[4,0] LIVRE QUATRE. [4,1] LETTRE I. LE ROI THEODRIC A HERMINAFRED ROI DES THURINGIENS Traduction partielle : A. F. L. S. de Grimoard-Beauvoir Du Roure, t. I, Hist. de Théodoric le Grand, roi d’Italie, 1846. Désirant unir notre sang au vôtre nous vous donnons, Dieu aidant, notre chère nièce en mariage. Par là sera rehaussée de l’éclat impérial la race royale dont vous descendez. La princesse que nous vous confions deviendra l’ornement de votre cour, la source de votre postérité, le doux appui de vos desseins, la garantie de votre pouvoir et l’exemple de vos peuples. Celle que l’Italie a nourrie fera fructifier la Thuringe par ses mœurs, par sa science autant que par ses charmes et sa dignité. Bientôt le lustre des mœurs s’ajoutera chez vous à celui des victoires. Nous vous rendons grâce des beaux chevaux que vos ambassadeurs nous ont offerts en votre nom comme présent de noces suivant la coutume des nations. Leur robe argentée et vraiment nuptiale leurs larges flancs leurs têtes de cerf, l’agilité de leurs mouvements dans l’embonpoint de leur corps les rendent aussi agréables à voir qu’à monter. A peine croit-on se mouvoir quand ils vous portent et l’on sent qu’étant ménagés ils dureront longtemps. Soyez conscient que cette horde, malgré sa noblesse, est surpassée, tout comme les animaux sauvages apprivoisés et les autres présents remarquables que vous m’avez envoyé, parce que celle qui ornera la gloire du pouvoir royal est bien au-dessus de tout cela. Nous avons pu nous aussi vous faire parvenir des présents d’usage pour un roi mais ce que nous pouvons vous donner de mieux c’est votre fiancée. Que la grâce divine assiste votre mariage, et que, puisque l’amitié nous a réunis, l’amour familial relie notre postérité. [4,2] LETTRE II. AU ROI DES HERULES, LE ROI THEODORIC. Traduction : Comte Potocki, Fragments historiques sur la Scythie…, 1796. Les Nations regardent comme un grand honneur d'être adopté pour fils dans les armes, car celui-là seul est digne d'être adopté qui est reconnu pour le plus brave. Ceux que la loi à engendrés, ne sont point enfants par la nature, mais par leur vertu et leur mérite. Cependant ces liens sont si fort, que l'on voit souvent un fils adoptif, vouloir mourir plutôt que de causer le moindre chagrin à son père. C'est pourquoi, suivant les mœurs des nations et à la condition virile, nous te procréons notre fils, afin que tu renaisses par les armes que tu es si digne de porter. Nous t'envoyons des chevaux, des épées, des boucliers, et d'autres instruments guerriers. Enfin nous te faisons part de nos jugements, qui sont de toute manière les plus forts. Car tu seras regardé par les nations comme le plus brave, puisque tu as mérité l'approbation de Théodoric; prends donc ces armes qui doivent dans tes mains être utiles à nous deux. Celui, qui veut te défendre et te protéger, demande ton dévouement et dieu soit loué les Hérules doivent savoir quels secours ils peuvent tirer des Goths. Nous t'envoyons cette lettre et te faisons saluer par nos ambassadeurs, ils t'expliqueront le contenu de cette lettre et y ajouteront encore plusieurs choses dans notre langue maternelle, le tout pour la confirmation de notre grâce. [4,3] LETTRE III. A L’ILLUSTRE SENARIUS, LE ROI THEODORIC. Nomination de Sénarius à la dignité de comte du patrimoine. 1. Nous pensons qu'une partie de l’ornement d’un palais résulte du choix des personnes aptes à assumer des dignités officielles, car la renommée des dirigeants croît avec celle de leurs serviteurs. Un prince, en effet, doit faire progresser ces hommes qui, chaque fois qu'il daigne regarder l’un de ses principaux officiers, sont connus de lui par leur jugement sûr. Celui à qui l’on accorde la possibilité de gravir des échelons doit avoir un tempérament exceptionnel. Un tel homme peut aisément vivre par soi-même, mais, une fois nommé à un poste, il doit aussi vivre pour le plus grand nombre. 2. Tu prendras, par conséquent, pour la quatrième indiction, la fonction de l’illustre comte de notre patrimoine, que te confère l'autorité royale, non sans raison. Car, après avoir longtemps rempli une double fonction depuis nos instructions, tu as à la fois participé à notre conseil et rempli les tâches qui t’étaient assignées avec une diligence digne d'éloges. Tu as souvent eu à soutenir une ambassade difficile: tu as tenu tête à des rois, défenseur d’une tâche non inférieure, tu as su imposer notre justice, même à ceux qui, obstinés à la base, étaient à peine capables d’en comprendre la raison. La furieuse autorité des rois ne t’effraie pas par ses prétentions ; mais tu soumets plutôt l'insolence à la vérité et, selon nos instructions, tu as poussé les barbares à faire preuve de bon sens. 3. Pourquoi devrions-nous répéter tes efforts, portés par de longues nuits d’efforts, et le service irréprochable de ton labeur sans faille? Au bureau de l'exceptio, tu as utilisé ton talent d’orateur ; et même un auditeur heureux de son propre discours a favorisé le tien, car, quand tu commences à parler, tu donnes le meilleur. Ton discours a enchanté nos tribunaux, puisqu’il a rénové l’esprit de ceux qui s’emploient à composer aussi rapidement que penser les épuise. Pourtant, une autre partie de ta vie était louable: tu as su garder nos secrets cachés par la probité de ton caractère, conscient de nombre de choses, et malgré tout, le sachant, peu fier de l'être. Tu as rendu tes collègues heureux par ton élégance, et tes supérieurs par ta modestie. 4. Aussi, partageons-nous tous la même opinion sur toi, unis en cela malgré une grande diversité. Tu as sûrement cueilli le fruit le plus avantageux des principes éprouvés puisque ta promotion va réjouir tout le monde, et que tous estimeront que leurs propres désirs sont exaucés grâce à toi. C’est pourquoi, protège cette aimable et splendide constance de vertu et, soutenu par l'autorité de notre domaine, cherche grâce auprès de nous avec d'autant plus de zèle que tu penseras avoir trouvé une occasion de profit. Dirige l'heureuse issue de tes bonnes actions d’aujourd’hui vers de meilleures encore, sachant que notre faveur se développe toujours plus envers celui qui veut se montrer digne de l'éminence qu'il a atteint. [4,4] LETTRE IV. AU SENAT DE LA VILLE DE ROME, LE ROI THEODORIC. Introduction de Sénarius au sénat. 1. C’est un réel plaisir pour nous, Pères conscrits, de distribuer les honneurs à tout va, mais il est plus louable de fournir une récompense appropriée à ceux qui les méritent. Car quoi que nous puissions donner à ces hommes, nous agissons alors dans l'intérêt général. Un homme tenace sur la vérité, qui avance droit sans laisser place à la blessure car une règle de discipline conduit les hommes bons. 2. Et donc, de ce désir splendide, nous avons nommé l’illustre Sénarius comte du patrimoine. Puisse-t-il faire fuir les ténèbres de la corruption par la lumière de son esprit, lui qui ne se réjouit pas de l'injustice, prendre en charge l'autorité du patrimoine, faisant sienne notre crainte; mais qu’il puisse se prévaloir de tenir une justice équitable pour les autres, reflétant ce que nous voulons pour nos serviteurs. Son service fidèle des années passées lui promet cet avenir. 3. Dans la fleur de sa jeunesse, il entra à notre palais, déjà mature par ses mérites, et réussit ce qui épuise même d’autres jeunes: nullement déconcerté par la méconnaissance employée dans le jugement de son souverain, il sut mettre en vigueur les bons ordres, tantôt dignes de discours, tantôt bien adapté aux exceptiones, souvent désigné aussi pour l'honneur d'une ambassade. Ses mérites à facettes ne remplirent aucune fonction fixe pour nous, car celui qui accomplit de nombreuses tâches n’a pas à porter un titre unique. 4. Mais sa modestie, si renommée car elle est rare, recommande encore plus avantageusement ses qualités. C’est, en effet, une nouveauté que de conserver une allure modeste dans l'amour de son prince, car la satisfaction bouleverse toujours les esprits ; le tact, qu'on trouve généralement dans les affaires tristes, est rarement employé dans les plus heureuses. 5. En outre, parmi toutes ces qualités admirables, il brille aussi bien par la splendeur de ses ancêtres, de sorte que vous hésitez à savoir pour laquelle des qualités il est le plus riche, quand il a les deux avec tant de prodigalité. Ses vertus énumérées une à une forcent l’éloge, mais réunies ensemble, elles font des merveille. Par conséquent, Pères conscrits, régénérez la Liberté pleine de cendres grâce aux jeunes arrivants. Votre génie n’est en rien diminué quand le regain des nouveaux est honorablement introduit. Votre nom de « Pères du peuple », issu de votre clémence, est une raison à deux volets qui vous incite à la bienveillance: en prenant sa place au Sénat, il mérite votre grâce; et en prenant sa fonction, votre faveur. [4,5] LETTRE V. LE ROI THEODORIC A AMABLE, SON COLLABORATEUR FIDELE. Traduction partielle : Charles Coquelin, Guillaumin (Gilbert-Urbain, M.), Dictionnaire de l'économie politique, 1854. Personne ne doit recevoir à regret nos ordres, quand on sait qu’ils avantagent plutôt nos dévoués sujets. En région Gallicane donc, nous avons eu connaissance d’une pénurie de vivres ; ce vers quoi le négoce toujours prompt s’empresse afin de vendre plus au détail ce qu’ils ont acquis à très bas prix. Ainsi ils y trouveront leur compte et nos provisions les y aideront. Et voilà pourquoi, Ta Dévotion doit savoir, par le présent commandement, que tous les armateurs de Campanie, Lucanie et Etrurie doivent s’associer à des garants idoines pour aller vers les Gaules uniquement avec des marchandises de nourriture, ayant toute liberté de disposer de leurs cargaisons comme il l’a été agréé entre acheteur et vendeur. Vous en avez au delà de ce qui vous est nécessaire, et en les menant à des gens qui sont dans la disette, vous leur vendrez au prix que vous voudrez. Quand on négocie avec ceux qui sont rassasiés, c'est un combat perpétuel : ils veulent tout avoir à leur mot ; mais menez des vivres à ceux qui ont faim, ils les achètent sans marchander. [4,6] LETTRE VI. A L’ILLUSTRE PATRICE SYMMAQUE, LE ROI THEODORIC. Traduction partielle : Du Roure, Hist. De Théodoric le Grand, roi d’Italie, 1846. Nous accueillons volontiers les suppliques raisonnables puisque nous pensons à la justice même sans être sollicité. Car que peut-on voir de plus digne que de réfléchir nuit et jour soigneusement, de maintenir une égalité inviolable afin de préserver notre Etat, même protégé par les armes? Le très honorable Valerianus a conduit de Syracuse à Rome ses jeunes fils pour qu'ils y fissent leurs études, et, forcé aujourd'hui de retourner en Sicile pour ses affaires, il désire que ses enfants soient retenus à Rome. De par mon ordre, Ton illustre Magnificence devra donc veiller à ce qu'ils n'en sortent pas sans ma permission. Car ainsi, Rome sera utile à leur éducation, tant que mon ordre sera respecté. Un homme ne doit pas ressentir comme un fardeau ce qu’il devrait souhaiter. Tout le monde est heureux d’être à Rome, cette mère fertile de l’éloquence, ce vaste temple des vertus, cette cité qu’on ne peut appeler étrangère. Tout cela doit être pleinement apprécié : c’est en fait une faveur que d’être assigné à une telle résidence. [4,7] {sans correspondance} [4,8] LETTRE VIII. AUX HONORABLES POSSESSEURS ET CURIALES DE FORLI, LE ROI THEODORIC. Convoyage de poutres. Il ne faut pas considérer nos ordres comme durs; parce que nous savons évaluer ce qu’il convient que vous exécutiez. De fait, vous pouvez raisonnablement conserver de nous, ceux qui ne se révèlent pas trop pénibles. C’est pourquoi nous décidons par le présent commandement que votre dévouement, moyennant un prix agréé, fera charrier des poutres depuis votre endroit vers Alsuanum sans aucun retard, afin que notre ordre puisse être accompli, et que vous y perceviez le prix convenu pour le convoyage de manière qu'il ne vous soit point à charge. [4,9] LETTRE IX. A L’ILLUSTRE COMTE OSUIN, LE ROI THEODORIC. Défense de deux orphelins. La manifestation de l’innocence requiert Notre Présence afin de ne fournir aucun prétexte à la violence ni craindre les irrégularités de la cupidité. Maurentius et Paula, qui se retrouvent orphelins, nous informent de leur adolescence et de leur malheur qui les exposent aux attaques d'un grand nombre des personnes sans scrupules pouvant facilement les dépouiller. Que Votre Sublimité, prenant connaissance de cette disposition, signifie, par le présent commandement, que toutes les poursuites intentées à l’encontre des jeunes gens susnommés, devront être portées à notre Comitat royal, où se situe le refuge de la détresse et où les chicaneurs peuvent trouver le droit menaçant. [4,10] LETTRE X. AU SENATEUR JEAN, CONSULAIRE DE CAMPANIE, LE ROI THEODORIC. Traduction partielle : Paul Deltuf, Théodoric, roi des Ostrogoths et d’Italie, 1869. 1. Il est honteux qu'en présence du droit public, on laisse se produire les méfaits des inimitiés privées; il n'appartient pas à des esprits égarés par les mauvaises passions d'être leurs propres juges. Les passions exaspérées nous privent de notre bon sens, et quiconque ne songe qu'à se venger perd le sentiment de la modération. Le respect des lois veut que personne ne fasse spontanément usage de la force ou de quoi que ce soit. En quoi la paix différera-t-elle de la guerre si les procès se terminent par la violence ? 2. Or nous avons appris que dans les provinces de Campanie et de Samnium quelques personnes, au mépris de la loi, ont été jusqu'à se donner en gage de leurs dettes, et que cet usage s'est répandu, comme s'il eût été autorisé par un édit. A cela s’est ajoutée une plainte encore plus scandaleuse : des créanciers ont exigé ce sacrifice impie de leurs débiteurs et la seule justification possible semble être quelque lien de parenté entre eux et les débiteurs. C’est un scandale inique ! Frères et sœurs gèrent leurs traites séparément ; un fils est libre des obligations de son père, sauf par héritage ; une épouse n’est pas tenue pour responsable des dettes de son époux, si ce n’est par les liens de l’héritage ; et maintenant des personnes sans attaches se voient contraintes de payer, bien que les lois dispensent les parents. Jusque là, mon ignorance a pu permettre à cela d’arriver ; mais maintenant c'est à nous de faire cesser de pareils désordres. 3. Que votre pouvoir consulaire agisse donc aussitôt ; faites savoir sous la forme d'un édit que quiconque usera de ce moyen sera privé de tout droit au remboursement de la dette en même temps qu'il est et demeure interdit à qui que ce soit d'aller spontanément au-devant d'un pareil arrangement, à moins qu’il ne s’agisse d’un prêt sur gage. Si, de fait, on choisit de s’emparer d’un homme à la place d’autre chose, juste pour mentionner cette pratique criminelle, on devra faire une double restitution à l’homme qui aura été violenté ; car les amendes règlent en général les mauvaises actions et ceux qui abandonnent la honte ne pensent plus alors qu’à leur argent. Quant à celui sur lequel la pauvreté aura étendu son manteau déplaisant, s’il ne peut rétrocéder, il devra être puni de la trique, selon l’importance du crime. Car ce que je ne permets en aucun cas, ne doit pas rester impuni. [4,11] LETTRE XI. AU COMTE SENARIUS, SENATEUR, LE ROI THEODORIC. Querelle entre possesseurs et curiales de Velia. L’espoir est un remède sûr, aussi le vœu d’un suppliant prudent s’en remet-t-il à un jugement afin que l’avantage d’une décision ôte l’incertitude du doute. C’est pourquoi Ta Grandeur, dont la province est soumise à tes ordres, examinera diligemment l’affaire entre les possesseurs de Velia et les curiales, afin d’assoupir la querelle entre eux, une fois que tu auras fait rendre la justice. En effet, il ne faut pas amener cette affaire à votre audience, alors que d’autres juges doivent l’entendre. [4,12] {sans correspondance} [4,13] LETTRE XIII. A L’ILLUSTRE SENARIUS, LE ROI THEODORIC. Il est juste de rétribuer celui qui accomplit un travail difficile, afin que s'ouvre la porte d'un bon espoir et qu’on puisse éviter les plaintes par une juste compensation. Et c’est pourquoi sache que Notre Prudence qui, grâce à la faveur céleste, prête attention à toutes les choses de l'Etat, a ordonné l’envoi de l’illustre Colosseus, connu pour ses résultats et son mérite, en Pannonie Sirmiense ; tu prendras toutes dispositions pour lui fournir des vivres, selon une antique coutume, ceci pour qu’après avoir préparé le nécessaire de cet homme, il ne subisse pas d'actes déloyaux. Certes, une armée qui a le ventre creux ne peut être disciplinée, puisque celui qui est armé ose toujours se procurer ce qui lui manque. Qu'il ait donc ce qu’il devrait recevoir, pour éviter que, forcé, il pense accomplir quelque rapine. Qui vit dans le besoin n'est pas disposé à se maîtriser, et on ne peut imposer au grand nombre une modération que très peu pratiquent. [4,14] LETTRE XIV. LE ROI THEODORIC AU SAJON GESILA. Traduction : Thibault, Nouvelle revue historique de droit français et étranger, p. 706, 1901. C’est un manquement grave de charger quelqu’un des dettes d’autrui, de façon que celui qui pourrait payer n'est pas susceptible d’être poursuivi. Chacun doit supporter ses charges; et celui-là doit payer l’impôt qui est reconnu toucher les revenus de la terre. En conséquence, nous te chargeons par le présent mandement de contraindre les Goths qui résident dans le Picenum ou dans les provinces de Toscane à payer les impôts qu’ils doivent. Il faut en effet réprimer les abus dès leurs débuts, pour qu’un funeste esprit d’imitation ne les propage pas comme une gale honteuse. Si quelqu’un donc résiste à nos ordres, tu feras placer des inscriptions sur ses biens et tu les déclareras confisqués à notre profit, de telle sorte que celui qui n’aura pas voulu payer une petite somme, qui lui était équitablement réclamée, éprouvera, à bon droit, une perte beaucoup plus grande. Quels sont en effet les gens qui doivent s’acquitter avec le plus d’empressement de leurs obligations envers le fisc sinon ceux qui profitant des donativa et reçoivent, grâce à notre générosité, plus qu’il ne leur est alloué à titre de stipendium? Car si l’on fait tarir la source de nos libéralités, nous devrons, nous qui voulons soutenir la fortune de tous, renoncer à ces libéralités. [4,15] LETTRE XV. AU SENATEUR BENENATUS, LE ROI THEODORIC. Recrutement de vingt et un nouveaux rameurs. Un rapport de l’Illustre et Magnifique comte du Patrimoine, nous a informé que vingt et un dromonaires {rameurs dans les dromons} sont morts disparus à cause d’un incident regrettable. Sache donc que Notre Prudence, dont la sagacité a toujours pour but de récupérer ce qu’un triste événement à soustrait, ordonne, que tu t’empresses d’éprouver vingt et un autres rameurs qui peuvent être adaptés à ce type de service. Compte tenu du travail difficile des manœuvres à la rame, on cherchera des hommes courageux et forts, afin que ces gens soient par eux-mêmes en mesure de soutenir le choc de tempêtes en mer. Quoi de plus audacieux, en effet, que d’entrer avec un petit bateau dans la mer traîtresse et vaste, que seul le courage du désespoir permet d’affronter en luttant ? Il convient donc que tu sois prudent dans l'exécution de nos ordres afin que, sachant que nous sommes à la recherche d’hommes très vigoureux, nous ne soyons pas amené à exprimer notre mécontentement si tu as recruté des gens faibles. [4,16] {sans correspondance} [4,17] {sans correspondance} [4,18] {sans correspondance} [4,19] {sans correspondance} [4,20] {sans correspondance} [4,21] {sans correspondance} [4,22] LETTRE XXII. A L’ILLUSTRE ARGOLICUS, PREFET DE LA VILLE, LE ROI THEODORIC. Traduction partielle : marquis Jules Eudes de Mirville, Pneumatologie: Des esprits et de leurs manifestations ..., t. VI, Partie 1, 1854. Procès de magie devant cinq sénateurs. L’excès concernant l’offense destinée à la majesté du ciel est intolérable, et celui qui oublie la piété sera poursuivi par la cruauté de l’erreur. Car quel espoir de pardon peut attendre celui qui a rejeté avec mépris le révérend auteur de son être ? Il faut que toutes ces profanations disparaissent ; il faut qu’il se taise ce murmure coupable des âmes. A une époque chrétienne on ne doit plus s’occuper de magie. Le rapport de Votre Magnitude nous informe que Basilius et Prétextât, initiés depuis longtemps aux souillures de cet art sinistre, avaient été mis en accusation par tes soins et que tu attendais nos ordres pour agir, afin qu’existe la confiance que l’autorité de Notre Piété ordonne. Aussi Nous qui, tout en respectant les lois, voulons garder en toutes choses cette modération qui se trouve dans notre cœur, nous décrétons, au nom de notre autorité, que cette cause sera légalement examinée par cinq de nos sénateurs et patriciens les plus distingués à savoir Symmaque, Decius, Volusien, Cœlianus et l’illustre Maximien. En outre, en respect de toute la procédure judiciaire, si l'accusation est prouvée, le crime sera puni avec la rigueur de la loi, afin que les délinquants cachés et secrets, ceux qu’une connaissance incertaine ne peut faire traduire devant la loi, soient découragés par le type de châtiment de tels actes. A ce sujet, nous avons donné à l'illustre comte Arigerne les directives suivantes: afin qu’après avoir laissé toute liberté à leur défense et, dans l'éventualité où ils se cacheraient, il les trouve pour qu'ils soient jugés. En collaborant avec vous dans ce cas, il ne permettra, ni qu’on opprime les innocents, ni que les criminels transgressent les lois. [4,23] LETTRE XXIII. A L’ILLUSTRE COMTE ARIGERNE, LE ROI THEODORIC. Traduction partielle : Jules Eudes Mirville (marquis de), Pneumatologie: Des esprits et de leurs manifestations ..., t. VI, Partie 1, 1854. Procès de magie devant cinq sénateurs, évasion des présumés coupables. A quelque dégré que ce soit, il importe que tu maintiennes la discipline établie dans la cité de Rome, tu dois cependant être le plus attentif, parce que tu sais que nous t’avons confié notre autorité ; afin que la justice que tu conserves accroisse la reconnaissance, et augmente l’ensemble de nos procès, qui jusqu’ici nous ont paru bons par leur impartialité. Dans ce contexte, le Préfet de la Ville dans son rapport qu’il nous a fait ... nous apprend que Basile et Prétextât, accusés par de nombreux témoins du culte de magie, se sont évadés de leur prison. Leurs gardiens étaient donc fous? Nous vous ordonnons de les poursuivre partout, et dès qu’ils seront repris, de les remettre à leurs juges du quinquévir, auxquels nous avons délégué notre autorité par le présent accord, et où nous avons décidé que tu participerais, afin qu après avoir laissé toute liberté à leur défense, s’ils sont trouvés coupables, on leur applique la loi si précise à cet égard, et que, dans le cas contraire, ces victimes d’une calomnie détestable ne puissent plus être tourmentées. En agissant de la sorte nous croyons n’enfreindre en aucune manière les prescriptions que nous dicte notre piété. [4,24] LETTRE XXIV. LE ROI THEODORIC AU DIACRE ELPIDIUS. Rénovation d’un portique près des thermes de Turasius. Les faveurs attribuées à ceux qui les méritent cèdent la place au profit ; et du même gain on peut encore récupérer plus, en procurant à l’élite ce qui lui convient. De par la teneur de ta pétition, nous avons appris que tu désires bénéficier dans la ville de Spolète d'un lieu, qui a pendant longtemps été gâté par la décrépitude du délabrement, et dont tu souhaites restaurer la splendeur ; tu veux que les bâtiments endommagés par l'âge acquièrent une nouvelle beauté, et que les structures ruinées par le passage du temps retrouvent encore une nouvelle vie grâce à ton bienfait. Quant à nous, eu égard à tes mérites et aux services que tu nous as continuellement rendus, c’est le cœur léger que nous avons donné notre approbation à la réalisation de ton projet selon l’usage requis et afin que la cité restaurée s’embellisse. Voilà pourquoi nous donnons une suite favorable à ta requête, pour que tu disposes, avec une liberté absolue, du portique et de sa petite cour, situés derrière les thermes de Turasius, à condition que tout cela ne soit pas destiné à un usage public. Car le droit de restaurer fait accéder à une récompense bien plus grande que ce que l’on a donné. Et par conséquent, soutenu par notre autorité, n’hésite pas à construire en ces lieux susnommés, sans qu’une quelconque tracasserie s’en mêle, puisque la respectable volonté du prince te protège, toi et le bien-être de la cité. [4,25] {sans correspondance} [4,26] {sans correspondance} [4,27] {sans correspondance} [4,28] {sans correspondance} [4,29] {sans correspondance} [4,30] LETTRE XXX. A L’ILLUSTRE PATRICE ALBINUS, LE ROI THEODORIC. (506/511) Traduction © de V. Fauvinet-Ranson, Decor civitatis, decor Italiae, 2006. "1. Il convient certes que tous songent à l'accroissement de leur patrie, mais plus encore ceux que l'Etat s'est attaché par les honneurs suprêmes : il est en effet logique et nécessaire qu’on doive d’autant plus qu'on a visiblement reçu davantage. 2. C'est pourquoi, par la supplique que tu as présentée, tu nous as conjuré de te donner licence ? en édifiant des constructions sur le Portique Courbe qui, jouxtant la Maison à la Palme, ferme joliment le forum à la manière d'une place ?, d'étendre la surface habitable de la demeure privée et de rehausser l'aspect du neuf, grâce à des monuments antiques. C'est ainsi qu'on voit la vigilance des résidents entretenir ce qui aurait pu s'affaisser faute de soin ; car les bâtiments privés de la surveillance des habitants tombent facilement en ruine et l'érosion de l'âge désagrège rapidement ce qui n'est pas protégé par une présence humaine. 3. Pour cette raison, nous qui désirons que la Ville soit constituée d'édifices debout et resplendissants, nous te concédons la permission sollicitée, à condition toutefois que l'objet de cette demande ne porte atteinte ni à l'utilité publique ni à la beauté. Par conséquent, repose-toi avec assurance sur tes espérances, afin que tu paraisses digne des édifices de Rome que tu occupes et que l'ouvrage achevé célèbre son auteur. Il n'est rien en effet qui puisse mieux faire reconnaître et l'intelligence du sage et les effets de la générosité." [4,31] LETTRE XXXI. AU VENERABLE EVEQUE EMILIEN, LE ROI THEODORIC. Traduction : Armand Louis Bon Maudet de Penhouët, Lettres sur l'histoire ancienne de Lyon, 1818. Il est juste de conserver ce que la prudence des hommes a établi. En effet si les bons établissements sont dignes de louanges, ceux-là qui les abandonnent méritent le mépris; leur destruction est une preuve que l’on manque de constance ou de moyens. C’est pourquoi votre Sainteté, qui ne voudra pas s’attirer le blâme, s’empressera d’exécuter promptement ce qu’elle a commencé par notre autorité, pour rétablir l’aqueduc. Rien n’est plus digne de louanges qu’un prêtre très saint comme vous l’êtes, s’occupant de pourvoir au besoin d’un peuple manquant d’eau. La prévoyance humaine ne doit-elle pas venir au secours du peuple, sans quoi il faudrait avoir recours aux miracles Il vous faudrait imiter le très ancien Moïse, qui fit sortir d’un rocher des sources abondantes pour le peuple d’Israël, épuisé par une sécheresse affreuse. Pour vous, si vous parvenez à conduire de nouveau les sources à la ville, à l’aide d un aqueduc, vous ferez pour votre peuple ce que Moïse a fait avec le secours des miracles. [4,32] {sans correspondance} [4,33] LETTRE XXXIII. AUX JUIFS DE GÊNES, LE ROI THEODORIC. Traduction partielle : Paul Deltuf, Théodoric, roi des Ostrogoths et d'Italie: épisode de l'histoire du Bas-Empire, 18690 p 309. L’observation des lois est l’indice de la civilisation, et nous devons attester par des exemples notre dévotion envers les princes, nos prédécesseurs; qu’y a-t-il de mieux que de vouloir que le peuple vive sous l’empire des lois? Ce sont elles qui ont arraché l’homme à la vie sauvage, en constituant la société humaine; ce sont les lois qui nous distinguent des bêtes fauves; il faut qu’au lieu d’errer à l’aventure, nous nous groupions comme l’a voulu la Divinité. Vous nous suppliez de maintenir les priviléges que l’antiquité a accordés aux juifs et nous y consentons volontiers, car il nous convient de respecter en toute chose les institutions des anciens. En foi de quoi, nous décidons ici, en vertu de notre autorité, que les dispositions de la loi qui vous concernent demeurent intactes. Voilà pourquoi par la présente autorité, nous décrétons que tout ce qui a été institué par la loi à votre égard demeure inchangé, de façon à faire connaître que tout ce qui a été mis en place pour la civilisation soit maintenu dans un respect éternel. [4,34] LETTRE XXXIV. AU SAJON DUDA, LE ROI THEODORIC. Extrait : Paul Deltuf, Théodoric, roi des ostrogoths et d'Italie: épisode de l'histoire du Bas-Empire, p. 306, 1869. La prudence humaine veut qu’on remette dans la circulation les trésors enfouis dans la terre, car le commerce est l’affaire des vivants et non des morts ; les biens qu’on enfouit dans nos tombes y périssent avec nous, sans profit pour personne. La circulation des métaux fait la consolation de l’homme, l’or enseveli n’a pas plus de valeur qu’une motte de terre ; et il en est de même lorsqu’il est aux mains tenaces de l’avarice ; au contraire, il augmente de valeur par l’usage ; c’est pourquoi nous t’ordonnons de te transporter au lieu où l’on dit que de grandes richesses sont ensevelies, et de faire opérer des fouilles en présence de témoins ; si, sur tes indications, on trouve de l’or ou de l’argent, tu en feras remise au trésor public. Toutefois, qu’on prenne grand soin de respecter les cendres des morts ; nous ne voudrions pas d’un gain souillé par de semblables profanations ; que les colonnes et les marbres ornent et protègent les tombeaux ; rien de mieux, mais ceux qui ne sont plus de ce monde n’ont que faire de talents ; c’est justice de tirer l’or des sépulcres où il est sans possesseur, tandis qu’on peut l’employer au profit des vivants. Ce n’est point de la cupidité que de se l’approprier car personne ne s’en plaindra….. [4,35] LETTRE XXXV. LE ROI THEODORIC AUX REPRESENTANTS D’ALBINUS. Le roi permet qu’Albinus, si son âge, la justice et les lois l’y autorise, fasse l’objet d’une restitution intégrale au sujet de contrats passés pendant sa minorité (extravagante). Traduit de l’italien du site http://www.studitardoantichi.org/einfo2/file/RAIOLA2.pdf (mars 2012) La prévoyante Antiquité a sagement établi que les mineurs ne devaient pas faire de transactions, parce que d'une part les mystifications captieuses des escrocs les abuseraient et que d’autre part leur âge immature serait invoqué comme excuse pour les erreurs. Si l’audace venait à se libérer, la bonne foi serait certainement étouffée, car chacun serait pris du désir de tromper quand la fraude permettrait d'assurer un revenu lucratif. Pour cette raison, donc, après avoir rédigé une pétition selon l'ancienne coutume, vous avez allégué que votre patronus, quand il était mineur, a plus qu’un autre accumulé des pertes par rapport à son patrimoine ; depuis sa jeunesse inexpérimentée il a achevé des entreprises estimées contre-productives, qu'il a cru utile en perspective ; maintenant ce patronus est dans une période d'âge où nous pouvons remédier à l'inexpérience de l'erreur, en faisant valoir : ce que l'ancienne loi a entériné, notre décision bienveillante peut aussi l’accorder. Donc, si votre requête ne s'écarte pas de la vérité, si elle concerne l’espace de temps où les lois sacro-saintes nous garantissent cet avantage, et si rien ne s’y oppose juridiquement, notre autorité, permet de rétablir solennellement votre patronus dans une restitution intégrale, après vérification. Ainsi cependant, tout sera accompli en vertu des lois et de la justice, parce que c’est ainsi que nous voulons répondre aux besoins de ceux qui nous supplient, afin de ne pas commettre une injustice envers leurs adversaires. [4,36] {sans correspondance} [4,37] {sans correspondance} [4,38] {sans correspondance} [4,39] {sans correspondance} [4,40] {sans correspondance} [4,41] {sans correspondance} [4,42] {sans correspondance} [4,43] LETTRE XLIII. LE ROI THEODORIC AU SENAT DE LA VILLE DE ROME. Incendie d’une synagogue dans Rome. Blâme du Sénat. La réputation de la ville de Rome se doit d’être au moins maintenue via sa propre loi, et qui s’est toujours vanté de la probité de sa morale ne tombe pas dans le vice. Fomenter la sédition et vouloir brûler sa propre ville ne sont pas des valeurs romaines. Il est en conséquence nécessaire d’appliquer avec sévérité la loi aux instigateurs de ce forfait, car le détestable spectacle de cet incendie pourrait se répandre dans le cœur des masses et les conduire à reproduire cette horreur. Nous avons appris par le rapport de l’illustre comte Arigerne qu’il a été saisi des plaintes des Juifs, car l’audace servile s’est réveillée à la mort de leurs maîtres: quand le châtiment public a pris effet contre eux, l’esprit enflammé de la plèbe s’est aussitôt senti déterminé à incendier stupidement la synagogue, punissant la faute des hommes par une destruction des bâtiments ; s’il avait été prouvé qu’un juif eut transgressé, lui seul aurait dû faire l’objet d’un châtiment, et il a été tout à fait injuste de former une ligue séditieuse ou de se précipiter pour brûler des bâtiments. Cependant, Nous, qui sommes, par la grâce de Dieu, déterminé à mettre en ordre ce qui a été commis indûment, afin que tous puissent se retrouver ensemble l’esprit apaisé, décrétons par la présente, que vous devrez mener une enquête judiciaire sur l’affaire susmentionnée et que vous devrez arrêter les quelques incendiaires qu’il faudra trouver; car nous condamnons tout acte exécrable qui entraînerait à coup sûr un déshonneur pour Rome. Nous décrétons, pour cette même raison, que si quelqu’un pense avoir une bonne raison d’être assisté dans un quelconque différend contre les Juifs, il devra se présenter pour être entendu à votre tribunal, afin qu’une condamnation soit rendue contre quiconque serait coupable. Mais sachez que nous sommes fortement déçu par le fait que la partie la moins estimable de la population soit allée si loin dans la dissension en détruisant des bâtiments, à l’endroit même où nous désirons voir tout cela magnifiquement ordonné. [4,44] {sans correspondance} [4,45] LETTRE XLV. AUX COMTES, DEFENSEURS ET CURIAUX DE LA CITE DE PAVIE, LE ROI THEODORIC. Traduction partielle : Claude-Joseph Perreciot, Histoire des conditions et de l'état des personnes en France, t. II, 1790. Les Hérules fuient leur patrie à cause de la misère. Nous avons ordonné aux Hérules, qui nous implorent, au nom de Dieu, de venir à notre comitat, en leur fournissant un moyen de transport par bateau : dans notre pays jusqu’à maintenant ils ne devront pas avoir à s’inquiéter de la disette de leur province. Voilà pourquoi, informés par le présent ordre, vous fournirez un bateau aux ambassadeurs Hérules pour se rendre à Ravenne et vous leur donnerez des vivres pour cinq jours sans aucun retard et toutes autres choses nécessaires au voyage ; car ils viennent de pays dépourvus de tout et ils pourront ainsi rapidement voir la différence entre l’Italie et leur propre pays affamé. [4,46] {sans correspondance} [4,47] {sans correspondance} [4,48] {sans correspondance} [4,49] LETTRE XLIX. A TOUS LES PROVINCIAUX ET CHEVELUS DEFENSEURS ET DÉCURIONS QUI HABITENT LA SUEVIE, LE ROI THEODORIC. Traduction : L. G. Du Buat, Histoire ancienne des peuples de l'Europe, Volume 9, 1772. Il ne faut pas frustrer toujours les ordonnances royales de la contrainte qui doit les faire exécuter. Il est nécessaire que la crainte arrête aussi les audacieux, et que ceux qui souffrent soient au moins soutenus par l'espérance d'un meilleur avenir. La menace qui précède le crime, est ordinairement plus efficace que la peine qui le suit. A ces causes, nous avons choisi Fridibad pour commander dans votre pays, et nous lui avons ordonné que par des sûretés légitimes il réprime les voleurs de bétail, il arrête le cours des meurtres, il punisse les larcins, et assure votre repos contre les entreprises criminelles de ceux qui par une audace condamnable vous inquiètent, vous oppriment : soyez paisibles, vivez conformément aux bonnes mœurs, qu'aucun de vous ne compte sur la bonté de ses excuses, ni sur l'éminence des titres dont il a mérité d'être revêtu. Il faut que celui-là satisfasse à la vindicte publique qui s'abandonne à des mœurs corrompues. [4,50] LETTRE L. AU PREFET DU PRETOIRE FAUSTUS, LE ROI THEODORIC. Traduction partielle : Joseph Bourlot, Réactions de la haute température et des mouvements de la mer ignée..., 1865. Eruption du Vésuve ayant entraîné des dommages pour les citoyens. 1. Les Campaniens, ayant eu à souffrir des dommages de l'action du Vésuve, implorent notre clémence, versent des larmes, et demandent de les exonérer de l'impôt foncier, pour les champs dépouillés de leurs récoltes. Et Notre Piété convient d’accéder à cette juste requête. 2. Mais pour qu’il ne subsiste aucun doute au sujet de cette calamité, nous ordonnons à Votre Magnitude de charger quelque homme d’une probité reconnue d’aller visiter les territoires de Nole et du territoire de Naples pour le constater, là où les produits régionaux ont été détruits, parce qu’une fois inspectée la zone agricole, il aidera à calculer la proportion dans laquelle le propriétaire a été lésé: il estimera le montant des dédommagements au vu d’une mesure précise des dommages qu’on connaîtra. 3. La Campanie jouirait d'une félicité parfaite, sans la menace du fléau qui vient de temps à autre la ravager. Cependant jamais le désastre ne s'étend à la totalité des biens des habitants; car des avant-coureurs, qu'on ne peut méconnaître, conseillent à l'avance de prendre des précautions. 4. La montagne, en effet, murmure d'effroyables grondements, des exhalaisons meurtrières s'en échappent, et il est peu de points de l'Italie, où l'on ne soit averti par quelques commotions qu'il se passe en ce lieu ou qu'il va s'y passer quelque chose d'extraordinaire. Les courants atmosphériques portent sur les mers, et même au delà, des nuages immenses, d'où la cendre tombe en une pluie abondante. On peut juger combien doit souffrir la Campanie de ce que, dans une autre partie du monde, on est averti qu'elle souffre. 5. On y voit courir comme des fleuves de poussière et se précipiter en torrents impétueux des sables brûlants. Le niveau de la plaine semble s'élever et finit par atteindre le sommet des arbres. Alors l'aspect des champs, qu'égayait le vert de la végétation, se trouve remplacé par la teinte de deuil que lui donne la dévastation due à la chaleur. La fournaise, dans son action continue, ne cesse de vomir des ponces, mais elle rejette aussi des sables fertiles. Et, en effet, les germes qui sont confiés à cette terre, produit du feu, se développent avec une grande activité, et bientôt les désastres dans la production des terres sont réparés ou compensés par une récolte abondante. Comment se fait-il qu'une seule montagne ait pu produire tous les matériaux qui sont sortis de son sein, sans qu'on remarque une diminution dans son volume? 6. Elle répand ses poussiéreuses rosées en long et en large; vomissant aussi dans le voisinage sa substance, et cette montagne est si ancienne qu’elle pourra encore en fournir. Qui, voyant ces immenses blocs dans la plaine, croirait qu'ils ont été éjectés des profondeurs de cette lointaine colline, qu'ils ont été projetés comme des pailles au vent par l'esprit en colère de la montagne? 7. On peut voir d'autres grands sommets s’enflammer en d’autres endroits, leurs exhalaisons brûlantes sont le signe presque avant-coureur pour les contrées lointaines. De même que nous ne croyons pas les habitants, quel témoignage peut-il être reconnu par tous ? C'est pourquoi, comme on l’a dit, que Votre Prudence sélectionne ceux auxquels il faut réellement apporter un dédommagement, et qu'elle ne laisse aucune place à la fraude. [4,51] LETTRE LI. LE ROI THEODORIC AU PATRICE SYMMAQUE (507/511). Félicitations à Symmaque qui s’occupe de la maintenance des monuments publics. 1. Puisque tu t’es tant consacré à tes propres édifices jusqu’à donner l’impression d’avoir créé de véritables monuments sur tes propriétés privées, il est juste que tu sois reconnu comme conservateur des merveilles de Rome, que tu as embellie par la beauté de tes demeures. Tu es l’un des bâtisseurs exceptionnels, et un décorateur d’un grand nombre de bâtiments, car chacun découle de la sagesse – d’une bonne conception et d’une décoration de bon goût des édifices existants. 2. La gloire que tu as acquise en prolongeant Rome dans ses faubourgs est bien connue: si un homme pénètre dans ces bâtiments, il n’aurait pas l’impression de regarder au dehors de la ville, sauf s’il ne pensait goûter ainsi aux plaisirs de la campagne. Tu reproduis l'antiquité, avec le plus grand soin; tu es le plus noble fondateur des œuvres modernes. Tes monuments dévoilent ta personnalité, car la dévotion à un tel travail doit être celle d’une sensibilité exacerbée. 3. En conséquence, nous avons décidé que l’édifice du théâtre (de Pompée), qui croule sous la pression de sa masse énorme, devait être renforcé sur tes conseils. Ainsi, ce que tes ancêtres ont effectivement fait pour la gloire de leur nation ne semblera pas devoir se perdre chez ses nobles descendants. O vieillesse, que ne parviens-tu pas à détruire, puisque tu as pu ébranler une telle masse? Tu admettrais plus facilement l’effondrement des montagnes que l’affaissement de ce solide ouvrage. Car ce n’est qu’une masse intégralement constituée de vastes blocs, et sans l'art en plus, on n’y verrait que le travail de la nature. 4. Nous aurions pu, peut-être, négliger ce monument, si nous n’avions pas réussi à le contempler: ces voûtes, avec leurs pierres en surplomb et leur assemblage invisible, ont une si belle forme qu’on les prend plus facilement pour des grottes creusées dans des montagnes, que pour un édifice quelconque fait par les mains. Les anciens ont créé un endroit à la mesure d’une population nombreuse, avec l'intention de faire profiter ceux qui étaient les maîtres du monde d'un spectacle unique. 5. Mais comme il est clair que mon discours touche un érudit, il m’est plaisant de raconter pourquoi, comme nous le lisons, l'antiquité rustique fut à l’origine de ces monuments. Quand les paysans, les jours de fêtes, célébraient les rites de diverses divinités dans les bosquets et les villages, les Athéniens, les premiers, transformèrent ces débuts bucoliques en spectacle urbain. A l'endroit du visorium, on donna le nom grec de « théâtre », puisque, ceux qui regardent au loin, peuvent voir sans aucune entrave la foule rassemblée. 6. Le devant du théâtre fut appelé la « scène », à cause de l'ombre profonde des bois où, au commencement du printemps, les bergers chantaient des chansons différentes. C’est là que fleurirent les jeux musicaux, et les textes d'une époque de sagesse. Mais on s’aperçut que, progressivement, ces arts respectables, fuyant la compagnie des hommes dépravés, renonçaient à la considération et à la pudeur. 7. La tragédie doit son nom à la voix puissante de l'acteur: répercutée par les échos concaves, elle produit un son tel qu’on a du mal à l’imaginer émise par un être humain. Elle repose en fait sur des pieds de bouc, car tout berger faisant montre d’une telle voix était récompensé par le don d’un bouc. Le nom de comédie provient des villages, car un village est appelé "comus", et c'est là que les campagnards plaisantaient des activités de l'homme dans de joyeuses chansons. 8. A ces spectacles on a ajouté les mains disertes des danseurs de pantomime, pour ainsi dire une langue au bout de chaque doigt, parlant en gardant le silence, sachant faire un récit entier sans ouvrir la bouche. On dit que la Muse Polymnie a découvert cela, en montrant qu’il n’était pas besoin d’articuler des mots pour faire entendre sa pensée. Maintenant, la langue orientale appelle les Muses "Homoousae" (êtres de la même essence) sous prétexte que celles-ci, comme les vertus, semblent nécessaires les unes aux autres. On les représente avec des ailerons légers et pointus sur leur front, car leurs perceptions véhiculées par une vive pensée, contemplent les plus sublimes sujets. 9. Déjà mentionné, le pantomime, qui tire son nom de multiples imitations. La première fois qu'il entre en scène, attirés par les applaudissements, des choeurs de musiciens, experts en divers instruments, l’accompagnent. Puis il prête ses mains aux sens, expose pour les yeux les vers du chant, et, par des gestes convenus, comme des lettres, il instruit le regard du spectateur; on peut y voir un résumé, et, sans écrire, il crée ce que l'écriture a traduit. Le même corps dépeint Hercule et Vénus; en homme il incarne une femme, il fait un roi et un soldat, il interprète un homme âgé et un jeune: on s’imaginerait, qu’en un seul homme, en existent plusieurs, distingués par une telle diversité d'identités. 10. Le mime aussi, quant à lui, n’est plus maintenant qu’un simple objet de mépris ; il a été conçu avec tant de soin par Philistion, que ses performances ont été consignées par écrit: en effet, il pourrait calmer par son humour un monde bouillant de soucis. 11. Et que dire du tintement des grelots ? Pourquoi mentionner ces doux sons modulés par une série de cadences? Ils procurent un tel plaisir que, de tous les sens, les hommes pensent que l’ouïe est le plus grand don qui leur a été attribué. L’époque suivante corrompit les inventions des anciens en y introduisant des obscénités; leurs esprits brouillons conduisirent vers les voluptés charnelles un art conçu pour fournir un plaisir décent. 12. Comme dans d'autres cas, les Romains importèrent inutilement ces pratiques, et bâtirent cet édifice - fruit d’une pensée supérieure, et d’une grandeur d'âme merveilleuse. Nous croyons, que Pompée a mérité le titre de grand, plus encore que par tous ses hauts faits. Par conséquent, qu’un tel bâtiment doive être maintenu ensemble par tiges emboîtées, qu’il doive être rénové ou reconstruit, nous avons pris soin de t’attribuer les crédits de notre Chambre. Ainsi, tu pourras récolter la réputation d’une œuvre si bénéfique, tandis que, sous notre règne, l'antiquité sera convenablement rénovée.