[4,12] DE LA NATURE DE L'ENFANT. Si la semence venue des deux parents demeure dans les matrices de la femme, d'abord elle se mêle, attendu que la femme n'est pas immobile; elle se condense et s'épaissit en s'échauffant; puis elle a du souffle, et parce qu'elle est en lieu chaud, et parce que la mère respire. Quand elle est remplie de souffle, le souffle se fait à lui-même une voie vers l'extérieur au milieu de la semence, par où il sort. Quand une voie vers l'extérieur a été faite au souffle qui est chaud, un autre souffle froid vient de la mère par inspiration. Et cette alternative dure tout le temps. Il s'échauffe, attendu qu'il est en lieu chaud ; il a du froid par la mère qui respire ; tout ce qui s'échauffe a du souffle. Le souffle fait éruption, se fraye une route à lui-même, et va au dehors. Alors ce qui est échauffé attire à soi par la fente un autre souffle froid qui le nourrit. Cela arrive et aux bois et aux feuilles, et aux aliments, et aux boissons, à tout ce qui s'échauffe fortement. Le bois qui brûle en donne une bonne idée; car le phénomène se présente sur tous les bois, principalement quand ils sont un peu verts ; ils émettent du souffle par la fente ; le souffle, en sortant, s'enroule autour de la fente ; cela ne manque jamais. On conclut donc avec évidence que le souffle chaud qui est dans le bois attire à soi un autre souffle froid qui le nourrit, et qu'il l'émet hors de soi ; car, s'il n'exerçait pas une contre-attraction, le souffle ne s'enroulerait pas en sortant. En effet, tout ce qui est chaud se nourrit par un froid modéré ; et, quand l'humide qui est dans le bois s'est échauffé, il devient souffle et va au dehors. Le chaud qui est dans le bois, sortant par là, attire en sens inverse un autre froid qui le nourrit. Cela se voit aussi sur les feuilles vertes quand on les brûle ; en effet, elles ont du souffle ; ce souffle fait éruption, se fraye une voie et sort en s'enroulant ; dans sa sortie, il fait du bruit là par où est l'inspiration. Les légumes, le blé, les fruits, échauffés, ont aussi du souffle qui sort au dehors en produisant une fissure. Si ces substances sont humides, le souffle émis est plus abondant, et la fissure produite est plus grande. Mais pourquoi allonger mon discours? Tout ce qui s'échauffe émet du souffle, et attire en sens inverse par le même endroit un autre souffle froid qui est l'aliment. Telles sont les raisons nécessaires que j'avance pour montrer que la semence échauffée dans les matrices a du souffle et en émet. En même temps elle a de la respiration par la mère qui respire. En effet, quand la mère a attiré en soi du froid de l'air, la semence en use ; or, elle est chaude, vu qu'elle est en lieu chaud; alors elle a et émet du souffle. La semence, ainsi soufflée, s'entoure d'une membrane; autour d'elle s'étend la partie extérieure, qui est continue, à cause de sa viscosité. C'est ainsi que sur le pain cuit s'étend une mince superficie membraneuse; car le pain, chauffé et empli de souffle, se soulève; et là où il est soufflé se forme la surface membraneuse. La semence, étant chauffée et emplie de souffle, est enveloppée tout entière d'une membrane extérieure. Au milieu de la semence est une voie pour le souffle, en dedans et en dehors, à travers la membrane. Là, la partie mince dé le membrane est éloignée, et très peu de semence est en cet endroit; tout le reste de la semence est arrondi dans la membrane. [4,13] J'ai observé une semence qui avait séjourné six jours dans l'utérus, et qui tomba en dehors; d'après ce qui a été dit ci-dessus, je détermine du reste quelle elle m'apparut alors. Je vais expliquer comment je vis une semence de six jours. Chez une femme de ma connaissance était une baladine fort estimée, qui avait commerce avec les hommes, et qui ne devait pas devenir grosse, afin de ne pas perdre de son prix. Cette baladine avait entendu ce que les femmes disent entre elles, à savoir que, quand une femme conçoit, la semence ne sort pas, mais demeure dedans. Ayant entendu ces dires, elle les comprit et retint. Un jour elle s'aperçut que la semence ne sortait pas; elle le dit à sa maîtresse, et le bruit en vint jusqu'à moi. Ainsi informé, je lui ordonnai de sauter de manière que les talons touchassent les fesses ; elle avait déjà sauté sept fois lorsque la semence tomba à terre en faisant du bruit. A cette vue, la femme fut saisie d'étonnement. Je vais dire comment était ce produit : il ressemblait à un œuf cru dont on aurait ôté la coquille extérieure, et dont le liquide intérieur serait transparent dans la membrane interne. Voilà, pour le dire en un mot, comment il se présentait. Il était, de plus, rouge et arrondi; dans la membrane se voyaient des fibres blanches et épaisses, enchevêtrées dans une humeur épaisse et rouge ; autour de la membrane, en dehors, étaient des caillots de sang; au milieu de la membrane se détachait quelque chose de mince qui me parut être l'ombilic, et procurer tout abord au produit la respiration en dedans et en dehors. A partir de là, s'étendait la membrane enveloppant entièrement la semence. Telle je vis la semence du sixième jour. Tout à l'heure j'exposerai un raisonnement véritable pour quiconque veut s'instruire de ces choses, et prouvant que tout mon discours est vrai autant que peut l'être celui d'un homme touchant pareille matière. Voilà ce que j'avais à dire là-dessus. [4,14] Quant à la semence, qui est dans une membrane, et qui a respiration en dedans et en dehors, elle croît par le sang de la mère descendant aux matrices. En effet, les règles ne coulent pas, quand la femme est enceinte, si l'enfant doit se bien porter; à peine est-il quelques femmes chez qui, le premier mois, il paraît quelque chose. Donc le sang, descendant de tout le corps de la femme, se range circulairement autour de la membrane en dehors. Attiré, en même temps que la respiration, en dedans à travers la membrane, il se coagule à l'endroit qui est perforé et détaché, et accroît le futur animal. Avec le temps, d'autres membranes ténues et nombreuses s'étendent en dedans de la première, par le même procédé que la première s'est formée; elles sont étendues, elles aussi, à partir de l'ombilic, et ont des connexions entre elles. [4,15] Cela étant fait, le sang descendant de la mère et se coagulant, la chair se forme. Au milieu de la chair se détache l'ombilic, par où s'opèrent la respiration et l'accroissement. La femme enceinte ne souffre pas, bien que les règles ne coulent point ; c'est que le sang ne s'agite pas comme quand il sortait à flot lors de chaque époque mensuelle ; mais il coule tranquillement, peu à peu, sans souffrance, chaque jour, dans les matrices; et ce qui est à l'intérieur des matrices s'accroît. L'écoulement se fait jour par jour, et non en une fois dans le mois, parce que la semence qui est dans les matrices tire continuellement de tout le corps, en proportion de la force qu'elle a. Par là aussi s'opère la respiration. Et d'abord la respiration est petite, et peu de sang vient de la mère. Mais, quand la respiration s'accroît, elle attire plus de sang, et il en vient davantage aux matrices. Chez les femmes non enceintes, quand les règles ne marchent pas, il y a souffrance : d'abord le sang s'agite dans le corps chaque mois nécessairement par cette raison, c'est que les mois diffèrent beaucoup entre eux quant an froid et au chaud, et que ces différences sont ressenties par le corps de la femme, qui est plus humide que celui de l'homme. Le sang étant troublé et ayant rempli les veines, il s'en écoule une portion, et sans doute cela est dès le commencement dans la nature. De la sorte, si du sang est évacué, la femme devient enceinte; si elle reste à l'état de plénitude, elle ne le devient pas. Les matrices et les veines étant devenues vides de sang, les femmes conçoivent; c'est en effet après les règles que la conception est la plus ordinaire. La cause en est dans ce qui vient d'être dit. Mais, quand le sang troublé et séparé va, non au dehors, mais dans les matrices, et que les matrices ne s'ouvrent pas, elles s'échauffent par le sang qui y séjourne et communiquent la chaleur au reste du corps. Parfois même elles versent du sang dans les veines du corps, et là les veines emplies souffrent et causent des tumeurs; parfois il y a danger que la claudication s'ensuive; parfois encore elles se portent vers la vessie, la pressent, la ferment, et produisent la strangurie ; parfois, étant pleines de sang, elles se tournent soit vers les hanches, soit vers les lombes, et causent de la souffrance ; parfois le sang séjourne cinq ou six mois, et, s'étant corrompu dans les matrices, il devient du pus; chez quelques-unes, le pus sort par les parties génitales; chez d'autres, il se forme une tumeur à l'aine, et le pus est évacué par là. Tels sont les maux, et beaucoup d'autres semblables, qui assaillent les femmes quand les règles sont supprimées. Mais pourquoi parler de cela ici? il en sera question dans les maladies des femmes. Je reprends le fil de mon discours là où je l'ai quitté. [4,16] Quand de la chair est formée, alors les membranes s'accroissent à mesure que s'accroît le produit qui est dans les matrices ; elles se forment en sinus, surtout celles du dehors. Le sang descendant de la mère, ayant été attire par la chair qui respire, ayant procuré l'accroissement, et ne pouvant plus servir, est rejeté dans les sinus des membranes. Quand les sinus sont formés et qu'ils reçoivent le sang, alors on les nomme le chorion. Voilà ce que j'avais à dire là-dessus. [4,17] La chair accrue par le souffle se divise en membres ; en elle le semblable va à son semblable, le dense au dense, le lâche au lâche, l'humide à l'humide; et chaque chose va en son lieu propre suivant l'affinité d'où elle provient ; ce qui provient du dense est dense; de l'humide, est humide; et ainsi de suite dans l'accroissement. Les os durcissent par la chaleur qui les coagule. Le produit se ramifie dès lors comme un arbre; le dedans du corps et le dehors s'articulent mieux. La tête se détache des épaules; les bras et les avant-bras, des côtés. Les jambes se séparent l'une de l'autre. Les nerfs se jettent autour des jointures et s'abouchent entre eux. Le nez et les oreilles se détachent dans les chairs et se perforent. Les yeux s'emplissent d'un humide pur. On reconnaît de quel sexe sont les parties génitales. Les viscères s'articulent. Aux parties supérieures, il y a respiration par la bouche et par le nez; le ventre s'emplit d'air, et les intestins, soufflés par en haut, ferment la respiration venant de l'ombilic, et la détruisent. Une voie extérieure se fait pour le ventre et les intestins à l'anus ; et une voix extérieure pour la vessie. Chacune de ces parties s'articule sous l'action de la respiration; toutes, étant soufflées, se détachent suivant l'affinité. En effet, attachez un tuyau à une vessie, introduisez par le tuyau dans la vessie de la terre, du sable et des raclures minces de plomb, versez de l'eau et soufflez par le tuyau ; d'abord toutes ces substances se mêleront dans l'eau ; puis, au bout d'un certain temps, grâce au souffle, le plomb ira au plomb, le sable au sable, et la terre à la terre; et, si, laissant sécher et déchirant la vessie, on examine l'état des choses, on trouvera que le semblable est allé au semblable. De la même façon s'articulent la semence et la chair, et chaque chose y va vers le semblable. Je ne m'étendrai pas davantage là-dessus. [4,18] Voilà l'enfant formé ; et à ce point arrivent la fille en quarante-deux jours au plus, le garçon en trente jours au plus. C'est dans ce terme, un peu plus un peu moins, que toutes ces parties s'articulent. En effet, la purification lochiale dure généralement pour une fille quarante-deux jours, c'est la plus longue, elle est complété; mais, terminée en vingt-cinq jours, elle serait aussi sans danger; pour un garçon, trente jours, c'est la plus longue, elle est complète; mais, terminée en vingt jours, elle serait aussi sans danger. Vers la fin, le flux lochial est le moins abondant ; il dure moins de jours chez les jeunes femmes, plus chez les femmes plus âgées. Les primipares souffrent le plus dans l'accouchement et dans les lochies ; et celles qui ont eu moins d'enfants souffrent plus que celles qui en ont eu davantage. Les purgations subséquentes à l'accouchement viennent chez les femmes parce que dans les premiers temps, jusqu'à quarante-deux jours pour la fille, jusqu'à trente pour le garçon, trèspeu de sang descend pour la croissance de l'enfant, et que la quantité, à partir de là, en augmente jusqu'à l'accouchement. Il faut que la purgation lochiale soit correspondante et qu'elle coule suivant le calcul des jours. Le commencement est ainsi pour la femme dans les douleurs : le sang s'échauffe et se trouble tout à fait par les forts mouvements de reniant; troublé, il sort d'abord; puis, après l'enfant, vient une humeur épaisse, sanguinolente, elle ouvre la voie à la purgation lochiale comme à de l'eau sur une table ; ensuite, après cette humeur, coule chaque jour la purgation lochiale, jusqu'au terme indiqué, une cotyle attique (cotyle = 0 litre, 27) et demie au début, un peu plus ou un peu moins, suivant cette proportion jusqu'à la fin. Le sang est comme celui d'une victime si la femme se porte bien et doit se bien porter, et il se coagule promptement. Si la femme ne se porte pas bien et ne doit pas se bien porter, la purgation est moindre et a plus mauvaise apparence ; elle ne se coagule pas promptement. Voici comment vont les choses : si la femme enceinte éprouve quelque maladie qui n'ait pas d'affinité avec la purgation lochiale, elle succombe ; si dans les premiers jours elle n'a pas le flux lochial, soit tout d'abord en santé, soit malade, et qu'ensuite le flux fasse éruption, soit par les remèdes, soit spontanément, il procédera proportionnément au nombre de jours où il n'a pas marché. Dans le cas où la purgation lochiale ne se fait pas, il en résulte une grave maladie et danger de mort, si la femme n'est pas soignée hâtivement et si on ne ramène pas le flux. J'ai amené ces détails afin de montrer que, chez les enfants, la distinction des parties s'opère au plus tard pour la tille en quarante-deux jours, pour le garçon en trente ; ce qui le prouve c'est que le flux lochial dure au plus quarante-deux jours pour la fille, et trente pour le garçon. Maintenant, je vais pour plus de clarté répéter la chose : je dis qu'il y a correspondance, parce que, la semence étant dans les matrices, très peu de sang vient, pendant quarante-deux jours, de la femme ayant un produit féminin ; c'est dans ce terme que s'articulent les parties des enfants ; à partir de là, le sang vient en plus grande abondance; pour le garçon, il en est de même, en comptant trente jours. Voici la seconde preuve de la vérité de tout cela : dans les premiers jours après l'arrivée de la semence dans les matrices, très peu de sang va de la femme à l'utérus, puis il en va davantage ; si en effet il en venait beaucoup à la fois, la semence ne pourrait pas avoir de la respiration et elle serait étouffée par l'afflux du sang. La correspondance est inverse dans le flux lochial ; il est le plus abondant dans les premiers jours, puis il va en diminuant jusqu'à ce qu'il cesse. Il est arrivé bien des fois que des femmes ont avorté d'un garçon peu avant trente jours, et le produit était inarticulé ; mais les garçons qui ont été expulsés plus tard ou à l'expiration même des trente jours, étaient articulés. Pour une fille, quand il y a avortement, l'articulation des parties se montre réglée par les quarante-deux jours. Selon que le produit est expulsé plus tôt ou plus tard, l'articulation apparaît ainsi, et en théorie et en fait, pour la fille, en quarante-deux jours, pour le garçon, en trente, car les fausses couches et le flux lochial en fournissent la preuve. Ce qui fait que le produit femelle se coagule et s'articule plus tard, c'est que la semence femelle est plus faible et plus humide que la semence mâle ; nécessairement la coagulation du produit femelle retarde en proportion, et par cette raison la purgation lochiale dure plus longtemps pour la fille que pour le garçon. Je reprends le fil de mon discours là où je l'ai laissé. [4,19] Quand l'enfant est articulé, les formes des membres, à mesure qu'il croît, deviennent plus fermes, les os durcissent et se creusent; cela se fait par le souffle. Étant creux, ils attirent à eux, hors des chairs, la partie la plus grasse du sang. Plus tard, les extrémités osseuses se ramifient de nouveau, comme se ramifient les dernières extrémités d'un arbre. Ainsi chez l'enfant, les doigts des mains et des pieds se détachent les uns des autres. Derechef, les ongles se produisent au bout des doigts ; car toutes les veines du corps finissent aux doigts des pieds et des mains ; les plus grosses sont dans la tète ; les plus grosses ensuite dans les jambes, dans les bras et les avant-bras dans les pieds et les mains sont les plus déliées, les plus serrées, les plus nombreuses, ainsi que les nerfs les plus déliés, les plus serrés et les plus nombreux, et les os les-plus petits. Voilà comment sont les doigts des mains et des pieds. De la sorte, les doigts, ayant un grand nombre de petits os, veines et nerfs, donnent naissance aux ongles minces et serrés, qui embrassent les extrémités des veines, de sorte que celles-ci cessent de s'accroître et ne proéminent pas l'une sur l'autre. Ainsi l'on ne doit pas s'étonner que les ongles, qui sont à la dernière extrémité du corps, aient tant de densité ; ils proviennent de ce qu'il y a de plus dense. [4,20] En même temps que les ongles, les cheveux s'enracinent dans la tête. Voici ce qu'il en est de la nature des poils : ils viennent les plus longs et les plus abondants là où l'épiderme est le plus lâche et où le poil a une humidité modérée pour sa nutrition. Aussi, là où l'épiderme devient lâche tardivement, là aussi les poils croissent tardivement, au menton, au pubis et ailleurs. En effet, au moment où le sperme se forme, la chair devient lâche ainsi que l'épiderme, et les veines s'abouchent plus qu'auparavant. Chez le garçon, les veines sont menues et la semence n'y chemine pas. IL en est de même chez les filles pour les règles. La voie se fraye à la fois pour les règles et pour le sperme, et le pubis se couvre de poils chez le garçon et chez la fille, l'épiderme étant devenu lâche, et le poil ne trouvant pour sa nutrition ni trop ni trop peu d'humidité. Il en est de même pour le menton de l'homme ; l'épiderme devient lâche, attendu que l'humidité y vient de la tête ; en effet, et dans le coït, et dans le temps intermédiaire, le poil a une humidité modérée pour sa nutrition ; c'est alors surtout que le temps arrive pour l'humide, pendant le coït, de descendre de la tète au menton, la poitrine étant plus éloignée. Voici la preuve que les poils naissent dans les parties les plus lâches de l'épiderme : Si, brûlant légèrement l'épiderme de manière à faire seulement une phlyctène, on laisse cicatriser, l'épiderme, devenu dense à l'endroit de la cicatrice, ne produira pas de poils. Ceux qui sont faits eunuques dans l'enfance n'ont de poil ni au pubis ni au menton et sont complètement glabres, parce que la voie, ne s'étant pas ouverte pour la semence, ne rend pas l'épiderme lâche sur toute la l'eau ; en effet, la voie de la semence est interceptée comme je l'ai dit un peu plus haut. Les femmes aussi sont glabres au menton et au corps parce que, dans le coït, l'humide, chez elles, n'étant pas agité comme chez l'homme, ne rend pas l'épiderme lâche. Ceux qui deviennent chauves sont pituiteux ; dans leur tète, au moment du coït, le phlegme agité et échauffé se porte à l'épiderme et brûle les racines des cheveux, qui tombent. Mais les eunuques ne deviennent pas chauves parce qu'ils n'éprouvent point de mouvement violent; chez eux, le phlegme ne s'échauffe pas dans le coït et ne brûle pas les racines des cheveux. Les cheveux blanchissent parce que, l'humide ayant longtemps pénétré le corps, la partie la plus blanche se sépare et se porte à l'épiderme ; le cheveu, attirant une humidité plus blanche qu'auparavant, blanchit à son tour ; et l'épiderme, là ou il y a des poils blancs, est plus blanc qu'ailleurs ; et chez ceux même qui de naissance ont quelque endroit blanc en sa tête, l'épiderme est plus blanc là où les cheveux sont décolorés ; car c'est en cet endroit que l'humide est le plus blanc. En un mot, telle est l'humeur que les chairs attirent, blanche, rouge ou noire, telle aussi est la couleur des cheveux. Voilà ce que j'avais à dire là-dessus. Je reviens au point où j'avais laissé mon discours. [4,21] Quand les extrémités du corps de l'enfant se sont ramifiées extérieurement et que les ongles et les cheveux se sont enracinés, alors l'enfant commence à se mouvoir; le temps pour cela est trois mois chez un garçon, quatre chez une fille; c'est là la règle générale; mais il y a des enfants qui se meuvent avant ce terme. Le garçon se remue le premier parce qu'il est plus fort que la fille; et il se coagule le premier parce qu'il provient d'une semence plus forte et plus épaisse. Quand l'enfant s'est remué, alors aussi le lait donne signe chez la mère ; les mamelles et les mamelons entrent en orgasme ; mais le lait ne coule pas. Chez les femmes à chair dense, le lait donne signe et coule plus tard; chez les femmes à chair lâche, plus tôt. Voici la condition nécessaire qui produit le lait : Quand les matrices, gonflées par l'enfant, pressent le ventre de la femme, et que cette pression s'exerce sur le ventre alors qu'il est plein, la partie la plus grasse des aliments et des boissons s'épanche dans l'épiploon et dans la chair. Ainsi prenez de l'eau, oignez-la avec beaucoup d'huile et laissez-les s'imbiber; l'imbibition faite, comprimez-la, et, sous cette compression, l'huile s'échappera de l'eau. Il en est de même du ventre, qui contient la partie grasse provenant des aliments et des boissons; comprimé par les matrices, il laisse la graisse s'épancher dans l'épiploon et la chair. Si la femme est de chair lâche, elle ressent plus tôt l'effet de cette transsudation ; sinon, plus tard. Et les bêtes deviennent, à moins de quelques maladies, plus grasses par les mêmes aliments et boissons, quand elles sont pleines. Il en est de même de la femme. Le gras s'échauffe et blanchit, et la partie qui en a été dulcinée par la chaleur provenant des matrices, se rend dans les mamelles par l'action de la pression; il en va un peu aussi dans les matrices par les mêmes veines ; en effet, les mêmes veines et d'autres veines analogues se rendent aux mamelles et aux matrices. Quand ce liquide arrive aux matrices, il a une apparence de lait, et l'enfant en tire quelque profit ; mais les mamelles recevant le lait s'emplissent et se gonflent. Au moment de l'accouchement, le premier ébranlement ayant été donné, le lait se rend aux mamelles, si la femme nourrit. Voici ce qui se passe : les mamelles étant tétées, les veines qui s'y rendent deviennent plus larges ; devenues plus larges, elles tirent du ventre la partie grasse qu'elles transmettent aux mamelles. Chez l'homme aussi qui se livre beaucoup au coït, les veines, s'étant élargies, attirent davantage la semence. [4,22] De plus les choses procèdent ainsi : la nutrition et l'accroissement des enfants s'opèrent selon qu'arrivent aux matrices les substances de la mère. L'enfant, suivant que la mère se porte bien ou mal, est dans un état correspondant. C'est ainsi que les productions végétales se nourrissent de la terre, et sont dans la terre en un état correspondant à celui de la terre. En effet, la graine, jetée dans le sol, se remplit de l'humeur qu'il contient ; car le sol contient en soi une humeur de toute nature, de manière à nourrir les végétaux. Remplie d'humeur, la graine se souffle et se gonfle. L'humeur force à se condenser la qualité qui est la plus légère dans la graine. Ainsi condensée par le souffle et par l'humeur, la qualité devient feuille et rompt la graine. Ce sont les feuilles qui lèvent les premières. Il arrive un moment où les feuilles qui ont levé ne peuvent plus se nourrir par l'humeur qui est dans la graine; alors la graine et les feuilles font éruption par la partie inférieure; forcée par les feuilles, la graine envoie en bas la partie de la qualité qui est restée dans la graine à cause de sa pesanteur; et c'est ainsi que se produisent les racines par l'extension des feuilles. Quand le végétal est solidement enraciné par le bas, et qu'il s'alimente de la terre, alors toute la graine a disparu et s'est consumée dans le végétal, sauf l'écorce, qui est la partie la plus compacte; et, à son tour, l'écorce, putréfiée en terre, devient invisible. A la fin quelques-unes des feuilles se ramifient. Le végétal, né ainsi d'une graine, c'est-à-dire de quelque chose d'humide, tant qu'il est tendre et aqueux, se précipitant en croissance tant par le haut que par le bas, ne peut produire du fruit; car il n'a pas en soi une qualité forte et grasse, capable de se condenser en graine. Mais, quand, avec le temps, il a pris plus de consistance et qu'il s'est enraciné, alors il a des veines larges et pour le haut et pour le bas ; et ce qu'il pompe de la terre, cessant d'être aqueux, est plus épais, plus gras, plus abondant. Cela échauffé par le soleil fait ébullition aux extrémités et devient fruit suivant l'affinité de ce dont il est produit. Le fruit, de petit, devient gros parce que chaque végétal attire de la terre une qualité plus abondante que ce qui lui a donné naissance. Et l'ébullition se fait non par un seul point, mais par plusieurs. Ayant fait ébullition, le fruit est alimenté par le végétal ; en effet, le végétal, attirant hors de la terre, donne au fruit; et le soleil cuit et solidifie le fruit, attirant à soi la partie du fruit la plus aqueuse. Voilà ce que j'avais à dire sur les végétaux venus de graine par la terre et par l'eau. [4,23] Quant aux végétaux venus de rejetons, les arbres enfantent des arbres de cette façon : la branche a une plaie à la partie inférieure, à celle qui est en terre, à l'endroit où elle a été détachée de l'arbre, et c'est par là que les racines sont émises. Voici comment elles le sont : quand le végétal placé en terre prend de l'humeur dans le sol, il se gonfle et a du souffle; mais ce qui est au-dessus du sol n'en a pas encore. Le souffle et l'humeur, ayant condensé à la partie inférieure du végétal la qualité qui était la plus pesante, font éruption par le bas, et il en naît des racines tendres. Alors le végétal, prenant en bas, tire de l'humeur par la racine et la transmet à la portion au-dessus du sol. A son tour, la partie supérieure se gonfle et a du soufflet et toute la qualité qui dans le végétal, est légère, s'étant condensée et étant devenue feuilles, bourgeonne ; et dès lors la croissance se fait aussi bien par le haut que par le bas. Ainsi les choses se passent contrairement pour le bourgeonnement, dans les végétaux nés de graines et dans les végétaux nés de marcotte : avec la graine, la feuille naît d'abord, puis les racines sont émises en bas; avec la marcotte, les racines se forment d'abord, puis les feuilles. Voici pourquoi : dans la graine même il y a abondance d'humeur; et, comme elle est tout entière dans la terre, la nourriture est d'abord suffisante pour la feuille, qui dès lors se développe jusqu'à l'enracinement; il n'en est pas de même pour la marcotte; elle ne prévient pas d'un autre qui dès le début puisse alimenter la feuille; mais la marcotte même est comme l'arbre; la partie au-dessus du sol est considérable, de sorte que cette partie ne pourra s'emplir d'humeur si une force puissante, venant d'en bas, ne transmet de l'humeur dans le haut. Et d'abord, il faut que la marcotte se procure, dans la terre, de l'aliment à l'aide des racines, puis il faut qu'ayant ainsi pompé dans la terre, elle le porte en haut, et que les feuilles se développent en germination et en croissance. [4,24] Le végétal, quand il croît, se ramifie par cette nécessité que je vais dire : lorsqu'il lui arrive, en surabondance, de l'humeur tirée de la terre, il se forme, en raison de la plénitude, une éruption là où il y en a le plus, et en ce point le végétal se ramifie. Il croit et en grosseur et par le haut et par le bas, parce que la couche inférieure du sol est chaude en hiver et froide en été. Cet état est dû à ce que la terre est humide en hiver par l'eau tombant du ciel, et se comprime sur elle-même en raison de la plus grande pesanteur de l'humeur; cela la rend plus dense et lui ôte toute expiration ; il n'y a plus de grands interstices, et en conséquence la couche inférieure de la terre est chaude en hiver. Voyez en effet le fumier entassé : il est plus chaud que quand il n'est pas serré. Et, en général, les choses humides et comprimées sur elles-mêmes s'échauffent, et bientôt, brûlées fortement par la chaleur, elles se putréfient; en effet, le souffle ne les pénètre pas, puisqu'elles sont denses; mais, sèches et disposées d'une manière lâche, elles s'échauffent et se putréfient beaucoup moins. De même, du blé et de l'orge, humides et entassés, sont plus chauds que s'ils étaient secs et gisant sans compression. Des étoffes, liées ensemble et fortement serrées à l'aide d'un bâton, s'enflamment spontanément, ainsi que j'en ai été témoin, comme si le feu y avait été mis. En un mot, pour peu qu'on veuille y faire attention, tout ce qui est comprimé par soi-même, on le trouvera plus chaud que ce qui est disposé d'une manière lâche, car le frais des vents n'y peut pénétrer. Il en est de même de la terre, qui est pleine et comprimée par elle-même, étant devenue pesante et dense par l'humeur ; la couche inférieure s'échauffe en hiver. Il n'y a pour elle aucune expiration du chaud; et, l'eau y tombant du ciel, quand cette eau, dans la terre, fournit des exhalaisons, elle ne va pas loin à cause de la densité du sol ; mais l'exhalaison rentre dans l'eau. C'est pour cela que les sources sont plus chaudes et plus abondantes en hiver qu'en été ; le souffle exhalé retourne dans l'eau, et la densité plus grande de la terre, densité qui ne permet pas au souffle d'y cheminer. L'eau, étant abondante, se fraye une voie là où la chance la conduit; cette voie est plus large que si l'eau était en petite quantité. En effet, l'eau n'est pas fixe dans la terre, mais toujours elle va vers les déclivités ? si, en hiver, la terre faisait cheminer en elle le souffle venant de l'eau, l'eau sortirait moins abondante et les sources ne seraient pas grosses en hiver. Tout cela est dit par moi afin de montrer que la couche inférieure de la terre est plus chaude en qu'en été. [4,25] Maintenant je vais parler de la fraîcheur, plus grande en été qu'en hiver, du sol profond. En été, la terre est rendue lâche et légère par le soleil, dont l'action s'exerce plus fortement et qui en attire à soi l'humeur. La terre contient toujours en soi plus ou moins d'eau. Or, tous les souffles nous viennent de l'eau. On peut se convaincre de la vérité de ce fait en considérant que partout des vents proviennent des fleuves et des nuages ; les nuages sont de l'eau cohérente en l'air. Ainsi, la terre est en été lâche, légère, et contient de l'eau en elle. L'eau coule vers les déclivités; et, dans ce cheminement perpétuel de l'eau, un souffle s'en exhale de proche en proche; exhalé, il se répand dans la terre, qui est légère et lâche, procure du froid à la terre et refroidit l'eau simultanément. C'est comme si, ayant mis de l'eau dans une outre et l'ayant serrée fortement, on pratiquait un permis à l'eau avec la pointe d'une aiguille ou quelque instrument de peu plus gros, et qu'on suspendît l'outre ; il n'en sortira par le pertuis aucun souffle, mais seulement de l'eau ; en effet, l'eau n'a pas de place pour produire une exhalaison. Tel est, en hiver, le cas de l'eau dans la terre. Mais, si vous donnez de l'espace à l'eau dans l'outre, et que vous suspendiez l'outre, il sortira du souffle par le pertuis ; en effet, le souffle qui provient de l'eau mise en mouvement a de l'espace pour s'étendre dans l'outre, ce qui fait que du souffle sort par le pertuis. Tel est, en été, le cas de l'eau dans la terre ; elle a de l'espace, vu que la terre est lâche et que le soleil en pompe l'humidité, de l'espace qui laisse cheminer le souffle ; ce souffle froid, venant de l'eau qu'elle contient en raison de sa laxité et de sa légèreté, refroidit la couche inférieure du sol en été, et l'eau, productrice du souffle qui est froid dans la terre, l'envoie en elle-même et dans la terre. L'action de puiser dans le puits meut incessamment le souffle comme fait un soufflet, et l'oblige à procurer du froid à l'eau; mais l'eau où l'on ne puise pas en été et qui reste stagnante, se condensant, ne reçoit pas semblablement en soi le souffle provenant du sol et ne transmet pas non plus au sol le souffle qu'elle produit; de plus, comme dans le puits elle n'est pas fendue par le soleil et l'air qui l'y laissent immobile, la surface s'en échauffe d'abord, puis de proche en proche la chaleur descend jusqu'au fond ; c'est ce qui fait qu'en été l'eau où l'on ne puise pas est plus chaude que l'eau où l'on puise. Les sources très profondes sont toujours froides en été. L'eau puisée en hiver, la terre étant chaude, est chaude tout d'abord; puis, au bout d'un certain temps elle devient froide, évidemment par l'action de l'air qui est froid. L'eau en effet s'aère par le vent, et le souffle la pénètre. De la même façon, l'eau puisée en été, froide pour le moment, devient chaude ; car, refroidie par la laxité de la terre et le froid qui y est, elle devient, quand il s'est écoulé quelque temps après qu'elle a été puisée, stagnante et chaude ; elle s'échauffe par l'air qui est chaud, de même que l'eau du puits où l'on ne puise pas en été. Voilà ce que j'avais à dire là-dessus. [4,26] Je reviens : en été, la couche inférieure du sol est froide, chaude en hiver ; c'est le contraire pour la couche supérieure. Or, il faut que l'arbre, s'il doit prospérer, n'ait à la fois ni deux chauds, ni deux froids. Si d'en haut il lui vient du chaud, il importe que d'en bas il lui vienne du froid ; et, réciproquement, si d'en haut il lui vient du froid, il importe que d'en bas il lui vienne du chaud. Les racines transmettent à l'arbre ce qu'elles tirent, et l'arbre aux racines. De la sorte s'opère une dispensation du froid et du chaud. De même que chez l'homme, des aliments ayant été introduits dans le ventre, ceux qui, digérés, échauffent, doivent être contrebalancés par le froid provenant des boissons, de même, chez l'arbre, il doit y avoir balancement du haut par le bas, et réciproquement. L'arbre croît en haut et en bas, parce qu'il reçoit de l'aliment et par le bas et par le haut. Tant qu'il est très tendre, il ne porte pas fruit, n'ayant pas de qualité grasse et épaisse qui puisse concourir à la fructification. Mais, quand le temps est venu, alors les veines, s'étant élargies, y font un flux gros et épais venant du sol ; le soleil, par son action diffusive, met en ébullition, aux extrémités, ce flux qui est léger, et y produit du fruit ; il enlève au fruit l'humeur légère ; mais, cuisant et échauffant l'humeur épaisse, il l'adoucit. Les arbres qui ne portent pas de fruit n'ont pas en eux assez de partie grasse pour la fructification. L'arbre tout entier, quand il est solidifié par le temps et qu'il a jeté par le bas de fortes racines, cesse absolument de s'accroître. Quant aux œilletons qui, pris à un arbre, ont été mis sur un autre, et qui, devenus arbres sur des arbres, vivent et portent un fruit différent de la tige où ils sont placés, voici comment se passent les choses : d'abord l'œilleton bourgeonne, ayant de la nourriture premièrement de l'arbre où on l'a pris, puis de celui où on l'a greffé. Ayant ainsi bourgeonné, il pousse dans l'arbre des racines menues ; et au début, il profite de l'humeur qui est dans la tige qui le porte ; ensuite, avec le temps, il prolonge ses racines jusqu'au sol par la tige où il est greffé, profite de l'humeur qu'il pompe dans la terre, et a de la nourriture par cette voie ; de sorte qu'il ne faut pas s'étonner de voir les greffes porter des fruits dissemblables, car elles vivent de la terre. J'ai donné ces détails sur les arbres et les fruits, parce qu'il n'était pas possible de laisser ce sujet à demi achevé. [4,27] Maintenant, je reviens à l'objet qui m'a conduit à ces explications. Je dis que toutes les productions végétales vivent de l'humeur de la terre et sont dans un état correspondant aux qualités de cette humeur que la terre a en soi. De même l'enfant vit de la mère dans les matrices, et est dans un état correspondant à la santé de la mère. Si l'on veut considérer, depuis le commencement jusqu'à la fin, ce qui a été dit là-dessus, on trouvera une complète similitude entre les produits du sol et les produits humains. Voilà ce que j'avais à dire sur ce point. [4,28] L'enfant, dans les matrices, a les bras appuyés aux mâchoires et la tête près des pieds. Il n'est pas possible de décider, quand même vous verriez l'enfant dans les matrices, si la tête est en haut ou en bas. De l'ombilic partent les membranes qui le retiennent. [4,29] Maintenant je dirai les caractères dont j'ai promis l'exposition un peu plus haut, et qui montrent, d'une façon aussi claire que peut le faire une intelligence humaine pour quiconque veut examiner ces choses, qui montrent, dis-je, que la semence est dans une membrane, que l'ombilic en occupe le milieu, que d'abord elle attire à soi le souffle et puis l'expire, et que les membranes tiennent à l'ombilic. En un mot, toute la constitution de l'enfant que j'ai énoncée, vous la trouverez telle, d'un bout jusqu'à l'autre, que mes discours l'ont expliquée, si vous voulez user des preuves dont je vais parler. Prenez vingt œufs, ou plus, et donnez-les à couver à deux poules ou à plusieurs; puis, chaque jour, depuis le deuxième jusqu'au dernier, celui de l'éclosion, ôtez un œuf, brisez-le, et examinez; vous trouverez tout conforme à mon dire, autant que la nature d'un oiseau doit se comparer à celle de l'homme. Les membranes y partent de l'ombilic; tout ce que j'ai dit au sujet de l'enfant, se découvre d'un bout à l'autre dans un œuf d'oiseau; et celui qui n'a pas encore fait ces observations, s'étonnera de rencontrer dans un œuf d'oiseau un ombilic. Les choses sont ainsi; et voilà ce que j'avais à dire là-dessus. [4,30] Quand le terme de l'accouchement arrive, alors l'enfant, se mouvant et agitant les pieds et les mains, rompt quelqu'une des membranes intérieures. Dès qu'une est rompue, les autres ont une force moindre. D'abord se rompent les membranes qui tiennent à celle-là, puis la dernière. Les membranes étant rompues, le fœtus se délivre du lien et chemine au dehors en s'agitant. Car le lien n'a plus de force, les membranes cédant ; et, à leur défaut, les matrices ne peuvent retenir l'enfant. Les membranes, il est vrai, quand elles s'enroulent autour de l'enfant, s'attachent aussi aux matrices, mais non avec une grande puissance. Cheminant, l'enfant force et dilate les matrices dans le passage, attendu qu'elles sont molles. Il chemine la tête en avant si les, choses se passent naturellement ; car, chez lui, les parties supérieures sont les plus lourdes, pesées à partir de l'ombilic. Étant dans les matrices, il prend plus de force pour la rupture des membranes, avec le dixième mois, quand l'accouchement approche pour la mère. Mais, si l'enfant éprouve quelque violence, les membranes se rompent, il sort même avant le temps fixé. Si la nourriture venant de la mère fait auparavant défaut à l'enfant, c'est encore une cause d'accouchement prématuré, et l'enfant sort avant dix mois. Mais toutes celles qui ont pensé avoir porté plus de dix mois (je l'ai mainte fois ouï dire), ont été induites en erreur de' la façon que je vais expliquer : quand les matrices, prenant en soi de l'air venant du ventre qui le fournit, et se gonflent (cela en effet arrive quelquefois), alors les femmes croient être enceintes ; ou bien, si les règles, n'allant pas, s'accumulent dans les matrices et restent supprimées pendant quelque temps, il se fait un flux continuel dans les matrices, tantôt avec l'air venant du ventre, tantôt par l'effet de l'échauffement, et alors encore les femmes s'imaginent être grosses, et que les règles sont supprimées et les matrices gonflées. Puis, il arrive parfois que les règles font éruption spontanément, ou parce que d'autres règles descendent du corps à la matrice et entraînent les premières; de l'air sort, et souvent, aussitôt après l'écoulement des règles, les matrices étant devenues béantes et s'étant tournées vers les parties génitales, la femme, ayant eu des rapports avec son mari, a conçu le jour même ou peu de jours après. Or, les femmes qui ne sont pas au courant des ces raisonnements et de ces faits, calculent qu'elles sont enceintes du moment où les règles ont été supprimées et les matrices gonflées. Je vais dire pourquoi la grossesse ne dure pas plus de dix mois. La nourriture et l'accroissement fournis par la mère ne suffisent plus à l'enfant quand les dix mois sont passés, et qu'il a grandi. Il attire à soi la partie du sang la plus douce et il profite aussi un peu du lait. Quand ces sources deviennent trop peu abondantes, et qu'il a grossi, il désire plus de nourriture qu'il n'en a actuellement, il s'agite et rompt les membranes. Les primipares sont plus sujettes que les autres à ces accouchements prématurés ; chez elles, la nourriture manque aux enfants pour les entretenir jusqu'aux dix mois. Elle manque de cette façon : il est des femmes chez qui la purgation mensuelle est suffisante, et d'autres chez qui elle est moindre ; s'il en est constamment ainsi, cette condition leur est originelle, naturellement et spécialement . Mais celles qui ont des menstrues en petite quantité fournissent une nourriture trop peu abondante aussi aux enfants, vers la fin du temps, quand il sont déjà forts ; c'est qui les fait s'agiter et les presse de sortir avant les dix mois; en effet, le sang vient en petite quantité. Généralement aussi, les femmes qui ont peu de menstrues n'ont pas de lait ; elles sont trop sèches et de chair trop compacte. Je dis que c'est le défaut de nourriture qui amène la sortie de l'enfant, à moins qu'il n'ait été atteint de quelque violence; en voici la preuve : l'oiseau provient du jaune de l'œuf de cette façon : sous la mère qui couve, l'œuf s'échauffe, et ce qui est dans l'œuf est mis en mouvement par la mère. Échauffé, ce qui est dans l'œuf a du souffle et attire, par une contre-attraction, un autre souffle froid venant de l'air-à travers l'œuf ; car l'œuf est assez lâche pour laisser arriver, en suffisante quantité, au contenu, la respiration qui est attirée. L'oiseau croît dans l'œuf et s'articule d'une manière tout à fait semblable à l'enfant, comme je l'ai déjà dit précédemment. Il provient du jaune, mais il a son aliment et sa croissance dans le blanc. Pour s'en convaincre, il suffit d'y faire attention. Quand la nourriture provenant de l'œuf manque au petit, alors, n'ayant pas un aliment suffisant pour vivre, il s'agite fortement dans l'œuf, cherche plus de nourriture, et les membranes se rompent. La mère, s'apercevant que le petit se meut fortement, frappe et brise la coquille. Cela arrive en vingt jours. Et il est évident que les choses se passent ainsi; en effet, quand la mère frappe la coquille, il n'y reste plus qu'une quantité insignifiante de liquide ; tout a été consomme pour le petit. De même, l'enfant, quand il a crû, la mère ne peut plus lui fournir une nourriture suffisante, il en cherche plus que ce qu'il en a présentement, il s'agite, rompt les membranes, et, débarrassé du lien, chemine incontinent au dehors. Cela arrive en dix mois au plus. De la même façon, chez les bestiaux et chez les animaux sauvages, le part se fait à une époque fixe pour chaque espèce, sans la dépasser ; car nécessairement, chez tout animal, il est un temps où la nourriture sera trop peu abondante pour le petit et fera défaut et où le part surviendra. Et ceux qui ont moins de nourriture pour les fœtus mettent bas plus tôt et ceux qui en ont davantage, plus tard. Voilà ce que j'avais à dire là-dessus. Quant à l'enfant, lorsque les membranes se rompent, si le mouvement par la tête l'emporte, la femme accouche facilement; mais, s'il se présente de côté ou par les pieds (cela arrive en effet), si le mouvement est tel, soit par l'amplitude des matrices, soit parce que la mère, dans ses douleurs, n'a pas gardé d'abord le repos, si, dis-je, la présentation est de la sorte, la femme accouche difficilement; et maintes fois les mères ont succombé, ou les enfants, ou à la fois les mères et les enfants. Des femmes qui accouchent, celles qui souffrent le plus sont les primipares, parce quelles n'ont pas encore éprouvé ce genre de souffrances. Elles souffrent dans tout le corps, mais surtout aux lombes et aux ischions ; car les ischions se disjoignent. Mais celles qui ont déjà accouché souffrent moins que les primipares, et celles qui ont accouché plusieurs fois, souffrent beaucoup moins. Si l'enfant va par la tête, la tête sort la première, puis les autres parties suivent, et l'ombilic sort le dernier; et à l'ombilic tient le chorion. Après, s'écoule une humeur sanguinolente venant de la tête et du reste du corps, laquelle est exprimée par la violence, le travail et la chaleur, et qui ouvre la voie à l'évacuation lochiale. Après l'issue de cette humeur, la purgation lochiale se fait pendant le temps indiqué plus haut. Les mamelles et toutes les parties où l'humidité abonde chez les femmes, se relâchent, moins dans le premier accouchement, puis de plus en plus à mesure que les accouchements se multiplient; ce relâchement s'opère par la vacuité des veines qu'amène la purgation lochiale. Voilà ce que j'avais à dire là-dessus. [4,31] Les jumeaux naissent d'un seul coït, de cette façon : Les matrices ont des sinus multiples et recourbés, les uns plus loin, les autres plus près des parties génitales. Les animaux qui portent beaucoup de petits ont plus de sinus que ceux qui en portent peu. Il en est ainsi chez les brebis, les bêtes sauvages et les oiseaux. Quand la semence se trouve partagée, étant arrivée à deux sinus, et que les matrices l'ont reçue sans que l'un des sinus se lâche dans l'autre, alors la semence s'enveloppe d'une membrane et se vivifie séparément dans l'un et l'autre sinus, comme il a été dit pour un seul embryon. Que les jumeaux viennent d'un seul coït, la preuve en est fournie par la chienne, la truie et autres animaux qui mettent bas deux ou plusieurs petits par un seul accouplement ; et chacun des petits dans les matrices occupe un sinus et a une membrane. De ce fait, nous en sommes journellement témoins, et les petits sont généralement tous mis au monde le même jour. De même, chez la femme, les jumeaux produit d'un seul coït ont chacun un sinus et un chorion, naissent tous deux le même jour, et celui qui sort le premier sort avec son chorion. Fille et garçon peuvent être jumeaux; je dis en effet que chez la femme, chez l'homme et chez tout animal, il y a de la semence plus faible et de la semence plus forte, et la semence ne va pas d'un seul coup, mais elle est émise à deux et trois reprises. Il n'est pas possible non plus que le tout soit toujours également fort, aussi bien ce qui sort en premier lieu que ce qui sort en dernier. Donc, dans le sinus où pénètre la semence la plus épaisse et la plus forte, là se forme l'enfant mâle ; et, réciproquement, dans le sinus où pénètre la semence la plus humide et la plus faible, là se forme l'enfant femelle. Si une semence forte arrive dans les deux sinus, les deux jumeaux sont mâles; si une semence faible arrive dans les deux, les deux jumeaux sont femelles. Ici prend fin tout ce discours que j'ai entrepris.