[32,0] LIVRE XXXII, TRAITANT DES REMÈDES QUE FOURNISSENT LES ANIMAUX AOUATIQUES. [32,1] I. 1. Nous voilà arrivés, en suivant l'ordre des choses, au point culminant de la nature et de ses merveilles. Et tout d'abord se présente spontanément un exemple incomparable de sa puissance mystérieuse; il n'est pas besoin de rien chercher au delà; rien n'est égal ou analogue à ce phénomène, dans lequel la nature triomphe d'elle-même, et en triomphe de plus d'une façon. Qu'y a-t-il de plus violent que la mer, les vents, les tourbillons et les tempêtes? Et où les hommes ont-ils travaillé avec plus d'industrie à la seconder que sur les flots, avec leurs voiles et leurs rames? Ajoutons à tout cela la force indicible des marées, et la mer entière qui se change en un fleuve. 2. Cependant toutes ces puissances, alors même qu'elles agissent dans le même sens, un seul et très petit poisson, appelé échénéis (IX, 41), suffit pour les contrebalancer. Que les vents soufflent, que les tempêtes se déchaînent, il commande â leur fureur, comprime ces agents formidables, et force les navires à rester immobiles, les navires que ne retiendraient pas les câbles les plus gros, les ancres les plus pesantes; il met un frein à cette violence; il dompte la rage des éléments, et cela sans aucun effort, sans tirer sur le bâtiment, sans faire rien autre que s'y attacher. C'est bien peu de chose, et contre tant de forces combinées cela suffit pour empêcher les vaisseaux de marcher. Les flottes armées en guerre se garnissent de tours, pour que sur la mer même on puisse combattre comme de dessus un rempart. 3. O vanité humaine! ces proues garnies d'airain et de fer, afin de porter des coups redoutables, peuvent être enchaînées et retenues prisonnières par un chétif poisson d'un demi-pied ! On dit qu'à la bataille d'Actium il retint la galère prétorienne d'Antoine, pressé de parcourir la ligne et d'exhorter les siens, et le força de passer sur un autre bâtiment. La flotte Césarienne, profitant de ces délais, eut l'avantage de l'impétuosité dans l'attaque. De notre temps, il retint le navire de l'empereur Caligula, qui revenait d'Astura à Antium. De la sorte, un petit poisson doit figurer parmi les présages; car à peine ce prince fut-il revenu à Rome, qu'il fut percé par les armes mêmes qui le gardaient. 4. L'immobilité du vaisseau n'avait pas été longtemps un mystère; on en avait compris aussitôt la cause en voyant que de toute la flotte la seule quinquérème de l'empereur n'avançait pas : à l'instant on plongea autour du navire pour chercher ce qui l'arrêtait, et l'on trouva un échénéis attaché au gouvernail ; on le montra à Caligula, indigné qu'un tel obstacle eût ralenti sa marche, et rendu impuissante la bonne volonté de quatre cents rameurs. Il est certain que ce qui l'étonna le plus, c'est que ce poisson, qui par son adhérence arrêtait le navire, n'eut plus le même pouvoir lorsqu'il fut dedans. D'après ceux qui le virent alors et ceux qui l'ont vu depuis, il ressemble à un grand limaçon. Nous avons rapporté des opinions diverses quand nous avons parlé de l'échéneis, en traitant des poissons (IX, 41); 5. et nous ne doutons pas que toutes les espèces d'echénéis n'aient la même puissance, comme le témoignent ces conques célèbres consacrées dans le temple de Vénus à Cnide (IX, 41), pour avoir pareillement arrêté un vaisseau. Quelques auteurs latins ont donné à l'échénéis le nom de remora (echeneis remora). Chose singulière! parmi les Grecs les uns ont prétendu que porté en amulette, comme nous l'avons dit (IX, 41), il prévient les fausses couches et conduit à terme les femmes disposées à avorter; et les autres, que gardé dans le sel et porté également en amulette il hâte l'accouchement, ce qui lui a fait donner le surnom d'odinolytès (faisant cesser les douleurs puerpérales). Quoi qu'il en soit, après l'exemple d'un navire ainsi retenu, comment révoquer en doute aucune puissance de la nature, aucune de ses forces effectives dans les remèdes fournis par ses productions spontanées? [32,2] II. 1. Eh quoi ! sans même l'exemple de l'échénéis, ne suffirait-il pas de citer la torpille (IX, 67), autre habitant de la mer? Même de loin, même touchée seulement du bout d'un bâton ou d'une verge, elle engourdit les bras les plus vigoureux, elle enchaîne les pieds les plus rapides à la course. Si cet exemple nous oblige à confesser qu'il est une force capable d'affecter les membres par l'odeur seule et par une espèce d'exhalaison, que ne devons-nous point espérer de la puissance de tous les remèdes? [32,3] III. 1. Ce qu'on raconte du lièvre marin (IX, 72) n'est pas moins admirable ; c'est un poison pour les uns, pris en boisson on en aliment; pour les autres, regardé seulement. Une femme enceinte ne fit-elle qu'apercevoir un lièvre marin femelle est prise aussitôt de nausées et de vomissements, et ne tarde pas à avorter. Le préservatif est le mâle, que l'on fait durcir dans du sel, de manière qu'il puisse être porté dans un bracelet. Ce même être, dans la mer, n'est plus nuisible, même si on le touche. Le seul animal qui le mange sans en mourir, c'est le surmulet; il en est quitte pour devenir mou, et sa chair est alors fade et moins agréable. 2. Les personnes empoisonnées par le lièvre marin sentent le poisson; c'est le premier signe qui décèle cet empoisonnement. Au reste, elles meurent au bout d'autant de jours qu'en a vécu le lièvre; aussi Licinius Macer dit que ce poison n'agit point en temps déterminé. On assure que dans l'Inde le lièvre marin n'est jamais pris vivant; qu'a son tour il trouve dans l'homme un poison qui le tue, et qu'il meurt touché seulement du doigt dans la mer : là il est beaucoup plus gros, comme aussi tous les autres animaux. [32,4] IV. 1. Juba, dans ces livres sur l'Arabie qu'il a adressés à Caïus César, fils d'Auguste, dit qu'il y a des moules dont les coquilles tiennent trois hémines (0 Iitr., 81); qu'un cétacé de six cents pieds de long et de trois cent soixante de large entra dans un fleuve d'Arabie ; qu'on fait commerce de la graisse de cette espèce d'animal, et que dans cette contrée on frotte les chameaux avec la graisse de toute espèce de poisson, pour les préserver des taons (XI, 34, 3) par l'odeur de cette graisse. [32,5] V. (II.) 1. Je trouve digne d'admiration ce qu'Ovide a rapporté sur l'instinct des poissons dans son livre intitulé Halieutique. Le scare pris dans la nasse ne cherche pas à s'échapper par la tête, et se garde bien de s'engager dans les osiers perfides; mais il se tourne, à coups de queue il élargit les orifices, et s'échappe de la sorte à reculons : si un autre scare, en dehors de la nasse, l'aperçoit engagé dans ces efforts, il le saisit par la queue, et le seconde ainsi dans ses tentatives de délivrance. Le loup de mer (IX, 24), entouré par le filet, laboure le sable avec sa queue, et s'y enterre jusqu'à ce que le filet soit passé. 2. La murène, loin de fuir les mailles, les recherche, sachant bien qu'avec son dos rond et glissant, et sa souplesse à se replier, elle élargira les ouvertures du filet, et s'échappera. Le poulpe recherche les hameçons, les saisit de ses bras sans les mordre, et ne les quitte pas qu'il n'ait rongé l'amorce tout autour, ou qu'il ne se sente tiré hors de l'eau. Le muge sait très bien aussi qu'il y a un hameçon sous l'amorce, et il n'est pas dupe de l'embûche; inspiré par son avidité, il frappe l'hameçon de sa queue, et fait tomber l'appât. 3. Le loup de mer a moins de prévoyance et d'adresse, mais le remords de son imprudence lui donne un grand courage; car, dès qu'il se sent pris à l'hameçon, il se démène violemment, déchire la plaie, et échappe au piège. Les murènes avalent au delà de l'hameçon, atteignent la ligne de leurs dents, et la coupent. Le même poète rapporte que l'anthias (IX, 85), pris à l'hameçon, se retourne, et coupe la ligne avec une arête tranchante dont il a le dos armé. 4. D'après Licinius Macer, les murènes ne sont que femelles, et elles fraient avec les serpents, comme nous l'avons dit (IX, 39) : en conséquence les pêcheurs, pour les attirer et les prendre, contrefont le sifflement des serpents. Il ajoute qu'elles engraissent dans les eaux battues, qu'un coup de bâton ne les tue pas, mais qu'il suffit de les toucher avec la férule (XX, 98) pour leur donner la mort. Chez elles, la vie réside dans la queue; cela est constant. On les tue très rapidement en les frappant sur cette partie, difficilement en les frappant sur la tête. Ce qui a été touché par le poisson appelé rasoir (le rason), sent le fer. L'orbe (la mole ou meule) est incontestablement le plus dur des poissons; il est rond, sans écailles, et tout tête. [32,6] VI. 1. Trébius Niger rapporte que le milvago (IX, 43) annonce changement de temps toutes les fois qu'on le voit voltiger hors de l'eau ; que le xiphias ou espadon a le museau aigu; qu'avec cette arme il perce les vaisseaux et les coule bas dans l'Océan, près d'un endroit de la Mauritanie appelé Cotta, non loin du fleuve Lixus. Le même dit que les calmars s'élancent en si grande quantité hors de l'eau, qu'ils submergent les vaisseaux. [32,7] VII. 1. Les poissons viennent manger à la main ; cela se voit dans plusieurs maisons de campagne impériales. Mais ce que les anciens ont rapporté â cet égard, ils l'ont vu avec admiration, non dans les piscines, mais dans les étangs naturels; par exemple, au château d'Elore en Sicile, non loin de Syracuse. Dans la fontaine de Jupiter Labrandéen, les anguilles mangent à la main; elles portent en outre des boucles d'oreilles. Il en est de même à Chios, auprès du temple des Vieillards; en Mésopotamie, dans la fontaine de Chabura, dont nous avons parlé (XXXI, 22 ). [32,8] VIII. 1. A Myres, en Lycie, les poissons de la t fontaine d'Apollon Curien viennent, appelés trois fois par la flûte, donner des présages : dévorent-ils avidement les viandes qu'on leur jette, c'est bon signe pour le consultant; c'est mauvais signe s'ils les repoussent avec la queue. A Hiérapolis en Syrie, les poissons du lac de Vénus obéissent à la voix des officiers du temple : Ils viennent, parés d'anneaux d'or; ils flattent pour qu'on les gratte, et tiennent la gueule ouverte pour qu'on y introduise la main. A la roche d'Hercule, sur la côte du territoire Stabien, en Campanie, les mélanures prennent avidement le pain qu'on leur jette dans la mer; mais ils ne s'approchent d'aucun aliment où il y ait un hameçon. [32,9] IX. 1. Voici encore des particularités non moins merveilleuses : les poissons sont amers à l'île de Pelé (V, 38, 2), a Clazomènes, à côté de la roche de Scylla (III,14, 2) en Sicile, à Leptis d'Afrique, sur la côte d'Eubée, à Dyrrachium. Ailleurs ils sont si salés qu'on les prendrait pour des salaisons, autour de Céphalénie, d'Ampélos (IV, 17, 4, ou IV, 20, 3), de Paros et des rochers de Délos: dans le port de cette dernière île, ils ont une saveur douce; différences qu'il faut sans contredit attribuer à l'alimentation. Apion dit que le plus gros des poissons est le porc, appelé orthragoriscos par les Lacédémoniens, et qu'il grogne quand on le prend. De telles variations naturelles de saveur peuvent tenir non à la nourriture, mais, ce qui est plus singulier, à certaines localités; nous en avons un exemple sous la main : il est constant qu'à Bénévent, en Italie, il faut saler de nouveau toutes les salaisons. [32,10] X. 1. Cassius Hémina dit que les poissons de mer ont été en usage à Rome dès sa fondation; je cite textuellement ses paroles : "Numa fit une loi par laquelle il interdisait dans les banquets funéraires l'usage des poissons sans écailles; c'était une loi d'épargne, qui avait pour but de diminuer les frais des festins publics et privés, et des repas près des pulvinaires (sorte de reposoirs); il voulut empêcher qu'en achetant les poissons sans écailles pour les repas funéraires on n'en fit hausser le prix, et qu'on ne les accaparât." [32,11] XI. 1. Autant nous attachons de prix aux perles de l'Inde, desquelles nous avons suffisamment parlé (IX, 54), autant les Indiens en attachent au corail. Dans le fait, c'est l'imagination des peuples qui fait le prix de ces choses. Il vient, il est vrai, du corail dans la mer Rouge, mais plus noir que le nôtre. Dans le golfe Persique on nomme le corail lace. Le plus estimé se trouve dans le golfe Gallique, autour des îles Stoechades, et dans la mer de Sicile, autour des îles Éoliennes et du cap Drépanum. Il en vient aussi à Gravisque, et devant Naples de Campanie. A Érythres il est très rouge, mais tendre, et pour cela de peu de prix. Le corail a la configuration d'un arbrisseau; il est de couleur verte; 2. les baies qu'il porte sont blanches et molles sous l'eau; au dehors elles deviennent aussitôt dures et rouges, et ont l'apparence et le volume des cornouilles. On dit qu'il suffit de le toucher pendant qu'il est encore vivant pour le pétrifier, et que pour cette raison on cherche à le prévenir, l'arrachant avec un filet ou le coupant avec un fer bien aiguisé : c'est cette espèce de tonte qui lui a fait, ajoute-t-on, donner le nom de corail. On estime surtout celui qui est le plus rouge et le plus rameux, qui n'est ni raboteux ni pierreux, et, d'un autre côté, sans vides ni trous. Les grains de corail sont aussi estimés dans l'Inde, même par les hommes, que les grosses perles de l'Inde le sont par nos femmes ; 3. leurs aruspices et leurs devins pensent que c'est un amulette excellent pour écarter les périls; de la sorte, le corail est pour eux un objet d'ornement et de religion. Avant qu'on connût la prédilection des Indiens pour le corail, les Gaulois en ornaient leurs glaives, leurs boucliers et leurs casques. Maintenant l'exportation rend cette matière si rare, qu'on ne la voit plus guère dans les pays qui la produisent. 4. Une branche de corail pendue au cou d'un enfant passe pour le mettre en sûreté. Calciné, pulvérisé et bu dans de l'eau, le corail est bon pour les tranchées, les affections vésicales et calculeuses. Pris de la même façon dans du vin, ou, s'il y a de la fièvre, dans de l'eau, il est soporatif. Il résiste longtemps au feu. On ajoute que ce médicament, pris souvent à l'intérieur, consume la rate. Il est excellent pour ceux qui rejettent ou qui crachent du sang. On en incorpore la cendre aux compositions ophtalmiques ; il est en effet astringent et réfrigérant. Il remplit les creux des ulcères; il efface les cicatrices. [32,12] XII. 1. Quant à la répugnance des choses entre elles, appelée par les Grecs antipathie, il n'y a rien de plus vénéneux que la pastenague, poisson de mer dont le piquant tue les arbres, comme nous l'avons dit (IX, 72). Cependant le galéos (le milandre) la poursuit. Il donne, il est vrai, la chasse à d'autres poissons, mais particulièrement aux pastenagues, comme sur terre la belette aux serpents, tant ces animaux sont friands du poison même. Les personnes piquées par la pastenague sont guéries par le galéos; elles le sont aussi par le surmulet et le laser. [32,13] XIII. (III.) 1. Il faut admirer encore la puissance de la nature dans les animaux qui vivent sur la terre et dans l'eau. Tels sont les bièvres (VIII, 47), qu'on nomme castors; leurs testicules portent le nom de castoréum. Sextius, auteur très exact en matière médicale, assure que ces animaux, quand on les prend, ne se coupent pas les testicules. Il ajoute que ces organes sont petits, resserrés et adhérents à l'épine, et qu'on ne peut les enlever sans donner la mort à l'animal; qu'on falsifie le castoréum avec les reins du castor, qui sont gros, tandis que les vrais testicules sont très petits; qu'en outre il ne faut pas les confondre avec deux vésicules qu'on ne voit chez aucun autre animal; que dans ces vésicules se trouve une liqueur que l'on conserve en la salant; 2. qu'ainsi on distingue le vrai du faux, parce que le premier est dans deux vésicules suspendues à un cordon commun ; que le vrai même se sophistique avec un mélange de sang et de gomme, ou de gomme ammoniaque; qu'en effet ces follicules doivent avoir la couleur de cette dernière gomme, être revêtus de leur tunique, contenir une liqueur ayant la consistance d'un miel mêlé de cire, répandre une odeur forte, avoir, un goût amer et âcre, et être friables. Le castoréum le plus efficace vient du Pont et de la Galatie, puis de l'Afrique. Flairé, il provoque l'éternuement. Il est soporatif, si on en frotte la tête avec de l'huile rosat et du peucedanum; il produit, bu dans de l'eau pure, le même effet, ce qui le rend utile dans les phrénitis. En fumigation, il réveille les léthargiques ; en fumigation ou en pessaire, il dissipe les suffocations hystériques. Il fait venir les règles et l'arrière-faix, pris à la dose de deux drachmes dans de l'eau, avec du pouliot. 3. Il guérit le vertige, l'opisthotonos, le tremblement, le spasme, les affections nerveuses, la coxalgie, les maux d'estomac, la paralysie, en onction, ou broyé jusqu'à consistance de miel avec la graine du vitex, dans du vinaigre ou de l'huile rosat; on l'emploie de cette dernière façon contre l'épilepsie. En breuvage on s'en sert contre les flatuosités, les tranchées et les poisons; seulement, suivant l'espèce de poison, on l'incorpore différemment : contre les scorpions, on le fait boire dans du vin; contre les phalanges et les autres araignées, dans du vin miellé, si on veut provoquer le vomissement, ou, si on veut le faire garder, avec de la rue; contre le lézard chalets (XXIX, 32 ), avec du vin de myrte; contre le céraste et le prester, avec le panax ou la rue, dans du vin; contre les autres serpents, avec du vin. 4. La dose suffisante est deux drachmes de castoréum sur une drachme des autres ingrédients. II est bon en particulier contre le gui, dans du vinaigre ; contre l'aconit, dans du lait ou de l'eau; contre l'ellébore blanc, dans de l'eau miellée et nitrée. Il guérit aussi les maux de dents : pour cela on le broie et on l'injecte avec de l'huile dans l'oreille du côté souffrant. Il vaut mieux pour les douleurs d'oreilles, si on le mêle au méconium (sorte d'opium; XX, 76, 4 ). En onction avec du miel attique, il éclaircit la vue; dans du vinaigre, il arrête le hoquet. L'urine même du castor combat les venins, et, pour cette raison, on l'Incorpore dans les antidotes. D'après l'opinion de quelques-uns, on ne saurait mieux la conserver que dans la vessie même de l'animal. [32,14] XIV. (IV.) 1. Les tortues sont également amphibies, et leurs propriétés ne sont pas moindres, méritant d'ailleurs une place honorable, soit à cause de l'emploi de leur écaille (IX, 12 ), soit à cause de la singularité de leur conformation. On distingue les tortues en terrestres, marines, tortues des eaux fangeuses, tortues d'eau douce ; ces dernières sont appelées, par certains Grecs, émydes. La chair des tortues de terre s'emploie particulièrement en fumigation, et on la dit salutaire pour écarter les artifices magiques et pour combattre les poisons. Ces tortues abondent en Afrique; là, dit-on, on leur coupe la tête et les pattes, et on les donne en antidote. 2. On ajoute que mangées dans leur propre jus elles dissipent les écrouelles, les maladies de la rate, et l'épilepsie. Le sang éclaircit la vue et enlève la cataracte. On met ce sang en pilules dans de la farine, on le garde, et, quand il en est besoin, on le donne dans du vin contre le venin de tous les serpents, des araignées et autres animaux venimeux. Il est avantageux d'employer contre la cataracte, en onction, le fiel de tortue avec du miel attique, et de l'instiller dans la piqûre des scorpions. La cendre de la carapace, pétrie avec du vin et de l'huile, guérit les crevasses et les ulcérations des pieds. Les raclures de la superficie de l'écaille, données en boisson, sont antiaphrodisiaques; ce qui est d'autant plus étonnant, que la poudre de la carapace entière passe pour être un aphrodisiaque actif. 3. Quant à l'urine de tortue, je ne pense pas qu'on puisse se la procurer autrement qu'en ouvrant l'animal vivant. Parmi les prodiges que les mages en racontent, il y a ceci, qu'elle est souveraine contre la piqûre de l'aspic, mais plus efficace encore si on y mêle des punaises. Les oeufs de tortue durcis s'appliquent sur les tumeurs scrofuleuses, et sur les ulcères produits par la brûlure ou par le froid. 4. On les fait avaler pour les douleurs d'estomac. La chair de la tortue de mer, mêlée avec celle de la grenouille, est un remède admirable contre la salamandre. Le fait est que rien n'est plus contraire à la salamandre que la tortue. Le sang guérit le vide de l'alopécie, le parrigo, et tous les ulcères de la tête ; il faut le laisser dessécher, et ensuite le laver doucement. Pour les douleurs d'oreilles, on l'instille avec du lait de femme. Contre l'épilepsie, on le mange dans de la fleur de farine : on mêle trois hémines de ce sang avec une hémine de vinaigre. On le donne aussi dans l'asthme, mais avec une hémine du vin. Pour ce dernier cas, on le donne encore avec la farine d'orge, mêlé aussi à du vinaigre; et de ce mélange on fait prendre gros comme une fève : cela se prend matin et soir; puis, au bout de quelques jours, deux fois le soir. Dans l'accès même de l'épilepsie, s'il n'est pas violent, on fait desserrer les dents au malade, pour lui instiller de ce sang dans la bouche. 5. Dans le spasme, on le donne en lavement avec du castoréum. Quiconque se frotte trois fois par an les dents avec du sang de tortue n'en souffre jamais. Ce sang dissipe l'asthme et ce qu'on nomme orthopnée; pour cette dernière affection, on le donne dans la polenta. Le fiel de tortue éclaircit la vue, efface les cicatrices, guérit les amygdalites, les angines, et toutes les affections de la bouche. Il est spécifique pour les ulcères rongeants de cette partie et des testicules. Appliqué aux narines, il fait redresser sur leurs pieds les épileptiques ; mêlé au vinaigre avec la vieille peau des couleuvres, c'est un remède unique pour la suppuration des oreilles : 6. quelques-uns ajoutent du fiel de boeuf et du bouillon de tortue, mettant également une vieille peau de couleuvre; mais ils font consommer la tortue dans du vin. Le fiel appliqué avec du miel guérit toutes les affections des yeux. Le fiel de la tortue de mer, avec le sang de la tortue de rivière et du lait, guérit même les cataractes. Le fiel teint les cheveux des femmes. 7. Contre la salamandre, il suffit de boire le bouillon de la chair de tortue. La troisième espèce de tortue vit dans la bourbe et les marais. Cette tortue a la carapace semblable au plastron, et non pas bombée; elle est désagréable à voir. Cependant on en tire aussi quelques secours médicinaux; on en jette trois dans un feu de sarment; aussitôt que leurs écailles s'ouvrent, on les retire du feu; alors on arrache leur chair, qu'on fait cuire dans un conge d'eau avec un peu de sel. 8. On fait cuire jusqu'à réduction au tiers, et cette décoction s'administre à l'intérieur pour la paralysie et la goutte. Le fiel évacue la pituite et le sang corrompu; bu dans de l'eau froide, il resserre le ventre. Les tortues de la quatrième espèce vivent dans les rivières. On les dépouille de leur écaille; on broie leur graisse avec l'herbe nommée aizoon, en y joignant de l'huile de lis et de la graine de lis. Avec cette préparation on oint les malades, excepté la tête, avant l'accès, puis on les enveloppe bien et on leur fait boire de l'eau chaude : cette recette guérit, dit-on, la fièvre quarte. On ajoute que la tortue doit être prise au quinzième jour de la lune, pour qu'on y trouve plus de graisse, et que le malade doit être oint le seizième. Le sang de cette même espèce de tortue, versé goutte à goutte sur la tête, dissipe la céphalalgie; il guérit aussi les scrofules. 9. Quelques-uns recommandent de recevoir dans un vaisseau de terre neuf le sang de la tortue, que l'on renverse sur le dos, et à laquelle on coupe la tête avec un couteau de cuivre; ils disent que le sang ainsi recueilli, de quelque espèce qu'il provienne, est bon pour l'érysipèle, pour les ulcères humides de la tête et les verrues. Les mêmes auteurs assurent que la fiente de toutes les tortues dissipe les tumeurs. Ajoutons une particularité, tout incroyable qu'elle est : quelques-uns prétendent que des navires qui portent la patte droite d'une tortue marchent plus lentement. [32,15] XV. 1. Maintenant nous allons ranger les poissons par maladies, non que nous ignorions que l'exposition de toutes les propriétés d'un animal est plus agréable et excite plus d'admiration; mais la méthode que nous suivons est plus utile ; elle offre les remèdes par maladies; et, de fait, tel remède convient à tel individu et ne convient pas à tel autre, et tel remède se trouve en tel lieu plus facilement qu'en tel autre. [32,16] XVI. (V.) 1. Nous avons dit en quelle contrée se produisait le miel vénéneux (XXI, 44) : la chair de la dorade en est l'antidote. Le miel, même pur, cause quelquefois de l'anorexie, et une indigestion qui est très grave : coupez les pattes, la tête et la queue d'une tortue, faites-la bouillir, et vous vous guérirez, d'après Pélops. Dans le même cas, Apellès prescrit le scinque. Ce qu'est le scinque, nous l'avons dit (VIII, 38; XXVIII, 30). Nous avons aussi indiqué à plusieurs reprises combien les menstrues des femmes sont vénéneuses (VII,2 13 ; XXVIII, 23); le surmulet, comme nous l'avons rapporté (XXVIII, 23, 5), en amortit les effets. Ce même poisson, en topique ou en aliment, est bon contre la pastenague, contre les scorpions terrestres et marins, contre les dragons et les araignées phalanges. La tête fraîche de ce poisson, incinérée, est souveraine contre tous les poisons, et en particulier contre les champignons. On dit que si on enduit de sang de renard une étoile de mer, et qu'on la cloue aux linteaux supérieurs de la porte ou à la porte même avec un clou d'airain, les maléfices ne pourront être introduits dans la maison, ou, introduits, seront neutralisés. [32,17] XVII. 1. Les blessures faites par les dragons marins (la vive) et les scorpions marins (une scorpène) se guérissent par leur chair même, appliquée sur la lésion ; les morsures des araignées se guérissent de même. En somme, contre tout venin introduit soit en boisson, soit par une piqûre, soit par une morsure, il n'est point de meilleur remède que le bouillon de dragon marin et de scorpion marin. La médecine tire aussi du secours des poissons séchés. Si on a été mordu par un serpent ou piqué par une bête venimeuse, on se trouve bien de manger du poisson salé, de boire des coups de vin pur, et de rejeter le tout par le vomissement vers le soir. Cette recette réussit surtout contre le lézard chalets, et les serpents céraste, seps (XXIII, 29), élops et dipsas. Contre le scorpion il faut prendre le poisson salé en plus grande quantité, ne pas le vomir, et endurer la soif qu'il cause. On l'emploie aussi en topique sur la plaie. On ne connaît pas de remède plus efficace contre la morsure du crocodile. La sardine est bonne en particulier contre la morsure du serpent prester. On emploie encore le poisson salé en topique, contre la morsure du chien enragé; et quand même la plaie n'aurait pas été brûlée à l'aide du fer, et le corps évacué à l'aide de clystères, cela seul suffirait. Le poisson salé est un topique, dans du vinaigre, contre le dragon marin. Le cybium (IX, 18, 2) a la même propriété. Contre le venin du piquant avec lequel blesse le dragon marin, on emploie en topique ou le dragon marin lui-même, ou sa cervelle entière. [32,18] XVIll. 1. Le bouillon des grenouilles de mer (baudroies), cuites au vin et au vinaigre, s'administre à l'intérieur contre les venins, contre le venin de la grenouille de buisson et contre les salamandres. Manger la chair des grenouilles de rivière, ou en boire le bouillon, est bon et contre le lièvre marin et contre les serpents susdits; contre les scorpions, on s'en sert dans du vin. Démocrite assure que si on arrache la langue à une grenouille vivante, sans aucune des parties auxquelles elle tient, et si, après avoir laissé retomber la grenouille dans l'eau, on applique cette langue, à l'endroit où le coeur bat, sur une femme endormie, cette femme répondra vrai à toutes les interrogations. 2. Les mages disent bien d'autres choses; et si leurs assertions étaient vraies, il faudrait regarder les grenouilles comme bien plus utiles à la société que les lois. En effet, on les perce avec un roseau qui va des parties naturelles â la bouche ; le mari fiche le roseau dans le sang menstruel de la femme, et celle-ci se dégoûte de ses amants. Voici qui est avéré : la chair de grenouille mise à l'hameçon est un excellent appât pour les pourpres. On dit que la grenouille a deux foies (XI, 76); qu'il faut les exposer aux fourmis, et que le foie attaqué par ces insectes est un antidote contre tous les poisons. Il est des grenouilles vivant seulement dans les buissons; pour cette raison on les nomme buissonnières, comme nous avons dit (VIII, 48) ; les Grecs leur donnent le nom de phrynes; ce sont les plus grosses de toutes; elles ont comme deux cornes, et sont pleines de maléfices. Les auteurs en racontent à l'envi des merveilles ; si on les apporte au sein du peuple, le silence s'établit. 3. Si on jette dans de l'eau bouillante un petit os qu'elles ont au côté droit, le vase devient froid, et ne peut plus se réchauffer qu'on n'ait ôté ce petit os. On se le procure en exposant la grenouille aux fourmis, qui en rongent les chairs; on garde ces petits os un à un dans l'huile. Il y en a un autre dans le côté gauche; jeté dans de l'eau, il paraît la faire bouillir; on le nomme apocynon ; il arrête la furie des chiens. Mis dans la boisson, il excite l'amour et les querelles; en amulette, il est aphrodisiaque. Au contraire, l'osselet du côté droit est un puissant réfrigérant : celui-ci, attaché au malade dans de la peau d'un agneau fraîchement écorché, guérit la fièvre quarte et les autres fièvres ; il réprime l'amour. La rate de ces grenouilles est un antidote contre les poisons qu'on fait avec elles. Leur fiel est encore plus efficace. [32,19] XIX. 1. Il est une couleuvre qui vit dans l'eau : ceux qui font la chasse des crocodiles portent sur eux la graisse et le fiel de cette couleuvre : c'est pour eux, dit-on, un merveilleux secours, ces monstres n'osant rien entreprendre contre un pareil préservatif, qui est encore plus efficace si on y mêle l'herbe potamogiton (XXVI, 33 ). Les écrevisses de rivières, fraîches, pilées et bues dans de l'eau, ou leur cendre conservée, sont utiles contre tous les poisons, en particulier contre les piqûres des scorpions, avec du lait d'ânesse, ou, si l'on n'en a pas, avec du lait de chèvre ou tout autre lait. Il faut aussi y ajouter du vin. Ces mêmes écrevisses, broyées avec du basilic, tuent les scorpions. 2. Elles ont la même vertu coutre les morsures de tous les animaux venimeux, et en particulier contre la musaraigne, les couleuvres, le lièvre marin et la grenouille buissonnière. Leur cendre conservée est bonne pour ceux que met en danger l'hydrophobie, à la suite de la morsure d'un chien enragé. Quelques-uns y ajoutent de la gentiane, le tout administré dans du vin. Si l'hydrophobie est déclarée, on fait des pastilles avec cette cendre et du vin, et on les donne à prendre. Si on attache ensemble dix écrevisses avec une poignée de basilic, les mages prétendent que tous les scorpions du lieu se rassembleront autour de ces écrevisses. Sur les piqûres de scorpion, ils appliquent avec le basilic les écrevisses mêmes ou leur cendre. 3. Les écrevisses de mer ont moins de vertu dans tous ces cas. Thrasyllus dit que rien n'est plus opposé aux serpents que les écrevisses; que les cochons piqués se guérissent en en mangeant; que quand le soleil est dans le signe du Cancer les serpents sont au supplice. La chair, crue ou cuite, des escargots de rivière est bonne contre les piqûres des scorpions; plusieurs, à cet effet, en gardent de salée. On s'en sert aussi en topique sur la plaie même. Le coracin (IX, 32) est un poisson particulier au Nil, il est vrai; mais nous écrivons pour l'univers entier. La chair de ce poisson, en topique, est bonne pour les piqûres des scorpions. Parmi les poissons venimeux il faut ranger le porc marin (XX, 9 et 7, 4), qui a dans le dos un piquant causant de très vives souffrances : le remède est le limon ramassé sur le corps même de ce poisson. [32,20] XX. 1. Dans l'hydrophobie, suite de la morsure d'un chien enragé, on frotte la face avec de l'huile de veau marin, laquelle est plus efficace si l'on y joint de la moelle d'hyène, de l'huile de lentisque, et de la cire. Un remède contre la morsure des murènes, c'est la cendre de leur tête calcinée. La pastenague sert aussi de remède à la blessure qu'elle fait : on réduit en cendre l'individu qui a piqué ou toute autre, et on applique cette cendre dans du vinaigre. Si on veut en manger, il faut lui ôter du dos tout ce qui est safrané, et retrancher la tête entière. On ne doit la laver que médiocrement, non plus que les testacés; autrement on ôte l'agrément de la saveur. Le poison du lièvre marin est détruit par des hippocampes (IX, 1) pris en breuvage. Les hérissons de mer sont excellents contre le dorycnium (XXI, 105 ). Le bouillon en est particulièrement bon à ceux qui ont été empoisonnés par le suc du carpathium. La décoction des écrevisses de mer passe pour efficace contre le dorycnium ; elle l'est surtout contre le venin du lièvre marin. [32,21] XXI. (VI.) 1. Ce venin est aussi combattu par les huîtres. Ce que j'ai déjà dit des huîtres (IX, 79) ne peut paraître suffisant, puisqu'il s'agit d'un mets qui a la palme sur la table des riches. Elles se plaisent aux eaux douces, et aux lieux où plusieurs fleuves se jettent dans la mer; aussi celles de la haute mer sont petites et peu nombreuses: cependant il s'en produit dans des rochers et des endroits fort éloignés des eaux douces, témoin les environs de Grynium et de Myrina. Elles suivent généralement dans leur croissance le cours de la lune, comme nous l'avons dit dans le chapitre relatif aux productions marines (IX, 50, 2); mais c'est surtout au commencement de l'été et quand le soleil pénètre dans les bas-fonds, qu'elles sont pleines de lait (IX, 74, 6). 2. Voici sans doute la raison pour laquelle les huîtres de la haute mer sont plus petites : l'opacité de l'eau arrête leur croissance, et les tient dans un état de tristesse et de dégoût. Les huîtres varient en couleur, rousses en Espagne, brunes en Illyrie, noires de chair et d'écaille à Circéi. Dans tout pays on estime davantage celles qui sont grasses sans être gluantes, et remarquables par leur épaisseur plutôt que par leur largeur. Elles doivent avoir été pêchées, non dans un lieu fangeux ou sablonneux, mais sur un fond ferme; le ligament qui les attache à la coquille doit être court et non charnu; l'huître ne doit pas être frangée sur le bord, et doit tenir tout entière dans le creux de la coquille. 3. Les gourmets ajoutent un caractère: c'est que l'huître soit bordée d'un filet couleur de pourpre. A ce signe ils les reconnaissent comme de bonne qualité, et les nomment callibléphares (belles-paupières). Les huîtres se trouvent bien de voyager, et d'être transportées dans des eaux nouvelles ; ainsi l'on prétend que les huîtres de Brindes, parquées dans l'Averne, tout en conservant leur goût propre, prennent la saveur de celles du lac Lucrin (IX, 79 ). Voilà ce que nous avons à dire sur l'huître même. 4. Parlons maintenant des diverses provenances de ce coquillage, et ne frustrons aucune plage de la gloire qui lui appartient. Mais nous parlerons par une bouche étrangère, par celle d'un homme qui a été le plus habile de notre temps en cette matière; voici les propres paroles de Mucianus : "Les huîtres de Cyzique sont plus grandes que celles du Lucrin, plus douces que celles de la Bretagne, plus sapides que celles du Médoc, plus piquantes que celles de Leptis, plus pleines que celles de Lucus (III, 4, 1 ), plus sèches que celles de Coryphas (V, 32, 2), plus tendres que celles de l'Istrie, plus blanches que celles de Circéi." Mais, n'en déplaise à Mucianus, il n'en est pas de plus agréables ni de plus délicates que ces dernières. D'après les historiens d'Alexandre, il y a dans la mer des Indes des huîtres d'un pied; chez nous, le nomenclateur de je ne sais quel prodigue a nommé certaines huîtres tridacnes (trois fois mordu), voulant faire entendre qu'elles étaient si grosses, qu'il fallait y mordre à trois reprises. 5. Nous rassemblons ici toutes les propriétés médicales des huîtres : elles sont souveraines pour rétablir l'estomac ; elles remédient au dégoût. La sensualité a imaginé de les frapper de neige, confondant ainsi ce qui se trouve au sommet des montagnes et en fond de la mer. Elles relâchent doucement le ventre. Cuites avec du vin miellé, elles guérissent le ténesme qui est sans ulcération. Elles détergent les ulcérations de la vessie. Cuites toutes closes dans leurs écailles, elles sont merveilleuses pour les catarrhes. La cendre des écailles, incorporée dans du miel, est bonne pour la luette et les amygdales. On s'en sert dans de l'eau pour les parotides, les tumeurs, les duretés des mamelles, les ulcères de la tète. Les femmes s'en servent pour effacer leurs rides. On en saupoudre les parties brûlées; c'est un bon dentifrice. Dans du vinaigre, elle guérit les démangeaisons et les éruptions pituiteuses. Pilée crue, la coquille guérit les scrofules et les engelures des pieds. Les pourpres sont bonnes contre les poisons. [32,22] XXII. 1. Quant aux algues marines, Nicandre dit que c'est une thériaque (bonne contre les serpents). Il y en a de plusieurs espèces, comme nous avons dit (XXVI, 66 ), savoir, l'algue à feuille longue et large, l'algue à feuille rouge, l'algue à feuille frisée. La plus estimée est celle qui se rencontre dans la mer de Crète, près de la terre, sur les rochers. On l'emploie dans la teinture des laines, et elle fixe la couleur d'une manière indélébile. Nicandre recommande de la donner dans du vin. [32,23] XXIII. (VII.) 1. La cendre de l'hippocampe (IX, 1), mêlée à du nitre et à du saindoux, ou avec du vinaigre seulement, guérit l'alopécie. La poudre d'os de sèche sert à préparer la peau à l'application des médicaments nécessaires. On guérit encore l'alopécie par la cendre du rat de mer (IX, 35), avec de l'huile; par le hérisson marin calciné avec sa chair; par le fiel du scorpion marin (XXXII, 17); par la cendre de trois grenouilles qu'on calcine vives dans un pot, appliquée avec du miel, et mieux avec de la poix liquide. On noircit les cheveux avec des sangsues qu'on a laissées se putréfier soixante jours dans du vin noir. D'autres recommandent de mettre un setier de sangsues et deux setiers de vinaigre dans un vase de plomb, de laisser ce mélange se putréfier pendant soixante jours, et de s'en frotter les cheveux au soleil. D'après Sornatius, cette préparation est si pénétrante, que si en s'en servant on n'a pas la précaution de tenir de l'huile dans la bouche, les dents deviennent noires. La cendre du test des murex et des pourpres s'applique utilement avec du miel sur les ulcères de la tête; la poudre de la coquille du conchylion (coquillage â pourpre), même non calcinée, fournit avec l'eau un bon topique. Dans la céphalalgie on emploie le castoréum avec le peucédanum (XXV, 70) et l'huile rosat. [32,24] XXIV. 1. La graisse de tous les poissons, tant d'eau douce que de mer, fondue au soleil et incorporée avec du miel, est excellente pour éclaircir la vue ; il en est de même du castoréum avec le miel. Le fiel du callionyme guérit les taies et les excroissances des yeux. De tous les poissons c'est celui qui a le plus de fiel, opinion que Ménandre exprime aussi dans ses Comédies. Ce poisson s'appelle aussi uranoscope, parce qu'il a les yeux placés sur la tête. Le fiel de coracin (IX, 32) éclaircit la vue. Le fiel du scorpion de mer roux (XXXII, 17), avec de l'huile vieille ou du miel attique, dissipe les cataractes commençantes; il faut faire l'onction trois fois, en laissant quelques jours d'intervalle. 2. La même substance enlève les taies. On prétend que le surmulet en aliment affaiblit la vue. Le lièvre marin est par lui-même vénéneux, mais sa cendre empêche de repousser, après avulsion, les cils nuisibles des paupières ; pour cet usage les plus petits lièvres marins valent le mieux. On emploie aussi les pétoncles salés, broyés avec de la résine de cèdre. Le sang des grenouilles nommées diopètes et calamites, appliqué avec de la larme de vigne sur les paupières, après l'avulsion des cils, produit le même effet. La poudre d'os de sèche appliquée avec du lait de femme guérit le gonflement et la rougeur des yeux ; appliquée seule, elle dissipe les granulations. 3. Ceux qui pratiquent cette opération renversent les paupières; ils ne laissent le médicament que peu de temps; après l'avoir enlevé, ils oignent la partie avec de l'huile rosat, et adoucissent l'inflammation par un cataplasme de pain. La même poudre appliquée dans du vinaigre guérit la nyctalopie. Cette substance, réduite en cendre, fait sortir la cataracte; elle guérit les taies, avec du miel ; les ptérygions, avec du sel et de la cadmie, de chaque une drachme. Elle dissipe aussi les taies chez les bêtes de somme. On dit que si l'on frotte les paupières avec les petits os de ce poisson, on les guérit. Les hérissons de mer, dans du vinaigre, font disparaître les épinyctides. Il faut les brûler avec des peaux de vipères et avec des grenouilles, et saupoudrer les boissons avec cette poudre, au dire des mages, qui promettent d'éclaircir la vue à l'aide de cette préparation. 4. On donne le nom d'ichthyocolle à un poisson dont la peau est gluante; la colle qu'on en tire porte le même nom; cette colle enlève les épinyctides. Quelques-uns prétendent que l'ichthyocolle se fait avec le ventre du poisson, et non, comme la colle du taureau, avec la peau. On estime l'ichthyocolle du Pont. Elle est blanche, sans veines, sans écailles, et se fond très rapidement. Pour l'employer il faut la couper en petits morceaux, la faire tremper dans de l'eau ou du vinaigre pendant un jour et une nuit, puis la piler avec des cailloux de mer, pour qu'elle se fonde plus facilement. On assure qu'elle est bonne dans les douleurs de tête, et pour effacer les rides de la peau. 5. L'oeil droit d'une grenouille pour l'oeil droit, l'oeil gauche pour l'oeil gauche, suspendu au cou avec une étoffe d'une laine non teinte, guérissent l'ophtalmie. Si on arrache les yeux pendant la conjonction de la lune, portés également en amulette dans une coquille d'oeuf, ils guérissent les taies. Le reste de la grenouille, en topique, dissipe les meurtrissures. On dit que les yeux d'une écrevisse portés en amulette au cou guérissent l'ophtalmie. Il est une petite grenouille vivant surtout dans les roseaux et dans les herbages, muette, de couleur verte, et quand les boeufs l'avalent gonflent leur ventre. Si on racle avec une spatule l'humeur de son corps et qu'on en frotte les yeux, cela, dit-on, éclaircit la vue. Quant à la chair même, on en fait un topique en cas de douleur des yeux. 6. Autre recette : On jette quinze grenouilles dans un vase de terre neuf, on les transperce avec un jonc; on mêle l'humeur qui s'écoule alors avec la larme de la vigne blanche (bryonia cretica), et, après avoir ôté les cils nuisibles, on guérit les paupières, instillant avec une aiguille cette préparation dans les endroits où étaient les cils arrachés. Mégès préparait un dépilatoire des paupières en faisant mourir et putréfier dans du vinaigre des grenouilles; et pour cela il employait surtout les grenouilles variées qui naissent en grand nombre pendant les pluies d'automne. On pense que la cendre de sangsues appliquée dans du vinaigre produit le même effet; il faut les calciner dans un vase de terre neuf. Le foie de thon desséché, à la dose de quatre deniers, en onction avec de l'huile de cèdre pendant neuf mois, fait tomber les poils. [32,25] XXV. 1. Le fiel du poisson appelé batia (raie), frais ou même gardé dans du vin, est très bon pour les oreilles, ainsi que celui du bacchus (IX, 28), que quelques-uns nomment myxon, et celui du callionyme (uranoscope) instillé avec de l'huile rosat, ou le castoréum avec le suc de pavot. Il y a un animal dit pou de mer (IX, 71); on recommande de le broyer et de l'instiller avec du vinaigre dans les oreilles. La laine teinte avec la pourpre est à elle seule très utile dans ces cas; quelques-uns l'humectent avec du vinaigre et du nitre. 2. Il en est qui recommandent particulièrement contre tous les maux d'oreilles un cyathe d'excellent garum, avec plus d'un cyathe et demi de miel et un cyathe de vinaigre : on fait cuire le tout à un feu doux dans un gobelet neuf; on ôte de temps en temps l'écume avec une plume, et quand il cesse de s'en produire, on instille cette préparation tiède. Si les oreilles sont tuméfiées, les mêmes auteurs recommandent d'adoucir d'abord le mal avec le suc de coriandre. La graisse de grenouille, instillée, apaise sur-le-champ les douleurs. Le jus d'écrevisse de rivière avec de la farine d'orge est très efficace pour les plaies des oreilles. La cendre de coquilles de murex avec du miel, ou de conchylion (XXXII, 23) avec du vin miellé, guérit les parotides. [32,26] XXVI. 1. On calme les maux de dents en scarifiant les gencives avec les os du dragon marin (la vive), ou en se frottant une fois par en les dents avec la cervelle de chien de mer cuite et gardée dans de l'huile. Il est aussi très bon de scarifier les gencives avec le piquant de la pastenague; on le broie encore, et, appliqué avec de l'ellébore blanc, il fait tomber les dents sans douleur. On compte parmi les remèdes la cendre de poisson salé calciné dans un vase de terre, à laquelle on ajoute du marbre en poudre. Le vieux cybium (IX, 18, 2), brûlé dans un vase neuf, puis broyé, est bon aussi pour le mal de dents. On recommande également les arêtes de tout poisson salé calcinées, broyées et appliquées. 2. On fait cuire une grenouille dans une hémine de vinaigre, on se lave les dents avec ce suc, et on le garde dans la bouche. Si l'on avait de la répugnance pour cette pratique, Sallustius Dionysius faisait suspendre par les pattes de derrière des grenouilles, de manière que l'humeur découlât de leur bouche dans du vinaigre bouillant, et il faisait répéter cela sur plusieurs grenouilles; à ceux qui avaient l'estomac moins susceptible, il faisait manger les grenouilles dans leur jus. On croit que cette recette guérit surtout les dents mâchelières, et que le vinaigre, préparé comme il a été dit plus haut, raffermit surtout les dents mobiles. Pour ce dernier cas, quelques-uns font macérer dans une hémine de vin deux grenouilles auxquelles on a coupé les pattes, et ils recommandent de laver avec cette préparation les dents branlantes. 3. D'autres conseillent d'attacher les grenouilles entières à la mâchoire; d'autres font cuire dix grenouilles dans trois setiers de vinaigre jusqu'à réduction au tiers, à l'effet de raffermir les dents mobiles. Certains ont fait cuire les coeurs de trente-six grenouilles dans un setier de vieille huile, sous une tourtière de cuivre, et ils ont instillé ce liquide dans l'oreille du côté douloureux de la mâchoire. D'autres ont appliqué sur les dents le foie d'une grenouille, cuit et broyé avec du miel. Toutes les préparations susdites sont plus efficaces avec la grenouille de mer (baudroie). Si les dents sont cariées et donnent une mauvaise odeur, on recommande de faire sécher de la chair d'un cétacé dans un four pendant la nuit, puis d'y ajouter un poids égal de sel, et d'employer ce mélange en dentifrice. Les Grecs nomment enhydris une couleuvre vivant dans l'eau. Avec les quatre dents supérieures de cet animal on scarifie les gencives, quand la douleur occupe les dents supérieures, et vice versa; d'autres se bornent à employer la dent canine. On emploie encore la cendre des écrevisses. Quant a la cendre des murex, elle est un dentifrice. [32,27] XXVII. 1. On traite les lichens et les lèpres par la graisse de veau marin, par la cendre de mènes (sparus mana) avec trois oboles de miel, par le foie de la pastenague cuit dans de l'huile, par la cendre d'hippocampe ou de dauphin appliquée avec de l'eau. Après l'excoriation produite, on emploie un traitement cicatrisant. Quelques-uns rôtissent un foie de dauphin dans un vase de terre jusqu'à ce qu'il s'en écoule une graisse semblable à de l'huile, et ils font des onctions avec cette graisse. La cendre de la coquille des murex ou des conchylions (XXXII, 23), en topique avec du miel, efface les taches du visage chez les femmes. Elle étend et polit la peau; pour cela on l'applique sept jours, et au huitième on fait une fomentation avec du blanc d'oeuf. Au genre du murex appartiennent les coquilles appelées par les Grecs coluthies ou coryphies; également turbinées, mais beaucoup plus petites, elles ont plus d'efficacité; elles entretiennent la bonne odeur de la bouche. 2. L'ichthyocolle efface les rides de la peau, et l'étend ; pour cela on la fait cuire dans l'eau pendant quatre heures, puis on la broie, et on la réduit en consistance de miel. Ainsi préparée, on la met dans un vase neuf. Quand on veut s'en servir, on en prend quatre drachmes, auxquelles on a joute deux drachmes de soufre, deux d'anchuse et huit d'écume d'argent (litharge) ; on arrose ce mélange d'eau, et on broie le tout ensemble. On applique sur le visage cet enduit, qu'on enlève par ablution au bout de quatre heures. La cendre des os de sèche guérit le lentigo et les autres taches du visage. Elle enlève les chairs fougueuses, et guérit les ulcères humides. On traite les affections psoriques avec une grenouille cuite dans cinq hémines d'eau de mer; il faut laisser réduire la décoction jusqu'à la viscosité du miel. 3. (VIII.) L'alcyoneum est une production de la mer: quelques-uns pensent qu'il vient du nid des alcyons et des céyx (le mâle de l'alcyon); d'autres, de la concrétion de l'écume marine; d'autres, du limon ou d'une certaine substance lanugineuse que la mer fournit. Il y en a de quatre sortes : l'alcyoneum cendré, serré, à odeur forte; l'alcyoneum mou, plus doux au toucher, et dont l'odeur ressemble à celle de l'algue; l'alcyoneum vermiculé et blanc; l'alcyoneum poreux, et semblable à une éponge pourrie. 4. Le meilleur est celui qui est presque pourpre ; on l'appelle aussi Milésien ; mais plus il est blanc, moins on l'estime. Les alcyoneum ont pour propriété d'excorier et de déterger. Pour s'en servir, on les fait calciner, et on les applique sans huile. Ils enlèvent merveilleusement les lèpres, les lichens, le lentigo, avec du lupin et deux oboles de soufre. On se sert aussi de l'alcyoneum pour les taies. Andréas a employé pour les lèpres la cendre d'écrevisses avec de l'huile; Attale, pour les ulcérations de la bouche, la graisse fraîche de thon. [32,28] XXVIII. 1. La saumure des mènes (XXXIII, 27) et la cendre de leurs têtes, avec du miel, guérit les scrofules. Pour le même mal il est bon de se faire piquer, sans blessure cependant, avec le petit os de la queue du poisson de mer appelé rhina (squatine); il faut faire cela tous les jours, jusqu'à ce que la cure soit complète. La même propriété appartient au piquant de la pastenague et au lièvre marin en topique; mais l'emploi de ces deux moyens ne doit durer qu'un instant. On se sert encore des écailles du hérisson de mer, broyées et appliquées avec du vinaigre; des écailles de la scolopendre de mer (IX, 67 ), dans du miel; de l'écrevisse de rivière, broyée ou calcinée, avec du miel. 2. On a un secours merveilleux dans l'os de sèche broyé, et appliqué avec du vieux oing. Pour les parotides on emploie aussi cette préparation, ainsi que le foie du saurus, poisson de mer. On va jusqu'à broyer avec du vieux oing des fragments de jarres à salaisons pour les parotides et les scrofules; on emploie de même la cendre de murex dans de l'huile. On traite les raideurs du cou par le pou de mer en boisson à la dose d'une drachme, par le castoréum pris avec du poivre dans du vin miellé, mêlé à une décoction de grenouilles dans de l'huile et du sel, afin qu'on avale le jus de ces grenouilles. On traite de même l'opisthotonos et le tétanos; pour le spasme ou ajoute du poivre. 3. La cendre des têtes de mènes salées, en topique dans du miel, guérit l'angine. II en est de même du suc de grenouilles bouillies dans du vinaigre : ce suc est bon aussi pour les amygdales. Les écrevisses de rivière broyées, une pour une hémine d'eau, guérissent l'angine, en gargarisme, ou en breuvage dans du vin et de l'eau chaude. Le garum appliqué sur la luette avec une cuiller la guérit. Les silures frais ou salés, en aliment, font du bien à la voix. [32,29] XXIX. 1. Les surmulets gardés provoquent le vomissement, broyés et pris en breuvage. Le castoréum avec un peu d'ammoniac, pris à jeun dans du vinaigre miellé, est très bon pour l'asthme. La même potion, dans du vinaigre miellé chaud, calme les spasmes de l'estomac. Des grenouilles cuites sur le plat dans leur jus, comme du poisson, passent pour guérir la toux. On les suspend par les pattes, on reçoit leur bave dans un plat, on les ouvre, on leur ôte les entrailles, et en les confit. Il y a une petite grenouille qui monte sur les arbres, et qui de là coasse; si on lui crache dans la bouche et qu'on la lâche ensuite, cela guérit, dit-on, la toux. On recommande aussi pour l'hémoptysie de broyer la chair d'un escargot cru, et de la boire dans de l'eau chaude. [32,30] XXX. (IX.) 1. Pour les douleurs du foie on fait périr le scorpion marin (une scorpène) dans du vin que l'on boit. La chair de la conque longue (ou strombe; XXXII, 39), prise dans du vin miellé et de l'eau en égale quantité, ou, s'il y a fièvre, dans de l'eau miellée, produit le même effet. On calme les douleurs de côté avec des hippocampes administrés grillés, avec les têthes, semblables aux huîtres, pris en aliment. Dans la coxalgie on donne en lavement de la saumure de silure. On administre pendant quinze jours trois oboles de conques délayées dans deux setiers de vin. [32,31] XXXI. 1. Le jus de silures et la torpille en aliment relâchent le ventre. II y a un chou marin (XX, 38) semblable au chou cultivé; mauvais pour l'estomac, il purge très facilement; mais à cause de son âcreté on le fait cuire avec de la viande grasse. Le court-bouillon de tous tes poissons est relâchant; il est diurétique aussi, surtout avec du vin. Le meilleur se fait avec le scorpion marin, l'iulis (labrus iulis) et tous les saxatiles, pourvu qu'ils n'aient ni mauvaise odeur ni graisse; il faut les faire cuire avec de l'aneth, de l'ache, de la coriandre, du poireau, de l'huile et du sel. Le vieux cybium (IX, 18) est purgatif aussi; 2. il évacue en particulier les crudités, la pituite et la bite. Il en est de même des myax (moules ), dont nous allons exposer ici toute l'histoire naturelle. Ils se réunissent en tas comme les murex (IX, 60), et vivent au milieu des algues. Ils sont les meilleurs en automne, et là où beaucoup d'eau douce vient se mêler à la mer; aussi estime-t-on le plus ceux d'Égypte. A mesure que l'hiver avance, ils contractent de l'amertume et une coloration rouge. Leur jus passe pour évacuer le ventre et la vessie, déterger les intestins, ouvrir toutes les voies, purger les reins, diminuer le sang et la graisse. 3. Aussi sont-ils très bons aux hydropiques, aux femmes lors de leurs menstrues, aux ictériques, aux goutteux et à ceux qui souffrent des flatuosités, ainsi que dans l'obésité, dans les maladies de la bile, de la pituite, du poumon, du foie, de la rate, et dans les rhumatismes. Le seul inconvénient, c'est qu'ils irritent la gorge et émoussent la voix. Ils guérissent les ulcères qui sont serpigineux ou qui ont besoin d'être détergés, ainsi que les carcinomes. Calcinés comme les murex et appliqués avec du miel, ils guérissent les morsures faites par les chiens ou par les hommes, les lèpres, le lentigo. Leur cendre, lavée, remédie aux brouillards de la vue, aux granulations, aux taies, aux affections des gencives et des dents, aux éruptions pituiteuses. Les myax servent d'antidote pour le dorycnion et l'opocarpathon (XXXII, 20 ). 4. Les myax se subdivisent en deux espèces : les mitules, qui ont un goût de sel et une odeur forte ; les myisces, plus ronds, un peu plus petits, garnis d'aspérités, et qui ont la coquille plus mince et la chair d'une saveur plus douce. La cendre des mitules, comme celle des murex, a une vertu caustique, et s'emploie pour les lèpres, le lentigo et les taches; on la lave comme le plomb, pour l'épaississement des paupières, pour les taies, pour les brouillards de la vue, pour les ulcères sordides des autres parties, pour les pustules de la tête. 5. Avec la chair on fait un topique pour les morsures des chiens. Quant aux pélorides (XXXII, 53, 4), elles relâchent le ventre; de même le castoréum, à la dose de deux drachmes, dans de l'eau miellée. Ceux qui veulent une action plus forte ajoutent une drachme de la racine sèche du concombre cultivé et deux drachmes d'aphronitre. Les téthes dissipent les tranchées et les gonflements; on les trouve suçant les feuilles marines ; c'est plutôt une sorte de champignon qu'un poisson. Ils guérissent le ténesme et les affections des reins. Il naît dans la mer une absinthe (XXVII, 29) nommée par quelques-uns seriphium; elle se trouve principalement dans le voisinage de Taposiris d'Égypte. Plus petite que l'absinthe terrestre, elle purge et débarrasse le ventre des animaux parasites. 6. La sèche aussi est purgative ; on la donne à manger, cuite avec de l'huile, du sel et de la farine. Les mènes (XXXII, 27) salées, appliquées à l'ombilic avec du fiel de taureau, sont laxatives. Le jus de poissons cuits sur un plat avec des laitues dissipe le ténesme. Les écrevisses de rivière broyées et bues dans de l'eau resserrent le ventre et sont diurétiques; dans du vin blanc et privées de leurs pattes, elles chassent les calculs, à la dose de trois oboles, avec de ta myrrhe et de l'iris, de chaque une drachme. 7. Le castoréum avec la graine de daucus et de persil, une pincée de chaque, dans quatre cyathes de vin miellé chaud, dissipe l'iléus et les flatuosités; les tranchées, avec de l'aneth dans du vin. Les érythins, en aliment, resserrent le ventre. On traite la dysenterie par les grenouilles cuites avec la scille et disposées en trochisque, ou par leur coeur broyé avec du miel, comme le prescrit Nicératus. Pour la jaunisse il faut vivre avec du poisson salé et poivré, en s'abstenant de toute autre chair. [32,32] XXXII. 1. On guérit la rate avec une sole en topique, avec une torpille, avec le turbot vivant, qu'on laisse aller ensuite à la mer. Le scorpion marin, étouffé dans du vin, est un spécifique pour les affections vésicales et calculeuses, ainsi que la pierre qu'on trouve dans sa queue, prise à la dose d'une obole; le foie de l'enhydris (XXXII, 26, 3); la cendre des blendies, avec de la rue. On trouve aussi dans la tète du bacchus (IX, 28) des espèces de petites pierres; prises dans de l'eau, elles sont souveraines pour les calculeux. On recommande l'ortie de mer bue dans du vin, le poumon marin cuit dans de l'eau. 2. Les oeufs de sèche sont diurétiques, et dissipent les humeurs pituiteuses des reins. Les écrevisses de rivière, broyées dans du lait d'ânesse, guérissent très bien les ruptures et les convulsions. Les hérissons de mer, broyés avec leurs épines et bus dans du vin, chassent les calculs; il faut une hémine de vin pour chaque hérisson. On continue ce breuvage jusqu'à ce que les bons effets s'en manifestent. La chair du hérisson est d'ailleurs un aliment profitable pour cette maladie. Les peignes de mer en aliment purgent la vessie; les mâles sont appelés par les uns donax (roseau), par les autres aules (tuyau); les femelles, onyx (ongle). Les mâles sont diurétiques, les femelles ont la chair plus douce et sont d'une seule couleur. Les oeufs de sèche sont également diurétiques, et purgent les reins. [32,33] XXXIII. 1. Pour l'entérocèle on emploie le lièvre marin broyé avec du miel. Le foie de la couleuvre d'eau (XXXII, 19 et 26, 3) et celui de l'hydre (XXIX, 22), broyés et en breuvage, sont bons pour les calculeux. On guérit la coxalgie avec le silure salé, en lavement, après, avoir préalablement évacué le ventre. Si le siège est écorché, on y applique de la cendre de têtes de muge et de surmulet; on les calcine dans un vase de terre; l'application doit se faire avec du miel. La cendre de têtes de mènes (XXXII, 27) est bonne pour les rhagades et les condylomes, ainsi que la cendre de têtes de pélamides (XXXII, 53, 6) salées ou de cybium (IX, 18), avec du miel. La torpille en topique guérit la chute du rectum. La cendre d'écrevisses de rivière, avec de l'huile et de la cire, guérit les crevasses au siège. Les écrevisses de mer produisent le même effet. [32,34] XXXIV. 1. Le cocarin salé guérit les tumeurs, ainsi que les intestins et les écailles calcinées de l'ombre; le scorpion marin, bouilli dans du vin avec lequel on fomente la partie malade. Le test des hérissons de mer, broyé et appliqué avec de l'eau, combat les tumeurs commençantes. La cendre des murex et des pourpres s'emploie dans les deux cas, soit qu'il faille résoudre les tumeurs commençantes, soit qu'il faille les faire aboutir quand elles sont mûres. Quelques-uns composent ainsi ce topique : cire et encens, vingt drachmes; écume d'argent (litharge), quarante; cendre de murex, dix; huile vieille, une hémine. 2. Tout poisson salé, cuit, appliqué seul, est utile. Les écrevisses de rivière, pilées, dissipent les pustules des parties génitales, ainsi que la cendre de têtes de mènes, et la chair de mènes cuite et appliquée. La cendre de tètes de perche salée, avec du miel, produit le même effet; ou bien la cendre de têtes de pélamide (XXXII, 53, 6), ou bien la cendre de peau de squatine. C'est cette peau qu'on emploie, avons-nous dit (IX, 14), à polir le bois. Ainsi la mer fournit des secours même à l'art du menuisier. On se sert encore des smarides (sparus smaris) en topique; de la cendre de test de murex ou de pourpre, avec du miel : ces coquillages sont plus efficaces calcinés avec leur chair. Les poissons salés cuits avec du miel éteignent en particulier les charbons des parties génitales. Pour le testicule relâché on fait un topique avec la bave d'escargot (XXX, 22, 2). [32,35] XXXV. 1. On remédie à l'incontinence d'urine par les hippocampes grillés et pris plusieurs fois en aliment ; par l'ophidien, petit poisson semblable au congre, qu'on donne avec un oignon de lis; par de petits poissons qu'on retire du ventre de celui qui les a avalés, et qu'on calcine: il faut boire cette cendre dans de l'eau. On recommande aussi de brûler (XXX, 22) des escargots d'Afrique avec leur chair, et d'en avaler la cendre dans du vin de Signia. [32,36] XXXVI. 1. Pour la goutte et les maladies des articulations on se sert de l'huile dans laquelle ont bouilli des intestins de grenouilles. On se sert aussi de la cendre de grenouilles buissonnières avec de la vieille graisse; quelques-uns ajoutent de la cendre d'orge, et mettent égale dose de ces trois ingrédients. On recommande aussi pour la goutte aux pieds de frotter la partie malade avec un lièvre marin frais; de se chausser avec des souliers de peau de castor, principalement de castor du Pont, ou bien de peau de veau marin, animal dont la graisse est utile aussi, de même que le bryon, dont nous avons parlé (XXVII, 33); il ressemble à la laitue, mais il a les feuilles plus rugueuses, et est sans tige. 2. La propriété en est styptique; en topique, il adoucit les fluxions goutteuses. Il en est de même de l'algue, dont nous avons aussi parlé (XXVI, 66) ; il faut avoir la précaution de ne pas l'appliquer sèche. On guérit les engelures avec le poumon marin, avec la cendre d'écrevisses de mer dans de l'huile, avec les écrevisses de rivière pilées, pétries dans de la cendre et de l'huile, et avec de la graisse de silure. Dans les articulations on calme les fluxions avec des grenouilles fraîches appliquées de temps en temps; quelques-uns recommandent de les mettre fendues par le milieu. Le suc des moules et des coquillages donne de l'embonpoint. [32,37] XXXVII. 1. Les épileptiques, comme nous l'avons dit (VIII, 49 ), boivent de la présure de veau marin avec du lait de cavale ou d'ânesse, ou avec du suc de grenade; quelques-uns la prennent avec du vinaigre miellé; d'autres en font des pilules sans rien autre et les avalent. Le castoréum, dans trois cyathes de vinaigre miellé, s'administre à jeun. En lavement, il est excellent pour ceux qui ont de fréquents accès : il faudra prendre deux drachmes de castoréum, un setier de miel et d'huile, et autant d'eau. Dans l'accès même, il est utile de le faire flairer avec du vinaigre. On donne encore le foie de la belette marine (la lote), et le sang de rat ou de tortue. [32,38] XXXVIII. (X.) 1. On coupe les fièvres réglées en faisant manger du foie de dauphin avant l'accès; on fait mourir des hippocampes dans de l'huile rosat, avec laquelle on se frotte dans les fièvres froides ; on les fait porter aussi en amulette aux malades. On fait porter de même dans un linge les petites pierres qu'on trouve dans la tête du poisson asellus (IX, 28) lors de la pleine lune. On attribue la même vertu à la plus longue dent du pagre de rivière (IX, 24), suspendue avec un cheveu, pourvu que le malade soit cinq jours sans voir celui qui aura attaché cet amulette. Pour guérir de la fièvre quarte, on choisit un carrefour; là, on fait bouillir dans de l'huile des grenouilles; on en jette les chairs, et on frotte les malades avec cette décoction. 2. Il en est qui étouffent les grenouilles dans de l'huile, les attachent au malade à son insu, et le frottent avec l'huile. Le coeur des grenouilles porté en amulette diminue le froid des fièvres, ainsi que l'huile dans laquelle on a fait cuire leurs entrailles. Mais le meilleur remède pour les fièvres quartes, c'est de porter en amulette soit des grenouilles auxquelles on a retranché les doigts, soit le foie ou le coeur de la grenouille buissonnière dans une étoffe de couleur cendrée. Les écrevisses de rivière broyées dans de l'huile et de l'eau sont utiles dans les fièvres, si avant l'accès on frotte le malade avec ce mélange ; quelques-uns y ajoutent du poivre. D'autres recommandent dans les fièvres quartes de boire à la sortie du bain une décoction de ces écrevisses dans du vin, réduite au quart ; d'autres prescrivent d'avaler l'oeil gauche d'une écrevisse. 3. Les mages promettent la guérison de la fièvre tierce si avant le lever du soleil on attache en amulette au malade les yeux d'écrevisses, qu'on rejette à l'eau ainsi aveuglées. Ils assurent que ces mêmes yeux portés en amulette, avec de la chair de rossignol dans un morceau de peau de cerf, chassent le sommeil et tiennent éveillé. Quand des malades tournent à la léthargie on leur fait flairer de la présure de baleine ou de veau marin; d'autres emploient chez les léthargiques le sang de tortue en topique, la fièvre tierce, dit -on, se guérit par les vertèbres de perches, portées en amulette. La fièvre quarte, par des escargots de rivière frais, en aliment ; quelques-uns, pour cet usage, les conservent dans du sel, et les donnent, broyés, en breuvage. [32,39] XXXIX. 1. Les strombes putréfiés dans du vinaigre excitent par leur odeur les léthargiques ; ils sont utiles aussi dans la maladie cardiaque. Les cachectiques qui maigrissent et dépérissent se trouvent bien des têthes (XXXII, 30) avec la rue et le miel. On traite l'hydropisie par la graisse de dauphin fondue, qu'on fait boire avec du vin : comme cette substance a un goût répugnant, on y remédie en mettant sous les narines un peu d'essence ou d'odeur, ou en les obturant d'une manière quelconque. La chair de strombe, pilée et donnée dans trois hémines de vin miellé et autant d'eau, ou, s'il y a fièvre, dans de l'eau miellée, est bonne encore aux hydropiques, ainsi que le jus d'écrevisses de rivière avec du miel. 2. On emploie la grenouille d'eau cuite dans du vin vieux et de la farine, la chair en aliment et la décoction en breuvage, ou bien une tortue à laquelle on coupe les pattes, la tête, la queue, qu'on vide, et qu'on assaisonne suffisamment pour en ôter la fadeur. Les écrevisses de rivière, cuites dans leur jus, passent pour être bonnes aux phtisiques. [32,40] XL. 1. La cendre d'écrevisses de mer ou de rivière, avec de l'huile, guérit les brûlures; avec de l'ichthyocolle et de la cendre de grenouilles, les brûlures faites par l'eau bouillante. Ce traitement fait même revenir les poils, pourvu que la cendre soit d'écrevisses de rivière; et on pense qu'il faut l'incorporer avec de la graisse d'ours et de la cire. La cendre de peau de castor est un bon topique. Des grenouilles vivantes, appliquées par le ventre, éteignent l'érysipèle : on recommande de les assujettir par les pattes de derrière, afin de les faire haleter davantage et de les rendre plus utiles. On se sert aussi de la cendre de tètes de silure, de la cendre de poisson salé, dans du vinaigre. On guérit le prurit et la gale, non seulement de l'homme, mais encore des quadrupèdes, avec le foie de la pastenague cuit dans de l'huile. [32,41] XLI. 1. L'opercule des pourpres, broyé, agglutine les nerfs, même coupés en travers. Dans le tétanos on se trouve bien de prendre, dans du vin, de la présure de veau marin à la dose d'une obole, ainsi que de l'ichthyocolle. Pour le tremblement on se frotte avec du castoréum dans de l'huile. Je trouve que le surmulet pris en aliment attaque les nerfs. [32,42] XLII. 1. Le poisson, en aliment, passe pour augmenter le sang. Le polype, broyé et appliqué, arrête les hémorragies; on ajoute sur ce dernier les particularités suivantes : Il rend de lui-même une saumure; par conséquent on est dispensé d'en mettre en le faisant cuire; il faut le couper avec un roseau; en effet, il est gâté par le fer, qui le détériore, étant de nature antipathique. Pour arrêter les hémorragies, on emploie encore en topique la cendre de grenouille ou le sang desséché; quelques-uns recommandent cette grenouille que les Grecs nomment calamite, parce qu'elle vit parmi les roseaux et les arbrisseaux; c'est la plus petite et la plus verte de toutes; on prescrit d'en employer le sang et la cendre. 2. D'autres ordonnent, s'il s'agit d'une épistaxis, d'injecter dans les narines la cendre de jeunes grenouilles d'eau ayant encore leur queue, calcinées dans un vase neuf. On use, en différentes circonstances, des sangsues pour ôter du sang; elles ont pour objet, comme les ventouses médicinales, de tirer le sang superflu et d'ouvrir les pores. L'inconvénient, c'est que tous les ans, vers la même époque, on sent renaître le besoin d'y avoir recours. Plusieurs médecins ont pensé que les sangsues pouvaient être employées dans la goutte. Elles se détachent par satiété et par le poids du sang qu'elles ont sucé, ou bien on les fait tomber en les saupoudrant de sel. 3. Quelquefois cependant elles laissent leur tête dans la plaie, ce qui la rend incurable; et cet accident a causé la mort de plusieurs personnes, notamment de Messalinus (X, 27), patricien consulaire, qui s'était fait appliquer des sangsues aux genoux. Au lieu d'apporter un remède elles apportent un poison, et ce sont surtout les rousses que l'on redoute pour cela. Aussi on les coupe avec des ciseaux dès qu'elles ont commencé à sucer, et le sang coule ensuite comme par un tube. Les têtes des sangsues ainsi coupées se contractent peu à peu, et elles ne restent point dans la plaie. La sangsue est antipathique (XXIX, 17) aux punaises, que l'on tue â l'aide d'une fumigation de sangsues. La cendre de peau de castor, brûlée avec de la poix liquide, arrête les épistaxis; on la pétrit avec du suc de poireau. [32,43] XLIII. 1. Pour retirer les traits engagés dans les chairs on emploie la cendre d'os de sèche, celle de test de pourpre dans de l'eau, la chair de poisson salé, les écrevisses de rivière broyées, la chair du silure de rivière en topique, fraîche ou salée : ce poisson se trouve dans le Nil (IX, 17 ) et dans d'autres fleuves; sa cendre et sa graisse ont la même propriété; la cendre de son épine dorsale tient lieu de spodium (XXXIV, 33). [32,44] XLIV. 1. On traite les ulcères serpigineux on fongueux par la cendre de têtes de mènes (XXXII,. 27.) ou de silures; tes carcinomes, par la tête de perche salée, ce qui est plus efficace si on ajoute du sel à la cendre de ces perches, et qu'on la pétrisse avec la sarriette à tête (XX, 65) et l'huile. La cendre d'écrevisses de mer brûlées avec du plomb arrête les carcinomes; celle d'écrevisses de rivière, avec du miel et de la charpie de lin, est bonne aussi pour cet usage; quelques-uns aiment mieux mêler à la cendre de l'alun et du miel. On traite les ulcères phagédéniques par le silure salé, et pilé avec de la sandaraque; les ulcères cacoèthes, les nomes, les ulcères putrides, par le cybium (IX, 18) vieux. 2. 1. Les vers qui s'y engendrent se détruisent par le fiel de grenouille. On dilate et on dessèche les fistules en y introduisant de la chair de poisson salé avec une tente. Cette chair, pétrie en forme d'emplâtre et appliquée, dissipe en deux jours toutes les callosités et les ulcères putrides et serpigineux. L'alex (XXXI, 44) aussi déterge, dans de la charpie, les ulcères; de même la cendre du test des hérissons de mer. Les coracins salés, en topique, dissipent les charbons; il en est de même de la cendre des surmulets salés. Quelques-uns emploient la tête seulement du surmulet avec du miel ou la chair du coracin. La cendre des murex, avec de l'huile, enlève les tumeurs ; le fiel du scorpion marin, les cicatrices. [32,45] XLV. 1. Pour ôter les verrues on emploie en topique le foie de glanis (IX, 67), la cendre de têtes de mènes broyée avec de l'ail (ces substances doivent être crues pour les thymia ou boutons verruqueux), le fiel du scorpion marin roux, les smarides broyées. L'alex bouilli et la cendre de mènes guérissent les ongles rugueux. [32,46] XLVI. 1. Les femmes se procurent abondance de lait en prenant des glaucisques dans leur jus, des smarides (XXXII, 27) dans de l'eau d'orge, ou bouillies avec du fenouil. La cendre de test de murex ou de pourpre, avec du miel, est efficace pour la guérison des mamelles. En topique, les écrevisses de rivière ou celles de mer ont la même vertu. La chair de murez, en topique, guérit la maladie appelée poil (XXVI, 92). Les squatlnes en topique empêchent l'accroissement des mamelles. De la charpie enduite de graisse de dauphin et enflammée fait revenir les hystériques; il en est de même des strombes putréfiés dans du vinaigre. 2. La cendre de tête de mène ou de perche, avec du sel, de la sarriette et de l'huile, guérit la matrice; en fumigation elle fait sortir l'arrière-faix. On Instille la graisse de veau marin fondue dans les narines des femmes pâmées par suffocation hystérique; pour le même cas on emploie en topique la présure de cet animal dans de la laine. Le poumon marin en amulette procure très bien l'écoulement des menstrues; il en est de même des hérissons de mer broyés vivants, et pris dans du vin doux. Les écrevisses de rivière broyées dans du vin, et avalées, arrêtent le flux menstruel. Le silure, particulièrement celui d'Afrique, en fumigation facilite, dit-on, l'accouchement. 3. Les écrevisses prises dans de l'eau arrêtent le flux menstruel; avec de l'hysope elles procurent la bonne évacuation des règles. Si la mère suffoque dans l'accouchement, elles sont encore utiles en breuvage. On les administre, soit fraîches, soit sèches, en boisson, pour empêcher l'avortement. Hippocrate se sert, pour la purgation menstruelle et pour les foetus morts, de cinq écrevisses qu'on broie avec la racine de patience, avec de la rue et du noir de fumée, et qu'on administre dans du vin miellé. Les écrevisses, cuites dans leur jus avec de la patience et de l'ache, facilitent la purgation menstruelle et donnent abondance de lait. 4. Dans une fièvre accompagnée de douleurs de tête et de pulsations dans les yeux, chez les femmes, on dit qu'elles sont utiles, administrées dans du vin astringent. Le castoréum, dans du vin miellé, est bon pour les règles. Dans la suffocation hystérique on le fait flairer avec du vinaigre et de la poix, ou on en fait des trochisques qu'on emploie en pessaires. Pour l'arrière-faix, il est avantageux de s'en servir avec le panax dans quatre cyathes de vin, et quand on a souffert du froid, à la dose de trois oboles. Mais si une femme enceinte marche sur du castoréum ou sur un castor, on dit qu'elle avorte, et que si on en porte par-dessus elle, l'accouchement devient périlleux. Ce que je trouve au sujet de la torpille est merveilleux : si on la prend la lune étant dans la Balance, et qu'on la garde trois jours en plein air, elle procure dans la suite un accouchement facile toutes les fois qu'on l'apporte près d'une femme en travail. 5. Le piquant de la pastenague, attaché à l'ombilic, passe aussi pour favoriser l'accouchement; il faut l'arracher à une pastenague vivante, que l'on rejette ensuite dans la mer. Je trouve que ce qui est appelé ostracium par quelques-uns et par d'autres onyx (opercule des murex) (XXXII, 41), en fumigation, est très bon pour les suffocations hystériques, qu'il a l'odeur du castoréum, et qu'il est plus efficace si on le brûle avec cette substance ; que, incinéré, il guérit les vieux ulcères cacoèthes. Quant aux charbons et aux carcinomes des parties naturelles des femmes, rien, dit-on, n'est plus efficace qu'une écrevisse femelle broyée avec de la fleur de sel, après la pleine lune, et appliquée avec de l'eau. [32,47] XLVII. 1. On emploie comme épilatoire le sang, le fiel, le foie du thon, soit frais, soit gardé; le foie même broyé, et conservé avec de la résine de cèdre dans une boîte de plomb. Salpé, la sage-femme, a indiqué ce moyen pour déguiser l'âge des jeunes esclaves. La même propriété appartient au poumon de mer, au sang et au fiel du lièvre marin, et au lièvre marin même étouffé dans de l'huile; à la cendre d'écrevisse et à la cendre de scolopendre de mer, avec de l'huile; à l'ortie de mer, broyée dans du vinaigre scillitique; à la cervelle de torpille, appliquée avec de l'alun le sixième jour de la lune. 2. La sanie de la petite grenouille que nous avons décrite dans le traitement des yeux (XXXII, 24, 5) est un épilatoire très efficace, si on l'applique récente; ainsi que la grenouille même, séchée, broyée, puis cuite dans trois hémines, jusqu'à réduction an tiers, ou cuite avec de l'huile en même quantité dans un vase de cuivre. D'autres composent un épilatoire avec quinze grenouilles, par le procédé employé dans le chapitre des yeux (XXXII, 24). Les sangsues grillées dans un vase de terre, et appliquées avec du vinaigre, ont la même propriété dépilatoire : cette fumée portée par ceux qui les grillent sur les punaises tue cet insecte (XXXII, 42, 3). Je trouve des exemples de l'emploi, pendant plusieurs jours, du castoréum dans du miel, comme dépilatoire. Nul dépilatoire ne doit être appliqué qu'après révulsion préalable des poils. [32,48] XLVIII. 1. On soulage considérablement les enfants qui sont dans la dentition et qui ont mal aux gencives, en frottant ces parties avec la cendre des dents d'un dauphin, ou en les touchant avec la dent même du dauphin. Une dent de cet animal, en amulette, empêche les terreurs soudaines; la dent du chien de mer a la même propriété. Quant aux ulcères qui se produisent dans les oreilles ou dans toute autre partie du corps, on les guérit par le jus d'écrevisses de rivière avec de la farine d'orge. Ces écrevisses, broyées dans de l'huile, sont, en friction, utiles pour les autres maladies. Une éponge humectée souvent avec de l'eau froide, une grenouille appliquée par le dos sur la tête, sont des remèdes très efficaces pour le siriasis des enfants (inflammation cérébrale) : on assure qu'en retirant la grenouille on la trouve desséchée. [32,49] XLIX. 1. Le surmulet étouffé dans du vin, ou le poisson rubellio (ou érythin, IX, 23), ou deux anguilles, ou la grappe de mer (IX, 1, 3), pourris dans du vin, font, quand on boit de cette préparation, prendre le vin en aversion. [32,50] L. 1. Comme anaphrodisiaques, on a l'échénéis (IX, 41 ), la peau du côté gauche du front de l'hippopotame attachée dans de la peau d'agneau, le fiel d'une torpille vivante appliqué sur les parties génitales. Sont au contraire aphrodisiaques, la chair d'escargots de rivière conservée dans du sel et administrée dans du vin, l'érythin pris en aliment, le foie d'une grenouille diopète ou calamite attaché dans de la peau de grue, une dent mâchelière de crocodile attachée au bras, ou encore un hippocampe, ou les nerfs d'une grenouille buissonnière attachés au bras droit. On cesse d'aimer une personne si l'on porte une grenouille buissonnière dans de la peau d'un mouton récemment écorché. [32,51] LI. 1. Une décoction de grenouilles dans de l'eau, et réduite jusqu'à consistance de liniment, guérit la gale des chevaux. On dit qu'un cheval ainsi traité n'est plus atteint de la gale. Salpé assure qu'un chien perd la faculté d'aboyer si on lui fait avaler dans un gâteau une grenouille vive. [32,52] LII. 1. Parmi les productions des eaux il faut aussi parler du calamochnus (XVI, 66, 3 ), nommé en latin adarca; il s'engendre, autour des petits roseaux, du mélange de l'écume d'eau douce et de l'écume d'eau de mer. II a une propriété échauffante. Aussi est-il bon dans les médicaments acopes (délassants) et contre les frissons. Il efface le lentigo sur le visage des femmes. 2. L'adarca nous donne occasion de parler aussi des roseaux. La racine du roseau phragmites (XVI, 66 ; XXIV, 50 ) pilée fraîche guérit les luxations; en topique avec du vinaigre, elle guérit les douleurs dorsales. L'écorce du roseau cyprien, nommé aussi donax, incinérée, guérit l'alopécie et les vieux ulcères. Les feuilles sont bonnes pour l'extraction des corps étrangers enfoncés dons les chairs, et pour l'érysipèle. La fleur de sa panicule entrée dans l'oreille rend sourd (XXIV, 50). 3. L'encre de la sèche a tant de force, que, au dire d'Anaxilaus, si on en met dans une lampe, la, lumière est changée, et toutes les personnes paraissent des Éthiopiens. La grenouille buissonnière, cuite dans de l'eau et donnée en breuvage, guérit les maladies des pourceaux, comme fait aussi la cendre d'une grenouille quelconque. Si on frotte du bois avec un poumon marin, ce bois parait tout en feu, tellement qu'il pourrait servir de torche. [32,53] LIII. (XI.) 1. Après avoir complété l'exposition des propriétés des animaux aquatiques, il ne parait pas hors de propos de donner la liste des poissons vivant dans le sein de tant de mers si vastes, qui s'enfoncent dans l'intérieur des terres à une profondeur de tant de milliers de pas, et qui, presque aussi grandes que le monde même, en occupent l'extérieur. Ces animaux sont au nombre de cent soixante-quatorze espèces. Je les indiquerai nom par nom, ce qu'on ne saurait faire à l'égard des animaux terrestres et des oiseaux. En effet, nous ne connaissons pas les quadrupèdes ni les oiseaux de l'Inde entière, de la Scythie, de l'Éthiopie et dés déserts; et cependant pour l'homme même les variétés que nous avons pu trouver sont très nombreuses. 2. Ajoutons Taprobane et les autres îles de l'Océan dont on raconte des fables. Certes on conviendra qu'il est impossible de comprendre toutes les espèces d'animaux dans un seul tableau. Mais dans l'Océan, tout immense qu'il est, il n'existe rien qui ne soit connu et, chose singulière, les productions que la nature a cachées dans les profondeurs sont les moins ignorées. Commençons par les monstres. On trouve les arbres, les physétères, les baleines (IX, 3), les pristes (IX, 2 ), les tritons (IX, 4), les néréides, les éléphants, les hommes marins, les roues (IX, 3), les orques (IX, 5 ), les béliers (IX, 4), les muscules (IX, 88), d'autres béliers (IX, 67) en forme de poisson, les dauphins (IX, 7 ), et les veaux marins (IX, 15) célébrés par Homère (Od., IV, 436), les tortues qui servent au luxe ( IX, 13 ), 3. les castors qu'emploie la médecine (XXXII, 13), et au genre desquels appartient la loutre (mais ce dernier animal n'entre jamais dans la mer, et nous ne parlons ici que des animaux marins). Ajoutons les chiens de mer (IX, 70 ), les dromons (94), les raies cornues (IX, 40), les épées, les scies, les hippopotames (VIII, 39) et les crocodiles (VIII, 37) communs à la mer, à la terre et aux fleuves; et les suivants, communs à la mer seulement et aux fleuves : thons, thynnides (thons femelles), silures, coracins, perches. A la mer seule appartiennent l'esturgeon (IX, 27), la dorade( IX, 25), l'aselle (IX., 28), l'acharne (perca labrax), l'aphye (anchois), l'alopex (IX, 67), l'anguille, l'araignée, le boca, la batie (raie), le bacchus (IX, 28 ), la grenouille de mer (IX, 40), les belones ou aiguilles (IX, 57), le balane (sorte de moule), le corbeau, le citharus le moins estimé des turbots, le chalcis (IX, 71), 4. le cobio (ou gobius), le callarias (IX, 28), de l'espèce des aselles, s'il n'était plus petit; le collas de Parium et celui de Sexita (nom d'une ville de la Bétique), les plus petits des lacertes, le colias des Palus-Méotides, qui est un peu plus gros; le cybium, c'est le nom, quand elle est coupée par morceaux, de la pélamide qui au bout de quarante jours remonte du Pont dans les Palus-Méotides; la cordyle (IX, 18), très petite pélamide qui prend ce nom quand du Palus-Méotide elle gagne le Pont; le canthare, le callionyme ou uranoscope (XXXII, 24), le cinède, seul poisson qui soit jaune; la Cnide que nous nommons ortie (IX, 68), les différentes espèces d'écrevisses (IX, 51), les chames striées, les chames unies, les chames pélorides, différant par l'espèce et par la rondeur; les chames glycymérides, plus grosses que les précédentes; les coluthies ou coryphies (XXXII, 27), les différentes espèces de coquillage, parmi lesquelles sont les huîtres perlières; les cochlées (XI, 51, 5), dans la classe desquelles sont les pentadactyles; les hélix et les actinophores, avec lesquels on chante (il faut mettre à part les cochlées rondes, dont on se sert pour mesurer l'huile); le concombre marin (IX, 1), le cynops, le cammarus, 5. le cynosdexia, le dragon (la vive) (quelques-uns le distinguent du dracuncule; il ressemble à la gerricule, et porte aux branchies des aiguillons tournés vers la queue; il blesse comme le scorpion quand on le prend avec la main), l'érythin, l'échénéis (IX, 41), le hérisson de mer, l'éléphant noir (homard), espèce de langouste ayant quatre pattes bifides et de plus deux bras à double articulation, et portant des pinces dentelées; le faber (IX, 32 ) ou zeus, le glaucisque, le glanis (IX, 67 ), le congre, la gerris, le galéos (un squale) (IX, 70), le garus (XXXI, 43), le hippus, le hippurus (IX, 24), l'hirondelle (IX, 43 ), le halipleumon (IX, 71), l'hippocampe (IX, 1, 3 ), le hépar, l'hélacatène (108), 6. l'ictinus ou milan (IX, 43), l'iulis (labrus iulis), le genre des lacertes, le calmar volant (IX, 45), la langouste, la lanterne (IX, 43), le liparis, le lamyre, le lièvre marin (IX, 72; XXXII, 3), le lion (IX, 51), qui a les bras de l'écrevisse et le corps de la langouste; le surmulet, le merle de mer (IX, 20, 4), renommé parmi les saxatiles, le muge, le mélanure, la mène (IX, 42), le méryx, la murène, le mys (IX, 56, 4 ), le mitule (XXXII, 31), le myisque (XXXII, 31), le murex (IX, 61 ), l'oculata, l'ophidion (XXXII, 35), les huîtres, les oties (patelles), l'orcyn, qui est la plus grande des pélamides (elle ne revient pas dans le Palus-Méotide; elle ressemble au tritomon, et gagne à vieillir) ; l'orbe (XXXII, 5, 4), l'orthragorisque (XXXII, 9); le phagre (IX, 24), le phycis (IX, 42), poisson saxatile; la pélamide (IX, 18) (la plus grosse espèce se nomme apolecte; elle est plus dure que le tritomon), le porc (IX, 17), le phthir, le passer ou carrelet (IX, 36), la pastenague (IX, 40), diverses espèces de poulpes (IX, 48), les peignes (IX, 51) (c'est en été qu'ils sont le plus gros et le plus noirs; les plus estimés sont ceux de Mitylène, de Tyndaris, de Salone, d'Altinum, d'Antium, de l'île de Pharos (v, 34 ), près d'Alexandrie en Égypte), les pétoncles, les pourpres, les percides, les pinnes (IX, 66), les pinnotères (IX, 51); la rhine (IX, 40 ) ou squatus des Latins, le turbot, le scare (IX, 29), qui tient aujourd'hui le premier rang, 7. la sole, le sarge (IX, 30), la squille (cancer squilla), la sarda, nom que l'on donne à une espèce de longue pélamide qui vient de l'Océan, le scombre (IX, 19), la saupe (IX, 32), le spare, la scorpène, le scorpion, le scladée, la sciène (IX, 24), la scolopendre (IX, 67), le smyre, la sèche, le strombe ou conque, le solen ou aulos, ou donax ( XXXII, 32 ), ou onyx, ou dactyle (IX, 51 et 87 ); le spondyle, la smaride (XXXII, 34 ), l'étoile (IX, 86), l'éponge; le tourd (IX, 20), célèbre parmi les saxatiles; le thon, le thranis, nommé par d'autres xiphias; la thrissa, la torpille (IX, 67), les tèthes (XXXII, 30), le tritomon (120), pélamide d'une grande espèce, et dont on fait trois cybium; la conque de Vénus (IX, 52), la grappe (IX, 1), le xiphias (IX., 1 ). [32,54] LIV. 1. A cette énumération nous ajouterons les noms indiqués dans le poème d'Ovide, et qu'on ne trouve dans aucun autre auteur; mais peut-être ces espèces appartiennent au Pont-Euxin, sur les côtes duquel il commença, dans le dernier temps de sa vie, ce poème resté inachevé : ce sont : le boeuf, le cercyre vivant dans les rochers, l'orphus (IX, 24 ), l'érythin rouge, le sparule, les mormyres diaprées, le chrysohrys de couleur d'or; en outre, la perche, le bouc, 2. le mélanure, qui plaît par sa queue; l'épode, fort large. Entre autres particularités remarquables sur les poissons, Ovide dit que la channe (IX, 23) conçoit d'elle-même, que le glaucus (IX., 25) ne paraît jamais en été, que le pompile (IX, 47) accompagne les vaisseaux dans leur traversée, que le chromis (IX, 42) fait un nid sur les eaux. Il dit aussi que l'hélops est inconnu à nos mers, montrant l'erreur de ceux qui prennent l'esturgeon pour l'hélops. Beaucoup, entre toutes les chairs de poissons, ont donné là palme à la chair de l'hélops. 3. Nous terminerons cette liste par l'indication de plusieurs poissons qui ne sont mentionnés par aucun auteur : tel est le poisson nommé en latin sudis, en grec sphyræna (pieu ou marteau), dont le nom indique la forme du museau. C'est une des plus grandes espèces; il est rare, mais assez bon. On donne le nom de jambon à une espèce de conque très commune autour des îles du Pont-Euxin. On les trouve plantées toutes droites dans le sable, présentant l'aspect d'un jambon allongé fiché en terre; elles sont béantes là où l'eau est limpide, cherchant ainsi à saisir leur proie. Cette ouverture n'a pas moins d'un pied; les bords sont garnis de dents très minces en forme de peigne; à l'intérieur, au lieu, de ligament, il y a un grand morceau de chair. Dans l'île d'Aenaria, j'ai vu une hyène de mer qu'on avait prise. En outre, la mer rejette certaines substances qui sont comme des excrétions et qui ne méritent pas d'être relatées, tenant plutôt de la nature des algues que de celle des animaux.