LECTURE : Ravisius Textor (Jean Tixier de Ravisi ; vers 1480-1524) à propos des Troyennes : AUTEUR (tiré de WIKIPEDIA) : "Né vers 1480 à Saint-Saulge dans le Nivernais, il fait ses humanités au collège de Navarre sous la conduite de son compatriote Jean Boluacus, alors recteur dans cette école, et où son oncle, nommé Victor, était sous-maître des grammairiens. Il suscite alors l'enthousiasme de ses maîtres puis se voit confier la chaire de rhétorique du collège, alors le plus célèbre de Paris. Il perfectionne l'enseignement des humanistes et jouit d'une réputation bien établie en sa qualité de professeur au collège de Navarre. Il compte parmi ses élèves de nombreux disciples, puis devient en 1520 recteur de l'Université de Paris. Il est un des premiers compilateurs ayant composé des Cornucopiae et mémoires encyclopédiques, ancêtres de nos dictionnaires". https://fr.wikipedia.org/wiki/Ravisius_Textor TEXTE : De memorabilibus et claris mulieribus ; traduction latine du traité "Les vertus des femmes" de Plutarque de Chéronée (vers 46 - vers 125), ch. 1 : Troades ; édition suivie ici : Paris, 1521. Texte latin encodé par nos soins. Capta atque euersa iam Troia, cum plurimi hostiles manus atque urbis incendium euasissent, plerique aduersa tempestate iactari, ex imperitia nauigandi compulsi, eam Italiae partem qua Tyberius fluuius mare ingreditur tenuere. Inde fluminis ostia nauibus ingressi, repente ad commeatus, quorum penuria laborabant, comparandos passim discurrere. Interea mulieribus apud naues relictis, cogitatio primum, deinde etiam sermo exoritur, fore ut bene recteque sibi ac suis uiris consulant si quem aliquando longis erroribus nauigationique finem posuerint et patriam sibi tandem aliquam constiterint, quandoquidem propriam semel amissam, non iam amplius ualeant recuperare. His inter se non longe admodum pertractatis, una omnes conspiratione facta, nauigia cuncta incenderunt, principio ab earum una exorto, cui Romae nomen fuisse perhibetur. His peractis, cum uiri auxilii ferendi causa, citato cursu ad naues contenderent, mulieres uenientibus obuiam processere, atque illorum formidantes iracundiam, aliae parentes, aliae uiros osculabantur. Itaque nouo ac insueto humanitatis more, facile uirorum iracundiam placuerunt, atque inde ad hodiernum usque diem, apud Romanas mulieres permanet consuetudo, ut osculando salutent eos qui sibi aliquo affinitatis gradu coniuncti sunt. Nam Troiani manendi necessitatem conspicati et simul indigenarum erga se beniuolentia commoti, libenti animo, quod a mulieribus gestum fuerat, acceperunt ibique errandi fine constituto, una cum latinis habitauere. PLUTARQUE, Les vertus des femmes, I : [1] ΤΡΩΙΑΔΕΣ. Τῶν ἀπ´ Ἰλίου περὶ τὴν ἅλωσιν ἐκφυγόντων οἱ πλεῖστοι χειμῶνι χρησάμενοι καὶ δι´ ἀπειρίαν τοῦ πλοῦ καὶ ἄγνοιαν τῆς θαλάττης ἀπενεχθέντες εἰς τὴν Ἰταλίαν καὶ περὶ τὸν Θύμβριν ποταμὸν ὅρμοις καὶ ναυλόχοις ἀναγκαίοις μόλις ὑποδραμόντες, αὐτοὶ μὲν ἐπλανῶντο περὶ τὴν χώραν φραστήρων δεόμενοι, ταῖς δὲ γυναιξὶν ἐμπίπτει λογισμός, ὡς ἡτισοῦν ἵδρυσις ἐν γῇ πάσης πλάνης καὶ ναυτιλίας εὖ τε καὶ καλῶς πράττουσιν ἀνθρώποις ἀμείνων ἐστί, καὶ πατρίδα δεῖ ποιεῖν αὑτοῖς τοὺς ἀπολαβεῖν ἣν ἀπολωλέκασι μὴ δυναμένους. ἐκ δὲ τούτου συμφρονήσασαι κατέφλεξαν τὰ πλοῖα, μιᾶς καταρξαμένης ὥς φασι Ῥώμης. πράξασαι δὲ ταῦτα τοῖς ἀνδράσιν ἀπήντων βοηθοῦσι πρὸς τὴν θάλασσαν, καὶ φοβούμεναι τὴν ὀργὴν αἱ μὲν ἀνδρῶν αἱ δ´ οἰκείων ἀντιλαμβανόμεναι καὶ καταφιλοῦσαι λιπαρῶς, ἐξεπράυναν τῷ τρόπῳ τῆς φιλοφροσύνης. διὸ καὶ γέγονε καὶ παραμένει ταῖς Ῥωμαίων γυναιξὶν ἔτι νῦν ἔθος ἀσπάζεσθαι μετὰ τοῦ καταφιλεῖν τοὺς κατὰ γένος προσήκοντας αὐταῖς. συνιδόντες γὰρ ὡς ἔοικε τὴν ἀνάγκην οἱ Τρῶες καὶ ἅμα πειρώμενοι τῶν ἐγχωρίων, εὐμενῶς καὶ φιλανθρώπως προσδεχομένων, ἠγάπησαν τὸ πραχθὲν ὑπὸ τῶν γυναικῶν καὶ συγκατῴκησαν αὐτόθι τοῖς Λατίνοις. TRADUCTION française : [1] TROYENNES. La plupart de ceux qui s'enfuirent de Troie à la prise de cette ville, après avoir été battus de la tempête, furent, par suite de leur inexpérience de la navigation et de leur ignorance de la mer, jetés sur la côte d'Italie. De rade en rade, de mouillage en mouillage, ils arrivèrent forcément et à grand'peine à l'embouchure du Tibre, d'où ils se répandirent dans le pays, cherchant à qui parler. Mais leurs femmes vinrent à réfléchir que, tout heureuse que pût être leur navigation, un établissement sur une terre quelconque valait mieux qu'une vie errante sur les flots, et que l'on devait se constituer une patrie, ne pouvant recouvrer celle qu'on avait perdue. A la suite de ces réflexions, elles s'accordèrent unanimement pour brûler les vaisseaux; et l'initiative fut prise par une d'entre elles, qui s'appelait, dit-on, Roma. Après cette exécution les hommes courant vers la mer pour sauver leur flotte, elles s'élancent au-devant d'eux ; et comme elles redoutaient les unes la colère de leurs maris, les autres celle de leurs proches, elles s'attachent à eux, leur donnent de tendres baisers, et finissent par les adoucir à force de caresses. De là est venu pour les femmes romaines l'usage, qui subsiste encore aujourd'hui, de saluer ainsi leurs parents en leur donnant un baiser. Les Troyens ayant compris, comme cela devait être, la nécessité de la situation, et ayant d'ailleurs reçu des habitants du pays un accueil plein de bienveillance et d'humanité, se résignèrent à ce que leurs femmes avaient fait. Ils s'établirent dans cette contrée, et s'incorporèrent aux Latins. TRADUCTION : Victor BÉTOLAUD, Oeuvres complètes de Plutarque - Oeuvres morales, t. II , Paris, Hachette, 1870. ENVIRONNEMENT hypertexte (HODOI ELEKTRONIKAI) : http://mercure.fltr.ucl.ac.be/Hodoi/concordances/plutarque_vertus_femmes/lecture/1.htm