[7,0] LIVRE VII. [7,1] CHAPITRE PREMIER. 1 581a Quant à la naissance et à la vie de l'homme, d'abord dans le sein de la femme, et quant à sa vie postérieure jusqu'à la vieillesse, avec tous les phénomènes que présente sa nature particulière, voici ce qu'il en est. Déjà nous avons expliqué les différences qui séparent le sexe mâle et le sexe femelle, et nous avons décrit leurs organes. 2 En général, le mâle commence à avoir de la liqueur séminale vers l'âge de deux fois sept ans accomplis. C'est aussi à ce moment que commence à pousser le poil de la puberté, de même que les plantes fleurissent avant de porter leur semence, comme le dit Alcméon de Crotone. Vers la même époque, la voix également commence à muer, pour devenir plus rauque et plus inégale; elle n'est plus aiguë, et elle n'est pas encore grave. Elle n'est pas non plus uniforme, et l'on dirait qu'elle est ce que sont les cordes détendues et durcies. C'est ce qu'on appelle chevroter. 3 Cette altération est plus marquée chez les jeunes gens qui essayent les plaisirs de l'amour ; car ceux qui s'y livrent par anticipation prennent la voix des hommes faits. L'effet est contraire pour ceux qui savent s'abstenir; et si l'on sait faciliter la résistance par certains soins que prennent quelques musiciens fort occupés de leur art, la voix reste ce qu'elle est assez tard, et le changement en est à peu près nul. 4 Les mamelles se gonflent, ainsi que les parties génitales, qui non seulement se développent, mais qui changent de forme. Vers le même temps, se produit un autre phénomène, c'est que, quand on essaye de provoquer l'émission du sperme, on éprouve non pas uniquement du plaisir quand il sort, mais aussi de la souffrance. 5 C'est encore dans ce même temps que chez les filles, les mamelles se gonflent, et que ce qu'on appelle 582 les menstrues fait éruption ; le sang qui sort ressemble à celui d'un animal qui vient d'être tué. Des menstrues de couleur blanche se produisent parfois chez les filles qui sont encore tout enfants ; et plus particulièrement, quand leur nourriture est trop aqueuse. Ces pertes empêchent les enfants de grandir et les maigrissent beaucoup. 6 Pour la plupart des jeunes filles, les menstrues commencent quand les mamelles s'élèvent déjà de deux doigts. La voix des filles devient plus grave aussi vers cette même époque. En général, la femme a la voix plus aiguë que l'homme; les jeunes l'ont plus aiguë que les vieilles, de même que les enfants, plus que les hommes. La voix des enfants du sexe féminin est plus aiguë que celle des enfants mâles ; et le larynx des petites filles est plus étroit que celui des garçons. 7 C'est surtout à ce moment qu'il convient de les veiller avec la plus grande attention ; car c'est au temps où les menstrues débutent que les jeunes filles éprouvent les plus vifs désirs des jouissances sensuelles. Par suite, si l'on n'a pas bien soin d'empêcher qu'il ne se passe alors rien de plus que le développement régulier que prend le corps dans celles qui s'abstiennent de toute atteinte du sexe, les époques subséquentes de la vie s'en ressentent. Les jeunes filles qui ont cédé trop tôt aux plaisirs de l'amour deviennent de plus en plus incontinentes, de même que les garçons qui n'ont pas opposé assez de résistance à l'une des deux satisfactions, ou aux deux à la fois. L'ouverture des canaux s'élargit, et rend l'écoulement d'autant plus facile dans cette partie du corps, en même temps que le souvenir de la jouissance antérieure provoque le désir d'une réunion nouvelle. 8 Il y a des hommes qui, dès leur naissance, sont hors d'état d'avoir les poils de la puberté, et qui sont inféconds, par quelque infirmité de l'appareil génital. Les femmes aussi peuvent être impubères de naissance. Le tempérament des deux sexes, mâle et femelle, change alors beaucoup, et devient ou plus robuste ou plus maladif. Ou le corps maigrit, ou il engraisse et prend de l'embonpoint. Après la puberté, les uns cessent d'être maigres, et se développent en prenant plus de santé ; chez les autres, l'effet est tout contraire. 9 Les mêmes phénomènes se passent chez les jeunes filles. Ainsi les garçons et les filles dont le corps était rempli d'excrétions, deviennent mieux portants, et se nourrissent mieux, parce que toutes ces matières se réunissent, ici dans le sperme, et là dans les menstrues, et que toutes celles qui gênaient la santé et la nutrition 582a se trouvent expulsées ainsi. Les garçons et les filles qui sont dans une position contraire deviennent maigres et malades de plus en plus ; car c'est aux dépens de la nature, et du bon état des choses, que la sécrétion se fait, ici dans le sperme, et là, dans les menstrues. 10 Chez les filles, les phénomènes que présentent les mamelles sont très-différents des unes aux autres. Les unes ont des mamelles très-fortes ; les autres les ont toutes petites. Cette première disposition se produit surtout lorsque, dans leur enfance, les filles sont replètes. Quand elles sont sur le point d'avoir les règles et qu'elles ne les ont pas encore, plus l'humidité du corps est abondante, plus il faut nécessairement qu'elle se porte en haut, jusqu'à ce que l'éruption ait lieu. Les mamelles prennent alors un grand développement, qu'elles gardent plus tard. 11 Chez les hommes, les mamelles sont, pour les jeunes ou pour les vieux, d'autant plus apparentes, et d'autant plus semblables à celles des femmes, que les individus sont d'un tempérament plus humide, et qu'ils ont moins de poils, et des veines moins développées. Ceci se montre chez les bruns, plus que chez les blonds. 11 D'abord, la semence est inféconde jusqu'à l'âge de trois fois sept ans; elle devient féconde ensuite; mais les jeunes garçons et les jeunes filles ont des enfants petits et chétifs, comme il arrive pour toutes les autres espèces d'animaux. Les filles jeunes conçoivent plus aisément; mais quand elles ont conçu, leurs accouchements sont plus laborieux. Ordinairement, leur corps reste imparfaitement constitué, de même que le corps vieillit plus tôt chez les hommes qui ont abusé des plaisirs, et chez les femmes qui ont fait de nombreux enfants. Il semble aussi qu'il n'y a plus de croissance pour elles quand elles ont eu trois couches. Les femmes qui sont portées avec excès aux plaisirs de Vénus s'apaisent et se calment de plus en plus à mesure qu'elles ont plus d'enfants. 13 A l'âge de trois fois sept ans, les femmes ont tout ce qu'il faut pour faire des enfants ; mais à cet âge, les hommes ont encore à gagner. Les spermes légers sont inféconds ; ceux qui offrent l'apparence de grêlons sont féconds, et produisent des garçons ; ceux qui sont légers et sans globules produisent des filles. C'est à peu près vers cet âge aussi que les poils se montrent au menton des hommes. [7,2] CHAPITRE II. 1 Le flux auquel les femmes sont sujettes se produit, et fait éruption, vers la fin de chaque mois. Aussi dit-on, par manière de plaisanterie, que la lune est un astre femelle, 583 parce que c'est à la même époque que les femmes ont leurs évacuations épuratives et que la lune a son décours; et qu'après l'écoulement et le déclin, les femmes et la lune deviennent pleines de nouveau. 2 Il y a des femmes qui éprouvent le flux périodique, en petite quantité, tous les mois régulièrement; la plupart ne le subissent que tous les trois mois. Quand l'écoulement dure peu de temps, deux ou trois jours par exemple, les femmes le supportent aisément; s'il dure plusieurs jours, il est plus pénible à supporter; les femmes souffrent alors pendant tout ce temps. D'ailleurs, le flux est tout d'un coup considérable chez les unes; il ne vient que peu à peu chez les autres; mais toutes sans exception se sentent alourdies tant qu'il n'est pas sorti. Chez beaucoup de femmes, tant que les mois s'accumulent et vont faire éruption, il se produit des resserrements et des borborygmes dans la matrice jusqu'à l'explosion. 3 Dans l'ordre naturel des choses, la conception chez les femmes a lieu après qu'elles sont débarrassées de leurs mois ; mais celles qui n'en ont pas sont ordinairement stériles. Il y en a cependant quelquefois qui conçoivent sans avoir leurs règles ; ce sont les femmes chez qui ce liquide s'accumule en aussi grande quantité que ce qu'il en reste, après l'évacuation, chez les femmes fécondes, mais non en quantité assez forte pour sortir au dehors. 4 Quelques femmes conçoivent pendant leurs règles; et il y en a même qui ne conçoivent pas dans un autre temps; ce sont celles dont les matrices se ferment après l'évacuation. D'autres femmes continuent même à avoir leurs mois quand elles sont enceintes ; mais les enfants qu'ont ces femmes sont très-chétifs; si on les conserve, ils ne se fortifient pas et demeurent toujours faibles. 5 Il y a des femmes qui, ne pouvant avoir des rapports sexuels, soit à cause de leur jeunesse et de leur âge, ou qui en ont été privées pendant longtemps, ont des descentes de matrices; et l'écoulement leur vient souvent trois fois par mois, jusqu'à ce qu'elles aient conçu. Alors la matrice remonte et reprend sa place régulière. Parfois aussi, la matrice, tout en étant d'ailleurs en bon état, est néanmoins trop humide, et elle rejette la partie la plus liquide du sperme. 6 Ainsi qu'on l'a dit plus haut, c'est la femme qui, de tous les animaux, a l'évacuation la plus abondante. Dans les espèces qui ne sont pas vivipares, il ne se manifeste rien de pareil, parce que cette sécrétion tourne au profit du reste du corps des femelles; et de là vient que quelques-unes sont plus grandes que les mâles. 7 Cette surabondance profite tantôt aux fourrures, tantôt aux écailles, tantôt aux plumes. Dans les animaux terrestres et vivipares, ce sont les poils et tout le corps qui en profitent; car l'homme est le seul de ces animaux qui soit sans poils. 583a Les urines aussi s'en ressentent, puisqu'elles sont épaisses et abondantes chez la plupart des animaux de cet ordre. Chez les femmes, au lieu de tous ces résultats, l'excrétion tourne tout entière à l'évacuation épurative. 8 On peut faire des observations analogues pour les hommes. De tous les animaux, l'homme est celui où l'émission du sperme est la plus abondante, eu égard aux dimensions de son corps ; et de là vient que, de tous les animaux, celui qui est le moins velu, c'est l'homme. Parmi les hommes, ceux qui ont le plus de sperme sont les hommes dont le tempérament est plus humide et qui ont peu de chair; ce sont aussi les blonds plutôt que les bruns. 9 Il en est encore de même chez les femmes. Quand elles sont très en chair, la plus grande partie de la sécrétion tourne à la nutrition du corps; et dans l'acte vénérien, les blondes ont une émission plus abondante que les brunes. Une nourriture humide et d'un goût relevé provoque davantage à la réunion des sexes. [7,3] CHAPITRE III. 1 Un signe de grossesse dans les femmes, c'est la sécheresse du lieu sexuel, après que le rapprochement a eu lieu. Si les lèvres de l'ouverture sont bien lisses, c'est que la femme ne doit point concevoir, parce qu'alors la liqueur séminale s'en écoule. La femme ne conçoit pas davantage, si les lèvres sont trop épaisses. Si, au contraire, elles sont dures au contact du doigt, et si elles résistent à la pression et qu'elles soient minces, c'est un signe qu'elles sont bien disposées pour la conception. 2 Il faut donc tâcher, pour que la conception réussisse, d'amener les matrices à cet état, ou à un état contraire pour que la conception ne réussisse pas. Encore une fois, des lèvres lisses attestent que la conception a manqué. Aussi, y a-t-il des femmes qui enduisent avec de l'huile de cèdre, avec de la céruse, ou avec de l'encens délayé dans de l'huile, la partie de la matrice où tombe la liqueur séminale. 3 Mais si le sperme reste dans la matrice durant sept jours, c'est une preuve que la femme a conçu ; car c'est dans cet intervalle de sept jours que se produit ce qu'on appelle les pertes. La plupart des femmes continuent à avoir encore leurs évacuations pendant quelque temps après la grossesse, c'est-à-dire pendant trente jours au plus, s'il s'agit d'une fille, et pendant quarante jours, s'il s'agit d'un garçon. 4 Les évacuations ne reviennent, après l'accouchement, qu'à ce même intervalle, sans qu'il y ait d'ailleurs rien d'absolument précis pour toutes les femmes sans exception. Après la conception et le nombre de jours qu'on vient d'indiquer, la nature ne se soulage plus régulièrement ; mais tout remonte dans les mamelles et s'y convertit en lait. Dans les premiers temps, le lait se montre en petite quantité, et en un filet mince comme une toile d'araignée. 5 Quand la grossesse est certaine, la première sensation que la femme en ait se manifeste dans ses flancs ; 584 car chez quelques-unes, les flancs se gonflent et s'emplissent immédiatement ; mais cette enflure se produit surtout chez les femmes maigres, et s'y fait sentir dans les aines. D'ordinaire, quand c'est un garçon qui est conçu, le mouvement commence à se faire sentir vers le quarantième jour à droite; c'est à gauche, et vers le quatre-vingt-dixième jour, quand c'est une fille. 6 Du reste, on ne peut pas prétendre en ceci à une fort grande exactitude; car, bien souvent, les femmes enceintes d'une fille sentent remuer à droite; et les femmes enceintes d'un garçon sentent remuer à gauche. Tous ces détails et autres symptômes analogues diffèrent généralement en plus et en moins. 7 C'est aussi vers la même époque que le fœtus commence à se diviser; antérieurement, et jusque-là, il n'a été qu'une masse de chair, sans aucun membre distinct. Jusqu'à sept jours après la conception, l'avortement du fœtus s'appelle une perte ; jusqu'au quarantième jour, on dit que la femme a été blessée ; et c'est dans cet espace de jours que la plupart des fœtus sont détruits. 8 Si un fœtus mâle sort à quarante jours, et qu'on le mette dans un autre liquide que de l'eau froide, il se dissout et disparaît ; mais si c'est dans de l'eau froide qu'on le met, il y reste condensé comme dans une membrane. Quand on ouvre cette membrane, l'embryon y apparaît de la grosseur des grandes fourmis. On y distingue déjà les membres, tous ses autres organes, et même les parties honteuses. Les yeux sont très-grands, comme sur tous les autres animaux. 9 Si c'est un fœtus femelle qui périt avant les trois mois, il paraît en général tout à fait informe; s'il peut atteindre le quatrième mois, il est alors divisé en membres; et, en peu de temps, il prend toutes ses divisions. 10 On le voit donc : le fœtus femelle se développe dans toutes ses parties et s'achève plus lentement que le fœtus mâle; et il y a plus de filles que de garçons qui viennent à dix mois. Mais une fois nées, les femmes atteignent plus tôt que les hommes la plénitude de leur jeunesse, leur complète vigueur, et aussi la vieillesse. On a déjà vu que celles qui ont beaucoup d'enfants vieillissent aussi le plus tôt [7,4] CHAPITRE IV. 1 Lorsque la matrice a reçu la liqueur séminale, elle se ferme, dans la plupart des femmes, jusqu'à sept mois; et elle se rouvre de nouveau dans le huitième. Le fœtus, s'il est viable, descend en avant dans ce même huitième mois. Ceux qui ne sont pas viables, et qui sont suffoqués au huitième mois, ne viennent pas à bien ; et à huit mois, les femmes ne les mettent pas au jour. Les embryons ne descendent pas en avant dans le huitième mois; les matrices ne s'ouvrent pas non plus; et la preuve que le fœtus n'est pas viable, 584a c'est que tous les symptômes dont nous parlons viennent à manquer. 2 Après la conception, les femmes sentent des lourdeurs dans tout le corps; leur vue s'obscurcit, et elles ont des douleurs de tête. Ces malaises se produisent plus vite chez les unes, et dans les dix jours; chez les autres, plus lentement, selon que les évacuations étaient plus ou moins abondantes chaque mois. La plupart sont prises alors de nausées et de vomissements, et surtout celles chez qui les évacuations sexuelles se sont arrêtées, et ne sont pas encore remontées aux mamelles. 3 Certaines femmes souffrent surtout au début de la grossesse; d'autres souffrent plus tard, quand le fœtus a pu prendre davantage de développement. Il y en a beaucoup qui, à la fin, ont de fréquentes difficultés d'uriner. 4 En général, la grossesse est moins pénible pour les femmes qui portent un garçon, et elles gardent mieux leurs couleurs de santé. C'est le contraire pour celles qui portent une fille; généralement, elles sont plus décolorées, et elles sont plus lourdes. Elles ont souvent des tumeurs aux jambes et des grosseurs dans les chairs. Il y en a cependant chez lesquelles c'est tout le contraire. D'ailleurs, les femmes grosses ont toutes sortes d'envies, et elles en changent à tout instant; c'est ce qu'on appelle en grec Kissân, « faire la pie. » Ces envies sont plus vives quand c'est une fille que porte la mère ; et l'on a beau satisfaire ses désirs, elle a plus de peine à en jouir. 5 II y a peu de femmes pour qui la grossesse amène une santé meilleure. Elles souffrent surtout quand les fœtus commencent à avoir des cheveux. Quant aux poils des femmes grosses, ceux qui sont de naissance deviennent plus rares, et ils tombent; les poils s'épaississent, au contraire, dans les endroits du corps où d'ordinaire il n'y en a pas. 6 En général, le garçon a plus de mouvement dans le sein de la mère que n'en a la fille, et il en sort plus vite ; les filles, au contraire, en sortent plus lentement. Le travail pour la naissance des filles est continu et plus sourd ; pour la naissance des garçons, il est plus vif et plus rapide, mais beaucoup plus douloureux. Les femmes qui, avant la parturition, ont eu des rapports avec des hommes, accouchent plus rapidement. Quelquefois, la mère croit sentir les douleurs de l'accouchement, sans que ce soient précisément ces douleurs ; c'est le fœtus qui, en retournant sa tête, donne à croire que ce sont les douleurs de l'enfantement qui commencent. 7 Tous les autres animaux n'ont qu'une seule manière d'achever et d'accomplir la génération de leur fruit ; il y a pour tous un seul espace de temps qui est parfaitement fixe ; l'homme est le seul animal qui puisse avoir plusieurs termes. Les enfants naissent à sept mois, à huit mois, à neuf mois, et comme terme extrême, à dix mois. Il y a même quelques exemples d'accouchements empiétant 385 jusque sur le onzième mois. 8 Les enfants qui viennent avant les sept mois révolus ne peuvent jamais vivre, quoi qu'on fasse. Ceux de sept mois peuvent bien vivre; mais la plupart restent faibles ; aussi a-t-on soin de les envelopper dans des maillots de laine. Il y a beaucoup de ces enfants qui ont certains conduits encore fermés, comme ceux des oreilles et du nez, et chez qui ces conduits s'ouvrent ensuite, à mesure que les corps se développent. Beaucoup de ces enfants vivent aussi. 9 En Egypte, et dans quelques pays où les femmes accouchent aisément et où elles ont sans peine plusieurs enfants, les enfants venus à huit mois sont très-viables, même quand ils sont contrefaits. Si, dans ces pays, on les élève facilement à huit mois et s'ils vivent, dans les contrées de la Grèce, au contraire, on en sauve très-peu, et le plus grand nombre périt. Comme on a cette opinion, quand on en sauve un par hasard, on croit toujours que c'est qu'il n'est pas venu réellement à huit mois, et que la mère s'est trompée sur le moment antérieur de la conception. 10 Les mois où les femmes souffrent le plus dans leur grossesse, c'est le quatrième et le huitième. Si les fœtus périssent dans le quatrième ou le huitième mois, les mères risquent bien de mourir aussi ; de telle sorte que non seulement les enfants ne vivent pas à huit mois, mais qu'en outre les mères courent les plus grands dangers. 11 C'est aussi une erreur toute pareille que l'on commet quand on se figure que des enfants ont pu venir au delà de dix mois. C'est que les femmes ne savent pas toujours très-bien le moment où a commencé leur grossesse. Souvent, il arrive, que la matrice étant devenue flatueuse auparavant, les femmes s'imaginent que ç'a été là le début de la grossesse, bien que ce ne soit que plus tard qu'ayant eu une cohabitation, elles aient conçu; mais elles ont rapporté la conception à des signes avant-coureurs qui y ressemblaient. [7,5] CHAPITRE V. 1 Quant à la durée de temps nécessaire pour que les petits arrivent complètement à terme, l'espèce humaine présente, avec les autres animaux, la différence qu'on vient de dire. Les animaux peuvent n'avoir qu'un seul petit, ou peuvent en avoir plusieurs. L'homme participe de ces deux organisations. Le plus ordinairement et dans la plupart des pays, les femmes n'ont qu'un seul enfant ; mais assez souvent aussi et dans plus d'une contrée, on voit naître des jumeaux, par exemple en Egypte. 2 Parfois, il y a jusqu'à trois enfants et même quatre, dans certains pays, où ces faits se produisent fréquemment, ainsi qu'on l'a déjà dit. Le plus qu'on ait vu, c'est cinq enfants à la fois ; et ces accouchements extraordinaires se sont répétés à plusieurs reprises. En quatre couches, une femme a eu vingt enfants, cinq à chaque fois, et elle les a élevés presque tous. 3 Chez les autres animaux, si les jumeaux sont mâle et femelle, ils n'en viennent pas moins 585a régulièrement, et ils vivent, aussi bien lorsqu'ils sont tous deux mâles, ou tous deux femelles ; dans l'homme, au contraire, les jumeaux vivent bien rarement si l'un est une fille, et l'autre un garçon. 4 Parmi les diverses espèces d'animaux, ce sont la femme et la jument qui, ayant déjà conçu, souffrent le plus aisément un rapprochement nouveau. Dans les autres espèces, les femelles qui sont pleines fuient les mâles, excepté celles qui naturellement sont susceptibles de superfétation, comme la femelle du lièvre. La jument, une fois qu'elle a conçu, ne conçoit pas une seconde fois; et ordinairement, comme d'habitude, elle ne donne qu'un petit. Mais dans l'homme, si les superfétations sont rares, il y en a pourtant quelquefois. 5 Les embryons conçus très-longtemps après, ne viennent jamais à terme; mais en même temps qu'ils causent de grandes douleurs, ils font périr avec eux le fœtus antérieur. On a pu déjà observer, dans une fausse couche, sortir douze fœtus conçus les uns sur les autres. Si la seconde conception est venue peu de temps après, les mères accouchent du second enfant ; et c'est comme si les enfants étaient jumeaux. La mythologie raconte une naissance de ce genre pour Iphiclès et Hercule. 6 Parfois, le phénomène est d'une parfaite évidence. Ainsi, une femme qui avait un amant mit au monde deux enfants, dont l'un ressemblait au mari, et l'autre à l'amant adultère. On a vu encore une femme qui portait déjà deux jumeaux, avoir un troisième enfant outre ceux-là. Le temps régulier des couches étant arrivé, les deux premiers enfants vinrent à l'époque voulue ; le troisième vint à cinq mois, et mourut sur-le-champ. Une autre femme qui avait eu tout d'abord un enfant de sept mois, accoucha ensuite de deux autres venus à terme; le premier mourut, et les autres vécurent. 7 Quelques femmes aussi, tout en faisant une fausse couche, n'en conçoivent pas moins dans ce même temps; elles avortent pour le premier enfant, et elles accouchent régulièrement du second. Souvent, si les femmes grosses ont commerce après le huitième mois, l'enfant naît couvert d'une liqueur muqueuse et gluante. Souvent aussi, il y a sur l'enfant la trace des aliments que la mère mange habituellement; et quand les femmes consomment trop de sel, leurs enfants viennent sans ongles. [7,6] CHAPITRE VI. 1 Le lait qui vient avant les sept mois révolus n'est pas nutritif; mais en même temps que les enfants naissent viables, le lait s'améliore. Le premier lait est même un peu salé, comme le lait de brebis. La plupart des femmes ont, pendant la grossesse, beaucoup de plaisir à boire du vin; cependant celles qui en boivent sont tout abattues et perdent leurs forces. 2 Le moment où les femmes peuvent avoir des enfants et les hommes en engendrer, et le moment où cette faculté cesse chez les deux, dépendent pour les uns de rémission du sperme, et pour les autres des menstrues. Seulement, les deux sexes ne sont pas féconds dès le début immédiatement; et ils cessent de l'être quand ces excrétions sont peu abondantes et s'affaiblissent. On a vu plus haut à quel âge la fécondité commence ; les évacuations cessent habituellement chez les femmes vers la quarantaine. Celles qui les ont encore, passé cette époque, les gardent jusqu'à cinquante. A cet âge même, quelques femmes ont été mères ; mais aucune n'a conservé les évacuations au delà de cet âge. 3 La plupart des hommes peuvent procréer jusqu'à soixante ans. S'ils conservent cette faculté après cette époque, ils l'ont jusqu'à soixante-dix ans; et quelques-uns ont été pères en étant aussi âgés. Il arrive souvent que des hommes et des femmes qui n'ont pu avoir d'enfant en cohabitant ensemble, en ont eu en s'unissant chacun de leur côté. La même variété se montre dans la génération des garçons ou des filles. Des hommes et des femmes qui, dans leurs rapports réciproques, n'ont eu que des garçons ou des filles, produisent tout le contraire en contractant d'autres unions. 4 L'âge aussi suffit à causer ces changements. Jeunes, le mari et la femme n'ont que des filles ; plus avancés en âge, ils n'ont que des garçons. D'autres, au contraire, sont tout l'opposé. C'est absolument la même chose pour la fécondité. Dans la jeunesse, on n'a pas d'enfants, et l'on en a plus tard. D'autres fois, on en a tout de suite ; et plus tard on n'en a plus. 5 II y a des femmes qui conçoivent difficilement ; mais une fois grosses, elles portent leur fruit à terme. D'autres, à l'inverse, conçoivent très-aisément ; mais elles ne peuvent pas produire leur fruit. Certains hommes, comme certaines femmes, n'ont que des filles ou que des garçons. A en croire la mythologie, c'était le cas d'Hercule, qui, sur soixante et douze enfants, n'eut, dit-on, qu'une seule fille. Les femmes qui ont été stériles et qui deviennent mères, soit par les soins de la médecine, soit par une autre cause accidentelle, ont en général des filles plutôt que des garçons. Bien des fois aussi, des hommes qui avaient eu des enfants cessent de pouvoir engendrer, et recouvrent ensuite leur même virilité. 5 II naît aussi des enfants infirmes de parents infirmes; de boiteux, il vient des boiteux; d'aveugles, il vient des aveugles. Souvent même, des enfants ressemblent à leurs parents pour des choses qui n'ont rien de naturel, et ils portent des signes tout à fait pareils : par exemple, des loupes et des cicatrices. Quelquefois, ces ressemblances passent d'une première personne à la troisième; et c'est ainsi qu'un père qui avait un signe au bras eut un fils qui n'avait plus ce signe ; mais le petit-fils eut à la même place une tache noire. 7 Ces derniers cas sont rares; et là plupart du temps, de parents qui sont incomplets à certains égards viennent des enfants très-complets ; car dans tout cela, il n'y a rien de régulier. 586a Les enfants ressemblent à leurs parents, ou aux grands-parents, en remontant. Parfois, il n'y a pas la moindre ressemblance avec personne. 8 D'autres fois, la ressemblance cesse pendant plusieurs générations ; témoin cette femme de Sicile qui, ayant eu commerce avec un Éthiopien noir, eut une fille qui n'était pas Éthiopienne ; mais ce fut l'enfant issu de cette fille. En général, les filles ressemblent davantage à la mère ; les enfants mâles, au père. Parfois aussi, c'est le contraire qui se produit; les filles ressemblent au père; les garçons ressemblent à la mère. D'autres fois encore, c'est seulement en une certaine partie que les enfants ressemblent à l'un de leurs parents, et pour des parties diverses de l'un et de l'autre. 9 On a vu des jumeaux qui n'avaient pas la moindre ressemblance entre eux; mais généralement la plupart des jumeaux se ressemblent. On cite une femme qui, sept jours après sa couche, avait eu commerce avec son mari, et qui, étant devenue grosse, eut un enfant qui ressemblait au premier, comme s'il eût été jumeau. Il y a des femmes qui ont des enfants qui leur ressemblent; d'autres ont des enfants qui ressemblent aux pères, comme cette jument de Pharsale qu'on avait surnommée la Juste, ou l'Exacte. [7,7] CHAPITRE VII. 1 L'émission de la liqueur séminale est précédée d'un certain souffle ; et ce qui prouve bien que cette émission tient à un souffle, c'est qu'il est impossible de rien lancer un peu loin sans un souffle assez violent. Quand le sperme a été reçu par la matrice et qu'il y est demeuré quelque temps, une membrane l'entoure. On peut observer ce fait quand un fœtus sort avant d'être du tout formé ; on dirait d'un œuf enveloppé d'une membrane, et dépouillé de la coquille. Cette membrane est remplie de veines. 2 Tous les animaux, soit aquatiques, soit terrestres, soit volatiles, vivipares ou ovipares, se forment absolument de même. Seulement, chez les vivipares, le cordon ombilical tient à la matrice, tandis que, chez les ovipares, il tient à l'œuf. Parfois, ce sont ces deux organisations à la fois, comme dans certaines espèces de poissons. Ici, ce sont comme des membranes qui enveloppent l'embryon ; ailleurs, ce sont des chorions. D'abord, l'animal est dans la membrane intérieure extrême; puis ensuite, une autre membrane se forme sur celle-là; la plus grande partie de cette membrane tient à la matrice; mais sur un point, elle s'en détache, et elle contient de l'eau. Vers le milieu, il y a un liquide aqueux et sanguinolent, que les femmes appellent la première eau. 3 Tous les animaux qui ont un cordon ombilical se nourrissent par ce cordon. L'ombilic, dans tous les animaux qui ont des lobes à la matrice, vient s'attacher à un lobe ; chez ceux qui ont la matrice tout unie, il s'attache à la matrice par une veine. Quant à la forme du fœtus dans la matrice, il est étendu chez tous les quadrupèdes; dans les animaux 587 sans pieds, comme le poisson, le fœtus est placé de côté; dans les bipèdes comme l'oiseau, les fœtus sont repliés sur eux-mêmes. Quant à l'homme, il est replié aussi, le nez entre les genoux, les yeux touchant les genoux, et les oreilles en dehors. 4 Tous les animaux également ont d'abord la tête en haut. Quand le fœtus s'est développé et qu'il tend à sortir, il se tourne vers le bas. Dans l'ordre naturel des choses, c'est la tête qui sort la première; il est contre nature que les enfants soient repliés sur eux-mêmes, et qu'ils sortent par les pieds. 5 Les fœtus des quadrupèdes, quand ils sont complètement formés, ont des excréments liquides et secs : les derniers, dans le fond de l'intestin ; les autres, qui sont de l'urine, dans la vessie. Chez les animaux dont la matrice a des cotylédons, ces cotylédons vont toujours en diminuant à mesure que l'embryon grandit; et à la fin, ils disparaissent tout à fait. 6 Le cordon ombilical est en quelque sorte l'étui des veines dont l'origine part de la matrice. Dans les animaux qui ont des cotylédons, c'est des cotylédons que sortent ces veines; dans ceux qui n'en ont pas, c'est d'une autre veine. Dans les fœtus les plus gros, comme ceux des bœufs par exemple, il y a quatre veines; dans de plus petits, il n'y en a que deux; et même dans les fœtus très-petits, comme ceux des oiseaux, il n'y a qu'une veine. Deux de ces veines vont, à travers le foie, jusqu'à l'embryon, là où sont ce qu'on appelle les Portes, et elles aboutissent à la grande veine. Les deux autres veines se rendent à l'aorte, là où elle se divise, et où, d'une seule aorte, il s'en fait deux. 7 II y a des membranes à chacun des endroits où les veines se réunissent; et le cordon ombilical entoure les veines, comme une espèce d'étui. Ces veines mêmes se réunissent et disparaissent à mesure que le fœtus se fortifie. Une fois arrivé à toute sa croissance, le fœtus descend dans le creux du ventre, où son mouvement devient très-sensible; parfois, il se roule jusque dans les parties qui avoisinent le vagin. [7,8] CHAPITRE VIII. 1 Au moment où les femmes sont en mal d'enfant, les douleurs qu'elles éprouvent se fixent dans plusieurs parties différentes du corps; mais le plus souvent, c'est dans l'une des jambes. Lorsque les douleurs se font surtout sentir vers le ventre, l'accouchement est le plus rapide ; quand elles se portent vers les reins, il est très-laborieux ; il est encore assez prompt quand les douleurs sont vers le bas-ventre. 2 Si c'est un garçon, les humeurs qui sortent sont aqueuses et pâles; si c'est une fille, les humeurs sont sanguinolentes et liquides aussi. Il y a, d'ailleurs, des femmes qui ne présentent ni l'un ni l'autre de ces symptômes. 3 Dans les autres animaux, la parturition ne cause pas de douleurs; 587a ou du moins, quand les femelles sont en travail, elles ne semblent pas trop souffrir. Mais les femmes souffrent, au contraire, bien plus vivement, surtout celles qui mènent une vie sédentaire, et qui n'ont pas la poitrine forte et ne peuvent retenir leur souffle. Elles souffrent bien davantage encore, si, au milieu des douleurs, elles perdent haleine, sous la violence de l'air qui les étouffe. D'abord, c'est l'eau qui s'écoule quand le fœtus se remue, et que les membranes se déchirent. Ensuite, le fœtus sort, les matrices se retournant, et l'arrière-faix poussant dehors tout ce qui était dedans. [7,9] CHAPITRE IX. 1 Savoir couper le cordon ombilical est une partie de l'art de l'habile accoucheuse; car non seulement elle doit être en état, par sa dextérité, d'aider les accouchements laborieux des femmes ; mais, de plus, elle doit avoir toutes les ressources d'esprit nécessaires pour parer à tous les accidents; et elle doit savoir lier le cordon sur les enfants. 2 Si, par exemple, l'arrière-faix vient à tomber en même temps que l'enfant, il faut lier le cordon avec de la laine au-dessous de l'arrière-faix, et on le coupe en haut. A l'endroit où la ligature est faite, la cicatrice a lieu; et le reste n'a plus qu'à tomber. Si la ligature venait à se défaire, l'enfant mourrait, par la perte de son sang. Mais si l'arrière-faix ne sort pas immédiatement avec l'enfant, comme il reste en dedans pendant que l'enfant est dehors, on ne coupe pas sur-le-champ le cordon, qu'on a précédemment lié. 3 Il arrive souvent que le nouveau-né semble être mort, tandis qu'il n'est que très-faible, et que son sang s'écoule, du dehors, dans le cordon et les parties environnantes, avant que la ligature ne soit pratiquée. Mais il y a des accoucheuses, habiles dans leur art, qui refoulent en dedans du fœtus le sang qui sort de l'ombilic; et sur-le-champ, on voit l'enfant renaître à la vie, bien que tout d'abord, il eût paru n'avoir plus de sang. 4 Ainsi qu'on l'a dit un peu plus haut, chez les autres animaux, le fœtus sort naturellement par la tête ; les enfants sortent de même, en ayant les bras étendus sur les côtés. Aussitôt qu'ils sont sortis, ils vagissent, et ils portent leurs mains à leur bouche. Ils rejettent des excréments, ou sur-le-champ, ou peu de temps après leur naissance, mais toujours dans la journée. Cette excrétion, qui parait plus abondante que ne le ferait supposer la dimension de l'enfant, est ce que les femmes appellent le Méconium. La couleur de cette matière est celle du sang; mais elle est fort noire et épaisse, comme de la poix. Plus tard, les excréments ressemblent à du lait, parce que, aussitôt né, l'enfant saisit la mamelle. 5 L'enfant ne crie pas, tant qu'il n'est pas sorti du sein de sa mère, même lorsque, dans un accouchement difficile, la tête est déjà dehors, et que le reste du corps est toujours en dedans. 6 Lorsque, dans les évacuations, les menstrues précèdent l'accouchement, les femmes ont plus de peine à mettre les enfants au monde; mais si, après l'accouchement, les menstrues sont moins abondantes et qu'il n'y ait que les premières, et si elles ne reparaissent pas de quarante jours, les femmes sont beaucoup plus fortes, et elles peuvent concevoir bien plus tôt. 7 Une fois nés, les enfants ne rient ni ne pleurent, durant la veille, avant le quarantième jour; mais les deux leur arrivent quelquefois pendant la nuit. La plupart non plus ne sentent rien quand on les chatouille ; ils dorment presque constamment. A mesure que l'enfant grandit, il reste éveillé de plus en plus longtemps. On voit bien certainement qu'ils ont des rêves; mais ce n'est que bien plus tard qu'ils peuvent se les rappeler. 8 Dans les autres animaux, les os ne subissent aucune différence entre eux; mais ils sont tous complètement formés dès la naissance ; dans les petits enfants, au contraire, la fontanelle est molle, et ne s'ossifie que plus tard. Les animaux ont aussi des dents en naissant, tandis que les enfants ne commencent qu'au septième mois à pousser des dents. Naturellement, ce sont celles de devant qui percent les premières. Tantôt ce sont celles d'en haut qui viennent avant les autres; tantôt ce sont celles d'en bas. Mais toujours elles poussent plus vite chez les enfants dont les nourrices ont un lait plus chaud. [7,10] CHAPITRE X. 1 Après l'accouchement et les évacuations épuratives qui le suivent, le lait des femmes devient plus abondant. Quelquefois, il coule non seulement du mamelon, mais même par plusieurs endroits du sein tout entier; et quelques femmes en ont jusque sous les aisselles. Il se forme, alors, des tumeurs qui persistent plus tard, quand le lait n'est pas expulsé, et qu'il s'accumule sans pouvoir sortir. La mamelle est tellement spongieuse que, si une femme avale un poil dans sa boisson, elle ressent une douleur dans les seins; ce qui s'appelle avoir le poil ; et la douleur persiste jusqu'à ce que le poil soit sorti spontanément avec le lait, ou qu'il en ait été tiré par l'enfant qui tette. 2 Les femmes ont du lait jusqu'à une nouvelle grossesse ; le lait cesse alors, et il se passe chez l'espèce humaine, aussi bien que chez tous les animaux vivipares et quadrupèdes. En général, tant que le lait sort, les évacuations mensuelles sont suspendues. Cependant, on a vu des femmes avoir leurs épurations pendant qu'elles allaitaient. 3 Néanmoins, cette éruption de liquide n'a pas ordinairement lieu de plusieurs côtés à la fois; et c'est ainsi que les évacuations sont bien moins abondantes chez les femmes qui ont des hémorroïdes. Il y en a même quelques-unes chez qui le liquide sort par des varices, lorsqu'il est sécrété dans le bassin avant d'arriver à la matrice. Quand les évacuations 588a sont supprimées, les femmes qui ont des vomissements de sang n'en sont pas du tout incommodées. [7,11] CHAPITRE XI. 1 La cause, ordinaire des convulsions chez la plupart des enfants, c'est qu'ils sont trop bien nourris, qu'ils prennent plus de lait qu'il ne faut ou un lait trop épais, et qu'ils ont des nourrices trop replètes. Ce qui est très-mauvais contre cette maladie, c'est le vin, le rouge plus que le blanc, et le vin pur. Ce sont aussi presque tous les aliments flatueux et la constipation du ventre. 2 La plupart des enfants meurent avant la semaine révolue; aussi ne leur donne-t-on un nom qu'à ce moment, parce qu'on a alors plus d'espoir de les sauver. Les enfants qui ont des convulsions souffrent davantage dans les pleines lunes. C'est un grave danger pour les enfants quand les convulsions leur commencent par le dos.