[0] AUSONE DE BORDEAUX ET DE BAZAS REMERCIE L'EMPEREUR GRATIEN POUR SON CONSULAT [1] — Je te rends grâce, empereur Auguste; si je le pouvais tu recevrais autant de moi. Mais ta situation ne demande pas de réciprocité et la mienne ne comporte pas la possibilité de m'acquitter. C'est aux particuliers à être généreux entre eux; de toi les bienfaits ont trop d'éminente majesté pour exiger qu'on les rende. Seule chose qui soit en mon pouvoir, je te rends grâce, mais comme on le fait devant Dieu, avec plus de sentiments que de paroles. Et ce n'est pas seulement en ce sanctuaire des décisions impériales, en ces lieux où une crainte muette et une terreur respectueuse te laissent rarement le même esprit et le même visage; c'est partout que je te rends grâce, dans mes silences et dans mes paroles, dans la foule ou seul avec moi-même, par ma voix en public et par la méditation dans l'isolement, dans tous les lieux, les actions, les états et les temps. Rien de surprenant à ce que je n'impose pas de bornes à l'expression de ma grattude, puisque tu ne sais mettre de limites à tes faveurs. Quel lieu ou quel jour ne me rappelle ce motif de reconnaissance ou d'autres semblables? Me rappelle? Langage de nonchalance ou d'impuissance ! En quel lieu, dis-je, le souvenir de tes bienfaits ne me remue-t-il pas, ne m'enflamme-t-il pas? Il n'en est aucun, dis-je, empereur Auguste qui n'imprime en moi l'image admirable de ta personne vénérée : ni ce palais, terrible quand tu l'as reçu, aimable grâce à toi; ni le forum et les basiliques, jadis pleins de tumultes et maintenant de voeux formés pour ton salut : car du sien qui, sous ton règne s'en préoccupe? ni la curie, heureuse maintenant de décrets qui lui font honneur, jadis attristée d'inquiétudes et de plaintes; ni la voie publique où la rencontre de tant de visages joyeux ne permet pas de félicitations individuelles; ni l'asile des foyers particuliers. Le lit même, fait pour le repos, a le souvenir de tes bienfaits pour augmenter sa tranquillité. Le sommeil qui abolit tout, présente ton image. Ce siège d'honneur, cette chaise curule, glorieuse par la parure de la bonté impériale, faîte où, de ma médiocrité, tu m'as haussé, toutes les fois où je songe à lui, me domine par sa grandeur et me réduit au silence, accablé que je suis, plus que chargé de tes bienfaits. Tu es présent partout et je ne suis plus surpris par l'audace des poètes qui ont dit l'univers plein de Dieu. L'espérance, tu la surpasses, les désirs, tu les préviens, les voeux, tu les combles d'avance, et cette promptitude presque divine de la pensée est devancée par l'arrivée de tes bienfaits. Tu es plus rapide à donner que nous à souhaiter. [2] — Je te rends donc grâce, ô le meilleur des empereurs. Si un critique attribue les répétitions de termes, si fréquentes en ce discours, à ma pauvreté oratoire, qu'il s'y essaie à son tour et il ne pourra rien produire de plus éloquent. En effet, grâces sont rendues ici non par flatterie pour la majesté de l'empereur, mais pour de bonnes raisons, à son courage : témoin en une seule année la pacification des frontières Danubienne et Rhénane; à sa libéralité : elle apparaît dans l'enrichissement de l'armée; à sa bonté : on la voit par la sécurité accordée à l'erreur humaine; à sa sagesse : elle se prouve par l'ordre qu'un tel prince a rétabli en Orient; à sa piété : de ce mérite donnent un magnifique témoignage un père recevant les honneurs divins, un frère, comme s'il était un fils, associé à l'empire, un oncle vengé après un désastre militaire, un fils, membre du collège préfectoral conjointement avec son père, un précepteur choisi pour le consulat. Je peux parcourir tous les titres que tes vertus t'ont donnés, que tantôt la fortune t'a accordés, que maintenant la protection divine te prépare : qu'on t'appelle le Germanique à cause de la reddition des barbares, 1'Alamanique, pour l'incorporation des prisonniers dans notre armée, pour ta victoire et pour ta mansuétude, le Sarmatique; je pourrais joindre tous les mérites de ta personne à toutes les appellations de tes succès : mais c'est un autre sujet à traiter spécialement, le jour où je voudrai, nettement et brièvement, indiquer sans développement tout ce que je sais; de même on embrasse le monde entier dans la surface d'une seule carte, aux dépens de la grandeur, sans dommage pour la vérité. Maintenant, comme le comporte cette journée, je te rendrai grâce pour mon consulat. Cependant mes autres dignités accourent aussi à ma pensée, éclatent en paroles de gratitude et prétendent s'acquitter les premières. Que d'honneurs entassés sur le titre de comte pour tes progrès ! A cause de ton mérite, sous ton règne comme sous celui de ton père, la questure, et, bienfait de toi seul, cette préfecture qui ne veut pas les remerciements d'un seul et que tu as été plus généreux de partager que de laisser entière : puisque nous l'occupons à deux dans son intégralité, ni l'un ni l'autre ne la désire divisée. [3] — Mais ces honneurs, comme tout à l'heure je l'ai promis, te rendront à leur tour leurs devoirs particuliers. Ici mon consulat te prie et te supplie de bien vouloir agréer toi seul l'hommage de celui que pour cette dignité tu as préféré à tous. Que de degrés encore il a lui-même trouvés ! Associé comme collègue dans cette dignité à un personnage illustre, mais proclamé le premier, consul, empereur Auguste, par ta faveur, je n'ai point eu à subir les barrières, le Champ-de-Mars, le scrutin, les points, les pièces de monnaie; je n'ai point serré de mains et, pendant les salutations, l'arrivée d'un autre candidat ne m'a pas troublé ni ne m'a fait oublier les noms des mes partisans ou leur en donner d'autres; je n'ai point visité de tribus, flatté de centuries, tremblé à l'appel des classes, déposé rien chez le séquestre, conclu d'accord avec un distributeur. Peuple romain, Champ-de-Mars, ordre équestre, tribune, enclos, sénat, curie, Gratien à lui seul a été tout pour moi. J'ai droit, grand Auguste, d'affirmer, avec les égards dus à la considération de tous ceux qui à divers titres sont parvenus et parviendront à cette dignité (chacun en effet a son esprit, sa valeur et une intelligence consciente d'elle-même), j'ai droit, dis-je, d'affirmer que mon cas est exceptionnel. Certains sont torturés par la stérilité de leurs voeux : je n'ai rien souhaité; certains pratiquent l'intrigue : je n'ai rien brigué; certains profitent de leurs sollicitations : je n'ai forcé personne; certains sont poussés par une occasion : j'étais loin; certains s'aident de leurs richesses : les règles de notre temps s'y opposent; je n'ai rien acheté, et je ne peux même pas faire parade de mon intégrité car je n'en ai pas eu. Sur un seul point j'ai essayé de me distinguer, et de cela je ne puis me prévaloir : c'est ton opinion en effet qui a jugé si j'étais digne. [4] — Tu as fait et tu feras encore d'autres consuls, pieux Gratien, mais pour des raisons diverses : des hommes parés de la gloire militaire : ils sont en effet associés toujours à tes fatigues, le plus souvent à ta dignité, collègues en courage avant de l'être en honneurs; des hommes de noblesse antique : on accorde en effet beaucoup au nom et la naissance sert de mérite; des hommes d'une fidélité notoire et connus par leurs services : quoi que je me range parmi eux, j'ai, sur la route qui mène aux honneurs, procédé autrement. Voici un quatrième degré que tu ajoutes, Auguste, par ton dernier bienfait : tu t'es retardé pour glorifier un autre; tu as attribué tes qualités intellectuelles à une supériorité étrangère; tu as tourné cette éducation naturelle dont tu es redevable à Dieu, à ton père et à toi, au profit d'un maître avec plus de reconnaissance que d'exactitude. Voici les termes de ta lettre : « Tu payais ce que tu devais et tu devais encore ce que tu payais. » Quel reflet d'une âme d'or que cette parole ! Que ton cœur pur parle un savoureux langage ! Qui si modestement a fait valoir un bienfait? Qui impute tout le prix d'une faveur à la grandeur du mérite d'autrui? Qui enfin par bonté, comme s'il s'agissait d'une obligation, préfère s'acquitter que donner? Qu'ils s'essaient à une telle pensée, ces vieux orateurs d'Homère, et Ménélas, si fin dans le déroulement de son discours, et le roi d'Ithaque pareil à une grêle dense, et Nestor, vieux de trois générations, et dont l'éloquence était arrosée de miel! Le premier ne s'exprimera pas plus justement, quoique ramassé dans sa brièveté laconienne; le second plus vigoureusement, quoique expert à fondre les idées et les mots; le troisième plus aimablement quoique l'aménité de sa parole persuadât plus par la grâce que par la force. Tu payes, dis-tu, une dette et tu resteras débiteur après avoir payé. Jeune Auguste, puisse le maître du ciel et du genre humain t'accorder, puisque, supérieur aux anciens, tu les as surpassés par l'élégance de cette phrase, de vaincre encore chacun d'eux sur son propre terrain, Ménélas en royale majesté, Ulysse en sagesse, Nestor en vieillesse ! [5] — On m'objectera : « cela sans doute, tu l'as obtenu, mais, parle, par quel mérite? » Pourquoi m'accabler par cette question? Personne ne rend compte de sa chance. Dieu et le premier après Dieu distribuent leurs présents en silence et à leur gré, s'indignent que leurs bienfaits passent par les jugements humains et préfèrent accomplir un miracle. « Par quel mérite », dira-t-on. Aucun, à ma connaissance, sauf que toi, pieux empereur, te dis mon obligé; or cette obligation s'étend très loin, soit que tu l'estimes comme une rétribution de ton éducation, soit que, sans idée de rétribution, tu te fasses gloire d'une libéralité, soit que tu t'affranchisses du poids d'un engagement pris, sois que tu payes une dette de ton père, soit que, divinement magnanime, toute ostentation bannie, tu imites la générosité de Dieu. Tu parles de dette. Envers qui? quand? à quel titre? Lis-moi le libellé de l'engagement, nomme le créancier; comparons le doit et l'avoir sur le registre : tu verras le compte passer à un autre. C'est envers toi que Dieu commence à être débiteur, au lieu de nous. Mais que me doit ta gratitude impériale? Ton humanité permet, en dehors de ses vertus royales, la louange à titre privé. Que me dois-tu? Au contraire, que ne te dois-je pas? Est-ce pour mon enseignement? Je peux avec plus de vérité rétorquer que tu m'as jugé digne d'être ton professeur; que, avant tant de personnages supérieurs en talent et en savoir, ton estime est descendue à moi; tu voulais ainsi qu'un homme, déjà au déclin d'un âge avancé eût ta bonté pour le pousser en hâte par tous les degrés des honneurs; et tu semblais craindre que la vie ne me manquât alors qu'il te resterait encore une possibilité de t'acquitter. [6] — Cicéron a dit, après son consulat, qu'il n'avait plus rien à désirer. Mais moi, consul et vieux, j'avouerai que j'ai encore une passion. Je souhaite te voir plus souvent, Gratien, dans cette magistrature, pour que, à toi seul tu réunisses les six consulats de Val. Corvinus, les sept de Marius, les treize de cet Auguste appelé comme toi. Ton âge et ton destin te permettent davantage ; mais si je dis un chiffre trop modeste, c'est que tu as trop de générosité en tes présents. Tu te prives en effet souvent de cet honneur pour en gratifier les autres. Tu sais en effet, empereur très instruit (encore un éloge d'une vertu privée), tu sais, dis-je, les dix-sept consulats de Domitien que, par envie pour l'élévation des autres, il conserva sans interruption; il fit ainsi rire de cette avidité, si bien que cette page de ses Fastes, ou plutôt de son fastidieux règne, lui donna de l'orgueil mais ne put lui procurer le bonheur. Si un prince, à l'égard de cette dignité, doit avoir cette réserve discrète et « d'or » comme on dit, comment les hommes de condition privée, et les sages, et les vieillards, ne seraient-ils pas tenus pour eux-mêmes, à la modération? Pour ma part, en ce qui touche les honneurs, mes voeux eux-mêmes sont comblés. Mais toi, empereur très bon, très pieux, toi qui te fatigues non d'être libéral, mais par instants de ne plus l'être; toi, dis-je, généreux Gratien, tu es prompt par nature au bienfait et tu trouveras encore à ajouter à mon titre. Tu trouveras? Ainsi, tous l'ont compris, ainsi tu m'as attribué le premier rang, ainsi tu es ami de Dieu, car ce que nous souhaitons nous l'avons obtenu, et ce que nous ne souhaitons pas encore nous arrive. [7] — Derechef on ajoutera ou en paroles, librement, ou en pensée, plus librement encore : est-ce qu'autrefois et parmi les Anciens il n'y a pas eu quantité de maîtres de ton genre? Es-tu le seul précepteur d'un Auguste? Nullement; mais si je me confonds avec beaucoup d'autres par la fonction, je me distingue de presque tous par les faits. Je ne veux pas malmener mes collègues, contemporains de Constantin : ils instruisaient des Césars. Je remonterai plus haut. Sénèque, riche, sans toutefois avoir été consul, sera blâmé plutôt que loué, pour avoir, au lieu de former le caractère, armé la cruauté de Néron. Quintilien, en obtenant par Clémens les distinctions attachées au consulat, semble avoir possédé un titre honorifique plus que les insignes du pouvoir. De même Titianus, professeur mais illustre, celui-là, passa de l'école municipale de Besançon à celle de Lyon, vieillit moins par les années que par l'oubli. Le seul précédent que j'admette est celui de Fronton; ce maître d'un Auguste fut honoré du consulat, sans être investi d'une préfecture. Mais de quel consulat? Placé après le consul ordinaire, intercalé pour deux mois, terminé avec la sixième partie d'une année, de sorte qu'il nous reste à rechercher sous quels consuls ce grand orateur exerça son consulat. Mais voici encore une objection : « Est-ce donc au niveau d'un tel orateur que tu as la prétention de te hisser? » A pareille demande ma réponse sera brève : je ne me compare pas à Fronton, mais au-dessus d'Antonin je range Gratien. Ces journées consulaires se célèbrent avec pompe partout, dans toutes les villes soumises à nos lois, à Rome par tradition, à Constantinople par imitation, à Antioche par faste, comme à Carthage, la relâchée, et à Alexandrie, ce présent d'un grand fleuve; mais à Trèves elles le sont par le bienfait du prince et puis en présence même du bienfaiteur. Les lieux sont éloignés, les voeux s'accordent. Le seul nom qui soit dans toutes les bouches est celui de Gratien, empereur par la puissance, vainqueur par la bravoure, Auguste par la sainteté, pontife par la religion, père par la bonté, fils par la jeunesse, l'un et l'autre par la piété. [8] — Je ne peux pour me recommander, montrer les images de mes ancêtres, comme dans Salluste dit Marius, invoquer une race issue de héros ou une origine divine, ni des richesses inconnues et des domaines épars dans plusieurs royaumes; mais ce qui est notoire, je puis le dire, sinon l'exalter : une patrie qui n'est pas obscure, une famille dont on n'a pas à rougir, une maison honnête, une honnêteté naturelle, une aisance petite, augmentée pourtant par les livres et les lettres, une frugalité sans ladrerie, un caractère libéral, une âme également libérale, et, dans ma table, mes vêtements, mon mobilier, une propreté sans faste; que l'on veuille bien me comparer aux consuls de jadis (exception faite des vertus guerrières qu'il y avait alors), on me refuserait l'opulence sans me dénier l'activité. Mais puisque dans cette action de grâces, je suis depuis longtemps accablé sous mon sujet, à toi, Gratien, de venir au secours de ma harangue. Toi, Gratien, héritier grâce au hasard d'un nom tel que nul flatteur n'en rechercherait un plus exact — moins justement en effet Métellus fut surnommé le Pieux pour avoir rappelé son père de l'exil alors qu'il aurait été impie de l'y laisser; moins exactement Sylla fut appelé l'Heureux, car il avait été plus heureux auparavant, contrairement à toi, Gratien, qui as ce nom et par surcroît les surnoms de Métellus et de Sylla — toi, dis-je, Gratien, qui n'as pas mérité ton nom à cause d'actions particulières, mais par une bonté constante en ses bienfaits; toi à qui, s'il ne te venait de ton aïeul, tous le donneraient; toi, dis-je, rends grâce à toi-même, au lieu de moi, toi et tes vertus : ta bonté qui se répand sur tous et toujours sur moi; ta piété, avec laquelle tu gouvernes cet univers qui t'appartient, que tu prouves en vengeant ton oncle, que tu portes au comble en protégeant ton frère, que tu multiplies en honorant ton précepteur. Qu'elles te rendent grâce, ta clémence, que tu dispenses au genre humain; ta libéralité qui enrichit tout le monde; ce courage qui te donne la victoire et cette âme d'or que tu dois au Dieu de tous plus que quiconque. Qu'elles te rendent grâce à ma place les voix de toutes les Gaules, dont j'ai eu par ta générosité l'honneur d'être le préfet. Je vais plus loin, puisque tu te dis en cela mon débiteur : qu'elle te rende grâce, elle qui en est la plus capable, cette voix que j'ai instruite. [9] — Mais depuis longtemps, avec au coeur une gratitude égale à l'insuffisance de mon talent, je suis, comme je l'ai dit plus haut, accablé par mon sujet et je n'ai pas encore effleuré ce que le moins disert, à moins d'être aussi le plus impie, n'oserait pas taire, les faits éminents en gloire et attestés par l'allégresse générale; comme ils surpassent mes facultés oratoires, j'hésite à les aborder, par crainte ou d'être accusé d'ingratitude ou d'être convaincu de témérité; pourtant puisqu'il me faut courir l'un des deux risques, j'aime mieux faire incriminer ma hardiesse que ma mauvaise volonté. Toi, Auguste vénéré, pris dans une grande guerre, assailli par tous les milliers de Barbares qui couvrent les rivages du Danube, tu tiens, sous les armes, les comices de mon consulat. Les dira-t-on par tribus parce qu'ils ont lieu à Sirmium? ou, parce qu'ils ont lieu pendant des opérations militaires, centuriates? ou les nommera-t-on, comme jadis, pontificaux, parce qu'ils se règlent sans vote d'électeurs dans un collège de prêtres? Donnons-leur ce nom, ce nom de préférence, puisque tu les as tenus comme grand pontife avec Dieu pour collaborateur. Ce n'est pas, pieux empereur, invention de mon esprit; ce sont les termes de ta lettre : par eux tu grandis à mes yeux l'autorité de la puissance divine et de ta volonté. Voici en effet ton texte : « J'avais à nommer les consuls pour l'année et j'y réfléchissais seul avec moi-même; comme tu me connais, comme je le devais, et comme je savais que c'était ton désir, j'ai pris conseil de Dieu. Obéissant à son inspiration, je t'ai désigné et proclamé consul et je t'ai nommé le premier. » Quel discours offre un ordre plus lumineux? Quel enseignement serait si attentif à employer les termes spéciaux des comices et à ne pas mêler au vocabulaire des antiques institutions des expressions étrangères? Loin de nous maintenant les classes du peuple, les tribus urbaines prérogatives, et les centuries appelées de droit ! Quels comices plus complets que ceux auxquels Dieu a fourni le conseil et l'empereur l'exécution? [10] — A présent, pieux empereur, pour ne pas offenser la grandeur de cet auditoire sacré par une interprétation même timide de tes paroles, je parcours, au prix, oh ! d'un léger sacrilège, les termes dont a usé ta divinité. « J'avais à nommer des consuls pour l'année », dis-tu : parole savante et préoccupation solennelle ! « J'y réfléchissais seul avec moi-même. » Profondeur d'un secret intime ! Tu as donc un conseiller sans redouter un traître. « Comme tu me connais. » Quoi de plus familier? « comme je le devais » de plus ferme? comme je savais que c'était ton désir » de plus obligeant? « J'ai pris conseil de Dieu » Comment es-tu seul, puisque tu disposes d'un si haut conseil? Aurais-tu délibéré plus parfaitement avec le sénat, l'ordre équestre, la plèbe romaine, ton armée et toutes les provinces? « J'ai pris conseil de Dieu » non, je suppose, pour adopter une décision nouvelle, mais pour sanctifier ta volonté. "Obéissant à son inspiration » oui, comme pour la consécration de ton père, la vengeance de ton oncle, l'association de ton frère à l'empire. « Je t'ai désigné et proclamé consul et je t'ai nommé le premier » : qui t'a enseigné ce langage? Pour moi, je n'en sais pas de plus propre et de plus latin. « Désigné, proclamé, nommé le premier » : ce ne sont pas mots mis au hasard. Il y a des pauses et une gradation bien marquée dans cette mûre réflexion. Si sur toutes les colonnes et sur tous les por- tiques où elle pourrait être lue facilement, je fais afficher comme un édit cette lettre, ne serai-je pas gratifié d'autant de statues qu'il y aurait de pages? [11] — Mais je passe vite à un sujet qui m'est plus doux. Laissant la partie de la lettre qui m'était destinée, tu as daigné encore chercher quelle trabée m'envoyer. Tu as tourmenté par tes insistances tout le ministère de tes largesses. N'est-elle pas à nies yeux plus précieuse que le consulat cette pensée si attentive de ta part, cette pensée si heureuse pour moi? En Illyrie, c'est le choc des armes; toi tu dispenses pour moi à travers les Gaules les insignes des dignités civiles; sous ta cuirasse, tu t'occupes de ma toge; en tenue militaire et tout près de livrer bataille, tu répartis les broderies d'un vêtement orné de palmes : chance heureuse et bon présage ! Si en effet cette robe est pendant la paix celle du consul, elle est, après la victoire, celle du triomphateur. Il ne te suffit pas de demander quelle trabée on m'expédiera : tu te la fais présenter. Tu n'es pas satisfait que les ministres de tes largesses suivent la tradition : tu choisis toi-même entre beaucoup et, ton choix fait, tu ajoutes à ton cadeau l'honneur de tes paroles. « Je l'ai envoyé », dis-tu, « une toge à palmes où l'image de feu l'empereur Constance notre père est brodée. » Quel bonheur que tant de soins soient pris pour mes insignes ! Il est, ce vêtement, il est parfaitement brodé, comme on dit, moins par ses fils d'or que par tes paroles. Mais je vois dans ton présent une parure bien plus grande. Deux fois dans une seule étoffe rayonne le mot d'Auguste. Constance est tissé sur la trame, Gratien se sent dans l'honneur du cadeau. [12] — Au poids de ce bienfait s'ajoute celui de certaines questions. Comme on te demandait lequel des deux consuls tu nommais le premier, « Aucune hésitation », as-tu répondu, et les meilleurs de ton entourage ne pouvaient hésiter. Cependant le mot avait excité l'attention de ceux qui se plaisaient à croire mon très distingué collègue, alors présent par hasard, désigné avant moi. Ils te harcelaient par leurs questions sur ce qu'ils pensaient avoir deviné. Mais toi, comme on me l'a raconté, avec ta réserve bien connue, tu as un peu hésité, non par incertitude sur ta décision, mais pour condamner par ton visage et ta rougeur les doutes de ceux qui flattaient leur sympathie par une compréhension erronée de tes paroles. Puis tout de suite tu as ajouté : « Pourquoi me demander pour les deux consuls désignés le rang de nomination? En est-il un autre que celui fixé par la préfecture? » Heureuse retenue qui te fait trouver si à propos cette raison offîcielle ! Tu savais, Gratien, une autre réponse à faire; mais, pour ne blesser personne, tu t'es abstenu. Ceci est pour moi un écueil et, à cause de cette gloire que je n'ai jamais ambitionnée, je dois l'éviter. Puisque j'ai été proclamé le premier, il me suffit de ton jugement : loin de moi les interprètes du mérite ! Mais pour mon compte, saint empereur, je ne prends pas pour un mince bienfait mon rang de nomination. Cette gloire n'a pas été inconnue à Cicéron : « J'ai été, a-t-il dit, par la volonté du peuple romain, premier préteur et le premier des deux consuls. » Cette phrase montre qu'il lui paraissait plus honorable d'être préféré à un seul qu'à plusieurs. Il n'y a sans doute aucune honte à être le second, mais c'est une grande gloire d'être, sur deux, le préféré. [13] — On rapporte ce mot d'Alexandre de Macédoine. Il lisait dans Homère les vers où, après le défi d'Hector, on décide de faire désigner par le sort un des neuf chefs désireux de combattre, et où, dans l'émotion de ses voeux opposés, toute l'armée implore Jupiter très bon, très grand de laisser sortir le nom d'Ajax ou du fils de Tydée, ou du roi de la riche Mycènes, Agamemnon. « Je tuerais », s'écria-t-il, « qui me nommerait le troisième. » O grande âme d'un brave ! Etre nommé le troisième sur neuf le révoltait; pourtant il en avait plus derrière que devant lui. Quelle humiliation il eut subie d'être le second sur deux ! Car avec ce nombre le choix est plus malaisé et plus flatteur. Quand, sur la totalité des hommes deux ont été distingués pour le consulat, celui qui est préféré à l'autre l'emporte non sur un seul mais sur tous. Maintenant je sais que les oreilles de cet auditoire attendent et je comprends que tous les visages trahissent le désir conçu par tous les coeurs. Dans l'opinion de tous, après avoir effleuré sommairement ce qui concerne mon action de grâces et avoir, comme on dit, usé d'un fil plus mince, je dois aborder un peu l'éloge de ta majesté. J'ai dit que j'avais écarté ce sujet et que je le réservais pour un autre temps; néanmoins on m'engage à y toucher quelque peu, du geste et presque de la voix. Je le ferai donc, puisqu'on m'y contraint et que je ne demande pas mieux; mais laissant les détails trop élevés, j'en rappellerai de plus bas sans espoir de combler la mesure et je ferai ainsi comprendre à tous que l'éloge de ta vie intime doit demander à moi des renseignements, à d'autres un haut jugement. Ce n'est pas l'exceptionnel, c'est le quotidien que je traiterai. [14] — Aucune journée depuis ton adolescence ne s'est passée pour toi sans une adoration à la puissance divine, sans voeu pour t'engager à elle et sans son exécution rapide, les mains nettes, l'âme pure, la conscience sans tache, et, chose rare, le coeur sincère. Qui eut jamais sortie de meilleur augure, démarche plus modeste, façon d'être plus réservée, la tenue plus décente dans le privé, plus militaire sous les armes? Dans les exercices physiques, qui mena une course si rapide? Qui dans la lutte eut plus de souplesse à se dégager? Qui se ramassa pour sauter si haut? Personne ne détendit mieux son bras pour jeter le javelot; personne ne lança aussi vite plus de flèches et n'atteignit plus sûrement le but. Nous nous étonnions qu'un poète eût appelé les Numides « sans freins », qu'un autre, d'après ses propres observations, appelât le fouet, en équitation, le maître de la fuite et le maître de l'arrêt. Cela me semblait obscur à la lecture : je l'ai compris à te voir tendre l'arc en lâchant la bride, exciter avec le fouet l'allure trop lente de ton cheval, et avec le fouet encore réprimer sa fougue. Ceux qui passent pour te l'avoir enseigné ne le font pas; bien plus, ceux qui passent pour te l'avoir enseigné l'apprennent maintenant de toi. A table, quel prêtre a plus d'abstinence rituelle? Pour le vin, quel vieillard aux repas a plus de tempérance? L'intimité de tes appartements égale en sainteté l'autel de Vesta, le lit du pontife n'a pas plus de chasteté, la couche du flamine a moins de pudeur. Dans les devoirs de l'amitié, je ne dis pas que tu rends : tu préviens et toutes les fois où nos respects te devancent, tu rougis avec cette pudeur obligeante que nous devrions ressentir quand l'empereur a pris les devants. En ce lieu que nous appelons selon l'usage ton consistoire et qui pour moi est ton sanctuaire, jamais personne, dans le passé n'a préparé plus sérieusement ce qu'il avait à dire, n'a disposé plus adroitement ce qu'il avait préparé, n'a plus mûrement développé ce qu'il avait ainsi disposé. [15] — Je parlerais un peu de tes qualités oratoires si je ne craignais de faire mon propre éloge. Sulpicius n'a pas eu plus de force en ses discours, l'aîné des Gracques une modération plus persuasive, ton père plus de poids dans son autorité. Quel ton a ta voix, quand tu t'animes en parlant ! Quelle souplesse elle a quand tu t'adoucis ! dans quelle moyenne elle se tient lorsque tu passes de l'un à l'autre ! Agrément dans la gaîté, élégance dans la diction, concision dans la controverse, richesse dans la concision, quel orateur a montré plus que toi ces mérites dans ses discours ou, chose pourtant aisée, dans ses pensées? Je voudrais te voir, par un miracle, ô Athénien Xénophon, revenir parmi nous, toi qui, pour énumérer les vertus de Cyrus, as développé ton idéal plus que l'histoire, car tu disais non ce qu'avait été ton héros, mais ce qu'il aurait dû être. Si tu reparaissais en notre époque, tu reconnaîtrais en notre Gratien ce que tu n'avais pas vu mais souhaité en ton Cyrus. Tous ces mérites ressortent grâce à certains points marqués par moi; si mon talent répondait à ma bonne volonté, je les développerais, malgré une ampleur insuffisante, car la grandeur du sujet apporterait la richesse à mon style. Mais ils ne conviennent ni à ce jour ni à mon sujet. Vous qui ferez le panégyrique de notre prince, vous avez ici comme les graines à semer sur le terrain de vos harangues. Pour moi, je ne les ai qu'effleurés et, tous le savent, interprète confidentiel de son intimité, je peux paraître moins vanter que trahir ces détails personnels. Si j'ai parlé de ce qui est connu de moi et des familiers de sa cour, je pourrais rappeler aussi ce qui l'a illustré au dehors, si tous et chacun en particulier n'étaient au courant de tout. Je pourrais dire aussi brièvement que plus haut : « Le propre d'un homme accompli est de ne rien faire dont il puisse rougir. » Mais jamais tu n'as eu à te repentir de tes actes, et toujours tu as pardonné au repentir. « Il est beau d'être doux à qui craint » : or la constante bonté de tes édits a prévenu toute crainte. « Il y a de la magnificence à donner des honneurs » : or aux honneurs tu as joint la générosité qui enrichit. « Il est louable à un empereur d'offrir un accès facile aux audiences et de ne pas se retrancher derrière ses occupations » : or tu rassures qui hésite à s'approcher et, après avoir entendu complètement les doléances, tu interroges toi-même, de peur que tout n'ait pas été dit. [16] — Il est un mot célèbre de Titus César : « Il avait perdu la journée où il n'avait fait aucun bien »; mais sa célébrité vient de ce qu'il était prononcé par le successeur de ce Vespasien dont l'excessive parcimonie et l'austérité à peine supportable faisaient admirer la douceur de son fils. Toi dont le père Valentinien eut une haute bonté, une courtoisie prévenante, une sévérité sans excès, tu comprends que, dans l'excellente situation donnée avec tant de stabilité à l'Etat, tu peux montrer beaucoup de douceur sans préjudice pour l'ordre. Mais tu ne te bornes pas à un bienfait par jour : tu multiplies d'éminentes faveurs à tous les instants de chaque heure. Que dire seulement de cette remise des impôts en retard? Quel comble de bonté dans cette mesure ! Quel empereur l'a jamais accordée à ses provinces avec plus de générosité dans l'indulgence, l'a considérée avec plus de certitude en sa sécurité, l'a fortifiée avec plus de réflexion dans sa sagesse? Trajan aussi l'avait fait autrefois, mais en exceptant une partie, il causa moins de joie pour la portion de la dette abandonnée qu'il ne laissa d'amertume pour le reliquat à payer. Antonin aussi avait eu cette indulgence; mais l'héritier de son empire, et non de sa bienfaisance, fut mécontent et sur le vu des pièces comptables et des registres, redemanda ce qui avait été donné au peuple. Au contraire, par ton ordre, toutes les preuves qui justifiaient des réclamations furent brûlées publiquement. Chacune sur sa place publique, toutes les cités ont vu les flammes de cet heureux incendie. Ainsi brûlaient les racines des fraudes passées; ainsi brûlaient les graines des fraudes futures. Déjà la cendre s'était mélangée à la poussière; déjà les volutes de fumée atteignaient les nuages; cependant les débiteurs, sur les pages consumées, voyaient encore, en évaluant leurs faibles ressources, les traits des lettres et l'indication des sesterces, car ce qu'ils se rappelaient avoir lu, ils craignaient qu'on pût le lire encore. Qui peut, empereur Auguste, te surpasser en humanité? qui en sagesse? Les biens que tu distribues, grâce à ton action, durent; les maux que tu détruis, grâce à ta prévoyance, ne reviennent plus. Voilà les biens prodigués aux provinces par ta bonté. Et à notre ordre? et à l'armée? Les Antonins et, avant eux, les Germanicus, sont connus pour leur affectueuse familiarité envers la cohorte de leurs amis et envers les légions. Mais je ne veux pas exalter ta bienveillance par des comparaisons. En toi abondent les exemples de bonté et de vertu, tels que l'avenir désirera les suivre et que, supposition irréalisable, l'antiquité eût voulu les revendiquer pour elle. [17] — Cependant une comparaison s'impose pour faire comprendre la supériorité de notre bonheur. Quand ses amis étaient malades, Trajan les visitait : courtoisie louable voilà tout. Toi tu les visites, mais encore tu les soignes, tu leur fournis des serviteurs, tu leur fais préparer des plats, tu leur procures des fortifiants, tu ajoutes de l'argent pour les remèdes, tu les consoles dans leurs souffrances, tu les complimentes dans leur convalescence. Sur combien de voies t'a conduit cette unique marque de son humanité ! Si une légion quelconque, chose commune en guerre, avait éprouvé quelque revers, je t'ai vu faire le tour des tentes, demander si « tout allait bien », palper les plaies des blessés, ordonner que des médicaments efficaces fussent apportés, et cela sans délai. J'en ai vu qui avaient pris en dégoût les aliments et qui, sur ton insistance, mangeaient. Je t'ai entendu dire les paroles qui réconfortent et prévenir les désirs de chacun; tu mettais le bagage des uns sur les mules de la cour; tu fournissais aux autres des chevaux spéciaux; tu remplaçais pour les autres les valets perdus; tu secourais à tes frais la pauvreté des uns, tu revêtais la nudité des autres; et tu faisais tout infatigablement et charitablement, avec une extrême piété, sans ostentation; tu donnais tout aux malades, tu ne récriminais pas avec les guéris. Aussi as-tu mérité de devenir pour nous tous plus cher que notre propre vie et d'avoir des amis officieux, empressés dévoués, fidèles, capables de rester tels toujours, comme en acquiert l'affection et non la fortune. [18] — Je vais à présent terminer mon discours, pieux Auguste, car je suis à la fin de mes forces sinon de ma reconnaissance. Elle est en effet éternelle et sa durée infinie ignore les bornes. Cependant par un bref détour qui ne m'écarte pas de toi, je me tournerai vers Dieu. Eternel créateur de l'univers, incréé toi-mème, ouvrier et cause du monde, antérieur à son commencement, plus durable que sa fin, toi qui t'es construit des temples et des autels au fond des âmes initiées, tu as jeté en Gratien, ce maître de l'empire terrestre, de telles semences d'affection pour moi que, sans se laisser retarder par notre séparation, il s'est souvenu de moi demeuré sans lui, il m'a honoré à distance, il m'a préféré à son entourage. Ensuite, empêché par l'éloignement d'assister au commencement de ma magistrature, il est accouru à la cérémonie qui en marquait le terme, pour compléter ses bienfaits par un acte de courtoisie. Quelle tradition antique en effet a évoqué un trajet d'une telle rapidité, même dans les hardiesses de la mythologie grecque? Pégase ailé, prenant son essor en Lycie, ne dépassa point la Cilicie. Cyllarus et Arion vieillirent entre Argos et Némée. Même les chevaux de Castor, dans leur long itinéraire, n'achèvent leur parcours qu'en changeant de conducteur. Toi, Gratien, à travers les frontières de l'empire romain, à travers tant de fleuves et de lacs, à travers les barrières de tant d'anciens royaumes, depuis la Thrace et le long des rivages Illyriens, tu voles jusqu'à la Vénétie, la Ligurie, la vieille Gaule, le sol infranchissable de la Rhétie, Ies gués du Rhin, le pays difficile des Séquanes, les étendues plates de la Germanie; tu as plus de vitesse dans ta course que ma parole dans son débit, sans le repos d'une halte, sans même le réconfort complet du sommeil ou de la table, et cela pour éblouir tes Gaules, qui ne t'attendaient pas, pour devancer ton consul qui pourtant t'espérait, pour précéder même cette renommée plus rapide que les vents. Tel est le présent que ma vieillesse, que ma magistrature ont reçu de toi. Avec la permission de ce Dieu, suprême confident, arbitre et auteur de ton règne et de tes pensées, ma chaise curule, à qui tu feras souvent l'honneur de l'occuper, ma prétexte, qu'éclaire l'éclat de ta pourpre, ma trabée, splendide moins par ses fils d'or que par ta générosité et ennoblie par ta flatteuse lettre d'Illyrie, ont dans les Gaules reçu de toi un surcroît d'illustration; et ainsi ton questeur, le préfet de ton prétoire, ton consul, et, titre préféré par toi à tous les autres, ton précepteur, que tu avais désigné de ta pieuse voix, nommé le premier à juste raison, enrichi par les bienfaits de ta libéralité, a obtenu la consécration de tes attentions impériales.