qui défendait de nommer le même homme deux fois consul, il est exempté des lois, comme à son premier consulat. - La guerre des esclaves, qui avait commencé en Sicile, n'ayant pu être étouffée par les préteurs, est confiée aux soins du consul C. Fulvius. Le promoteur de cette guerre était un esclave nommé Eunus, syrien de naissance, qui commença par rassembler quelques esclaves de la campagne, ouvrit les ergastules et parvint à se former une armée. Un autre esclave, nommé Cléon, rallia autour de lui jusqu'à soixante-dix mille hommes; et les deux troupes réunies commencèrent une longue guerre contre le peuple romain et ses armées. (trad. Collection Nisard) [57] Scipion l'Africain assiège Numance et rétablit dans l'armée corrompue par la licence et la mollesse, la discipline militaire la plus rigoureuse. Il supprime tout instrument de luxe et de plaisir, et chasse du camp deux mille prostituées; chaque jour il tient le soldat au travail et le force à porter sept pieux et trente jours de vivres. Un soldat supportait-il ce fardeau avec humeur: "Lorsque tu sauras te faire un rempart de ton épée, lui disait-il, tu cesseras alors de porter des retranchements." Un autre maniait-il facilement un petit bouclier, il lui en faisait porter un plus grand; il ne le blâmait cependant pas de mieux se servir du bouclier que de l'épée. Quiconque était surpris hors des rangs était puni du sarment s'il était Romain, du bâton s'il était étranger. De crainte que les bêtes de somme ne diminuent le travail du soldat, il les fait toutes vendre. Les sorties de l'ennemi sont souvent repoussées avec succès. - Les Vaccéens, assiégés de toutes parts, se tuent sur les cadavres de leurs femmes et de leurs enfants. - Antiochus, roi de Syrie, envoie à Scipion de magnifiques présents. Contrairement à l'usage des autres généraux, qui recevaient en secret les présents des rois, Scipion déclare qu'il les acceptera à son tribunal, et ordonne au questeur de les porter sur les registres publics; c'est là qu'il prendra de quoi récompenser les braves. Il était parvenu à enfermer Numance de tous côtés, et il voyait les assiégés pressés par la famine; il défend alors de tuer ceux qui sortiraient pour fourrager: "Plus ils seront, disait-il, plus ils consommeront vite ce qu'il leur reste de vivres." (trad. Collection Nisard) [58] Malgré l'opposition du sénat et des chevaliers, Tib. Sempronius Gracchus, tribun du peuple, propose une loi agraire qui défend de posséder plus de cinq cents arpents des terres publiques. Il se porte à de tels excès qu'il fait abroger par une loi le pouvoir de son collègue, M. Octavius, qui soutenait le parti contraire, et se nomme lui, son frère Gracchus, et Appius Claudius, son beau-père, triumvirs pour le partage des terres. Il promulgue une autre loi agraire, dont les dispositions sont encore plus larges, et qui permet aux mêmes triumvirs de décider si telle ou telle terre est du domaine public ou du domaine privé. - Puis comme il n'y avait pas assez de terres pour qu'on pût faire un partage qui satisfît même les plébéiens, dont la cupidité était excitée outre mesure, il annonce qu'il va promulguer une loi pour distribuer l'argent provenant du roi Attale à tous ceux qui, d'après la loi Sempronia, devaient recevoir des terres. Attale, fils d'Eumène, avait en effet institué le peuple romain son héritier. Ces scandales soulèvent l'indignation des sénateurs, et entre tous de T. Annius, homme consulaire, qui après avoir parlé contre Gracchus dans le sénat, entraîné par celui-ci devant le peuple et dénoncé aux plébéiens, monte à la tribune et l'accuse encore. Gracchus voulait se faire nommer tribun du peuple une seconde fois, quand les patriciens excités par P. Cornélius Nasica, brisent les bancs, l'en frappent et le mettent à mort au Capitole; son corps, privé de sépulture et confondu parmi ceux des autres victimes de cette sédition, est jeté dans le fleuve. - Vient ensuite le récit des événements divers de la guerre des esclaves en Sicile. (trad. Collection Nisard) [59] Les Numantins, réduits à l'extrémité par la famine, viennent se rendre les uns après les autres et se tuer ensuite de leur propre main. Scipion l'Africain détruit la ville et en triomphe, quatorze ans après la ruine de Carthage. - Le consul P. Rupilius termine la guerre des esclaves en Sicile. - Aristonicus, fils du roi Eumène, s'empare de l'Asie Mineure, qui devait être libre, ayant été laissée en héritage au peuple romain par le testament d'Attale. - P. Licinius Crassus, consul et grand pontife (ce qui n'était jamais arrivé auparavant), sort de l'Italie pour combattre Aristonicus. Il est vaincu et tué. - Le consul M. Perperna défait Aristonicus, qui se rend à discrétion. - Le lustre est fermé par les censeurs Q. Pompéius et Q. Métellus, choisis tous deux pour la première fois parmi les plébéiens. - Le cens donne trois cent sept mille huit cent vingt-trois citoyens, outre les veuves et les pupilles. - Le censeur Q. Metellus propose de contraindre tous les citoyens à se marier pour avoir des enfants. Le discours qu'il prononça dans cette circonstance existe encore, et César Auguste, quand il s'occupait d'encourager le mariage dans les différents ordres de l'État, le lut dans le sénat parce qu'il semblait composé pour la circonstance. - Le tribun du peuple, C. Atinius Labeo, veut faire précipiter de la roche Tarpéienne le censeur Q. Métellus qui l'avait omis sur les listes du sénat; il en est empêché par l'intervention des autres tribuns. - Le tribun du peuple Carbon présente une rogation pour permettre au peuple de nommer le même tribun autant de fois qu'il voudra. Scipion l'Africain s'élève contre cette proposition dans un éloquent discours où il disait que la mort de Tib. Gracchus était méritée. - Gracchus défend la rogation, mais l'avis de Scipion prévaut. - Guerres entre Antiochus, roi de Syrie, et Phraates, roi des Parthes. - L'Égypte n'est pas dans une situation plus calme. Ptolémée Évergète, que son excessive cruauté rendait odieux aux siens, voit son palais incendié par le peuple, et s'enfuit à Chypre. Cléopâtre, sa soeur et son épouse, qu'il avait répudiée pour épouser la fille de celle-ci, vierge encore, et à laquelle il avait fait violence, est appelée au trône par le peuple. Ptolémée irrité fait mettre à mort en Chypre, le fils qu'il avait eu d'elle, et envoie à la mère la tête, les mains et les pieds de son enfant. - Troubles excités par Fulvius Flaccus, C. Gracchus et C. Papirius Carbon, triumvirs nommés pour le partage des terres. P. Scipion l'Africain, qui s'était montré leur adversaire, est trouvé mort dans son lit, quand la veille il était rentré chez lui plein de santé et de vigueur. Des soupçons d'empoisonnement se portent sur son épouse Sempronia, en raison surtout de ce qu'elle était soeur des Gracques, ennemis des Scipions. Cependant cette mort n'est l'objet d'aucune enquête. Scipion mort, les séditions triumvirales recommencent avec plus de fureur. - Le Iapydes font éprouver au consul Sempronius un revers qui est bientôt réparé par une victoire, due surtout au courage de D. Junius Brutus, le même qui avait soumis la Lusitanie. (trad. Collection Nisard) [60] Le consul L. Aurélius réduit les Sardes révoltés. - M. Fulvius Flaccus envoyé au secours des Massiliens, dont les Gaulois Salluviens ravageaient le territoire, soumet, le premier, par les armes, les Liguriens de la Gaule transalpine. Le préteur L. Opimius reçoit à discrétion les Frégellans révoltés et détruit Frégelles. - Peste en Afrique engendrée, dit-on, par des nuées de sauterelles, que l'on extermine et dont les débris restent sur le sol. - Clôture du lustre par les censeurs: trois cent quatre-vingt dix-sept mille sept cent trente-six citoyens inscrits au cens. - Le tribun du peuple, C. Gracchus, frère de Tibérius, et encore plus éloquent que lui, fait passer plusieurs lois pernicieuses; une loi frumentaire entre autres, qui accordait aux plébéiens cinq sixièmes de mesure de blé; la loi agraire que son frère avait déjà portée, et une autre loi encore pour se concilier l'ordre des chevaliers qui faisait alors cause commune avec le sénat. Cette loi portait que six cents chevaliers seraient choisis pour le sénat, et, comme il n'y avait à cette époque que trois cents sénateurs, qu'à ces trois cents sénateurs seraient adjoints les six cents chevaliers; c'était donner aux chevaliers les deux tiers des voix dans le sénat. Continué dans le tribunat pour l'année suivante, il fit passer plusieurs lois agraires qui fondaient de nombreuses colonies en Italie, et une sur le sol où avait existé Carthage. Il conduisit lui-même cette dernière colonie, en qualité de triumvir. - Récit de l'expédition de Q. Métellus contre les habitants des îles Baléares. Ces îles sont appelées, par les Grecs, Gymnésies, parce que les habitants y passent l'été sans vêtements; le nom de Baléares vient de l'action de lancer des traits, ou de Balius, compagnon d'Hercule, que le héros abandonna dans ces parages, lorsqu'il mit à la voile pour aller trouver Géryon. - Récit des troubles de la Syrie. - Cléopâtre, indignée de ce que Démétrius, son mari, après avoir tué son père, avait pris le diadème sans son ordre, le fait mettre à mort avec son fils Séleucus. (trad. Collection Nisard) [61] Le proconsul C. Sextius, vainqueur des Salluviens, fonde la colonie d'Aquae Sextiae, ainsi appelée du nom de son fondateur et de l'abondance de ses sources d'eaux chaudes et froides. - Le proconsul Cn. Domitius remporte, près de Vindalium, une victoire sur les Allobroges, qui s'étaient attiré cette guerre pour avoir reçu dans sa fuite. et aidé de tous leurs moyens, Teutomatius, roi des Salluviens, et pour avoir ravagé le territoire des Éduens, alliés du peuple romain. - À l'expiration de son séditieux tribunat, C. Gracchus occupe aussi l'Aventin avec une multitude en armes. Le consul L. Opimius, à la tête du peuple appelé aux armes par un sénatus-consulte, l'en chasse et le tue ainsi que Fulvius Flaccus, homme consulaire, et complice de ses fureurs. - Le consul Q. Fabius Maximus, petit-fils de Paul Émile, remporte une victoire sur les Allobroges et sur Bituitus, roi des Arvernes. Cent vingt mille hommes de l'armée de Bituitus furent taillés en pièces. Lui-même, étant parti pour Rome afin de satisfaire aux ordres du sénat, fut retenu et mis en surveillance à Albe, parce que son retour en Gaule paraissait dangereux. On ordonne aussi par un décret de saisir son fils Congennetiacus, et de l'envoyer à Rome. - Les Allobroges sont reçus à discrétion. - L. Opimius, accusé devant le peuple par le tribun Q. Décius, d'avoir jeté des citoyens en prison sans condamnation, est absous. (trad. Collection Nisard) [62] Le consul Q. Marcius subjugue les Stynes, peuplade des Alpes. - Micipsa, roi des Numides, meurt et laisse son royaume à ses trois fils, Adherbal, Hiempsal et Jugurtha, fils de son frère et qu'il avait adopté. - L. Caecilius Métellus soumet les Dalmates. - Jugurtha attaque son frère Hiempsal, le défait et le tue; il chasse de son royaume Adherbal, que le sénat y rétablit. - Les censeurs L. Caecilius Métellus et Cn. Domitius Ahenobarbus excluent du sénat trente-deux sénateurs. - Guerres intestines entre les rois de Syrie. (trad. Collection Nisard) [63] En Thrace, mauvais succès du consul Porcius Caton contre les Scordisques. - Clôture du lustre par les censeurs: trois cent quatre-vingt-quatorze mille trois cent trente-six citoyens inscrits au cens. - Les vestales Aemilia Licinia et Marcia sont condamnées pour inceste. Toutes les circonstances de ce crime, sa découverte, sa punition, sont racontées dans ce livre. - Les Cimbres, nation vagabonde, portent la dévastation en Illyrie, et mettent en fuite le consul Papirius Carbon avec son armée. - En Thrace, le consul Livius Drusus remporte une victoire sur les Scordisques, peuple originaire de la Gaule. (trad. Collection Nisard) [64] Jugurtha poursuit de ses armes Adherbal, l'assiège dans Cirta, et le fait mettre à mort malgré les ordres à lui intimés par le sénat. En conséquence la guerre est déclarée à Jugurtha; le consul Calpurnius Bestia, chargé de la diriger, fait la paix avec le Numide, sans l'ordre du sénat et du peuple. Jugurtha, sommé, au nom de la foi publique, de faire connaître ceux dont il a suivi les conseils, et accusé en outre d'avoir corrompu, par ses largesses plusieurs membres du sénat, vient à Rome, où il fait tuer un petit roi nommé Massiva, parce qu'il profitait des mauvaises dispositions du peuple romain à son égard pour chercher à le déposséder de son royaume. Comme ce meurtre le met en péril et qu'il se voit l'objet d'une accusation capitale, il s'enfuit secrètement et sort de Rome en s'écriant, dit-on: "O ville vénale, qui périrait bientôt si elle trouvait un acheteur!" - Le lieutenant A. Postumius, battu dans un combat contre Jugurtha, ajoute encore à ce revers la honte d'une paix ignominieuse que le sénat refuse de ratifier. (trad. Collection Nisard) [65] Le consul Q. Caecilius Métellus défait Jugurtha dans deux combats et ravage toute la Numidie. - M. Junius Silanus, consul, est vaincu dans un combat contre les Cimbres. Leurs députés viennent demander une demeure et des terres où ils puissent s'établir; le sénat refuse. - Le proconsul M. Minucius remporte une victoire sur les Thraces. - Le consul L. Cassius est taillé en pièces avec son armée, sur les frontières des Allobroges par les Gaulois Tigurins, peuplade helvétique qui s'était séparée du reste de la nation. Les soldats qui avaient échappé à ce désastre entrent en composition avec les ennemis, et obtiennent la vie sauve en livrant des otages et la moitié de tout ce qu'ils possèdent. (trad. Collection Nisard) [66] Jugurtha, chassé de la Numidie, par C. Marius, est secouru par Bocchus, roi des Maures. Les troupes de ce dernier sont taillées en pièces à leur tour. Alors renonçant à continuer une guerre commencée sous de si malheureux auspices. Bocchus fait charger de chaînes Jugurtha, et le livre à Marius. C'est surtout à l'habileté de L. Cornelius Sylla, questeur de Marius, que l'on doit ce résultat. (trad. Collection Nisard) [67] M. Aurélius Scaurus, lieutenant du consul, est défait par les Cimbres et tombe lui-même en leur pouvoir. Appelé par eux en conseil, il s'efforce de les faire renoncer au projet de passer les Alpes et de pénétrer en Italie, en leur disant que les Romains ne peuvent être vaincus. Il est tué par le roi Boiorix, jeune homme rempli d'orgueil et d'arrogance. - Le consul Cn. Manlius et le proconsul Q. Servilius Caepion sont vaincus, près d'Orange, par les mêmes ennemis, qui se rendent maîtres de leurs deux camps. Quatre- vingt mille soldats et quarante mille valets d'armée périssent dans cette défaite. Caepion est condamné pour l'avoir causée par sa témérité; l'on prononce contre lui, pour la première fois depuis le roi Tarquin, la peine de la confiscation des biens; il est déposé du commandement. - Triomphe de Marius. - Jugurtha est conduit, avec ses deux fils, devant le char du triomphateur. Il est ensuite tué dans sa prison. - Marius entre au sénat avec la robe triomphale, ce que personne n'avait fait avant lui. - Les craintes inspirées par la guerre cimbrique lui font continuer, pendant plusieurs années, le consulat. Il est élu une seconde et une troisième fois, malgré son absence. Il brigue en secret un quatrième consulat, et l'obtient. - Cn. Domitius est nommé souverain pontife, par les suffrages du peuple. - Les Cimbres dévastent tous les pays situés entre le Rhône et les Pyrénées; ils pénètrent en Espagne par un défilé, et y exercent de grands ravages. Défaits par les Celtibères, ils rentrent dans la Gaule et s'y joignent à un autre peuple belliqueux, les Teutons. (trad. Collection Nisard) [68] Le préteur M. Antonius poursuit les pirates jusqu'en Cilicie. - Le consul C. Marius se défend dans son camp assiégé avec vigueur par les Teutons et les Ambrons. Il gagne ensuite sur eux deux grandes batailles aux environs d'Aquae Sextiae; deux cent mille ennemis sont tués; quatre-vingt-dix mille sont faits prisonniers. - Marius, malgré son absence, est créé consul pour la cinquième fois. On lui offre le triomphe; il le refuse jusqu'à ce qu'il ait vaincu les Cimbres. - Q. Catulus, proconsul, qui gardait les défilés des Alpes, est battu par les Cimbres; il se retire sur l'Adige et s'y retranche dans un château fort. Les Cimbres le forcent encore d'abandonner cette position. Après s'être ainsi ouvert un passage par leur valeur, ils pénètrent en Italie en poursuivant le proconsul et son armée. Mais Catulus et C. Marius parviennent à opérer leur jonction. Ils livrent la bataille et la gagnent. Cent quarante mille ennemis restent, dit-on, sur le champ de bataille; soixante mille sont faits prisonniers. Marius est reçu aux applaudissements de toute la ville; on lui offre deux triomphes; il se contente d'un seul. Les nobles, qui d'abord n'avaient pu voir, sans jalousie, un homme nouveau élevé à de si grands honneurs, avouent eux-mêmes qu'il a sauvé la république. - Publicius Malleolus, meurtrier de sa mère, est cousu dans un sac et jeté à la mer. C'est le premier exemple de ce genre de supplice. - Les anciles s'agitèrent, dit-on, avec bruit, avant la fin de la guerre cimbrique. - Ce livre contient en outre le récit des guerres qui eurent lieu entre les rois de Syrie. (trad. Collection Nisard) [69] L. Apuléius Saturninus, appuyé du crédit de C. Marius, fait tuer par des soldats A. Nunnius, son compétiteur, et se fait ainsi élire tribun du peuple. Il exerce le tribunat, comme il l'avait obtenu, par la violence. Après avoir fait passer, par les mêmes moyens, une loi agraire, il fait assigner Metellus Numidicus, qui refusait de jurer obéissance à cette loi. Celui-ci, voyant tous les bons citoyens disposés à le défendre, se rend volontairement en exil, pour ne pas être la cause d'une guerre civile. Il se retire à Rhodes, et s'y console par l'étude et par la conversation des grands hommes. Après son départ, C. Marius, l'auteur de la sédition et qui avait acheté un sixième consulat, en répandant de l'argent dans les tribus, lui fait interdire l'eau et le feu. - Le même Apuléius Saturninus, tribun du peuple, tue C. Memmius, candidat au consulat, dont il craignait surtout l'opposition à ses projets contre les patriciens. Ces violences soulèvent enfin le sénat; C. Marius, homme d'un caractère variable et changeant au gré des événements, embrasse lui-même la cause de cet ordre, lorsqu'il voit qu'il lui est impossible de sauver Saturninus; on s'arme contre celui-ci; il est vaincu et périt à la suite d'une sorte de guerre civile, avec le préteur Glaucia et les autres complices de ses fureurs. - Q. Caecilius Metellus revient d'exil; son retour excite, dans toute la ville, les plus grandes démonstrations de joie. - Le proconsul Manius Aquillius termine en Sicile une guerre des esclaves. (trad. Collection Nisard) [70] Manius Aquillius, accusé de concussion, refuse de prier lui- même ses juges. M. Antonius, chargé de le défendre, déchire la tunique de son client pour montrer les honorables cicatrices dont sa poitrine est couverte. Cette vue le fait absoudre sans hésitation. Ce fait ne s'appuie que sur le témoignage de Cicéron. - Le proconsul T. Didius obtient quelques avantages contre les Celtibères. - Ptolémée, surnommé Apion, roi de Cyrène, nomme, en mourant, le peuple romain son héritier: le sénat donne la liberté aux villes qui avaient fait partie de son royaume. - Ariobarzane est rétabli, par L. Cornélius Sylla, sur le trône de Cappadoce. - Des députés parthes, envoyés par Arsace, leur roi, viennent trouver Sylla pour demander l'amitié du peuple romain. - P. Rutitius, s'étant attiré la haine de l'ordre équestre, en qui résidait le pouvoir judiciaire, parce qu'il s'était opposé, en Asie, aux injustices des publicains lorsqu'il était lieutenant du proconsul Q. Mucius, est condamné comme coupable de concussion, malgré son extrême probité, et envoyé en exil. - Le préteur C. Sentius n'est pas heureux dans son expédition contre les Thraces. Le sénat, fatigué des excès auxquels se livraient les chevaliers dans l'exercice du pouvoir judiciaire, commence à faire tous ses efforts pour que ce pouvoir lui soit transféré. M. Livius Drusus, tribun du peuple, appuie les desseins du sénat. Il emploie, pour augmenter sa puissance, un moyen dangereux, en excitant le peuple par l'espoir des largesses. - Il est en outre parlé, dans ce livre, des guerres des rois de Syrie. (trad. Collection Nisard) [71] Le tribun du peuple, M. Livius Drusus, afin de se procurer de plus grandes forces pour défendre la cause du sénat, dont il était chargé, gagne, par l'espoir du droit de cité, les alliés et les peuples de l'Italie. Avec leur secours il fait passer, par la violence, des lois pour les distributions de terres et de blé. Il en fait voter ensuite une autre sur l'administration de la justice. En vertu de cette loi le pouvoir judiciaire doit appartenir, par égales portions, au sénat et à l'ordre équestre. - Drusus ne peut remplir la promesse qu'il a faite aux Italiens, de leur faire obtenir le droit de cité; ceux-ci, irrités, méditent une défection. - Réunions tenues par les Italiens; ligue formée par ces peuples; discours tenus dans les assemblées des chefs. - Tous ces événements rendent Drusus odieux, même au sénat, qui le regarde comme la cause de la guerre sociale. Il est tué dans sa maison, on ne sait par qui. (trad. Collection Nisard) [72] Défection des peuples d'Italie; les Picentins commencent la guerre; ils sont imités par les Vestins, les Marses, les Péligniens, les Marrucins, les Samnites et les Lucaniens. - Le proconsul Q. Servilius est massacré à Asculum, avec tous les citoyens romains qui se trouvent dans cette place. Le peuple prend le sagum. - Ser. Galba tombe au pouvoir des Lucaniens; il doit sa liberté au dévouement d'une femme chez laquelle il est logé. - Les colonies d'Albe et d'Aesernia sont assiégées par les Italiens. - Secours envoyés au peuple romain par les alliés de nom latin et les peuples étrangers. - Opérations militaires des deux partis; villes emportées par l'un et par l'autre. (trad. Collection Nisard) [73] Le consul L. Julius César engage, contre les Samnites, un combat dont l'issue n'est pas heureuse. - La colonie de Nola tombe au pouvoir des Samnites, avec le préteur L. Postumius,qui est massacré par eux. Des peuples nombreux se joignent aux ennemis. - Le consul P. Rutilius est battu par les Marses, il périt lui-même dans le combat; mais dans une seconde bataille, son lieutenant, C. Marius, répare cet échec. - Ser. Sulpicius défait les Péligniens. - Q. Caepion, lieutenant de Rutilius, assiégé par l'ennemi, fait une sortie qui lui réussit. Il obtient par ce succès un pouvoir égal à celui de C. Marius; mais, devenu téméraire, il tombe dans un piège qui lui est tendu; son armée est défaite et il périt. - Le consul L. Julius César gagne une bataille contre les Samnites. À cause de cette victoire le peuple dépose le sagum; mais, comme si la fortune eût voulu que les succès, dans cette guerre, fussent partagés, la colonie d'Aesernia tombe, avec M. Marcellus, au pouvoir des Samnites. - Les Marses sont défaits par C. Marius et Hierius Asinius, préteur des Marrucins, périt dans la mêlée. - Dans la Gaule transalpine, les Salluviens révoltés sont vaincus par C. Caecilius. (trad. Collection Nisard) [74] Cn. Pompée défait les Picentins et les tient assiégés. À cause de cette victoire on prend à Rome la prétexte et les autres insignes des magistratures. - C. Marius livre aux Marses un combat dont le succès est douteux. - Premier exemple de l'enrôlement des affranchis. - Le lieutenant A. Plotius défait les Ombriens, et le préteur L. Porcius, les Marses: ces deux peuples s'étaient révoltés. - Nicomède, roi de Bithynie, et Ariobarzane, roi de Cappadoce, sont rétablis sur leurs trônes. - Les Marses sont vaincus en bataille rangée par le consul Cn. Pompée. - La ville étant accablée par les dettes, le préteur A. Sempronius Asellio, qui rendait des jugements favorables aux débiteurs, est tué dans le forum par les usuriers. - Ce livre contient en outre le récit des incursions et des ravages des Thraces dans la Macédoine. (trad. Collection Nisard) [75] Le lieutenant A. Postumius Albinus, commandant de la flotte, accusé de trahison par la voix publique, est tué par son armée. - Le lieutenant Lucius Cornelius Sylla gagne une bataille sur les Samnites, et leur prend deux camps. - Cn. Pompée reçoit la soumission des Vestins. - Succès du consul L. Porcius; il défait les Marses dans plusieurs rencontres, et périt au moment où il se rend maître de leur camp. Sa mort donne la victoire à l'ennemi, dans cette affaire. - Les Samnites sont vaincus en bataille rangée par Cosconius et Lucanus; mort de Marius Egnatius, le plus célèbre de leurs généraux; un grand nombre de leurs villes se rendent. - L. Sylla parvient à dompter les Hirpins; il est plusieurs fois vainqueur des Samnites, et reçoit la soumission de plusieurs peuples. Après s'être illustré par des exploits que précédemment peu de généraux avaient égalés avant leur consulat, il se rend à Rome pour solliciter cette charge. (trad. Collection Nisard) [76] Le lieutenant A. Gabinius obtient des succès contre les Lucaniens; il leur prend un grand nombre de villes, et périt en assiégeant leur camp. - Le lieutenant Sulpicius taille en pièces les Marrucins, et reprend tout ce pays. - Le proconsul Cn. Pompée reçoit la soumission des Vestins et des Péligniens. - Les Marses sont également battus, dans plusieurs rencontres, par les lieutenants L. Muréna et Caecilius Pinna: ils demandent la paix. - Prise d'Asculum par Cn. Pompée. - Les Italiens sont taillés en pièces par le lieutenant Mamercus Aemilius; Silo Poppaedius, général des Marses, instigateur de cette guerre, périt dans le combat. - Ariobarzane, roi de Cappadoce, et Nicomède, roi de Bithynie, sont chassés de leurs états par Mithridate, roi de Pont. - Incursions et ravages des Thraces dans la Macédoine. (trad. Collection Nisard) [77] Le tribun du peuple, P. Sulpicius, fait passer, à l'instigation de C. Marius, plusieurs lois pernicieuses, portant le rappel des exilés, l'inscription dans les tribus de nouveaux citoyens et des affranchis, et la nomination de C. Marius au commandement de la guerre contre Mithridate. Dans son opposition contre les consuls Q. Pompée et L. Sylla, il exerce des violences et fait tuer Q. Pompée, fils du consul et gendre de Sylla. - Le consul L. Sylla vient à Rome avec son armée; il livre, dans l'intérieur même de la ville, un combat à la faction de Sulpicius et de Marius, et parvient à l'expulser. - Douze hommes de cette faction, entre autres C. Marius et son fils, sont déclarés ennemis publics par le sénat. - P. Sulpicius, qui se tenait caché dans une villa, est dénoncé par un de ses esclaves et mis à mort. On affranchit l'esclave pour tenir la promesse faite au dénonciateur; mais on le précipite du haut de la roche Tarpéienne, pour avoir trahi son maître. - C. Marius, le fils, passe en Afrique. - C. Marius, le père, se cache dans les marais de Minturne; il en est tiré par les habitants de cette ville; un esclave, Gaulois de nation, envoyé pour le tuer, recule frappé de la majesté d'un si grand homme. - C. Marius est embarqué aux frais de la ville et conduit en Afrique. - L. Sylla rétablit l'ordre dans l'état, puis il fonde des colonies. - Le consul Q. Pompée va prendre le commandement de l'armée du proconsul Cn. Pompée. Il est tué à l'instigation de celui-ci. - Mithridate, roi du Pont, s'empare de la Cappadoce et de la Bithynie. Il pénètre, avec une nombreuse armée, dans la province romaine de Phrygie, et en chasse le lieutenant Aquilius. (trad. Collection Nisard) [78] Mithridate s'empare de toute l'Asie: il fait prisonniers le proconsul Q. Oppius et le lieutenant Aquilius. Par son ordre, tout ce qu'il y a de citoyens romains en Asie est massacré en un seul jour. Il assiège la ville de Rhodes, qui seule était restée fidèle; mais il est vaincu dans quelques engagements sur mer, et se retire. - Archélaüs, son lieutenant, vient en Grèce avec une armée; il s'empare d'Athènes. Empressement des villes et des îles à se déclarer, les unes pour Mithridate, les autres pour le peuple romain. (trad. Collection Nisard) [79] L. Cornélius Cinna présente des lois pernicieuses, et s'efforce de les faire passer par la violence et par les armes. Il est chassé de la ville, avec six tribuns du peuple, par son collègue Cn. Octavius. On lui retire son autorité; mais il gagne l'armée d'Appius Claudius, s'en rend maître, et s'avance contre Rome, après avoir fait venir d'Afrique C. Marius et les autres exilés. - Dans cette guerre, deux frères, l'un dans l'armée de Pompée, l'autre dans celle de Cinna, combattent, sans le savoir, l'un contre l'autre. Le vainqueur, en dépouillant l'ennemi qu'il vient de tuer, reconnaît son frère; il éclate en sanglots, lui élève un bûcher, se perce lui- même dessus, et les mêmes flammes le consument. - Cinna pouvait être accablé dès le principe, mais la trahison de Cn. Pompée, qui favorise en même temps les deux partis, lui donne des forces. Ce général ne vient au secours du parti des grands que quand leurs affaires sont désespérées. Sa lenteur donne le temps à Cinna et à Marius d'investir la ville avec quatre armées; deux de ces armées ont pour chefs Q. Sertorius et Carbon. - Marius prend la colonie d'Ostie, et la pille cruellement. (trad. Collection Nisard) [80] Le sénat accorde aux Italiens le droit de cité. - Les Samnites, qui seuls continuaient encore les hostilités, se joignent à Cinna et à Marius. Ils taillent en pièces Plautius avec son armée. - Cinna et Marius, réunis à Carbon et à Sertorius, s'emparent du Janicule. Ils en sont repoussés par le consul Octavius. - Marius ravage les colonies d'Antium, d'Aricie et de Lanuvium. Enfin, désespérant de faire une plus longue résistance, paralysés par l'inertie et la trahison des chefs et des soldats qui refusent de combattre ou passent à l'ennemi, les nobles ouvrent les portes de Rome à Cinna et à Marius. Les vainqueurs la traitent en ville conquise, la livrent au meurtre et an pillage, massacrent le consul, Cn. Octavius, et tous les nobles du parti contraire. Parmi les victimes on compte M. Antonius, éloquent orateur, Lucius et Caius César, dont les têtes sont exposées sur les Rostres. Crassus le fils tombe sous les coups des cavaliers de Fimbria. Crassus le père, pour échapper à un traitement indigne de sa vertu, se perce de son épée. - Sans convoquer les comices, Cinna et Marius se décernent le titre de consuls pour l'année suivant, et le jour même de leur entrée en fonctions Marius fait précipiter le sénateur Licinius du haut de la roche Tarpéienne. Enfin, souillé d'une foule de crimes, il meurt aux ides de janvier. Si l'on compare les vertus et les vices de cet homme, il sera difficile de décider s'il fit plus de bien à sa patrie, comme soldat, qu'il ne lui fit de mal comme citoyen; car si, comme général, il sauva la république, comme citoyen il causa sa ruine, d'abord par toutes sortes d'intrigues, et enfin par la guerre civile. (trad. Collection Nisard) [81] Sylla met le siège devant Athènes, dans laquelle s'était renfermé Archélaüs, général de Mithridate, et s'en empare après de longs efforts. Il rend à la ville la liberté et aux habitants la jouissance de leurs biens. - Magnésie, la seule ville d'Asie restée fidèle aux Romains, oppose à Mithridate une valeureuse résistance. - Incursions des Thraces en Macédoine. (trad. Collection Nisard) [82] Les troupes de Mithridate, après avoir soumis la Macédoine, étaient entrées dans la Thessalie. - Sylla remporte sur elles une victoire, leur tue cent mille hommes, et reste maître de leur camp. - Bientôt la guerre recommence, mais l'armée du roi est une seconde fois battue. - Archélaüs, avec la flotte du roi, fait sa soumission à Sylla. Cependant le consul L. Valérius Flaccus, collègue de Cinna, est envoyé pour remplacer Sylla; mais, s'étant rendu odieux à son armée par son avarice, il est assassiné par C. Fimbria, son lieutenant, homme entreprenant à l'excès, qui s'empare du commandement. - Mithridate se rend maître de plusieurs villes d'Asie, et pille cruellement cette province. - Les Thraces font des incursions en Macédoine. (trad. Collection Nisard) [83] C. Fimbria entre en Asie, y remporte des avantages sur quelques officiers de Mithridate, prend la ville de Pergame, tient le roi assiégé, et peu s'en faut qu'il ne s'empare de sa personne. Il prend et détruit la ville d'Ilion, qui attendait Sylla pour reconnaître son autorité, et soumet une grande partie de l'Asie. - Sylla taille en pièces les Thraces dans de nombreuses rencontres. - L. Cinna et Cn. Papirius Carbon, après s'être eux-mêmes nommés consuls pendant deux ans, font contre lui des préparatifs de guerre. Mais L. Valérius Flaccus, prince du sénat, adresse un discours aux sénateurs, et avec l'aide de tous les amis de la tranquillité publique, il obtient qu'on enverra vers Sylla des négociateurs chargés de traiter avec lui de la paix. - Cinna est massacré par ses troupes, qu'il embarquait contre leur gré pour les opposer à Sylla. - Carbon reste seul chargé du consulat. - Sylla, ayant passé en Asie, fait la paix avec Mithridate, à condition que celui-ci évacuera les provinces d'Asie, de Bithynie et de Cappadoce. - Fimbria, abandonné de ses troupes qui avaient passé du côté de Sylla, est réduit à se donner la mort; il présente sa tête à un esclave et lui ordonne de le tuer. (trad. Collection Nisard) [84] Sylla répond, aux négociateurs envoyés vers lui, qu'il reconnaîtra l'autorité du sénat à condition qu'on rappellera les citoyens qui, bannis par Cinna, ont cherché un refuge près de lui. - Le sénat pense devoir accéder à sa demande; mais Carbon et son parti, qui croient trouver plus d'avantages dans la guerre, empêchent tout accord. - Le même Carbon, voulant exiger des otages de toutes les villes et de toutes les colonies d'Italie pour s'assurer de leurs dispositions contre Sylla, le sénat oppose à cette mesure un vote unanime. - Un sénatus-consulte accorde le droit de suffrage à de nouveaux citoyens. - Q. Métellus Pius, partisan de l'aristocratie, ayant pris les armes en Afrique, est battu par le préteur C. Fabius, et sur ordre du sénat, obtenu par le parti de Carbon et de Marius, prescrit le licenciement général des troupes. - Distribution des affranchis dans les trente-cinq tribus. - Préparatifs de guerre contre Sylla. (trad. Collection Nisard) [85] Sylla passe en Italie avec son armée. Les députés, envoyés par lui pour traiter de la paix, sont insultés par le consul C. Norbanus, auquel il fait essuyer une défaite. Après avoir fait inutilement tous ses efforts auprès de l'autre consul L. Scipion pour conclure avec lui un traité de paix, il se prépare à attaquer son camp, lorsque l'armée du consul, gagnée par les émissaires de Sylla, passe tout entière de son côté. Il pouvait ôter la vie à Scipion: il lui rend la liberté. - Cn. Pompée, fils de ce Cnéius, qui avait pris Asculum, lève un corps de volontaires et amène trois légions à Sylla. Bientôt toute la noblesse se rend en foule auprès de ce général. On abandonne la ville pour accourir dans son camp. - L'Italie entière est le théâtre des expéditions de l'un et de l'autre parti. (trad. Collection Nisard) [86] C. Marius le fils se fait donner par la violence le consulat avant l'âge de vingt ans (de vingt-sept ans selon d'autres). C. Fabius, s'étant rendu odieux en Afrique, par son avarice et sa cruauté, est brûlé vif dans son prétoire. - L. Philippus, lieutenant de Sylla, s'empare de la Sardaigne, après la défaite et la mort du préteur Q. Antonius. - Sylla, pour ôter aux Italiens la crainte qu'il ne vienne leur enlever le droit de cité et de suffrage, leur récente conquête, fait avec eux un traité. Il compte tellement sur la victoire, qu'il renvoie des plaideurs qui se présentaient devant lui, en leur donnant délai pour comparaître à Rome, dont ses ennemis étaient encore maîtres. - Par l'ordre de C. Marius, le préteur L. Damasippus convoque le sénat et massacre tous les nobles qui restaient dans la ville. Au nombre de ces malheureux se trouvait le grand pontife Q. Mucius Scaevola, qui, cherchant à fuir, est immolé dans le vestibule du temple de Vesta. - La guerre recommence en Asie entre L. Muréna et Mithridate. (trad. Collection Nisard) [87] Sylla remporte à Sacriportum une sanglante victoire sur l'armée de Marius, et l'assiège lui-même dans Préneste. - Il reprend Rome sur ses ennemis. - Marius essaie de faire une sortie; il est repoussé. - Partout les lieutenants de Sylla combattent avec le même succès. (trad. Collection Nisard) [88] Sylla marche contre Carbon, met son armée en déroute près de Clusium, la taille en pièces près de Faventia et de Fidentia, et le force à quitter l'Italie. Les Samnites étaient, de tous les Italiens, les seuls qui n'eussent pas encore posé les armes; il les défait sous les murs de Rome, non loin de la porte Colline. Sylla, maître de la république, souille la victoire la plus belle par les excès d'une cruauté inouïe. Il massacre, dans une villa appartenant à l'état, huit mille citoyens qui avaient fait leur soumission; il publie des listes de proscription, et inonde de sang Rome et l'Italie entière. Il fait égorger tous les Prénestins désarmés; il met à mort le sénateur Marius, après lui avoir fait rompre les membres, couper les oreilles et crever les yeux. - C. Marius, assiégé dans Préneste par Lucrétius Ofella, partisan de Sylla, ayant essayé de s'échapper par une mine et trouvant toutes les issues occupées par l'ennemi, se donne la mort. Il était dans la mine avec Pontius Télésinus, qui l'accompagnait dans sa fuite; lorsqu'ils voient le salut impossible, tous deux tirent leurs épées et s'élancent l'un sur l'autre; Pontius est tué, et Marius blessé ordonne à son esclave de lui donner le coup mortel. (trad. Collection Nisard) [89] Par ordre de Cn. Papirius Carbon qui avait abordé à Cossyra, M. Brutus se rend à Lilybée, dans une barque de pêcheur, pour s'informer si Pompée est en Sicile. Mais, enveloppé par des vaisseaux que Pompée avait envoyés, il se donne la mort en appuyant la garde de son épée contre le banc des rameurs, et en se jetant sur la pointe de tout le poids de son corps. Pompée, envoyé par le sénat en Sicile avec un commandement, fait saisir et mettre à mort Cn. Carbon, qui, dans ses derniers moments, pleure et tremble comme une femme. - Sylla, nommé dictateur, se fait précéder de vingt-quatre licteurs, ce qu'aucun magistrat n'avait fait avant lui. - Par l'établissement de lois nouvelles il raffermit la république, affaiblit le tribunat et lui enlève toute sa puissance législative. Il porte à quinze le nombre des membres qui composent le collège des prêtres et des augures, remplit les vacances du sénat en y faisant entrer des chevaliers, ôte aux enfants des proscrits le droit d'aspirer aux honneurs, met leurs biens en vente et s'enrichit lui- même de leurs dépouilles. Ces ventes donnent un produit de trois cent cinquante millions de sesterces. - Q. Lucrétius Ofella ayant osé, contre sa volonté, se mettre sur les rangs pour le consulat, il le fait tuer au milieu du forum. Le peuple s'en émeut, mais le dictateur convoque l'assemblée, et déclare que c'est par son ordre que ce meurtre a été commis. - Pompée passe en Afrique, où le proscrit Cn. Domitius et Hiertas, roi de Numidie, avaient pris les armes. Il les défait et les tue: ainsi à l'âge de vingt-quatre ans, n'étant encore que chevalier romain, il triomphe de l'Afrique, honneur jusque-là sans exemple. - Le proscrit C. Norbanus, qui avait été consul, se voyant arrêté à Rhodes, se donne la mort. - Un autre proscrit, nommé Mutilus, se présente secrètement et la tête voilée derrière la demeure de sa femme Bastia. Elle le repousse parce que, dit-elle, Mutilus est proscrit. Alors le malheureux se tue, et arrose de son sang la porte de la maison de sa femme. - Sylla enlève aux Samnites la ville de Nola; il conduit quarante-sept légions dans les terres confisquées et les leur partage. - La ville de Volaterrae qui se défendait encore, est assiégée et se rend à discrétion. D'un autre côté Mytilène, la seule ville d'Asie qui, depuis la défaite de Mithridate, n'ait pas déposé les armes, est prise et renversée. (trad. Collection Nisard) [90] Mort de Sylla. Pour honorer sa mémoire le sénat le fait inhumer dans le Champ de Mars. - M. Aemilius Lépidus, en essayant de faire casser les lois de Sylla, rallume la guerre. Il est chassé de l'Italie par son collègue Catulus, et va mourir en Sardaigne, après avoir fait de vains efforts pour reprendre les hostilités. - M. Brutus, qui commandait la Gaule cisalpine, est tué par Cn. Pompée. - Sertorius proscrit rend ses armes redoutables dans l'Espagne ultérieure. - Le proconsul L. Manlius et le lieutenant M. Domitius sont battus par le questeur Herculeius. - Expédition du proconsul P. Servilius contre la Cilicie. (trad. Collection Nisard) [91] Pompée, encore simple chevalier, est envoyé contre Sertorius, avec les pouvoirs consulaires. Sertorius prend quelques villes; il en soumet un grand nombre à son autorité. - Le proconsul Appius Claudius remporte plusieurs avantages sur les Thraces. - Le proconsul Q. Métellus massacre Herculeius, général de Sertorius, avec toute son armée. (trad. Collection Nisard) [92] Pompée se mesure avec Sertorius, mais la victoire reste indécise, et de chaque côté une aile a l'avantage. - Q. Métellus bat les deux armées de Sertorius et de Perperna: Pompée veut avoir sa part de cette victoire, mais la fortune ne favorise pas ses armes. Assiégé ensuite dans Clunia, Sertorius, par ses sorties fréquentes, fait éprouver de grandes pertes aux assiégeants. - Expédition du proconsul Curion dans la Thrace, contre les Dardaniens. - Nombreux actes de cruauté de Sertorius envers les siens. - Plusieurs de ses amis, de ses compagnons de proscription sont accusés par lui de trahison, et il les fait mettre à mort. (trad. Collection Nisard) [93] Le proconsul P. Servilius défait les Isauriens en Cilicie, enlève plusieurs villes aux pirates. - Nicomède, roi de Bithynie, institue, en mourant, le peuple romain son héritier, et son royaume est réduit en province romaine. - Mithridate, après avoir conclu une alliance avec Sertorius, entre en guerre avec le peuple romain. - Grands préparatifs du roi sur terre et sur mer. - Entrée des Romains en Bithynie. - Victoire du roi sur le consul M. Aurélius Cotta, près de Chalcédoine. - Opérations de Pompée et de Métellus contre Sertorius, qui déploie un talent miliaire égal au leur. - Ces deux généraux échouent devant Calagurris et sont forcés de se séparer et de battre en retraite, Métellus dans l'Espagne citérieure, et Pompée dans la Gaule. (trad. Collection Nisard) [94] Le consul L. Licinius Lucullus remporte des avantages sur Mithridate dans plusieurs combats de cavalerie et termine heureusement quelques expéditions. Il apaise ses soldats qui demandent à combattre et sont près de se révolter. - Déjotarus, tétrarque de la Gallo-Grèce, taille en pièces les généraux de Mithridate qui avaient commencé la guerre en Phrygie. - Succès de Cn. Pompée contre Sertorius en Espagne. (trad. Collection Nisard) [95] Le proconsul C. Curion subjugue les Dardaniens dans la Thrace. - À Capoue soixante-quatorze gladiateurs de la troupe d'un certain Lentulus, s'enfuient, et rassemblant une multitude d'esclaves libres et incarcérés, entrent en campagne sous la conduite de Crixus et de Spartacus, et défont dans un combat le lieutenant Claudius Pulcher et le préteur P. Varenus. - Le proconsul L. Lucullus anéantit par le fer et par la famine l'armée de Mithridate, près de la ville de Cyzique. - Le roi, chassé de la Bithynie, essuie à diverses reprises des défaites et des naufrages, et se voit réduit à s'enfuir dans le Pont. (trad. Collection Nisard) [96] Le préteur Q. Arrius taille en pièces vingt mille esclaves rebelles avec leur chef Crixus. - Le consul Cn. Lentulus est vaincu par Spartacus, qui défait aussi Arrius et le consul L. Gellius. - Sertorius périt assassiné dans un festin, par M'. Antonius, M. Perperna et d'autres conjurés, après avoir exercé huit ans le commandement. Ce grand capitaine, qui avait eu à combattre deux généraux décorés du titre d'imperator, Pompée et Métellus, qui souvent avait été leur égal et plus souvent encore leur vainqueur, succombe enfin, victime de la défection et de la trahison. - Le commandement du parti est remis à M. Perperna. Pompée le bat, le fait prisonnier, le met à mort, et fait rentrer l'Espagne sons la domination romaine après une guerre de dix ans. - Le proconsul C. Cassius et le préteur Cn. Manlius sont vaincus par Spartacus. - On confie au préteur M. Crassus la direction de cette guerre. (trad. Collection Nisard) [97] Le préteur Crasssus remporte une première victoire sur le corps d'armée des esclaves, qui était composé de Gaulois et de Germains; trente-cinq mille hommes et leur chef Gannicus, restent sur le champ de bataille. Crassus met ensuite en déroute les troupes de Spartacus, qui périt lui-même avec soixante mille des siens. - Le préteur M. Antonius échoue dans une expédition contre les Crétois, qui se termine par sa mort. - Le proconsul M. Lucullus soumet les Thraces. - L. Licinius défait Mithridate dans le Pont, et lui tue plus de soixante mille hommes. - On décerne le consulat à M. Crassus et à Cn. Pompée, bien que ce dernier n'ait pas encore passé par la questure, et ne soit que simple chevalier. - Ils rétablissent le tribunat dans toute sa puissance. D'un autre côté le préteur L. Aurelius Cotta accorde aux chevaliers le droit de rendre la justice. - Mithridate, désespérant du succès, s'enfuit auprès de Tigrane, roi d'Arménie. (trad. Collection Nisard) [98] Machares, fils de Mithridate et roi du Bosphore, est admis par Lucullus dans l'amitié du peuple romain. - Cn. Lentulus et L. Gellius remplissent avec sévérité leurs fonctions de censeurs, et effacent du tableau soixante-quatre sénateurs. Ils ferment le lustre: quatre cent cinquante mille citoyens inscrits. - Le préteur L. Métellus se bat avec succès en Sicile contre les pirates. - Q. Catulus fait la dédicace du temple de Jupiter Capitolin, qui avait été incendié et rebâti. - En Arménie, Mithridate et Tigrane, avec leurs nombreuses armées, sont plusieurs fois défaits par Lucullus. - Le proconsul Q. Métellus, chargé de la guerre contre les Crétois, assiège la ville de Cydonie. - C. Triarius, lieutenant de Lucullus, n'est pas heureux dans un combat contre Mithridate; Lucullus veut poursuivre Mithridate et Tigrane, et achever sa conquête; mais il en est empêché par la mutinerie de ses soldats qui refusent de le suivre, et surtout des légions Valériennes, qui prétendent avoir accompli le temps de leur service et abandonnent leur général. (trad. Collection Nisard) [99] Le proconsul Q. Métellus prend Cnossos, Lyctus, Cydonie et plusieurs autres villes. - L. Roscius, tribun du peuple, propose une loi qui assigne aux chevaliers romains quatorze rangs de sièges au théâtre, au-dessus de ceux des sénateurs. - Une loi soumise au peuple donne commission à Pompée de poursuivre les pirates qui avaient intercepté les convois de blés. En quarante jours il en délivre complètement la mer; puis il termine avec eux la guerre par la soumission de la Cilicie, et après les avoir reçus à merci, il leur donne des terres et des villes. - Expédition de Q. Métellus contre les Crétois. Échange de lettres entre Métellus et Pompée. Métellus se plaint que Pompée, qui avait envoyé en Crète un de ses lieutenants pour recevoir la soumission des villes, lui enlève la gloire de ses conquêtes; Pompée lui répond qu'il a dû agir ainsi. (trad. Collection Nisard) [100] Le tribun du peuple, C. Manilius, soulève une vive indignation dans l'aristocratie en proposant une loi qui défère à Pompée la conduite de la guerre contre Mithridate. - Beau discours du tribun. - Métellus soumet la Crète et donne des lois à cette île, qui jusqu'alors avait été libre. - Pompée part pour faire la guerre à Mithridate, et renouvelle ses rapports d'amitié avec Phraates, roi des Parthes. Il défait Mithridate dans un combat. - Guerre entre Phraates, roi des Parthes, et Tigrane, roi d'Arménie, puis entre Tigrane le fils et son père. (trad. Collection Nisard) [101] Cn. Pompée, vainqueur de Mithridate dans un combat de nuit, le force de s'enfuir dans le Bosphore. - Tigrane se remet à la discrétion du général romain qui lui ôte la Syrie, la Phénicie, la Cilicie et lui rend le royaume d'Arménie. - Quelques citoyens, qui avaient été condamnés pour brigues dans leur candidature au consulat, complotent de tuer les consuls; mais leur conjuration échoue. - Cn. Pompée en poursuivant Mithridate, pénètre dans des contrées reculées et inconnues. Il défait les Ibères et les Albains qui lui refusent le passage. - Fuite de Mithridate dans la Colchide et l'Héniochie. - Ses opérations dans le Bosphore. (trad. Collection Nisard) [102] Cn. Pompée réduit le Pont en province romaine. Pharnace, fils de Mithridate, déclare la guerre à son père. Assiégé par lui dans son palais, le roi prend du poison. Ce poison ne produisant pas l'effet qu'il en attendait, il implore l'assistance d'un soldat gaulois, nommé Bitocus, qui lui donne la mort. - Cn. Pompée soumet les Juifs; il s'empare de leur temple à Jérusalem, jusqu'alors resté pur de toute profanation. - L. Catilina, deux fois refusé dans sa candidature au consulat, forme, avec le préteur Lentulus Céthégus et plusieurs autres, une conjuration dont le but est de massacrer les consuls et le sénat, de mettre le feu à la ville et de renverser la république. Il lève même une armée en Étrurie. Le zèle de M. Tullius Cicéron fait échouer ces coupables projets. Catilina est chassé de la ville. Tous les autres conjurés sont exécutés. (trad. Collection Nisard) [103] Catilina, vaincu par le proconsul C. Antonius, est taillé en pièces avec son armée. - P. Clodius, accusé de s'être introduit sous des vêtements de femmes dans un sanctuaire dont l'entrée était interdite aux hommes, et d'avoir déshonoré la femme du grand pontife, est renvoyé absous. - Le préteur C. Pontinius triomphe, près de Solone, des Allobroges, qui s'étaient révoltés. - P. Clodius passe dans l'ordre des plébéiens. - C. César soumet les Lusitaniens; il se met sur les rangs pour le consulat et aspire à dominer dans l'état. - Il se forme une association entre les trois plus puissants citoyens: Pompée, Crassus et César. - Porté au consulat, César propose une loi agraire qu'il fait passer après une lutte fort vive et malgré l'opposition du sénat et de l'autre consul M. Bibulus. - Le proconsul C. Antonius éprouve des revers en Thrace. - En vertu d'une loi proposée par Clodius, tribun du peuple, Cicéron est exilé pour avoir mis des citoyens à mort sans condamnation. - César se rend dans la Gaule, qui lui est assignée pour province et subjugue les Helvètes, nation errante qui, cherchant une demeure, voulait traverser la province de César pour se rendre dans la Narbonnaise. - Description des Gaules. - Pompée triomphe des enfants de Mithridate, de Tigrane et de son fils; le peuple le salue unanimement du surnom de Grand. (trad. Collection Nisard) [104] Ce livre commence par un exposé de la situation et des moeurs de la Germanie. Les Germains, sous la conduite d'Arioviste, avaient passé dans la Gaule. César fait marcher son armée contre eux, à la prière des Héduens et des Séquanes, dont le territoire était envahi. La crainte de ces nouveaux ennemis faisait trembler les soldats romains. L'éloquence de César ranime leur courage. - Les Germains sont vaincus et chassés de la Gaule. - Grâce aux discours de Pompée et de quelques autres citoyens, et aux démarches actives de T. Annius Milon, tribun du peuple, Cicéron est rappelé de l'exil à la grande joie du sénat et de l'Italie entière. - Pompée est chargé, pour cinq ans, des approvisionnements de blé. - César est vainqueur des Ambianes, des Suessions, des Viruomandes, des Atrébates, peuples de la Belgique, formant une immense population. Après avoir reçu leur soumission, il soutient une rude guerre contre une seule peuplade, les Nerviens, et les extermine. Ils avaient continué les hostilités, jusqu'à ce que de soixante mille combattants il n'en restât que trois cents, et que leurs six cents sénateurs fussent réduits à trois. - Une loi ayant été portée sur la réduction de l'île de Chypre en province romaine, et sur la confiscation des trésors du roi, M. Caton est chargé de cette mission. - Ptolémée, roi d'Égypte, chassé de son royaume par ses sujets, qu'il accablait de traitements injustes, vient se réfugier à Rome. - César remporte une victoire navale sur les Vénètes, peuples des bords de l'Océan. - Ses lieutenants combattent également avec succès. (trad. Collection Nisard) [105] L'opposition de C. Caton, tribun du peuple, ayant empêché les élections des comices, le sénat prend le deuil. - M. Caton demande la préture: il est refusé et se voit préférer Vatinius. Comme il s'opposait ensuite à la loi qui assurait pour cinq ans aux consuls leurs gouvernements: à Pompée l'Espagne, à Crassus la Syrie et la guerre des Parthes, à César la Gaule et la Germanie, C. Trébonius, tribun du peuple, qui avait proposé cette loi, le fait mener en prison. - Le proconsul A. Gabinius replace Ptolémée sur le trône d'Égypte, après en avoir renversé Archélaüs, que les Égyptiens avaient choisi pour roi. - César ayant vaincu et taillé en pièces les Germains dans la Gaule passe le Rhin et soumet les contrées les plus voisines du fleuve. Ensuite il traverse l'Océan et passe en Bretagne. D'abord il essuie des revers; ses vaisseaux sont maltraités par le mauvais temps; mais une seconde expédition a plus de succès: il tue une grande multitude d'ennemis et soumet une certaine partie de l'île. (trad. Collection Nisard) [106] Mort de Julia, fille de César, et femme de Pompée. - Le peuple lui accorde l'honneur d'être inhumée dans le Champ de Mars. - Quelques peuplades des Gaules, ayant à leur tête Ambiorix, chefs des Éburons, se soulèvent et massacrent, dans une embuscade, Cotta et Titurius, lieutenants de César, avec le corps d'armée qu'ils commandaient. - D'autres légions sont aussi attaquées dans leur camp et se défendent avec peine, par exemple celles de Q. Cicéron, chez les Nerviens. César lui-même attaque l'ennemi et le met en déroute. - M. Crassus passe l'Euphrate pour faire la guerre aux Parthes. Après une défaite dans laquelle son propre fils perd la vie, il se retire avec le reste de l'armée sur une colline. Invité par les ennemis, que commandait Suréna, à se rendre à une entrevue comme pour y traiter de la paix, il est saisi et tué, pendant qu'il se défendait pour ne pas être pris vivant. (trad. Collection Nisard) [107] César, après avoir vaincu les Trévires dans la Gaule, passe une seconde fois en Germanie. N'y trouvant pas d'ennemis à combattre, il revient dans la Gaule, défait les Éburons et les autres peuplades qui s'étaient liguées contre lui, et poursuit Ambiorix qui lui échappe par la fuite. - Clodius est tué, sur la voie Appienne, près de Bovilae, par Milon, candidat au consulat, et la multitude brûle son cadavre dans le palais du sénat. - Les candidats pour le consulat, Hypsaeus, Scipion et Milon, suscitant sans cesse des troubles et se livrant entre eux des combats sanglants, le sénat charge Pompée de réprimer ces désordres, et, malgré son absence, le nomme pour la troisième fois seul consul, et consul unique, distinction jusqu'alors sans exemple. - Milon, mis en jugement pour le meurtre de Clodius, est condamné à l'exil. - Une loi est portée qui décide qu'on aura égard à César absent dans l'élection au consulat: Caton y fait inutilement une vive opposition. - Opérations de César contre les Gaulois qui se soulèvent presque tous à la voix de Vercingétorix, chef des Arvernes. Plusieurs villes qu'il assiège lui résistent vigoureusement, entre autres Avaricum, chez les Bituriges, et Gergovie, chez les Arvernes. (trad. Collection Nisard) [108] César défait les Gaulois sous les murs d'Alésia, et toutes les cités de la Gaule qui avaient pris les armes font leur soumission. - C. Cassius, questeur de M. Crassus, taille en pièces les Parthes qui avaient fait une invasion en Syrie. - Caton demande le consulat; il est refusé; Ser. Sulpicius et M. Marcellus sont nommés. - César subjugue les Bellovaques et d'autres peuples de la Gaule. - Contestations entre les consuls sur la question d'envoyer un successeur à César. Le consul Marcellus soutient, dans le sénat, que César doit être tenu de venir à Rome pour demander le consulat, puisque d'après la loi il ne doit conserver le gouvernement des provinces que pour le temps de son consulat. - Opérations de M. Bibulus en Syrie. (trad. Collection Nisard) [109] Exposé des causes et des commencements de la guerre civile. - Contestations sur le rappel de César, qui refuse de licencier ses troupes si Pompée ne licencie également les siennes. - C. Curion, tribun du peuple, parle d'abord contre César et ensuite en sa faveur. Un décret du sénat ayant décidé qu'on enverrait un successeur à César, les tribuns du peuple, M. Antonius et Q. Cassius qui s'opposaient à cette mesure, sont chassés de Rome. - Le sénat ordonne aux consuls et à Pompée de veiller à la sûreté de la république. - César, résolu à réduire ses ennemis par les armes, vient en Italie à la tête de son armée; il prend Corfinium. L. Domitius et P. Lentulus y tombent en son pouvoir, mais il leur rend la liberté. - Pompée et tous ses partisans sont chassés de l'Italie. (trad. Collection Nisard) [110] César assiège Marseille qui lui avait fermé ses portes et, laissant devant cette ville ses lieutenants C. Trébonius et D. Brutus, il part pour l'Espagne, où il force, près d'Ilerda, L. Afranius et M. Pétreius, lieutenants de Cn. Pompée, à se rendre avec sept légions. Il leur pardonne à tous, et soumet aussi Varron, lieutenant de Pompée, avec son armée. - Il accorde le droit de cité aux habitants de Cadix. - Les Marseillais, après deux défaites sur mer et un long siège, se rendent à discrétion. - C. Antonius, lieutenant de César, est vaincu et fait prisonnier en Illyrie par les Pompéiens. - Dans cette guerre des soldats d'Opiterginum, ville de la Transpadane, auxiliaires de César, voyant leur radeau entouré par les vaisseaux ennemis, tournent leurs épées les uns contre les autres plutôt que de se rendre. - C. Curion, lieutenant de César, en Afrique, après avoir obtenu des succès contre Varus, général du parti de Pompée, est taillé en pièces avec son armée, par Juba, roi de Mauritanie. - César passe en Grèce. (trad. Collection Nisard) [111] Le préteur M. Caelius Rufus, cherchant à exciter du trouble dans Rome, soulève la multitude en lui faisant espérer une loi sur les dettes. Il est interdit de ses fonctions, et bientôt forcé de sortir de Rome; il va rejoindre l'exilé Milon, qui avait rassemblé une armée de fugitifs. Tous deux sont tués au milieu de leurs tentatives de guerre. - Cléopâtre, reine d'Égypte, est chassée du trône par son frère Ptolémée. - Fatigués de l'avarice et de la cruauté du préteur Q. Cassius, les habitants de Cordoue, en Espagne, quittent le parti de César avec les deux légions de Varron. - Cn. Pompée, assiégé à Dyrrachium par César, force les lignes de l'ennemi, après un combat très sanglant des deux côtés, et transporte la guerre en Thessalie. Il est vaincu à Pharsale. Cicéron, peu fait pour le métier des armes, reste au camp de Dyrrachium. - César pardonne à tous ceux de ses ennemis qui se soumettent au vainqueur. (trad. Collection Nisard) [112] Les débris du parti vaincu s'enfuient et se répandent dans presque tout l'univers. - Pompée se rend en Égypte où le roi Ptolémée son pupille, cédant aux conseils de Pothinus et de son précepteur Théodotus, qui avait sur lui un grand empire, donne l'ordre de le tuer. Achillas, qui s'était chargé de ce crime, l'assassine dans une barque avant qu'il ait mis pied à terre. Cornélie, sa femme, et Sex. Pompée, son fils, se réfugient dans l'île de Chypre. César s'étant mis à la poursuite de Pompée, trois jours après sa victoire, s'indigne et verse des larmes quand Théodotus lui présente la tête et l'anneau de son ennemi. Il entre, non sans danger, dans Alexandrie, dont la population était mutinée. Créé dictateur, il fait remonter Cléopâtre sur le trône d'Égypte; Ptolémée lui ayant déclaré la guerre par les avis des mêmes hommes qui lui avaient conseillé le meurtre de Pompée, il le défait après avoir couru de grands dangers. Ptolémée s'enfuit dans une barque qui coule à fond dans le Nil. - Marche pénible de M. Caton et de ses légions à travers les déserts de l'Afrique. - Guerre malheureuse de Cn. Domitius contre Pharnace. (trad. Collection Nisard) [113] Le parti de Pompée se fortifie en Afrique et reconnaît pour chef P. Scipion auquel Caton cède le commandement dont on lui offrait la moitié. - On délibère si l'on détruira Utique, dont les habitants étaient portés pour César; Caton s'oppose à cette destruction qui est conseillée par Juba. Il est chargé de défendre et de garder cette ville. - Cnéius, fils du grand Pompée, rassemble en Espagne des troupes dont Afranius et Pétreius refusent de prendre le commandement, et recommence la guerre contre César. - Pharnace, roi du Pont, fils de Mithridate, est vaincu avec une grande promptitude. - P. Dolabella, tribun du peuple, excite des troubles à Rome en proposant une loi sur les dettes. La populace se porte aux plus grands excès. - M. Antonius, maître de la cavalerie, introduit alors des troupes dans Rome, et huit cents plébéiens sont tués. - Une sédition éclate parmi les vétérans qui demandent leur congé: César le leur accorde. Il passe en Afrique, et court de grands dangers,en combattant les troupes de Juba. (trad. Collection Nisard) [114] Caecilius Bassus, chevalier romain du parti de Pompée, fait la guerre en Syrie, après avoir attiré sous ses drapeaux une légion qui abandonne et tue Sex. César. - Le dictateur défait à Thapsus le préteur Scipion et Juba, et reste maître de leur camp. - En apprenant cette nouvelle à Utique, Caton se perce de son épée. Son fils accourt et lui donne ses soins; mais, pendant qu'on s'empresse autour de lui, il rouvre sa blessure et expire, âgé de quarante-huit ans. - Pétreius tue Juba et se donne ensuite la mort. - P. Scipion, enveloppé sur son vaisseau, finit ses jours par une mort honorable et avec des paroles dignes de sa mort. Les ennemis criant: "Où est le général?", il répond "Le général est en sûreté." - Faustus et Afranius sont mis à mort. - Clémence de César envers les fils de Caton. - Victoire remportée dans la Gaule par Brutus, lieutenant de César, sur les Bellovaques révoltés. (trad. Collection Nisard) [115] César triomphe quatre fois pour ses victoires sur la Gaule, sur l'Égypte, sur le Pont et sur l'Afrique. Il donne des festins publics et des spectacles de toute espèce. À la prière du sénat il consent au retour de Marcellus, homme consulaire; mais Marcellus ne peut jouir de ce bienfait, il est assassiné à Athènes par un de ses clients, Cn. Magius. - Le dictateur fait un dénombrement où sont inscrits cent cinquante mille citoyens. Il part pour l'Espagne, afin d'y faire la guerre à Cn. Pompée, et, après beaucoup de combats et quelques villes prises, il remporte, près de Munda, une victoire décisive où il court de grands dangers. - Sextus Pompée parvient à réchapper. (trad. Collection Nisard) [116] César triomphe pour la cinquième fois après son expédition d'Espagne. - Le sénat lui prodigue les plus grands honneurs: ainsi il lui accorde le titre de père de la patrie, et le proclame inviolable et dictateur perpétuel. Mais divers motifs lui attirent la haine des Romains. D'abord un jour que les sénateurs lui décernaient ces honneurs, et qu'il était assis devant le temple de Vénus Genitrix, il les reçoit sans se lever. Puis, à la fête des Lupercales, le consul Marcus Antonius, son collègue, lui ayant mis le diadème sur la tête, il le dépose sur son siège. Enfin les tribuns du peuple, Épidius Marullus et Caesétius Flavus l'ayant signalé à la haine publique, comme aspirant à la royauté, il les prive de leur charge. Ces motifs font naître contre lui une conjuration, dont les chefs sont M. Brutus et C. Cassius. - Il est assassiné dans la curie de Pompée et meurt percé de vingt-trois coups. Ses meurtriers s'emparent du Capitole. Le sénat ayant ensuite décrété une amnistie pour les auteurs de cet assassinat, et les enfants d'Antoine et de Lépide leur ayant été livrés comme otages, les conjurés descendent du Capitole. En vertu du testament de César, Octave, petit-fils de sa soeur, se trouve institué son héritier pour moitié, et appelé par l'adoption à porter son nom. - Comme on portait le corps de César au Champ de Mars, le peuple le brûle au pied de la tribune aux harangues. - La dictature est abolie pour toujours. - Exécution de Chamates, homme de la plus basse origine, qui se prétendait fils de Marius, et excitait des troubles au milieu d'une multitude crédule. (trad. Collection Nisard) [117] Octave, qui se trouvait en Épire où César l'avait envoyé par avance, lorsqu'il se préparait à faire la guerre en Macédoine, revient à Rome, et, accueilli sous de favorables auspices, prend le nom de César. - Au milieu de la confusion et du trouble général, Lépidus s'empare de la dignité de grand pontife. Le consul M. Antonius exerce une domination despotique: il fait passer par violence une loi qui change les gouvernements des provinces, et lorsque César Octave lui demande son assistance contre les assassins de son oncle, il l'accable d'affronts. César se préparant à s'armer contre lui, pour sa cause et pour celle de la république, rappelle les vétérans envoyés pour former des colonies. D'un autre côté la légion Martia et la quatrième passent des drapeaux d'Antonius sous ceux de son rival. Enfin la cruauté d'Antonius, qui égorge dans son camp tous ceux qui lui sont suspects, cause un grand nombre de défections. - D. Brutus, pour résister à Antonius qui lui réclame le commandement de la Gaule Cisalpine, se renferme dans Modène avec son armée. Mouvements des deux partis pour s'emparer des provinces. - Préparatifs de guerre. (trad. Collection Nisard) [118] En Grèce, M. Brutus, sous prétexte de défendre la république et de faire la guerre à Antoine, fait passer sous ses ordres l'armée commandée par Vatinius et la province. - Le jeune César, qui le premier avait pris les armes pour la cause de la république, est revêtu par le sénat de l'autorité de propréteur et des insignes du consulat, avec le titre de sénateur. - M. Antonius tient D. Brutus assiégé dans Modène. Des députés, que le sénat lui avait envoyés pour traiter de la paix, échouent dans leur mission. - Le peuple romain revêt le sagum. - M. Brutus, en Épire, range à son obéissance le préteur C. Antonius et son armée. (trad. Collection Nisard) [119] Dolabella fait perfidement massacrer en Asie C. Trébonius. Il est, pour ce crime, déclaré ennemi public par le sénat. - Le consul Pansa ayant été battu par Antonius, son collègue A. Hirtius accourt avec ses troupes, met en fuite l'armée de M. Antonius, et rend égales les chances des deux partis. Vaincu ensuite par Hirtius et César, Antonius s'enfuit dans la Gaule, et décide Lépidus et les légions qu'il commandait à faire sa jonction avec lui. Il est déclaré ennemi public par le sénat, avec tous ceux qui l'ont secondé. A. Hirtius, qui, après une victoire, avait été tué dans le camp même de l'ennemi, et C. Pansa, qui avait succombé à une blessure reçue dans sa défaite, sont ensevelis au Champ de Mars. - Le sénat se montre peu reconnaissant envers César, le seul survivant des trois généraux. Après avoir décerné les honneurs du triomphe à D. Brutus que César avait délivré alors qu'il était assiégé dans Modène, il n'accorde à César et à ses soldats qu'une mention peu satisfaisante. Aussi César s'étant réconcilié avec M. Antonius par l'entremise de M. Lépidus, vient à Rome, et, au milieu de la consternation que son arrivée cause à ses ennemis, il se fait nommer consul à dix-neuf ans. (trad. Collection Nisard) [120] César, devenu consul, fait passer une loi sur la mise en jugement des meurtriers de son père: M. Brutus, C. Cassius, Décimus Brutus sont cités en vertu de cette loi et condamnés quoique absents. - Les forces de M. Antonius s'augmentent encore par la jonction que font avec lui Asinius Pollion, Munatius Plancus à la tête de leurs armées. Décimus Brutus, que le sénat avait chargé de poursuivre Antonius, est abandonné par ses légions et s'enfuit. Il tombe entre les mains d'Antonius qui le fait tuer par le Séquanais Capénus. - César fait la paix avec Antonius et Lépidus. Tous trois se décernent pour cinq ans le titre de triumvirs chargés de constituer la république, et conviennent que chacun de son côté proscrira ses ennemis. Dans ces proscriptions sont enveloppés une foule de chevaliers romains et cent trente sénateurs, parmi lesquels on distingue L. Paulus, frère de M. Lépidus, L. César, oncle d'Antonius, et Cicéron. Ce dernier est assassiné par Popillius, soldat légionnaire, à l'âge de soixante-trois ans, et sa tête ainsi que sa main droite sont exposées sur les Rostres. - Ce livre contient en outre les opérations de M. Brutus dans la Grèce. (trad. Collection Nisard) [121] C. Cassius, que le sénat avait chargé de combattre Dolabella, déclaré ennemi public, se sert de l'autorité dont la république l'a revêtu pour prendre possession de la Syrie et des trois armées qui se trouvaient dans cette province. Il tient Dolabella enfermé dans la ville de Laodicée, et le force à se donner la mort. - C. Antonius, frère de M. Antonius, est fait prisonnier et tué par ordre de M. Brutus. (trad. Collection Nisard) [122] M. Brutus se bat avec succès contre les Thraces. C. Cassius et lui soumettent à leur autorité toutes les provinces et toutes les armées d'outre-mer et se réunissent à Smyrne pour régler le plan de la guerre qu'ils préparent. En considération de son frère Messala, ils pardonnent d'un commun accord à Poplicola convaincu de les avoir trahis. (trad. Collection Nisard) [123] Sextus, fils du grand Pompée, recrute en Épire des proscrits et des esclaves fugitifs, et après avoir, à la tête de cette armée, exercé longtemps ses brigandages sur mer sans se fixer nulle part, il s'empare d'abord de Messine, puis de toute la Sicile. Il tue A. Pompéius, propréteur de Bithynie, et remporte une victoire navale sur Q. Salvidenus, lieutenant de César. - Antonius et César passent en Grèce avec leurs troupes, pour combattre Brutus et Cassius. Q. Cornificius défait en Afrique T. Sextius, général du parti de Cassius. (trad. Collection Nisard) [124] César et Antonius se battent à Philippes contre Brutus et Cassius, avec des chances partagées: des deux côtés les ailes droites sont victorieuses; des deux côtés il y un camp pris par les vainqueurs; mais la mort de Cassius fait pencher la balance. En effet, placé à l'aile qui a été mise en déroute et croyant que la défaite de l'armée est générale, il met fin à ses jours. - Il se livre ensuite une seconde bataille. dans laquelle Brutus est vaincu et se tue aussi, après avoir prié Straton, qui l'accompagnait dans sa fuite, de le percer de son épée. Quarante des citoyens les plus distingués de Rome, et entre autres Q. Hortensius, font de même. (trad. Collection Nisard) [125] César, laissant Antonius dans les contrées d'outre-mer, dont le gouvernement lui a été assigné d'après le nouveau partage des provinces, revient en Italie et distribue des terres aux vétérans. Des mutineries sont excitées parmi ses troupes par les soldats qu'a gagnés Fulvie, épouse d'Antoine. Il les apaise en s'exposant aux plus grands périls. - Le consul Lucius Antonius, frère de M. Antonius, cédant aux conseils de cette même Fulvie, déclare la guerre à César. Il engage dans son parti les peuples dont les terres avaient été assignées aux vétérans, bat M. Lépidus qui était avec son armée chargé de la garde de Rome, et entre dans la ville les armes à la main. (trad. Collection Nisard) [126] César, âgé de vingt-trois ans, assiège dans Pérouse L. Antonius qui essaie plusieurs sorties, est repoussé, et se voit réduit par la famine à capituler. Le vainqueur lui pardonne ainsi qu'à toutes ses troupes. Il ruine Pérouse, et après avoir fait rentrer sous son autorité toutes les armées du parti ennemi, il termine la guerre sans effusion de sang. (trad. Collection Nisard) [127] Les Parthes guidés par Labiénus, ancien partisan de Pompée, envahissent la Syrie, et, après avoir vaincu Décidius Saxa, lieutenant de M. Antonius, ils se rendent maîtres de toute cette province. - M. Antonius ayant perdu Fulvie son épouse, qui l'excitait à faire la guerre à César, se décide, pour ne plus être un obstacle à la bonne intelligence des chefs, à conclure la paix avec César et à épouser sa soeur Octavie. Il dénonce les menées criminelles de Salvidénus contre César, et ce général, déclaré coupable, se donne volontairement la mort. - P. Ventidius, lieutenant d'Antonius, défait les Parthes et les chasse de la Syrie, après avoir tué Labiénus leur général. - Sextus Pompée, dont le voisinage inquiète l'Italie, étant maître de la Sicile et interceptant les convois de blé, César et Antonius lui demandent la paix, et concluent avec lui un traité qui lui assure la possession de la Sicile. - Ce livre renferme encore les événements de la guerre civile en Afrique. (trad. Collection Nisard) [128] Sextus Pompée recommençant à infester la mer de ses brigandages et n'observant pas la paix qu'il a souscrite, César, forcé de lui déclarer la guerre, lui livre deux batailles navales où les succès sont balancés. - P. Ventidius, lieutenant de M. Antonius, triomphe des Parthes en Syrie, et tue leur roi. - Les lieutenants d'Antonius soumettent aussi les Juifs. - Préparatifs de la guerre de Sicile. (trad. Collection Nisard) [129] Deux batailles navales sont livrées à Sextus Pompée avec des succès balancés. - Des deux flottes de César, l'une, commandée par Agrippa, est victorieuse; l'autre, conduite par Octave lui-même, est anéantie, et les troupes qu'il a débarquées courent le plus grand danger. - Quelque temps après, Sextus est vaincu et s'enfuit en Sicile. - Lépidus, qui était accouru d'Afrique comme pour prendre part à la guerre que César devait faire à Sextus. tourne aussi ses armes contre son collègue. Mais son armée l'abandonne; il est dépouillé du triumvirat; cependant on lui laisse la vie. - Agrippa reçoit de César une couronne navale, marque d'honneur qui, avant lui, n'avait été accordée à personne. (trad. Collection Nisard) [130] M. Antonius, s'oubliant dans les plaisirs auprès de Cléopâtre, entre après de longs retards dans la Médie et déclare la guerre aux Parthes, à la tête de dix-huit légions et de seize mille chevaux. Il perd deux légions, n'éprouve que des revers et bat en retraite, poursuivi de près par les Parthes. Enfin, après avoir été en butte avec toute son armée à de terribles alarmes et à de grands danger, il rentre en Arménie, et dans cette fuite de vingt et un jours, parcourt un espace de trois cents milles. Les rigueurs de la saison lui font perdre environ huit mille hommes. Ces désastres funestes ajoutés à l'expédition si malheureuse contre les Parthes doivent lui être entièrement imputés, parce qu'il ne voulait pas prendre ses quartiers d'hiver en Arménie, entraîné qu'il était par son empressement à rejoindre Cléopâtre. (trad. Collection Nisard) [131] Sextus Pompée, tout en ayant l'envie de se mettre sous la protection d'Antonius, en Asie, se prépare à lui faire la guerre; mais il est défait par les lieutenants du triumvir et mis à mort. - César réprime une sédition funeste qui avait éclaté parmi les vétérans. Il soumet les Japydes, les Dalmates et les Pannoniens. - Antonius ayant attiré auprès de lui en lui engageant sa foi, Artavasde, roi d'Arménie, le fait jeter dans les fers, et place sur le trône de ce pays un fils qu'il avait eu de Cléopâtre. - Depuis longtemps passionné pour cette princesse, il venait de la reconnaître comme son épouse. (trad. Collection Nisard) [132] César en Illyrie dompte les Dalmates. - M. Antonius, dominé par son amour pour Cléopâtre, dont il avait deux fils, Philadelphe et Alexandre, refuse de venir à Rome et d'abdiquer le triumvirat, quoique le temps en soit expiré. Il se prépare à déclarer la guerre à Rome et à l'Italie, rassemble dans ce but des forces considérables, tant de mer que de terre, et envoie la déclaration de son divorce à Octavie, soeur de César. Celui-ci passe en Épire avec une armée. - Engagements sur mer et combats de cavalerie où l'avantage reste à César. (trad. Collection Nisard) [133] M. Antonius, vaincu sur mer près d'Actium, s'enfuit à Alexandrie. Il est assiégé par César. Voyant sa position entièrement désespérée, et décidé surtout par le faux bruit de la mort de Cléopâtre, il se perce de son épée. - César se rend maître d'Alexandrie, et Cléopâtre, pour ne pas tomber au pouvoir du vainqueur, finit sa vie par une mort volontaire. - À son retour à Rome, Octave célèbre trois triomphes, l'un pour l'Illyrie, l'autre pour la victoire d'Actium et le troisième pour Cléopâtre. - Les guerres civiles sont ainsi terminées, après avoir duré vingt et un ans. - M. Lépidus, fils de l'ancien triumvir, forme une conjuration et prend les armes contre César. Il est défait et tué. (trad. Collection Nisard) [134] César, après avoir assuré la paix de l'empire et réglé l'organisation des provinces, reçoit encore le surnom d'Auguste. Pour l'honorer, on donne ce nom au mois Sextilis. - Il préside une conférence à Narbonne et fait opérer le dénombrement des trois divisions des Gaules conquises par son père. - Guerre de M. Crassus contre les Bastarnes, les Moesiens et d'autres nations. (trad. Collection Nisard) [135] Guerre de M. Crassus contre les Thraces et de César contre les Espagnols. - Soumission des Salasses, peuplade des Alpes. (trad. Collection Nisard) [136] [137] [138] Les Rhètes sont soumis par Tib. Néron et Drusus, beaux-fils de César. - Mort d'Agrippa, gendre de César. - Le recensement est effectué par Drusus. (trad. Collection Nisard) [139] Des cités de Germanie, situées en deçà et au-delà du Rhin sont assiégées par Drusus. - Fin du tumultus qui avait éclaté en Gaule à cause du recensement. - Dédicace de l'autel du dieu César au confluent de l'Arar et du Rhône; on nomme comme prêtre C. Iulius Vercondaridubnus, un Héduen. (trad. Collection Nisard) [140] Les Thraces sont domptés par L. Pison; les Chérusques, les Teuctères, les Chauques et d'autres peuplades germaniques d'au-delà de Rhin, sont soumis par Drusus. - Mort d'Octavie, soeur d'Auguste. Elle avait perdu auparavant son fils Marcellus, dont un théâtre et un portique rappellent la mémoire et portent le nom, comme s'il en avait fait la dédicace. (trad. Collection Nisard) [141] Guerre de Drusus contre les peuplades transrhénanes. Dans cette guerre se distinguent au premier rang Chumstinctus et Avectius, tribuns militaires de la nation des Nerviens. - Néron, frère de Drusus, réduit les Dalmates et les Pannoniens. La paix est conclue avec les Parthes, et leur roi rend les étendards qui avaient été enlevés à Crassus et ensuite à Antonius. (trad. Collection Nisard) [142] Guerre de Drusus contre les peuplades transrhénanes de la Germanie. - Le général meurt au bout de trente jours, d'une fracture de la cuisse, suite d'une chute de cheval. Néron, son frère, qui s'est hâté d'accourir à la nouvelle de son malheureux accident, transporte son corps à Rome, où il est déposé dans le tombeau de Jules César. Son éloge est prononcé par César Auguste, son beau- père, et de nombreux honneurs lui sont rendus à ses funérailles. (trad. Collection Nisard)