[5,0] LIVRE V. AVANT-PROPOS. 1. On ne saurait exactement considérer les grandes choses qu'avec un grand loisir il est impossible de traverser en peu de temps des prouinces de grandc étendue. Ainsi le sage propose quelquefois un ample sujet qu'il ne saurait bien représenter dans l'abrégé d'un discours trop serré; mais qu'y a-il de plus grand entre les hommes que la souveraineté, dont l'office embrasse, remplit, pénètre et soutient par sa puissance la grande masse de l'état. 2. Elle veut être considérée à loisir, tant à cause de sa grandeur qu'à cause de son excellence: Arrêtons-nous donc s'il vous plaît quelque temps à considérer un peu ce grand corps, et prenons l'avis de Plutarque là-dessus. Si vous ôtez des écrits de cet auteur quelques superstitions du paganisme, il est chrétien dans ses sentences, ravissant dans ses discours et si bon maître de morale, que vous n'aurez point de peine à reconnaître qu'il fut le précepteur de Trajan. 3. Si vous trouvez quelque passage chez lui qui ne s'accorde pas avec la foi ou avec les bonnes mœurs, donnez-en la faute au temps plutôt qu'à l'auteur. Et s'il a été permis à Virgile de chercher de l'or dans le fumier d'Ennius, quelle envie me saurait blâmer si je fais part aux chrétiens de ce que les païens ont écrit pour notre instruction ?