Référence(s) : Recherche effectuée le : 25/06/2002 7:54:13 -------------------------------------------------------------------------- Forme(s) Références comme [2] comme [15] Comme [26] comme [31] comme [32] comme [32] Comme [35] comme [38] Comme [42] comme [51] comme [53] comme [53] comme [53] comme [54] comme [57] comme [58] comme [61] comme [62] comme [66] comme [66] comme [67] comme [70] comme [71] comme [72] comme [76] comme [78] comme [79] comme [90] comme [94] comme [101] comme [113] comme [116] comme [122] comme [123] comme [129] comme [130] comme [130] comme [135] comme [140] comme [143] comme [143] comme [151] comme [157] comme [158] Comme [164] comme [165] Comme [170] comme [174] comme [177] comme [188] comme [189] comme [191] comme [193] comme [193] comme [196] Comme [199] comme [199] comme [199] comme [202] comme [212] comme [214] comme [215] comme [225] comme [235] comme [241] comme [244] comme [244] comme [255] comme [257] comme [258] comme [259] comme [260] comme [262] comme [290] Comme [291] comme [294] comme [303] comme [305] comme [308] comme [309] comme [326] comme [334] comme [339] comme [339] comme [339] comme [340] comme [344] comme [366] comme [371] comme [374] comme [380] comme [395] comme [397] Comme [399] comme [400] comme [403] comme [404] comme [406] comme [415] comme [424] comme [428] comme [453] -------------------------------------------------------------------------- [2] I TIBURCE était réellement un jeune homme fort singulier; sa bizarrerie avait surtout l'avantage de n'être pas affectée: il ne la quittait pas comme son chapeau et ses gants en rentrant chez lui; il était original entre quatre murs, sans spectateurs, pour lui tout seul. -------------------------------------------------------------------------- [15] Tiburce, comme presque tous les jeunes gens d'aujourd'hui, sans être précisément un poète ou un peintre, avait lu beaucoup de romans et vu beaucoup de tableaux; en sa qualité de paresseux, il préférait vivre sur la foi d'autrui; il aimait avec l'amour du poète; il regardait avec les yeux du peintre, et connaissait plus de portraits que de visages; la réalité lui répugnait, et, à force de vivre dans les livres et les peintures, il en était arrivé à ne plus trouver la nature vraie. -------------------------------------------------------------------------- [26] Comme la dissimulation du corps est bien plus difficile que celle de l'âme, il s'en tenait à la perfection matérielle; mais, hélas! un beau corps est aussi rare qu'une belle âme. -------------------------------------------------------------------------- [31] Il se fit habiller et se mit à courir les rues ; en marchant, il réfléchit qu'il avait le coeur vide et sentit le besoin de faire une passion, comme on dit en argot parisien. -------------------------------------------------------------------------- [32] Cette louable résolution prise, il se posa les questions suivantes: « Aimerai-je une Espagnole au teint d'ambre, aux sourcils violents, aux cheveux de jais ? une Italienne aux linéaments antiques, aux paupières orangées cernant un regard de flamme ? une Française fluette avec un nez à la Roxelane et un pied de poupée ? une juive rouge avec une peau bleu de ciel et des yeux verts ? une négresse noire comme la nuit et luisante comme un bronze neuf ? -------------------------------------------------------------------------- [32] Cette louable résolution prise, il se posa les questions suivantes: « Aimerai-je une Espagnole au teint d'ambre, aux sourcils violents, aux cheveux de jais ? une Italienne aux linéaments antiques, aux paupières orangées cernant un regard de flamme ? une Française fluette avec un nez à la Roxelane et un pied de poupée ? une juive rouge avec une peau bleu de ciel et des yeux verts ? une négresse noire comme la nuit et luisante comme un bronze neuf ? -------------------------------------------------------------------------- [35] Comme il allait tête baissée, songeant à tout cela, il se cogna contre quelque chose de dur qui fit un saut en arrière en proférant un horrible jurement. -------------------------------------------------------------------------- [38] Tiburce, rassasié de la ligne grecque, du contour romain, du ton fauve des maîtres d'Italie, prenait plaisir à ces formes rebondies, à ces chairs satinées, à ces carnations épanouies comme des bouquets de fleurs, à toute cette santé luxurieuse que le peintre d'Anvers fait circuler sous la peau de ses figures en réseaux d'azur et de vermillon. -------------------------------------------------------------------------- [42] Comme Tiburce était l'homme le plus logique du monde, il se posa ce raisonnement tout à fait victorieux, à savoir que les Flamandes devaient être beaucoup plus communes en Flandre qu'ailleurs, et qu'il était urgent pour lui d'aller en Belgique - "au pourchas du blond". -------------------------------------------------------------------------- [51] Tiburce s'assit dans sa stalle en compagnie de cinq Wallons immobiles à leurs places comme des chanoines au chapitre, et le convoi partit. -------------------------------------------------------------------------- [53] Les peupliers du chemin fuyaient à droite et à gauche comme une armée en déroute; le paysage devenait confus et s'estompait dans une grise vapeur; le colza et l'oeillette tigraient vaguement de leurs étoiles d'or et d'azur les bandes noires du terrain; de loin en loin, une grêle silhouette de clocher se montrait dans les roulis des nuages et disparaissait sur-le-champ comme un mât de vaisseau sur une mer agitée; de petits cabarets rose tendre et vert pomme s'ébauchaient rapidement au fond de leurs courtils sous leurs guirlandes de vigne vierge ou de houblon; çà et là, des flaques d'eau, encadrées de vase brune, papillotaient aux yeux comme les miroirs des pièges d'alouet- tes. -------------------------------------------------------------------------- [53] Les peupliers du chemin fuyaient à droite et à gauche comme une armée en déroute; le paysage devenait confus et s'estompait dans une grise vapeur; le colza et l'oeillette tigraient vaguement de leurs étoiles d'or et d'azur les bandes noires du terrain; de loin en loin, une grêle silhouette de clocher se montrait dans les roulis des nuages et disparaissait sur-le-champ comme un mât de vaisseau sur une mer agitée; de petits cabarets rose tendre et vert pomme s'ébauchaient rapidement au fond de leurs courtils sous leurs guirlandes de vigne vierge ou de houblon; çà et là, des flaques d'eau, encadrées de vase brune, papillotaient aux yeux comme les miroirs des pièges d'alouet- tes. -------------------------------------------------------------------------- [53] Les peupliers du chemin fuyaient à droite et à gauche comme une armée en déroute; le paysage devenait confus et s'estompait dans une grise vapeur; le colza et l'oeillette tigraient vaguement de leurs étoiles d'or et d'azur les bandes noires du terrain; de loin en loin, une grêle silhouette de clocher se montrait dans les roulis des nuages et disparaissait sur-le-champ comme un mât de vaisseau sur une mer agitée; de petits cabarets rose tendre et vert pomme s'ébauchaient rapidement au fond de leurs courtils sous leurs guirlandes de vigne vierge ou de houblon; çà et là, des flaques d'eau, encadrées de vase brune, papillotaient aux yeux comme les miroirs des pièges d'alouet- tes. -------------------------------------------------------------------------- [54] Cependant, le monstre de fonte éructait avec un bruit ton- jours croissant son haleine d'eau bouillante; il sifflait comme un cachalot asthmatique; une sueur ardente couvrait ses flancs de bronze. -------------------------------------------------------------------------- [57] Tiburce se mit à courir à droite et à gauche sans dessein arrêté, comme un lapin qu'on sortirait tout à coup de sa cage; il prit la première rue qui se présenta à lui, puis une seconde, puis une troisième, et s'enfonça bravement au coeur de la vieille ville, cherchant le blond avec une ardeur digne des anciens chevaliers d'aventures. -------------------------------------------------------------------------- [58] Il vit une grande quantité de maisons peintes en gris de souris, en jaune serin, en vert céladon, en lilas clair, avec des toits en escaliers, des pignons à volute, des portes à bossages vermiculés, à colonnes trapues, ornées de bracelets quadrangulaires comme celles du Luxembourg, des fenêtres Renaissance à mailles de plomb, des mascarons, des poutres sculptées, et mille curieux détails d'architecture qui l'auraient enchanté en toute autre occasion; il jetait à peine un regard distrait sur les madones enluminées, sur les christs qui portent des lanternes au coin des carrefours, les saints de bois ou de cire avec leurs dorloteries et leur clinquant, tous ces emblèmes catholiques si étranges pour un habitant de nos villes voltairiennes. -------------------------------------------------------------------------- [61] Les rues étaient désertes et plus silencieuses que celles de Venise; l'on n'entendait d'autre bruit que celui des heures sonnant aux carillons des diverses églises sur tous les tons possibles au moins pendant vingt minutes, les pavés, encadrés d'une frange d'herbe comme ceux des maisons abandonnées, montraient le peu de fréquence et le petit nombre de passants. -------------------------------------------------------------------------- [62] Rasant le sol comme les hirondelles furtives, quelques femmes, enveloppées discrètement dans les plis sombres de leur faille, filaient à petit bruit le long des maisons, suivies quelquefois d'un petit garçon portant leur chien. -------------------------------------------------------------------------- [66] Les guibres et les antennes s'appuyaient familièrement sur le parapet du quai comme des chevaux qui reposent leur tête sur le col de leur voisin d'attelage ; il y avait là des orques hollandaises à croupe rebondie avec leurs voiles rouges, des bricks américains effilés et noirs avec leurs cordages menus comme des fils de soie ; des koffs norvégiens couleur de saumon, exhalant un pénétrant amine de sapin raboté; des chalands, des chasse-marée, des sauniers bretons, des charbonniers anglais, des vaisseaux de toutes les parties du monde. -------------------------------------------------------------------------- [66] Les guibres et les antennes s'appuyaient familièrement sur le parapet du quai comme des chevaux qui reposent leur tête sur le col de leur voisin d'attelage ; il y avait là des orques hollandaises à croupe rebondie avec leurs voiles rouges, des bricks américains effilés et noirs avec leurs cordages menus comme des fils de soie ; des koffs norvégiens couleur de saumon, exhalant un pénétrant amine de sapin raboté; des chalands, des chasse-marée, des sauniers bretons, des charbonniers anglais, des vaisseaux de toutes les parties du monde. -------------------------------------------------------------------------- [67] Une odeur indéfinissable de hareng saur, de tabac, de suif rance, de goudron fondu, relevée par les âcres parfums des navires arrivant de Batavia, chargés de poivre, de cannelle, de gingembre, de cochenille, flottait dans l'air par épaisses bouffées comme la fumée d'une immense cassolette allumée en l'honneur du commerce. -------------------------------------------------------------------------- [70] Pendant qu'il dînait, des Allemandes à figures brusquées, basanées comme des Bohèmes, avec des jupons courts et des béguins d'Alsaciennes, vinrent piauler piteusement devant sa table un lieder lamentable en s'accompagnant du violon et autres instruments disgracieux. -------------------------------------------------------------------------- [71] La blonde Allemagne, comme pour narguer Tiburce, s'était barbouillée du hâle le plus foncé; il leur jeta tout en colère une poignée de cents qui lui valut un autre lieder de reconnaissance plus aigu et plus barbare que le premier. -------------------------------------------------------------------------- [72] Le soir, il alla voir dans les musicos les matelots danser avec leurs maîtresses; toutes avaient d'admirables cheveux noirs vernis et brillants comme l'aile du corbeau; une fort jolie créole vint même s'asseoir près de lui et trempa familièrement ses lèvres dans son verre, suivant la coutume du pays, et essaya de lier conversation avec lui en fort bon espagnol, car elle était de la Havane; elle avait des yeux d'un noir si velouté, un teint d'une pâleur si chaude et si colorée, un si petit pied, une taille si mince que Tiburce, exaspéré, l'envoya à tous les diables, ce qui surprit fort la pauvre créature, peu accoutumée à un pareil accueil. -------------------------------------------------------------------------- [76] Les nymphes et les figures allégoriques de la galerie de Médicis, dans le déshabillé le plus galant, vinrent lui faire une visite nocturne; elles le regardaient tendrement avec leurs larges prunelles azurées, et lui souriaient, de l'air le plus amical du monde, de leurs lèvres épanouies comme des fleurs rouges dans la blancheur de lait de leurs figures rondes et potelées. -------------------------------------------------------------------------- [78] Une draperie de brocart ramagé cachait fort adroitement la difformité de ses jambes squameuses terminées en queue fourchue; ses cheveux blonds étaient coiffés d'algues et de corail, comme il sied à une fille de la mer; elle était adorable ainsi. -------------------------------------------------------------------------- [79] Des groupes d'enfants joufflus et vermeils comme des roses nageaient dans une atmosphère lumineuse, soutenant des guirlandes de fleurs d'un éclat insoutenable, et faisaient descendre du ciel une pluie parfumée. -------------------------------------------------------------------------- [90] Les cascades de cheveux recommencèrent à ruisseler par petites ondes rousses avec un frissonnement d'or et de lumière; les épaules des allégories, ravivant leur blancheur argentée, étincelèrent plus vivement que jamais; l'azur des prunelles devint plus clair; les joues en fleur s'épanouirent comme des touffes d'oeillets;une vapeur rose réchauffa la pâleur bleuâtre des genoux, des coudes et des doigts de toutes ces blondes déesses; des luisants satinés, des moires de lumière, des reflets vermeils glissèrent en se jouant sur les chairs rondes et potelées; les draperies gorge-de-pigeon s'enflèrent sous l'haleine d'un vent invisible et se mirent à voltiger dans la vapeur azurée; la fraîche et grasse poésie néerlandaise se révéla tout entière à notre voyageur enthousiaste. -------------------------------------------------------------------------- [94] Sans doute, il eût été beaucoup plus simple de rester à Paris et de devenir amoureux d'une jolie femme, ou même d'une laide, comme tout le monde; mais Tiburce ne comprenait pas la nature, et ne pouvait la lire que dans les traductions. -------------------------------------------------------------------------- [101] Au moment où il prononçait intérieurement ce blasphème, un charmant regard bleu, enveloppé d'une mantille, scintilla devant lui et disparut comme un feu follet par l'angle de la place de Meïr. -------------------------------------------------------------------------- [113] Le dessin est âpre, sauvage, violent comme celui de l'école romaine; tous les muscles ressortent à la fois, tous les os et tous les cartilages apparaissent, des nerfs d'acier soulèvent des chairs de granit. -------------------------------------------------------------------------- [116] Lorsque les volets de "la Descente de croix" s'entr'ouvrirent, Tiburce éprouva un éblouissement vertigineux, comme s'il. -------------------------------------------------------------------------- [122] Il resta là, muet, absorbé, insensible, comme un homme tombé en catalepsie, sans remuer les paupières, et plongeant les yeux dans le regard infini de la grande repentante. -------------------------------------------------------------------------- [123] Un pied du Christ, blanc d'une blancheur exsangue, pur et mat comme une hostie, flottait, avec toute la mollesse inerte de la mort sur la blonde épaule de la sainte, escabeau d'ivoire placé là par le maître sublime pour descendre le divin cadavre de l'arbre de rédemption. -------------------------------------------------------------------------- [129] Pygmalion dut être étonné comme d'une chose surprenante que sa statue ne lui rendît pas caresse pour caresse; Tiburce ne fut pas moins atterré de la froideur de son amante peinte. -------------------------------------------------------------------------- [130] Agenouillée dans sa robe de satin vert aux plis amples et puissants, elle continuait à contempler le Christ avec une expression de volupté douloureuse comme une maîtresse qui veut se rassasier des traits d'un visage adoré qu'elle ne doit plus revoir; ses cheveux s'effilaient sur ses épaules en franges lumineuses; un rayon de soleil égaré par hasard rehaussait la chaude blancheur de son linge et de ses bras de marbre doré; sous la lueur vacillante, sa gorge semblait s'enfler et palpiter avec une apparence de vie, les larmes de ses yeux fondaient et ruisselaient comme des larmes humaines. -------------------------------------------------------------------------- [130] Agenouillée dans sa robe de satin vert aux plis amples et puissants, elle continuait à contempler le Christ avec une expression de volupté douloureuse comme une maîtresse qui veut se rassasier des traits d'un visage adoré qu'elle ne doit plus revoir; ses cheveux s'effilaient sur ses épaules en franges lumineuses; un rayon de soleil égaré par hasard rehaussait la chaude blancheur de son linge et de ses bras de marbre doré; sous la lueur vacillante, sa gorge semblait s'enfler et palpiter avec une apparence de vie, les larmes de ses yeux fondaient et ruisselaient comme des larmes humaines. -------------------------------------------------------------------------- [135] Le Saint Christophe colossal et l'Ermite portant une lanterne, peints sur l'extérieur des panneaux, morceaux cependant fort remarquables, furent loin de consoler Tiburce de la fermeture de cet éblouissant tabernacle, où le génie de Rubens étincelle comme un ostensoir chargé de pierreries. -------------------------------------------------------------------------- [140] Tiburce marchait d'un air mystérieux et fier comme un galant qui revient d'un premier rendez-vous. -------------------------------------------------------------------------- [143] Tiburce, comme nous l'avons dit, avait beaucoup lu, beaucoup vu, beaucoup pensé et peu senti; ses fantaisies étaient seulement des fantaisies de tête, la passion chez lui ne dépassait guère la cravate; cette fois, il était amoureux réellement, comme un écolier en rhétorique ; l'image éblouissante de la Madeleine voltigeait devant ses yeux, en taches lumineuses; le plus imperceptible détail se dessinait nettement dans sa mémoire; le tableau était toujours présent pour lui. -------------------------------------------------------------------------- [143] Tiburce, comme nous l'avons dit, avait beaucoup lu, beaucoup vu, beaucoup pensé et peu senti; ses fantaisies étaient seulement des fantaisies de tête, la passion chez lui ne dépassait guère la cravate; cette fois, il était amoureux réellement, comme un écolier en rhétorique ; l'image éblouissante de la Madeleine voltigeait devant ses yeux, en taches lumineuses; le plus imperceptible détail se dessinait nettement dans sa mémoire; le tableau était toujours présent pour lui. -------------------------------------------------------------------------- [151] Quel dommage, en effet, que les femmes de Raphaël, de Corrège et de Titien ne soient que des ombres impalpables! et pourquoi leurs modèles n'ont-ils pas reçu comme leurs peintures le privilège de l'immortalité ? -------------------------------------------------------------------------- [157] Il admirait la finesse du grain, la solidité et la souplesse de la pâte, l'énergie du pinceau, la vigueur du dessin, comme un autre admire le velouté de la peau, la blancheur et la belle coloration d'une maîtresse vivante: sous prétexte d'examiner le travail de plus près, il obtint une échelle de son ami le bedeau, et, tout frémissant d'amour, il osa porter une main téméraire sur l'épaule de la Madeleine. -------------------------------------------------------------------------- [158] Il fut très surpris, au lieu du moelleux satiné d'une épaule de femme, de ne trouver qu'une surface âpre et rude comme une lime, gàufrée et martelée en tous sens par l'impétuosité de brosse du fougueux peintre. -------------------------------------------------------------------------- [164] Comme on tardait un peu à lui ouvrir, elle se retourna un instant, sans doute par un vague instinct de coquetterie féminine, pour voir si l'inconnu ne s'était pas découragé du trajet assez long qu'elle lui avait fait parcourir. -------------------------------------------------------------------------- [165] Tiburce, comme illuminépar une lueur subite, s'aperçut qu'elle ressemblait d'une manière frappante à la Madeleine. -------------------------------------------------------------------------- [170] Comme il ne vit pas ressortir, au bout de deux heures d'attente, la belle Madeleine au regard bleu, il en conclut judicieusement qu'elle devait demeurer là; ce qui était vrai; il ne s'agissait plus que de savoir son nom, sa position dans le monde, de lier connaissance avec elle et de s'en faire aimer : peu de chose en vérité. -------------------------------------------------------------------------- [174] Ne trouvant rien de présentable, comme don Cléofas du Diable boiteux, il eut l'idée de mettre le feu à la maison, afin d'avoir l'occasion d'arracher son infante du sein des flammes et lui prouver ainsi son courage et son dévouement, mais il réfléchit qu'un pompier, plus accoutumé que lui à courir sur les poutres embrasées, pourrait le supplanter, et que d'ailleurs cette manière de faire connaissance avec une jolie femme était prévue par le Code. -------------------------------------------------------------------------- [177] Toujours est-il qu'il s'en alla fort joyeux, et se regardant lui-même comme un des séducteurs les plus triomphants. -------------------------------------------------------------------------- [188] Le parquet du couloir, comme celui du reste de la maison, est fait de planches de sapin dont on conserve le ton naturel, et dont aucun enduit n'empêche de voir les longues veines pâles et les noeuds étoilés; il est saupoudré d'une légère couche de sable de mer soigneusement tamisé, dont le grain retient le pied et empêche les glissades si fréquentes dans nos salons où l'on patine plutôt que l'on ne marche. -------------------------------------------------------------------------- [189] La chambre de Gretchen est à droite; c'est cette porte d'un gris modeste dont le bouton de cuivre écuré au tripoli reluit comme s'il était d'or; frottez encore une fois vos semelles sur ce paillasson de roseaux; l'empereur lui-même n'entrerait pas avec des bottes crottées. -------------------------------------------------------------------------- [191] Les murailles, brunes de ton et revêtues à hauteur d'appui d'un lambris de chêne, n'ont d'autre ornement qu'une madone de plâtre colorié, habillée d'étoffes comme une poupée, avec des souliers de satin, une couronne de moelle de roseau, un collier de verroterie et deux petits vases de fleurs artificielles placés devant elle. -------------------------------------------------------------------------- [193] Un bahut qui miroite comme une glace à contre-jour, tant il est bien frotté ; une table à pieds tors posée auprès de la fenêtre et chargée de pelotes, d'écheveaux de fil et de tout l'attirail de l'ouvrière en dentelle; un grand fauteuil en tapisserie, quelques chaises à dossier de forme Louis XIII, comme on en voit dans les vieilles gravures d'Abraham Bosse, composent cet ameublement d'une simplicité presque puritaine. -------------------------------------------------------------------------- [193] Un bahut qui miroite comme une glace à contre-jour, tant il est bien frotté ; une table à pieds tors posée auprès de la fenêtre et chargée de pelotes, d'écheveaux de fil et de tout l'attirail de l'ouvrière en dentelle; un grand fauteuil en tapisserie, quelques chaises à dossier de forme Louis XIII, comme on en voit dans les vieilles gravures d'Abraham Bosse, composent cet ameublement d'une simplicité presque puritaine. -------------------------------------------------------------------------- [196] Figurez-vous Gretchen assise dans le grand fauteuil de tapisserie, les pieds sur un tabouret brodé par elle-même, brouillant et débrouillant avec ses doigts de fée les imperceptibles réseaux d'une dentelle commencée; sa jolie tête penchée vers son ouvrage est égayée, en dessous, par mille reflets folâtres qui argentent de teintes fraîches et vaporeuses l'ombre transparente qui la baigne; une délicate fleur de jeunesse veloute la santé un peu hollandaise de ses joues dont le clair-obscur ne peut atténuer la fraîcheur; la lumière, filtrée avec ménagement par les carreaux supérieurs, satine seulement le haut de son front et fait briller comme des vrilles d'or les petits cheveux follets en rébellion contre la morsure du peigne. -------------------------------------------------------------------------- [199] Comme l'eau où trempe cette rose à moitié effeuillée est limpide et cristalline! comme ce linge est blanc, comme ces verreries sont claires! -------------------------------------------------------------------------- [199] Comme l'eau où trempe cette rose à moitié effeuillée est limpide et cristalline! comme ce linge est blanc, comme ces verreries sont claires! -------------------------------------------------------------------------- [199] Comme l'eau où trempe cette rose à moitié effeuillée est limpide et cristalline! comme ce linge est blanc, comme ces verreries sont claires! -------------------------------------------------------------------------- [202] La plaque de fonte du fond de la cheminée y reluit comme un bas-relief d'argent. -------------------------------------------------------------------------- [212] Son histoire est la plus simple du monde: Gretchen, fille de petits marchands qui ont éprouvé des malheurs, est orpheline depuis quelques années; elle vit avec Barbara, vieille servante dévouée, d'une petite rente, débris de l'héritage paternel, et du produit de son travail; comme Gretchen fait ses robes et ses dentelles, qu'elle passe même chez les Flamands pour un prodige de soin et de propreté, elle peut, quoique simple ouvrière, être mise avec une certaine élégance et ne guère différer des filles de bourgeois; son linge est fin; ses coiffes se font toujours remarquer par leur blancheur; ses brodequins sont les mieux faits de la ville; car, dût ce détail déplaire à Tiburce, nous devons avouer que Gretchen a un pied de comtesse andalouse, et se chausse en conséquence. -------------------------------------------------------------------------- [214] Ajoutons qu'elle a en revanche un talent admirable pour les tartes de poires, les carpes au bleu et les gâteaux de pâte ferme, car elle se pique de cuisine comme toutes les bonnes ménagères, et sait préparer, d'après les recettes particulières, mille petites friandises fort recherchées. -------------------------------------------------------------------------- [215] Ces détails paraîtront sans doute d'une aristocratie médiocre, mais notre héroïne n'est ni une princesse diplomatique, ni une délicieuse femme de trente ans, ni une cantatrice à la mode; c'est tout uniment une simple ouvrière de la rue Kipdorp, près du rempart, à Anvers; mais, comme à nos yeux les femmes n'ont de distinction réelle que leur beauté, Gretchen équivaut à une duchesse à tabouret, et nous lui comptons ses seize ans pour seize quartiers de noblesse. -------------------------------------------------------------------------- [225] Avouons cependant que, malgré sa virginale ignorance, l'ouvrière en dentelle avait distingué Tiburce comme un cavalier bien tourné et de figure régulière; elle l'avait vu plusieurs fois à la cathédrale en contemplation devant la "Descente de croix" et attribuait son attitude extatique à un excès de dévotion bien édifiant dans un jeune homme. -------------------------------------------------------------------------- [235] IV La lueur bleue et fraîche du matin faisait pâlir le jaune maladif des lanternes tirant à leur fin; l'Escaut fumait comme un cheval en sueur, et le jour commençait à filtrer par les déchirures du brouillard, lorsque la fenêtre de Gretchen s'entr'ouvrit. -------------------------------------------------------------------------- [241] Tiburce avait pensé au cas où Gretchen n'entendrait que sa langue maternelle; c'était, comme vous voyez, un homme d'une prudence parfaite. -------------------------------------------------------------------------- [244] Cependant, n'était-ce pas un coup de maître que de laisser tomber ainsi, comme une goutte de plomb brûlant, au milieu de cette tranquillité d'âme, ce seul mot: « je t'aime», et sa chute ne devait-elle pas produire, comme à la surface d'un lac, une infinité d'irradiations et de cercles concentriques ? -------------------------------------------------------------------------- [244] Cependant, n'était-ce pas un coup de maître que de laisser tomber ainsi, comme une goutte de plomb brûlant, au milieu de cette tranquillité d'âme, ce seul mot: « je t'aime», et sa chute ne devait-elle pas produire, comme à la surface d'un lac, une infinité d'irradiations et de cercles concentriques ? -------------------------------------------------------------------------- [255] Nous avons peint notre héroïne comme une jeune fille très naïve, très ignorante et très honnête; nous devons pourtant avouer qu'elle ne ressentit point l'indignation vertueuse que doit éprouver une femme qui reçoit un billet écrit en deux langues, et contenant une aussi formelle incongruité. -------------------------------------------------------------------------- [257] Cette lettre était pour elle comme un certificat de beauté; elle la rassurait sur elle-même et lui donnait un rang; c'était le premier regard qui eût plongé dans sa modeste obscurité; la modicité de sa fortune empêchait qu'on ne la recherchât. -------------------------------------------------------------------------- [258] jusque-là, on ne l'avait considérée que comme une enfant; Tiburce la sacrait jeune fille; elle eut pour lui cette reconnaissance que la perle doit avoir pour le plongeur qui l'a découverte dans son écaille grossière sous le ténébreux manteau de l'Océan. -------------------------------------------------------------------------- [259] Ce premier effet passé, Gretchen éprouva une sensation bien connue de tous ceux dont l'enfance a été maintenue sévèrement et qui n'ont jamais eu de secret ; la lettre la gênait comme un bloc de marbre, elle ne savait qu'en faire. -------------------------------------------------------------------------- [260] Sa chambre ne lui paraissait pas avoir d'assez obscurs recoins, d'assez impénétrables cachettes pour la dérober aux yeux; elle la mit dans le bahut derrière une pile de linge, mais au bout de quelques instants elle la retira; la lettre flamboyait à travers les planches de l'armoire comme le microcosme du docteur Faust dans l'eau-forte de Rembrandt. -------------------------------------------------------------------------- [262] Elle prit une chaise, monta dessus, et posa la lettre sur la corniche de son lit; le papier lui brûlait les mains comme une plaque de fer rouge. -------------------------------------------------------------------------- [290] La petite ouvrière de la rue Kipdorp est vraiment une charmante créature; mais comme ses bras sont loin d'avoir ce contour onduleux et souple, cette puissante énergie enveloppée de grâce! -------------------------------------------------------------------------- [291] Comme ses épaules ont encore la gracilité juvénile, et que le blond de ses cheveux est pâle auprès des tons étranges et riches dont Rubens a réchauffé la ruisselante chevelure de la sainte pécheresse! -------------------------------------------------------------------------- [294] Il revint à Gretchen, non sans pousser un long soupir de regret; il ne l'aimait pas, mais, du moins, elle lui rappelait son rêve comme une fille rappelle une mère adorée qui est morte. -------------------------------------------------------------------------- [303] Elle était si pure qu'elle ne se défendit pas, faute de savoir qu'on l'attaquaitl et d'ailleurs elle aimait Tiburce; car, bien qu'il parlât fort gaiement et qu'il s'exprimât sur toutes choses avec une légèreté ironique, elle le devinait malheureux, et l'instinct de la femme c'est d'être consolatrice : la douleur les attire comme le miroir les alouettes. -------------------------------------------------------------------------- [305] Quelque pensée supérieure et cachée paraissait l'occuper, et il était évident qu'il faisait des voyages fréquents dans un monde inconnu; sa fantaisie enlevée par des battements d'ailes involontaires perdait pied à chaque instant et battait le plafond, cherchant, comme un oiseau captif, une issue pour se lancer dans le bleu du ciel. -------------------------------------------------------------------------- [308] Gretchen ne s'expliquait pas ces façons d'agir, mais, comme elle était sûre de la loyauté de Tiburce, elle ne s'en alarmait pas autrement. -------------------------------------------------------------------------- [309] Tiburce, prétendant que le nom de Gretchen était difficile à prononcer, l'avait baptisée Madeleine, substitution qu'elle avait acceptée avec plaisir, sentant une secrète douceur à être appelée par son amant d'un nom mystérieux et différent, comme si elle était pour lui une autre femme. -------------------------------------------------------------------------- [326] Ingres et Delacroix; vous avez étudié la beauté aux sources les plus pures: les bas-reliefs d'Égine, les frises de Parthénon, les vases étrusques, les sculptures hiératiques de l'Égypte, l'art grec et l'art romain, le gothique et la renaissance; vous avez tout analysé, tout fouillé; vous êtes devenu une espèce de maquignon de beauté dont les peintres prennent conseil lorsqu'ils veulent faire choix d'un modèle, comme l'on consulte un écuyer pour l'achat d'un cheval. -------------------------------------------------------------------------- [334] Mais vous n'êtes pas un grand génie; soyez simple de coeur, aimez qui vous aime, et, comme dit Jean-Paul, ne demandez ni clair de lune, ni gondole sur le lac Majeur, ni rendez-vous à l'Isola-Bella. -------------------------------------------------------------------------- [339] Voyez Gretchen qui n'a fait toute sa vie qu'arroser des oeillets et croiser des fils; elle est mille fois plus poétique que vous, monsieur l'artiste, comme on dit maintenant; elle croit, elle espère, elle a le sourire et les larmes; un mot de vous fait le soleil et la pluie sur son charmant visage; elle est là dans son grand fauteuil de tapisserie, à côté de sa fenêtre, sous un jour mélancolique, accomplissant sa tâche habituelle; mais comme sa jeune tête travaille, comme son imagination marche, que de châteaux en Espagne elle élève et renverse! -------------------------------------------------------------------------- [339] Voyez Gretchen qui n'a fait toute sa vie qu'arroser des oeillets et croiser des fils; elle est mille fois plus poétique que vous, monsieur l'artiste, comme on dit maintenant; elle croit, elle espère, elle a le sourire et les larmes; un mot de vous fait le soleil et la pluie sur son charmant visage; elle est là dans son grand fauteuil de tapisserie, à côté de sa fenêtre, sous un jour mélancolique, accomplissant sa tâche habituelle; mais comme sa jeune tête travaille, comme son imagination marche, que de châteaux en Espagne elle élève et renverse! -------------------------------------------------------------------------- [339] Voyez Gretchen qui n'a fait toute sa vie qu'arroser des oeillets et croiser des fils; elle est mille fois plus poétique que vous, monsieur l'artiste, comme on dit maintenant; elle croit, elle espère, elle a le sourire et les larmes; un mot de vous fait le soleil et la pluie sur son charmant visage; elle est là dans son grand fauteuil de tapisserie, à côté de sa fenêtre, sous un jour mélancolique, accomplissant sa tâche habituelle; mais comme sa jeune tête travaille, comme son imagination marche, que de châteaux en Espagne elle élève et renverse! -------------------------------------------------------------------------- [340] La voici qui rougit et qui pâlit, qui a chaud et qui a froid comme l'amoureuse de l'ode antique; sa dentelle lui échappe des mains; elle a entendu sur la brique du trottoir un pas qu'elle distingue entre mille, avec toute l'acutesse de perception que la passion donne aux sens; quoique vous arriviez à l'heure dite, il y a longtemps que vous êtes attendu. -------------------------------------------------------------------------- [344] En vertu du magnifique mystère de l'incarnation d'amour, son âme habite votre corps, son esprit descend sur vous et vous visite; elle se jetterait au-devant de l'épée qui menacerait votre poitrine; le coup qui vous atteindrait la ferait mourir, et cependant vous ne l'avez prise que comme un jouet, pour la faire servir de mannequin à votre fantaisie. -------------------------------------------------------------------------- [366] Ah ! se dit-il à voix basse, - en se servant du vers d'un de nos jeunes poètes, - "comme je t'aimerais demain si tu vivais"! -------------------------------------------------------------------------- [371] Tu auras comme autrefois des unions de perles, des pages nègres et des couvertures de pourpre de Sidon. -------------------------------------------------------------------------- [374] Un soupir étouffé, faible et doux comme le gémissement d'une colombe blessée à mort, résonna tristement dans l'air. -------------------------------------------------------------------------- [380] L'émotion du matin avait fait tomber les couleurs de ses joues, comme la poudre des ailes d'un papillon. -------------------------------------------------------------------------- [395] La soigneuse Gretchen n'eut pas de repos que tout cela ne fût nettoyé, accroché, étiqueté; comme Dieu, qui tira le monde du chaos, elle tira de ce fouillis un délicieux apparternent. -------------------------------------------------------------------------- [397] Les objets qu'il dérangeait retournaient à leur place comme par enchantement. -------------------------------------------------------------------------- [399] Comme tous les gens d'imagination, il négligeait les détails. -------------------------------------------------------------------------- [400] La porte de sa chambre était dorée et couverte d'arabesques, mais elle n'avait pas de bourrelet; en vrai sauvage qu'il était, il aimait le luxe et non le bien-être; il eût porté, comme les Orientaux, des vestes de brocart d'or doublées de toile à torchon. -------------------------------------------------------------------------- [403] Il pensait toujours à la Madeleine d'Anvers; l'absence la lui faisait plus belle; il la voyait devant lui comme une lumineuse apparition. -------------------------------------------------------------------------- [404] Un soleil idéal criblait ses cheveux de rayons d'or, sa robe avait des transparences d'émeraude, ses épaules scintillaient comme du marbre de Paros. -------------------------------------------------------------------------- [406] Les contours sévères de la sainteté s'amollissaient en lignes ondoyantes et souples; la pécheresse reparaissait à travers la repentie ; sa gorgerette flottait plus librement, sa jupe bouffait à plis provocants et mondains, ses bras se déployaient amoureusement et comme prêts à saisir une proie voluptueuse. -------------------------------------------------------------------------- [415] Seulement, il trouva quelque chose à redire à la coiffure, et, délivrant les cheveux pris dans les dents du peigne, il les étala par larges boucles sur les épaules de Gretchen comme ceux de la Madeleine de "la Descente de croix". -------------------------------------------------------------------------- [424] Les larmes de Gretchen coulaient silencieusement le long de ses joues, sans contraction, sans efforts, comme des perles qui débordaient du calice trop plein de ses yeux, délicieuses fleurs d'azur d'une limpidité céleste; la douleur ne pouvait troubler l'harmonie de son visage et ses larmes étaient plus gracieuses que le sourire des autres. -------------------------------------------------------------------------- [428] Moi qui avais cru un instant être aimée de vous, tandis que je n'étais qu'une doublure, une contre-épreuve de votre passion ! je sais bien qu'à vos yeux, je ne suis qu'une petite fille ignorante, qui parle français avec un accent allemand qui vous fait rire; ma figure vous plaît comme souvenir de votre maîtresse idéale; vous voyez en moi. -------------------------------------------------------------------------- [453] Quand le domestique eut tout préparé, la chaste fille fit tomber ses vêtements avec une impudeur sublime, et, relevant ses cheveux comme Aphrodite sortant de la mer, elle se tint debout sous le rayon lumineux.