[2,0] AUTRES SENTENCES. Qui prétend faire deux choses à la fois ne fait bien ni l’une ni l’autre. On est prompt à soupçonner le mal. C’est être adultère que d’être amant trop passionné de sa femme. On corrige difficilement les défauts qu’on laisse passer en habitude. Une petite somme prêtée fait un obligé, une forte fait un ennemi. Chaque homme a son talent spécial. Un amant irrité se ment beaucoup à lui-même. Un amant, comme un flambeau, brûle davantage par l’agitation. Un amant sait ce qu’il désire, et ne voit pas ce qui est sage. Les soupçons d’un amant sont les songes d’un homme éveillé. Il n’y a point de châtiment pour les serments d’amour. Un dépit entre amants resserre les liens de l’amour. Aimer et être sage! un dieu en serait à peine capable. Aimer n’est qu’un plaisir pour le jeune homme; c’est une honte pour le vieillard. Connaissez les défauts de votre ami, mais ne les haïssez pas. L’amitié est toujours utile, l’amour est quelquefois nuisible. La perte qu’on ignore n’est pas une perte. L’amour ne peut être étouffé tout d’un coup, mais il peut lentement s’éteindre. L’amour ne peut s’allier à la crainte. L’amour est un sujet d’inquiétude oisive. Le temps, et non la volonté, met fin à l’amour. En amour, qui fait la blessure la guérit. On demande toujours : Est-il riche? Jamais. Est-il vertueux? On commence à aimer étant maître de soi, mais on ne cesse pas de même. Le sage sera maître de ses passions, le fou en sera l’esclave. Quand la raison commande, l’argent est vraiment un bien. Dans le choix d’un mari, une femme chaste consulte la raison plutôt que les yeux. Une femme est bonne du moment où elle est franchement méchante. Une fois l’arbre abattu, tout le monde peut ramasser du bois. Il n’y a point d’art quand le résultat obtenu est un effet du hasard. Une sévérité continuelle ne produit plus d’effet. Vous ne pouvez bien jouer de la lyre, prenez la flûte. Où l’or persuade, l’éloquence ne peut rien. L’accord rend les faibles secours puissants. Nul gain ne satisfait un cœur avare. L’avare s’afflige d’une perte plutôt que le sage. L’avare est lui-même la cause de sa misère. Un plan bien conçu a souvent mal réussi. On est heureux de perdre un plaisir, lorsqu’en même temps disparaît une douleur. C’est de l’argent perdu à propos, celui que le coupable donne à son juge. Un homme heureux est celui qui a pu mourir quand il l’a voulu. Une bonne réputation est un second patrimoine. C’est par la bienfaisance que nous approchons le plus des dieux. Pour croire qu’un bienfait se donne, il faut être sot ou mé chant. La reconnaissance est un encouragement pour le bienfaiteur Secourir promptement le malheureux, c’est le secourir deux bis. Multiplier les bienfaits, c’est enseigner à les rendre. C’est mourir deux fois, que de mourir par le caprice d’un autre. Le malheur est double, quand il succède au bonheur. Le plaisir devient doux par les caresses, et non par l’autorité. La navigation est heureuse dans la compagnie des gens de bien. L’argent devient utile, quand c’est la raison qui commande. Les biens, lorsqu’ils arrivent, écrasent celui qui ne sait pas se soutenir. C’est un grand mal, que de s’habituer aux bonnes choses. L’homme obligeant réduit à la misère est la honte des gens de bien. A la table des gens de bien s’asseyent volontiers des gens qui leur ressemblent. Il est bon d’avoir deux ancres pour maintenir son vaisseau. Il est bon de considérer dans le malheur des autres ce qui est à fuir. On peut empêcher le bien de paraître, mais on ne peut l’anéantir. Le souvenir de la colère est lui-même une petite colère. Le chameau, en voulant avoir des cornes, a perdu ses oreilles. Méfiez-vous toujours de celui qui vous a trompé une fois. Le faux reprend bientôt son caractère propre. Les prières sont des ordres, quand c’est le plus puissant qui prie. Les passagers se consolent, quand le naufrage est commun à tous. Faites attention à ce que tous devez dire, plutôt qu’à ce que vous pensez. Le temps est pour l’homme le plus utile des conseillers. Il est désagréable de toucher un endroit sensible. Contre un homme heureux, Dieu n’a pas trop de sa puissance. Le trait fréquemment lancé n’atteint pas toujours le même but. L’homme qui n’a d’asile nulle part est un mort sans tombeau. En fait d’art, on doit s’en rapporter à l’artiste. Le peuple déteste la vie de celui dont il souhaite la mort L’innocence est la meilleure des consolations. La réconciliation avec un ennemi n’est jamais sûre. Le désir et la colère sont les pires de tous les conseillers. La langue d’un condamné peut trouver des paroles, mais ces paroles sont impuissantes. La perte ne provient presque jamais que de l’abondance Une femme laide est la plus belle des guenons. Avec l’aide de Dieu, on naviguerait même sur une branche d’osier. Une journée nous traite en mère, une autre en marâtre. Il est difficile de garder ce qui plaît à beaucoup de monde. Pesez tout ce que vous entendez, et ne croyez qu’après avoir vérifié. C’est à l’homme favorisé de la fortune, qu’il convient de rester chez lui. Qui bâtit une maison, ne doit pas la laisser inachevée. Les dons de l’esprit, comme ceux de la fortune, sont à la portée de tous. Le souvenir des maux passés est doux. Le moment où l’on vit heureux est le plus opportun pour mourir. La bonté est doublée, quand on y joint la promptitude. Au cheval qui court il n’est pas besoin de faire sentir l’éperon. Qui aime le travail trouve toujours à s’occuper. Être blâmé et faire le bien, c’est se conduire en roi. La solitude est mère de l’inquiétude La patience est le port des misères. La conscience punit au défaut de la loi. Un tyran ne jouit qu’à peine d’une autorité précaire. Quand la querelle a été vive, la réconciliation devient plus belle. Le sage corrige ses défauts en voyant ceux des autres. Elle est bien petite, la portion de la vie que nous employons li vivre. D’une chaumière il peut sortir un grand homme. La fortune rend agréable celui qui cache ses dons. Le maître n’est plus qu’un esclave, dès qu’il craint ceux à qui il commande. On s’avoue coupable, quand on fuit le jugement. Supportez ce qui est nuisible, pour supporter aussi ce qui est utile. Il faut battre le fer, quand il est rouge au feu. Il n’y a que celui qui n’a pas d’honneur, qui puisse le perdre. La fortune nous maîtrise, si elle n’est pas maîtrisée complètement. Ce que la fortune a brisé en partie devient entièrement inutile. Point de grande faveur de la fortune, qui ne soit suivie de la crainte. Pour tous les hommes, la fortune dépend du caractère. Mettez un frein à votre langue, et plus encore à l’amour du plaisir. L’avenir lutte de manière à ne pas se laisser vaincre. Un coursier généreux s’inquiète peu de l’aboiement des chiens. C’est dans l’arène même que le gladiateur décide ce qu’il doit faire. La fin du mal présent est le commencement du mal futur. On est peiné de voir accepter avec tristesse ce qu’on donne avec joie. Le jugement est inique, quand la prévention n’existe pas. La prévention est inique, quand elle n’est pas suivie du jugement. C’est un châtiment grave que de se repentir de ce qu’on a fait. Des noces fréquentes sont une occasion de médisance. N’entrez pas au conseil où l’on ne vous a pas appelé. On ne s’égare pas complètement, quand on s’arrête à moitié chemin. Mieux vaut supporter un héritier qu’en chercher. C’est en ne faisant rien qu’on s’habitue à mal faire. Il n’est pas déshonorant d’obéir à la nécessité. Il y a des crimes que le succès justifie. Je préfère à une vie honteuse une mort honorable. C’est blesser l’honneur, que de demander pour un homme indigne. Se conduire mal est indigne d’une personne bien née. Pour qui est placé bas, la chute ne peut être ni lourde, ni dangereuse. Deux personnes font une même chose, et pourtant ce n’est pas la même. Tout paresseux l’est en tout temps. Le feu peut briller au loin sans rien brûler. On doit pardonner au coupable, dès qu’il montre du repentir Il est excusable d’avoir des torts envers celui qui en a le premier. En amour, la beauté a plus de pouvoir que l’autorité. En amour, on ne cherche jamais qu’un moyen de perdre. En amour, la colère est toujours menteuse. Pour l’homme qui est dans l’infortune, le ris même est une injure. L’injustice n’a pas de peine à être puissante contre le malheureux. Pour le malheureux, la vie même est un affront. C’est l’absence de toute sagesse, qui fait le charme de la vie. Le coq est roi sur son fumier. Tout pilote peut naviguer sur une mer tranquille. La faute est doublée, quand elle a pour objet un acte honteux. Pans la volupté, la douleur est aux prises avec le plaisir. Dans la volupté, le délire a toujours des charmes. Trop de promptitude à punir mérite le blâme. S’excuser de travailler, c’est paresse. Fuir le travail, c’est la marque de la paresse. La terre ne produit rien de pire que l’ingrat. Les prières n’arrivent jamais jusqu’au cœur d’un ennemi. A la mort d’un ennemi, les larmes ne peuvent se faire passage. Se venger d’un ennemi, c’est recevoir une seconde vie. L’œil du voisin est presque toujours malveillant. La main outrage encore moins qu’une mauvaise langue. Il est plus facile de faire une injure, que.de la supporter. Un arc trop tendu se rompt facilement. Connaissez toute la portée du bien, si vous voulez le faire convenablement. L’envie dit ce qui peut nuire, et non ce qui est. L’envie s’irrite en secret, mais en ennemie. Mieux vaut exciter l’envie que la pitié. L’homme en colère, quand il est revenu à lui, se fâche contre lui-même. En vous confiant à un ami, ayez soin de ne.pas donner prise à un ennemi. Nul mérite ne peut s’élever, si la renommée ne le fait connaître au loin. Une tache est agréable, quand elle provient du sang d’un ennemi. Il convient à un magistrat d’écouter le juste et l’injuste. Dieu donne à l’homme un bien contre deux maux. Le travail est pour la jeunesse le meilleur assaisonnement des mets. Le blessé trouve un soulagement à sa douleur dans la douleur de son ennemi. La méchanceté qu’on loue, devient insupportable. Quand le lion est mort, les lièvres l’insultent. Les petits chiens même essayent de mordre le lion qui est mort. Qui poursuit deux lièvres à la fois n’attrape ni l’un ni l’autre. Il faut que la langue soit pleinement libre, quand on cherche la vérité. Une mauvaise langue est le signe d’un mauvais caractère. Qui vit ignoré dans la solitude est lui-même sa loi. Une longue vie amène avec elle mille sujets de peine. Pour le choix d’un héritier, fiez-vous à la nature plutôt qu’à un testament. On peut davantage, quand on ne sait pas ce que peut le malheur. La nécessité est le meilleur maître d’éloquence. En toutes choses, l’expérience est le meilleur maître. On peut franchir les grands fleuves à leur source. L’indignation suppose toujours un grand crime. L’indigence est honteuse, quand elle naît de la richesse. Vouloir une chose mauvaise, c’est renoncer à l’honnêteté. Le médecin se porterait mal, si tout le monde se portait bien. Qui veut faire le mal, en trouve toujours le prétexte. C’est un fléau domestique qu’un esclave qui régente son maître. Un mauvais esprit se livre, dans l’isolement, à des pensées plus mauvaises encore. Qui vit avec les méchants, deviendra méchant lui-même Quand l’évidence existe, la cause renferme le jugement. Il y a plus de sûreté pour la douceur, mais moins d’indépendance. Vous êtes sur mer, craignez cependant de vous trouver sur terre. L’intempérance est la nourrice de la médecine. Mieux vaut avoir peu de chose que rien du tout. Une courtisane n’est qu’une cause de déshonneur. La crainte ne peut arrêter celui que le plaisir entraîne. Craignez la vieillesse, car elle n’arrive pas seule. Où la crainte arrive, le sommeil trouve rarement une place. Votre sort est bien à plaindre, s’il ne trouve pas d’ennemi. Votre sort est bien à plaindre, s’il est ignoré de vos ennemis. C’est une vie bien misérable, que celle qui dépend du caprice d’autrui. Connaissez le caractère de votre ami, mais ne le haïssez pas. La conduite de celui qui parle persuade mieux que ses discours. Il vous faudra mourir, mais pas aussi souvent que vous l’aurez voulu. Il n’est point de mortel que la douleur ne puisse atteindre. Tout ce qui vient à la vie est soumis à la mort. Une larme de femme est un assaisonnement de malice. Femme qui pense seule, pense au mal. Une femme qui cherche à plaire à plus d’un homme, pense i devenir coupable. C’est par les présents, et non par les larmes, qu’une courtisane se laisse attendrir. La pierre que l’on roule, ne se couvre pas de mousse. La bienfaisance ne doit pas dépasser les ressources qu’on a pour faire du bien. Ne promettez pas plus que vous ne pouvez tenir. Gardez-vous de rien entreprendre qui puisse plus tard vous causer des regrets. Nul ne peut échapper à la mort ni à l’amour. La nécessité obtient de l’homme tout ce qu’elle veut. La nécessité donne la loi et ne la reçoit pas. La nécessité rend menteur l’homme qui est dans le besoin Avec quelle opiniâtreté la nécessité veut-elle régner sur nous! Ce que la nécessité cache, on cherche en vain à le découvrir. Toute arme est bonne à la nécessité. Personne ne peut être juge dans sa propre cause. Quand on est le premier à rire de soi, on ne prête à rire à personne. Ce n’est pas avec la timidité qu’on parvient à la première place. Le méchant a quelque mauvaise intention, quand il imite l’homme de bien. Rien de plus misérable qu’une mauvaise conscience. Rien ne peut se faire avec précaution et promptitude tout à la fois. Rien de plus beau que d’obliger sans demander aucune récompense. L’homme qui ne peut rien faire n’est qu’un mort vivant. Quand il s’agit du salut, rien ne doit paraître honteux. La trop grande franchise est facilement dupe de l’artifice. Il y a trop de bien dans la mort, s’il n’y a pas de mal. Une corde trop tendue manque rarement de se rompre. L’art n’est méprisé que par ceux qui ne le connaissent pas. Ne dédaignez pas ce qui sert de degrés pour arriver à la grandeur. Ne revenez point sur vos pas, quand vous êtes arrivé au terme. On ne doit pas répondre à toutes les questions. On n’est point heureux, si l’on ne croit pas l’être. Ou ne peut jamais se rassasier des choses honnêtes. Ne cherchez point à réveiller la douleur assoupie. Ne portez point la faucille dans la moisson qui ne vous appartient pas. Refuser promptement un service n’est pas un service médiocre. La même chaussure ne va pas à tout pied. Toutes les choses sur lesquelles on avait compté n’arrivent pas toujours. Les plaisanteries ne sont pas sans danger avec les rois. Il n’est jamais trop tard pour rentrer dans le chemin de la vertu. Il n’est point de plaisir dont la continuité ne fatigue. Il n’est pas de peine plus grave pour l’homme, que le malheur. Le méchant est l’homme à qui vous trouverez le plus facilement un pareil. Il n’y a pas de grand mal sans dédommagement. Nul gain n’est comparable à celui que procure l’économie. Le coupable ne se caché jamais plus facilement que dans la foule. Qui songe à ce qu’il craint est toujours malheureux. Jamais on ne surmonte un danger sans danger! La complaisance de l’épouse produit bientôt la haine de la concubine. On doit se fier plutôt à ses yeux qu’à ses oreilles. Je n’aime pas dans les enfants une sagesse précoce. Je n’aime pas un sage qui ne sait pas l’être pour lui. Il y a des haines qui se cachent sous le masque, d’autres sous un baiser. Il n’est pas convenable qu’un service soit nuisible à celui qui le rend. La conduite ne doit pas être en opposition avec les discours. Soyez en paix avec les hommes, en guerre avec les vices. Trop de familiarité fait naître le mépris. On se réunit volontiers à ses pareils. Refuser promptement un bienfait, c’est l’accorder en partie. En souffrant beaucoup de choses, on voit arriver des choses qu’on ne peut souffrir. Peu d’hommes savent apprécier ce que Dieu accorde à chacun. Peu d’hommes ne veulent pas faire le mal, tous savent qu’ils le font. On croit avec raison devoir jeter un voile sur la faute de son ami. L’argent est l’unique mobile de toutes les affaires. Les jeunes gens prêtent facilement l’oreille aux mauvaises leçons. Qui ne sait garder les petites choses, perdra les grandes. Donner à un ingrat, ce n’est pas donner, c’est perdre. Les vœux que fait l’homme heureux sont bien vite accomplis. Nul ne peut longtemps soutenir un personnage qui n’est pas le sien. Si vous voulez des poires, allez-en chercher sur le poirier, et non sur l’orme. Il est bien difficile de plaire à beaucoup de gens. Dieu conduit ordinairement un semblable vers son semblable. Écoutez plutôt votre conscience que l’opinion. Une médisance est plus outrageante que les mauvais traitements. On souffre moins, quand on peut épancher sa douleur. Ce qui n’est pas digne d’un homme libre, ne peut pas être honnête. Donner tout et ne rien exiger, voilà ce qui est beau! La reconnaissance est un intérêt assez fort du bienfait. Se rendre criminel pour ses maîtres est quelquefois un acte de vertu. Pour de bons matériaux, il faut de bons ouvriers. Le juge tache d’effacer, en les dissimulant, les fautes d’un homme de bien. Qui veut obliger, et ne peut le faire comme l le voudrait, est malheureux. Le pupille d’un homme avide n’a que peu de temps à vivre. Une amitié qui finit n’a pas même commencé. Toutes les choses qui peuvent arriver arrivent dans leur temps. Gardez-vous de chercher ce que vous pourriez regretter d’avoir trouvé. Une femme trop curieuse de paraître belle ne sait rien refuser. Pour une mauvaise souche, il faut chercher un mauvais coin. Qu’elle est heureuse la vie qui s’écoule loin des affaires! Qu’il est triste forcé de perdre celui qu’on voudrait sauver! Qu’il est douloureux de souhaiter la mort et de ne pouvoir mourir! Qu’il est pénible devoir le hasard tromper les calculs de la prudence! Que de repentirs assiègent l’homme qui vit longtemps! Qui hésite à punir augmente le nombre des méchants. Ceux qui sillonnent les mers n’ont pas le vent dans la main. Qui veut faire trop vite achève trop tard. Qui craint un ami ne connaît pas la valeur de ce mot. Ce que vous voulez tenir secret, ne le dites à personne. Pratiquer la bienfaisance, n’est-ce pas imiter Dieu? Ce qui n’est qu’un défaut de l’âge disparaît avec l’âge. Ce que vous blâmez dans les autres, ne le faites pas vous-même. C’est une sottise de ménager son bien, quand on ne sait pour qu’on le garde. La passion songe à ce qu’elle eut, et non à ce qui convient. Tout ce que l’âme se commande, elle l’obtient. Le malheur trouve sans peine tous ceux qu’il cherche. Autant d’esclaves, autant d’ennemis domestiques. Si vous aimez, vous n’êtes pas sage, ou si vous êtes sage, vous n’aimez pas. Donner une récompense à l’avare, c’est l’encourager à mal faire. C’est voler, et non pas demander, que de prendre quelque chose à quelqu’un contre son gré. La santé et la sagesse sont les deux biens de la vie. Ne rebroussez pas chemin au bout de la carrière. Le délai n’est bon dans aucune circonstance, si ce n’est dans la colère. C’est par des remèdes amers qu’on tempère l’amertume de la bile. Un moyen de remédier aux pertes qu’on a faites, c’est de les oublier. Les choses n’ont que le prix qu’y veut mettre l’acheteur. On commettrait bien moins de fautes, si l’on savait tout ce qu’on ne sait pas. Pour sauver un homme, il est permis de lui faire injure. La folie accompagne presque toujours la sagesse. C’est inutilement qu’on est sage, si on ne l’est pas pour soi. Mieux vaut apprendre tard que n’apprendre jamais. Mieux vaut ignorer une chose, que la savoir mal. Mieux vaut arrêter le mal dans son principe, qu’y remédier à la fin. Les étincelles n’effrayent pas les enfants du forgeron. La prospérité fait des amis, l’adversité les éprouve. Qui s’est montré méchant une fois passe toujours pour l’être. Qui veut n’avoir rien à craindre doit se méfier de tout. Si vous êtes homme de mer, ne vous occupez pas de ce qui se fait à terre. Qui s’aime lui-même trouve des gens qui le haïssent. L’empire le plus grand est celui qu’on a sur soi-même. Le méchant nous met lui-même dans la nécessité de lui faire injure. L’homme qui se repent de ce qu’il a fait se punit lui-même. Un ami simulé est le plus dangereux de tous les ennemis. Qui cache ses vices sous le masque de la vertu est doublement vicieux. Il y a encore espoir de salut, quand l’homme est sensible à la honte. Les fous craignent la fortune, les sages la supportent. Une autorité qui fléchit ne peut faire respecter sa force. La prospérité qui s’élèvera sera abaissée. Une extrême justice est presque toujours une extrême injustice. Le soupçon se crée lui-même des rivaux. On ne court aucun danger à se taire. Qu’il est à craindre, celui qui craint la pauvreté! Le peureux se dit prudent, l’avare économe. La peine est bien douce, quand la joie est réprimée par la justice. Quand vos champs ont besoin d’eau, n’allez pas arroser ceux d’autrui. L’indigence est honteuse, quand elle provient de la vaine gloire. Où sera le plus vif plaisir, la crainte sera la plus vive. La mort est un bien, quand la vie n’est qu’une crainte continuelle Celui qui commande, doit prévoir le bon et le mauvais succès. Même pour se pendre, on est bien aise de trouver un bel arbre. Vous devez vous taire, ou vos paroles doivent mieux valoir que votre silence. Quand il s’agit du salut, le mensonge devient vérité. En supportant une ancienne injure, on s’en attire une nouvelle. Souvent les vices sont voisins des vertus. Il y a de l’avantage à être vaincu, quand la victoire est préjudiciable. Au vin qui peut se vendre la branche de lierre est inutile. Un homme qui fuit n’écoute guère les accords de la lyre. Ce qu’on ne peut obtenir par la force, on l’obtient par la douceur. C’est la nature, et non le rang, qui fait l’homme vertueux. Gardez-vous de faire route en compagnie du méchant. La vie et la réputation de l’homme marchent du même pas. C’est la fortune, et non la sagesse, qui est l’arbitre de la vie. Qui veut éviter renvie doit cacher son opulence. On extirpe difficilement le vice qui s’est enraciné. Jadis flatter était un vice, maintenant c’est une mode. Il n’y a point de vice qui n’ait son apologie toute prête. L’orgueil est le vice ordinaire de la fortune. C’est la volonté, et non le corps, qui fait l’impudique. Un plaisir qu’il faut taire, ressemble plus à la crainte qu’à la joie. Avoir les dehors de la sagesse, ou la posséder réellement, sont deux choies bien différentes. Plus un joueur est habile, plus il est fripon. Le rapport de deux cœurs bienveillants est la plus proche parenté. Une consolation pour les malheureux, c’est de trouver des compagnons d’infortune. L’homme courageux ne supporte pas d’affront; l’homme bien né n’en fait point. Il est difficile de concilier la sagesse avec la douleur. Pour qui veut se venger, toute occasion est favorable. Qui n’ignore pas qu’il est dupe ne passe pas pour l’être. Traiter quelqu’un d’ingrat, c’est lui dire toutes les injures possibles. Les plus petits défauts des grands hommes deviennent nécessairement très-grands. On gagne à ne pas recevoir ce qu’on posséderait malgré soi. L’ignominie est glorieuse, quand on meurt pour la bonne cause. Il n’est jamais glorieux pour un roi d’infliger un châtiment cruel. L’homme heureux n’est pas celui qui le paraît aux autres, mais à lui-même. Qui s’occupe des affaires des femmes n’a plus de repos à espérer. La précipitation est accompagnée de l’erreur et du repentir. Il y a plus de courage à vaincre ses passions, qu’à vaincre ses ennemis. Ah! qu’il est pénible d’être blessé par une personne dont on n’ose se plaindre. Ah! qu’il est triste d’apprendre à servir, quand on n’a jamais appris qu’à commander! Qui compatit au malheur fait un retour sur lui-même. La pensée que l’homme garde pour lui au fond du cœur n’est pas la pensée qu’il a pour les autres. Souvent une heure nous rend ce que dix années nous ont ravi. Un jugement est plus fâcheux à rendre entre des amis, qu’entre des ennemis. La prospérité fait des amis, l’adversité les éprouve. Je ne suis pas du tout votre ami, si je ne partage pas votre fortune. Offrir des présents à un mort, ce n’est pas donner, c’est se priver soi-même. Un instant a suffi pour amener des choses auxquelles personne n’avait songé. Il y a bien des haines qui se cachent sous le masque, et bien d’autres sous un baiser. La raison n’est plus écoutée, quand la passion a pris le dessus. La faute du père ne doit jamais nuire au fils. Prendre pour soi ce qui appartient à tous, voilà l’origine de la discorde. Tout ce qui dépasse le nécessaire ne fait qu’embarrasser ses possesseurs. Qu’importent les biens que vous possédez, s’il en est de plus grands que vous ne possédez pas. Rarement un homme peut tout à la fois parler beaucoup et à propos. Il est ridicule de vouloir, par haine du coupable, perdre l’innocent. Souvent je me suis repenti d’avoir parlé, jamais de m’être tu. Il vaut mieux pour vous plaire à un seul homme de bien qu’à une foule de méchants. On ne doit ni parler, ni se taire toujours; il faut observer un juste milieu. L’avare est privé des biens qu’il possède, autant que le malheureux de ceux qu’il n’a pas. C’est une peine moins grave de ne pas pouvoir vivre, que de ne pas le savoir. Il est moins odieux d’ordonner de mourir que d’ordonner de mal vivre. Un chien trop vieux ne peut plus s’accoutumer à la chaîne.