parés du blé en suffisance, les bateaux nécessaires et tout ce qu'il nous faudra; puis, nous franchissons la mer Égée pour gagner 1'Ionie. Là, après avoir offert un sacrifice à Artémis, nous prenons sans difficulté les villes, qui sont sans murailles, nous y laissons des gouverneurs et nous marchons sur la Syrie, en traversant la Carie, puis la Lycie, la Pamphylie, la Pisidie et la Cilicie maritime et montagneuse, jusqu'à ce que nous arrivions à l'Eu- phrate. LYKINO S 33. Pour moi, roi, laisse-moi, je t'en prie, satrape de la Grèce. Je ne suis pas brave et je ne me résignerais pas volontiers à m'en aller si loin de mes foyers. Tu me parais en effet déterminé à pousser jusque chez les Armé- niens et les Parthes, peuples belliqueux et adroits à tirer de l'arc. Remets donc l'aile droite à un autre et laisse-moi en Grèce, comme un autre Antipater, de peur qu'à Suse ou à Bactres quelque ennemi ne perce au défaut de l'ar- mure le malheureux commandant de ta phalange. SAMIPPOS Tu cherches à échapper au service militaire, Lykinos : tu es un lâche. Or la loi condamne à perdre la tête tout soldat convaincu d'avoir abandonné son poste. Mais puisque nous sommes à présent sur l'Euphrate, que les deux rives sont jointes par un pont, que derrière nous tous les pays que nous avons traversés sont en sûreté et retenus dans l'obéissance par les gouverneurs que j'ai établis sur chaque peuple et qu'enfin une portion de mes troupes est partie pour nous conquérir entre temps la Phénicie, la Palestine, puis l'Égypte, toi, Lykinos, passe le fleuve le premier, à la tête de l'aile droite, je te suivrai, et Timolaos passera après moi. Toi, Adeimantos, amène la cavalerie à l'arrière-garde. 34. Nous avons traversé la Mésopotamie sans rencontrer aucun ennemi; les habi- tants nous ont livré volontairement leurs personnes et leurs citadelles, puis, arrivant à Babylone à l'improviste, nous sommes entrés dans ses murs et nous occupons la ville. Le roi qui séjournait à Ctèsiphon, ayant appris notre invasion, s'est rendu à Séleucie 242, où il se prépare à la lutte en appelant à lui le plus grand nombre possible de cavaliers, d'archers et de frondeurs. Nos espions nous rapportent qu'il a déjà rassemblé près d'un million de combattants, parmi lesquels on compte deux cent mille archers à cheval; et cependant les Arméniens ne sont pas encore arrivés, ni les peuples de la mer Caspienne, ni ceux de Bactres, et il n'a réuni encore que ceux du voisinage et des faubourgs de sa capitale, tant il a trouvé de facilité à lever tous ces milliers d'hommes. II est temps à présent de considérer le parti qu'il nous convient de prendre. ADEIMANTOS 35. Pour moi, je suis d'avis que vous, les gens de pied, vous marchiez sur Ctèsiphon, tandis que nous, les cavaliers, nous resterons ici pour garder Babylone. SAMIPPOS Toi aussi, Adeimantos, tu saignes du nez à l'approche du danger ! Mais toi, Timolaos, quel est ton sentiment? TIMOLAOS C'est de marcher à l'ennemi avec toutes nos troupes et de ne pas attendre qu'il soit mieux préparé et renforcé par les alliés venus de tous les points de l'empire. Atta- quons-le pendant qu'il est encore en chemin. SAMIPPOS C'est bien dit. Mais toi, Lykinos, que penses-tu? LIKYNO S Moi ! je vais te le dire. Comme nous sommes fatigués par une marche pénible, car nous sommes descendus ce matin au Pirée et nous venons de faire près de trente stades par un soleil ardent et en plein midi, je suis d'avis de nous reposer ici quelque part sous ces oliviers et de nous asseoir sur cette colonne renversée; après quoi, nous nous lèverons et nous achèverons le chemin qui nous reste jusqu'à la ville.