[12,0] LIVRE DOUZE. [12,1] {sans correspondance} [12,2] {sans correspondance} [12,3] {sans correspondance} [12,4] SENATOR, PREFET DU PRETOIRE, AUX CANONICAIRES DE VENISE. Traduction française (partim) : P. Deltuf, Théodoric, roi des Ostrogoths, p.163-5, 1869. 1. Le riche appareil de la table royale ne fait pas peu d'honneur à la république, par cette raison que ceux qui assistent au service à titre de spectateurs ou de convives, sont naturellement portés à supposer que les mets rares et tirés de contrées diverses viennent tous et sans exception des possessions du maître. Servir sur table ce que le pays produit, la chose est bonne pour un simple particulier; mais il n'en saurait être ainsi lorsqu'il s'agit d'un banquet royal. Loin de là, la table d'un roi doit être couverte de plats toujours nouveaux, propres à exciter l'admiration des convives. Qu'on serve en abondance et à tout prix la carpe du Danube, le saumon du Rhin et l'énorme esturgeon Sicilien; qu'on fasse venir du Bruttium et de toute part des poissons savoureux. Il faut qu'un roi mange de sorte que les ambassadeurs des nations croient qu'il possède l'univers presque tout entier. 2. Il faut soigner particulièrement le service des vins, et l'Italie en a de fins en abondance. Or le comte du patrimoine nous fait savoir que le vin à goût d'ache commence à diminuer dans les cuves du roi ; 3. et, comme toutes les villes doivent se fournir réciproquement ce dont elles ont besoin, ordonnez à tous les propriétaires de Vérone de vous rendre sans retard et à prix convenu les quantités de vin qu'ils sont tenus de réserver pour le service du roi. C'est le meilleur de l'Italie, cette ville a le droit d'en être fière. Bien que la Grèce, habile dans tous les arts, se recommande par le produit de ses vignes, et qu'elle excelle à les parfumer de diverses odeurs, en y mêlant certaines espèces de la flore marine, elle n'a rien à comparer au vin de Vérone. 4. C'est un vin vraiment royal par la couleur et le goût; on le dirait teint de pourpre, bien plus, exprimé de la pourpre même. Il est d'une douceur suave, il fortifie, il engraisse ceux qui en font usage; on ne sait si c'est une chair liquoreuse ou une boisson nourrissante. Lorsqu'à l'automne on a choisi les meilleures grappes de la vendange, on les suspend à des treilles couvertes, le jus restant dans son enveloppe naturelle, la peau du grain. Il sèche en vieillissant, élimine les parties inutiles du suc et devient extrêmement doux. 5. Cela dure jusqu'au mois de décembre, c'est-à-dire au moment où l'hiver commence à faire couler la grappe et ainsi le vin à goût d'ache devient un vin nouveau de façon merveilleuse quand, dans tous les celliers, il est maintenant vieux. Vin doux en hiver, sang froid du raisin, produit d’une vendange qui semble être venue quand le temps était glacial, liqueur rouge, pourpre buvable, nectar mauve, il arrête tout d'abord sa fermentation d'origine, et, à peine arrivé à maturité, il commence à avoir une fraîcheur durable. On ne foule pas la grappe avec les pieds; il ne s'y mêle aucun corps étranger ; mais on aide à l'exsudation du grain d'une manière convenable. Cette opération ne doit être faite que lorsque l'hiver a glacé les eaux et lorsque chaque fruit dans les champs est manquant, il est fécond. Alors le raisin distille des gouttes pareilles aux perles. En outre, donc, il ajoute la joie à la douceur, le raisin a une singulière beauté. 6. Ce vin, une fois payé au juste prix est remis aux secrétaires du comte du patrimoine, envoyés pour l'obtenir. Ne vous abstenez pas, cependant, de vous procurer l’autre vin qui resplendit de sa blancheur, parce qu’il se révélera plus extraordinaire quand il sera plus difficile à trouver. Un tel vin est d'une beauté immaculée, et très pur, de manière à donner l'impression que l'un est né de la rose, l'autre du lis. Quant à la couleur, il y en a certainement de nombreuses, mais pour le plaisir qu'il donne au palais, c’est le cousin du premier: son aspect est tout le contraire, mais dans les deux il y a une telle suavité. En fait, si la saveur forte et la fraîcheur rapide existent en commun, leur apparence est cependant très différente. On voit l’un heureux quand il est rouge, l'autre festif parce qu’il est blanc. Et, par conséquent, il est nécessaire de se les procurer le plus tôt possible, car dans les deux il y a, bien sûr, ce qui est également attendu. [12,5] SENATOR, PRÉFET DU PRÉTOIRE, AU SUBLIME VALERIANUS. Mesures d'allégement pour la Lucanie et le Bruttium. Traduction française (partim) : François de Chassepol, Guillaume Beauvais, A treatise of the revenue and false money of the Romans, 1741 et de Nicolas Caussin, La cour sainte, vol 2, 1664. 1. Un magistrat de haut rang doit se répandre en largesses, car de celui qu’on sait être le gouverneur de chacun, on attend qu’il répande ses faveurs sur tous. Mais, par un don de la nature, nous devons le plus à ceux qui sont unis à nous par quelque relation, cela semble une espèce de principe correct pour s’écarter de la pratique de l’égalité. 2. Car nous nous montrons modestes vis-à-vis de nos camarades, nous montrons du respect à nos parents, nous apprécions nos concitoyens, mais, plus que tout, nous aimons nos enfants ; et la force des liens de famille est telle que personne ne se sent insulté si on lui préfère sa progéniture. Et donc, il n’y a rien d’injuste à être particulièrement concerné par sa patrie, surtout au moment où l’on se voit l’aider à ses risques et périls. 3. Donc, une grande armée est arrivée, désignée pour être affectée à la défense de l'Etat, et elle aurait ravagé les champs de la Lucanie et du Bruttium, et diminué la richesse de ces régions par des rapines enthousiastes. Mais comme certains doivent donner et d'autres prendre, selon la nécessité des temps, sache que, par arrêté royal, les prix établis il y a longtemps ont été modifiés: les fournitures seront valorisées aux comptes publics des impôts, à un prix beaucoup plus élevé que votre prix de vente usuel ; de ce fait les propriétaires n’encourront pas de pertes, et l'armée, dans ses oeuvres, ne ressentira aucune pénurie. 4. Vivez tranquilles, vous avez échappé aux mains des collecteurs; les mouvements que font les troupes vous exemptent de tous droits. Afin que tes connaissances soient plus complètes, nous avons jugé bon de donner des chiffres pour les crédits dans les annexes enregistrées ci-dessous, de sorte que nul ne puisse vous vendre une prestation qu’on sait attribuée par la générosité de l'État. Réprime donc, les tumultes des propriétaires. Qu'ils apprécient la tranquillité, puisque personne ne les met en danger. Pendant que l’armée des Goths fait la guerre, les Romains sont laissés en paix. Ce qui t’est enjoint est une occasion de chance: il s’agit d'empêcher le groupe sauvage des paysans de s’emporter dans des entreprises sans foi ni loi pour échapper à leur travail routinier, et ceux que vous avez du mal à contrôler en temps de paix de ne pas commencer à se rebeller contre vous. 5. Donc, par ordre royal, tu devras réprimer les détenteurs individuels des grands domaines, et les puissants propriétaires terriens, afin qu'ils ne déclenchent aucune barbarie dans ce conflit, nous craignons qu'ils se hâtent moins pour assister la guerre que pour troubler la paix. Qu’ils prennent le fer mais pour cultiver leurs champs. Qu’ils s’arment pour piquer leurs boeufs, non pour repousser la violence. Ce sera la plus grande gloire des défenseurs si, en gardant les régions mentionnées, les civils continuent à cultiver les terres de leur propre pays. 6. Fais que les Juges des Provinces soient pleins de vigueur dans l'observation des lois, que les tribunaux ne cessent de donner des sentences contre les mauvaises mœurs: que les larrons craignent les portes de vos Palais ; que l'adultère tremble devant un Lieutenant chaste ; que le faussaire ait horreur du cri d'un Hérault, que tous les crimes soient bannis de notre domaine : les voleurs ne doivent pas rire sur la place publique, car la liberté ne se réjouit que quand ils sont tristes. Ainsi, alors, si tu t’occupes en conseil commun de l’ordre social, tu ne ressentiras pas la guerre qui est menée avec succès. Que personne n'opprime les pauvres. Que leurs persécuteurs soient appréhendés, pourchasse les perturbateurs de la tranquillité publique. Une bataille civile est à engager. Tu feras une paix générale, quand tu auras réprimé les meneurs des troubles qui se commettent. Prends soin également de pourvoir aux fournitures militaires, par crainte que quiconque puisse être victime d’une fraude par la ruse d’un homme. 7. Tu dois savoir, en outre, que nos dirigeants ont ordonné à leurs chefs de l'armée, par le biais de mon autorité, d’accepter, si nécessaire, des instructions de ta part, mais seulement pour venir aider ceux qui auront subi un préjudice. De même, qu’ils préservent la discipline, c’est toujours l'arme la plus puissante d'une armée. En outre, par quelque générosité, les ordres royaux précisent que même les biens du culte, seront exclus du présent prélèvement, mais, qu’au contraire, tout ce qui a été décrété pour le bien public devra être supporté en commun. 8. Maintenant, donc, agis énergiquement avec tes frères, et, prend le plus grand soin à fournir ce qui est nécessaire, afin que l’issue de ce long document se révèle réellement positive pour notre terre maternelle la plus noble. N’importe qui peut gouverner en paix et administrer une province selon la coutume, mais « c'est une entreprise, un travail difficile », de gérer, à la place, une province dans un état perturbé des affaires publiques. Car la compétence des marins est inutile par temps calme, et elle ne donne à l'expert sa réputation qu’avec l'apparition d'un grand danger. 9. Tu as là la chance d’augmenter ta réputation d’homme avisé et, avec l’aide de Dieu, d’agir avec soin et de mériter des louanges dans chaque cas. Cependant, je ne veux pas même qu'on pardonne à mes plus proches, quand il est question de justice, elle doit passer pour tous. Depuis que j’ai pris la République en charge, je me suis dépouillé de mes propres intérêts, je veux du bien aux miens, mais dans la communauté, car il est foncièrement injuste qu’un magistrat désire pour soi quelque chose que le peuple ne peut mesurer. [12,6] {sans correspondance} [12,7] {sans correspondance} [12,8] SENATOR, PRÉFET DU PRÉTOIRE, AUX CONSULAIRES DE LA PROVINCE DE LIGURIE. Permission de payer directement ses impôts au Trésor royal. 1. Un nouveau genre de profit semble apparaître quand des demandeurs acquièrent, et que leurs bienfaiteurs ne ressentent pas de perte. Car l’un recevra de telle sorte que l'autre ne pourra dépérir, c'est un don sans dépense ; on cèdera sans dispense et ce qui ne peut sortir du contrôle du souverain a pour nom générosité. 2. Par conséquent, les X rapports que les finances de ses propriétés situées dans la province Y, tels que décrites dans l'annexe ci-jointe, sont perturbées par les exigences injustes du collecteur d'impôts. Il demande à payer son dû directement à mes trésoriers, sans aucun préjudice pour le Trésor public. Nous, qui sommes reconnus pour n’avoir aucun intérêt à entraîner une perte pour qui que ce soit, accordons bien volontiers cela, aussi longtemps que ce qui est dû au fisc sera correctement soldé, parce que ce sont les actions illicites qui suspendent les bonnes intentions. 3. Ta Respectabilité doit prévenir les curiales de la ville, et les percepteurs d'arriérés de ce fait, ainsi que ceux que tu sais être concernés, et, à partir de l’indiction X, pour avoir le recouvrement supprimé des domaines susmentionnés par la présente condition ; si cependant, avant le premier jour du mois Z, la somme due n’a pas été payée au trésorier, le recouvrement officiel sera effectué dans la province. Mais pas s'il prouve, par les reçus des trésoriers, que sa promesse a été tenue: alors les biens désignés devront être libérés de toute forme de harcèlement par les collecteurs d'arriérés, puisque ce qu'un esprit de bonne volonté offre sans soupçon de causer une perte doit être préféré tout particulièrement. Car nous nous réjouissons du recouvrement de l'impôt, sans pression du collecteur d'arriérés, et d’un sujet loyal qui fait ce dont un homme sous contrainte ne peut guère se décharger. Si seulement un propriétaire foncier nous libérait de bon gré d’un retard inévitable, et lui-même d’une perte par des versements appropriés! En effet, celui qui ne paie pas son dû rend nécessaire est mené d’un recouvrement. [12,9] {sans correspondance} [12,10] SENATOR, PREFET DU PRETOIRE, A DIVERS CHANCELIERS DES PROVINCES. Les dettes malheureuses du Trésor Public doivent être comparées à une maladie chronique, qui s'aggrave et affaiblit, ou sinon s’éteint rapidement. Cela constitue un crime d’être débiteur, et on ne peut pas vraiment se dire libre si on est reconnu coupable. Le sage trouve en soi la force qui le pousse à payer, moins prudent est celui qui va emprunter à autrui. A quoi sert, d’ailleurs, une exemption pour toute l'année? À la prochaine indiction, on exigera la totalité de la somme. Tout en étant indulgent, ne ménagez personne; en exonérant quelqu’un vous le pénalisez d’autant, et ne doublez la charge fiscale que si vous trouvez des moeurs vénales. Abandonnez une fois pour toute la cruelle miséricorde, les profits sont tous détestablement amers. Plus grave sera le cas de celui qui procédera par flatterie, et qui par complaisance, dans les délais d’usage, différera à sa façon la perception des taxes exigées. Et donc cessez maintenant de faire commerce au détriment des propriétaires puisque, contraints par les difficultés, vous devrez retrocéder tout ce que vous vous êtes approprié grâce à des retards injustes. En fait, après cet avertissement, je ne reparlerai pas de ce sujet, mais, si nécessaire, je ferai prélever les sommes chez vous par un acte de saisie irrévocable. Si pour ce jour, donc, tu n'as pas personnellement porté ou envoyé à notre trésorier, avec le détail des comptes, les sommes nécessaires demandées aux provinces dans les délais habituels, tu devras y retourner rapidement, restituer la somme, dépouillé de tout rang officiel dans ta province, que tu sais avoir différée à tort, car il n'est pas du tout normal qu’à cause de ta négligence, une redevance due à l'État soit reportée et que l'argent emprunté aux caisses d’utilité publique soit dépensé en permanence. [12,11] SENATOR, PREFET DU PRETOIRE, A PIERRE, RESPONSABLE DES DISTRIBUTIONS DE VIVRES. Mise en garde contre toute fraude ou malversation. La libéralité d'un bon souverain ne doit pas être discréditée par la fraude et la négligence de la personne chargée de sa distribution. En effet, il plaît aux mains des voleurs d’emporter les largesses. Et tout comme la pureté de la source est polluée par du limon, l’abondance des distributions d’un roi juste est compromise par la cupidité des distributeurs. Après tout, même l'or, quand il fond, si la fusion ne se produit pas dans une coupelle propre, sera imprégné de diverses impuretés, puisque pour préserver cette seule pureté, nulle saleté ne devra le noircir. Quel plaisir de voir les cours d'eau s'écoulant sur des cailloux blancs comme neige, et la nature elle-même semblant sourire de cette pureté libre, quand le dommage d’aucune impureté ne la souille. Ainsi, les dons du souverain de l'État doivent rester intacts et parvenir au peuple romain aussi nombreux qu’il les a envoyés. Toute fraude est haïssable, mais celle perpétrée sur le peuple de Romulus est absolument intolérable: des gens calmes et faciles à satisfaire, dont vous pourriez oublier l'existence, sauf quand ils témoignent de leur bonheur par leurs cris bruyants sans une pensée de sédition, et dont le seul soin est de fuir la pauvreté, sans amasser de richesses. En effet ils ne sont pas âpres au gain, ne se torturent pas pour un savoir-faire négatif, sont humbles par la fortune, mais riches par le caractère. N’est-ce pas une sorte de sacrilège que de voler des gens comme ceux-là ? Voilà pourquoi nous te confions la tâche de distribuer les rations de porc au peuple romain pour cette indiction, sans qu’on puisse y voir la moindre diminution par rapport à ce qui a été mérité grâce à la largesse royale. Sois attentif à ce qu’un autre n’accède à ce qui a été mérité par eux ; si tu n’es pas fidèle aux citoyens, tu deviendras comme un étranger pour nous. Que ne devienne pas Latial, celui qui n’a pas par la naissance les droits de cette cité. Il faut toujours honorer les droits que le nom donne aux peuples, car il vaut mieux attribuer aux choses humaines ce qui se distingue par quelque clarté. Ces faveurs de l’annone appartiennent aux Quirites, aucun esclave doit être admis à les partager. L'homme pèche contre la majesté du peuple romain, quand il souille la pureté de ce sang, en voulant y introduire un groupe d’esclaves. [12,12] A ANASTASE, CHANCELIER DE LUCANIE ET DU BRUTTIUM, SENATEUR ET PREFET DU PRETOIRE. Traduction française (partim) : François Lenormant, La grande Grèce, 1881. Officiellement le déjeuner à la tête de l'Etat et en louant les diverses provinces pour leurs produits délicieux, comme d'habitude, il est venu dans le sillage du vin du Bruttium. Le fromage de la Sila qui, grâce à la qualité des herbages, se confectionne dans des conditions de telle bienveillance de la nature, qu'on dirait qu'il a un goût de miel, quoique rien d'étranger n'y ait été mêlé. Dans ce pays le lait coule, presque sans y être provoqué, des mamelles gonflées des bestiaux, de telle façon qu'il ne sort pas goutte à goutte comme du ventre des troupeaux d'autres contrées, qui passent cependant pour fécondes, mais que c'est un torrent qui s’échappe de lui-même à peine le pis a-t-il été touché. Son parfum est suave et comme pénétré des senteurs variées de toutes les herbes de la montagne ; à l’odeur on reconnaît la qualité des pâturages d'où il provient, et il y a autant de plaisir à le flairer qu'à respirer une fumée d'encens. Ce lait contient tant de crème et si épaisse, qu'elle semblerait la liqueur figée de l'arbre de Pallas, si celle-ci n'était pas d'un jaune vert, tandis que la crème de notre lait est d'un blanc de neige. Les pâtres joyeux rassemblent dans des formes largement ouvertes l'abondance merveilleuse de cette crème, et en y mêlant de la présure la font se coaguler en fromages encore mous, auxquels on donne la figure d'une sphère. On les porte ensuite dans des caves souterraines, où on les garde quelque temps et où ils achèvent de prendre la solidité durable du fromage sec et de garde. Fais-en au plus tôt embarquer un certain nombre sur le premier bâtiment en partance, afin que par ce petit présent nous puissions donner satisfaction au désir royal. Quant au vin de Palmi que l'antiquité a ainsi nommé pour le louer en le caractérisant comme méritant justement la palme, il faut t'en procurer qui ait perdu l'âpre verdeur qu'il a au sortir du pressoir, mais qui ait pris le suave bouquet qui s'y développe avec le temps. Car il a beau être, entre les vins du Bruttium, le dernier par l'éloignement de sa position géographique, le jugement unanime des connaisseurs en fait le premier pour sa qualité. Il égale le vin de Gaza et ressemble à celui de la Sabine, mais se distingue de tous par son parfum. Voilà pourquoi il a acquis une si haute renommée. Il faut en chercher qui soit de premier choix dans son genre, pour bien prouver que la sagesse de nos ancêtres ne lui a pas donné un nom impropre. Il doit être liquoreux, mollement onctueux, chaud et excitant, parfumé au sentir, d'une blancheur limpide ; et c'est surtout l'arrière-goût qu'il laisse au palais qui le rend digne de la palme. Ce vin tonifie l’estomac fatigué, raffermit les entrailles, fortifie la poitrine, sèche les plaies qu'on en lave ; toutes les qualités que l’on cherche à donner à des vins composés, il les possède naturellement. Mais il est prévu d'envoyer les produits énumérés ci-dessus, exactement comme décrits, car nous ne pouvons nous tromper, nous qui sommes nés dans cette province, nous croyons à leur véritable existence. Pour l'instant nous avons offert ce que nous voulions, en prélevant ce qui est stocké dans nos provisions. Vous allez encourir un risque, cependant, à demander autre chose que cette richesse, puisque vous savez déjà qu’il n'est pas impossible d'obtenir leurs échantillons. [12,13] EDIT. A ceux qui ont soustrait des dons à l’Eglise. 1. Les largesses accordées par nos seigneurs doivent être garanties par un effort commun, car ce qu'ils accomplissent clairement par incitation divine doit nécessairement profiter à tous. En effet, la piété des princes protège tout l'empire, et, alors qu'ils jouissent d'une juste récompense, les membres de l'état sont conservés en toute sécurité. Maintenant, il y a longtemps des décrets impériaux ont aidé les saintes églises du Bruttium et de Lucanie par certains dons de dévotion. Mais, comme il est familier aux esprits sacrilèges de pécher, même contre la vénération divine, les canonicaires ont soustrait une part considérable au nom des officiers-comptables {numerarii}, transformant les biens du clergé en profits de laïques. 2. Les comptables de mon bureau ont rejeté, maudit, et détesté ces actes, indiquant que rien de ce que des mains impies avaient détourné par un tel crime ne leur avait a été payé. Qu’essayerez-vous encore, par une audace tout à fait inhumaine, si vous accroissez vos larcins, tout en sachant que vous ne pourrez peut-être pas échapper à notre attention? Penser que vous pouvez échapper aux yeux des mortels, bien que ce soit un crime, n'est pas une hypothèse irréaliste. Mais, comme le grand aveuglement de l'homme, qui prévoit de faire ce que Dieu ne pourrait voir, le condamne! 3. Mais, de peur qu’une présomption similaire n’incite à commettre d’autres dommages supplémentaires, ou que des fraudes répétées puissent excéder la patience divine, nous décrétons par le présent édit, que toute personne impliquée plus avant dans cette fraude sera privé de sa fonction officielle, et perdra le bénéfice de ses propres biens. Celui qui a même eu l’audace de blesser Dieu, devra être frappé d'une lourde peine. Que les pauvres bénéficient des dons de leurs seigneurs; que ceux qui n'ont rien aient quelque chose. 4. Pourquoi la richesse d’un tiers, basée sur la générosité royale, devrait-elle être usurpée? Son bien est un don du prince. Comment un sujet peut-il oser s'approprier ce qu'il voit que l'humilité de son seigneur offre à Dieu? En outre, ne pas donner à ces hommes, c’est leur prendre, et à juste titre, puisque celui qui peut aider ceux qui ont faim, les fait mourir s’il ne peut les nourrir. Nous devrions avoir honte de voler ceux auxquels nous devons donner. La volonté de s’enrichir sur la pauvreté d'un mendiant dépasse toute cruauté. Nous devons aimer les honnêtes profits, trembler face aux gains maudits. Par conséquent, ne laissez aucun homme oser voler ce qui pourrait lui faire perdre ses acquisitions. Se ruine en amassant, celui qui recueille en amassant, et se condamne en fait lui-même à la pauvreté celui qui ne rejette pas les sommes d'argent des pauvres. [12,14] {sans correspondance} [12,15] SENATOR, PREFET DU PRETOIRE, AU CLARISSIME MAXIMUS, CHANCELIER DE LUCANIE ET DU BRUTTIUM. Traduction française (partim) : François Lenormant, La Grande Grèce, t. 2. Description de Squillace, patrie de Cassiodore. 1. Squillace, la première des villes du Bruttium, a été, croit-on, fondée par Ulysse, le destructeur de Troie, et dit-on, affligée contre toute raison par un excès de fournisseurs. Leurs exactions n’ont pas eu lieu durant notre ministère, car les dommages faits nous auraient contraint à nous désoler plus profondément, car évidemment nous aurions été troublé à cause de mon sentiment patriotique. La cité est établie au-dessus d'un golfe de la mer Adriatique. Elle pend sur le flanc d'une colline à la façon d'une grappe de raisin ; non qu'elle s'élève en présentant une ascension longue et difficile, mais comme pour fournir au regard l'occasion d'être charmé par la perspective des campagnes verdoyantes et de la surface azurée de la mer. 2. Cette cité contemple le soleil naissant dans son berceau même, de telle façon que l'aurore n'a pas le temps d'y précéder la venue du jour ; mais dès que l'astre commence à se lever, son flambeau s'y distingue par son éclat vibrant. Elle regarde encore Phébus dans toute sa splendeur, elle brille à chaque heure de sa lumière; c'est vraiment la patrie du soleil, et un tel nom lui conviendrait bien mieux qu'à Rhodes. Elle jouit d’une lumière transparente et est dotée, en plus, d’un air tempéré, d’hivers froids et d’étés chauds ; la vie s’y déroule sans mélancolie, car on ne craint pas le mauvais temps. 3. Car, en réalité, un pays chaud rend les hommes astucieux et volages, un pays froid les rend sournois et apathiques; seul un climat tempéré donne à la nature humaine une bonne qualité de mœurs. Ainsi c’est pour cela que les anciens surnommèrent Athènes la cité des sages ; cité qui, imprégnée d’un air pur, prédisposa via une générosité heureuse, les cerveaux les plus brillants à la philosophie. En va-t-il en effet de même pour le corps d’ingurgiter l’eau d’un marécage ou de boire à une fontaine douce et translucide ? Ainsi, l’influence d’un climat lourd pèse sur la vigueur des âmes. Car nous sommes forcément sujets à de tels problèmes quand les nuages nous oppressent ; et, encore, comme c’est le propre d’une âme céleste de se réjouir de tout ce qui est pur et sans tâche, nous nous plaisons naturellement sous un climat radieux. 4. Squillace est bien pourvue aussi en produits de la mer, c'est là, que nous avons fait nos enclos neptuniens. Au pied du mont Moscius, nous avons établi des appareils pour faire pénétrer l'eau des gouffres de Nérée dans les entrailles excavées des rochers. Là des troupes de poissons, se jouant dans une libre captivité, donnent un spectacle qui repose l'esprit et amuse le regard. Ils courent avides au-devant de la main des hommes et viennent y chercher leur nourriture, avant d'y devenir aliments eux-mêmes. L'homme nourrit ainsi les délices de sa table ; et la facilité qu'il a de les capturer fait que bien souvent, rassasié, il les laisse en paix ? 5. De quelque côté qu'ils se retournent, ceux qui résident dans la cité jouissent du spectacle des travaux d'une magnifique culture. On voit de là les vendangeurs recueillir d'abondants raisins, les bœufs fouler sur l'aire les grasses moissons, et partout ce sont de verdoyantes plantations d'oliviers. Celui qui fait le tour de la ville, partout où il regarde, ne cesse pas d'avoir sous les yeux l'agréable perspective des champs. C'est à tel point que l'on oublie les murs qui forment l'enceinte et qu'on finit par se croire dans une cité rurale ou une villa urbaine. Participant à la fois de la ville et de la campagne, ce lieu mérite à un égal degré les louanges que l’on donne à l'une et à l'autre. 6. Le voyageur de passage emporte le désir d'y revenir ; celui qui se sent fatigué du travail aspire à y chercher le repos ; il arrive qu’en raison du charme de la cité, les habitants soient accablés par leurs propres dépenses, car ils doivent fournir chevaux de poste et provisions. C’est pourquoi, de peur que tout cela ne porte atteinte à la beauté de la cité, ou que ce qui est motif d'éloge ne devienne cause de gaspillage, nous avons prescrit que, selon notre autorisation, la fourniture de ces derniers pour voyager avec des chevaux de poste, sera imputée au Trésor public. 7. En outre, nous avons aussi supprimé les salaires des juges itinérants et décrété que, sur la base d’anciennes ordonnances, les préposés ne recevront des provisions que pour trois jours seulement: s’ils prolongent leur séjour, ils auront à suppléer à leurs dépenses de transport. Les administrateurs voulurent certainement que les lois fussent un soulagement, pas un fardeau. Soyez donc soulagée, ô notre cité, ayez soin d'équité car ce que nous vous accordons n’est pas un avantage. Avec l'aide de Dieu, vivez dans la joie selon la justice de notre temps et avec un sentiment particulier de sécurité. D’autres les appellent les îles; moi, je dirais plutôt vos maisons les plus heureuses. [12,16] CANONICAIRE (CHARGE DU COLLECTEUR D’IMPOTS) Lettre annuelle d’incitation et d’instruction envoyée aux collecteurs d’impôts. 1. Le temps, qui convient toujours aux affaires de l’homme, car il nous faut constamment trouver l'occasion de solutionner même nos problèmes, m’avise à reparler de mon souci des recettes fiscales annuelles, puisque le fonctionnement de l'Etat est clairement basé sur cette institution. Et c’est à juste titre d’en décider, car il s’agit du bien de tous. Nous devons aimer ces choses à partir desquelles l'état semble appuyer sa fermeté; tant qu'il est soutenu par un retour des recettes, son statut très ferme est maintenu. 2. Par conséquent, alors qu'une marque de loyauté est une grande chose à tout moment, plus elle est nécessaire, plus elle est agréée de façon correcte. Que les propriétaires fonciers, donc, paient les dus qui leur gagneront des faveurs. En effet, une dette qui ne peut être évitée doit toujours être joyeusement amenée, un paiement fait clairement et sans contrainte peut ainsi devenir un don. 3. Et donc, que cet ordre soit réussi, nous t’ordonnons d'informer les propriétaires fonciers de ta province, pour l'indiction première, qu'ils doivent payer avec loyauté leur contribution, en gardant les trois tranches. Ainsi, personne ne se plaindra d’avoir été forcé de payer trop tôt ; ni personne, encore une fois, ne devra prétendre qu'il a été dépassé par une clémence prolongée. Que personne ne dépasse le montant du juste poids, et qu’on laisse les mesures tout à fait exactes : car le pillage ne cessera pas si l’on se permet de dépasser le poids établi. 4. En outre, tu devras envoyer à notre secrétariat, sous une forme standard, un rapport précis sur quatre mois des frais de collecte, afin que l’exactitude puisse ressortir des comptes publics, en y éliminant toutes erreurs et obscurités. Mais afin que, avec l'aide de Dieu, tu puisses remplir cette tâche, nous envoyons X et Y, fonctionnaires de notre bureau, pour vous superviser toi et ton personnel, bien conscient de leur propre risque. Ainsi, l’ordre donné peut atteindre son but sans reproche. Méfies-toi, dans ce cas, que le blâme d’une adjudication malhonnête, ou d’une paresse oisive, ne te rattrape, et que le travail tu as omis d’effectuer puisse occasionner des pertes à ta propre fortune. [12,17] A JEAN, SILICATAIRE DE RAVENNE, LE ROI THEODORIC. Traduction française : Valérie Fauvinet-Ranson. La fortification des cités est un espoir solide pour tous, puisqu'en temps de paix, on apprend des nations extérieures ce qu'on peut vraiment craindre dans les affrontements. En effet, chaque ville est habitée et remplie d’hommes de diverses origines. Qui sait avec quelle nation il peut entrer en conflit ? Aussi tous doivent-ils savoir qu’il ne serait pas agréable, pour de futurs ennemis d’approcher cette raison, tu prendras soin d’avertir, selon notre commandement, les possesseurs de creuser, près du mont Caprarius et des environs, des murailles, des fossés largement béants et d’ouvrir là une excavation de taille à empêcher tout passage. Pourquoi, hommes malfaisants, cherchez-vous des accès interdits, alors qu’il vous est permis d’entrer librement par les portes? Vous semblez cacher je ne sais quoi en souhaitant ne pas entrer ouvertement. Une conscience sans repli suit la voie publique, elle se réjouit de la conversation de ceux qu'elle rencontre et, tandis qu’elle recherche joyeusement diverses personnes, sa tâche ne lui pèse pas et ne la fatigue pas. A l’inverse la volonté d’être ignoré est amie du crime et quiconque dérobe ses trajets, dévoile sa conscience. Par conséquent il faut que les vieux chemins soient rendus à l’usage de tous, pour éviter qu’en cherchant un gain de peine ils n’endurent la perte de leur vie, car il faut à juste titre traiter comme un ennemi celui qui s'efforce de violer les défenses de la cité. [12,18] AU TRES EXPERIMENTE CONSTANTINIANUS, SENATOR, PREFET DU PRETOIRE. Réfection de la via Flaminia. La récompense des serviteurs efficaces des rois est grande et il est périlleux de négliger ses devoirs envers eux; parce que servir sous les yeux du souverain est la récompense de la vie, on ne peut celer aucun mal ni aucun bien. Quel plaisir de voyager sans obstacles sur une route bien construite, d’y voir des marques d’entretien, de passer des endroits douteux sans crainte, de grimper les flans montagneux par une pente douce, de ne pas avoir peur des planches d'un pont quand on le traverse, et bref, d’accomplir son voyage de sorte que tout se passe à souhait! Vous dépassez votre obligation si vous pouvez faire plaisir au souverain. Car c’est un grand pas en avant pour celui auquel nous cherchons à obéir, si vous méritez de lui devenir remarquable par le calme. Par conséquent, comme la voie Flaminia est sillonnée par l'action des torrents, faites creuser les bords de la voie, faites rejoindre les gouffres béants par les plus larges des ponts; faites dénuder les bois touffus qui asphyxient les côtés de la route; faites procurer le bon nombre de chevaux de poste, assurez-vous qu'ils ont toutes les qualités qui sont nécessaires à leurs membres; faites collecter les quantités désignées des dispositions de l’annone sans piller les possesseurs et vous ferez grand bien à tous sans faire de mal à personne. Une défaillance dans l'une quelconque de ces indications ruinerait la totalité de votre projet. Collectez aussi, avec la plus grande diligence, les épices qui sont nécessaires à la table du roi. A quoi bon donner satisfaction à l'armée, si votre propre roi manque de soins et d’un conseil approprié. Que tous les Provinciaux s'occupent de vos admonestations ; laissez les villes fournir les provisions énoncées dans les listes. Puis, quand ils auront mis le souverain de bonne humeur, ils pourront lui demander certaines faveurs. Pensez à moi qui à présent juge tous vos actes. Je vais avoir soit à vous retourner la faveur du souverain en me réjouissant, soit à supporter le blâme de vos échecs à la cour. Agissez donc plutôt pour que l’on ne puisse m’attribuer votre défaillance ; que je sois satisfait de tous vos actes plutôt de me trouver offensé à cause de vous. Votre gloire sera grande, elle mettra mon esprit en repos, et me permettra de recevoir en votre nom les remerciements de toute l'armée. [12,19] {sans correspondance} [12,20] SENATOR, PREFET DU PRETOIRE AUX CLARISSIMES TRESORIERS THOMAS ET PIERRE. Traduction française (partim) : Hugo Grotius, Le droit de la guerre et de la paix, p. 284, 1867. Ordre de rendre les vases sacrés de l'église de saint Pierre mis en gage pour fournir aux frais du voyage du pape Agapet. 1. Ta fidélité se souvient, comme moi-même, du saint Agapet, pape de la ville de Rome, quand, par ordre royal {de Théodahat}, il fut envoyé en ambassade vers le prince de l'Orient {Justinien}. Il donnait des gages, et a reçu de vous X solidi d’or avec un reçu établi en bonne et due forme, afin que notre prévoyant seigneur puisse aussi hâter le départ de celui à qui il avait ordonné de partir rapidement. En lui prêtant l'argent nécessaire, le roi fit d'abord une offre généreuse, mais il a agi encore plus glorieusement en donnant ce qui aurait pu lui revenir avec des remerciements ! 2. Le besoin fut surmonté sans perte: les mains du Pape donnèrent l'argent que son état ne possédait pas, et ce voyage qui fut sans doute chargé de dons devint sans frais. Quel spectacle ce fut quand l'évêque put accorder des largesses à ceux qui le demandaient, et l'Eglise n’en ressentit aucune perte! Il fut meilleur distributeur que donneur, car celui dont le patrimoine est considéré supporter des frais doit obtenir crédit. Quelle ne peut-être l'influence sur un prince pieux d'une telle ambassade, certainement envoyé d’une manière si remarquable? 3. Par conséquent, conseillé par notre instruction, et assuré de la décision royale, tu dois rendre sans délai les vases sacrés et l'obligation signée, aux officiants de l’église du saint Apôtre Pierre, de sorte que les objets rendus en notre faveur puissent bientôt concrétiser leur désir. Laissez les outils de l'église, célèbres à travers le monde, être confiés aux mains des diacres. Donnez-leur ce qui leur a appartenu autrefois, afin que ce que le pape a légalement engagé, soit reçu à juste titre comme un don. 4. Tout cela dépasse l'exemple que j'ai raconté avec tant de soin dans mon histoire. Car, le roi Alaric {Ier}, saturé du sac de Rome, ayant vu venir les vases sacrés de l'église de Saint-Pierre, que ses soldats lui apportaient, ordonna, dès qu'il eût su ce que c'était, sur la question qu'il avait faite, qu'ils fussent rapportés sur le seuil sacré par ceux qui les avaient pris, afin d'expier par la manifestation d'un respect profond, la faute que la convoitise et la passion du pillage avaient fait commettre. Mais est-il étonnant que celui qui s'était enrichi en pillant une ville fût peu enclin à piller le vénérable patrimoine des saints? 5. Notre roi, cependant, par une volonté religieuse, a retourné les vases faits siens par la loi des promesses de dons. Et donc, après une telle action, beaucoup de prières devraient être fait pour lui, car nous sommes convaincus que la joie sera conférée lorsque nous demanderons la récompense de nos bonnes œuvres. [12,21] {sans correspondance} [12,22] SENATOR, PREFET DU PRETOIRE AUX PROVINCIAUX D’ISTRIE. (Traduction anglaise). The public budget, fluctuating with seasonal conditions, can be kept in bounds by this method: if the wholesome commands of the state match the local production. For, where the crops are richer, there procurement is easy. For, if something which hungry barrenness has denied is levied, then both the province is injured, and the desired result is not obtained. Now, by travellers' report, I have learnt that the province of Istria, which owes its glorious name to the triad of noble crops, and, by divine gift, teems with wine, oil and corn, is enjoying fertility in the present year. And therefore, the aforementioned foodstuffs, paid as tax to the value of y solidi, shall be credited to you for this, the first indiction; but the surplus I leave for official expenses to the loyal province. 2. But, since I have to procure greater quantities of what I mentioned, I have also sent you z solidi from my treasury, that these necessities may be that these necessities may be collected in great quantities without cost to you. For often, when you are under pressure to sell to outsiders, you suffer loss, especially at that season when you are deprived of foreign purchasers; and it is unusual to obtain gold when, as you know, the merchants are not there. How much better is it to obey the requirements of your Lords than to supply foreigners; and to pay your debts in the victuals, rather than to endure the arrogance of purchasers. Moreover, what I, from love of justice, am proclaiming, is something that you might propose to me, since, where I am not burdened by shipping costs, I should do no injury in the price. For yours is the nearest region to us across the Ionian {Adriatic} Sea, covered with olives, glorious for its corn, rich in vines, where all crops flow in desirable fertility, as though from three udders generous in their milk. Not undeservedly, it is called the Campania of Ravenna, the store-room of the royal city, an only too pleasant and and luxurious retreat. With its northward location, it enjoys a wonderfully mild climate. 4. It also has certain Baiaes of its own, - I am not talking nonsense - where the rough sea enters the hollows of the coast, and is calmed to the smooth and lovely surface of a lake. These places also supply many garum factories, and glory in their wealth of fish. Not one Lake Avernus is found there. Many salt-water fish-pools can be seen, in which oysters breed everywhere spontaneously, even without labour. Thus, there need evidently be no care in feeding, nor uncertainty in catching these delicacies. 5. Great villas shine out far and wide: you would think them sited like pearls to show the taste of your ancestors in this province, which is plainly adorned by such buildings. That coast also has a most beautiful chain of islands; arranged with charm and utility, it both shields ships from danger, and enriches the farmers by lavish harvests. Istria clearly refreshes our hard-working court; it feeds the nobles on its luxuries, lesser men on its output of foodstuffs, and almost its entire produce is enjoyed by the royal city. Now let the loyal province more willingly furnish its supplies. It should comply fully when called on, since it used to perform most lavishly when there was no request. 6. But, lest any hesitation should arise over my commands, I have sent to you, by this authority, the most industrious Laurentius, in great labours for the state, so that, according to the appended directives, he may expedite without delay what he knows has been entrusted to him for the state budget. Now procure what you are commanded to. For you will render yourselves loyal public servants by receiving your orders with pleasure. 7. But I shall declare the prices regulated for you on a subsequent occasion, when the bearer of this letter has sent me a report on the state of the harvest. For it is impossible to assess anything with justice unless the resources can be clearly ascertained. Indeed, it is an unfair judge who promulgates an impossible decree, and he who would pronounce without consideration clearly has a bad conscience. [12,23] {sans correspondance} [12,24] AUX TRIBUNS DES PEUPLES MARITIMES, SÉNATOR PRÉFET DU PRÉTOIRE. Traduction française : Casimir Freschot, Nouvelle relation de la ville et république de Venise, p. 8, 1709. Nous avons commandé il y a quelque temps en suite des dispositions faites, que la Province d’Istrie qui a eu cette année une abondante récolte de vin et d’huile fit tenir heureusement ces denrées à Ravenne. C’est pourquoi vous qui avez beaucoup de barques dans ces confins, ayez soin avec la même soumission de transporter au plus tôt ce que cette Province est prête de fournir. Vous aurez tous deux un mérite égal dans l’exécution de ce transport qui dépend également du concours de l’un et de l’autre. Soyez donc prompts à ce petit voyage, vous qui faites souvent des courses beaucoup plus longues. Votre vie se passe même en quelque manière dans ces courses, puisque vous ne pouvez voyager dans votre pays qu’en naviguant. En quoi vous avez un avantage particulier, à savoir des routes dont la sûreté n’est sujette à aucun danger. Car quand les vents empêchent la Mer d’être navigable, vous avez d’autres chemins ouverts par les agréables canaux des rivières. Dans le sein de ceux-ci vos barques ne craignent point le souffle incommode des vents, rasant continuellement la terre et ne pouvant périr à cause de la commodité qu’elles ont d’aborder partout. Quand on les voit de loin sans voir les rivières qui les portent, on dirait qu’elles naviguent sur des prairies. Au lieu des câbles qui servent à les arrêter en mer, elles font ici leurs courses tirées par des cordes légères et par un changement singulier de condition, elles reçoivent le mouvement des hommes qui marchent à pied sur la terre. Ceux-ci tirent sans beaucoup de peines ces mêmes bâtiments qui leur servaient de voitures et ils aiment mieux assurer ainsi leur route, que de s’exposer à craindre continuellement les dangers inséparables de l’usage des voiles. Je me fais un plaisir de rapporter ici ce que j’ai reconnu moi-même de la situation de vos demeures. La Province de Venise autrefois si renommée à cause de la quantité de Noblesse qui l’habitait, a pour rivage, du coté du Midi, Ravenne et le Pô et au Levant l’agréable vue de la Mer Ionienne, où le flux et le reflux couvre et découvre par des inondations alternatives le terrain de la campagne. Vous avez votre séjour dans cette région où, comme des oiseaux de mer, vous passez votre vie ; car tout y est mer ou Isles. Et ce mélange la rend semblable aux Cyclades, auxquelles elle ressemble encor, en ce qu’on y voit vos domiciles épars dans toute l’étendue de la mer, où plusieurs n’ont pas été fondés par la Nature mais par industrie des hommes qui a su avec des osiers liés ensemble y former un terrain qui, tout fragile qu’il est, ne craint point de s’opposer aux flots de la mer lorsque le rivage ordinairement guéable est couvert et ne peut, faute d’élévation se décharger de ses eaux. Dans ce séjour environné de tous côtés de la mer, toute l’abondance qui y règne est de pouvoir se rassasier de poissons. La pauvreté y vit en une parraine égalité avec les plus riches ; une même forme d’habitation les loge tous et une même viande sert à les repaître également. Personne ne sait ce que c’est que l’envie et tous étant égaux dans le vivre et dans le logement, ils sont exempts d’un vice auquel le monde est si fort sujet. Toute la jalousie qui règne est qui travaillera le plus aux salines. Au lieu de charrues et de faux, vous roulez vos cylindres et en cela consiste tout votre revenu toujours prêt parce qu’il n’a besoin que d’être recueilli consistant en une chose déjà faite. Ce fond aussi infaillible que les soutiens les plus nécessaires de la vie, est ce qui vous sert de monnaie et toute l’étendue de la mer est la boutique où vous la forgez. Quelques-uns peuvent se passer et mépriser l’or, mais personne ne saurait vivre sans sel et cela avec raison, puisque toute sorte de nourriture lui doit son agrément. Enfin mettez toute la diligence que vous pourrez à refaire et à préparer vos barques que vous tenez attachées aux parois de vos maisons, comme vos bêtes de charges, afin que quand Laurent, homme très versé en ces sortes d’affaires et qu’on a envoyé pour faire conduire ces provisions vous avertira, vous vous hâtiez de partir et que vous ne retardiez point l’usage que l’on en doit faire. Vous pourrez selon la qualité du temps choisir la route qu’il vous faudra tenir. [12,25] {sans correspondance} [12,26] SÉNATOR, PREFET DU PRETOIRE A PAULUS, HOMME ACTIF. Traduction française (partim) : Denis de Sainte-Marthe, La vie de Cassiodore. Le bien-être est souvent le fait d’un généreux acte de piété, puisqu’une rémission faite à l’appel d’hommes de valeur est en fait un bénéfice. Aujourd’hui le vénérable évêque Augustin, homme dont le nom et les mœurs sont bien connus, est venu me voir pour me faire un compte rendu déplorable des besoins des Vénétiens. Ils n’ont pu produire chez eux ni vin, ni blé, ni millet et il déclare que les biens des provinciaux ont atteint un tel niveau de pénurie qu’ils peuvent difficilement supporter les périls de la vie à moins que la piété royale les prenne en considération de son habituelle humanité. Car c’est une conduite cruelle de demander des subsides à ceux qui sont eux-mêmes dans la nécessité de mendier et de les forcer de donner les choses dont ils ont un pressant besoin. C’est vouloir exiger des larmes pour tout tribut que de charger d’impôts un peuple qui est dans l’impuissance de les payer et qui ayant tout perdu n’a plus que des larmes pour déplorer sa misère. Et voilà pourquoi, ému par le rapport d’un homme d’une telle bonté, par la présente, nous les dispensons du vin et du blé que nous vous avons fait collecter dans les cités de Concordia, d’Aquilée et de Forum Julii ; seule la viande devra être fournie selon le plan qui vous a été indiqué. Nous vous ferons parvenir une quantité suffisante de blé depuis ici. Et comme nous avons appris qu’une grande quantité de vin avait été produite en Istrie, vous devez exiger de là une quantité égale à ce qui a été demandée des cités mentionnées plus haut, aux taux du marché, de manière à ce que les Istriens ne subissent aucun dommage, quand les justes prix sont garantis pour leurs profits. Vous vous rendez compte qu’aucune vénalité ne saurait fixer un prix durant cette indulgence, et ce pour la raison suivante : le remède ayant été fait de façon désintéressé, sa gloire ne doit pas être ternie. Sachez qu’un lourd châtiment vous serait appliqué si vous paraissiez avoir accepté ce qu’il est interdit de donner. [12,27] A L’EVÊQUE DE MILAN DATIUS, SENATOR, PREFET DU PRETOIRE. Distribution de blé pendant une famine. Il n’est pas très avantageux de vouloir faire du bien à moins qu’on ne veuille le faire par les mains des hommes très intègres. En effet, le désir honnête des justes accroît un bienfait; et tout ce qui est apporté sans malversation est justement attribué aux mérites du donneur. Il convient que les dons de la munificence royale soient distribués par l’intégrité sacerdotale. Car seul celui qui aime à distribuer ses propres biens peut fidèlement exécuter les volontés des autres. Voilà pourquoi nous demandons à Votre Sainteté (dont le but est de servir les commandements de Dieu) de faire distribuer à une population affamée, un tiers du blé contenu dans les greniers publics de Pavie et de Dertona, car telle est la volonté du prince, au prix de vingt-cinq modii pour un solidus, sous votre propre contrôle ; ainsi aucune vénalité humaine ne le fournira à ceux qui peuvent vivre de leurs propres ressources. Celui qui est démuni doit faire l’objet de la bienveillance du prince. C’est un ordre afin de secourir les indigents et non les riches. Il vaut mieux distribuer que jeter en abondance, car plutôt mettre en réserve que rassembler dans des vases vides. Par conséquent, Votre Sainteté ne doit pas voir ces actes de pitié comme une offense, puisque tout cela est digne de vous lorsqu’on y trouve la charité ; de fait, exécuter loyalement les vœux d’un autre, c’est faire le bien soi-même. Pour gérer ce problème, avec la grâce de Dieu, j’ai pris soin de nommer A et B, qui suivront les ordres de Votre Sainteté, ne décideront rien par eux-mêmes mais s’efforceront uniquement de vous obéir. Quant aux solidi obtenus par la vente dudit blé, ils seront conservés, et vous m’en informerez par un rapport; ils seront transmis au caissier du grenier pour que ce dernier refasse ses stocks, avec l’aide de Dieu, en vue d'une autre période de difficultés. Tout cela est comme le remplacement d’un vêtement, déchiré et usé, qu’on cherche à retisser sous une nouvelle apparence, et avec une plus grande beauté. [12,28] {sans correspondance}