[3,14] CHAPITRE XIV. Qu'il faut punir les flatteurs comme ennemis des Dieux et des hommes. Qu'il faut joyeusement embrasser la vérité et garder la patience; ainsi que les raisons et les exemples des anciens nous l'enseignent. 1. Mais les flatteurs suivant le proverbe, qui dit, que l'on doit principalement adorer le Dieu, dont le secours est présent, se soucient fort peu de quelle sorte ils fassent ce qu'ils souhaitent pourvu qu'ils le fassent. Cécilius Balbus dans une harangue parle généreusement à l'empereur contre ces pestes de la cour. "Sacrée majesté", lui dit-il, "votre prudence éclate principalement en ce que les flatteurs, qui pour vous applaudir font injure à la grandeur des Dieux, de vous et de votre état, n'ont encore pu vous pervertir tant sait peu. 2. Ces traîtres diminuent la révérence qu'on doit aux puissances célestes en vous comparant à elles. Ils vous prennent pour un fou de vouloir vous égaler aux Déités. Comme si vous ne saviez pas que la bassesse de votre nature est infiniment au dessous d'eux. Ils entretiennent le peuple dans la superstition, en lui persuadant par ce moyen d'adorer des Dieux mortels au lieu des immortels. Grand empereur, vous montrerez que vous avez quelque chose de divin si vous exposez aux tourments tous ces flatteurs qui applaudissent traîtreusement à votre grandeur, lui attribuant le nom de Divinité? 3. Qui serait celui des Dieux qui pardonnerait à un homme qui le voudrait tromper ? Qui de nous ne se jetterait pas sur celui qui arracherait les yeux d'or à Jupiter, ou qui voudrait aveugler sa robe en tirant les pierreries et les perles qui en sont les yeux? Qui oserait avec des ongles téméraires arracher de la tête de Mars les brillants de ses diamants? Pourquoi cela? parce qu'assurément c'est vouloir tromper les Dieux invisibles et dresser des embûches à leur sagesse que de piller leurs temples qu'ils maintiennent et dépouiller ces Dieux visibles d'ici-bas qui sont leurs images, tellement qu'ils punissent le mépris qu'on en fait et récompensent l'honneur qu'on leur rend. 4. Si vous faites donc ce que vous devez, Auguste, vous ferez la guerre aux ennemis des Dieux et, si vous ne passez pour Dieu, ce que vous n'êtes point du tout, vous passerez au moins pour religieux adorateur des Dieux lorsque vous exterminerez ces trompeurs qui vous veulent crever les yeux au mépris des Dieux immortels et que vous punirez l'injure qu'ils font à leur grandeur et à la vôtre". Ce sont les paroles de Cécilius. Néanmoins l'état des affaires présentes nous fait bien voir que la brigue des flatteurs l'a emporté; 5. de sorte que si quelqu'un demeurant dans une modestie populaire veut s'abstenir du vice des flatteurs et des charlatans, il passera pour ennemi, ou pour envieux de la félicité des autres. Les oreilles des grands sont délicates, elles sont devenues sourdes aux bons avertissements, tellement qu'elles ne reçoivent point de langue un peu rude sans en être extrêmement offensées. A quoi l'on connaît visiblement combien notre temps a dégénéré de celui de nos ancêtres, qui nous ont enseigné par paroles et par exemples, qu'il n'y a que fort peu d'actions de vertu sans patience. 6. D'où vient qu'Aristippe laissant là un certain, qui l'injuriait, lui répondit: "Je suis maître de mes oreilles, comme tu es maître de ta langue." Antistène pareillement, à un qui lui disait, un tel a médit de vous, non pas de moi, répartit-il, mais de celui qui se sent coupable des défauts qu'il reproche, mais s'il se soucie de médire de moi, je ne m'en soucie pas, pour moi je sais bien que l'ouïe doit être plus forte que la langue, vu que chaque homme n'a qu'une langue et qu'il a deux oreilles, 7. je m'en soucie pourtant en quelque façon, parce que en cela il avoue que je suis au-dessus de lui, à cause que c'est l'ordinaire d'une personne supérieure d'être sujette aux détractions de ses inférieurs, et par ainsi j'aurais droit de m'en réjouir, si la condition d'homme, qui m'est commune avec lui ne me touchait de compassion pour ce malheureux. Semblablement Titus Tatius répondit à Metellus qui lui chantait des injures, il est bien aisé de dire ce que tu voudras contre moi, qui n'aie seulement pas envie de te répondre. Que dirai-je de Xénophon? "tu as", dit-il, "appris à médire par ta méchanceté, et moi, par le témoignage de ma conscience, j'ai appris à me taire". 8. Diogène aussi repartit à un sien ami qui lui rapportait que tous ses amis le blâmaient, "il faut que la sagesse soit battue par les fous"; car le détracteur montre bien que celui qu'il déchire est meilleur que lui. Platon encore a écrit que la patience est toute la force de la philosophie, vu que Socrate non seulement nie que la sagesse puisse être offensée de paroles, mais encore assure qu'elle demeure immobile par la constance de sa vertu contre tous les assauts de la fortune. 9. Vous croyez peut-être que la patience a été seulement une vertu de philosophes, mais sachez que les exemples des empereurs l'ont aussi rendue recommandable. Quel prince en Grèce fut plus grand ou plus illustre qu'Alexandre ? et néanmoins Antigone son gouverneur lui brisa sa harpe et la jeta par terre, disànt, apprenez à régner, et ayez honte de laisser régner le luxe et et la volupté dans le corps du royaume : ce qu'il supporta patiemment, encore que d'ordinaire il fut assez impatient et qu'il surmontât son père en vices aussi bien qu'en vertus. 10. On raconte encore qu'un pirate ayant été pris lui fit une réponse aussi hardie que véritable. Car comme Alexandre l'interrogeait: Pourquoi il écumait la mer? Il lui répondit d'un visage assuré, je le fais pour la même cause, qui te fait piller toute la terre, mais parce que je n'ai qu'un vaisseau l'on me nomme pirate, et parce que tu cours la mer avec une flotte, on te nomme empereur. Si Alexandre était seul, et qu'on l'eut pris, on l'appellerait voleur; 11. et si les peuples servaient Dyonidès à son gré il serait empereur. Leur cause n'est différente qu'en tant que celui, qui foule la justice aux pieds avec plus de mépris et qui choque les lois plus directement, est plus grand voleur: n'est-il pas vrai que tu donnes la chasse à ceux que je fuis, que je les respecte en quelque façon et que tu les méprises absolument? L'injustice de la fortune et la pauvreté de ma maison m'ont contraint d'être pirate mais ton orgueil insupportable et ton avarice qui ne se peut assouvir, te font ravager tout l'univers. Si ma fortune devenait meilleure, peut-être que je le deviendrais aussi mais d'autant plus que tu deviens puissant, ta tyrannie croît à mesure de tes richesses. Alexandre admirant la constance de cet homme, qui le reprenait avec raison, "J'expérimenterai, dit-il, si tu deviendras meilleur et je changerai ta fortune afin qu'on ne lui impute plus tes fautes, mais seulement à tes moeurs". Et de fait il lui donna charge dans son armée afin qu'il pût dorénavant faire guerre légitime. 13. Mais ne prenons pas seulement des exemples de patience chez les Grecs. Scipion l'Africain répliqua à quelques-uns qui lui reprochaient qu'il allait rarement aux coups: "Ma mère a engendré un général en ma personne, et non pas un simple soldat". Marius aussi fit réponse à un Teuton, qui le défiait au combat, que s'il avait eu envie de mourir il eût pu se pendre et que le sage ne cherchait pas tant le combat que la victoire. 14. Jules César, le premier des empereurs Romains, endura plusieurs reproches avec patience; car, supportant avec déplaisir d'être chauve et ramenant souvent ces cheveux de derrière sur son front, un soldat lui dit effrontément, "il te serait plus aisé, César, de n'être pas chauve qu'il ne me serait de faire, ou d'avoir fait jamais de lâcheté dans l'armée Romaine". 15. Davantage Cécilius, étant fâché qu'il avait eu en dépit de lui un emploi par édit du Sénat, lui dit pour le piquer, te saouleras-tu de perles, parce qu'il en était extrêmement curieux, et les prisait quelquefois en les pesant dans ses mains. Mais peut-être qu'il semble que ces choses ne le devraient pas toucher et que le courage d'un prince généreux les pouvait dissimuler. 16. Outre cela on fit des libelles diffamatoires, et divulga-t-on des pasquils {vers fescennins} contre lui : "César sous sa puissance a les Gaulois soumis. Et le roi Nicomède a César sous lui mis. Mais quoi? César triomphe, non pas Nicomède. {Suétone, Vie de César, XXXXIX, 8} Parce que Nicomède roi de Bithynie avait, disait-on abusé de la jeunesse de César. 17. Cicéron aussi se moqua un peu trop aigrement de la facilité qu'avait César à convoquer le Sénat, car étant prié de son hôte Mallius de donner à son beau-fils la charge de décurion, il lui dit en pleine assemblée : il l'aura à Rome si tu veux, mais difficilement à Pompée. Le même Cicéron écrivit à Caius Cassius, un des meurtriers de César: "Je voudrais que tu m'eusses invité a souper les ides de Mars, il ne fût point demeuré de ces restes qui maintenant me donnent de l'exercice. 18. Mais Auguste favori de la fortune et l'honneur de l'empire fut encore plus patient que son oncle, car il tourna en raillerie ce que disait Antoine, qui méprisait son origine du côté maternel et l'appelait Africain et boulanger de naissance, il le reçut même en son alliance et lui bailla sa soeur en mariage. Un homme de condition privée contre qui il s'emportait de colère, osa bien lui répondre : "Dites, Auguste, ce qu'il vous plaira, j'ai ordonné la patience à mes oreilles, le silence à ma langue et le repos à mes mains, et de tout cela n'en remerciez que votre puissance, car on ne saurait me reprocher en ce que je souffre de vous, sinon cette appréhension". 19. Il ne gardait pas seulement la patience contre toutes ces piquantes paroles, mais encore il l'ordonnait aux autres, c'est pourquoi il répondit en ces termes à Tibère, qui se plaignait à lui dans ses lettres de ce que plusieurs parlaient indignement de lui. "Mon Tibère ne vous fâchez-pas tant si quelqu'un parle mal de vous, c'est assez que nous ayons un pouvoir, qui nous met à couvert de ceux qui nous voudraient mal faire. {Suétone, Vie d'Auguste, LI, 4} 20. "Si je l'étais {tyran}, dit-il, tu ne l'oserais dire". 21. Il recevait avec tant de courtoisie tous ceux qui l'abordaient, qu'il tança par raillerie un homme de ce qu'il tremblait en lui baillant une requête, comme s'il eut donné à manger à un éléphant. Il eut autant d'aversion pour les flatteries que son successeur Tibère les aima. Il détesta toujours comme une injure le nom de Seigneur. Enfin quelque désespéré lui criant dans la voie sacrée: "ô Tyran?" "Si je l'étais, dit-il, tu ne l'oserais dire". 21. On remarqua que toutes les fois qu'il entra dans la ville il ne condamna jamais personne au supplice. Curtius, chevalier Romain, homme perdu de délices, ayant trouvé un tourd trop maigre à la table d'Auguste, lui demanda s'il était permis de l'envoyer et César lui ayant répondu, pourquoi non, le chevalier le jeta par la fenêtre. Un soldat bon oiseleur ayant pris une frésaie, qui avait souvent troublé son repos, lui porta toute en vie, sous espérance d'en avoir quelque grande récompense; 22. l'empereur l'en ayant loué, lui fit donner mille asses. Mais le soldat n'étant pas satisfait osa dire, "j'aime mieux qu'elle vive", et la laissa envoler, et après cette impudence se retira au grand étonnement de tout le monde, sans que César s'en offensât. Un soldat des vieilles bandes, étant en danger de perdre un procès de conséquence, le pria de se trouver en public pour solliciter sa cause, César aussitôt lui donna un avocat de conséquence qu'il avait choisi et lui recommanda son affaire. 23. Mais le soldat s'écria, "souvenez-vous, César, que je n'ai point cherché de substitut pour vous assister dans la bataille d'Actium, j'ai combattu moi-même en personne", et disant cela, il découvrit ses cicatrices ; l'empereur touché de honte vint solliciter son procès, évitant non seulement le nom de superbe, mais encore celui d'ingrat. On lui présenta un jour un jeune étranger qui lui ressemblait parfaitement, auquel il demanda si sa mère n'avait jamais été à Rome : 24. le jeune homme répondit que non et de plus ajouta que son père y était souvent venu. La pointe de cette gentille rencontre acquit à ce jeune homme la connaissance de tout le monde et l'amitié de César. Il avait écrit des pasquils {vers fescennins} contre Pollion, auxquels Pollion ne répliqua autre chose sinon, "pour moi, j'ai la bouche fermée, ce n'est pas sans danger que d'écrire contre un homme qui peut proscrire. Car comme il ne se mettait pas facilement en colère, de même il n'admettait pas dans son amitié facilement et retenait constamment ceux qu'il y admettait. 25. Il lui fut injurieusement reproché par quelqu'un qu'il avait mérité d'être adopté par son oncle par la prostitution de son corps, parce que l'on dit que Jules l'aimait trop ardemment, non sans quelque soupçon de la perte de sa pudicité. Un autre, emporté de passion, lui reprocha qu'il avait accoutumé de se brûler les cuisses avec de la bougie pour y faire croître du poil plus douillet. 26. Il ne répondit rien encore a un autre qui l'appelait nain, sinon qu'il lui fallait prendre des souliers plus hauts. Tibère, bien qu'il soit taché de plusieurs vices, eut assez de fermeté et de constance contre les injures, disant qu'en une ville libre il fallait que les langues et les pensées des hommes fussent libres. 27. {- - -} Vespasien souffrit encore les médisances des esprits faibles, tellement qu'un vieil bouvier, lui criant par mépris, "que le renard changeait bien de poil mais jamais de peau, parce que son ardeur était si violente après l'argent que le progrès de l'âge ne diminuait point son avarice", il dit à ceux, qui l'accompagnaient, "de telles gens sont dignes de risée, nous d'amendement, et les criminels de supplice". 28. Que dirai-je de son fils Titus, qui expia l'avarice de son père par une si grande libéralité, qu'il fut appelé "les délices du genre humain". Ce bon prince tenait pour une maxime durant sa vie de ne laisser s'en aller personne de ceux qui lui demandaient quelque chose sans l'avoir obligé d'effet ou de promesse. C'est pour cette raison qu'il répondit à ses domestiques, qui lui demandaient pourquoi il promettait plus qu'il ne pouvait tenir, qu'il le faisait ainsi parce qu'il ne faut pas qu'aucun s'en aille triste après avoir parlé à son prince. 29. Ce bon empereur, s'étant ressouvenu en soupant qu'il n'avait ce jour-là rien donné, s’écria, "ô mes amis, j'ai perdu cette journée". Je n'ai point lu qu'il ait mécontenté personne en la moindre chose depuis la prise de Jérusalem et peut-être que Dieu le choisit pour venger l'innocence de son fils, crucifié, afin qu'il exterminât du monde ce peuple aveugle sans faire brèche à sa conscience, non seulement en gardant l'innocence, mais en faisant en quelque sorte un acte de religion. 30. Car il fut tant homme de bien, que sur l'heure de sa mort, comme on le portait en litière, on dit qu'il jeta les yeux au ciel et lui fit de grandes plaintes de ce qu'il lui ôtait la vie sans l'avoir mérité, vu qu'il n'avait commis aucune action digne du repentir, excepté une seule, il ne la déclara point et le temps ne la su découvrir. Mais avec sa patience, sa bénignité fut si grande qu'il ne voulait pas qu'on s'émût pour les outrages qui lui étaient faits, tant il avait peur de toucher à la vie de ses concitoyens. 31. Sa courtoise et sa libéralité fut telle que durant son gouvernement il s'employa à les obliger tous et n'en punit pas un. Il renvoya sans châtiment des hommes convaincus d'avoir conjuré contre lui et les remit en ses bonnes grâces comme auparavant. Domitien, qui après Néron exerça la seconde et la plus cruelle persécution contre Dieu, montra quelques restes de cette vertu à ses sujets, bien que d'ordinaire il les tourmentât sans raison : c'était un homme inutile et incapable de tout, qui n'avait rien de l'homme que le nom seulement. 32. Néanmoins, afin de cacher la lâcheté de son courage et sa fainéantise sous le prétexte des affaires d'état, il se donnait tous les jours un certain temps en secret, durant lequel il ne faisait rien que prendre des mouches et les piquer avec la pointe d'un stylet. Ce fut pourquoi Métellus répondit fort plaisamment à quelqu'un, qui lui demandait s'il y avait personne avec César, qu'il n'y avait pas seulement une mouche. 33. Ce mot étant venu aux oreilles du prince, quoiqu'il fut des plus cruels, il aima mieux le dissimuler que le punir ; mais qu'ai-je à faire de proposer des exemples de patience, puisque tout le monde tient pour certain que ce qu'une légère haleine du moindre vent ébranlé n'a point de fermeté ni de force, auriez-vous en réputation d'homme de courage celui qu'une petite parole peut émouvoir, jusqu'à lui ôter le repos et lui tirer le plus pur sang de l'âme, ayant rompu sa patience, la véritable liaison des vertus. 34. C'est pour cela que le droit ordonne qu'aucun ne soit puni pour de frivoles discours. Un empereur, confirmant les ordonnances de ses prédécesseurs Arcade et Honoré, nous a laissé cette belle loi : "Si quelqu'un oubliant la modestie et la honte, s'attaque à notre réputation par une impudente et malicieuse médisance et qu'étant enflé de sa fureur, il parle mal de l'état de nos affaires, nous ne voulons pas qu'il soit puni, ni qu'il souffre pour cela aucune punition ; parce que si ces discours procèdent de sa légèreté, il les faut mépriser, s'ils sont des effets de sa manie, en avoir pitié et lui pardonner s'ils les a dits à dessein de nous offenser. 35. Et partant nous voulons, que sans lui toucher en aucune façon, on vienne nous le défoncer, afin que nous puissions examiner les paroles des hommes par leurs personnes, et juger s'il faut mépriser leurs discours, ou en faire plus exacte recherche". Voyez, par cette loi que celui qui chérit la vertu ou qui obéit aux ordonnances du droit, ne s'émeut guère pour les paroles des hommes. "Flaccus dans les esprits doucement s'insinue, Il fait que la raison est toujours bien reçue: Toutes les vérités qu'il se plaît à conter, Étant dites par jeu ne peuvent irriter". {Perse, Satires, I, 115-116} 36. Le sage prend plus de plaisir, selon le témoignage du grand S. Augustin, d'être repris de qui que ce soit que d'être loué d'un homme qui se trompe ou qui le flatte. La vérité ne craint point les censeurs, s'ils sont ennemis et s'ils nous persécutent il les faut souffrir, s'ils sont amis qui se trompent, il les faut éclaircir, s'ils enseignent, il les faut écouter, mais au contraire ceux qui donnent des louanges, s'ils se trompent vous confirment dans une mauvaise opinion, et, s'ils flattent, ils vous y attirent. Ce roi que Dieu choisit selon son coeur, propose à tous les princes de sain jugement, un exemple de justice, d'humilité et de courage, dans ce verset: "Le juste me reprendra en miséricorde et me tancera, mais que l'huile du pécheur n'engraisse point ma tête". Le poète s'accorde bien à cette belle pensée : "Le faux honneur chatouille, et le vain déshonneur Par une illusion ruine le bonheur: Mais de qui? d'un esprit défectueux et lâche". {Horace, Épîtres, I, 16, 39}