[0] DE L'EXCELLENCE ET DE LA SUPÉRIORITÉ DE LA FEMME. [1] Nulle différence de l'âme de la Femme d'avec celle de l'Homme. DIEU, qui a engendré toutes choses et qui a comblé de biens l'un et l'autre sexe, a créé l'homme à son image, et l'a fait mâle et femelle. La différence des sexes ne consiste que dans la différente position des parties du corps, et cette différence est nécessaire pour la génération. Mais Dieu a donné au mâle et à la femelle une âme entièrement semblable, et sans distinction de sexe. Le même esprit, la même raison, le même usage de la parole, ont été accordés à la femme et à l'homme. Ils marchent ensemble vers le séjour de la félicité éternelle, où il n'y aura nulle exception de sexe; il est bien vrai que nous devons ressusciter chacun dans notre propre sexe, mais l'évangile nous enseigne que la différence des sexes ne sera plus qu'un vain ornement, et que nous serons alors entièrement semblables aux anges. Concluons donc que, du côté de l'âme, il n'y a aucune prééminence de noblesse entre l'homme et la femme, puisqu'ils ont l'un et l'autre une âme également libre et également grande. [2] II. Il y a des preuves certaines de l'excellence de la femme au-dessus de l'homme. Mais si nous faisons attention aux autres choses qui sont dans l'homme nous trouverons que les femmes sont, en tout, infiniment au-dessus des hommes : et c'est ce que nous avons entrepris de faire voir ici, d'une manière qui ôte à l'esprit tout lieu d'en douter. Les moyens dont nous nous servirons pour le prouver, ne seront point des raisons seulement apparentes ou étrangères au sujet, ou de ces folles subtilités de logique, dont se servent quelques sophistes, pour embarrasser ceux qui les écoutent. Mais nous établirons toutes nos preuves sur les témoignages des bons auteurs, sur des faits, et des histoires certaines, sur des raisons solides, sur l'autorité des saintes écritures, et sur les règles du droit civil et canonique. [3] III. LE nom d'Eva prouve la supériorité de la Femme au-dessus de l'Homme. PREMIÈREMENT, je dis que la femme est autant supérieure à l'homme, que le nom de la première femme est au-dessus de celui du premier homme: en effet, Adam signifie Terre, et Eve signifie Vie. La femme est donc autant supérieure à l'homme, que la vie est au-dessus de la terre. L'on m'objecterait, sans raison, que c'est avec peu de fondement que je veux juger de l'excellence des choses, par les noms qui leur ont été imposés, car on sait que celui qui a tiré l'univers du néant, connaissait parfaitement les choses auxquelles il a imposé des noms, et que par conséquent, comme il ne peut se tromper, les noms qu'il leur a donnés, doivent en exprimer la nature, les usages et les propriétés. Telle était, en effet, la beauté des noms anciens, comme l'attestent les lois des romains, qu'ils convenaient aux choses qui les portaient, et donnaient clairement à connaître ce qu'elles étaient. C'est pourquoi les preuves tirées des noms sont d'un grand poids chez les théologiens et les jurisconsultes. C'est ainsi que, dans l'Écriture, il est dit de Nabal que son nom portait qu'il était fou, et que la folie l'accompagnait partout. Saint Paul, dans l'épître aux Hébreux, voulant montrer l'excellence et la supériorité de J.-C. sur tous les autres enfants des hommes, le prouve ainsi : Jésus-Christ l'emporte d'autant plus au-dessus des autres hommes, en excellence et en perfection, que le nom qu'il a reçu est plus beau et plus noble qu'aucun de ceux qui ont jamais été donnés aux hommes. C'est dans ce sens qu'il dit ailleurs, en parlant de Jésus-Christ : Dieu le père lui a donné un nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse dans le ciel, sur la terre, et dans les enfers. Ajoutez à cela que, dans le droit, on a beaucoup d'égard aux noms; lesquels donnent lieu à différentes questions et à plusieurs disputes, que je n'exposerai pas de peur d'ennuyer mon lecteur. Il suffit de faire remarquer que les preuves qu'on tire des noms, sont d'un grand poids parmi les jurisconsultes. Saint Cyprien prouve, contre les Juifs, que le nom qui fut donné au premier homme, était tiré des noms qui furent imposés aux quatre parties du monde, qui sont : l'Orient, l'Occident, le Septentrion et le Midi. Il prétend encore, dans le même endroit, que le nom d'Adam fait allusion à la terre dont il a été formé : quand il dit qu'une terre informe était devenue la chair du premier homme. Cette explication n'est cependant pas conforme à la manière dont ce nom est écrit dans les livres de Moyse; car Adam, en hébreu, est écrit avec trois lettres, non avec quatre. Mais cela est pardonnable à un si grand homme, qui n'avait point appris la langue hébraïque. Plusieurs saints et habiles interprètes de l'Écriture l'ont aussi ignorée, sans être pour cela très blâmables. Si l'on n'a pas assez de complaisance pour souffrir que je donne telle explication qu'il me plaira du nom qui fut donné à la première femme, qu'on me permette du moins de dire que, selon les caractères mystérieux dont se servent les cabalistes, le nom de la première femme a beaucoup plus de rapport avec le nom ineffable de Dieu, qui s'écrit avec quatre lettres, que le nom du premier homme, lequel n'a aucune ressemblance avec celui de l'Éternel, ni du côté des caractères avec lesquels on l'écrit, ni dans leur figure, ni dans leur nombre. Mais en voilà assez là-dessus ; peu de gens lisent ces sortes de choses, et encore moins de personnes les entendent. D'ailleurs, cela demande trop d'explications pour qu'on puisse s'y arrêter ici davantage. [4] IV. LA Femme est le chef-d'oeuvre des ouvrages de Dieu. Nous allons présentement montrer l'excellence de la femme, par des raisons tirées du fond du sujet; c'est-à-dire, de la femme en elle-même, de ses fonctions et de ses usages. Examinons ce qui s'en trouve dans l'Écriture, et voyons, en commençant par sa création, combien l'origine de la femme est plus noble que celle de l'homme. On sait que la grande différence qui est entre les choses que Dieu a faites, consiste en ce que quelques-unes ne sont sujettes à aucun changement et à aucune corruption, au lieu que les autres sont changeantes et corruptibles. D'ailleurs, l'ordre que Dieu a suivi, dans la formation des unes et des autres, a été de commencer par ce qu'il y avait de plus noble dans le premier genre, pour finir, au contraire, par ce qu'il y avait de plus noble dans l'autre genre. Ainsi nous voyons qu'il créa d'abord les anges et les âmes : car c'est le sentiment de saint Augustin, que l'âme du premier homme fut créée en même temps que les anges, avant que son corps eût été formé. Ensuite, il créa les corps incorruptibles, les cieux, les étoiles et les éléments, qui, malgré leur incorruptibilité, souffrent cependant bien des changements. C'est avec cès éléments qu'il forma tous les corps qui sont sujets à la corruption ; en commençant par les plus vils, et continuant, toujours par degrés, des moins parfaits aux plus parfaits. Ainsi donc il forma d'abord les minéraux; puis les végétaux, les plantes, les arbres et les zoophites. Il créa, enfin, les reptiles, les poissons, les oiseaux et les quadrupèdes. Dieu finit tout son ouvrage par la création de l'homme et de la femme, qu'il fit à son image et ressemblance. Il fit d'abord l'homme; ensuite la femme, qui fut son dernier ouvrage. Dieu se complut dans la création de la femme. Il y épuisa tout son savoir et toute sa puissance. Il lui fut impossible de rien imaginer de plus parfait. Il fut étonné lui-même de la beauté de la femme; il admira ses charmes, et s'unit à elle. La femme étant donc la créature qui a été faite la dernière, et étant, par là, la fin et la perfection de tous les ouvrages de Dieu, qui peut lui disputer son excellence et sa grandeur au-dessus de toutes les créatures ! Et qui oserait affirmer que l'univers ait pu recevoir son dernier degré de perfection, autrement que par la formation de la plus parfaite de toutes les créatures ! Peut-on penser que Dieu ait terminé un si bel ouvrage par quelque chose d'imparfait ! En effet, tout ce grand univers ayant été créé comme un cercle très étendu et très parfait, il a dû être achevé dans un point qui unit ensemble, très exactement, les deux choses par lesquelles il avait été commencé, et devait être achevé. Ainsi, quoique la femme, selon l'ordre que Dieu a gardé dans la création de toutes les créatures, ait été créée la dernière, cependant, dans l'ordre des desseins de Dieu, la femme a été la première des créatures, par sa grandeur et ses avantages au-dessus des autres. C'est d'elle que nous lisons dans un prophète : avant que les cieux fussent créés, Dieu choisit et aima la femme par-dessus toutes choses. Et, s'il m'est permis de me servir de termes usités chez les philosophes, je dirai avec eux : que la fin pour laquelle on fait quelque chose, est ce qui s'est présenté d'abord à l'esprit, quoique ce soit ce qu'on exécute le dernier. C'est dans ce sens que la femme a été le dernier ouvrage de Dieu. Elle est entrée dans le monde après qu'il a été perfectionné, comme dans un palais que le Très-haut avait préparé à cette reine de l'univers. Le devoir et la justice engagent donc toutes les créatures à aimer la femme, à la respecter, à l'honorer, et à se trouver heureuses de vivre soumises à ses lois : parce qu'elle est la fin et la reine de toutes les créatures, qu'elle-en est la perfection, l'ornement et la gloire. C'est pourquoi le Sage a dit : que celui qui est ami de Dieu, donne des louanges à la générosité de la femme, parce que le souverain de toutes choses l'a chérie. [5] V. Le lieu où fut formée la Femme en prouve la grandeur. L'ÉCRITURE établit bien puissamment la grandeur et la noblesse de la femme au-dessus de l'homme, par la différence des lieux où ils ont été créés. La femme, en effet, a été formée comme les anges, dans le paradis terrestre, qui était un lieu aussi fameux qu'agréable. L'homme, au contraire, a été créé comme tous les animaux, hors du paradis, dans un lieu champêtre. Dieu le fit entrer ensuite dans le paradis, où devait être créée la femme. C'est pour cette raison que la femme, accoutumée à l'élévation du lieu de sa naissance, a reçu de la nature ce privilége spécial, de ne jamais sentir d'étourdissement ou de trouble dans sa vue, quelqu'élevé que soit le lieu d'où elle regarde en bas. On remarque le contraire dans l'homme. Et de plus, si, dans le même moment, un homme et une femme tombent dans l'eau, ne peuvent y recevoir aucun secours, la femme surnagera plus longtemps que l'homme, qui se noiera plutôt qu'elle. Que la noblesse de l'homme tire un nouvel éclat du lieu où il a pris son origine, c'est ce que confirment clairement les lois civiles et les sacrés canons. D'ailleurs, c'est l'usage et la coutume de tous les peuples, de faire cas, non seulement des hommes, mais même des animaux et des choses inanimées, selon qu'elles sortent d'un lieu plus célèbre et plus renommé. C'est pour cette raison que nous voyons Isaac ordonner à Jacob son fils, de ne point prendre de femme du pays de Chanâan, mais de la Mésopotamie, parce qu'il croyait qu'elle dût avoir une origine plus relevée. C'est dans ce sens que nous lisons dans l'évangile de saint Jean : que Philippe, racontant qu'il avait rencontré Jésus de Nazareth, fils de Joseph, Nathanaël lui demanda s'il pouvait sortir quelque chose de bon de Nazareth? Mais en voilà trop sur ce sujet; passons à d'autres preuves. [6] VI. La qualité de la matière dont fut faite la Femme, en établit l'excellence. LA femme est encore au-dessus de l'homme par la matière dont elle a été formée. L'homme, en effet, a été pétri d'une matière vile et inanimée : mais la femme a été formée d'une matière déjà purifiée, vivifiée et animée par une âme raisonnable, qui participe de l'esprit divin. D'ailleurs Dieu avait fait l'homme d'une terre qui, par sa nature, et la seule coopération des influences célestes, peut d'elle-même engendrer toutes sortes d'animaux. La femme, au contraire, a été créée par la seule vertu de Dieu; sans que, ni les influences des cieux, ni la nature aient eu aucune part dans sa formation. La femme a donc été faite, dans toute sa perfection, d'une côte qui a été ôtée à l'homme, sans qu'il s'en soit aperçu: tant le sommeil que Dieu lui avait envoyé, était profond. L'homme est donc l'ouvrage de la nature, et la femme, celui de Dieu. C'est pour cette raison que la femme est plus propre que l'homme à être une image de la beauté divine, et souvent elle en est toute rayonnante. Sa beauté ravissante et ses agréments sans nombre, ne nous en convainquent-ils pas suffisamment ? En effet, la beauté n'étant rien autre chose qu'un rayon de la lumière et de la beaulé éternelle, répandu sur les choses créées, qu'il rend belles et éclatantes; la divinité a choisi la femme préférablement à l'homme, pour se communiquer à elle avec profusion. Ainsi le corps de la femme est ce qu'il y a de plus admirable et de mieux disposé. Sa chair est délicate, son teint clair etblanc, sa peau belle, sa tête bien faite, ses cheveux sont disposés avec grâce. Son visage est majestueux, son regard agréable, sa face rayonnante de beauté; elle a le cou blanc comme la neige, le front dégagé : ses yeux étincellants, ménagent leurs regards avec grâce, et inspirent toujours une gaieté douce et aimable : sur ses yeux s'élèvent deux sourcils, qui se courbent agréablement et conservent une certaine distance. Là commence un nez bien proportionné. Au-dessous, est sa bouche vermeille, qui est composée de deux lèvres bien faites, qui s'éloignent agréablement l'une de l'autre, lorsqu'elle rit, pour nous laisser voir ses dents blanches comme l'ivoire; elles sont petites et bien arrangées, en moins grand nombre que dans l'homme, parce que la femme mange moins et mord moins. Autour de sa bouche sont ses joues fines et délicates, qui sont fleuries de lis et de roses, et paraissent être le siège de la pudeur. Son menton arrondi est agréablement creusé dans son milieu. Son cou, mince et délié, s'élève sur ses épaules rondes; sa gorge est blanche et délicate. Sa voix et son parler sont plus agréables que dans l'homme. Sa poitrine est surmontée de deux demi-globes fermes et rebondissants. Son ventre est arrondi. Ses côtes sont souples, son dos est plat et relevé. Ses bras sont longs, ses mains bien faites. Elle a des doigts délicats. Ses hanches et ses cuisses sont fermes. Elle a les jambes charnues. Les extrémités des mains et des pieds arrondies, et tous ses membres pleins de sucs. [7] VII. Louanges données à la beauté de la Femme. AJOUTEZ encore que son marcher est modeste, ses mouvements plus décents, ses gestes plus nobles que ceux de l'homme; la symétrie de tout son corps, sa figure, son maintien, son air, la rendent infiniment plus belle que toutes les autres créatures, parmi' lesquelles il n'y a point de spectacle plus merveilleux, ni de prodige plus digne de notre attention que la femme. De sorte qu'on ne peut, sans être aveugle, ne point voir que Dieu a rassemblé dans la femme, tout ce qu'il pouvait y avoir de beau dans l'univers entier; ce qui fait que toutes les créatures la regardent avec étonnement, l'aiment, la vénèrent et la désirent ardemment. Nous voyons même que des démons, qui sont des substances spirituelles, souffrent de violentes passions pour les femmes. C'est une vérité établie sur des expériences certaines, et non une opinion fausse et mal fondée. Car, pour ne rien dire de ce que les poètes nous ont raconté des amours des Dieux, et des femmes qu'ils aimaient, et sans peindre ici la passion d'Apollon pour Daphné, de Neptune pour Salmonée, d'Hercule pour Hébé, Iole et Omphale; et de tous les autres Dieux pour leurs maîtresses, et les amours sans nombre de Jupiter : je vous ferai seulement remarquer que les saintes écritures, entre tous les biens dont Dieu a orné la femme, louent particulièrement, en cent endroits, sa grande beauté. C'est un présent du ciel; que les Dieux et les hommes chérissent. C'est ainsi que nous lisons dans la Genèse que les enfants de Dieu, voyant que les filles des hommes étaient belles, choisirent entre elles celles qui leur plurent, pour être leurs femmes. L'écriture dit de Sara, la femme d'Abraham, qu'elle était très belle, et que sa beauté effaçait celle des autres femmes. Le serviteur qu'Abraham avait envoyé en Mésopotamie, pour y choisir une femme à Isaac son fils, ayant aperçu Rebecca, qui était très belle, se disait à lui-même : voilà celle que le Seigneur a destinée pour être l'épouse d'Isaac. Abigail, enfin, qui était mariée à Nabal, homme très méchant et très injuste, avait autant de sagesse et de prudence que de beauté. Elle apaisa la colère de David, et sauva la vie et les biens à son mari : c'est ainsi que ce méchant homme évita la juste colère de David, à cause de sa femme qui était très belle. Car David tint ce discours à Abigail : allez en paix dans votre maison, j'ai entendu votre voix, et j'ai respecté votre visage. En effet, la beauté étant ou du côté de l'esprit, ou du côté du corps, ou du côté de la voix et du discours, Abigail était belle en toutes manières. Elle avait beaucoup de prudence et d'esprit; sa voix et ses discours étaient agréables et persuasifs; et rien ne lui manquait des beautés et des agréments du corps. Enfin, après la mort de son mari, elle devint une des épouses de David. Bethsabée était si belle, que David, ne pouvant se défendre de ses charmes, la prit pour femme, après la mort de son époux, et l'éleva, préférablement à ses autres femmes, à la dignité de Reine. La jeune Abisaag fut choisie, parce qu'elle était très belle, pour réchauffer David déjà vieux. C'est pourquoi le Roi la combla d'honneurs et de biens; et après sa mort, elle fut regardée comme une Reine puissante. Nous pouvons rapporter ici ce que nous lisons dans les saints livres, de la grande beauté de la Reine Vasti, et de celle d'Esther, qui fut choisie, à sa place, pour être l'épouse du Roi Assuérus. Mais Esther était plus belle que Vasti. L'écriture nous rapporte encore que Dieu augmenta tellement la beauté de Judith, qu'on ne pouvait la regarder sans étonnement et sans admiration ; nous lisons enfin, que Susanne était très belle et très aimable. Ne voyons-nous pas encore dans l'écriture, que Job, après toutes sortes d'épreuves, et après avoir été assiégé, de toutes parts, de maux et de misères, Dieu voulut enfin récompenser sa patience; entre autres choses, il lui donna trois filles, plus belles que les trois Grâces, et que nulles femmes n'avaient jamais égalées en beauté. Si nous lisons les histoires des vierges saintes que l'église catholique honore, nous verrons, avec admiration, avec quelle profusion elle élève, par ses louanges, leur grande beauté au-dessus de celle de tous les enfants des hommes. Mais, entre ces filles saintes, la vierge Marie, mère de Dieu, tient la première place. Le Soleil et la Lune ont admiré sa beauté. Il régnait sur son visage, qui était le siège des charmes et des agréments, un si grand fonds de pudeur et de sainteté que tous les yeux étaient éblouis du vif éclat de sa beauté, sans cependant que ses appas aient jamais excité dans l'esprit d'aucun homme, aucun désir amoureux. J'ai jugé à propos de rapporter ici exactement tous ces témoignages de 1'écriture, où il est parlé si souvent de la beauté de la femme, afin de faire comprendre que ce ne sont pas les hommes seuls qui ont eu de grands égards pour la beauté des femmes ; mais que Dieu même l'a comblée d'honneur et de gloire. C'est pourquoi nous lisons que Dieu, ayant ordonné qu'on mît à mort tous les hommes et même les enfants, voulut qu'on épargnât les belles femmes. Dans le Deutéronome, Dieu permet aux enfants d'Israël, de se choisir, parmi leurs esclaves, une belle femme pour épouse. [8] VIII. PUDEUR et modestie des Femmes. OUTRE les avantages de la beauté, les femmes ont encore celui d'une pudeur qui surpasse tout ce qu'on peut en dire. Leurs cheveux croissent assez pour couvrir toutes les parties de leur corps que la pudeur veut qu'on cache ; et elles peuvent satisfaire aux besoins de la nature, sans toucher ces parties, ce qui n'est pas -de même dans l'homme. De plus, la nature paraît avoir voulu ménager la pudeur de la femme, en cachant et renfermant en dedans, ce qui paraît au dehors dans l'homme. En un mot, la nature a donné à la femme plus de pudeur et plus de retenue qu'à l'homme. En effet, on a vu des femmes préférer une mort certaine, plutôt que de se montrer aux chirurgiens, pour être soulagées de leurs maux cachés. Et elles conservent ce prodigieux amour de la pudeur, jusqu'aux derniers moments de la vie, et même après la mort. Comme on remarque en celles qui ont péri dans l'eau : car, comme rapporte Pline, et comme on le remarque tous les jours, le cadavre d'une femme noyée nage sur le ventre, la nature ménageant encore la pudeur de la défunte: un homme noyé, au contraire, nage sur le dos. [9] IX. Propreté de la Femme. LA partie la plus noble dans le corps de l'homme est la tête, et surtout le visage. C'est ce qui le distingue des bêtes, et fait connaître que sa nature est divine. Mais cette tête est, dans l'homme, toute défigurée, lorsqu'il devient chauve, au lieu que la femme, par un bienfait de la nature, ne perd jamais ses cheveux. De plus, la barbe rend si difforme le visage des hommes, et les couvre de poils si sales et si vilains, qu'on les prendrait volontiers pour des bêtes. Les femmes, au contraire, ont toujours le visage net et agréable. C'est pour cela que la loi des douze tables défendait aux femmes de se raser le visage, de peur qu'en devenant couvert de barbe, la pudeur ne parût plus peinte sur leurs joues. Mais une preuve très évidente de la netteté et de la propreté de la femme, est qu'une femme qui s'est une fois bien lavée, a beau se laver dans de l'eau nouvelle, cette eau n'en est aucunement salie; au lieu qu'un homme, quel que soit le nombre de fois qu'il se soit lavé, trouble et salit toujours l'eau dans laquelle il se lave. De plus, le sang, dans l'homme, se purge de ses superfluités par son visage, qui est ce qu'il y a en lui de plus noble. Mais la nature y a pourvu avantageusement dans la femme. Cette purgation se fait, chez elle, dans des temps réglés et d'une manière fort secrète. La nature ayant permis à l'homme seul de diriger ses regards vers les cieux ; la femme, pour ne cesser de les contempler, tombe toujours sur le dos, lorsqu'il lui arrive de tomber, et elle ne tombe jamais autrement, à moins qu'elle ne le veuille. [10] X. Le Femme fournit le principal dans la génération. Conséquences de ce principe. NE voyons-nous pas encore que la nature a préféré la femme à l'homme, en donnant à celle-ci une plus grande part qu'à l'homme dans la génération ! cela est hors de doute, puisque, comme disent Galien et Avicenne, la semence de la femme est seule la matière et la nourriture de l'enfant qui commence à se former dans son sein; et que ce que l'homme donne n'est, dans ce premier projet du foetus, que comme un accident de substance. En effet, la principale fonction de la femme, comme l'attestent les lois, n'est-elle pas de donner au monde des enfants, et d'en avoir soin ? C'est pour cette raison que la plupart des enfants ressemblent à leurs mères; parce qu'ils sont tous faits de leur sang. Mais cette ressemblance qui se trouve le plus souvent du côté du corps, se fait toujours remarquer du côté des moeurs et des inclinations : car si les mères sont sans esprit, leurs enfants tiendront d'elles. Au contraire, si elles ont de l'esprit et de la sagesse, leurs enfants en auront aussi. Mais c'est tout le contraire dans les pères; car, le plus souvent, des pères pleins d'esprit auront des enfants qui en seront peu fournis : et des pères bébêtes auront des enfants fort spirituels ; pourvu que la mère soit bien censée. Et certes, la seule raison, pourquoi les mères ont plus d'amitié et de tendresse pour leurs enfants, que n'en ont les pères, c'est parce qu'elles sentent qu'ils tiennent plus de leur mère que de leur père. C'est, je crois, pour la même raison que nous sommes naturellement plus portés à aimer nos mères que nos pères; en sorte qu'il paraît que nous n'avons pour nos pères qu'une amitié respectueuse, tandis que nous aimons nos mères seules avec tendresse et ouverture de coeur. C'est encore pour ce sujet que la nature a donné tant de vertu au lait de la femme ; car il n'est pas seulement propre à nourrir ses enfants ; mais même il est capable de rendre la santé aux malades; et il suffit pour conserver la vie aux grandes personnes. Nous en trouvons un exemple dans Valère-Maxime. Une jeune fille, plébeïenne nourrit de son lait son père qui, sans cela, serait mort de faim dans la prison. A cause de cette belle action, le père obtint sa grâce; ils furent, l'un et l'autre, nourris aux dépens du Public, et leur prison fut transformée en un temple consacré à l'amitié filiale.