[CCXLI] Bon mot de Francisco sur les fils des Génois. Un négociant Florentin, Francisco de Quarti, qui habitait Gênes avec sa femme et sa famille, avait des enfants malingres et chétifs tandis que les Génois ont ordinairement des enfants sains et robustes. Quelqu'un ayant demandé à Francisco pourquoi ses enfants étaient ainsi débiles et rachitiques et que ceux des Génois étaient tout le contraire, il répondit : « La chose est fort simple. C'est que je suis seul à les faire, je crois, tandis que pour les vôtres vous vous y mettez à plusieurs. » C'est la vérité, car les Génois ne sont pas plutôt mariés qu'ils vont, pendant de longues années, naviguer sur mer laissant leurs épouses à la garde des autres, comme ils disent. [CCXLII] Geste significatif mais grossier d'un Florentin. L'un de mes amis raconta en pleine société qu'un Florentin, qu'il connaissait, avait une très jolie femme que suivaient beaucoup de galants dont quelques-uns lui donnèrent des sérénades (comme ils disent) ordinairement la nuit, à la lueur des torches, selon l'habitude et, dans la rue, en face de sa maison. Le mari, qui était un farceur, réveillé une nuit par les trompettes, sortit de son lit et vint à la fenêtre avec sa femme ; en voyant la troupe bruyante et folâtre, il cria d'une voix forte aux assistants de regarder un peu de son côté. A ces mots, tous les yeux se fixèrent vers lui, alors exhibant hors de la fenêtre un superbe Priape dont il était muni, il dit aux gens qu'il pensait que désormais, ils comprendraient l'inutilité de leurs instances, puisqu'ils pouvaient constater que lui-même possédait, pour satisfaire sa femme, beaucoup mieux que pas un d'eux tous et que, par conséquent, il espérait qu'on lui éviterait, à l'avenir, de pareils ennuis. Ces paroles facétieuses firent, en effet, cesser ces vaines poursuites. [CCXLIII] Drôle de demande d'un vieillard impuissant. Une autre personne de la même société nous conta une semblable histoire d'un Florentin, son voisin, qui, quoique fort âgé, avait épousé une jeune femme dont Ricardo de Alberti, jeune homme noble et beau, devint amoureux, et il lui fit donner en pleine rue, comme le précédent, des sérénades par des musiciens et des chanteurs qui vinrent souvent au milieu de la nuit interrompre le sommeil du bonhomme. A la fin, celui-ci alla trouver le père de Ricardo, après un long préambule dans lequel il lui rappela leur vieille amitié et les services qu'ils s'étaient mutuellement rendus, il finit par lui dire qu'il ne voyait pas pourquoi son fils voulait l'assassiner. A ces mots, le père, stupéfait et bouleversé, s'écria qu'il saurait bien empêcher lui tel crime et demanda, en même temps, qu'on lui expliqua comment son fils pouvait comploter un pareil dessein. Le bonhomme lui dit : « Votre fils est fort amoureux de ma femme, souvent il vient nous réveiller, elle et moi, avec des flûtes et autres instruments; une fois éveillé, pour empêcher ma femme de porter ses idées ailleurs, je me vois obligé de besogner plus que mes forces me le permettent. Cela arrive par trop souvent et je ne puis suffire à la besogne, or si votre fils ne cesse son ridicule manège, les veilles qu'il m'impose causeront fatalement ma mort ». Le père enjoignit à Ricardo de cesser sa plaisanterie, et le bonhomme ne fut plus jamais tracassé. [CCXLIV] Amusante moquerie des Vénitiens par une courtisane. Lorsque j'étais aux bains de Petriolo, un docte personnage me raconta un mot plaisant d'une courtisane, qu'il faut que j'inscrive parmi les anecdotes de notre société. « Il y avait à Venise, me dit-il, une putain chez laquelle venaient des gens des nations les plus diverses; un jour, on lui demanda de quel pays étaient les hommes qui lui paraissaient le mieux montés. La femme répondit que c'étaient les Vénitiens. Comme on lui en demandait la raison, elle dit : « C'est parce que, même lorsqu'ils sont en pays lointains, voire au-delà de la mer, ils visitent leurs femmes et leur font des enfants. » Elle se moquait ainsi des Vénitiennes que leurs maris, en voyageant, abandonnent aux attentions des autres. [CCXLV] D'un ignorant qui confondit des savants. Des Religieux s'entretenant de l'âge et des travaux de Notre Sauveur, disaient qu'il commença sa prédication après avoir atteint l'âge de trente ans. Un homme absolument illettré qui se trouvait dans l'assistance leur demanda, s'ils savaient ce que Jésus avait fait immédiatement après avoir atteint sa trentième année. Les Religieux indécis, émettaient des avis divers. — « Avec toute votre science, reprit l'ignorant, vous ne découvrez pas une chose bien facile à savoir. » — « Qu'a-t-il donc fait. » — « Il est entré de suite dans sa trente-et-unième année. » On se mit à rire, et de l'avis de tous, la plaisanterie fut trouvée excellente. [CCXLVI] Réponse maligne à un marchand qui accusait les autres de folie. Carlo Gerio, de Florence, un de ces banquiers à la suite de la Curie romaine, s'était rendu à Avignon, comme font les négociants qui trafiquent dans différentes contrées. A son retour à Rome, on s'enquit dans un repas intime du genre de vie que les Florentins menaient à Avignon. — « Tous sont satisfaits et dune gaieté extravagante », répondit-il, « il leur suffît d'habiter cette ville un an pour devenir fous.» Un des convives, Aldigherio, très ami de la plaisanterie, s'informa alors de la durée de son séjour. — «Je suis resté six mois seulement » répondit Carlo. — « Tu as alors l'esprit bien faible, reprit Aldigherio, puisqu'il faut une année aux autres et tes six mois t'ont suffi? » Ce mot piquant nous fit tous sourire. [CCXLVII] Réponse d'une femme à un jeune homme éperduement amoureux d'elle. Un jeune Florentin était éperdument épris d'une dame noble et sage; souvent, il la poursuivait dans les églises et même ailleurs. Il épiait, disait-il à ses amis, le moment favorable où il pourrait lui faire entendre quelques mots qu'il avait préparés avec soin et appris par cœur. Un jour de fête, la dame étant venue à l'église Sainte-Lucie, se dirigeait seule vers le bénitier, lorsqu'un des amis du jeune homme lui dit que l'occasion était très favorable pour parler. L'amoureux, tout ému, perdit son sang-froid au point que son ami fut obligé de le pousser et de le contraindre à s'approcher. Arrivé près de la dame, la mémoire lui faisant défaut, il oublia son compliment et resta bouche close. L'ami insistait pour qu'il prononçât un mot: — « Madame, s'efforça-t-il de dire alors, je suis votre serviteur ». Et la dame de répondre immédiatement avec un sourire : — « Je n'ai besoin d'aucun nouveau serviteur, car j'en ai assez, trop même, chez moi pour balayer la maison et laver la vaisselle. » On a ri de la sottise du pauvre garçon et on loua la verte réponse qu'il s'était attirée. [CCXLVIII] Contre les vantards. C'était à l'époque ou l'empereur Frédéric, qui mourut à Buonconvento, ville du territoire de Sienne, vint établir son camp à deux mille de Florence, son ennemie ; beaucoup de gentilshommes s'armèrent pour défendre leur patrie et attaquèrent l'armée impériale dans ses retranchements. Un des plus fanfarons, appartenant à une illustre famille, étant monté à cheval, armé de pied en cap, franchit les portes de la ville en gourmandant la lenteur des autres, leur reprochant d'aller doucement comme des lâches et criant que fut-il seul, il marcherait à l'ennemi. Après avoir ainsi parcouru un mille, galopant toujours et ne ménageant pas ses bravades, il rencontra quelques blessés qui revenaient de la lutte déjà commencée, il ralentit le pas de sa monture ; puis, lorsque le bruit du combat vint jusqu'à lui et qu'il eut aperçu de loin la mêlée, il s'arrêta comme pétrifié. Un de ceux qui avaient entendu ses rodomontades lui ayant demandé pourquoi il n'avançait pas. il répondit, après avoir réfléchi un instant : — « Je sens que je ne suis pas aussi intrépide que je le supposais. » Il faut bien se rendre compte de son courage et de sa vigueur, pour ne jamais promettre ce qu'on ne peut tenir. [CCXLIX] D'un homme qui demeura deux ans sans boire ni manger. Le fait que je vais narrer semblera, je le crains, plus fabuleux que le reste, car il s'agit d'une chose contre nature, tenant du prodige ; on peut cependant y ajouter foi, car il a été reconnu vrai. Un nommé Jacques qui, sous le pontificat du pape Eugène, remplissait, à la Curie romaine, les fonctions de copiste, étant retourné dans son pays natal à Noyon (France), y tomba gravement malade. Ce serait trop long de redire ici les péripéties de son triste état de santé. De longues années s'étant écoulées, la pensée lui vint de visiter le tombeau de Notre Sauveur. Nicolas V occupait alors le trône pontifical depuis cinq ans. Notre homme revint donc à la Curie ; des voleurs l'ayant dépouillé en route, il arriva pauvre et à peine vêtu. Il visita les membres de la Curie, mes voisins, personnages distingués et dont il avait été autrefois connu. Il leur raconta que depuis sa convalescence, qui remontait à deux ans, il n'avait pu ni boire, ni manger, bien qu'il eut souvent essayé. D'une maigreur excessive, cet homme est prêtre, sain d'esprit, récite assidûment son office et je l’ai vu assister la messe. De nombreux théologiens et médecins ont eu plusieurs entretiens avec cet homme, ils ont examiné ce cas singulier qu'ils trouvent contre nature, mais cependant tellement vrai qu'on ne peut le révoquer en doute. Chaque jour, de nombreuses personnes viennent se renseigner près de lui et les avis, à son sujet, sont partagés. Pour quelques-uns, c'est un possédé du démon, et cependant rien en lui n'apparaît qui ne soit d'un homme prudent, honnête et religieux: actuellement encore il fait des écritures. D'autres prétendent que la nature mélancolique de ses humeurs lui fournit sa nourriture. Souvent, je me suis entretenu avec lui, persuadé que ce que l'on racontait n'était pas exact. Lui-même est surpris autant que qui que ce soit de ce qui lui arrive. Toutefois, il prétend n'avoir pas cessé subitement de boire et de manger, mais en avoir pris peu à peu l'habitude. Mon étonnement serait peut-être plus grand, si je n'avais lu, en feuilletant, il y a quelque temps, des annales que j'avais copiées autrefois en France, qu'un cas analogue s'est produit en l'an du Seigneur 822, à l'époque de l'empereur Lothaire et du pape Pascal. Une jeune fille, âgée d'environ douze ans, dans la ville de Commercy (territoire de Toul), ayant reçu à Pâques la sainte communion, s'abstint d'abord de pain pendant six mois, puis se priva complètement de boire et de manger pendant trois ans; par la suite, elle reprit son ancienne manière de vivre. Celui dont j'ai rapporté l'histoire, espère qu'il en sera ainsi pour lui. [CCL] A propos d'un âne qu'on devait instruire. Un tyran voulant confisquer les biens d'un de ses sujets qui se vantait de réussir à tout, lui demanda, en le menaçant de peines sévères, d'apprendre à lire à son âne : — « C'est chose impossible répondit l'homme, si je n'obtiens un long terme pour faire cette éducation. » — « Prends tout le temps nécessaire » dit le maître. Dix ans furent accordées. L'homme était tourné en dérision parce qu'il avait juré d'entreprendre une chose impossible ; il rassura, d'un mot, ses interlocuteurs : — « Je n'ai rien à craindre, car avant ce temps, le Prince, l'âne ou moi nous serons morts. » De là, il faut conclure qu'il est prudent de traîner en longueur et de différer le plus possible l'accomplissement d'une œuvre difficile. [CCLI] A propos d'un prêtre ignorant. A l'occasion de la fête de l'Épiphanie, un de mes amis m'a rapporté un trait d'ignorance incroyable. Un curé, son compatriote, annonçait ainsi à ses paroissiens que la fête de l'Épiphanie était proche. Demain, disait-il, vous célébrerez l'Épiphanie avec une grande dévotion, c'est une fête solennelle, très solennelle. Je ne sais trop s'il s'agit d'un homme ou d'une femme, mais peu importe, il faut observer ce jour avec le plus profond respect. [CCLII] D'un usurier converti. Un homme ayant demandé un prêt à gros intérêt à un vieil usurier qui feignait d'avoir abandonné son métier, lui apporta en gage une croix en argent dans laquelle avait été placée une parcelle de la croix de Notre Sauveur. S'étant informé près du vieillard, quelle somme il consentirait à lui avancer. — « Depuis longtemps, répondit celui-ci, j'ai renoncé au péché d'usure, mais allez trouver mon fils (et il indiqua son nom) car il a vendu son âme lui, il traitera avec vous. » Ce disant, il fait accompagner l'emprunteur par un valet afin qu'il lui montrât la maison de son fils. Ils étaient déjà loin, lorsque le vieillard cria au domestique : — « Avant tout, dis à mon fils qu'il ne manque pas de déduire le poids du bois. » Cet M. L., grand usurier, étant malade à l'extrémité, était un homme qui se disait converti, redoutait que son fils ne payât au poids de l'argent, la relique de la vraie Croix, estimant ce bois moins précieux que le métal. Très facilement ainsi la nature reprend le dessus. [CCLIII] Fable des oiseaux parlants. Un individu retirant des oiseaux d'une cage où ils étaient enfermés, les étranglait en étreignant leurs têtes entre ses doigts. Par hasard, en faisant cette besogne, il se prit à pleurer. Alors un des prisonniers dit aux autres : — « Ayez bon courage, je vois qu'il pleure, il a donc pitié de nous. » — « mon fils, répliqua aussitôt le plus âgé des pauvrets, ne regarde pas ses yeux, mais ses mains. » Il montrait par là, qu'il faut s'attacher aux actes et non aux paroles. [CCLIV] La manie des chaînes. Un certain chevalier Milanais, guerrier assez brave, était venu en qualité d'ambassadeur à Florence. Chaque jour, par ostentation, il se parait de chaînes diverses dont il s'ornait le cou. Niccolo Niccoli, homme très instruit aimant à plaisanter, s'aperçut de la fatuité de notre chevalier et fit cette réflexion : — « Les autres fous ne sont attachés qu'à une seule chaîne, mais il en faut plusieurs pour satisfaire celui-ci. » [CCLV] Mot plaisant de Redolfo de Camerino. Presque toutes les provinces des Etats de l'Eglise abandonnèrent la cause du souverain Pontife, pendant la guerre qui eut lieu entre les Florentins et le pape Grégoire XI. Les habitants de Recanati ayant envoyé un ambassadeur à Florence, celui-ci témoigna aux Prieurs la gratitude de ses compatriotes pour les Florentins qui les avaient aidés à reconquérir la liberté. Il s'emporta ensuite en termes peu mesurés contre le Pape el ses ministres, mais surtout contre les princes et les seigneurs ; il décria leur mauvais mouvement, maudit leurs crimes, sans tenir aucun compte de la présence de Redolfo, seigneur de Camerino, général au service de la République de Florence et qui, en cette qualité, assistait aux audiences des ambassadeurs. Il s'en donna à cœur joie. Redolfo s'étant enquis auprès de notre homme du genre d'études auxquelles il s'était livré, et de la profession qu'il exerçait, celui-ci répondit qu'il était docteur en droit. Redolfo lui demanda alors combien de temps il avait consacré à cette science : — « Plus de dix ans » reprit l'ambassadeur : — « Que je souhaiterais, s'écria Redolfo, vous voir pendant un an seulement préoccupé d'acquérir du discernement. » Insinuant ainsi combien il avait montré peu de tact en invectivant les seigneurs devant lui. [CCLVI] Le vase d huile renversé. Un arbitre ayant été désigné à deux plaideurs, reçut de l'un un baril d'huile afin qu'il prononçât une sentence en sa faveur. L'autre partie ayant appris la chose, envoya un porc gras, en sollicitant une décision conforme à ses intérêts, l'arbitre donna gain de cause à ce dernier. Celui qui avait donné l'huile vint se plaindre de cette sentence, alléguant le cadeau reçu et la parole donnée : — « Certain porc étant entré chez moi, répondit l'arbitre, a trouvé ton huile, a brisé le vase et répandu par terre le liquide, de telle sorte que je n'ai plus pensé à toi. » Très adroite réponse d'un arbitre vénal. [CCLVIl] Des jeunes filles qui se moquent d'un chauve. Deux jeunes filles, étant à la fenêtre d'une maison donnant sur un jardin, virent passer le jardinier vieux et chauve qui s'en allait prendre son repas. A l'aspect de sa calvitie, elles lui demandèrent s'il voulait connaître une recette pour faire pousser les cheveux. L'homme ayant accepté, elles dirent en riant de se laver la tête avec l'urine de sa femme. Mais celui-ci leur dit en les regardant : « Votre recette n'est pas bonne, la preuve en est que depuis trente ans ma femme arrose ce petit compagnon, et cependant pas un poil n'y a poussé ». [CCLVIII] Maître perd les causes. Enrico de Monteleone, avocat à la Curie Romaine, était très âgé et peu apte à la profession qu'il exerçait. On l'appelait familièrement : "Messer perde il piato" c'est-à-dire, "Maître perd les causes". Un jour, on lui demanda pourquoi il ne gagnait pas les causes qui lui étaient confiées : — « C'est, répondit il, que tous mes clients demandent des choses injustes et dès lors, il faut bien que toujours je succombe, puisque mes procès sont continuellement mauvais ». Plaisante réponse d'un ignorant. [CCLIX] D'une chanson qui plait aux aubergistes. Pressé par la faim, un voyageur entra dans une auberge, mangea et but à en tomber malade. L'hôte ayant réclamé le paiement, notre homme avoua qu'il n'avait pas d'argent, mais qu'il était prêt à s'acquitter en chantant quelque chose. — « Je n'ai que faire de vos chansons, dit le tavernier, c'est de l'argent qu'il me faut. » — « Mais si j'en chante une qui vous plaise, reprit le voyageur, la prendrez-vous pour argent comptant?» — « Soit » dit l'hôte. Une, deux chansons furent exécutées, mais aucune n'eût le don de plaire. — « Maintenant, dit le voyageur, je vais vous en chanter une que vous trouverez certainement à votre goût. » Mettant alors la main à sa bourse comme s'il allait en délier les cordons, il entonna la chanson habituelle des voyageurs : "Metti mano alla borsa e paga l'oste" - Mettez la main à la bourse et payez l'hôte : — " Celle-ci vous convient-elle? » dit-il, quand il eût terminé. — « Assurément, » répondit l'aubergiste. « Alors, d'après notre convention, nous voilà quittes puisque cette chanson vous a été agréable », dit le voyageur. Là-dessus, il partit sans bourse délier. [CCLX] A propos d'un homme maigre. Un de nos concitoyens, et, de plus mon ami intime, est tellement maigre qu'il semble transparent, diaphane. Quelqu'un s'en étonnant demanda d'où pouvait provenir cet état : — « C'est bien simple, répondit un plaisant, il met une demi-heure à prendre sa nourriture et il lui faut deux heures pour s'en débarrasser. » C'était exact. Mon ami a pour habitude d'être d'une lenteur excessive lorsqu'il se purge le ventre.