[0] INTERROGATOIRES (partim). [1] 17 février 1310 - Résultats groupés d’interrogatoires individuels de prisonniers - Ils sont questionnés sur leur volonté de défendre l’Ordre. Item, le même jour au même lieu on conduisit en présence des seigneurs commissaires (excepté monseigneur l’archidiacre de Maguelonne qui à ce moment, alors qu’il restait à faire ces auditions, s’excusa) les frères ci-dessous, qu’on disait avoir été amenés de Poitiers, à savoir les frères Iterius de Lombihacho (Limoges), Petrus de Lonihis (Reims), Guillelmus de Sanzeto (Limoges), Helias Aymerici (Limoges), Galterus de Pincon (Cambrai), Aymericus Boeti (Angoulême), Guillelmus Vigerii (Angoulême), Matheus de Alveto (Cambrai), Petrus de Rupe (Tours), Matheus de Stagno (Tours), Helias de Chalhistrat prêtre curé de l’église de Relhatus (Limoges), Guillelmus Barbot (Poitiers), Raynardus de Bondis (Paris).{(diocèse)}. Lesquels ont été interrogés individuellement et séparément, {pour savoir} s’ils voulaient défendre l’Ordre, répondirent comme suit : frère Humbertus de Reffiet (Poitiers), interrogé de cette manière, répondit qu’il était un homme pauvre et qu’il n’avait pas l’intention de défendre cet Ordre, mais qu’il tenait pour sur que le Maître de l’Ordre se défendrait. Les autres frères ci-dessous, avec les précédents amenés de Poitiers, comme on l’a dit. Interrogés individuellement et séparément, répondirent comme suit : frère Audebertus de Porta (Poitiers) demanda le conseil du Maître, sous l’obédience duquel il et placé. frère Johannes Bochandi (Poitiers) répondit et dit qu’il est un homme pauvre et qu’il ne pourrait le défendre, mais qu’il sera content de ce que fera le Maître. frère Thomas de Camino (Rouen) répondit qu’il est un homme pauvre et qu’il ne pourrait le défendre, mais que le Maître se défende, s’il veut, parce qu’il est content de ce que le Maître fera. frère Johannes le Bergonhons (Langres), en habit laïc, dit qu’il ne veut pas défendre cet ordre, parce que avant que les Templiers soient emprisonnés, il a apostasié, il y a bien un an, pour une femme. frère Laurencius Bacizin (Poitiers) dit qu’il défendrait volontiers l’Ordre, s’il pouvait, mais il n’a pas de quoi payer, voila pourquoi il a renoncé à la défense de ses supérieurs. frère Guido de Gorso (Limoges) dit qu’il défendrait volontiers, s’il pouvait, mais il n’a pas de quoi, et il renonce à la défense du Maître. frère Johannes de Anonia (Cambrai) dit qu’il veut le défendre comme il le peut. frère Stephanus de Lamon (Limoges) dit qu’il ne peut le défendre tant qu’il est emprisonné, mais s’il était libre, il ferait tout son possible. frère P. Raynardi (Poitiers) a renoncé à la défense du Maître. frère Guillelmus Bonamof (Cahors) a renoncé à la défense des chefs de l’Ordre. frère Johannes de Bisonio (Béziers) dit qu’il veut faire son possible pour le défendre. frère Stephanus Anglici (Poitiers) a renoncé à la défense de l’Ordre, car au moment de l’emprisonnement des frères de l’Ordre, il n’était dans l’Ordre que depuis 2 ans. frère Aymericus Chamerlent (Limoges) dit qu’il ne veut pas le défendre, surtout il veut s’en tenir à la confession qu’ils on faite en présence de notre seigneur le Pape. frère Stephanus Quintini (Poitiers) et Gerardus de la Terlanderia (Angoulême) ont dit qu’ils voulaient défendre cet Ordre autent que possible. frère Iterius de Breveza (Limoges) a renoncé à la défense de ses chefs. Item, le même jour au même lieu furent amenés en présence des seigneurs commissaires les frères ci-dessous, qu’on dit être amenés de Crespino, diocèse de Senlis, qui, interrogés individuellement et séparément sur leur volonté de défendre l’Ordre, répondirent ce qui suit : frère Radulphus de Taverniacho (Paris) dit qu’il veut défendre l’Ordre jusqu’au bout. frères Reginaldus de Parisius prêtre, Matheus de Tabulla (Beauvais), et Nicolaus de Compendio (Soissons), dirent qu’ils veulent défendre l’Ordre jusqu’à la mort. frères Helias de Gostro (Meaux), Johannes de Oratorio (Soissons), P. de Sancto Lupo (Paris) et Bonio de Volenis (Langres), dirent qu’ils veulent défendre cet Ordre. Dont acte, au jour et lieu susdits, en présence de moi Floriamonte Dondedei et des autres notaires ci-dessus nommés. [2] 13 avril 1310 - Extrait de l’interrogatoire de frère Johannes de sancto Benedicto, precepteur de la maison du Temple de l’Ile-Bouchard, diocèse de Tours, admis dans l’Ordre à la maison du Temple de La Rochelle. Après cela, le lundi suivant, 13ème jour du mois d’avril, les évêques de Bayeux et de Limoges, et l’archidiacre de Maguelonne, avec nous notaires bas nommés nous rendîmes près de Saint Cloud, en la demeure épiscopale du lieu, dans laquelle le frère Johannes gisait, malade, et après que nous lui ayons exposé la raison de notre venue, ce frère Johannes, sur les saints évangiles touchés de sa main, selon la forme requise, jura de leur dire la vérité totale, pleine et entière sur ce qu’il sait ou croit de ces articles émis par le siège apostolique et les concernant, sans y mêler quelque mensonge ; que de plus il dirait la vérité, tant contre l’ordre qu’en sa faveur, et qu’il ne ferait ce témoignage ni sous l’effet de la supplication, ni sur ordre ni par amour, ni par crainte, ni par haine individuelle, ni pour un avantage temporel qu’il a ou aurait, ou espèrerait avoir. Une fois ce serment prêté, le frère Johannes fit la déposition suivante : Frère Johannes de sancto Benedicto, précepteur de la maison du Temple de l’Ile-Bouchard, diocèse de Tours, né dans ce même diocèse, couché dans son lit de malade, âgé de 60 ans ou environ, à ce qu’il dit, témoin assermenté selon la forme ci-dessus et interrogé consciencieusement sur les articles envoyés par le siège apostolique sur l’enquête à faire contre l’ordre des Templiers ; et premièrement sur les premiers articles où il est question du reniement du Christ ou de Jésus, etc. jusqu’à l’article sur le crachat sur la croix, qui lui ont été exposés scrupuleusement, il dit que lui-même fut reçu il y a bien 40 ans ou environ à La Rochelle, diocèse de Saintes, par le frère P. de Legione, alors précepteur de La Rochelle, aujourd’hui défunt, qui lors de sa réception lui avait dit qu’il lui fallait renir notre Seigneur, ne se rappelant plus s’il l’avait appelé Jésus, le Christ ou le Crucifié, mais avait dit à ce témoin que tout est un ; à quoi ce temoin répondit que s’il le reniait, ce serait en paroles, mais non du coeur, et ainsi il le renia, sur la demande de celui qui le recevait. [3] 15 avril 1310 - Interrogatoire de Johannes Anglici de Hinquemeta, du diocèse de Londres, admis dans l’Ordre à la maison du Temple de La Rochelle. Ensuite, le lendemain, à savoir jour de Mercredi Saint, le 15 avril, Jean Anglici de Hinquemata, du diocèse de Londres, témoin assermenté, portant vêtements de laine grise, sans le manteau et les habits de l’Ordre du Temple, barbe rasée, de 36 ans environ, à ce qu’il dit, vint en présence des seigneurs commissaires, pour faire sa déposition. Et sachant que le samedi précédent, ledit Johannes avait enlevé et abandonné ledit manteau en présence des commissaires, comme il est écrit auparavant dans le procès. Interrogé sur les articles I à XIII, il répondit qu’il fut admis dans cet Ordre à La Rochelle du diocèse de Saintes par le frère Pierre de Madit "miles" de l’Ordre, maître en Poitou, et comme il le lui passait autour du cou, ce même "miles", à la demande de frère Guillaume de Leodio, alors précepteur de la Rochelle, au service duquel ce témoin était alors demeuré, comme l’a dit ce "miles", conduisit ce témoin derrière un autel et lui enjoignit de renier trois fois Jésus, et de cracher sur une croix qu’il avait apportée ; ajoutant qu’il avait renié Jésus à la demande dudit "miles", trois fois, de la bouche mais non du coeur, et craché trois fois à proximité de ladite croix. Item, il dit que Raynaldus, chapelain de l’Ordre à la maison de La Rochelle, lui remit une cordelette de fil blanc et lui enjoignit de s’en ceindre jour et nuit sur sa chemise, et que ce même chapelain lui assura, comme dit le témoin, que quelque "capud" (amulette ?) était attaché à cette corde, mais il ne sait pas quoi, et il ne l’a pas vu. Item, il dit que ce "miles" qui l’a admis fut embrassé au visage, après cette admission, sur la bouche, par les frères présents à cette admission ; par la suite, ce même "miles", comme il le conduisait derrière l’autel, se fit embrasser sur la poitrine et sur les épaules, sur sa peau nue. Item, dit que le "miles" lui enjoignit de tenir ces choses secrètes, et reçut à ce sujet son serment, en le faisant jurer sur un livre. Interrogé sur la date de son admission et sur ceux qui y assistaient, il répondit qu’il y avait environ 10 ans qu’il avait été admis, et que quatre frères de l’Ordre étaient présents, avec celui qui l’admettait, à savoir frère Raynaldus (déjà nommé), frère Stéphane alors clavaire du lieu, frère Théobaldus Mandies "miles", frère Stéphanus Picardi, charpentier du lieu, il dit en outre que tous ont quitté cette préceptorerie. Questionné s’il savait d’autres observances de cet ordre, il répondit qu’ils jeûnaient ou devaient jeûner six jours entre la fête de Toussaint et la fête de Pâques, et ceux qui voulaient pendant la période des 40 jours avant Noël, et disaient ou voulaient dire, entre le jour et la nuit, pour les vivants et pour les morts, 60 Pater Noster et Ave Maria et pour les simples heures canoniques du jour, neuf fois Pater Noster, comme il l’a vu, et pour les simples heures de la bienheureuse Vierge Marie sept fois Ave Maria, comme il l’a vu. Questionné si celui qui lui avait enjoint de renier Jésus et de cracher sur la croix lui en avait fourni la cause est la raison, pourquoi il devait faire de telles choses, il répondit que ledit "miles" lui avait dit que cela se pratiquait dans l’Ordre, sans que lui et les présents n’en connaissent la cause. Item, il dit que lorsqu’il fit le reniement et le crachat, les baisers sur la poitrine et les épaules, il n’y avait personne qui le voyait, si ce n’est lui le témoin et ledit "miles" qui l’admettait, mais les autres frères présents ont bien vu le moment des baisers. Item, questionné sur ce qu’il avait vu, il dit que pendant les quatre années ou environ qui suivirent son admission à la maison du Temple de la Rochelle, dans la chambre où se faisait l’admission des frères de l’Ordre, un dénommé Petrus de Chantenac, du diocèse de Saintes, et fut reçu par le dit Petrus "miles" et conduit par lui après l’imposition du manteau, dans la chapelle, derrière l’hôtel et le dit Petrus fut suivi par frère Raynotus, Stéphanus, clavaire, et Stephanus, charpentier, et il croit que la personne admise a fait ce qui a été fait pour lui-même, mais on ne pouvait le voir, car l’admettant et l’admis étaient derrière l’autel. Questionné si ce mode d’admission était pratiqué également outre-mer, il dit qu’il croit que oui, mais qu’il n’a rien vu et n’a rien déposé à ce sujet ; des autres points contenus dans les autres articles, il dit ne pas en savoir plus. Item, questionné sur les articles XIV et XV, il répondit qu’il avait entendu le dire par des laïcs avant leur arrestation, mais jamais il n’a vu ni ne fut mêlé et il ne l’a pas entendu de frères de l’Ordre, et il ne se rappelle pas les noms des laïcs. Item, questionné sur l’article XVI et suivants jusqu’au XXIV, il répond qu’il croit aux sacrements de l’autel et autres sacrements ecclésiastiques, et ne sait pas ce que les autres frères croient ou ne croient pas, ni si les prêtres omettaient les mots du canon de la messe par lesquels se fait le corps du Christ ou non, mais après l’arrestation des templiers, il a entendu plusieurs personnes dire que les prêtres de l’Ordre omettaient plusieurs paroles du canon de la messe, mais il ne sait pas si c’est vrai ou non ; il dit même que trois fois par an, c’est à dire à Pâques, à la Pentecôte et à Noël, lesdits frères communiaient de la main du prêtre de l’Ordre ; des autres contenus de ces articles, il dit n’en savoir plus. Item, interrogé sur l’article XXIIII et suivants jusqu’à XXX, il répondit qu’il a entendu plusieurs frères de l’Ordre dire à d’autres, dont il ne se rappelle pas les noms, comme il a dit, que le Grand Maître de l’Ordre pouvait demander aux chapelains de l’Ordre d’absoudre les frères qui confessaient leurs péchés, mais s’ils ne se confessaient pas, il n’a pas entendu dire qu’ils puissent absoudre ; des autres contenus de ces articles, il dit ne rien savoir de plus, si ce n’est que les visiteurs et précepteurs imposaient bien des punitions aux frères de l’Ordre, de manger par terre sur leurs manteaux. (incertain) Item, sur l’article XXX et suivants jusqu’à XXXIIII, questionné, il répondit comme ci-dessus, et rien de plus. Item sur l’article XXXIIII et suivants jusqu’à LX, questionné, il répondit qu’à la demande de celui qui l’admettait, il jura sur un livre qu’il ne quitterait pas l’Ordre, et il croit que c’est pareil pour tous les autres admis dans l’Ordre, et il le vit quand le frère Pierre de Chatenhac fut reçu, et que aussitôt ils étaient considérés comme profès. Item, il dit que les admissions des frères étaient clandestines, cad portes bien closes, et sans spectateurs hormis les frères de l’Ordre. Questionné sur comment il sait cela, il répond qu’il l’a vu pour son cas et celui du frère P. de Catenhaco, et il croit que cette méthode était pratiquée dans l’Ordre ; il dit même que cette admission clandestine a suscité en lui un fort soupçon contre l’Ordre depuis assez longtemps. Item, sur l’article XL et suivants jusqu’à XLVI, il répondit que jamais il n’a entendu que soit donnée une telle permission, que l’un avec l’autre puisse ou doive s’unir charnellement ; bien au contraire il croit que c’est un gravissime péché de le faire et de le subir. Cependant il a entendu dire, il y a bien 10 ans, qu’outre-mer des frères commettaient entre eux ce péché, cependant il ne croit pas que ce soit avec l’autorisation de Maître ni du statut de l’Ordre. Questionné de qui il l’avait entendu, il répondit que c’étaient des laïcs et quelqes frères de l’Ordre qui étaient revenus d’outre-mer, dont il ne se rappelle pas les noms, comme il a dit. Item, questionné sur l’article XLVI et suivants jusqu’à LXV, il répondit qu’il n’a su ni vu aucune idole, ni aucun "capud", ni n’a entendu dire qu’il y en eut dans l’Ordre ni après leur emprisonnement, et il ne croit ni combien et pourquoi il a parlé plus haut de cordelettes ; des autres sujets contenus dans ces articles, il dit ne rien savoir de plus. Item, questionné sur l’article LXV et suivants jusqu’à LXXIII, il répondit qu’il n’a pas vu ni entendu de frère être tué, ni jeté en prison, ni maltraité, ni menacé, ni le faire aux autres ; il ne sait ni n’a entendu ce qui est advenu à ceux qui ont refusé le reniement, le crachat et les baisers précités. Item il dit qu’ils ne parlaient pas entre eux du mode d’admission. Interrogé pourquoi, il répondit qu’il croyait que pour l’honneur du siècle, ou par amour-propre. Du reste du contenu des articles, il dit qu’il n’en savait pas plus que ce qu’il avait déposé plus haut. Item, questionné sur l’article LXXIII, il répondit que les chapelains de l’Ordre interdisaient aux frères de se confesser à d’autres prêtres que ceux de l’Ordre, cependant il n’a pas entendu que le Maître de l’Ordre ou autres précepteurs fassent cette interdiction. Questionné sur les chapelains qu’il avait entendu faire cette interdiction, il dit que ceux du lieu où il demeurait le disaient, et qu’il a cru que cela était dans les statuts de l’Ordre, mais autrement il ne sait pas. Comme il était tard, l’audition ne pouvait se poursuivre, les seigneurs commissaires, en raison du respect des fêtes pascales, ne voulant pas ... convinrent de revenir en ce lieu le jeudi après Pâques, pour terminer la déposition. Le seigneur de Bayeux, disant qu’il ne pourrait s’occuper de cette affaire au cours du mois à venir, à cause du concile provincial de Rouen, où il devait absolument être, s’excusa, voulant que les autres commissaires traitent l’affaire sans retard. Ces actes furent faits en cette chapelle par lesdits seigneurs commissaires, ce mercredi, en présence de moi Floriamont notaire et les autres notaires susdits, excepté Guillelmus Radulphi. Après cela, le jeudi après Pâques, c’est-à-dire le 23 du mois d’avril, les susdits commissaires, excepté le seigneur de Bayeux excusé comme ci-dessus, se réunirent dans cette chapelle, et il revint devant eux pour achever sa déposition, incomplète en raison de leur tardive le mercredi de Pâques, commencée ce même jour. Interrogé sur les articles LXXIIII, V et VI, il répondit qu’il croyait vrai le contenu de ces articles, parce qu’il avait entendu les frères de l’Ordre le dire, et spécialement le précepteur de la Rochelle, qui est vivant, à ce qu’il croit, qui était présent quand il entendit cela, et en quel temps ?, il dit ne pas s’en souvenir ; cependant c’était avant leur incarcération, il y a environ deux ans, à ce qu’il croit, et il dit qu’il a entendu cela de la bouche de ce précepteur dans le parloir de la maison du temple de la Rochelle, avant la porte. Item, interrogé sur l’article LXXVII et suivants jusqu’au LXXXVIII, il répondit qu’il ne s’est rien ... parce qu’il croit que tout leur contenu est vrai dans la mesure où est vrai ce qu’il a confessé précédemment au sujet des autres articles. Item, interrogé sur l’article LXXXVIII et suivants jusqu’au LCVI, il répondit que leur contenu est vrai autant que ce qu’il a confessé ci-dessus ; autrement il dit qu’il ne sait rien, ni en expliquer la cause, ni si cela est possible. Item, interrogé sur l’article XCVI, il répondit qu’il croit que le Maître, les visiteurs et les précepteurs peuvent punir, mais ne veulent pas faire cela, et qu’il n’a jamais vu quelqu’un être puni, ni entendu dire qu’il n’aurait pas voulu faire aux autres ce dont il s’est confessé ; il dit même qu’il croit que ceux qui ne voulaient pas faire ce qu’il a confessé étaient punis par leurs supérieurs ; autrement il dit qu’il ne sait rien. Item, interrogé sur l’article XCVII, il répondit que dans de nombreuses maisons du Temple on faisait les aumônes et que l’hospitalité était pratiquée, cependant pas pleinement ni bien comme ils le devaient, ni comme l’avaient ordonné ceux qui avaient abandonné leurs biens à l’ordre pour faire ces aumônes et faire pratiquer l’hospitalité. Interrogé pour savoir si ces aumônes étaient faites en raison des statuts de l’Ordre, il répondit que dans les maisons où il y a des chapelles, mais pas dans les autres, les aumônes étaient faites, trois fois par semaine, en raison de statuts de l’Ordre, à ce qu’il croit, et il a vu que cela était observé, à ce qu’il dit, tout le temps qu’il a passé dans cet Ordre. Item, il a dit qu’il a vu, dans la maison de l’Ordre, en la ville de Nantes, que Thomas, clavaire de cette maison, donnait de temps en temps aux porcs du bon blé, et du pain de {fulfurae} aux pauvres, quoique le précepteur de cette maison ait enjoint à ce clavaire de faire l’aumône due, et il a dit qu’il avait entendu cela tant qu’il était dans cette maison. Item, interrogé sur les articles XCVIII à C, il répondit qu’il ne savait rien, cependant il a vu que par les lettres apostoliques, beaucoup étaient tourmentés par les frères de cet Ordre, et ils les extorquaient par l’obtention des dites lettres, et il a vu, à ce qu’il dit, qu’une plainte fut déposée contre Gaufredus de Vicheyo, visiteur de l’Ordre, auprès du seigneur Guaufredus de Sancto Britone, évêque de Saintes, par le frère Martinus, précepteur des Epeaux, même diocèse, qui soutenait devant cet évêque que ce visiteur lui avait extorqué une somme indue de plus de 500 livres, et il demandait à l’évêque de faire cesser les extorsions faites par ce visiteur, et de lui faire rendre les sommes ainsi obtenues ; mais le dit visiteur continua à faire la sourde oreille et ses dissimulations, ce dont l’évêque fut grandement perturbé. Interrogé sur la date où ces faits ont eu lieu, il dit qu’il y avait 10 ans, et que cet évêque n’avait pas vécu assez longtemps après les faits. Interrogé sur le nombre d’années que ce témoin avait passées dans l’Ordre avant d’entendre parler de ces faits, il répondit quatre années, donc deux passées en ce lieu des Epeaux, en qualité de "donatus", mais pas encore "indutus", et deux autres années à la maison de la Rochelle, comme frère de cet ordre. Questionné sur le lieu où cet évêque avait dit ce qui précède à ce visiteur, il répondit que c’était à Châteaubernard, diocèse de Saintes. Item, interrogé sur les articles 101 à 106, il répondit qu’ils avaient l’habitude de tenir leurs chapitres en cachette, à l’exclusion du prédicateur qui prêchait parfois dans ces chapitres, et qu’il avait entendu dire qu’ils se tenaient à l’aurore, mais il n’y participait pas, à ce qu’il dit, et il n’a vu ni entendu que la domesticité ait été chassée hors des clôtures de la maison, et cependant ils osaient s’approcher des portes de la maison où se tenait le chapitre, et ils fermaient les portes de l’église ou de la maison où ils tenaient chapitre, pour que personne ne puisse entrer, mais pas les autres portes de la maison. Du contenu de l’article 105, il dit ne rien savoir. Il dit que le contenu de l’article 106 est vrai. Questionné si il avait été dans une autre maison de l’Ordre où un chapitre se serait tenu, il répondit que non, après avoir été reçu comme frère de l’Ordre, mais avant son admission, lorsqu’il était parmi les proches des frères, il était à la maison de La Rochelle, où les frères tenaient leur chapitre, et là il a vu, comme il l’a dit, ce qu’il a déposé plus haut au sujet de la fermeture des portes. Item, sur les articles 107 et 108, il a dit ne rien savoir au sujet du Maître qui absoudrait ou pourrait absoudre, mais les frères prêtres de l’Ordre faisaient ces absolutions. Item, sur les articles 109 et 110, il répondit ne rien savoir. Item, sur l’article 111, il répondit ne rien savoir au sujet des prêtres, comme il l’a déposé ci-dessus. Item, sur les articles 112 et 113, il répondit qu’il croit que leur contenu est vrai. Interrogé sur la raison, il répondit qu’il avait entendu des frères le dire. Item, sur l’article 114, il répondit qu’il croyait que les erreurs confessées par lui ont duré longtemps dans l’Ordre, et qu’il avait entendu dire par les frères que dans l’Ordre il y avait des choses sur lesquelles on passait et qui auraient eu besoin d’être corrigées, cependant 30 ans s’étaient écoulés depuis, et il répondit qu’il ne se rappelait pas où, qui, et de qui il avait entendu cela. Item, sur les articles 115, 116, et 117, il répondit qu’il croyait que leur contenu était vrai, et il n’a vu, à ce qu’il dit, aucune action corectrice sur les erreurs confessées plus haut. Item, sur l’article 118, il répondit que beaucoup quittaient l’Ordre, et il n’en connait pas la cause, et lui-même a quitté l’Ordre il y a 7 ans, et il croit même que 500 autres ou plus ont fait de même avant leur incarcération ...