nouvel esclave d'Adeimantos ne trouve pas quelque dau- phin amoureux? ADEIMANTOS Toi aussi, Tilnolaos, tu suis l'exemple de Lykinos; tu enchéris sur ses railleries, alors que c'est toi qui as introduit ce sujet de conversation. TIMOLAOS 20. C'est que tu aurais mieux fait de former un sou- hait plus réalisable et de trouver un trésor sous ton lit. Tu n'aurais pas l'embarras de transporter ton or du vaisseau jusqu'à la ville. ADEIMANTOS C'est juste. Que je déterre donc un trésor sous l'Hermès de pierre qui est dans notre cour, et que ce soit mille médimnes 235 d'or monnayé. Commençons tout de suite, comme le veut Hésiode 236, par la maison : j'en veux une qui attire tous les yeux. J'ai déjà acheté tout le ter- ritoire qui entoure la ville, à l'exception de l'Isthme et de Pytho, à Éleusis tout le terrain qui borde la mer, à l'Isthme un petit espace en vue des jeux, si jamais je veux assister aux concours de l'Isthme, la plaine de Sicyone, et en général tous les endroits ombragés, bien arrosés, fertiles en fruits qui se trouvent dans la Grèce. Tout cela sera dans un moment la propriété d'Adeimantos. J'aurai aussi de la vaisselle d'or pour ma table, et mes coupes ne seront pas légères comme celles d'Ékhécratès, mais elles pèseront deux talents"' chacune. LYKINOS 21. Et comment l'échanson présentera-t-il une coupe si pesante, lorsqu'elle sera remplie? Et toi, comment recevras-tu de sa main, sans en être accablé, nôn pas une coupe, mais une masse aussi lourde que le rocher de Sisyphe? ADEIMANTOS Allons, l'ami, ne renverse pas mon souhait. Je me ferai faire des tables tout entières d'or; mes lits seront d'or, et, si tu ne te tais pas, mes esclaves aussi. LYKINOS Prends seulement garde, nouveau Midas, que ton pain et ta boisson ne se changent en or et que, riche misérable, tu ne périsses consumé par une faim somptueuse. ADEIMANTOS Tu régleras tes souhaits avec plus de vraisemblance, Lykinos, tout à l'heure, quand tu en formeras toi-même. 22. En outre, je m'habillerai de pourpre, je mènerai la vie la plus délicate, je prolongerai mon sommeil autant qu'il me plaira. Mes amis viendront me visiter et me demander des grâces. Dès le matin, les gens feront les cent pas à ma porte, et parmi eux Kléainétos et Dèmo- critos, ces grands personnages. Quand ils s'approcheront et demanderont à être introduits les premiers, sept portiers barbares, d'une taille gigantesque, debout sur le seuil, leur jetteront tout droit la porte au nez, comme ces riches le font eux-mêmes à présent. Et moi, lorsqu'il me plaira, j'avancerai la tête dehors comme le soleil levant, et certains de ces courtisans n'obtiendront même pas un regard de moi; mais, si j'aperçois un pauvre tel que j'étais moi-même avant la découverte de mon trésor, je l'accueil- lerai avec bonté et l'inviterai à venir après le bain, à l'heure du dîner, pour se mettre à table avec moi. Mais les autres, les riches seront suffoqués de dépit, en voyant mes voitures, mes chevaux, mes beaux esclaves, dont le nombre ne sera pas loin de deux mille, choisis, quel que soit leur âge, parmi les plus gracieux. 23. A ma table, on ne verra que de la vaisselle d'or, car l'argent est trop vil et n'est pas digne de moi. Le poisson salé me viendra d'Ibérie, le vin d'Italie, l'huile d'Ibérie aussi. Le miel sera de chez nous, mais recueilli sans feu 233. Tous les pays me fourniront des mets, des sangliers et des lièvres, et toutes sortes de volailles, oiseau du Phase, paon de l'Inde, coq de Numidie. Pour apprêter chaque espèce de mets, j'aurai d'habiles cuisiniers, qui veilleront à la composition des gâteaux et des sauces. Si je demande une coupe ou une tasse pour porter la santé de quelqu'un,