[1,13] CHAP. 13 : Remèdes et médicaments qui rabattent et purgent la pituite. S'il faut combattre plus vivement à l'encontre de la pituite surabondante, nous donnerons au fin matin des pilules de "Hierapicra" de Galien ou celles que Mesué nomme Éléphangines, à savoir autant de fois qu'il appartiendra, voire même à ceux de plus robuste naturel nous donnerons des pilules composées de Hiera et de trochisques, d'agaric en pareille portion, et toujours avec du miel rosat liquide, de l'oximel, et de l'eau de fenouil. Et à la vérité ce sirop profite grandement à digérer la pituite, voire autant les pilules et après. Si les autres humeurs troublent aussi avec la pituite, nous les purgerons bien opportunément avec pilules faites de la Rhubarbe de Mesué, ou bien avec celles que les modernes appellent communément "pilulæ sine quibus". Mais nous détestons toute véhémente et soudaine purgation et vidange. Car elle débilite l'estomac et le coeur, épuise beaucoup d'esprits, confond et trouble les humeurs, et par les noires fumées des humeurs, rend les esprits ténébreux. [1,14] CHAP. 14 : Remèdes contre le catarrhe et distillation, commune peste des studieux. Si à cause de la pituite la tête découle en distillations, nous donnerons quelquefois à l'heure du sommeil quelques pilules de celles que nous avons naguère décrites. Plus nous commanderons qu'à telle heure et aux autres on mâche de l'encens souvent, car il profite merveilleusement aux distillations, à tous les sens, même à la mémoire. La noix muscade aussi et la thériaque retenue en la bouche, est bien approuvée, aussi est la marjolaine, ou l'eau d'icelle approchée ou infuse aux narines. Après le repas nous rabattrons les fumées des viandes avec la coriandre et les pommes de coin. [1,15] CHAP. 15 : De la douteur du chef. Si souvent la tête vous est chargée d'humeur froide, en outre ce que nous avons récité, nous commanderons qu'on tienne en la bouche la confection qu'ils appellent "Diambra" ou "Diacori" ou "Plirisarcosicon" et que souvient aussi on mâche du mastic. Et qu'on se frotte le front et les tempes avec la nuche du col, de feuilles de marjolaine, de fenouil et de rue parfaitement trempées en huile et eau rose. [1,16] CHAP. 16 : Remèdes contre la vue éblouie et basse. Si les yeux bluettent et sont égaliés et toutefois ne sont point rouges ni ne démontrent aucun autre indice de chaleur, alors certainement profite un collyre et oignement fait d'eau de fenouil, de marjolaine, chélidoine et de rue avec du safran et de l'antimoine. Mais premièrement il faut faire passer telle eau par quelque gros drap. Toutefois ne mettez rien aux yeux qu'auparavant vous ne les ayez souvent purgés avec des pilules de lumière. Que si les yeux éblouis rougissent soudain, purgez les avec des pilules faites de fumeterre, puis incontinent profite le collyre et oignernent fait d'eau rose et de sucre. Quelquefois aussi on leur peut grandement aider en y mettant du blanc d'oeuf, de 1a tutia et du lait. Or surtout le continuel usage de fenouil garde la vue et l'aiguise. Il convient en tenir souvent en la bouche la graine et en manger les feuilles. La moindre "Triphera" décrite par Mesué y est fort bonne. Il est bon aussi de prendre par chaque jour à estomac vide du myrobalan et de la chebule confite et avec elle quelque peu de pain composé de sucre et de fenouil réduit en poudre, ce qui même profite merveilleusement à la subtilité de l'esprit et à prolonger la vie. Pareillement l'usage de l'Eufrasie est un singulier remède pour les yeux. En toute douleur de tête ou éblouissement d'yeux il faut détourner au derrière les vapeurs par frottements et ventouses. Mais si la chaleur en est cause et que le sang abonde nous appliquerons des sangsues à la nuque du col et aux épaules.