{1,0] I. HYMNE AU CHANT DU COQ. {1,1] L’oiseau messager du jour chante, annonçant que la lumière va paraître, et déjà le Christ, excitateur des âmes, nous appelle à la vie. Quittez vos lits, s’écrie-t-il, ô vous tous qui êtes plongés dans un lourd sommeil, et chastes, justes et sobres, veillez, car je suis proche. Ne mépriser sa couche qu’après le lever du soleil radieux, c’est la quitter trop tard, à moins qu’on n’ait prolongé durant une partie de la nuit le temps du travail. Ce cri, que les oiseaux perchés sur nos toits, font retentir peu avant que la lumière ne brille, est le symbole de notre juge. Enveloppés d’épaisses ténèbres, enfoncés dans nos lits paresseux, il nous invite à sortir de notre repos au moment où le jour va luire. En annonçant que l’aurore va bientôt répandre dans les cieux des effluves brillantes, il vient rendre à l’espoir de la lumière tous ceux que le travail avait fatigués. Ce sommeil, accordé pour un moment, est l’image de la mort éternelle. Le péché, comme une nuit horrible, terrasse sa victime et l’assoupit. Mais du haut du ciel le Christ, notre maître, nous avertit que la lumière est proche, de peur que l’âme ne soit l’esclave du sommeil. De peur que le sommeil, jusqu’à la fin d’une vie honteuse, ne tienne le cœur enseveli dans le crime et oublieux de celui qui est sa lumière. On dit que les démons errent joyeux durant les ténèbres de la nuit et qu’épouvantés, dès que le coq chante, ils se dispersent pleins d’effroi. L’approche redoutable de la lumière, du salut, de la divinité, dissipant les ténèbres qui les protègent, met en fuite les esprits nocturnes. Les démons savent que le chant du coq est le signe de la promesse par laquelle, délivrés du sommeil du péché, nous espérons l’avènement de Dieu. Le Sauveur montra à Pierre le rôle de cet oiseau quand il prédit à cet apôtre qu’il renierait son maître avant que le coq eût chanté trois fois. Car le mal se commet avant que celui qui annonce l’approche du jour ait éclairé le genre humain et mis un terme au péché. Bientôt l’auteur du triple reniement pleura le crime que sa bouche avait commis, tandis que son esprit était resté innocent et que son âme avait conservé la foi. Par la suite, jamais sa langue ne proféra de telles paroles. Dès qu’il eut entendu le chant du coq, devenu juste, il cessa de pécher. Aussi nous croyons tous que c’est à ce moment du repos de la nuit, où le coq bat des ailes et chante, que le Christ est revenu des enfers. Alors fut vaincu le pouvoir de la mort, alors fut détruite la loi de l’enfer, alors la force plus puissante du jour contraignit la nuit à céder. Qu’enfin le crime se repose; qu’enfin dorme le sombre péché; qu’enfin la faute mortelle s’assoupisse dans un long sommeil. Que l’esprit vigilant, pendant le temps qui reste à parcourir tandis que les portes de la nuit sont fermées, veille dans le courage et le labeur. Que nos voix invoquent Jésus. Pleurons, prions, soyons sobres. Une supplication ardente empêche le cœur pur de s’endormir. Assez longtemps un oubli profond a maîtrisé nos membres, a opprimé, appesanti, accablé notre pensée qui errait en des songes vains. Que de choses fausses et frivoles nous avons faites par gloire mondaine ! Nous dormions alors; veillons, voici la vérité. L’or, la volupté, la joie, les richesses, les honneurs, les prospérités, tous les maux qui nous enflent, dès que le jour se fait, ne sont rien. O Christ, dissipez le sommeil, rompez les chaines de la nuit, détruisez l’antique péché et répandez une lumière nouvelle.