[1,0] Marsille Ficin, De la triple vie. Livre premier. Comment se doit conserver et entrtenir la santé des studieux ou de ceuw qui travaillent aux lettres. [1,1] Des neuf guidons des hommes studieux. Chapitre premier. Quiconque entre en ce chemin âpre, ardu et de longue étendue, qui à peine enfin par continu labeur conduit au temple sublîme des neuf Muses, certainement il semble avoir besoin de neuf guidons et conducteurs en cette pénible voie. Desquels les trois premiers sont au ciel, les trois suivants en l'âme et les trois derniers en la terre. Premièrement, afin que par rechcerche nous entrions au chemin des Muses, Mercure nous pousse ou nous convie au ciel car à Mercure est attribué l'office et devoir de toute recherche. Depuis Phébus lui-même d'une fort ample splendeur illustre tant les âmes recherchantes que les choses recherchées de sorte ce qui était cherché est par nous clairement trouvé. Après vient la très gracieuse Vénus, mère des trois Grâces, qui, de ses rayons tous pleins de nourrissement et de liesse, tellement établit et orne toute la chose de sorte que tout ce qui avait été recherché à ce Mercure nous poussant et qui avait été inventé, Phébus le démontrant, entouré de l'émerveillable et salutaire grâce de la gracieuse Vénus, toujours charme et profite. Ensuivent les trois autres conducteurs de ce chemin en l'âme, à savoir l'ardente et stable volonté, le pointe et la subtilité de l'entendement et la ferme et durable mémoire. Les trois derniers en la terre sont le très prudent père de famille, le précepteur bien approuvé et le médecin bien expérimenté. Sans ces neuf guides et conducteurs nul n'a pu ni ne pourra jamais parvenir au sacré tempe des neuf Muses. Dieu tout puissant et la nature nous ont bien donné, dès le commencement, les autres conducteurs mais notre diligence y ajoute les trois derniers. Or, plusieurs des antiques et sages ont traité des enseignements et du devoir qui appartient au père de famille et de ce qui appartient au précepteur pour le regard de l'étude des bonnes lettres, principalement notre Platon, comme souvent ailleurs, en a même discouru très diligemment dans les livres de la République et des Lois. Après lui, Aristote, dans les Politiques, Plutarque aussi et Quintilien en ont doctement écrit mais jusqu'ici fait défaut aux hommes des bonnes lettres seulement quelque médecin, qui donne la main aux voyageurs et qui, de salutaires conseils et médecines, aide ceux qui ne sont destitués ni du ciel, ni de l'âme, ni de père de famille ou de précepteur. Moi, donc, ayant pitié de la condition fort laborieuse de ceux qui tiennent la route menaçante de Minerve diminuant les nerfs, je me présente le premier comme médecin aux débiles et aux malades et plût à dieu que ce fut d'une aussi entière puissance comme d'une franche et bonne volonté. Or vous, adolescents, levez-vous vifs sous la conduite de dieu. et jeunes hommes et hommes adultes, levez-vous, vous que l'étude de la brûlante Minerve énerve trop. Approchez-vous gaiement du médecin, lequel sous l'avertissement et la faveur de dieu, pour la perfection et l'accomplissement de votre louable entreprise, vous donne conseils et remèdes salutaires.