[14,0] XIV. CONTRE ALCIBIADE, POUR ABANDON DE POSTE. 1 Je ne pense pas, juges, que vous demandiez à ceux qui désirent parler contre Alcibiade, de motiver leur poursuite : il s'est montré depuis le début si mauvais citoyen que, même en dehors de tout grief personnel, l'ensemble de sa conduite doit le faire regarder comme un ennemi. 2 Ses fautes ne sont ni légères ni pardonnables et ne laissent pas espérer qu'il s'amende par la suite : il les a commises dans de telles conditions, en poussant si loin le vice, que ses ennemis mêmes rougissent pour lui de certains faits dont il tire vanité. Pourtant, juges, comme nos pères étaient déjà mal ensemble, que je le tiens lui-même depuis longtemps pour un vaurien, et que j'ai en ce moment à m'en plaindre, je vais essayer de lui faire expier, avec votre aide, tout ce qu'il a fait. 3 Les principales charges ont été suffisamment relevées par Archestratidès ; il a exposé les lois et produit des témoignages sur tous les points ; mais il y a des questions qu'il a laissées de côté : je vais vous éclairer à mon tour sur chacune d'elles. 4 Depuis la conclusion de la paix c'est la première fois que vous avez à juger des causes de ce genre ; aussi devez-vous être non seulement des juges, mais encore des législateurs. Sachez-le bien, c'est sur votre décision d'aujourd'hui que se règlera à l'avenir la cité. Or, me semble-t-il, le devoir d'un bon citoyen et d'un juge équitable est de donner aux lois les interprétations qui doivent être utiles à l'État dans la suite. [14,5] On ose soutenir que le délit d'abandon de poste ou de lâcheté n'est pas possible, parce qu'il n'y a eu aucun combat, et qu'aux termes de la loi, il faut avoir quitté son rang et reculé par lâcheté, pendant que les autres combattaient, pour comparaître devant le tribunal des soldats. Mais la loi, en dehors de ce cas, s'applique aussi à tous les hommes qui ne sont pas à leur poste dans l'infanterie. Lis-moi la loi. Loi. 6 Vous entendez, juges : la loi vise également ceux qui reculent pendant le combat et ceux qui ne sont pas à leur place avec les fantassins. Or, songez-y : qui doit être à cette place ? N'est-ce pas ceux qui ont l'âge requis ? Ceux qui ont été inscrits par les stratèges ? 7 A mon sens, s'il est un citoyen auquel s'appliquent tous les cas prévus par la loi, c'est bien lui : il mérite d'être condamné pour refus de servir, puisque, inscrit comme hoplite, il n'est pas parti pour faire campagne avec vous ; pour abandon de poste, puisqu'il ne s'est pas présenté avec les autres afin d'être incorporé dans son bataillon; pour lâcheté enfin, puisque, au lieu de combattre, comme il le devait, dans les rangs des hoplites, il a préféré servir comme cavalier. 8 Il répondra, dit-on, pour se justifier, que, servant dans la cavalerie, de toute façon il ne faisait pas tort à l'État. Mais ce qui précisément mérite, à mon avis, votre rigueur, c'est que, malgré la loi qui frappe d'atimie quiconque sert comme cavalier sans avoir été accepté à l'examen, il a eu l'audace d'entrer, sans cet examen préalable, dans la cavalerie. Lis-moi la loi. Loi. 9 Cet homme a poussé si loin l'impudence, il a eu un tel mépris pour vous, une telle peur de l'ennemi, une telle envie d'être cavalier, il s'est si peu soucié des lois, que, sans s'inquiéter des risques à courir, il a préféré s'exposer à l'atimie, {à la confiscation de ses biens} et à toutes les peines établies par la loi, plutôt que de servir aux côtés de ses concitoyens comme hoplite. [14,10] D'autres, qui n'avaient jamais été hoplites, et qui avaient tout le temps servi dans la cavalerie, où ils avaient fait beaucoup de mal à l'ennemi, n'ont pas osé monter à cheval, parce qu'ils avaient peur de vous et de la loi : c'était se comporter en hommes qui escomptaient, non pas la perte de l'État, mais son salut, sa grandeur et le châtiment des coupables. Alcibiade, lui, a osé le faire, bien qu'il ne fût pas un ami du peuple, qu'il n'eût pas servi précédemment dans la cavalerie, qu'il n'en soit pas aujourd'hui capable et qu'il n'eût pas subi l'examen devant vous : il se disait que la cité serait impuissante à punir les délinquants. 11 Songez-y bien, si on laisse chacun agir à sa guise, il ne sert de rien qu'il y ait des lois, que vous teniez des assemblées et qu'on élise des stratèges. Et voici qui me surprend, juges : si un soldat, à l'approche de l'ennemi, quitte le premier rang où on l'a placé et passe au second, on croira devoir le condamner pour lâcheté ; et celui qui, rangé parmi les hoplites, vient figurer au milieu des cavaliers, on lui pardonnerait ! 12 Au surplus, juges, quand vous rendez la justice, j'estime que ce n'est pas seulement pour punir les coupables : c'est aussi afin de rendre plus sages ceux des autres citoyens qui manquent à la discipline. En châtiant des inconnus, vous n'améliorerez pas les autres, car personne ne connaîtra vos jugements. Punissez, au contraire, les coupables les plus en vue, tout le monde le saura et l'exemple amendera le reste des citoyens. 13 Si vous condamnez cet homme, les gens de la ville ne seront pas seuls à le savoir : les alliés en seront informés, les ennemis l'apprendront, et ils auront beaucoup plus d'estime pour la cité, quand ils vous verront particulièrement sévères pour des fautes de ce genre, et sans indulgence pour les actes d'indiscipline en temps de guerre. 14 Considérez encore, juges, que, parmi les soldats, il s'en trouvait de malades, que d'autres étaient sans ressources : ils auraient bien aimé, les uns rester à se soigner dans les villes, les autres s'en retourner chez eux pour s'occuper de leurs affaires ; d'autres, parmi vous, auraient volontiers servi dans les troupes légères, ou fait campagne dans la cavalerie. [14,15] 15 Cependant, vous n'avez pas osé quitté votre corps, et choisir ce qui vous plaisait : vous redoutiez bien plus les lois de la cité que les coups de l'ennemi. Ce souvenir doit inspirer aujourd'hui votre vote. Que tout le monde le sache bien : ceux des Athéniens qui refusent de combattre contre les ennemis seront frappés par vous. 16 Sur la loi, juges, et sur l'affaire même, je pense que mes adversaires n'auront rien à dire. Mais ils viendront à la tribune intercéder pour l'accusé et vous conjurer de lui faire grâce. Ils ne voudront pas qu'on reconnaisse coupable d'une telle lâcheté le fils d'Alcibiade, d'un homme à qui vous devez tant ! Comme si, au contraire, il ne vous avait pas fait beaucoup de mal ! Ah ! si vous l'aviez exécuté la première fois que vous l'avez pris en faute, à l'âge où est son fils, vous auriez épargné bien des malheurs à la cité. 17 Il serait étrange, me semble-t-il, qu'après avoir condamné à mort le père, vous alliez, en souvenir de lui, acquitter son fils également coupable. Celui-ci n'a pas eu le courage de combattre à vos côtés ; le père avait osé marcher contre vous aux côtés des ennemis. Tout enfant, quand on ne voyait pas encore ce qu'il serait un jour, cet homme a failli être livré aux Onze à cause des crimes paternels, et aujourd'hui, sachant qu'à ces crimes il a ajouté sa propre indignité, vous vous croirez tenus d'avoir pitié de lui, en souvenir de son père ! 18 N'est-ce pas inadmissible, juges ? Ces gens-là, quand on les prend en faute, sont assez heureux pour se tirer d'affaire, grâce à leur naissance ; mais vous autres, si leur indiscipline vous fait éprouver quelque revers, rien ne peut fléchir vos ennemis, pas même les exploits de vos ancêtres. 19 Et pourtant ces exploits furent nombreux, éclatants, ils intéressaient tous les Grecs, et ils ne ressemblent pas du tout à la conduite de ces gens-là envers la cité, juges. Et si, eux, on les estime davantage de chercher à sauver leurs amis, il est évident qu'on aura aussi plus d'estime pour vous si vous punissez vos ennemis. [14,20] Si certains de ses parents viennent intercéder pour lui, j'estime, juges, qu'ils méritent votre colère : ils n'ont pas songé à intervenir auprès de lui — ou, en tout cas, leur intervention est restée sans effet pour l'engager à obéir aux ordres de la cité, et vous, ils s'efforcent de vous dissuader de punir les coupables. 21 Et s'il est des magistrats qui viennent à son secours, pour étaler leur puissance et se faire gloire de sauver des coupables avérés, dites-vous bien d'abord que, si tout le monde ressemblait à Alcibiade, on n'aurait que faire des stratèges, car ils n'auraient plus personne à commander, et ensuite que leur vrai devoir est d'accuser les réfractaires, au lieu de les défendre. Quelle obéissance attendre des autres aux ordres des stratèges, s'ils s'emploient les premiers à sauver les soldats indisciplinés ? 22 Pour moi, voici ce que je vous demande : si les gens qui plaident et intercèdent pour Alcibiade prouvent qu'il a servi comme hoplite, ou qu'il a subi l'examen pour être cavalier, acquittez-le. Mais si, sans aucun droit à invoquer, ils vous demandent une faveur personnelle, songez bien qu'ils vous enseignent là à vous parjurer, à désobéir aux lois, et qu'en se portant avec ce zèle intempestif ! au secours des coupables, ils inspireront à beaucoup de gens l'envie d'imiter ceux-ci. 23 Je m'étonnerais surtout, juges, que quelqu'un, parmi vous, crût devoir sauver Alcibiade par égard pour ses protecteurs, au lieu de le faire périr en considérant son indignité. Je veux vous la faire connaître ; vous verrez que vous auriez tort de l'acquitter, de vous dire : « Sans doute il a commis ces fautes, mais c'est, par ailleurs, un bon citoyen ». Au contraire, le reste de sa conduite mériterait une condamnation à mort. 24 Il convient que vous en soyez instruits. Vous admettez bien que les accusés vous parlent de leurs mérites et des services rendus par leurs ancêtres ; il est juste que vous écoutiez aussi les accusateurs lorsqu'ils prouvent que leurs adversaires ont commis beaucoup de fautes envers vous et que leurs ancêtres vous ont causé beaucoup de maux. [14,25] Encore enfant, chez Archédèmos le Chassieux, celui qui vous a tant volé, bien des gens l'ont vu en train de boire, couché sous la même couverture que son hôte ; en plein jour, il faisait la fête, avant l'âge, avec une courtisane : il imitait ses ancêtres, persuadé qu'il ne pourrait s'illustrer plus tard, s'il n'avait, dès sa jeunesse, la réputation d'un parfait vaurien. 26 Son père le fit venir près de lui, car ses désordres faisaient scandale. Vraiment, quelle opinion devez-vous avoir d'un homme dont les moeurs étaient blamées par celui-là même qui les enseignait aux autres? Pour jouer un tour à son père, de complicité avec Théotime, il livra Ornoi ; celui-ci prit la place forte et commença par abuser du jeune homme ; à la fin, il l'enferma, pour se faire payer une rançon. 27 Mais le père détestait cordialement son fils : « Il pourrait bien mourir, déclarait-il, je ne recueillerais pas même ses os ». Finalement, après la mort du père, Archébiadès devin, amoureux du jeune homme le délivra. Peu de temps après, celui-ci perdit sa fortune aux dés, s'embarqua à Leukè Akté et jeta ses compagnons à la mer. 28 A combien d'excès il s'est porté, juges, envers ses concitoyens, envers les étrangers, envers ses proches et envers tout le monde, il serait trop long de vous le raconter. Quand Hipponicos, en présence de nombreux témoins convoqués par lui, répudia sa femme, c'était, déclara-t-il, parce que, dans sa propre maison, Alcibiade avait eu avec elle, non pas les rapports d'un frère, mais ceux d'un mari. 29 Après de pareils désordres, après mille excès aussi graves, il ne regrette pas le passé et ne s'inquiète pas de l'avenir : lui qui serait tenu à plus de réserve que personne dans la cité, pour racheter par sa conduite les fautes de son père, il se met à outrager les autres, comme s'il pouvait leur passer un peu de l'infamie où il est plongé — lui, le fils de cet Alcibiade [14,30] qui engagea les Lacédémoniens à fortifier contre nous Décélie, qui s'embarqua pour aller soulever les îles, qui apprit à vos ennemis les moyens de faire du mal à la cité, et qui marcha plus souvent avec eux contre la patrie qu'avec ses concitoyens contre eux. Aussi est-ce à vous et à vos descendants de vous venger des gens de cette famille, chaque fois que vous en prenez un. 31 Cependant, il se plaît à répéter qu'il n'est pas logique, son père ayant reçu des présents du peuple à son retour d'exil, de lui faire injustement grief de cet exil à lui-même 2. Ce qui serait, au contraire, intolérable, me semble-t-il, c'est qu'après avoir compris votre erreur et repris vos présents, vous acquittiez cet homme, malgré ses fautes, sous prétexte que son père a rendu service à la cité. 32 Pour mille raisons, il convient de le condamner, et entre autres, parce que son indignité s'autorise de vos mérites. Alcibiade, a-t-il l'audace de dire, n'a rien fait de si grave en marchant contre sa patrie : 33 vous-mêmes, pendant votre exil, vous avez pris Phylè, coupé des arbres, monté à l'assaut des murs, et, loin de léguer par là de l'opprobre à vos enfants, vous y avez gagné la considération de tous les hommes ! Comme s'il n'y avait pas de différence à faire entre des bannis qui marchèrent contre leur pays avec l'étranger, et ceux qui rentraient dans leur ville occupée par les Lacédémoniens ! 34 Il est clair pour tout le monde, je pense, que les premiers cherchaient à rentrer dans Athènes pour livrer aux Spartiates l'empire de la mer et devenir vos maîtres, au lieu que le peuple, revenu d'exil, a chassé les ennemis et affranchi ceux-là mêmes des citoyens qui acceptaient l'esclavage ; les actes des deux partis, auxquels il fait allusion, ne sont donc pas comparables. [14,35] Et malgré toutes les fâcheuses disgrâces qu'elle lui vaut, il se fait un titre de gloire de la perversité de son père : il a été assez puissant, dit-il, pour causer tous les malheurs de la cité. Mais prenez l'homme le plus ignorant des choses de son pays, s'il veut trahir, ne saura-t-il pas signaler aux ennemis les places dont ils doivent s'emparer, leur faire connaître les citadelles mal gardées, leur montrer les points faibles dans les affaires de la cité, leur indiquer les alliés prêts à faire défection ? 36 Eh quoi ! pendant son exil, son pouvoir lui aurait permis de faire du mal à la cité, et lorsqu'il eut réussi, en vous trompant, à rentrer dans Athènes et qu'on l'eut mis à la tête d'une flotte nombreuse, il ne put ni chasser les ennemis de votre territoire, ni vous rendre l'amitié des habitants de Chios, qu'il avait détachés de vous, ni vous procurer le moindre avantage ! 37 Il n'est donc pas difficile de se rendre compte qu'en fait de capacités, Alcibiade n'en a pas eu plus que les autres, et que c'est seulement pour la scélératesse qu'il avait la première place dans sa patrie. Il dévoilait aux Lacédémoniens les points sur lesquels il savait que nos affaires allaient mal ; mais il était incapable de leur causer le moindre dommage, quand il s'agissait de conduire nos armées. Il s'était fait fort d'obtenir des subsides du Grand Roi, grâce à son crédit personnel, et il vola à la ville plus de deux cents talents. 38 Il se sentait si coupable envers vous que, malgré sa faconde, ses amis, ses richesses, il n'osa jamais venir vous rendre ses comptes : il se condamna lui-même à l'exil et préféra être citoyen de Thrace et de n'importe quelle ville, plutôt que de sa propre patrie. Enfin, juges, pour mettre un comble à sa scélératesse, il eut l'audace, avec Adimante, de livrer notre flotte à Lysandre. 39 Et si quelqu'un pleure les citoyens tombés dans le combat naval, rougit pour ceux qui furent esclaves de l'ennemi, s'indigne de la destruction de nos murs, éprouve de la haine contre les Lacédémoniens, de la colère contre les Trente, c'est le père de cet homme qu'il doit rendre responsable de tous vos malheurs. Songez encore qu'Alcibiade, son bisaïeul, et son grand-père maternel Mégaclès ont été par deux fois frappés d'ostracisme l'un et l'autre, et que les plus âgés d'entre vous ont condamné son père à mort. [14,40] 40 Aussi devez-vous le condamner aujourd'hui comme un ennemi héréditaire de la cité. Il n'est pas de pitié, pas d'indulgence, pas de faveur qui tiennent contre les lois existantes et les serments que vous avez prêtés. 41 Et pour quelles raisons, juges, je vous le demande, épargnerait-on de tels hommes ? Parce que, à part leurs ennuis avec la cité, ils ont eu une vie honnête et digne? N'a-t-on pas vu, au contraire, plusieurs d'entre eux se prostituer, d'antres s'unir à leurs soeurs, ceux-ci avoir des enfants de leurs filles, 42 ceux-là parodier les mystères, mutiler les Hermès, offenser tous les dieux, commettre des fautes envers la cité entière, se montrer injustes et violents dans leurs rapports avec leurs concitoyens aussi bien qu'entre eux, ne reculer devant aucune audace, tremper dans toutes les horreurs ? Oui ! ils ont subi toutes les hontes et les ont fait subir aux autres. Car ils sont ainsi faits qu'ils rougissent de la vertu et tirent vanité du vice. 43 Il vous est arrivé, juges, d'acquitter des gens que vous estimiez coupables, dans la pensée que, par la suite, ils se rendraient utiles à la cité. Mais quel bon office la cité peut-elle attendre d'un homme dont vous connaîtrez la nullité quand il présentera sa défense, et dont toute la conduite vous a appris la vilenie? 44 Après tout, s'il quittait Athènes, quel mal pourrait-il vous faire, lâche comme il est, pauvre, incapable de rien faire, brouillé avec sa famille, haï de tous ? Ainsi, même à ce point de vue, il n'y a pas lieu de le ménager. [14,45] Faites plutôt un exemple à l'adresse de ses amis, et, en général, de tous ceux qui ne veulent pas exécuter les ordres de la cité, qui se complaisent dans de pareilles pratiques, et qui, mauvais administrateurs de leurs propres affaires, se mêlent de diriger les vôtres. 46 Pour ma part, j'ai rempli de mon mieux mon rôle d'accusateur. Mes auditeurs, je le sais bien, se demandent avec étonnement comment j'ai pu découvrir avec tant d'exactitude les crimes de ces gens-là ; mais mon adversaire, lui, se moque de moi, en voyant que je n'ai pas dit la centième partie des crimes qu'ils ont à leur actif. 47 A vous de tenir compte, avec ce que j'ai dit, de ce que j'ai laissé de côté, et d'y voir une raison de plus de condamner cet homme, considérant qu'il tombe bien sous le coup de mon accusation, et que c'est un grand bonheur pour un État d'être débarrassé de pareils citoyens. Lis aux juges les lois, les serments, l'acte d'accusation. Ils s'en souviendront pour prononcer selon la justice. LOIS. SERMENTS. ACTE D'ACCUSATION.