Jacques-Auguste de Thou (1553 - 1627) à propos de l'avarice, des vices et de la vertu : Jacques-Auguste de Thou (1553-1617), Histoire universelle depuis 1543 jusqu'en 1607, Préface à Henri IV, paragraphes 48 - 49 : ... Auaritia bellua fera et immanis et intoleranda est, eique nihil satis esse potest. Si ad immensas Galliae opes accedant Persarum montes aurei, et utriusque Indiae thesauri, non habebis unde ingluuiem eius satiare possis. [49] Nullus quippe uitiis modus est, nunquam consistunt, semper in praeceps progrediuntur, nec nisi cum exitio suo desinunt. uirtus contra, iuxta Simonidae dictum, cubi instar ad omnem fortunae et rerum humanarum motum firmiter resistit, et uarianti diuersos hominum casus naturae seruiens, liberam et incorruptam animi mentem seruat, se ipsa contenta, tota ex se apta. huic, quae taleis homines efficit, decus et pretium suum si restituatur, abunde erit, unde sine aerarii onere, et cum populi leuamento dignis largiaris. ... L'avarice est un monstre cruel et insatiable, qu'on ne doit point souffrir; elle ne dit jamais "c'est assez" ; quand on lui donnerait, avec les immenses richesses de la France, les. montagnes d'or de Perse et les trésors des deux Indes, on ne rassasierait pas son avidité. [49] Les vices ne gardent point de mesure, et ne se peuvent borner. Leur progrès ressemble à celui des corps, qui roulent dans un précipice; rien ne les arrête que leur propre ruine. Mais la vertu, selon la pensée de Simonide, ressemble à un cube ; elle résiste, par la fermeté de sa base, à toutes les révolutions du monde et de la fortune. Comme elle s'accommode aux différents états de la vie, elle tient l'esprit de l'homme dans une incorruptible liberté; elle est contente d'elle-même, propre à tout par elle-même. Puisqu'elle est donc d'un si grand usage, si dans un état on la considère, si on lui donne le rang qu'elle mérite, on trouvera, sans surcharger l'épargne, et même en soulageant les peuples, de quoi faire des libéralités à ceux qui s'en rendront dignes.