[3,0] LIVRE III. [3,1] I. Quelques Ducs Lombards entrèrent dans les Gaules avec une forte armée. Hospitius, homme de Dieu, qui s'était volontairement reclus près de Nice, avait eu dès longtemps une révélation de leur arrivée et l'avait prédite aux citoyens de cette ville ; cet homme était singulier par son abstinence, et les épreuves auxquelles il soumettait sa chair, car il s'entourait de chaînes, et mettait un cilice par dessus, il ne mangeait que du pain avec quelques dattes. Pendant le Carême il ne se nourrissait que d'Herbes d'Egypte dont usent les Ermites, et que les marchands lui fournissaient. Le seigneur opéra de grandes choses par son moyen, et on les trouve écrites dans les livres de Grégoire Evêque de Tours. Or donc il prédisait en ces termes : Les Lombards viendront dans les Gaules, et dévasteront sept villes dont la malice aura cru sous les yeux du Seigneur; car le peuple y est adonné au parjure. Nuisible par ses voleries, intentionné aux rapines, prompt aux homicides, et le fruit de la justice y est inconnu. Les dimes n'y sont point payées. Le pauvre n'y est point nourri, l'homme nu n'y est point couvert et habillé par le riche. Une plaie viendra sur ce peuple. — Et puis parlant à ses Moines, il leur dit: Sortez de ce lieu, et prenez ce qui vous appartient, car la nation que j'ai prédite s'approche déjà. — Les Moines répondirent : Saint Père nous ne vous abandonnerons pas. — Mais il leur dit : Ne craignez pas pour moi, car il y a dans l'avenir qu'ils me feront injure ; mais qu'ils ne me donneront pas la mort. [3,2] II. Les Moines s'étant retirés, l'armée des Lombards approcha, et comme ils dévastaient tout, ils arrivèrent au lieu où le saint homme était reclus. Et il se montra à eux par une fenêtre de la Tour. Ils l'entourèrent, mais ne pouvant trouver aucune entrée, deux d'entre eux montèrent sur le toit et se mirent à le découvrir pour voir dans la tour; et voyant qu'il était entouré de chaînes et revêtu d'un cilice, ils dirent : C'est sûrement un malfaiteur qui à commis quelque homicide. — Puis ils lui firent demander de quel crime il était coupable. Le saint homme confessa qu'il était homicide et coupable de tous les crimes. Alors un Lombard voulut lui couper la tête, mais comme il portait le coup, sa main se raidit tout à coup, et il ne put plus la ramener à lui; c'est pourquoi il laissa tomber son épée. Ses compagnons voyant cela poussèrent des cris vers le ciel, et prièrent le Saint de leur enseigner avec bonté ce qu'ils avaient à faire. Le saint guérit le bras avec un simple signe de croix. Et le Lombard, qu'il avait ainsi guéri se convertit tout de suite à la foi du Christ et fut fait clerc, puis moine et passa dans-ce lieu là le reste de ses jours. Saint Hospitius, continua à prêcher la foi aux Lombards. Deux Ducs qui l'avaient écouté avec respect, retournèrent sains et saufs dans leur patrie; les autres, qui l'avaient méprisé, périrent misérablement. [3,3] III. Or donc les Lombards dévastèrent les Gaules, et Amatus, Patrice de cette Province qui obéissait aux Rois des Francs, marcha contre eux, mais il fut battu et prit la fuite mais il fut tué dans sa fuite. Les Lombards firent là un si grand carnage des Bourguignons, que l'on ne put savoir au juste le nombre des morts; puis ils retournèrent en Italie, chargés d'un butin inestimable. [3,4] IV. Alors Ennius que l'on appelle aussi Mumulus, reçut l'honneur du patriciat. Les Lombards entrèrent encore une fois dans les Gaules et vinrent jusques à Mustiascalmes qui est près de la ville d'Embrun. Mumulus y vint avec son armée, les entoura, fit des abatis dans les forêts, et par ce moyen, il en tua un grand nombre, et en prit aussi quelques uns qu'il envoya à son Roi Gontran. Les Lombards obtinrent qu'on leur rendit leurs prisonniers et s'en retournèrent en Italie. [3,5] V. Ensuite les Saxons qui étaient venus en Italie avec les Lombards entrèrent dans les Gaules. Et posèrent leur camp dans le territoire de Rhege près de Stablo, de là ils dévastèrent tous les environs. Mumulus, l'ayant appris tomba sur eux avec une armée, et ne cessa de les tuer jusqu'à la nuit; car il trouva en eux des hommes très ignorants, et qui ne savaient rien des choses qui étaient arrivées. Le Lendemain matin les Saxons se rangèrent encore en bataille, mais des députés se mirent entre deux et l'on fit la paix. Les Saxons firent des présents à Mumulus, abandonnèrent leur butin et leurs captifs, et s'en retournèrent en Italie. [3,6] VI. Or donc les Saxons de retour en Italie songèrent à prendre avec eux leurs femmes, leurs enfants et tous leurs meubles et à retourner dans les Gaules avec l'intention de rentrer dans leur patrie, par le secours du Roi Sigebert. Il est certain que ces Saxons étaient venus en Italie avec leurs femmes et leurs enfants dans l'intention d'y habiter, mais on peut conjecturer qu'ils ne voulaient pas rester soumis aux Lombards, et que les Lombards ne voulaient pas les laisser indépendants et c'est là probablement ce qui leur fit désirer de retourner dans leur Patrie. Les Saxons résolurent d'entrer en France par deux endroits; c'est pourquoi ils formèrent leur armée en deux coins, dont l'un prit le chemin de Nice, et l'autre celui d'Embrun qu'ils avaient fait l'année dernière. Et comme c'était le temps de la moisson, ils n'eurent pas de peine à se nourrir, eux et leurs chevaux. Ils enlevaient aussi tous les bestiaux et ne s'abstenaient point des incendies. Etant arrivés au Rhône, ils le passèrent et entrèrent dans le royaume de Sigebert; alors Mumulus vint à leur rencontre avec une grande multitude. Les Saxons effrayés donnèrent beaucoup de pièces d'or pour leur rançon et obtinrent la permission de continuer leur route. En chemin ils trompèrent beaucoup de monde, car ils vendaient des barres de cuivre, colorées par je ne sais quel art, en sorte qu'elles semblaient être d'or éprouvé; en sorte que quelques hommes trompés par eux donnèrent de l'or pour du cuivre et devinrent très pauvres. Les Saxons rendus auprès de Sigebert obtinrent la permission de retourner aux lieux dont ils étaient sortis autrefois. [3,7] VII. Les Saxons de retour dans leur patrie la trouvèrent occupée par les Souabes, et d'autres nations, ainsi que nous l'avons dit plus haut, et ils s'efforcèrent de détruire ces nations. Mais les nations leur offrirent la troisième partie du pays et leur dirent: Nous pouvons vivre ensemble et sans collisions réciproques. — Les Saxons refusèrent. Alors les nations leur offrirent la moitié du terrain, puis les deux tiers, ne se réservant qu'on seul tiers. Enfin ils leur offrirent tout le pays avec les bestiaux, seulement pour qu'ils cessassent de leur faire la guerre; mais les Saxons refusèrent toujours et avant la bataille ils arrangèrent comment ils partageraient entre eux les femmes des Souabes ; mais l'événement ne répondit pas à leurs espérances, car ils perdirent la bataille ; vingt mille Saxons furent tués et seulement quatre cents quatre-vingt Souabes. Les six mille Saxons qui restaient firent le vœu de ne couper ni leurs cheveux ni leur barbe jusques à ce qu'ils se fussent vengés, et ils recommencèrent la guerre; mais ils furent encore battus et forcés au repos. [3,8] VIII. Ensuite trois Ducs Lombards firent une irruption dans les Gaules, à savoir Amon, Zaban, et Rhodanus. Amon passa par Embrun et vint à Mâcon, que le Roi avait donné à Mummullus. Zaban passa par le Diois et vint à Valence, Rhodanus vint à Grenoble. Amon conquit aussi la ville d'Arles avec toute la province et les villes des environs, jusques à ce camp de pierre, qui est proche de Marseille et il dévasta tous les lieux où il passait. Il mit aussi le siège devant Aix; mais il le leva pour vingt-deux livres d'argent que lui donnèrent les habitants. Rhodanus et Zaban se livrèrent aussi aux incendies et aux rapines, et démolirent les lieux par où ils passaient. Toutes ces choses ayant été rapportées au Patrice Mummulus, il rassembla une puissante armée, et vint d'abord à Rhodanus qui assiégeait Grenoble, il battit son armée, le blessa lui-même, et le força à gagner les sommets des montagnes. Rhodanus qui n'avait plus que cinq cents hommes passa par certains défilés, vint trouver Zaban qui assiégeait Valence, et lui raconta ce qui s'était passé. Cependant ils continuèrent tous les deux à dévaster et vinrent ainsi, jusqu'à Embrun où ils rencontrèrent encore Mummulus qui les battit. Alors Zaban et Rhodanus gagnèrent l'Italie et vinrent à Suse, que Sisinnius alors maître de la milice tenait au nom de l'Empereur. Le fils de Mummulus y vint avec des lettres de son père, et annonça sa prochaine arrivée. Alors Zaban et Rhodanus s'en retournèrent chez eux. Amon voulut aussi reprendre le chemin de l'Italie avec tout le butin qu'il avait fait, mais les neiges l'obligèrent à en abandonner la plus grande partie, et à peine il pût passer avec les siens le sentier des Alpes. [3,9] IX. Dans ces temps-là, le château d'Anagni se rendit aux Francs, c'est pourquoi Ragilon comte des Lombards de Ragale vint à Anagni et le dévasta; mais à son retour comme il était dans le camp Rotalien, Cramnichis Duc des Francs y vint et le tua avec beaucoup des siens. Cramnichis vint peu de temps après à Trente et pilla la ville. Mais Evin Duc des Trentins le poursuivit l'atteignit au lieu appelé Salurnis et le tua, après quoi il se remit en possession du territoire de Trente. [3,10] X. Dans ce temps-là Sigebert Roi des Francs fut tué, par la fraude de son frère Chilpéric, avec qui il était en guerre. Son fils Childebert encor enfant lui succéda, et régna conjointement avec sa mère Brunehilde. Evin Duc des Trentins, dont nous avons parlé plus haut, épousa la fille de Garibald. [3,11] XI. Dans ces temps-là le jeune Justin régnait à Constantinople, homme fort adonné à l'avarice, contempteur des pauvres, et Spoliateur des Sénateurs. Il avait des coffres de fer dans lesquels il renfermait tout l'or que sa cupidité avait ramassé. On dit aussi qu'il était tombé dans l'hérésie de Pelage. Et comme il avait détourné les oreilles de son cœur des commandements de Dieu, par un juste et divin jugement il perdit l'intelligence de la raison et devint fou. Il fit venir Tibère César pour gouverner le palais et quelques provinces. C'était un homme juste, utile, vaillant, sage, charitable, équitable dans ses jugements, illustre par ses victoires, et ce qui est plus que tout cela véritable Chrétien. Mais comme il donnait aux pauvres une grande partie de ce que Justin avait ramassé, l’impératrice Sophie le grondait souvent en lui disant : Ce que j'ai passé tant d'années à ramasser tu le disperses en peu de temps. — Mais il répondait: Je me confie dans le seigneur, car l'argent ne manquera jamais à notre trésor tant qu'on l'emploiera à faire l'aumône aux pauvres et à racheter des captifs, car le seigneur a dit : Thésaurisez dans le ciel où il n'y a ni rouille ni mites, ni voleurs qui creusent sous terre; ainsi ramassons dans le ciel, et le seigneur ramassera pour nous dans le siècle. — Enfin Justin mourut fou après avoir régné onze ans. C'est alors que Narsès faisait la guerre aux Goths et aux Francs, et nous l'avons conté plus haut par anticipation. C'est alors aussi que le Pape Benoît faisant venir d'Egypte, plusieurs milliers de sacs de froment, sauva Rome des horreurs de la famine. [3,12] XII. Justin étant mort, Tibère Constantin lui succéda et fut le cinquantième Roi des Romains, et comme il faisait de grandes aumônes dans le temps qu'il gouvernait le palais, Dieu lui fit avoir des trésors considérables. Une fois qu'il se promenait dans le palais, il aperçut dans le parquet une table de marbre, sur laquelle était gravée une croix, et il dit: Voyez, nous foulons à nos pieds la croix du seigneur que nous devrions porter sur nos fronts et nos poitrines. Et aussitôt il la fit enlever. Mais dessous on trouva une autre table également marquée d'une croix, l'Empereur la fit aussi enlever et trouva dessous une troisième table de marbre aussi marquée d'une croix, l'Empereur la fit aussi enlever et l'on trouva dessous un trésor qui contenait plus de mille quintaux d'or; l'Empereur prit cet or, et donna encore plus d'aumônes qu'il n'avait fait par le passé. Narsès dont nous avons parlé plus haut, ayant de grands trésors, voulut les cacher dans une grande maison qu'il avait dans une certaine ville d'Italie, c'est pourquoi il y fit construire secrètement une citerne, et y déposa plusieurs milliers de quintaux d'or et d'argent. Après quoi il fit mourir tous ceux qui savaient son secret à l'exception d'un vieillard dont il exigea le serment le plus fort. Narsès mourut et le vieillard vint trouver Tibère, et lui dit: O César j'ai une chose importante à vous dire et je vous la dirai si j'y trouve quelque profit. — Tibère lui répondit : Dis ce que tu veux, si c'est une chose qui nous soit utile, tu y trouveras ton profit. — Alors le vieillard dit : Je sais où est caché le trésor de Narsès, et me trouvant proche du terme de ma vie, je veux en révéler le secret. — César Tibère l'entendit avec beaucoup de plaisir et envoya ses garçons avec le vieillard ; ceux-ci le suivent étonnés, enfin ils arrivent à la citerne, l'ouvrent, et y trouvent tant d'or et d'argent qu'il fallut bien des jours pour l'emporter. Et l'Empereur, suivant son humeur charitable, donna le tout aux pauvres. Comme Tibère devait recevoir la couronne impériale, et que le peuple l'attendait dans le cirque selon la coutume pour voir le spectacle, bien des gens lui préparaient des embûches, pour mettre sur le trône son neveu Justinien. Mais Justin passant par les lieux saints, fit venir le Pontife de la ville, et les Consuls, mit la couronne sur sa tête, se revêtit de la pourpre et entra ainsi dans le palais aux acclamations du peuple ; et ses ennemis en furent couverts de confusion. Peu de jours après Justinien vint se jeter aux pieds de l'Empereur qui lui pardonna, lui fit présent de quinze quintaux d'or, et le fit demeurer avec lui dans le palais. Mais l'Impératrice Sophie, oubliant ce qu'elle avait autres fois promis à Tibère, lui tendit aussi des embûches, et comme il allait à la campagne au temps de vendanges pour y passer trente jours, selon le rite impérial, elle fit venir en secret Justinien et voulut le faire couronner. Tibère l'ayant survint au plus vite à Constantinople, fit prendre l'Impératrice, la dépouilla de ses trésors et ne lui laissa que ce qu'il lui fallait pour vivre, ensuite il lui ôta les garçons qui la servaient et lui en donna de ses fidèles, avec ordre qu'aucun des anciens n'eût accès chez elle. Pour ce qui est de Justinien il se contenta de le gronder, et dans la suite il l'aima tant, qu'il lui promit sa fille, et de faire épouser à son fils la fille de Justinien. Mais tout cela n'eut point lieu je ne sais pour quelle raison. Tibère envoya une armée en Perse, et elle revint victorieuse, conduisant avec elle, vingt Eléphants chargés de tant de trésors, que l’on croit qu'il y en aurait pu avoir assez pour contenter la cupidité humaine. [3,13] XIII. Chilpéric Roi des Francs envoya ses Ambassadeurs à Tibère, et il en reçut des ornements et des médailles d'or dont chacune pesait une livre ; d'un côté l'on y voyait l'image de l'Empereur, avec ces mots tout autour: Tiberii, Constantini, Perpetui, Augusti. — Et de l'autre côté, un quadrige conduit par un homme avec ces mots: Gloria Romanorum. — Dans ces temps-là saint Grégoire, qui n'était encore que Diacre et qui fut ensuite Pape remplissent la charge d'Apocrisiaire dans cette ville royale, et il y composa des livres de morale. Il disputa en présence de l'Empereur contre Eutychius Evêque de la même ville et le convainquit d'erreur au sujet de la résurrection. Dans ces temps-là, Farvald vint à Spolète avec une flotte, et dépouilla cette ville de toutes ses richesses. [3,14] XIV. Le Patriarche Probinus mourut à Aquilée après avoir dirigé cette église pendant un an et le prêtre Hélias lui succéda. [3,15] XV. Tibère ayant régné sept ans, sentit que sa fin approchait ; c'est pourquoi, du consentement de l'Impératrice Sophie, il choisit pour son successeur, Maurice homme très vaillant et de race Cappadocienne. Il revêtit sa fille des ornements royaux; il la présenta à Maurice et lui dit : Je vous donne ma fille et le pouvoir suprême, soyez heureux; mais surtout n'oubliez jamais ce que vous devez à la justice. — Après avoir dit ces paroles, il ferma les yeux, et alla dans la patrie éternelle, laissant un peuple entier dans les larmes. Sa bonté était extrême, et il était prompt à donner l'aumône. Juste et très attentif dans ses jugements, ne méprisant personne, mais comprenant tout le monde dans sa bienveillance, aimant tous les hommes et aimé de tous. Après sa mort, Maurice se revêtit de la pourpre, mit la couronne et alla au cirque, où il fut proclamé par le peuple et lui fit des présents, il fut le premier Empereur de race grecque. [3,16] XVI. Or donc les Lombards ayant été gouvernés dix ans par des Ducs, prirent pour Roi Autharis, fils de ce Cleph dont il a été question plus haut; et à cause de sa dignité, ils l'appelèrent Flavius, et tous les Rois Lombards qui sont venus depuis, ont heureusement porté ce prénom. Pour la restauration du royaume, tous les Ducs d'alors donnèrent la moitié de leur bien, pour les usages royaux, afin de nourrir le Roi et sa cour. Et les peuples aggravés étaient partagés entre les hôtes des Lombards. Ce qu'il y avait d'admirable dans le royaume des Lombards, c'est que l'on n'y craignait ni les violences ni les trahisons. Personne n'injuriait, nul homme n'en dépouillait un autre. Les vols y étaient inconnus, et chacun allait sans crainte où bon lui semblait. [3,17] XVII. Dans ce temps-là l’Empereur Maurice envoya cinquante mille sous à Childebert Roi des Francs pour l'engager à faire la guerre aux Lombards en Italie, et les détruire. Childebert entra effectivement en Italie à l'improviste, et à la tête d'une armée innombrable. Les Lombards se renfermèrent dans les villes. Ensuite on s'envoya des ambassades réciproques, et la paix se fit moyennant des présents considérables. Childebert étant retourné dans les Gaules, Maurice commença à lui redemander les sous, qu'il lui avait envoyés pour faire la guerre aux Lombards; mais Childebert, se confiant en ses forces, ne voulut seulement pas faire de réponse. [3,18] XVIII. Alors Autharis mit le siège devant Brescike, ville située les bords du Pô, où s'était réfugié Droctulf Duc des Lombards, qui avait pris le parti de l'Empereur, et il s'y défendit très bien. Il tirait son origine des Souabes, c'est à dire des Allemands, mais il avait été élevé chez les Lombards et sa beauté lui avait mérité les honneurs du Duché, mais il se révolta contre les Lombards dès qu'il trouva une occasion de se venger de sa longue captivité. Mais les Lombards le forcèrent à se retirer à Ravenne, Brexille fut prise et ses murs rasés. Autharis fit la paix pour trois ans avec Smaragdus Patrice qui résidait à Ravenne. [3,19] XIX. Droctulf engagea souvent les soldats de Ravenne à faire la guerre, aux Lombards, et il fit construire une flotte avec laquelle il battit celle qui assiégeait la ville. Enfin il mourut et on lui éleva un tombeau devant la porte de l'église de saint Vital. {Épitaphe} [3,20] XX. Le Pape Benoît étant mort, Pelage fut ordonné sans les ordres du Prince, parce que les Lombards bloquaient Rome et que personne ne pouvait en sortir; ce Pelage écrivit une lettre assez bonne, à Hélie Evêque d'Aquilée qui ne voulait pas recevoir trois Chapitres du Synode de Calcédoine; cette lettre fut écrite par saint Grégoire qui alors était Diacre. [3,21] XXI. Pendant ce temps-là, Childebert Roi des Francs fit la guerre aux Espagnols, et leur gagna une grande bataille. Voici quelle était la cause de la guerre : Childebert avait marié sa sœur Ingonde à Herminigild fils de Lewigild Roi des Espagnols, Lewigild languissait dans l'hérésie d'Arrien, mais Herminigild converti par Léandre Evêque de Séville et touché par les exhortations d'Ingonde, embrassa la foi catholique. Et son père impie le tua d'un coup de hache le jour même de Pâque. Ingonde voulut fuir dans les Gaules ; mais elle tomba entre les mains d'un corps de soldats qui étaient sur cette frontière pour la garder contre les Goths, et elle fut conduite en Sicile où elle mourut, mais son fils fut envoyé à Constantinople à l'Empereur Maurice. [3,22] XXII. Alors Maurice envoya encore vers Childebert pour l'engager à conduire une armée contre les Lombards. Childebert, croyant que sa sœur vivait encore et qu'elle était à Constantinople, fit ce qu'on lui demandait et entra en Italie. Mais tandis que l'armée des Lombards allait à sa rencontre, les Francs se brouillèrent avec les Allemands, et s'en retournèrent sans avoir rien fait. [3,23] XXIII. Dans ce temps-là il y eut sur les confins de la Ligurie et de la Vénétie un déluge, tel qu'il n'y en n'avait pas eu depuis Noé. Les possessions et les fermes devinrent des ardoises il périt aussi beaucoup d'hommes et de bestiaux, et tous les chemins furent détruits. Le fleuve Atésis qui coule à Vérone s'enfla tellement que l'eau atteignit les plus hautes fenêtres de l'église de saint Zénon hors des murs. Cependant saint Grégoire écrit qu'il n'entra point d'eau dans l'église. Une partie des murs de Vérone furent alors renversés. Cette inondation eut lieu le seize des Calendes de Novembre, au milieu de tonnerres tels que l'on en voit à peine en été. Deux mois après, une grande partie de Vérone fut détruite par un incendie. Pendant ce déluge, le Tibre s'enfla tellement que les eaux passèrent par dessus les murs de Rome, et y occupèrent de vastes régions. Alors un dragon d'une grandeur étonnante traversa la ville en descendant le fleuve, accompagné de beaucoup d'autres serpents, et alla jusques à la mer. Après cela régna la peste appelée inguinaire, qui fit périr tant de peuple, qu'à peine quelqu'un pouvait en réchapper. Le premier qui en mourut fut le Pape Pelage. Et après la mort du pasteur, le troupeau fut presque entièrement détruit. [3,24] XXIV. C’est au milieu de ces tribulations que l'on élut Pape saint Grégoire qui était lévite; celui-ci ordonna une litanie septiforme, et tandis qu'on la chantait, dans moins d'une heure quatre-vingt hommes tombèrent morts. Cette litanie s'appelle septiforme, parce que le peuple qui la chante est partagé en sept parts. Dans le premier chœur était tout le clergé, dans le second tous les Abbés avec leurs moines, dans le troisième les Laïcs, dans le sixième les veuves, dans le septième les femmes mariées. Nous n'en dirons pas davantage ici sur saint Grégoire, par la raison que nous avons déjà écrit sa vie il y a plusieurs années dans laquelle nous avons mis tout ce qu'il y avait à en dire selon la ténuité de nos forces. [3,25] XXV. Dans ces temps-là saint Grégoire envoya en Bretagne Augustin, Melitus, et Jean et leur prédication convertit les Angles. [3,26] XXVI. Dans ces temps-là mourut Hélie qui avait été pendant quinze ans Patriarche d'Aquilée et Sévère lui succéda. Smaragdus Patrice de Ravenne vint alors à Grado, pour arracher Sévère de son église et le conduire à Ravenne avec trois autres Evêques; savoir: Jean Evêque de Parenza, Sévère et Vindemius, avec encore Antoine, vieux défenseur de l'Eglise. Smaragdus les força par beaucoup d'injures à donner la communion à Jean Evêque de Ravenne, Condamnateur des trois Chapitres, qui s'était séparé de l'Eglise Romaine du temps de Pelage ou de Vigile. Au bout d'un an ils retournèrent à Grado ; mais le peuple ne voulut plus les recevoir, et les autres Evêques non plus. Smaragdus fut saisi par le démon, et retourna à Constantinople et le Patrice Romain lui succéda. Ensuite il y eut à Mariano un Synode de dix Evêques, où l'on reçut le Patriarche Sévère, qui donna le livre de ses erreurs, parce qu'il avait donné la communion aux condamnateurs des trois Chapitres. Les Evêques, qui résistèrent si bien à l'Hérésie, étaient Pierre d'Altino, Ingénu de Sabione, Junior de Vérone, Horante de Vicense, Rustique de Trévise, Fonteius de Feltrino, Agnellus de Acilio, Laurence de Luna. Tous ces Evêques communièrent avec le Patriarche, et de plus. Sévère Evêque de Parenza, le Patrice Jean, Vindemius, et Jean. Dans ce temps-là le Roi Autharis envoya en Istrie une armée, à la tête de laquelle était Evin Duc de Trente. Ce gens là commirent de grands incendies, et rapportèrent au Roi beaucoup de butin. D'autres Lombards assiégèrent dans l'île d'Amacis le maître de la milice Francion, qui depuis vingt ans tenait le parti de Narsès. Ce Francion se rendit avec son île au bout de six mois, et lui même obtint la permission de se retirer avec sa femme à Ravenne. L'on trouva dans cette île de grandes richesses, que diverses villes y avaient envoyées. [3,27] XXVII. Dans ces temps-là le Roi Flavius Autharis envoya vers Childebert pour lui demander sa sœur en mariage. Childebert reçut agréablement les présents que lui avaient apportés les Ambassadeurs du Roi des Lombards et promit de lui donner sa sœur. Mais ensuite vinrent des Ambassadeurs du Roi des Goths d'Espagne pour demander la même sœur, et comme les Goths s'étaient depuis peu convertis à la foi catholique, Childebert leur promit aussi sa sœur. [3,28] XXVIII. Ensuite Childebert envoya vers l'Empereur Maurice pour lui faire dire, que ce qu'il n'avait pas fait auparavant il allait le faire. C'est à dire qu'il allait faire la guerre aux Lombards, et bientôt après il entra en Italie. Les Lombards allèrent à sa rencontre, et remportèrent une victoire si complète que peu de Francs retournèrent dans les Gaules; et l'on ne sait point d'autre exemple d'un pareil carnage. Il est très extraordinaire que Secundus, qui à écrit sur l'histoire des Lombards, ait pu passer sous silence une pareille victoire. Tandis que l’on peut y voir, presque dans les mêmes termes les choses que nous avons dites sur les Francs. [3,29] XXIX. Ensuite le Roi Flavius Autharis envoya en Bavière pour demander la fille du Roi Garibald; celui-ci reçut agréablement les Ambassadeurs d'Autharis et promit de lui donner en mariage sa fille Theudelinde. Les Ambassadeurs étant de retour, le rapportèrent à Autharis, qui désirant voir par lui-même sa promise, partit en toute diligence pour la Bavière n'emmenant avec lui qu'un petit nombre de Seigneurs Lombards qui lui étaient très fidèles, et un entre autres assez avancé en âge pour paraître le chef de l'Ambassade. Toute l'Ambassade arriva heureusement à sa destination, et cet homme plus âgé fit le compliment d'usage, après quoi Autharis qui n'était connu de personne en Bavière s'approcha du Roi Garibald et lui dit : Le Roi Autharis mon maître m'a envoyé ici tout exprès pour voir sa future épouse qui doit être notre reine, et pour lui en rendre compte et lui dire quelle est sa figure. — Le Roi Garibald ayant entendu cela fit venir sa fille, Autharis la regarda longtemps d'un air satisfait et puis il dit : La personne de votre fille nous semble si belle que nous désirons beaucoup l'avoir pour notre reine; et comme un jour elle doit nous présenter à boire, nous désirerions si cela plaisait à votre puissance de recevoir de sa main un gobelet de vin. — Le Roi l'ayant permis l'on apporta du vin ; Theudelinde présenta d'abord le Gobelet à celui qui paraissait le principal personnage de l'Ambassade, ensuite à Autharis, qu'elle ne savait pas devoir être son mari. Autharis vida le Gobelet, et en le rendant, sans que personne s'en aperçut, il toucha la main de Theudelinde avec un de ses doigts, et passa ensuite ce doigt sur son propre visage en commençant par le front et en passant ensuite par le nez. Theudelinde raconta la chose à sa nourrice, ce qu'elle ne put faire sans beaucoup rougir. La nourrice après y avoir réfléchi, dit : Si cet homme n'était pas le Roi qui doit vous épouser, jamais il n'aurait osé vous toucher. Cependant ne parlons pas de cela dans la crainte que le Roi votre père ne vienne à le savoir. Au reste celui dont il est question, paraît bien digne de régner et de vous posséder. — Car Autharis était alors dans la fleur de son âge, ses cheveux blonds, flottaient à grandes boucles sur ses épaules, et son visage était assez beau. Enfin l'Ambassade prit congé du Roi, et sortit des frontières des Norices, car la province des Norices, que les Bavarois habitaient pour lors, à l'orient la Pannonie, à l'occident la Souabe, au midi l'Italie, et au nord le cours du Danube. Lorsque l'on fut déjà sur les confins de l'Italie et prêt à prendre congé des Bavarois, qui accompagnaient l'Ambassade jusques aux frontières. Autharis se levant sur ses étriers, donna un grand coup de sa hache d'arme contre un arbre qui était près de lui, et l'y laissant enfoncée, il dit : Voilà les coups que porte Autharis. — Alors les Bavarois comprirent qu'il était lui-même Autharis. Peu de temps après, la Bavière fut fort troublée par l'irruption des Francs, et Theudelinde s'enfuit en Italie avec son frère Gundoald, et comme elle fit annoncer son arrivée à Autharis, il alla à sa rencontre au camp de Sardis qui est au dessus de Vérone, et leurs noces furent célébrées avec beaucoup d'appareil et de joie. Là se trouvait entre les autres Seigneurs Lombards, Agilulf Duc de Turin. Il y eut un orage, et le tonnerre tomba sur un pieu de l'enceinte du Roi. Agilulf s'écarta un moment près pour satisfaire aux besoins secrets de la nature, alors un garçon de son service vint le joindre, et comme la connaissance qu'il avait des arts diaboliques, lui donnait l'intelligence de ce que voulaient dire les coups de tonnerre, il dit à Agilulf : Celle que notre Roi vient d'épouser sera dans peu votre femme. — Agilulf répondit qu'il lui ferait couper la tête, s'il parlait de choses semblables, mais le garçon répondit : Je puis être tué mais les destinées ne peuvent être changées, et il est sûr que cette femme est venue en Italie pour vous épouser. — Et réellement cela arriva dans la suite. Dans ce temps-là Ansul, parent d'Autharis fut tué près de Vérone, mais on ne sait pas bien quelle fut la cause de ce meurtre. [3,30] XXX. Alors revint Grippon, que Childebert avait envoyé à Constantinople, et il raconta que l'Empereur l'avait reçu très honorablement et avait promis de venger les injures reçues à Carthage. Childebert envoya aussitôt une armée, commandée par vingt Ducs, dont les principaux étaient Anduald, Olon, et Cedin. Olon s'étant approché mal à propos des murs de Bilitio, fut tué d'un coup de javelot. Et les Francs qui étaient sous son commandement s'étant dispersés pour piller, furent presque tous détruits. Anduald et six autres Ducs des Francs arrivèrent à Milan, et campèrent sur les hauteurs. Là ils reçurent des Députés de l'Empereur qui leur annoncèrent que son armée arriverait dans trois jours, et ajoutèrent: Quand vous verrez brûler cette maison qui est sur la montagne, ce sera un signal de notre arrivée. — Les Francs attendirent six jours et ne virent arriver personne. Cedin entra en Italie par la gauche avec trente Ducs il prît cinq châteaux dont il exigea les serments. Les Francs arrivèrent par Plaisance jusqu'à Vérone, prenant des villes qui se rendaient sur parole et qu'ils détruisirent ensuite. Les châteaux qu'ils détruisaient dans le Trentin sont Tesana, Maletum, Semiana, Appianum, Fagitan, Cimbra, Vitianum, Brentonicum, Volenes, Ennemase deux à Alsuca et deux à Vérone. Les Francs conduisirent aussi en captivité tous les habitants des châteaux susdits. Les Evêques intercédèrent pour le château de Ferruge, et chaque homme fut rançonné pour six cents sous. Dans ce temps-là l'armée des Francs fut très incommodée des grandes chaleurs, et les dysenteries commencèrent à y rogner. Enfin au bout de trois mois, les Francs virent que cette expédition ne leur donnait aucun profit, qu'ils ne pouvaient pas se venger du Roi qui s'était fortifié près de Pavie, et que d'ailleurs ils mouraient de faim, c’est pourquoi ils prirent la résolution de retourner dans leur pays. Mais avant que de revoir leur sol natal, ils avaient vendu leurs habits et leur arme pour avoir de quoi vivre. [3,31] XXXI. C’est vers ces temps-là que doit être arrivé ce que l'on raconte du Roi Autharis. L'on dit que passant par Bénévent il vint à Spolète et prit ensuite tout le pays jusqu'à Reggio, villa qui est à l'extrémité de l'Italie et voisine de la Sicile, et comme il y a là une colonne, posée au milieu des ondes de la mer, il alla à cheval jusqu'à cette colonne, et la touchant du fer de sa lance, il dit: Ici seront les frontières des Lombards. —-L'on assure que cette colonne subsiste encore et qu'on l'appelle la colonne d'Autharis. [3,32] XXXII. Le premier Duc des Lombards à Bénévent s'appelait Zotto, et il gouverna cette province pendant vingt ans. [3,33] XXXIII. Pendant ce temps-là le Roi Autharis avait envoyé une Ambassade amicale à Gontran Roi des Francs, oncle de Childebert. Celui-ci reçut agréablement les Ambassadeurs, mais les renvoya à Childebert son neveu, afin que ce fût lui qui décida la paix avec les Lombards. Ce Gontran était un roi pacifique et renommé par sa grande bonté. Et il y a une de ses actions que nous voulons insérer ici, et nous le ferons d'autant plus volontiers qu'il n'en est point question dans l'histoire des Francs. Un jour que Gontran était à la chasse, ses compagnons couraient çà et là, dans la forêt et il resta seul avec un de ses plus fidèles serviteurs, et se sentant accablé de sommeil il appuya sa tête sur les genoux de ce serviteur et s'endormit. Alors un tout petit animal de la forme d'un reptile sortit de sa bouche, et courut le long des rives d'un ruisseau sans pouvoir le passer. L'homme sur le sein duquel il reposait, tira son épée la posa en travers sur le ruisseau et le petit animal s'en servant comme d'un pont passa le ruisseau et entra dans un trou de montagne, au bout de quelque temps il sortit du trou, repassa sur l'épée, et rentra dans la bouche de Gontran. Gontran s'étant éveillé dit qu'il avait eu une singulière vision, il raconta avoir rêvé qu'il avait passé un fleuve, sur un pont de fer et qu'il était entré sous une certaine montagne où il avait trouvé beaucoup d'or. Alors son serviteur raconta ce qu'il avait vu lui-même; enfin on creusa dans ce lieu, et l’on y trouva un trésor inestimable que l'antiquité y avait déposé. Le Roi prit cet or et en fit faire un Ciboire d'une grandeur admirable l'orna de beaucoup de pierres précieuses et voulut l'envoyer à Jérusalem. Mais ne l'ayant pas pu, il le fit mettre, sur le tombeau de saint Marcellus qui est à Cavaillon, ville alors capitale du royaume de Gontran et ce Ciboire y est encore, et jamais on n'a fait un ouvrage qui par lui être comparé. Mais après avoir raconté en peu de mots un événement aussi remarquable, revenons à la suite de notre histoire. [3,34] XXXIV. Tandis que ces Ambassadeurs étaient en France. Le Roi Autharis mourut à Pavie et l'on dit que ce fut par le poison. Il avait régné six ans. Aussitôt les Lombards envoyèrent vers Childebert pour lui annoncer la mort d'Autharis, et lui demander encore la paix. Childebert donna audience aux Ambassadeurs, et peu de jours après il les congédia en leur promettant la paix. Pour ce qui est de Theudelinde, comme elle plaisait beaucoup aux Lombards, ils lui permirent de rester reine, et lui persuadèrent de choisir l'un d'entre eux, pour en faire son époux pourvu que ce fût un homme en état de les gouverner, Theudelinde après avoir pris conseil de quelques hommes prudents, choisit Agilulf, Duc de Turin. C'était un homme vaillant et tout fait pour régner. Theudelinde fit aussitôt venir Agilulf et alla à sa rencontre jusques au Bourg de Laumellum. Lorsqu'Agilulf fut arrivé, après quelques compliments Theudelinde fit apporter du vin, elle bût la première et donna ce qui restait dans le Gobelet à Agilulf. Celui-ci bût et en rendant le Gobelet il baisa la main de la reine. La reine sourit en rougissant et lui dit qu'il ne devait pas lui baiser la main, mais la bouche, et après l'avoir élevé à ce baiser, elle s'ouvrit à lui sur leur noces prochaines. Bientôt après, elles furent célébrées avec une allégresse infinie. Agilulf qui était parent d'Autharis fut élevé à la dignité royale dès le mois de Novembre, mais ce n'est qu'à l'Assemblée générale des Lombards qui eût lieu au mois de mai à Milan qu'il fut reconnu de tous.