[5,0] HISTOIRE DES LOMBARDS. LIVRE V. [5,1] I. Grimoald ayant assuré son règne à Pavie épousa la fille d'Aripert sœur de Godebert, qu'il avait tué. Puis il renvoya l'armée de Bénévent après l'avoir comblée de biens. Il n'en retint que quelques guerriers, auxquels il donna des possessions considérables. [5,2] II. Grimoald ayant appris que Bertaride était en Scythie, et demeurait chez le Cacan des Avares, envoya vers le Prince pour lui faire dire qu'il ne pouvait pas avoir la paix avec les Lombards, s'il gardait plus longtemps Bertaride auprès de lui. Le Cacan ayant entendu les envoyés de Grimoald fit venir Bertaride, et lui dit de s'en aller où il voudrait ; car il n'était pas à propos que les Avares devinssent ennemis des Lombards à son occasion, Bertaride ayant entendu cela, prit le parti de se rendre auprès de Grimoald, qu'on lui avait dit être un Prince très clément. Il vint à Lodi, et envoya de là son fidèle Hunulf pour annoncer son arrivée à Grimoald. Hunulf se rendit auprès de Grimoald et lui annonça l'arrivée de Bertaride. Grimoald jura qu'il ne lui arriverait aucun mal. Bertaride entra chez Grimoald et voulut se jeter à ses pieds; mais le Roi le releva, et le baisa sur la bouche. Bertaride lui dit: Je suis votre serviteur. Je pouvais vivre chez les païens, mais j'ai espéré en votre clémence et j'ai mieux aimé; venir me jeter à vos pieds. Le Roi lui répondit: Je jure par celui qui m'a fait naitre qu'il ne vous arrivera aucun mal ; mais que je vous donnerai au contraire de quoi vivre honnêtement. — Et effectivement il lui fit préparer une belle maison, où il lui fit fournir toutes les choses dont il pouvait avoir besoin aux dépens du trésor public. Bertaride ne fut pas plutôt installé dans sa nouvelle maison que les citoyens de Pavie vinrent en foule, ceux qui le connaissaient pour le saluer, ceux qui ne le connaissaient pas pour le voir. Mais que ne peuvent faire les mauvaises langues ? Bientôt des malins adulateurs dirent au Roi, que s'il ne faisait pas périr Bertaride, il ne régnerait pas longtemps; car toute la ville se rendait chez lui. Grimoald devint crédule, et oubliant ce qu'il avait promis, il songea aux moyens de le faire mourir dès le lendemain. Enfin il se détermina à lui envoyer dès le même soir, des viandes exquises, des vins excellents et des boissons de tous genres, afin que Bertaride passa la nuit à boire et ne songea pas à pourvoir à sa sûreté. Mais un ancien serviteur de son père, lui portant un plat de la part du Roi s'inclina jusques sous la table et lui dit, tout bas qu'on voulait le faire mourir. Aussitôt Bertaride ordonna à l'échanson de lui verser de l'eau dans un flacon d'argent. Et lorsqu'on l’invitait à boire de la part du Roi, il buvait de cette eau cependant les domestiques dirent au Roi que Bertaride buvait avec beaucoup d'avidité, et le Roi répondit. Cet ivrogne n'a qu'à boire. Demain il vomira tout ce vin mêlé à son sang. — Bertaride fit appeler Hunulf, et lui conta le danger où il était. Hunulf envoya son garçon chez lui et se fit apporter son lit de camp qu'il fit placer près du lit de Bertaride. Peu de temps après les Satellites de Grimoald entourèrent la maison. Après souper tout le monde s'en alla et Bertaride, resta seul avec Hunulf et le vestiaire, Hunulf dit à celui-ci qu'il trouverait le moyen de faire échapper Bertaride, et que lui vestiaire devait toujours dire que Bertaride était dans son lit. Ensuite Hunulf prit ses draps de lits, sa couverture et sa peau d'ours, et les mit sur le dos de Bertaride, et feignant de le traiter comme un serviteur rustique., il le chassa de la maison en lui donnant force coups de corde et de bâton, et le faisant même tomber plusieurs fois. Et comme les Satellites demandèrent qui était cet homme, Hunulf répondit: C'est un méchant valet que je châtie parce qu'il a fait mon lit dans la chambre de Bertaride, qui est ivre mort; mais j'en ai assez de son service, je veux demeurer dans ma maison et ne servir que mon Roi. — Les Satellites se réjouirent de ce propos et les laissèrent passer tous les deux, en sorte que le fidèle vestiaire resta tout seul dans le palais. Hunulf descendit Bertaride au moyen d'une corde le long de cet angle, que le mur de la ville fait du côté du fleuve, et il lui envoya par la même voie autant de compagnons qu'il pût. Bertaride et ses compagnons prirent les chevaux qui paissaient dans la campagne et s'enfuirent à Este où ce Prince avait des amis. De là il alla à Turin et enfin dans le pays des Francs, et c'est ainsi que Dieu sauva un innocent de la mort, et sauva du malheur de pécher un Roi qui était bon au fond de l'âme. [5,3] III. Grimoald croyant que Bertaride reposait tranquillement dans la maison qu'il lui avait fait préparer, avait disposé ça et là des hommes armés depuis cette maison jusqu'à son palais, afin qu'il ne trouva aucun moyen de s'enfuir. Ensuite il l'envoya chercher. Ceux qu'il envoya ayant frappé à la porte, le vestiaire leur dit: Ayez donc pitié de Bertaride, il est très fatigué du chemin qu'il a fait hier et dort profondément. — Les envoyés du Roi retournèrent auprès de lui et lui rendirent la réponse du vestiaire. Alors le Roi dit : Il s'est tellement rempli de vin qu'il ne peut plus se tenir sur ses jambes. — Cependant il ordonna qu'on l'éveilla et qu'on le conduisit au palais. Ces envoyés retournèrent à la maison de Bertaride et frappèrent à la porte. Le vestiaire sortit encore et les pria de laisser Bertaride dormir un instant de plus. Mais les envoyés du Roi se mirent en colère et crièrent que cet ivrogne avait assez dormi. Puis ils donnèrent des coups de pieds dans la porte de la chambre à coucher jusques à ce qu'ils l'eussent cassée. Alors ils entrèrent, et cherchèrent Bertaride dans son lit, mais ne l'ayant point trouvé ils pensèrent qu'il devait être allé satisfaire aux besoins de la nature; mais ne l'ayant point trouvé non plus dans cet endroit là, ils demandèrent au vestiaire ce qu'il était devenu, et celui-ci répondit qu'il s'était enfui. Aussitôt le pauvre vestiaire fut pris aux cheveux, et traîné au palais en recevant force coups, et les gens du Roi en le lui présentant lui dirent que cet homme était complice de la fuite de Bertaride et digne de tous les supplices. Mais le Roi leur ordonna de le lâcher et puis se fit conter la manière dont Bertaride s'était enfuie, ce que le Vestiaire raconta de point en point. Alors le Roi s'adressant à ceux qui étaient là, leur dit: Que croyez-vous que mérite un homme qui à fait des choses semblables ? — Ils répondirent tout d'une voix qu'il méritait toutes sortes de tourments et de supplices. Alors le Roi dit : Par celui qui m'a fait naître, un homme qui s'est exposé à la mort pour sauver son maître mérite toutes sortes de biens. — En même temps il le mit au nombre de ses Vestiaires lui recommandant de lui être aussi fidèle qu'il l'avait été à Bertaride. Ensuite le Roi demanda ce que Hunulf était devenu, et on lui dit qu'il était dans l'église de l'Archange saint Michel. Le Roi y envoya, et lui fit promettre qu'il ne lui serait fait aucun mal, s'il venait de son propre gré. Hunulf vint se jeter aux pieds du Roi, qui lui fit encore conter toutes les circonstances de la fuite de Bertaride. Et celui-ci lui ayant tout dit, dans l'ordre où les choses s'étaient passées. Le Roi loua sa prudence et sa fidélité, et lui fit rendre tous ses biens et tout ce qui lui appartenait puis il en dit autant au Vestiaire. Et ceux-ci profitèrent de la clémence du Roi pour emporter tous leurs effets et aller rejoindre leur cher Bertaride dans le pays des Francs. [5,4] IV. Quelque temps après, le Roi demanda à Hunulf s'il voulait aller joindre Bertaride, Hunulf répondit qu'il aimait mieux mourir avec Bertaride, que de vivre ailleurs dans les délices. Alors le Roi fit venir le Vestiaire et lui demanda, qu'est ce qui était meilleur de vivre commodément dans le palais où de faire le vagabond avec Bertaride. Le Vestiaire répondit comme avait fait Hunulf et le Roi les écouta avec bonté, puis il ordonna à Hunulf de prendre dans sa maison ses garçons, ses chevaux et tout ce qui lui appartenait et de s'en aller joindre Bertaride et puis il en dit autant au Vestiaire. Et ceux-ci profitèrent de la clémence du roi pour emporter tous leurs effets et aller rejoindre leur cher Bertaride dans le pays des Francs. [5,5] V. Dans ce temps-là, l'armée des Francs entra en Italie par la Provence. Grimoald marcha contre eux, et les trompa par le moyen d'une ruse que je vais raconter. Un jour il fit semblant de fuir et laissa ses tentes, absolument dégarnies de troupes ; mais pleines de toutes sortes de biens, et surtout de vins exquis. Les Francs y viennent et croyants que la peur avait fait fuir les Lombards, ils s'en réjouissent beaucoup et préparent un excellent souper. Mais après qu'ils eurent bien mangé, et comme ils se livraient au sommeil, Grimoald tomba sur eux et en fit un tel carnage que très peu purent retourner chez eux. Le lieu où cela s'est passé s'appelle encore aujourd'hui Rivus. Il n'est pas loin de la ville d'Ast. [5,6] VI. Dans ce temps-là Constantin Auguste qui est aussi appelé Constans, désirant arracher l'Italie aux Lombards, sortit de Constantinople, et suivant le bord de la mer il vint à Athènes, ensuite s'embarqua et vint à Tarente. Mais la première chose qu'il fit en débarquant, fut d'aller trouver un certain Solitaire qui passait pour avoir l'esprit prophétique, et il lui demanda s'il pourrait vaincre la nation des Lombards et faire la conquête de l'Italie. Le serviteur de Dieu lui demanda une nuit, pour prier Dieu à cette occasion, et le lendemain matin il lui répondit en ces termes : La nation des Lombards ne saurait être vaincue en aucune manière; car une certaine Reine étrangère à fait bâtir une église à saint Jean sur les frontières des Lombards ce qui fait que ce saint intercède lui même pour eux. Mais il viendra un temps où cette église sera méprisée et alors la nation périra. — Et voila ce qui s'est vérifié de nos jours. Car nous avons vu l'Eglise de Modicia desservie par des personnes viles, qui ouvraient ce saint lieu à des indignes et des adultères, pour les récompenses qu'ils en recevaient. Et la nation à péri peu de temps après. [5,7] VII. Or donc l'Empereur Constance ayant débarqué à Tarente, entra ensuite dans le Bénéventin, et prit une quantité de villes aux Lombards. Entre autres Luceria ville très opulente de l'Apulie qu'il rasa entièrement, mais il ne pût prendre Arentia dont la position était très forte. Enfin il mit le siège devant Bénévent où se trouvait alors Romuald fils de Grimoald. Celui-ci dès l'entrée de Constans en Italie avait envoyé à son Père, son instituteur Seswald pour le conjurer de venir au secours de Bénévent. Grimoald se mit aussitôt en marche; mais dans la route il fut abandonné par beaucoup de Lombards qui pensaient qu'il ne reviendrait plus, puis qu'en partant il avait dépouillé le Palais de Pavie. Cependant l'armée de l'Empereur assiégeait Romuald, qui se défendait très bien et faisait souvent des sorties, dans lesquelles il tuait beaucoup de monde. Lorsque Grimoald fut déjà assez près de la ville, il renvoya à son fils son même instituteur Seswald, mais celui-ci fut pris par les Grecs et conduit à l'Empereur. L'Empereur lui demanda d'où il venait et il répondit qu'il venait de chez Grimoald, dont l'armée était déjà très proche. L'Empereur très effrayé tint conseil, et se décida à faire au plutôt la paix avec Romuald pour pouvoir retourner à Naples. [5,8] VIII. Romoald donna en otage sa sœur Gisa, l'Empereur, fit conduire Seswald sous les murs de la ville le menaçant de la mort, s'il disait un mot de l'arrivée de Grimoald, Seswald promit de faire ce que l'on exigeait de lui ; mais lorsqu'il fut sous les murs de la ville, il dit qu'il voulait parler à Romoald ; Romoald vint au plutôt et Sesvald lui parla en ces termes: Seigneur Romoald montrez de la constance ; car votre père arrive. Il à passé cette nuit près du fleuve Sangrus. Ayez soin de ma femme et de mes enfants, car cette nation perfide ne me laissera point vivre. — Lorsqu'il eût dit cela, l'Empereur lui fit couper la tête, et la fit jeter dans la ville au moyen d'une machine. Romoald se fit apporter cette tête, la baisa en pleurant, et la fit enterrer, avec respect. [5,9] IX. L'Empereur se retira à Naples, mais Mittola Comte de Capoue atteignit son armée sur le fleuve Caloro et là battit complètement dans le lieu qui s'appelle encore aujourd'hui Pugna. [5,10] X. Lorsque l'Empereur fut à Naples, un des grands de sa cour nommé Saburrus lui demanda vingt mille hommes pour aller combattre Romoald. Lorsqu'il fut arrivé au lieu appelé Forinus, Grimoald qui était déjà à Bénévent voulut marcher contre lui. Mais Romoald lui dit: Il n'est pas nécessaire que vous marchiez vous-même, donnez-moi une partie de votre armée. Si je suis vainqueur votre gloire en sera d'autant plus grande. — La chose eut lieu, de la manière que désirait Romoald. Lorsque les armées furent en présence, un homme de l'armée du Roi appelé Amalangus, qui portait aussi l'épieu du Roi, joignit un certain petit Grec, lui donna un grand coup de son épieu, le souleva de dessus son cheval, et l'élevant en l'air par dessus sa tête, le montra aux deux armées. Alors l'armée des Grecs, fut frappée de terreur, et prit honteusement la fuite, Saburrus ne pût revenir auprès de l'Empereur qu'avec un très petit nombre des siens, et Romoald retourna triomphant à Bénévent. [5,11] XI. L'Empereur voyant qu'il ne pouvait faire aucun mal aux Lombards, tourna sa cruauté contre les Romains. Il alla à Rome, le Pape Vitalien alla à sa rencontre avec les prêtres et tout le peuple, et le salua à six milles de la ville puis, l'Empereur étant entré dans l'église de saint Pierre il lui offrit un manteau tissu d'or. L'Empereur resta douze jours à Rome, et fit enlever tout le bronze, qui servait aux ornements de la ville, si bien même qu'il fît découvrir le Panthéon, et en ôta les tuiles de cuivre avec beaucoup d'autres objets du même métal, et il envoya le tout à Constantinople. Ensuite l'Empereur retourna à Naples, et de là il alla par terre à Rhégium. Puis il entra en Sicile et passa la septième indiction à Syracuse. Jamais on n'avait entendu parler de maux semblables à ceux qu'il à causés aux habitants de la Calabre, de l'Afrique, de la Sicile et de la Sardaigne. Il ôtait les femmes à leurs maris, et les fils à leurs parents ; et les vases des églises devinrent la proie de l'avarice des Grecs. L'Empereur resta en Sicile depuis l'indiction septième jusqu'à la douzième; mais il porta enfin la peine de tant de crimes car les siens le tuèrent au bain. [5,12] XII. Constans ayant été tué auprès de Syracuse, Mecetius se fit proclamer Empereur en Sicile, mais sans le suffrage de l'armée d'orient. Les soldats de cette milice, arrivèrent les uns d'Istrie d'autres de Campanie, d'autres d'Afrique, où de Sardaigne, entrèrent à Syracuse, et tuèrent Mecetius. Beaucoup de ses juges furent décapités, et d'autres conduits à Constantinople où l'on porta aussi la tête du faux Empereur. [5,13] XIII. La nation des Sarrazins, qui avait envahi Alexandrie et l'Egypte, vint avec beaucoup de vaisseaux en Sicile, prit Syracuse, et se répandit dans toute l'île, dont presque tous les habitants furent tués à l'exception de ceux qui gagnèrent les sommets des Montagnes. Enfin les Sarrazins retournèrent à Alexandrie avec un butin immense, et entre autres tout le bronze que Constans avait enlevé à Rome. [5,14] XIV. Gisa fille de Grimoald, que l’on avait amenée de Bénévent comme otage, mourut en Sicile. [5,15] XV. Dans ce temps-là il y eut des orages si forts que personne ne se rappelait d'en avoir eu de pareils, et beaucoup d'hommes et d'animaux furent tués par la foudre. Les légumes que l'on n'avait pas pu recueillir à cause de la pluie, revinrent et parvinrent à la maturité. [5,16] XVI. Grimoald reprit le chemin de Pavie et donna son autre fille en mariage à Trasemund qu'il fit en même temps Duc de Spolète à la place d'Atton. [5,17] XVII. Grasulf Duc de Frioul étant mort, Agon lui succéda, et c'est de lui qu'une certaine maison de Forum Julii s'appelle encore Domus Agonis. Agon mourut et Loup lui succéda. Ce Loup vint à l'île de Grado avec sa cavalerie sur un chemin que l'on avait fait autrefois et qui était alors sous l'eau. Il pilla la ville et reprit les trésors qui appartenaient à l'église d'Aquilée. C'est ce Loup qui eut soin du palais de Grimoald pendant qu'il était à Bénévent. [5,18] XVIII. Loup croyant que le Roi ne reviendrait jamais à Pavie, y avait commis toutes sortes d'insolences; mais voyant que le Roi revenait, il prit le parti d'aller dans le Frioul et de s'y révolter tout à fait. [5,19] XIX. Grimoald ne voulant pas exciter une guerre civile entre les Lombards, fit prier le Cacan des Avares d'entrer dans le Frioul. Le Cacan vint au lieu appelé Fluvius, et s'y battit trois jours de suite contre Loup. Ainsi que nous l’ont raconté des vieillards qui avaient fait cette guerre. Le premier jour Loup ne perdit que peu de monde, et tua beaucoup d'Avares ; le second jour, il eut assez de tués et de blessés, mais les Avares en eurent tout autant le troisième jour. Il eut beaucoup de tués et de blessés, et fit aussi un grand carnage des ennemis; enfin le quatrième jour il vit venir contre lui une multitude si prodigieuse que peu d'hommes purent échapper par la fuite. [5,20] XX. Loup fut tué, les Lombards qui vivaient encore se retirèrent dans des châteaux, et les Avares dévastèrent et brûlèrent tout le pays. Alors Grimoald leur envoya dire que c'était déjà assez pillé et qu'ils pouvaient s'en retourner chez eux; mais les Avares répondirent qu'ils avaient fait la conquête du Frioul et qu'ils ne l'abandonneraient pas. [5,21] XXI. Grimoald marcha contre les Avares, et campa vis-à-vis de leur armée. Le Cacan lui envoya des députés, et Grimoald qui n'avait que très peu de monde fit défiler devant eux les mêmes troupes toujours avec des habits différents en sorte que les députés crurent que la multitude des Lombards était immense. Alors Grimoald leur dit : Je vais tomber sur le Cacan avec toute cette multitude et je détruirai son armée s'il ne quitte à l'instant le Frioul. — Les députés rapportèrent la chose au Cacan, qui retourna aussitôt dans son pays. [5,22] XXII. Loup fut tué comme nous l'avons dit ci-dessus, et son fils Warnefrid voulut lui succéder. Mais craignant le Roi Grimoald, il s'enfuit chez les Slaves de Carnuntum que nous appelons improprement Carantanum. Il revint avec eux comme pour conquérir le Frioul, mais il fut tué près de la ville forte de Nemus. [5,23] XXIII. Wectaris fut fait Duc de Frioul, il était originaire de Vicence, bon homme tout à fait et gouvernant le peuple avec douceur. Une fois qu'il alla à Pavie, les Slaves attaquèrent le Frioul, et campèrent à Broxas, non loin de Forum Julii, mais la bonté du ciel fit que Wectaris revint tout à propos, lorsqu'on lui dit que les Slaves étaient-là, il n'avait avec lui que peu de monde, parce que ses compagnons étaient retournés chez eux ; c'est pourquoi il marcha contre les Slaves avec vingt-cinq hommes. Les Slaves s'en moquèrent d'abord, disant que c'était apparemment le Patriarche qui venait avec son clergé. Mais quand Wectaris vint au pont qui est sur le fleuve Natison, il ôta son Casque, les Slaves le reconnurent à sa tête chauve, et dès lors ils ne songèrent plus qu'à s'enfuir. Mais Wectaris les poursuivit et en fit un grand carnage quoiqu'ils fussent cinq mille hommes. [5,24] XXIV. Laudaris succéda à Wectaris dans le Frioul et à celui-ci succéda Rodoald. [5,25] XXV. Après la mort de Loup Grimoald fit épouser sa fille Theuderade à son fils Romoald. Celui-ci en eut trois fils : Grimoald, Gisulf et Arichis. [5,26] XXVI. Le Roi Grimoald se vengea de tout ceux qui l'avaient abandonné lorsqu'il allait à Bénévent. [5,27] XXVII. Grimoald détruisit Forum Popilii, ville des Romains, dont les citoyens avaient souvent attaqué ceux qui allaient et revenaient de Bénévent et voilà comme il s'y prit, il passa en silence l'Alpe Bardonienne et entra en Toscane pendant le carême, et bientôt après il tomba sur cette ville le samedi de pâques au moment où l'on baptisait les enfants, et massacra jusques au Diacre dans le saint baptistère. Cette ville ne s'est jamais relevée depuis, et n'a aujourd'hui qu'un très petit nombre d'habitants. [5,28] XXVIII. Grimoald haïssait les Romains à cause de la trahison qu'ils avaient faite à ses frères, Tason et Cacon. C'est pourquoi il détruisit aussi la ville de Opitergium, où cet événement s'était passé, et en partagea les habitants entre le Frioul, Treviso et Cenete. [5,29] XXIX. Vers ce temps-là Alzico, Duc des Bulgares quitta son pays l'on ne sait pour quelle raison, et vint en Italie, avec toute son armée offrir ses services à Grimoald. Celui-ci l'envoya à son fils Romoald pour qu'il lui donnât, dans le Bénéventin des lieux propres à s'y établir. Romoald le reçut très bien, et lui donna des lieux qui jusqu'alors avaient été déserts: savoir les villes de Bovianum, Sepianum, Isernia et d'autres villes avec leurs territoires. Et il appela Alzico lui-même Gastalde, ne lui donnant plus le titre de Duc. Ces Bulgares habitent encore dans cet endroit-là, et quoiqu'ils parlent latin, ils n'ont point perdu l'usage de leur langue [5,30] XXX. Or donc Constans ayant été tué en Sicile aussi bien que le Tyran Mécence; Constantin fils de Constans monta sur le trône et régna dix-sept ans. C'est alors que le Pape Vitalien envoya en Bretagne l’Archevêque Théodore et l'Abbé Adrien, qui fécondèrent beaucoup d'églises des anglais avec la semence de la doctrine ecclésiastique. Et Théodore y décrivit avec une prudence admirable la quantité d'années que l’on devait faire pénitence pour chaque espèce de péché. [5,31] XXXI. Au mois d'août on vit à l'orient une comète singulièrement rayonnante, qui ensuite revint sur ses pas, et disparut tout à fait. Bientôt après de ce même orient vint une peste très fâcheuse, qui fît de grands ravages parmi les Romains. Le Pape Donus orna de marbres blancs, le lieu appelé Paradis, qui est devant l'Eglise de saint Pierre. [5,32] XXXII. Alors Dagobert régnait en France, et Grimoald avait fait avec lui un traité de paix et d'alliance ; c'est pourquoi Bertaride quitta le pays des Francs et s'embarqua pour se rendre dans l'île de Bretagne auprès du Roi des Saxons. [5,33] XXXIII. Le Roi Grimoald tomba malade et se fit saigner; neuf jours après il prit son arc, voulut tirer sur une colombe, mais la veine de son bras se rompit. L'on dit que les médecins y appliquèrent des remèdes empoisonnés et il mourut. Grimoald avait ajouté quelques Chapitres à l'édit de Retharis. C'était un homme d'une force de corps très remarquable, des premiers pour l'audace et d'une grande prudence. Il avait la tête chauve et la barbe en avant, il fut enterré dans l'Eglise de saint Ambroise qu'il avait bâtie dans la ville de Pavie. Il s'était emparé de l'autorité souveraine un an et trois mois après la mort d'Aripert, et il laissa le royaume à Garibald, qu'il avait eu de la fille du Roi Aripert et qui était encore enfant. Alors comme nous avions commencé à le dire, Bertaride s'était embarqué pour passer dans le royaume des Saxons c'est à dire dans l'île de Bretagne. Mais comme le vaisseau était déjà à la voile, on entendit une voix qui venait du rivage et demandait si Bertaride était sur ce vaisseau, on répondit du vaisseau qu'il y était. Alors la même voix ajouta: Dites à Bertaride qu'il retourne au plutôt dans sa Patrie, car il y a déjà trois jours que Grimoald est mort. — Bertaride ayant entendu ces paroles fit aussitôt aborder à ce rivage; mais on ne pût point trouver la personne qui avait parlé, d'où il conclut, que celui qui avait annoncé la nouvelle de la mort de Grimoald devait avoir été envoyé par Dieu lui-même. Il alla aussitôt en Italie, et étant arrivé aux passages des Alpes il y trouva tout le service du palais, et une grande multitude de Lombards. Ensuite il alla à Pavie dont il chassa le petit Roi Garibald et se fit couronner lui-même trois mois après la mort de Grimoald. Bertaride était un homme pieux, bon catholique, aimant la justice, et bienfaisant envers les pauvres. Aussitôt qu'il eût été couronné il envoya à Bénévent pour en faire revenir sa femme Rodelinde et son fils Cunibert. [5,34] XXXIV. Bertaride alla à cet angle de la muraille qui est vis-à-vis du fleuve, et par lequel il avait échappé autrefois, et il y fit construire le monastère de sainte Agathe vierge et martyre que l'on appelle aujourd'hui le monastère neuf. Il enrichit ce lieu et y rassembla un nombre considérable de religieuses. Rodelinde bâtit cet autre monastère, qui est hors des murs de Patrie, du côté appelé Perticas ; ce lieu est appelé ainsi à cause de certaines Hallebardes qui y étaient érigées. Car lorsque quelque Lombard mourait dans les pays étrangers, soit à la guerre ou autrement ses parents allaient au milieu des sépulcres, et y plantaient une hallebarde, au haut de laquelle était une colombe de bois, qu'ils tournaient du côté où était mort cet objet de leur affection. [5,35] XXXV. Bertaride régna seul pendant sept ans, après lesquels il associa à sa couronne son fils Cunibert. [5,36] XXXVI. Bertaride et Cunibert régnaient tranquillement, lorsqu'un fils d'iniquité s'éleva contre eux. C'était Alachis Duc de Trente. Cet homme avait vaincu un Gravion ou Comte des Bavarois, qui commandait la ville de Bauzan, et cette victoire l'avait tellement enorgueilli qu'il se révolta contra son Roi. Bertaride marcha contre lui, et mit le siège devant Trente ; mais Alachis fit une sortie si heureuse, qu'il mit en fuite toute l'armée des assiégeants. Dans la suite il rentra en grâce auprès de Bertaride par le moyen de Cunibert qui était son ancien ami. Cependant Bertaride voulut souvent le faire mourir, mais Cunibert l'en empêcha toujours, assurant qu'il serait sûrement fidèle à l'avenir. Cunibert pria aussi son père de donner à Alachis le Duché de Bresce. Bertaride disait souvent à son fils qu'il se repentirait d'avoir ajouté aux forces de son ennemi. Car la ville de Bresce a toujours eu beaucoup de noblesse Lombarde, dont le secours pouvait être très avantageux à Alachis. C'est alors que Bertaride fit construire cette belle porte Palatine que l'on appelle ainsi parce qu'elle est contiguë au Palais. [5,37] XXXVII. Bertaride mourut après avoir régné dix-huit ans, d'abord seul et ensuite avec son fils, et il fut enterré auprès de l'église du sauveur que son père avait construite. Il avait une figure noble, le corps plein, et beaucoup de douceur dans toutes ces actions. Le Roi Cunibert épousa Hermelinde qui tirait son origine des Anglo-saxons. Un jour Hermelinde dit à son mari, qu'elle avait vue au bain Théodote, noble demoiselle Romaine, et qu'elle y paraissait d'une beauté singulière, ayant des cheveux blonds qui lui tombaient jusques sur les talons. Cunibert ne fit pas semblant de prendre plaisir à ce discours; mais il devint très amoureux de cette demoiselle. Tout de suite il alla chasser dans la forêt que l'on appelle Urbis et prit sa femme avec lui; mais la nuit étant venue, il revint à Pavie, fit venir Théodote et coucha avec elle. Ensuite il l'envoya dans un monastère qui aujourd'hui est appelé de son nom. [5,38] XXXVIII. Alachis commençant à accoucher de l'iniquité qu'il avait conçue, et aidé par Aldon et Grauson citoyens de Bresce, s'empara de Pavie et de tout le pays en deçà du Tessin. Cunibert l'ayant appris se réfugia dans cette île, qui est près de Côme dans le lac Larius. Tous les amis que Cunibert avait à Pavie furent persécutés et particulièrement les Prêtres qu'Alachis ne pouvait pas souffrir. L'Evêque de Pavie était alors Damien, homme très savant et d'une sainteté extraordinaire. Celui-ci voyant qu'Alachis était installé dans le palais de Pavie, et craignant que son église n'en éprouva quelque adversité, envoya à Alachis sa bénédiction, par son Diacre Thomas, homme savant et religieux. L'on annonça à Alachis, que le Diacre Thomas était à la porte, et qu'il apportait la bénédiction de la sainte Eglise. Alachis qui n'aimait pas les prêtres répondit: Si cet homme a des caleçons propres qu'il entre, sinon qu'il reste à la porte. — Cette réponse ayant été rapportée à Thomas, il répliqua: Dites-lui que mes caleçons doivent être propres, car je les ai mis aujourd'hui pour la première fois et lavés de neuf. — Alors Alachis dit: Ite iterato, et dicite illi quia ego non dico de femoralibus, sed de iis quae intra femoralia habentur. — Alors Thomas répondit : Dites-lui que c'est à Dieu à me reprendre sur ces choses-là, mais non pas à lui. — Ensuite Thomas fut introduit chez Alachis qui lui parla en grondant et avec beaucoup de rudesse. Depuis lors la crainte saisit tous les prêtres, qui estimèrent ne devoir point souffrir sa férocité. Ils désirèrent le retour de Cunibert et détestèrent l'usurpateur, qui ne jouit pas longtemps des fruits de sa cruelle Barbarie. [5,39] XXXIX. Un jour que le Tyran comptait des sous sur la table un Trémissius tomba, le fils d'Aldon encore enfant le ramassa et le rendit à Alachis. Celui-ci croyant que l'enfant ne l'entendrait pas, dit: Ton père en a beaucoup comme cela; mais si Dieu veut ils seront bientôt tous à moi. — Lorsque l'enfant fut de retour à la maison, son père lui demanda ce que le Roi pouvait avoir dit dans la journée. L'enfant rapporta les paroles que le Roi lui avait adressées. Aldon en fut très effrayé, et conta le tout à son frère Grauson. Aussitôt leurs amis furent rassemblés, et l'on songea à se défaire du Tyran avant qu'il se fut défait d'eux. Le lendemain matin ils allèrent chez Alachis et lui dirent: Pourquoi restez-vous si longtemps ici, toute cette ville vous est fidèle, et cet ivrogne de Cunibert est si dissolu qu'il n'a aucune force? Allez à la chasse et amusez-vous à exercer les jeunes gens, nous vous promettons, non seulement de vous conserver cette ville, mais encore de vous apporter bientôt la tête de Cunibert. — Alachis les crut et alla chasser dans la forêt d'Urbis, et s'y amusa à toutes sortes de jeux. Pendant ce temps-là Aldo, et Grauson s'embarquèrent sur le lac Comacin, et se rendirent chez Cunibert. Y étant arrivés ils tombèrent à ses pieds, confessèrent leur faute, et racontèrent toutes les ruses qu'Alachis avait employées pour les séduire. Enfin on pleura, l'on se fit des serments mutuels, et l'on fixa un jour pour rendre Pavie à Cunibert. Ce qui fut fait comme l'on en était convenu. Cunibert rentra dans le palais, et tous les citoyens accoururent à l'envi pour l'embrasser. Mais particulièrement l'Evoque et tout le clergé. Tous pleuraient et Cunibert les consolait en les embrassant. Alors un messager vint annoncer à Alachis qu'Aldon et Grauson avaient bien rempli leur promesse et que non seulement ils avaient apporté la tête de Cunibert, mais encore tout son corps, qui résidait tranquillement dans le palais. Alachis devint furieux en apprenant cette nouvelle et se répandit en menaces contre ces deux hommes; ensuite il passa par Plaisance et alla dans l'Austrie, dont il s'attacha les villes moitié par des caresses et moitié par des menaces. Ainsi qu'il arriva à Vicence, lorsqu'il vint devant cette ville, les citoyens s'armèrent contre lui, et puis ils embrassèrent son parti. Il en arriva autant à Trévise et dans les autres villes. Ceux du Frioul ayant su que Cunibert rassemblait une armée voulurent se rendre auprès de lui ; mais Alachis se posta sur le pont qui traverse la rivière Liquenza, à quarante-huit milles de Forum Julii dans la forêt de Capulanus, et à mesure qu'il s'en présentait une troupe, il là forçait à lui prêter serment, prenant bien garde que personne ne retourna dans le Frioul avertir de ce qui s'y passait, et de cette manière il eut à son service toute l'armée de cette province ; enfin les deux armées campèrent à Coronata. [5,40] XL. Cunibert envoya vers Alachis pour lui proposer de se battre avec lui, en combat singulier, pour ne point fatiguer les deux armées, mais Alachis ne voulut point y consentir. Alors un certain Toscan l’appelant fort et courageux, voulut l'engager à accepter le combat, mais Alachis lui répondit en ces termes: Cunibert est un ivrogne stupide ; mais il a de l'audace et une force singulière. Du temps de son père, lorsque nous étions encore enfants, il y avait dans le palais des brebis d'une grandeur démesurée, il les prenait par la laine du dos, et les soulevait de terre à bras tendu, et moi je ne pouvais pas le faire. — Alors le Toscan lui dit: Puisque vous ne voulez pas accepter le combat que vous propose Cunibert je ne veux plus vous servir. — Et le Toscan ayant dit cela, alla chez Cunibert et lui conta ce qui s'était passé. Or donc comme je l'ai déjà dit, les deux armées se trouvèrent en présence, dans les champs de Coronata; et comme l'on était sur le point d'en venir aux mains. Zénon Diacre de l'église de Pavie dit au Roi : Seigneur Roi, tout notre salut est attaché à votre personne. Si vous êtes tué dans cette guerre, ce Tyran nous fera périr dans les supplices. Ainsi, écoutez mon avis, donnez-moi vos armes, et j'irai combattre ce Tyran, si je péris, vous serez toujours là pour rétablir vos affaires, et si je suis vainqueur, votre gloire en sera plus grande, puisque vous aurez vaincu par votre serviteur. — Le Roi refusa d'abord; mais tous ceux qui étaient là, le prièrent si fort de consentir à ce que demandait le Diacre qu'il se laissa attendrir à leurs larmes, et donna au Diacre son casque sa cuirasse et toute son armure. Le Diacre était précisément de la même taille que le Roi, en sorte que lorsqu'il sortit des tentes, tout le monde crut que c'était lui, la bataille fut sanglante, Alachis attaquait le corps où se trouvait le Roi, et crut l'avoir tué, mais il avait tué le Diacre. Il lui fit couper la tête et l'élevant sur son épieu, il criait déjà Deo gratias, lorsque l'on s'aperçut que c'était la tête d'un prêtre, alors Alachis dit : facio votum, ut si mihi deus iterum uictoriam dederit quod unum puteum de testiculis impleam clericorum. [5,41] XLI. Or donc Cunibert voyant que les siens le croyaient perdu, se montra et ranima l'espérance dans tous les cœurs. L'on rangea de nouveau les années en bataille, et lorsque l'on fut prêt à combattre, Cunibert envoya de nouveau vers Alachis et lui fit parvenir les paroles suivantes : Voyez tout ce peuple rangé des deux parts pourquoi faut-il que cette multitude pétrisse ? Joignons-nous en combat singulier et celui à qui Dieu donnera la victoire régnera sur toute la nation. — Les amis d'Alachis le conjurèrent d'accepter cette proposition, mais il leur répondit: Je ne puis faire ce que vous me demandez car je vois au milieu de ces bataillons l'image de l'archange saint Michel, devant qui j'ai juré fidélité à Cunibert. — Alors l'un d'eux dit: Vous voyez ce qui n'est pas, et ce n'est pas le moment de faire des réflexions de ce genre. — Les deux armées en vinrent aux mains, et aucune ne voulant céder il s'y fit un massacre terrible. Enfin Alachis Tyran cruel y perdit la vie, et Cunibert triompha avec l'aide du tout-puissant. L'armée d'Alachis prit la fuite et ceux qui échappèrent au fer, tombèrent dans les eaux de l'Adige. On coupa la tête et les genoux d’Alachis, et son cadavre resta un tronc informe. L'armée du Frioul, qui avait prêté serment contre son gré, s'en retourna dans son pays, sans vouloir combattre pour aucun parti. Cunibert fit enterrer avec beaucoup de pompe le corps du Diacre Zénon devant l'église de saint Jean qu'il avait lui-même bâtie. Ensuite il revint triomphant à Pavie.