[3,0] LIVRE TROISIEME. PRÉFACE. Les personnes peu soigneuses ont coutume d'excuser leur négligence, en imputant à la Divinité ou au hasard les accidents qu'elle leur occasionne. En effet, la paresse se croit plus excusable du moment qu'elle peut attribuer à la puissance du hasard un événement qui n'est arrivé que par sa faute. C'est de là qu'on dit des malades qu'ils s’étaient réchappés de leur maladie sans le secours même d'aucuns remèdes et qu'ils meurent entre les mains des Médecins. Mais c'est un système que je n'adopterais pas volontiers, non seulement parce qu'un propos de cette nature inspire la négligence, mais encore parce qu'il est impie; et j'aime mieux ne négliger aucun essai, que de me mettre dans le cas qu'on puisse imputer à mon avarice ou à ma négligence les malheurs qui peuvent m'arriver. Ce n'est pas que ces propos ne puissent avoir quelque fondement en certaines occasions, vis-à-vis de l'homme qui est réputé être spécialement sous la direction de la Providence Divine et régi par le destin ; mais pour les animaux avec qui la Divinité ne daigne avoir aucune communication, ils périraient infailliblement si les hommes n'en prenaient aucun soin et qu'ils ne fissent aucune dépense pour les guérir. Quelle ressource en effet restera-t-il aux animaux que la Divinité ne daigne pas entretenir et les hommes leur refusent les secours de la médecine ? Il arrive souvent que lorsqu'on néglige les animaux qui ont les premiers gagné une maladie, la contagion de cette maladie venant à augmenter par leur communication avec d'autres animaux, elle détruit des troupeaux entiers, parce que les pâturages qui sont souillés et les fontaines qui sont infectées par les animaux qui sont malades, deviennent aussi funestes à ces troupeaux que si les uns et les autres étaient changés en poison. Enfin, lorsque l'odeur qu'exhale un animal malade vient à s'insinuer dans les narines de ceux qui sont sains, son infection seule porte la maladie dans leurs entrailles. C'est ainsi que la mort passe avec un lait corrompu d'une mère à sa progéniture. C'est ainsi qu'un animal qui a gagné une maladie contagieuse fait périr, tout vif qu'il est, les animaux même les plus précieux, quoiqu'il n'ait fait que passer rapidement dans des écuries bien peuplées. Néanmoins les soins, l'application, la vertu des herbes et la connaissance des méthodes pour les traitements nécessaires remédient souvent à tous les accidents. Si la première science des Médecins consiste à connaître les parties qui composent le corps humain et ses organes, il n'est pas moins nécessaire aux Hippiatres d'apprendre tout ce qui a rapport aux os, aux nerfs et aux veines des animaux, puisque tout homme qui ne connaît pas la nature de l'être; qu'il a à traiter, ne peut pas le traiter par une méthode raisonnée. [3,1] CHAPITRE PREMIER. Un cheval a donc deux os dans ta tête, deux depuis le front jusqu'aux naseaux et deux dans la ganache : il a quarante dents, c'est-à-dire vingt-quatre molaires, quatre canines et douze incisives. Il a sept vertèbres dans l'encolure, huit à compter de la dernière de celles-ci jusqu'aux rognons et sept depuis les rognons jusqu'à l'anus. Sa queue est composée de douze jointures. Les épaules de devant contiennent deux os à têtes : il y en a deux autres depuis les épaules jusqu'aux petits bras et deux depuis les petits bras jusqu'aux genoux. Il y a dans les genoux deux parastaticae, et deux depuis le tibia jusqu'aux articulations du pied. Il y a deux os qui portent le nom de bases. Jusqu'à la partie poreuse du pied où le sabot prend sa naissance, il y a seize petits os : il y en a un dans la poitrine indépendamment des trente-six côtes qui sont renfermées dans l'intérieur du coffre. Il y a encore deux os dans le train de derrière depuis la jointure des reins jusqu'aux molaria, deux depuis les molaria jusqu'aux vertèbres et deux os costaux. Il y en a deux depuis l’acrocolesium jusqu'à la jointure de la jambe, deux depuis la jointure de la jambe jusqu’au fanon du tibia et seize petits jusqu'au sabot : ce qui fait au total cent soixante et dix os. [3,2] CHAPITRE II. Il nous faut à présent exposer les mesures et le nombre des membres. Il y a douze rides dans le palais. La langue a un pied et demi de longueur, la lèvre supérieure six unciae, l'inférieure cinq et chaque mâchoire dix. Il y a un pied depuis le toupet jusqu'aux naseaux : chaque oreille a six unciae, comme chaque œil en a quatre. Depuis la frange de poils qui termine l'encolure jusqu'au mercurius il y a huit calculi. L'épine du dos contient au-dessous trente-deux vertèbres. Depuis la jointure des reins, que l’on appelle cumulare, jusqu'au bas de la queue, il y a douze jointures. La longueur d'entre les têtes de l'os de l'épaule est de douze unciae, depuis les épaules jusqu'aux petits bras il y en a six de long, depuis les petits bras jusqu'aux genoux un pied et depuis les articulations du pied jusqu'au sabot quatre unciae. L'animal a six pieds de long, compris de la tête à la queue. Au reste ces dimensions se trouvent justes dans un cheval d'une taille honnête et médiocre, mais il n'est point douteux qu'elles ne soient moindres dans les criquets et plus considérables dans les chevaux de la première taille. [3,3] CHAPITRE III. Il faut aussi développer le nombre, la nature et la mesure des nerfs. Il en descend une paire du milieu des naseaux qui traverse la tête, l'encolure et le milieu de l'épine du dos et qui se rend au bas de la queue ; elle a douze pieds de longueur. Les deux nerfs de l'encolure, dont la largeur est d'un palmus, ont quatre pieds de longueur. Il y deux nerfs depuis les épaules jusqu'au genou, quatre depuis le genou jusqu'à la sole du pied, dix dans le train de devant et autant dans celui de derrière. Depuis les reins jusqu'aux testicules, il y en a quatre. Ce qui fait en tout trente-quatre nerfs. [3,4] CHAPITRE IV. Il faut encore, pour suivre ce tableau, indiquer le nombre des veines. Il y en a deux dans le palais, deux sous les yeux, deux dans la poitrine, deux qui partent des petits bras, quatre, qui partent de dessous le fanon, deux qui partent des talons, quatre qui partent des couronnes, quatre qui partent de la partie antérieure des cuisses et deux de leur partie extérieure, deux qui partent de dessous les jointures des jambes et une qui part de la queue : il y a deux veines-mères dans l'encolure, ce qui fait en tout vingt, neuf veines. [3,5] CHAPITRE V. On doit connaître l'âge des chevaux à leurs dents et à d'autres indices, tant afin de ne pas s'exposer en les achetant aux inconvénients qui résultent de l'ignorance sur ce point, qu'afin d'être assuré de leur âge, lorsqu'il sera question de les traiter en maladie, parce que les remèdes qui conviennent aux chevaux ainsi qu'aux hommes qui sont encore dans le feu de la jeunesse, ne leur conviennent plus quand ils commencent à se ressentir du froid de la vieillesse. Or il est indubitable que les marques du corps changent avec l'âge dans les animaux. En effet, quand les poulains ont atteint l'âge de deux ans et six mois, les dents supérieures du milieu de la bouche, que l'on appelle lactentes, leur tombent et dès qu'ils commencent à entrer dans leur quatrième année, celles que l’on appelle canini tombent également et sont remplacées par d'autres. Ensuite les dents molaires tombent avant qu'ils soient dans leur sixième année. La sixième année, les dents qui ont été remplacées les premières, rasent. La septième année leurs dents sont uniformément remplies et à dater de là elles commencent à se creuser, après quoi on ne peut plus connaître au juste le nombre de leurs années, si ce n'est à d'autres marques que l'expérience a fait découvrir. En effet leurs temples commencent à se creuser la dixième année, quelquefois même leurs sourcils commencent à blanchir et la douzième année on aperçoit une tache noire au milieu de leurs dents. Presque tout le monde assure qu'il faut couper les rides qui se trouvent dans les lèvres supérieures des animaux domptés et accoutumés au frein, en commençant cette opération à l'angle où prend l'ouverture de la bouche pour la suivre jusqu'à l'extrémité de la lèvre, parce que le nombre de ces rides indique celui des années de leur âge. Enfin la vieillesse se trahit elle-même par la multitude de rides, par la tristesse qui domine sur le front, par l'encolure qui baisse, par la nonchalance du corps entier, la stupidité des yeux et la blancheur des paupières. [3,6] CHAPITRE VI. Quand il est question d'échanger ou de vendre des chevaux, on trompe souvent l'acquéreur en leur assignant une fausse patrie, parce que pour peu qu'on veuille les vendre plus cher, on les suppose de très bonne race. C'est ce qui nous a déterminés à exposer les marques auxquelles on reconnaît les chevaux de toutes les Nations et à détailler leurs qualités d'autant que les différents voyages de long cours que nous avons faits nous ont procuré l'occasion de connaître toutes les espèces de chevaux et que nous en avons souvent élevé dans nos propres écuries. Il est donc constant que les chevaux sont très nécessaires à trois sortes d'usages, aux combats, aux jeux du Cirque et à la selle, sans parler des services plus vils qu'on en tire encore. Ceux des Huns passent pour l'emporter de beaucoup sur tous les autres à la guerre, par leur patience à supporter le travail, ainsi que le froid et la faim. Après ceux-ci, ce sont ceux de la Thuringe et de la Bourgogne qui se sont le mieux aux mauvais traitements. Ceux de la Frise qui viennent au troisième rang, ne se laissent jamais surpasser par d'autres, soit qu'il s'agisse de la vitesse, soit qu'il s'agisse de la persévérance à la course. On assure qu'après eux ceux de l'Epire, de la Sarmarie et de la Dalmatie, quoique rebelles au frein, sont très bons pour la guerre. Ceux de la Cappadoce se sont acquis une distinction glorieuse dans la conduite des chars : on croit que ceux d'Espagne leur disputent la palme dans le Cirque, ou que peu s'en faut. La Sicile en fournit aussi au Cirque qui ne leur sont guère inférieurs, mais l'Afrique donne assez communément les plus rapides de tous les chevaux : ce sont des chevaux de race Espagnole. La Perse est le pays qui donne les meilleurs chevaux de monture : on les prise des sommes immenses, leur port est aussi doux que leur allure est flatteuse et ils sont recommandables par leur noblesse. Ceux de l'Arménie et de la Sophène ne viennent qu'après eux, mais l’on fait cas dans ce genre de ceux de l'Epire et de la Sicile, pourvu qu'ils aient des mœurs et quelque agrément. Ceux des Huns ont la tête crochue, les yeux saillants, les naseaux étroits, les mâchoires larges, l'encolure robuste et raide, la crinière leur pend plus bas que les genoux, ils ont les côtes grandes, l'épine du dos courbée, la queue bien garnie de poils, le tibia très fort, la sole petite, le sabot plein et bien fondu, les entailles creusées et tout le corps angulaire, ils n'ont point de graisse dans les fesses, point de moulures dans les muscles, leur taille est plus longue que haute, leur ventre tant soit peu ravalé et efflanqué, ils ont de grands os et une maigreur qui ne manque point d'agrément et leur difformité même fait leur beauté. Leur caractère est doux et prudent et ils supportent les blessures avec patience. La taille ainsi que l'habitude des chevaux Perses ne diffère pas beaucoup de celle des chevaux d'une autre espèce, sauf une certaine grâce qu'on leur trouve dans l'amble. Leur pas est menu et fréquent et tel qu'il fait plaisir au cavalier qui les monte et qu'il le redresse : on ne leur apprend point ce pas par art, mais ils l'acquièrent, pour ainsi dire, par droit de nature. En effet leur amble tient le milieu entre se pas de ceux qui ont un amble lent et mol et celui de ceux que le vulgaire appelle Totonarii, et quoiqu'ils ne ressemblent parfaitement à aucune de ces deux espèces de chevaux, ils passent pour avoir quelque chose de commun avec les uns comme avec les autres. Ceux-ci ont, ainsi qu'on l'a prouvé, plus de grâces que d'autres dans une route pourvu qu'elle soit courte et moins de patience quand elle est longue : ils ont le caractère orgueilleux et ils sont rebelles au cavalier, à moins qu'on ne les subjugue par un travail-continuel. Ils ont cependant de la prudence dans le caractère et ce qui est surprenant, c'est que, tout bouillants qu'ils sont, ils prennent beaucoup de précaution pour conserver leur beauté : ils ont l'encolure courbée en arc, de façon qu'ils semblent appuyer leur menton sur leur poitrine. [3,7] CHAPITRE VII. Les chevaux Perses, Huns, Epirotes et Siciliens vivent longtemps ; ceux d'Espagne et de Numidie vivent moins de temps. On est communément dans l'opinion qu'il ne faut point donner de médicaments aux chevaux des peuples barbares, sous prétexte qu'ils sont bien constitués par la nature, qu'ils guérissent sans secours lorsqu’ils sont malades et qu'il est même dangereux de les traiter. Mais ce système n'est pas fondé, puisqu'au contraire plus les membres de ces sortes de chevaux sont robustes, plus ils vivent longtemps, lorsque l'Art de la Médecine vient à l'appui de cette disposition. Il est cependant reçu parmi les Auteurs qu'on ne doit jamais tirer de sang de la veine-mère aux chevaux hongres, si ce n'est dans les maladies les plus graves et dans la dernière nécessité, parce qu'ils ont perdu en grande partie leur chaleur naturelle en perdant les testicules. Il faut néanmoins, lorsqu'on se pique d'une certaine attention pour ces animaux, tirer du sang du palais presque tous les mois, tant aux chevaux hongres qu'aux chevaux entiers. On prétend aussi que, lorsqu'on retire les étalons de la monte, il faut leur tirer du sang de la veine-mère, sans quoi ils deviendraient aveugles, quoiqu'on ne doive pas les saigner pendant l'année dans laquelle on les mène aux cavales, de peur que les suites d'une double incommodité n'épuisent leur corps dans le temps qu'il est occupé à la génération. Nous avons enseigné dans les deux premiers livres de cet ouvrage aux personnes qui ont du goût pour les chevaux les soins qu'il faut avoir de leur écurie, les apprêts qu'exigent leurs aliments et la sollicitude avec laquelle on doit ses veiller. Ainsi, après avoir détaillé toutes les règles de l'art que nous avons entrepris d'enseigner, nous allons passer aux méthodes qui ont rapport aux compositions des potions et des médicaments nécessaires aux hippiatres. Or, en recueillant ceux d'entre ces remèdes qui sont confirmés par l'expérience, nous avons mis à l'écart ceux que la cupidité des Médecins vétérinaires a mis à un prix excessif, moins dans la vue de guérir que pour s'en procurer un débit lucratif, parce qu'il est constant que ce n'est pas tant le grand nombre de drogues ni les plus chères qui peuvent opérer une guérison, que le petit nombre de celles qui sont convenables pour la maladie que l'on a à traiter. Ainsi, comme il faut que tous les chevaux, tant ceux qui traînent des chariots que ceux qui servent de monture, soient en premier lieu dans un embonpoint convenable, qu'en second lieu ils se maintiennent en bonne santé et qu'enfin ils puissent guérir quand ils seront malades, nous allons donner (ainsi que nous nous y sommes engagés) différentes compositions de médicaments que nous avons choisis dans plusieurs Auteurs et qui sont approuvés par des expériences confiantes. [3,8] CHAPITRE VIII. On dit que tant pour refaire les animaux que pour les guérir, Chiron a enseigné cette potion-ci, qui dissipe les maladies internes, qui réprime la toux et qui guérit ceux d'entre eux qui sont vulfi ou sujets à tousser : on met dans un chaudron un sextarius de ptisanne d'orge mondé, une hemina de graine de lin, une uncia de safran, l'intestin d'un porc frais qui porte le nom de longanon après l'avoir bien lavé, ou bien l'extrémité d'un jambon et, à défaut de porc, une tête de bouc avec les pieds, les intestins et le ventre du même animal après les avoir bien nettoyés, comme si on les préparait pour l'usage de l'homme. On y ajoute deux bottes d'hysope, quinze escargots de Germanie nettoyés, quinze bulbes, vingt figues que l'on aura partagées en deux pour les faire sécher, une botte de rue, un sextarius de baies de laurier broyées, vingt dattes, trois gousses d'ail épluchées, six unciae de suif de chèvre et une botte de pouliot sec. Après avoir broyé toutes ces drogues, on les fait cuire dans de l'eau de citerne ou de pluie, jusqu'à ce que la viande soit bouillie au point de se séparer des os, en remettant néanmoins souvent de l'eau, de peur que le médicament ne se dessèche en brûlant et lorsqu'on s'aperçoit qu'il est épaissi on le passe et après avoir jeté de côté le résidu ainsi que les os, on y ajoute trois unciae de gomme adragante, qu'on a fait infuser un jour auparavant dans de l'eau chaude, pour la faire gonfler et la mettre en état d'être dissoute, trois sextarii de vin fait avec du raisin séché au soleil, six œufs crus, six autres œufs pleins d'huile de rose, trois unciae tant de beurre fondu que de grande consolide, d'amidon et de poudre à l'usage des chevaux d'attelage, avec un sextarius de lomentum, c'est-à-dire, de farine de fèves. On détrempe ce mélange de façon qu'il puisse couler à travers la corne, pour en donner pendant trois jours un sextarius par jour aux animaux à jeun et si on le juge à propos, on recommence à leur en donner de même au bout de sept jours d'interruption. On guérit les animaux et on les préserve de maladies avec un mélange d'une quantité égale de poudres de gentiane, d'aristoloche ronde, de myrrhe des Troglodytes, de raclure d'ivoire et de baies de laurier, dont on leur fait prendre la valeur d'un grand cochleare. On ajoute à ce mélange quatre scrupules d'hysope broyée, trois unciae de miel ou de vin fait avec du raisin séché au soleil, un sextarius d'autre vin et une pastille de gisnum fondu : quand on veut leur en donner après une course ou après le travail, on y ajoute une hemina de vin composé dans lequel il y ait beaucoup d'épices et en été la même quantité de sumac ou d'absinthe, pour leur faire prendre à la corne. Si un animal est fatigué de la chaleur, on mêle de l'oxycrat avec du pouliot broyé et on lui en fomente les naseaux et le front : on lui fait aussi avaler des œufs que l'on bat dans une hemina d'excellent vin vieux, afin d'augmenter la vertu de ce vin par celle de l'œuf qui est rafraîchissant par sa nature. On écarte la maigreur et la langueur des animaux, en mêlant un œuf cru et un sextarius de vin vieux avec une semi-uncia de soufre et quatre scrupules de myrrhe réduite en poudre et en leur faisant avaler souvent ce mélange. Le diapente est nécessaire (ainsi que nous l'avons déjà dit) pour plusieurs causes et dans différentes maladies et il en faut toujours avoir en réserve qui ait été composé avec soin. C'est une poudre de gentiane, d'aristoloche ronde, de myrrhe, de raclure d'ivoire et de baies de laurier. On choisit toutes ces drogues fraîches et on les réduit en poudres très fines que l'on mêle ensemble pour en faire prendre par la bouche aux animaux qui ont la fièvre, la valeur d'un cochleare dans trois unciae de miel et un sextarius d'eau tiède, dans laquelle on aura fait bouillir des racines de jonc avec une quantité suffisante d'ache de marais, en répétant ce traitement pendant trois jours. Si l'on donne à un animal la même quantité de cette poudre dans un sextarius de vin vieux et une hemina d'huile verte, elle le guérira de toutes les espèces de venins, ainsi que des morsures des serpents ou des petites bêtes, de même que si on y ajoute un autre cochleare de poivre et de pouliot, ainsi que de, poudre, de cumin et qu'on lui en donne, dans un sextarius de vin vieux, on viendra à bout de chasser tel froid que ce soit. [3,9] CHAPITRE IX. On traitera aussi les toux incurables avec une hemina de vin fait avec du raisin séché au soleil, trois unciae d'huile et un œuf cru qu'on fera avaler aux animaux pendant trois jours, en y ajoutant de la fleur de farine de fèves et deux cochlearia de fenugrec. Outre cela, il est très bon de donner pendant trois jours aux animaux qui toussent un sextarius de fèves grillées et cuites sans sel et trois unciae tant de suif de chèvre que de beurre, trois gousses d’ail épluché et bouilli, dans de la ptisanne d'orge mondé. On croit ce médicament-ci encore plus efficace : on fait bouillir très longtemps ensemble de l'eau deux livres de figues sèches, un sextarius de fenugrec, une uncia tant de gomme adragante infusée un jour d'avance dans de l'eau chaude, que de grande consoude, une botte de rue verte et trois d'ache de marais, pour leur faire avaler cette eau pendant trois jours. On croit aussi qu'on guérir les animaux qui sont vulfi en ramassant sept unciae de cendre très propre, à laquelle on en ajoute trois d'huile, avec sept bulbes broyées, une uncia tant de grande consoude que de beurre et de suif de chèvre, trois tant de miel que de plantain vert broyé et une hemina tant de vin fait avec du raisin séché au soleil que de ptisanne d'orge mondé ou de graine de lin et en leur donnant à jeun pendant trois jours ou plus longtemps, suivant l'exigence de la maladie, un sextarius de ce mélange par jour, après l'avoir détrempé de façon qu'il puisse couler à travers la corne. Souvent des toux désespérées ont été guéries par une potion aussi peu chère que simple, qui est composée de six unciae de poudre tant de fèves que de fenugrec et d'aunée qu'on à broyée sèche, de trois de poudre de grande consoude broyée et de six de beurre : on agite le tout ensemble dans trois sextarii de bon vin et après y en avoir ajouté un et demi de vin fait avec du raisin séché au soleil, on en fait prendre par la bouche la valeur de deux cornes pleines à un cheval à jeun et avant le jour, jusqu'à ce qu'il ait eu cette potion en entier. L’expérience a encore appris que la médecine suivante est fort utile. On fait bouillir sans sel un sextarius de fèves grillées, on y ajoute trois unciae de suif de bouc fondu avec cinq de beurre et on broie le tout dans un mortier. Outre cela on fait bouillir dans de l’eau un sextarius de fenugrec bien épluché et on jette cette première eau quand elle a commencé à bouillir, pour en remettre ensuite cinq sextarii de nouvelle dans le vase avec vingt figues sèches très grasses et quatre unciae de réglisse, que l'on fait bouillir en même temps jusqu'à ce que l'eau soit réduire à trois sextarii, après quoi on broie dans un mortier le fenugrec, la réglisse et les figues, puis on les mêle avec les fèves et on verse sur ce mélange l’eau chaude dans laquelle on a fait bouillir les figues avec les autres drogues : enfin lorsqu’on a mêlé le tout ensemble, si la liqueur est trop épaisse; on y ajoute la quantité de vin fait avec du raisin séché au soleil, qui sera nécessaire pour la faire couler aisément par la corne et on en fait prendre pendant plusieurs jours un sextarius par jour aux animaux qui toussent. [3,10] CHAPITRE X. On fait mourir les cossons, les vers ou les teignes, ainsi que les autres bêtes qui s'engendrent dans le ventre des animaux en leur faisant prendre à la corne, pendant trois jours, une hemina de cendre faite avec du bois d'olivier sec dans une d'huile verte. Voici encore une autre composition qui les guérit souvent de maladies mortelles : on prend deux unciae, tant de poudre de santoline que d'absinthe du Pont, de lupins crus, de centaurée, de fleur de farine d'ers et de graine de raifort ; on ajoute à ces drogues une uncia de corne de cerf, trois pastilles de terre rouge ramassée auprès de Sinope dans le Pont, une semi-uncia de grande berce, deux sextarii devin du pays des Laletani, ou de tel autre vin dur que ce soir et un d'huile verte, puis on fait prendre à la corne ce médicament tiède à l'animal en le plaçant sur un talus élevé, afin que le médicament descende plus aisément dans l'intérieur de son corps. Le lendemain on le place sur un lieu élevé de même, mais, de façon que son corps penche en devant et on lui donne en clystère ou sextarius de cette même potion tiède, jusqu'à ce qu'étant prise alternativement un jour par la bouche et l'autre jour par le fondement, elle puisse humecter l'intestin auquel on donne le nom de coagulare, et que ces petites bêtes pernicieuses, qui sont amassées dans cet intestin, périssent par la douleur que leur occasionne ce médicament qui leur percera le ventricule. Voici encore une troisième composition qui n'est pas moins efficace: on broie jusqu’à la valeur d'une livre tant de racine de câprier de Sicile que de baies et de feuilles de la même plante et après les avoir mêlées ensemble en y ajoutant deux sextarii de vinaigre, on fait prendre ce médicament à l'animal (comme nous venons de le dire) tantôt par la bouche, tantôt par l'intestin, afin de faite mourir ces ennemis internes par l'amertume de cette potion. [3,11] CHAPITRE XI. Il faut préparer cette composition-ci qui est salutaire contre toutes les espèces de maladies, afin qu'étant préparée d'avance on puisse s'en servir dans l'occasion pour remédier aux maladies dans leur principe, parce que ce remède administré trop tard serait inutile. On prend une livre tant de myrrhe que d'encens mâle et d'écorce de grenade broyée, trois unciae tant de poivre que de safran, une selibra tant d'acacia rouge que de tuthie, de colofone, d'absinthe du Pont, de poudre de serpolet, de bétoine, de centaurée, de gomme séraphique, de saxifrage et de fenouil de porc. Après avoir bien broyé et criblé toutes ces drogues, on les mêle dans trois sextarii d'excellent miel et on les fait cuire légèrement et doucement sur du charbon, après quoi on les met en réserve en les renfermant dans un vase d'étain ou de verre, pour donner la valeur d'un grand cochleare de cette confection par jour aux animaux malades dans une hemina d'eau tiède et trois unciae d’huile vierge s'ils ont la fièvre, au lieu que s'ils sont sans fièvre ou qu'ils commencent à entrer en convalescence, on la leur donne pendant plusieurs jours dans du vin et de l'huile jusqu'à ce qu'ils soient guéris. Sachez que c'est une potion très efficace et très approuvée. [3,12] CHAPITRE XII. Les compositions qu'on emploie en fumigations délivrent les animaux des charmes, les purifient, mettent en fuite les malins esprits et écartent ses maladies, parce que l'odeur ainsi que la vapeur de la fumée qu'elles occasionnent, venant à s'insinuer par la bouche et par les naseaux, pénètrent jusqu'aux recoins les plus cachés des entrailles et guérissent souvent des parties du corps que les potions n'avaient pas pu guérir. La vapeur des fumigations est aussi un des remèdes ses plus adaptés à l'égard des hommes. Enfin, les Auteurs d'Hippiatrique assurent que les maladies les plus désespérées et les plus dangereuses ne viennent point de la pâture, ni du vice des eaux mais de la corruption de l'air : ainsi la vapeur salutaire de ces fumigations doit opérer plus aisément la guérison des affections causées par des maladies pestilentielles. Or, en voici la composition : on prend une livre tant de soufre vif que de bitume de Judée, une uncia de grande berce, une selibra tant de galbanum que de castoréum, de pois chiches crus et d'albitis, trois unciae tant de sel Ammoniac que de raclure de corne de cerf, de terre rouge ramassée auprès de Sinope, de jais femelle et de pierre de jais, une tant de pierre hématite que de pierre sidérite et de pierre d'argent, sept poulains de mer, quatre étoiles de mer, sept boules de mer, sept, queues de mer, sept ongles de mer, trois unciae de raisin de mer, trois livres tant de moelle de bois gommeux de pin que de résine de cèdre et de poix liquide et enfin sept os de sèche. On fait sécher ces drogues, on les broie et on les mêle ensemble, puis on en jette dans le besoin la valeur d'un cochleare sur des charbons ardents pour parfumer l'animal en lui couvrant la tête, afin que cette fumée lui entre dans le corps par la bouche et par les naseaux. Outre que ces fumigations guérissent les animaux, elles guérissent encore les maladies qui s’attaquent aux hommes, elles écartent la grêle et chassent les malins esprits ainsi que les spectres. [3,13] CHAPITRE XIII. On donne le nom de quadrigarius à une poudre composée de diverses sortes de médicaments mêlés ensemble, qui est bonne pour les animaux soit qu'on la leur fasse prendre seule, soit qu'on la mélange dans d'autres potions en plus ou moins grande quantité, suivant l'exigence des traitements. Chiron croit que cette poudre est très salutaire, pourvu qu'elle soit faite de la manière qui suit ; on prend trois livres de gomme adragante, six unciae d'aloès, autant plus un scrupule de myrrhe, une et un scrupule tant de costus que d'amome et de casse, une livre tant de gentiane que d'aristoloche, de centaurée, de bétoine, de saxifrage, de sureau, d'opium et d'aurone, six tant d'eupatoire que de cardamome, trois tant de feuille Indienne que de spica nard, six de nard Celtique, une de cabaret, trois unciae de carotte sauvage, six tant de castoréum que de grande berce, de galbanum, d'impératoire, de racine de panax et de réglisse, trois bottes d'absinthe et cinq unciae de jus de verveine séchée et criblée : on broie le tout ensemble pour le conserver avec soin dans un vase de verre ou d'étain. Mais voici la manière dont Pélagonius a ordonné de composer cette poudre : on prend du cinnamome, de l'épi de Syrie, du spica nard, du safran de Sicile, de la myrrhe du pays des Troglodytes, du schenante, du poivre noir, du poivre long, de la manne de safran, de la bétoine, de la casse noire, de la germandrée, de la feuille Indienne, du nard, du lentisque, de l'oignon des Indes, du storax, de l'acorus du Pont, de l'encens mâle, de l'iris d'Illyrie, du thym de Crète, du poivre blanc, du calamus aromaticus, du cabaret du Pont, du persil, de la manne de Safran, de la pomme de terre, de la gentiane, de la rose sèche, de la casse et de l'aunée : on mêle le tout par poids égal, en proportionnant les doses au nombre d'animaux qu'on a à traiter, on le broie, on le crible, on le renferme dans une boîte ou dans un vase de verre et on en donne au besoin un cochleare par tête aux animaux, ou davantage si leurs forces le permettent, en y ajoutant du vin et de l'huile. On mêle quelquefois cette poudre avec d'autres potions, quand la méthode du Médecin ou le traitement de l'animal l'exigent. Absyrthus a ordonné de la composer de cette façon-ci : on prend de la feuille Indienne, du spica nard, du safran, du poivre blanc, du poivre long, du poivre noir, de la racine de grande berce, de la casse daphnita, de la casse musylitis, de la casse de nard, de l'iris d'Illyrie, de la graine d'ache de marais, de la pomme de terre, du fenouil de porc, de la saviniere, de la gentiane, de l'herbe rosina, du thym, de la myrrhe, de la germandrée, du costus, de l'encens mâle, du gesse mantium, de la grenade, du calamus aromaticus, de la rose sèche, de la rue sauvage, du persil, de l'aristoloche longue, de l'amome, du cal a m us de Syrie et de l’armoise. On prépare toutes ces drogues en proportionnant leur dose au nombre d'animaux qu'on a : on les mélange par poids égal, on les broie, on les crible et on les conserve pour s'en servir dans différentes maladies. [3,14] CHAPITRE XIV. Les caustiques dessèchent l'humidité, resserrent les parties relâchées, remettent les luxations et fortifient les membres blessés. Chiron veut qu'on les compose ainsi : on prend deux livres tant de bitume de Judée que de pissaphaltus, six unciae de manne d'encens, deux de gomme de bdella d'Arabie, deux livres de moelle de cerf, deux unciae tant de propolis que de galbanum et de gomme de storax, deux livres de cire commune, une de résine ratissée sur les futailles, trois unciae de gui d'Italie, deux tant de Zopissa que de jus d'hysope et de gomme Ammoniac et une livre de poix du pays des Brutiens : on fait fondre celles de ces drogues qui sont fusibles et après y avoir ajouté les autres en poudre, on les remue et on les fait bouillir jusqu'à ce qu'elles ne forment qu'un seul corps de matière, dont on se sert contre les cloches et contre les épanchements de sang qui surviennent soit dans les genoux, soit dans le tibia, les jointures et les articulations: on croit aussi que ce caustique guérit encore les glandes et les maladies des os. Pelagonius a ordonné de composer ainsi les caustiques dont on se sert pour dissiper les épanchements et les cloches dans les genoux ou dans les articulations : on prend une livre de cire Punique, deux et demie de résine, trois unciae de galbanum, deux livres tant de bitume de Judée que de myrrhe de la seconde qualité, une livre de bitume et six unciae tant de gomme Ammoniac que de costus. Mais on fait bouillir toutes les autres drogues ensemble dans une marmite de terre cuite propre, au lieu qu'on n'y ajoute le bitume, la gomme ammoniac et le costus dans la dose que nous avons prescrite et après les avoir broyés comme de la farine, qu'après que les autres drogues sont refroidies, auquel cas on les agite toutes ensemble et on les fait cuire de nouveau, jusqu'à ce qu'elles ne forment qu'un seul corps de matière, dont on se sert contre les cloches et les épanchements qui surviennent soit dans les genoux, soit dans le tibia, soit entre les jointures et dans les articulations : on croit même que ce caustique guérit les maladies des os. Le même Auteur a encore ordonné de composer un malagme caustique avec deux livres tant de poix que de cire, trois unciae de galbanum, une livre de résine, deux de colle de taureau, sept unciae de gomme de bdella, trois de fleur de farine d'encens, six de térébenthine, deux livres de gui et trois unciae de glu. Absyrthus a ordonné de même de composer de la manière qui suit, un caustique pour guérir les glandes : on prend trois unciae tant de colofone, que de poix dure, de bitume de Judée, de gui, de galbanum et de bitume Grec. On fait bouillir toutes les drogues dans du vin, au lieu qu'on bat le bitume pour l'ajouter ensuite. [3,15] CHAPITRE XV. Drogues qui entrent dans la composition d'un malagme pour les tumeurs calleuses et invétérées : deux unciae de galbanum, une livre de résine, une selibra tant de gomme Ammoniac que de poix du pays des Brutiens, une livre de cire et la quantité d'huile suffisante pour détremper ces drogues. Autre malagme contre les tumeurs calleuses et invétérées : deux livres de galbanum, une selibra, tant de gomme Ammoniac que de térébenthine, une livré tant de grande berce que de storax, de cire rouge et de gomme de bdella, une uncia de poivre blanc, une livre de baies de laurier, une uncia de poivre long, une selibra de poix du pays des Brutiens et une quantité suffisante d'huile d'iris, [3,16] CHAPITRE XVI. Composition d'un collyre fistulaire que l’on insère dans les fistules, qui se forment à la suite de plaies traitées négligemment dans le principe. On fait ce collyre d'une grosseur proportionnée à la grandeur de la fistule même, afin qu'il puisse en remplir la cavité et que la dureté qu'elle contient étant rongée plus promptement, les chairs vives se cicatrisent solidement. Il sera composé d'une livre tant de misy que de tartre brûlé, de rouille de cuivre, de chalcitis et de six unciae de cumin et l'on broiera ces drogues dans du vinaigre ou bien on en. fera des collyres. On compose encore autrement un collyre fistulaire, en faisant bouillir dans du vin vieux une livre tant de misy que de rouille de cuivre et de chalcitis, six unciae de miel et deux livres de lonkite et en faisant avec ces drogues des pastilles propres à être inférées dans les fistules. [3,17] CHAPITRE XVII. Composition d'un malagme violent. On mêle et l’on broie pour s'en servir au besoin deux livres de chaux vive, une de moutarde d'Alexandrie, six unciae de figues sèches et une quantité suffisante de graisse de porc. [3,18] CHAPITRE XVIII. Composition d'un onguent liquide. On prend deux livres tant de cite rouge que de colofone , une tant d’huile de laurier que de suif de taureau, de graisse de porc, de moelle de cerf, d’huile de carpe, de rouille, d'hysope et de vieux oing et l’on fait bouillir le tout ensemble sur le charbon, pour s'en servir au besoin. [3,19] CHAPITRE XIX. Les médicaments traumatiques sont très bons pour les plaies, parce qu’ils consument les parties pourries, ils remettent les chairs vives en bon état. En voici la composition : on passe ensemble une livre de misy, deux de chalcitis et une de vert-de-gris, on met ensuite ces drogues au feu sur une tuile et on les fait cuire jusqu'à ce qu'elles soient devenues rouges, après quoi on les broie dans un mortier et l'on en fait une poudre semblable à de la farine. Ensuite on fait bouillir deux sextarii de miel dans une marmite propre avec du vin et, lorsque ce vin commence à bouillir, on y jette la poudre dont nous venons de parler et on la fait bouillir en l'agitant: enfin quand cette composition est refroidie, on s'en sert pour les plaies gangrenées, pour les abcès et les cicatrices. On compose encore un traumatique de cette façon-ci : on fait bouillir dans une marmite propre une livre tant de misy que de calamine, d'aloès et d’acorus, deux de vert-de-gris, une de chalcitis et deux de miel et l'on se sert de cette composition quand elle est refroidie. [3,20] CHAPITRE XX. On approuve encore un malagme dans la composition duquel il entre une livre tant de miel que de galbanum, de storax, de gomme de bdella et de poivre blanc, deux de gomme Ammoniac, une tant de moelle de cerf que de baies de laurier, deux uncia de fleur de farine d'encens et cinq de suif de chèvre. [3,21] CHAPITRE XXI. On compose un autre malagme dans lequel il entre trois uncia de gomme Ammoniac, une livre de cire, deux unciae d'excellent nitre, deux livres de térébenthine, trois unciae de storax, six de baies de laurier, trois tant d'huile de carpe que d'huile de laurier, six de moelle de cerf, trois d’huile rosat, six de graisse d'oie, quatre d'hysope, six tant de graisse de cerf que de grande berce, deux de poivre blanc, trois de galbanum, une livre de vieux oing, une hemina de vinaigre très mordant et quatre unciae d'encens mâle. [3,22] CHAPITRE XXII. C'est Absyrthus qui a enseigné la composition de l'anacollemate que voici : on prend un sextarius de fleur de nitre, trois unciae de grande berce, deux de safran de Sicile, une de poivre blanc, trois de fleur de farine d'encens, dix escargots pilés, vingt bulbes et autant d'avelines: on sait détremper toutes ces drogues dans du vinaigre après les avoir broyées et mêlées ensemble et on s'en sert pour conglutiner les parties du corps qui sont désunies. Cependant le remède le plus efficace consiste à mettre sur les parties affligées le sang même que l'on aura tiré à l'animal malade. Composition d'un onguent liquide : on prend quatre unciae de storax, trois de gomme Ammoniac, deux de moelle de cerf, six d'huile gleucinum, trois tant d'huile de carpe que de suif de taureau, quatre de térébenthine, trois de graisse d'ours, quatre de graisse de lion, trois de propolis, six de vieille huile, une livre tant de vieux oing que d'huile du pays des Sabins et trois unciae de grande berce et de galbanum. On fait bouillir ces drogues sur des charbons à petit feu, pour en faire un onguent très salutaire. [3,23] CHAPITRE XXIII. Drogues qui entrent dans la composition d'un malagme violent : une selibra tant de cire Punique que de gomme Ammoniac, trois unciae de gomme de bdella, deux de storax, quatre de séraphique, six de fleur de farine d'encens, quatre de vieille huile, deux de propolis, six de moelle de cerf, deux tant de suif de taureau que de colofone, de graisse d'ours et de lion, de grande berce et de baies de laurier, quatre d'huile de carpe, trois de gentiane, six tant de résine de colophon que de galbanum. Drogues qui entrent dans la composition d’un autre malagme : une livre tant de cire que de gomme Ammoniac, six unciae de storax, trois tant de gomme séraphique que de fleur de farine d'encens, quatre de moelle de cerf, deux d'opium d'Espagne, quatre de propolis, six tant de suif de chèvre que de galbanum, quatre de poix du pays des Brutiens, trois de térébenthine, quatre tant de colofone que de vinaigre très mordant, six d'huile de lentisque et quatre d'huile d'iris. [3,24] CHAPITRE XXIV. Drogues qui entrent dans la composition d'un malagme propre à dessécher les humidités: une livre tant de sel d'Afrique que de bulbe, avec du nitre, une de soufre, deux de misy et une d'huile. On emploie ces drogues après les avoir bien fait cuire. [3,25] CHAPITRE XXV. Composition d'un malagme pour les nerfs : on prend une livre tant de soufre vif, que d'alun, de résine et de poix du pays des Brutiens, deux de cire et une de moelle de cerf; on agite longtemps toutes ces drogues ensemble et on les bat. [3,26] CHAPITRE XXVI. Composition d'un traumatique. On fait bouillir dans une marmite propre pour s'en servir au besoin, quatre unciae de noix de galle, trois tant de cuivre brûlé que d'écorce de grenade, quatre de misy, une de vin et trois de vinaigre. [3,27] CHAPITRE XXVII. Nous ajouterons ici des méthodes qu'ont enseignées Absyrthus, Pelagonius et Chiron pour composer des collyres. Voici le collyre qu'Absyrthus a ordonné de composer pour enlever les taies des yeux et les nettoyer : on broie dans un mortier une certaine quantité d'avelines brûlées jusqu'à être réduites en cendre, avec la même quantité de manne d'encens et quand ces drogues ont été broyées très longtemps, on en fait une pâte en y ajoutant d'excellent miel, pour en oindre les animaux malades. Le même Auteur approuve un autre collyre dans lequel il entre huit grains de poivre blanc, deux unciae tant de miel Attique que de safran et de seiche de mer très bien broyées, avec une de baume. Pelagonius ordonne celui-ci : on broie de l'huile, du sel, de la résine, de la céruse et du baume blanc pour en faire une pâte, en y ajoutant du miel, que l'on applique de deux jours l'un sur la partie malade, jusqu'à ce qu'elle soit guérie. Il y a encore un collyre de nard de sa composition, dans lequel il entre une uncia de violette, une et demie de spica nard, trois tant de casse et de myrrhe que de safran, six d'huile de carpe, deux de poivre blanc et trois de cumin. Enfin, il en a encore enseigné d'aunes composés d'une uncia tant de baume blanc que de safran, de myrrhe, de sel d'Espagne, d'écaille de cuivre, d'os de seiche, de deux de calamine, d'une de salpêtre de houssage et d'une livre de miel Attique. Chiron de son côté apprend à guérir d'anciens glaucomes avec ce collyre ci : on brûle la partie solide de la pointe d'une corne de cerf pour en faire une poudre, que l'on mêle avec de la poudre d'encens mâle, d'excréments humains brûlés et de sel Ammoniac en doses égales : on mêle à cette composition du poivre long, des os de seiche, de la fleur de vert-de-gris, du vin vieux, du safran et de la rue broyés ensemble et après y avoir ajouté une quantité sante d'excellent miel, on en oint les animaux. Il a aussi donné la composition d'un autre collyre semblable, dans lequel il entre des os de seiche de mer, du safran, de la myrrhe du pays des Troglodytes, ainsi que du sel et de la fiente de crocodile : on broie très longtemps toutes ces drogues ensemble, après quoi on les crible et on y ajoute d'excellent miel, pour en faire un onguent qui est fort bon pour les animaux. Quoique je sois d'accord qu'il y a fort peu de choses, pour ne pas dire rien de ce que les anciens Auteurs ont prescrit, que je n'aie recueilli dans cet ouvrage, il est néanmoins constant que je n'y ai mis que ce qui paraissait approuvé. Cependant dans la crainte qu'un volume trop long ne paroisse jeter de la confusion dans l'esprit de mes Lecteurs, au lieu de les instruire, je crois devoir avertir de plus en plus, en le terminant, qu'il faut prévenir avec grand soin les maladies dans leur principe, parce que l'Art du Médecin vient à bout de surmonter les maladies même les plus incurables, une fois qu'elles ont été prévenues. J'ai lu quelque part que les maladies les plus simples devenaient incurables quand elles étaient invétérées. [3,28] {sans correspondance}