LECTURE : Francis BACON (1561 - 1626) distingue trois classes de philosophes Francis Bacon, Réfutation des systèmes philosophiques, ch. 8 : ... Inuenio enim tria genera apud Graecos eorum qui philosophiae cultores habiti sint. Primum erat sophistarum, qui per plurimas ciuitates instituta profectione, et per singulas mansitantes, adolescentes, recepta mercede, sapientia imbuere professi sunt ; quales fuere Gorgias, Protagoras, Hippias, quos Plato ubique exagitat, et fere in comoediae morem deridendos propinat. Neque enim hi rhetores tantum erant, aut orationum conscriptores, sed uniuersalem rerum notitiam sibi arrogabant. Secundum erat eorum qui maiore fastu et opinione, locis certis et sedibus fixis, scholas aperiebant, atque placita et sectam condentes aut excipientes, auditores, sectatores, successores insuper habebant. Ex quo genere erant Plato, Aristoteles, Zeno, Epicurus. Nam Pythagoras etiam auditores traxit, et sectam constituit; sed traditionum potius quam disputationum plenam, et, superstitioni quam philosophiae propiorem. Tertium autem genus erant eorum, qui remoto strepitu et pompa professoria, serio ueritatis inquisitioni et rerum contemplationi dediti, et (tanquam Endymion) solitarii et quasi sopiti, sibi philosophabantur ; aut adhibitis paucis (quibus idem amor erat) in colloquiorum suauitatem, destinata perfïciebant ; neque Galateae more, cuius usus in undis, disputationum procellis se oblectabant. Atque tales fuere Empedocles, Heraclitus, Democritus, Anaxagoras, Parmenides. Neque enim reperietis hos scholas aperuisse, sed tandem speculationes et inuenta sua in scripta redegisse, et posteris transmisisse. ... ... Voyons cependant d'abord à quelle classe de philosophes ils appartiennent; car je trouve trois divisions à faire entre ceux qui sont livrés à la profession de la philosophie. La première est celle des sophistes, qui en parcourant les cités et en séjournant dans chacune d'elles ont fait métier d'enseigner aux jeunes gens la sagesse, moyennant un salaire ; tels furent Gorgias, Protagoras et Hippias. Platon les attaque continuellement et les poursuit de ses railleries presque comiques; car ce n'étaient pas seulement des rhéteurs ou des écrivains de harangues, ils prétendaient encore à la connaissance universelle des choses. La seconde renferme ceux qui, avec plus de pompe et d'importance, ouvraient des écoles dans des lieux et des demeures fixes, qui fondaient des systèmes ou établissaient une secte, et avaient, en outre, des auditeurs, des sectateurs et des successeurs; de ce nombre étaient Platon, Aristote, Zénon et Épicure ; car Pythagore attira bien aussi des auditeurs et établit une secte, mais on trouvait plutôt dans sa doctrine des traditions que des discussions, et elle se rapprochait plus de la superstition que de la philosophie. A la troisième appartiennent ceux qui, loin du bruit et de l'éclat de la chaire, se livraient sérieusement à la recherche de la vérité et à la contemplation des choses, et qui, solitaires comme Endymion, et en quelque sorte assoupis, philosophaient pour eux-mêmes; ou bien ceux qui admettaient un petit cercle d'hommes pénétrés du même amour, et qui accomplissaient leur entreprise dans de doux entretiens; ceux enfin qui ne se plaisaient pas, comme Galathée, à se jouer dans les ondes, mais aimaient à se trouver dans les orages des discussions. Tels furent Empédocle, Héraclite, Démocrite, Anaxagore et Parménide; car on ne pourrait prouver que ces savants aient jamais ouvert des écoles; ils ont mis en écrit leurs spéculations et leurs découvertes, et les ont livrées à la postérité. ...