[2,5,0] SCIVIAS - LIVRE SECOND. Vision cinquième. Après ces choses, je vis qu'une certaine splendeur blanche comme la neige et translucide comme le cristal reluisait autour de la dite image de femme, du sommet de la tête jusqu'à la gorge. Mais, de la gorge jusqu'à l'ombilic, une autre splendeur pourpre l'environnait qui, de la gorge jusqu'aux mamelles, brillait comme l'aurore ; mais, des mamelles jusqu'à l'ombilic resplendissait comme la pourpre mêlée d'hyacinthe.Et, ou brillait l'aurore, elle étendit sa clarté dans les hauteurs des mystères du ciel ; et, dans cette clarté, une très belle image de vierge apparut, ayant la tête sans voile ombragée d'une chevelure noire, et son corps revêtu d'une tunique rouge, qui se répandait en longs plis sur ses pieds. Et j'entendis une voix du ciel qui disait : C'est la fleur de la céleste Sion, la mère et la reine des roses et des lis de la vallée. Ô fleur tu seras épousée par le fils du roi tout-puissant, auquel tu engendreras une race fameuse, lorsque ton temps sera venu. - Et, autour de cette vierge, je vis une grande foule d'hommes plus resplendissants que le soleil, et qui, tous étaient ornés merveilleusement d'or et de pierres précieuses ; et quelques-uns d'entre eux avaient la tête environnée de voiles blancs et d'une couronne d'or; au sommet de leur tête, l'image de l'ineffable Trinité; ainsi que le type m'en fut montré : elle apparut, à travers ces voiles, comme sculptée dans une sphère ; et, sur le front (de ces hommes) l'Agneau de Dieu; et, à leur cou, l'image de l'homme; et à l'oreille droite, un chérubin; et, à l 'oreille gauche, une autre figure angélique; de telle sorte que, de l'image même de la glorieuse Trinité, comme un rayon d'or était projeté vers ces figures (d'hommes). Mais, parmi eux, d'autres apparurent qui avaient des mitres sur leurs têtes, et le pallium de la charge épiscopale sur leurs épaules. Et de nouveau j'entendis une voix d'en haut qui disait : Ce sont les filles de Sion ; et, avec elles, sont les cithares des cithares, et tous les genres d'harmonie, et la voix de toute allégresse, et la joie de toutes les joies. Mais, sous la même splendeur, au point ou il semblait que l'aurore resplendissait, je vis, entre le ciel et la terre, apparaître d'épaisses ténèbres, qui inspiraient une telle épouvante, que la langue humaine ne peut l'exprimer. Et de nouveau j'entendis une voix du ciel qui disait : Si le Fils de Dieu n'était pas mort sur la croix, ces ténèbres ne permettraient nullement à l'homme de parvenir à la suprême clarté. Mais, ou cette splendeur reluisait d'une lumière, empourprée mêlée d'hyacinthe, s'unissant étroitement à la dite image de femme, elle étincelait. Mais une autre splendeur, comme une nuée blanche, environnait l'image de l'ombilic au sommet, sans toutefois s'étendre plus loin. Et ces trois splendeurs, rayonnant au loin autour de l'image, montraient, en elle plusieurs degrés et échelons bien et décemment ordonnés. Mais en voyant ces choses, dans la grande frayeur qui s'empara de moi, je tombai à terre sans forces, et je ne pus répondre à personne. Et voici que dans une splendeur magnifique, je me sentis touchée comme par une main, et ce contact me rendit la force et la voix. Et j'entendis de nouveau une voix qui me disait : Ce sont là de grands mystères. Considère en effet, le soleil, la lune et les étoiles. J'ai formé le soleil afin qu'il luise pendant le jour, et la lune et les étoiles afin qu'elles luisent pendant la nuit. Le soleil signifie mon Fils, qui sortit de mon cœur et illumina le monde, lorsqu'il naquit d'une vierge, à la fin des temps (prescrits), comme le soleil en naissant illumine le monde, lorsqu'il apparaît à la fin de la nuit. Mais la lune désigne l'Eglise, unie à mon Fils dans de véritables et suprêmes épousailles. Et de même que la lune a toujours en sa constitution, des moments de croissance et de décroissance, et ne tire sa lumière que de celle du soleil, ainsi est l'Eglise dans son évolution, de telle sorte que ses fils avancent souvent dans l'accroissement des vertus, et souvent ils décroissent dans la diversité des mœurs, et dans les persécutions ; de telle sorte que, souvent elle est combattue en ses mystères par des loups rapaces ; en sa foi par des hommes mauvais, tant chrétiens que juifs, et les autres infidèles ; et, à cause de cela, elle ne brille pas en elle-même, pour la tolérance ; mais elle est éclairée en moi par mon Fils, afin qu'elle persévère dans le bien. Les étoiles différentes les unes des autres par l'éclat de leur lumière, signifient les peuples de divers ordres de la religion de l'église. Mais la splendeur blanche comme la neige et translucide comme le cristal, que tu vois environnant la dite image de femme, du sommet de la tête jusqu'à la gorge, signifie que l'Eglise des fidèles, épouse incorruptible du Fils de Dieu, est environnée de la doctrine apostolique, qui annonça l'incarnation lumineuse de celui qui du ciel descendit dans le sein d'une vierge, et qui est le miroir très puissant et très lucide de tous les croyants ; de telle sorte que cette doctrine, du jour ou elle commença à édifier cette même Eglise jusqu'au temps ou elle put se nourrir puissamment du pain de vie, l'environna fidèlement, en l'illuminant magnifiquement. Comment ? La doctrine apostolique auréola la tête de l'Eglise, lorsque les apôtres commencèrent d'abord à l'édifier par leur prédication ; lorsque, allant en divers lieux, ils assemblaient des ouvriers qui la fortifiaient dans la foi catholique, et qui lui fournissaient des prêtres, des évêques, à tous les degrés de la hiérarchie ecclésiastique, et déterminaient les droits des hommes et des femmes engagés dans les liens du mariage, et les autres choses semblables. [2,5,10] C'est pourquoi suivent la mème doctrine les servants, qui ressemblaient aux prêtres du témoignage légal, qui sous la loî de la circoncision étaient placés pour nourrir le peuple de la nourriture intérieure ; et c'est pourquoi les apôtres choisissaient ces ordres, sous l'inspiration d'en haut, pour en orner l'Eglise. Pourquoi cela ? Car leurs suivants, portant à leur place les bienfaits salutaires, parcourent fidèlement les rues des bourgs, des villes et toutes les régions de la terre, pour annoncer au peuple la loi divine. Car ils sont eux-mêmes des pères et des dispensateurs d'élite, pour répandre par leur doctrine la discipline ecclésiastique dans tout le peuple et lui dispenser la nourriture de vie ; et ils se montrent tels dans leur vie, que mes brebis ne soient pas offensées par leurs œuvres, mais qu'elles marchent dignement après eux, parce qu'ils ont pour office de distribuer ouvertement au peuple le pain de vie ; et afin qu'ils accomplissent fidèlement leur devoir vis à vis de chacun, ils se contraignent eux-mêmes à ne pas désirer l'union charnelle, parce qu'ils doivent distribuer aux croyants la nourriture spirituelle, et offrir à Dieu un sacrifice immaculé, ainsi que l'indique la figure d'Abel dont il est écrit : Abel offrit aussi lesprémices de ses troupeaux et de ce qu'ils avaient de meilleur. Que signifie cela ? A l'origine du siècle naissant la sanctification du roi, qui devait paraître, resplendit en celui qui menait une vie innocente, ce qui émut la demeure du Dieu tout-puissant, non la terre mais le ciel. Comment? Parce qu'Abel, en son intégrité, offrit à Dieu l'intention de sa volonté et la plénitude de cette même volonté, lorsqu'il pensa, dans son cœur, à lui offrir le premier fruit qu'il recueillit de son propre bien, et qu'il accomplit ce devoir d'une manière parfaite, honorant ainsi dans sa fidélité le père d'en haut, et lui rendant le culte qui lui est dû. Et de même aussi qu'Abel eut la charge de son troupeau et le conduisit dans les pâturages, et qu'il offrit à Dieu, avec un cceur simple, ses prémices et les plus beaux de ses fruits : ainsi pareillement, ceux qui sont destinés à guider les fils de l'Eglise, c'est-à-dire à paître les brebis du Christ, doivent les nourrir fidèlement des paroles de la doctrine, suivant les règles ecclésiastiques, les prémunir fortement contre les embûches de l'antique imposteur, et offrir à celui qui voit toutes choses des dons parfaits, avec une attention scrupuleuse. Comment ? Car, s'ils ne peuvent pas faire que tous ces dons soient parfaits en toute chose, qu'ils en offrent à Dieu quelqu'un de tel, sortant de leur troupeau, et tout d'abord l'intention droite de leur bonne volonté, qui est comme le germe des prémices de leur troupeau, et ensuite l'œuvre parfaite dans son accomplissement par leur volonté, qui est comme le fruit suave et choisi parmi les meilleurs. Mais d'ou vint qu'Abel honora Dieu d'une manière si parfaite ? La pureté de son innocence lui inspirait un tel amour. C'est pourquoi ceux qui sont consacrés pour offrir à Dieu le sacrifice sacro-saint, doivent approcher de son autel dans l'innocence de la chasteté ; parce que s'ils sont eux-mêmes les auteurs de la corruption, comment pourront-ils appliquer le remède. Salutaire, sur les blessures de ceux qui sont corrompus ? Par conséquent, afin qu'ils puissent d'autant plus sûrement administrer le remède aux autres, je veux qu'ils imitent courageusement mon Fils, dans l'amour de la chasteté. Que s'ils viennent à tomber, qu'ils se hâtent de se relever aussitôt par la pénitence, et qu'ils fuient l'ignominie du péché, en recherchant la médecine salutaire, et en imitant fidèlement Abel dont le sacrifice était agréable à Dieu. Mais ceux qui parmi eux se tiennent, par amour de mon Fils, dans une étroite subordination, et considèrent dans leurs cœurs le relèvement des méchants, qu'ils entreprennent sous mon inspiration sans avoir le souci des choses extérieures, bien qu'ils n'en aient pas la charge onéreuse, parce qu'ils sont soumis à leurs supérieurs, en vue des récompenses éternelles, ils acquièrent pour eux-mêmes, dans la cité des élus, la même récompense infinie. Mais tu vois que, de la gorge à l'ombilic de cette même image, une autre splendeur, de couleur pourpre, I'environne : c'est parce qu'après la doctrine des apôtres, lorsque l'Eglise est devenue si puissante, qu'elle peut véritablement discerner la nourriture salutaire, et la transmettre aux parties d'elle-même qui veulent augmenter leur force : alors la remarquable perfection de la religion de l'Eglise se manifeste, capable d'apprécier dans son amour ardent la suprême douceur ; et se contraignant sévèrement, elle vise à l'accroissement de sa force secrète, sans parvenir cependant à se séparer de l'amertume charnelle, parce qu'elle méprise le lien charnel. Comment? Car, la même splendeur rayonne, de sa gorge jusqu'à ses mamelles, comme l'aurore ; parce que cette perfection, dans une merveilleuse effloraison, s'épanouit dans l'allégresse virginale, pour le parfait entretien de l'Eglise ; de telle sorte que, des mamelles jusqu'à l'ombilic, une splendeur pourpre mêlée d'hyacinthe brille ; parce qu'elle se munit, par une valeureuse éducation, pour le maintien de la chasteté intime, en imitant la passion de mon Fils, à cause de l'amour ardent qu'elle garde toujours dans son cœur. C'est pourquoi, où elle brille comme l'aurore, elle étend sa clarté en haut vers les mystères du ciel ; car cette perfection qui fleurit en l'honneur de la virginité, dirige merveilleusement sa vertu, non en bas vers les choses terrestres, mais en haut vers les choses du ciel. Et, dans cette clarté, une très belle image de vierge apparaît, dont la tête sans voile est ornée d'une chevelure noire : c'est la sereine virginité, innocente de toute souillure de l'humaine concupiscence, ayant son esprit dégagé de tout lien de corruption, mais cependant ne pouvant détourner complètement encore la fatigue des pensées ténébreuses, dans ses fils, tant qu'ils sont dans le monde, tout en s'y opposant fortement pour y résister. C'est pourquoi elle est revêtue d'une tunique rouge, qui tombe en longs plis sur ses pieds ; car elle persévère dans la peine des labeurs, pour l'accomplissement des bonnes œuvres, jusqu'au complet épanouissement de sa perfection bienheureuse, environnée de toutes les vertus, imitant en cela celui qui est la plénitude de la sainteté. Et, comme il t'est montré dans le secret de la lumière d'en haut: elle est de la race illustre entre toutes dans la céleste Jérusalem, à savoir, la gloire et l'honneur de ceux qui, par amour de la virginité, versèrent leur sang; et qui, dans la candeur de l'humilité, conservant leur virginité pour le Christ, reposèrent dans la suavité de la paix ; parce qu'elle est l'épouse du Fils de Dieu tout puissant, qui est le roi suprême ; et qu'elle lui enfante une race très noble, c'est-à-dire le cœur très pur des vierges; lorsqu'elle prend des forces en s'avançant dans la paix de l'Eglise. Mais tu vois, autour de la même vierge, une grande foule d'hommes plus resplendissante que le soleil, et ces hommes sont merveilleusement ornés d'or et de pierres précieuses : C'est quant au principal chœur des vierges, embrassant d'un amour ardent la très noble virginité, et brillant tous devant Dieu, d'une lumière plus éclatante que le soleil sur la terre; parce que se méprisant eux-mêmes, ils vainquirent virilement la mort : ce qui fait qu'ils sont ornés merveilleusement par la suprême sagesse, à cause des œuvres très belles qu'ils ont accomplies humblement, pour le Christ. C'est pourquoi quelques-uns d'entre eux, ont leurs têtes couvertes de voiles blancs, couronnées d'un cercle d'or, parce que, resplendissants de la gloire de la virginité, ils manifestent que ceux qui ambitionnent l'honneur de cette vertu, préservent leur esprit de toute ardeur mauvaise ; et ornés de la très pure lumière de chasteté, ils acquièrent dans leur fidélité, la candeur de l'innocence. [2,5,20] Au-dessus de toutes ces merveilles, l'image de l'inffable Trinité, ainsi qu'il t'a été montré plus haut, apparaît comme gravée, en forme de sphère, sur les voiles mêmes ; pour montrer que les intentions des hommes recherchent fermement et vaillamment, dans la connaissance de l'amour et la stabilité de la chasteté, l'honneur de la suprême et glorieuse Trinité ; ainsi qu'il t'a été montré d'une manière véritable dans la manifestation du mystère. Qu'ils aient sur leurs fronts l'Agneau de Dieu, et à leur cou, l'image de l'homme, et, à l'oreille droite, un chérubin, et, à la gauche, une autre forme angélique: cela indique que, pour.l'honneur de leur chasteté, ils imitent la mansuétude du fils de Dieu, en abaissant l'insolence de l'orgueil superbe ; et se considérant comme des hommes débiles, ils embrassent dans leur prospérité, la véritable et éternelle science ; et, quand vient l'adversité, ils désirent le secours des anges; de telle sorte que, de cette image de la gloire de la suprême Trinité, rayonne sur ces figures comme un rayon d'or ; car, l'ineffable Trinité ne cesse d'opérer les merveilles des miracles de sa profonde sagesse, en faveur des hommes fidèles qui cherchent la vertu et fuient les séductions diaboliques. Mais, parmi eux, d'autres apparaissent, portant sur leurs têtes des mitres, et, sur leurs épaules, le pallium de la charge épiscopale, parce que, parmi ceux qui fleurissent en l'honneur de la virginité, quelques-uns, dans la cité d'en haut, tout en exerçant noblement dans le siècle la charge des anciens pères et la gloire de la suprême magistrature, ne perdirent pas cependant l'honneur de la virginité. De là, comme tu l'entends, tous ceux qui avec des soupirs, pour mon amour, conservèrent leur intégrité, sont appelés les filles de Sion dans la demeure céleste, parce qu'ils ont imité mon fils, par amour de la virginité. C'est pourquoi ils se trouvent parmi les échos sonores des esprits et les invocations de toutes les mélodies, et les merveilles des esprits agiles, et la vision d'or des pierres et des perles resplendissantes. Comment ? Car du trône du Fils de Dieu une voix résonne, à laquelle s'harmonise tout le chœur des vierges, dans un désir ardent, en chantant la nouvelle symphonie, comme Jean mon bien-aimé vierge en rend témoignage en disant : "Et il chantait comme un cantique nouveau devant le trône, et devant les quatre animaux, et devant les vieillards". Que signifie cela ? Dans ces âmes fidèles qui, embrassant dans une intention pure la chasteté, conservent sans souillure leur virginité, pour l'amour de Dieu, leur bonne volonté éclate pour la gloire du Créateur. Comment ? Car, dans l'aurore de la virginité, qui adhère toujours au Fils de Dieu, se cache une très pure louange à laquelle aucun devoir terrestre, aucun lien légal ne peut résister, sans qu'il s'en dégage un céleste cantique, dans un tressaillement d'allégresse, pour la gloire de Dieu. Comment ? Parce que, parcourant une voie rapide, ce cantique se fit entendre merveilleusement pour la liberté nouvelle ; et ce cantique ne fut pas entendu avant que le fils unique de Dieu (qui est la véritable fleur de la virginité), s'étant incarné et étant revenu de la terre au ciel, se fût assis à la droite du Père. Mais alors, lorsque l'on vit comme de nouvelles mœurs qu'on n'avait jamais vues auparavant, ce fut de la stupeur; et ainsi ce nouveau mystère, inouï jusque-là, résonnant alors dans les régions célestes, en l'honneur de la virginité, fut connu devant la majesté de Dieu par qui il s'était accompli ; et devant les quatre cercles qui, parcourant les quatre parties du monde, apportaient la vérité de toute justice et de toute humanité du Sauveur, comme les (quatre) animaux dans la nouvelle loi; et devant ces anciens qui, pénétrés du Saint-Esprit, annonçaient aux. hommes dans l'ancienne loi la voie de la justice, par leur droiture. Que signifie cela ? Que Dieu dans la nouvelle loi de grâce supprima l'austérité de l'ancienne institution. Mais parce que la virginité est si glorieuse devant Dieu, que ceux qui l'ont vouée à Dieu par leur volonté, la conservent prudemment ; car cette sainte résolution prise dans un grand amour de la virginité, doit être gardée fidèlement. C'est pourquoi, ceux qui se sont avancés de ce sacrement, doivent prendre garde de ne pas rétrograder. Car ils sont les très chers imitateurs de mon Fils, lorsqu'ils s'offrent à Dieu, de telle sorte qu'ils ne soient pas liés par les liens du mariage, ni embarrassés des choses du monde, méprisant l'œuvre de chair, de peur de mettre toute leur sollicitude aux choses de la chair; mais qu'ils désirent adhérer pleinement à la glorieuse innocence de l'agneau sans tache. C'est pourquoi, l'homme qui délibère en lui-même de ne contracter aucun lien charnel, et qui le désire afin de persévérer dans la pudeur de la virginité, pour l'amour de mon Fils, deviendra son compagnon, si toutefois il persévère dans les œuvres de la chasteté ; parce qu'il offre à mon Fils ces présents sacrés, dans le vœu du pacte solennel; selon la règle de l'Église, pour (obtenir) la gloire de la suprême récompense. Mais si, dans la suite abandonnant son vœu, à cause du honteux aiguillon de la chair, il accomplit l'adultère, il change sa liberté en servitude ; car il ternit honteusement son honneur, par la turpitude de sa délectation, au lieu d'imiter chastement mon Fils ; et il profère le mensonge, en se vouant à vivre chastement, sans accomplir son vœu. C'est pourquoi aussi, s'il persévère dans la faute de sa témérité, il subira le jugement sévère du juste juge, parce que, ni la turpitude ni le mensonge ne peuvent apparaitre dans la gloire céleste. Que si, avant la fin de sa vie, il fait dans les larmes amères pénitence de cette faute, alors l'onde du sang de mon Fils le purifie, parce qu'il a regretté sa faute ; mais il ne le replace pas parmi ses compagnons qui fleurissent de la gloire de la virginité ; parce que, délaissant leur société, il a rejeté la liberté de son pacte, et il l'a assujettie à la servitude du péché. Mais la jeune fille qui, de sa propre volonté, s'offre à mon Fils en de saintes épousailles, est acceptée très honorablement par lui ; car il veut avoir celle qui s'est unie ainsi à lui, dans sa compagnie. Comment ? Afin qu'elle l'aime d'un chaste amour, comme lui-même l'aime mystérieusement, car elle lui est toujours aimable, parce qu'elle le préfère à un époux terrestre. Si, dans la suite, elle transgresse son pacte, alors, elle est souillée au regard de ceux qui sont dans la joie céleste.Et si elle persévère dans sa témérité, elle sera privée, par un juste jugement, de la gloire suprême. Si elle vient à se repentir, elle est reçue comme servante et non comme inaîtresse car elle a abandonné la couche royale et elle a aimé un étranger, de préférence à celui qu'elle devait aimer. [2,5,30] Mais celui, qui, en la séduisant, l'a violée, s'il veut faire pénitence de sa faute, qu'il se repente comme s'il avait violé le ciel, de peur qu'il ne tombe dans la mort ; car il a corrompu témérairement un mariage céleste. Que signifie cela ? Si quelque grand prince a une épouse très chère, que le serviteur des serviteurs corrompt par l'adultère, que fait le seigneur ? En vérité, dans sa grande colère, il envoie ses licteurs afin de le perdre, parce qu'il a mis le trouble dans ses entrailles. Si alors, ce serviteur, dans la crainte, prie tous ces envoyés qu'ils intercèdent pour lui ; et qu'en outre, il tombe en larmes aux pieds de son maître, pour qu'il lui pardonne : alors, ce roi, à cause de sa bonté et à cause de leur întercession, le laissant vivre le rend à la société de ses compagnons d'esclavage ; mais cependant, il ne le récompense pas comme ces autres amis qui sont dans sa familiarité ; bien qu'il lui donne, ainsi qu'à ceux qui lui ressemblent, la grâce nécessaire. Ainsi sera traité celui qui violera, en la séduisant, l'épouse du roi éternel. Car, le grand roi, dans son zèle infaillible, exerçant sa justice, conduit à sa perte celui qui en cela l'a traité comme le parjure, dans l'oubli de son esprit. Mais si ce misérable, anticipant sur le jour de sa colère, prie avec instances les élus de Dieu, qu'ils obtiennent de leur maître son pardon, et qu'en outre il considère avec larmes l'humanité de son Sauveur, afin d'être absous de son péché, par sa grâce: alors le roi, en considération de ce sang qui a été répandu pour le salut de la race humaine, et à cause de la dilection des citoyens célestes, l'arrache de son état criminel et de la puissance de satan, de peur qu'il ne tombe dans la perdition, et il le place parmi les âmes bienheureuses. Mais cependant, il ne lui accorde pas l'allégresse des épousailles royales, de laquelle les autres amis de Dieu se réjouissent, avec les vierges sacrées qui se sont vouées à mon Fils, dans une consécration suprême ; et il ne le couronnera pas de la grâce virginale, dont il a perdu la pudeur, bien qu'il lui donne, parmi les autres élus, la joie dans la cité céleste, comme récompense inestimable. Mais que, sous la même splendeur où lui-même brille comme l'aurore, tu voies apparaître, entre le ciel et la terre, d'épaisses ténèbres, qui sont si horribles que la langue humaine ne peut l'exprimer; cela signifie que, sous la gloire virginale, entre l'intelligence spirituelle et charnelle, la chute du premier père, qui le plongeait dans les ténèbres épaisses de l'infidélité, de telle sorte que nul ne pût expliquer son erreur, fût ouvertement connue. Comment ? Parce que dans l'incarnation du Fils de Dieu, né d'une vierge, le désir des choses célestes s'accrut, et la concupiscence terrestre fut bannie, car la prévarication d'Adam fut effacée merveilleusement, dans la rédemption, par le sang du même Fils de Dieu, lorsque nul autre que le Fils unique de Dieu, envoyé dans le monde par le père, ne pouvait l'effacer, pour donner (à l'homme) son entrée dans le ciel. C'est pourquoi, comme tu le comprends par cette manifestation typique, si le même Fils de Dieu n'avait pas versé son sang pour le salut des hommes, cette transgression (de la loi divine) comprimerait à ce point l'homme, qu'il ne pourrait jamais arriver à la gloire des citoyens célestes. Mais, qu'à l'endroit où cette splendeur comme empourprée brille, entremêlée d'hyacinthe, elle s'enflamme en embrassant fortement la dite image de femme, cela indique la perfection de ceux qui, imitant la passion de mon Fils, dans l'ardeur de charité, ornent merveilleusement l'Eglise par la répression de la chair. Comment ? Parce qu'ils sont d'une grande édification, par l'accroissement du trésor (de leur vertu), en suivant le conseil divin ; car lorsque l'Eglise accrut ses forces, un parfum vivant se dégagea de sa beauté, consacrant la voie de la régénération mystérieuse. Qu'est-ce que cela ? Alors surgit l'ordre admirable qui touche mon Fils, considéré comme modèle; car de même que mon Fils vint dans le monde, séparé du commun peuple : ainsi cette force s'organisa dans le siècle, à l'écart du reste du peuple, parfumant comme le baume suave qui dégoutte de l'arbre. Ainsi, ce peuple surgit d'abord à part, dans le désert et la solitude ; et ensuite, comme un arbre il étendit ses rameaux, se répandant peu à peu dans toute sa plénitude. Et j'ai béni et sanctifié ce peuple ; car, ceux qui le composent sont pour moi les fleurs des roses et des lis très aimantes, qui poussent dans les champs, sans la culture de l'homme. Ainsi, nulle loi ne contraint ce peuple à choisir cette voie étroite ; mais il la suit, par sa volonté, sous mon inspiration suave, sans précepte de loi, avec plus d'ardeur que s'il en avait reçu l'ordre. C'est pourquoi, il acquiert par là une grande récompense, comme il est écrit dans l'Evangile ou le Samaritain introduit dans l'hôtellerie l'homme blessé : Le jour suivant il prit deux deniers, et les donna à l'hôtelier en disant :- Ayez soin de lui, et tout ce que vous ferez de plus, pour lui, je vous le rendrai à mon retour. Que signifie cela ? Au premier jour du salut, c'est-à-dire, lorsque le Fils de Dieu incarné merveilleusement, restait corporellement dans le monde, il accomplit, jusqu'à sa résurrection, de nombreuses et admirables œuvres dans son humanité; et par elles, il ramena salutairement l'homme blessé au véritable remède. Mais les jours d'après, lorsque tous les mystères de vérité furent manifestés ouvertement dans l'Eglise après sa résurrection, il montra dans une manifestation typique, l'ancien et le nouveau Testament, comme la démonstration assurée de la vie éternelle, et comme la nourriture suave du peuple croyant. Et il donna ces écrits, par sa grâce, aux pasteurs de l'Eglise, qui gardent son troupeau; et il leur dit en des paroles qui étaient un doux avertissement : Par des constitutions ecclésiastiques, formez la cohorte chrétienne que je vous ai confiée après l'avoir rachetée de mon sang, mettant toute votre sollicitude, à ce qu'elle ne défaille pas en ce qui regarde la vie (éternelle). Mais par votre bonne volonté, vous ajouterez encore à ce que je vous ai ordonné de faire, en faisant davantage qu'il ne vous a été ordonné. Moi, qui suis votre guide et votre sauveur, abandonnant maintenant le monde pour remonter vers mon Père, lorsque je reviendrai de nouveau pour juger le monde ,et l'établir sur des bases inébranlables, de de telle sorte qu'il ne puisse plus changer par le changement des temps : alors je vous rendrai le prix de vos labeurs et de votre bonne volonté, dont le fruit se sera accru. Et je dirai : Ô fidèle et probe serviteur qui sers fidèlement ! [2,5,40] Quiconque ajoute davantage à son vœu, qu'il ne l' est prescrit par la loi, recevra une double récompense ; car sa gloire rejaillit sur mon nom, parce qu'il m'aime beaucoup. Et moi je dis : Ni la race des vierges, ni cet ordre d'une dévotion singulière, ni ceux qui les imitent, comme ceux qui restent dans le désert, ne sont dans le précepte de la loi, comme les prophètes aussi ne sont pas établis par les hommes sous la loi charnelle, parce que, marchant, seulement par mon inspiration, ils font plus qu'il ne leur a été ordonné ; ce que l'ordre sacerdotal et les autres institutions sacerdotales ne font pas ; car ces choses ont été ordonnées dans l'ancien Testament, dans Abraham et dans Moyse, comme aussi les apôtres, les prenant de la même loi, et, par la vertu du St-Esprit, les ordonnant bien, selon ma volonté, les confièrent à l'Eglise, pour être conservées. Mais la doctrine apostolique elle-même a été disposée dans l'Evangile par mon Fils, lorsque ses disciples ont été envoyés dans le monde entier, pour répandre les paroles de vérité. Qu'est-ce alors ? Car, lorsque les apôtres annonçaient la voie du salut au peuple, la resplendissante aurore des filles de Sion se leva, par amour de mon Fils : (C'était l'apparition) de ceux qui mortifièrent durement leur chair, et réprimèrent rudement en eux-mêmes la concupiscence mauvaise. Et, comme alors cette chaste virginité se mit, par un ardent amour, à la suite de mon Fils : ainsi pareillement, cet ordre que j'aime pour sa singulière dévotion, imita son incarnation ; car (ceux qui en font partie) sont les temples que je me réserve, car ils m'honorent comme les chœurs des anges ; et ils accomplissent, dans leurs corps, la passion, la mort et la sépulture de mon Fils ; non toutefois, qu'ils meurent par le glaive et les autres tourments par lesquels les hommes condamnent, mais en imitant de telle sorte mon Fils, qu'ils méprisent la volonté de leur chair, lorsqu'ils abdiquent tout ce qui fait les délices du monde, comme il est écrit dans l'Evangile de Jean lumière du monde : - Mais lui-même Jean, avait un vêtement de poils de chameaux, et une ceinture de peau autour de ses reins. Que signifie cela ? Celui dans lequel la divine grâce avait suscité la merveilleuse abstinence, avait reçu par la même grâce, la défense de sa vertu par laquelle il méprisait, en son esprit, les honneurs et les ricliesses séculières; et par laquelle aussi, dans la contrainte qu'il exerçait, par la mortification des vices sur la volupté de la chair, il avait réprimé fortement les mouvements impétueux de son corps, puisqu'il élevait de plus grands édifices (de vertu) que ses prédécesseurs, en marchant par des voies escarpées et rudes, foulant aux pieds les concupiscences terrestres. Comment ? Car, accomplissant vaillamment de nombreuses œuvres de vertu, il aima ardemment la chasteté, montrant aussi, à ceux qui la recherchaient dévotement, la voie médicinale. De là, ceux qui sont le parfum vivant, et font vœu (de suivre) le chemin de la régénération mystérieuse, à la lumière de Jean qui brille dans les épaisses ténèbres du siècle, en le suivant dans sa vie, dans les opérations difficiles des vertus bienheureuses, ceux-là fuient la grandeur et la vanité des choses humaines ; et, par la répression des esprits, contraignant leur corps, ils méprisent la concupiscence mauvaise, et montent ainsi, par des degrés plus élevés que ceux qui s'avançant simplement avant eux dans la voie du Seigneur, y faisaient simplement leur demeure ; ils resplendissent avec sérénité, en embrassant le sentier rude et escarpé, dans le mépris qu'ils font des, voluptés du siècle qu'ils foulent à leurs pieds. Comment ? Parce que se méprisant eux-mêmes et soumettant leurs corps au service du Christ, dans l'accomplissement des vertus, ils appaisent leurs mouvements impétueux, dans l'austérité de leurs mœurs, et resplendissent merveilleusement par leurs bons exemples sur les autres hommes. Car, ils imitent même fidèlement le cœur des anges. Comment ? Dans le mépris qu'ils font des biens du siècle, parce que, comme les anges ne recherchent nullement ni ne désirent les choses de la terre, ainsi ceux-là les imitent, en ce qu'ils méprisent tout ce qui est périssable. De là aussi, comme mon Fils est le messager des sacrements du salut et le prêtre des prêtres, le prophète des prophètes, le constructeur des tours bienheureuses : ainsi pareillement, si la nécessité le demande, que celui qui, parmi ces hommes, possède la racine et l'usage de (ce) parfum, soit le messager et le prêtre, le prophète et le conseiller de l'édifice ecclésiastique ; et il ne faut nullement s'en séparer, si seulement l'œil de clarté brille en lui, et s'il ne dort pas pour le service de l'Eglise, mais veille à son instruction, abandonnant seulement les soucis du siècle et la contagion des choses du monde, car ni les anges, ni, les prêtres, ni les prophètes ne cacheront la justice de Dieu; mais ils la proclameront en vérité, selon son précepte ; comme il est écrit de Jean, qui ne fut pas un roseau agité par le vent et dont ceux-ci imitent l'austérité, dans la comparaison de l'Evangile : Et toute la région de Judée venait à lui, et tous les habitants de Jérusalem ; et confessant leurs péchés, ils étaient baptisés par lui dans le fleuve du Jourdain. Que signifient ces paroles ? Dans les soupirs et les gémissements ils sortaient de la délectation des vices, pour aller vers celui par lequel, en vertu de la divine grâce, s'effectuait la volonté ferme d'une confession sincère, et l'effet merveilleux d'une vision pacifique, pour ces hommes dont les cœurs, par la crainte de la mort, avaient été entraînés à l'amour de la vie. Comment ? Parce que Jean, le précurseur de la vérité, leur avait intimé l'amertume et la douceur. De là, eux-mêmes demandaient de sa droiture, d'être pénétrés du repentir ; afin que par l'éloignement du mal et par l'édification. du bien, faisant l'aveu de leurs crimes, ils méritassent d'obtenir celui qui ne leur montrait pas le remède dans l'ombre de l'antiquité, mais leur accordait le salut véritable dans la lumière de la loi nouvelle. Mais de même que Jean enseignait, ceux qui venaient à lui, et les pénétrait des ondes du baptême, en recevant les paroles de leur repentir, en l'honneur du Sauveur qui devait venir; ainsi également, au nom de ce même sauveur qui, en venant dans le monde a porté le salut aux croyants fidèles; que ceux-ci ne négligent pas de faire l' œuvre de ceux qui, donnant des témoignages de sainteté, ajoutent davantage à I'œuvre (de sanctification), par l'inspiration du Saint-Esprit, dans le renoncement des choses du siècle, entreprenant de nouvelles austérités, selon cette ressemblance que ceux qui revêtent l'homme nouveau ont entrepris (d'imiter), d'après le précepte du même témoignage de sanctification, par la régénération de l'esprit et de l'eau, dans le mépris de la servitude de Satan. Mais, dès que l'aiguillon de l'impérieuse nécessité se fait sentir, qu'ils tendent, à ceux qui le demandent, la main d'un secours affectueux, en les avertissant, les redressant et les guérissant ; si toutefois ils sont parvenus à cette dignité par la promotion ecclésiastique; et qu'en cela ils imitent fidèlement leur prédécesseur, afin que, ce que celui-ci a montré comme dans l'ombre, etix l'accomplissent véritablement dans la nouveauté de la lumière. Car ils sont la ceinture de l'Eglise, qui la contiennent fortement, tout occupés à l'incarnation de mon Fils ; et parce qu'ils exercent aussi la fonction angélique, ne cessant jamais de chanter au son des instruments, ou de prier dans la componction, sans toutefois arracher des cris, comme une poussière inutile et aride, privés de toute vertu de componction; et parce qu'aussi, ils ne refusent pas de peiner dans leur nécessité ; non cependant, pour chercher de leurs mains les biens terrestres, mais pour prendre bien garde à soi, dans un esprit de charité et d'humilité. Ô mon peuple très fort et très aimant ! lorsque je remarque en eux l'affliction que mon Fils a souffert dans sa chair, puisqu'ils meurent comme il est mort lui-même, abandonnant leur volonté ; et, en vue de la vie éternelle, se soumettant à une direction, ils avancent selon l'ordre de leurs supérieurs. [2,5,50] C'est pourquoi leur vêtement ne ressemble, pas au vêtement des autres peuples, car il marque l'incarnation incorruptible de mon Fils, qui ne ressemble nullement à la procréation des autres hommes. Le commandement légal de l'homme et de la femme ne touche pas, en effet, cette incarnation, de même que ce peuple ne peut être contraint à cette règle étroite, par aucune loi écrite. Mais que celui qui l'entreprend (cette règle) par amour de Dieu, en liant sa volonté par un vœu, persévère en son accomplissement, de peur qu'en rétrogradant, il ne tombe, comme Lucifer, qui abandonna la lumière et choisit les ténèbres. Leur vêtement, en effet, éclatant comme celui des esprits supérieurs, s'envole avec les ailes de leur subtilité, et signifie l'incamation et la sépulture de rnon Fils ; car il a le signe de l'incarnation en son vêtement, et il porte en lui le signe de sa sépulture, celui qui se condamne à une rude obéissance, celui qui, dans les œuvres de justice, renonce aux choses du siècle. De là, celui qui, dans une intention pure, se revêt de ce même habit, possède en lui un remède salutaire. Et c'est pourquoi, que celui qui le reçoit, au milieu des bénédictions et sous l'invocation du St-Esprit, ne l'abandonne pas ; car quiconque le méprisera pour se plonger dans l'abjection du mal, sera avec celui qui méprisa l'ordre angélique et tomba pour être enseveli dans la mort. Que veut dire cela ? Car ce peuple n'est pas assujetti à cette règle étroite, selon un précepte légal; mais, par sa volonté, il a entrepris d'observer mon pacte, et ainsi d'illustrer mon Eglise, par la sainteté de sa vie. Comment ? De même qu'après les premières clartés du jour, on voit paraître l'aurore du soleil, ainsi cet ordre s'est montré après les voix des apôtres. Que signifie cela ? La première lumière du jour signifie les paroles fidèles de la doctrine apostolique ; l'aurore désigne le commencement de cette règle de vie, qui d'abord germa dans la solitude et les retraites, après la manifestation de cette bienheureuse doctrine; le soleil indique la voie distincte et bien ordonnée, tracée par mon serviteur Benoît, que moi j'ai conduit par un amour ardent, en l'instruisant à honorer par le vêtement de son institution l'incarnation de mon Fils, et par l'abnégation de sa volonté à imiter sa passion; car Benoît est lui-même comme un autre Moyse, gisant dans le creux de la pierre, crucifiant et réprimant son corps par beaucoup d'austérités, dans son amour de la vie; comme aussi le premier Moyse gravant sur des tables de pierre, selon mon ordre, la loi dure et sévère, la donna aux Juifs. Mais, de même que mon Fils rendit caduque cette loi par la douceur de l'Evangile, ainsi pareillement mon serviteur Benoît, par la douceur de l'inspiration du St-Esprit, fit une voie très sûre de cette institution qui, avant lui, fut une règle de vie très différente ; et, par là, il rassembla une nombreuse cohorte religieuse, comme mon Fils, par la douceur de son parfum, rassembla autour de lui le peuple chrétien. Et ensuite, le St-Esprit inspira aux cœurs de ses élus qui soupiraient vers la vie, que comme dans le bain du baptême les crimes des peuples sont effacés, ainsi eux-mêmes en imitant la passion de mon Fils, renonçassent aux pompes du siècle. Comment? Car, de même que l'homme est soustrait à la puissance de Satan, dans le saint baptême, en rejetant le crime de l'ancienne souillure ; de même ceux-ci, par le signe de leur vêtement, renoncent aux biens terrestres; ce par quoi ils ressemblent aussi aux anges. Comment ? Car, par ma volonté, ils sont établis les protecteurs de mon peuple. De là, ceux qui, parmi eux, sont éprouvés dans la sainteté de leur vie, sont établis les pasteurs de mon Eglise ; car, comme les anges qui n'ont aucun bien terrestre, ils sont les gardiens de mon peuple. Et, de même que les anges sont doublement honorés devant Dieu, ainsi les hommes de cet état religieux, jouissent d'une double vie. Comment ? Les anges, dans le ciel, servent Dieu sans cesse ; et, sur la terre, ils protègent toujours les hommes contre les embûches du démon : ainsi ce peuple imite l'ordre angélique, lorsque méprisant les biens terrestres, il ne cesse quotidiennetnent de servir Dieu, et préserve jour et nuit, par ses prières, les autres hommes, des esprits malins. De là, si mon église n'a pas un pasteur juste, alors, une compagnie de cette règle religieuse lui porte secours, par la parole et les lamentations ; et s'il est nécessaire, celui qui est éprouvé, acceptant les fonctions sacerdotales de la surintendance, s'en acquitte vaillamment et avec zèle. Mais, que nul n'entreprenne de suivre leur règle religieuse, soudainement et comme sortant du sommeil, à moins que, d'abord, dans le repentir de son âme, s'il veut persévérer dans ce dessein, il ne soit examiné dans une épreuve intime ; de peur que, après avoir accepté ce fardeau de par sa volonté, dans l'engagement de la bénédiction, et le rejetant dans la suite par la perversité de l'erreur, il ne tombe dans l'impénitence et ne périsse misérablement dans la damnation de la mort. C'est pourquoi, ô mes très chers fils, dont les bonnes intentions se dissipent dans l'esprit de contradiction, relevez-vous promptement par l'humilité et la charité, et conformez-vous virilement et unanimement à votre résolution (vœu). Mais, comme tu vois, une autre splendeur semblable à une nuée blanche, environne dignement la dite image de femme, de l'ombilic au-dessous, sans cependant s'étendre au delà : c'est la vie séculière qui, dans la candeur d'une intention sereine, en l'honorant d'une juste subvention, environne l'Eglise, à partir de la plénitude de sa force naissante, jusqu'à cette fin ou elle ne peut plus s'étendre en faveur de ses fils. Parce que, autour de l'ombilic, se trouve le germe des membres par lequel tout le genre humain est procréé ; et par là, est signifié dans l'église le peuple séculier, par lequel elle doit aboutir à sa plénitude, ayant dans ses rangs les rois et les chefs, les princes et les sujets, les riches et les pauvres, ainsi que le reste du peuple. [2,5,60] Et par eux, toute l'Eglise reçoit un merveilleux ornement; parce que, lorsque les ordres séculiers conservent fidèlement la loi de Dieu, qui leur a été donnée, ils sont l'ornement de l'Eglise ; et ils se donnent à Dieu avec de grandes marques d'amour, lorsqu'ils obéissent à leurs maîtres avec une humilité et une dévotion sincères, et lorsqu'ils châtient leur corps, par amour de Dieu, par l'aumône, les veilles et la continence, ainsi que le veuvage et les autres bonnes œuvres qui sont de Dieu. De là, ceux qui gardent la foi établie pour eux, selon ma volonté, me sont très aimables. Mais si quelqu'un d'entre eux désire porter le joug de ma liberté, en abandonnant les biens séculiers, qu'il vienne aussitôt à moi, à moins qu'il ne soit assujetti au lien charnel, qu'il ne peut briser témérairement, si ce n'est par la volonté de celui avec lequel il est uni. Comment ? Que le mari, dans cette intention, ne quitte pas son épouse, ni l'épouse son mari, si ce n'est par la volonté des deux ; et alors, s'ils en ont ainsi résolu, ou bien qu'ils restent tous les deux dans le siècle ou qu'ils s'en séparent tous les deux; parce qu'il ne peut se faire qu'un pied reste dans le corps, et que l'autre en soit séparé, l'homme restant sain et sauf. Ainsi pareillement, il ne convient pas que le mari suive le siècle et que la femme l'abandonne, ou que la femme reste dans le monde et que le mari le quitte ; s'ils veulent trouver leur récompense dans la vie éternelle ; car si cette séparation se fait sans prudence ni sagesse, ce n'est plus une hostie, mais un vol. C'est pourquoi, ceux qui sont unis légalement par un lien charnel, doivent vivre ensemble dans un parfait accord ; et l'un ne doit pas se séparer inconsidérément de l'autre sans son consentement, ni sans l'autorisation et la disposition du pouvoir ecclésiastique ; comme il est écrit dans l'Evangile : Que l'homme ne sépare pas ce que Dieu a uni. Que signifient ces paroles? Dieu dans la création de l'espèce humaine, prit la chair de la chair, et il les unit en un tout, agissant ainsi, de peur que ce lien ne fût brisé inconsidérément. Comment ? Car il en sera ainsi dans l'union de l'homme et de la femme, que la chair s'unira à la chair et le sang au sang, par une disposition légale, de peur qu'ils ne se séparent l'un de l'autre, par une précipitation insensée, si ce n'est pour une juste cause, ou une dévotion raisonnable de l'un et l'autre conjoint; car Dieu, dans le secret de sa sagesse, a disposé avec bonté cette union de l'homme et de la femme pour la propagation de l'espèce humaine. Et, parce qu'il a ainsi institué honorablement ce lien, que la honteuse cupidité de l'homme ne le sépare pas en deux parties, et que l'une ou l'autre de ces deux parties ne mêle pas son sang à une autre source, parce que, de même que Dieu a ordonné à l'homme de ne pas être homicide, ainsi également il a ordonné à l'homme de ne pas séparer son sang de sa propre chair, par le crime de la fornication. Aussi, que l'homme réprime l'ardeur de sa cupidité, et qu'il ne communique pas sa flamme à un autre foyer, parce que, si cette volonté ardente s'est enflammée à la chaleur d'une autre volonté, avec la concupiscence d'un sujet plus puissant ou plus faible : véritablement alors, avec le désir de leur âme et les embrasements passionnés de leur esprit, ils s'unissent intimement l'un à l'autre. Car l'œil extérieur qui voit, excite la chaleur intérieure qui s'enflamme. Et bien que le corps n'opère pas le péché avec l'autre corps, cependant la volonté vivante accomplit I'œuvre de l'embrasement en eux, de telle sorte que toutes leurs entrailles sont émues, à cause de leur sentiment intime. C'est pourquoi, que les barrières de l'homme extérieur soient gardées par une surveillance si étroite, que l'homme intérieur ne soit pas blessé par une négligence coupable. Et comme tu vois que ces trois splendeurs se répandent au loin, autour de la même image : cela indique, qu'en l'honneur de la suprême Trinité, les trois précédentes institutions ecclésiastiques consolident partout, en l'environnant de toute part d'une manière merveilleuse, la bienheureuse Eglise, par l'accroissement des germes qu'elle produit, et par la diffusion des heureuses vertus. C'est pourquoi, elles montrent aussi de nombreux degrés, des échelons bien ordonnés en l'Eglise : ce sont les divers ordres, tant séculiers que réguliers, par lesquels la même Eglise conduit à la vie éternelle, par la bonté des mœurs et la discipline des vertus, ses fils qu'elle élève avec un respect plein de suavité. Comment ? Parce qu'elle leur apprend à mépriser les choses terrestres, et à aimer les biens célestes. Que signifie cela ? C'est que les préceptes légaux, qui ont été institués pour eux, il les remplissent fidèlement dans leur amour de Dieu. Mais, de même qu'il est un Dieu en trois personnes, ainsi également ces trois ordres précédents ne forment qu'une seule Eglise, dont le fondateur est celui qui est l'auteur de tous les biens. Tout ce qu'en effet il n'a pas planté, ne saurait durer. De là, une institution que lui-même n'a pas établie, doit tomber en de graves erreurs. Comment ? Parce que Dieu n'a pas institué celles qui s'efforcent, au souffle de l'orgueil, de monter vers les sommets ; et qui ne veulent pas se soumettre à leurs supérieurs. Cela arrive lorsque un ordre inférieur essaye de s'élever au-dessus d'un ordre supérieur, qui a été constitué de par ma volonté, d'après le conseil antique des premiers maîtres ; et lorsque d'aucuns, par les divers signes de leur vêtement, veulent se répandre, pour qu'on les imite dans leur manière d'être, comme ils le pensent dans leur folie comme si l'ordre des anges voulait s'élever au dessus de l'ordre des archanges. Et que serait-ce ? Ils tomberaient dans le néant, ceux qui voudraient, dans leur vanité, mettre la division parmi les ordres établis justement par Dieu. [2,5,70] Mais cela ne peut être, que Dieu veuille être invoqué par ceux qui varient sans cesse dans leur folie, et veulent toujours innover dans leurs intentions, et qui s'entêtent dans leur science, à propager ce qui naît dans leur esprit, abandonnant la voie bien tracée, et l'arche bien achevée des anciens Pères, qui provient de l'inspiration de l'Esprit Saint. De là beaucoup d'entre eux abandonnent, dans leur orgueil étrange, les institutions reconnues, que l'Eglise tient des anciens Pères, et ils font cela dans les schismes nombreux de leurs diverses institutions. Car eux-mêmes, dans leurs nombreuses évolutions, veulent passer pour des arbres qui portent des fruits nombreux ; mais ils ne peuvent même pas s'assimiler à des roseaux fragiles, comme il est prouvé par mon bien-aimé Jean, à propos de celui qui est rejeté, parce qu'il se flétrit dans le temps comme il est écrit : Je connais tes œuvres, et je sais que tu n'es ni froid ni chaud. Plût à Dieu que tu fusses froid ou chaud. Mais, parce que tu es tiède, je commencerai de te vomir de ma bouche. Que signifient ces paroles ? Ô insensé, qui restes honteusement dans ta lâcheté ! Moi qui connais les secrets, je vois d'un œil clairvoyant toutes les œuvres de tes désirs, parce que tu n'évites nullement les œuvres qui proviennent du foyer de lumière ; et que tu n'abandonnes pas tout à fait les œuvres qui sont pour moi toutes de glace. Comment ? Car tu n'es pas tout à fait froid dans les mauvaises œuvres, et tu n'es pas tout à fait ardent dans les bonnes. actions ; mais en toute chose, à cause de l'instabilité de ton esprit, tu es incertain, comme le vent tiède, sans qu'on puisse savoir qui tu es, car tu ne mérites pas la peine destinée au mal, et tu ne considères pas, dans le bien, la digne récompense. Comment ? Car tu veux pénétrer à une si grande profondeur, que tu ne peux atteinre le fond ; et tu veux gravir un sommet si escarpé, que tu ne peux parvenir au faîte. Oh ! il vaudrait mieux pour toi, que tu t'estimasses un serviteur inutile et un pêcheur, que de considérer à peine les sentiers de la justice. Car, si tu étais (complètement) éloigné des bonnes œuvres, tu comprendrais que tu es un pêcheur; ou bien, si tu t'écartais des œuvres mauvaises, tu conserverais quelque espoir de vie. Mais maintenant, tu es comme le vent tiède, qui n'apporte pas l'humidité aux fruits, et ne leur donne pas la chaleur. Tu es en effet celui qui commence, et non celui qui achève ; car tu effleures le bien en le commençant, mais tu n'en jouis pas dans son perfectionnement ; comme le vent qui souffle à la face de l'homme ; et non comme la nourriture qui le rassasie. Et qu'est-ce qui vaut mieux, un vain son ou un ouvrage parfait ? Mais l'ouvrage parfait est toujours préférable à l'œuvre vaine. Et c'est pourquoi agis dans le silence de l'humilité, et ne t'enorgueillis pas dans la superbe ; car ceux-là seront comptés pour rien, qui dédaignent la société sanctifiante de ceux qui m'aiment, dans une complaisance pleine de suavité; car ils poursuivent, dans un sot orgueil, ce qu'ils dédaignent d'accomplir, dans un esprit de douce mansuétude. Que si, par un commencement de droiture, tu tentes de pénétrer la force de mes paroles, qui donnent la nourriture (spirituelle) aux fidèles ; et si alors, t'engourdissant dans cet état, et ne manifestant à ceux qui vivent avec toi aucun esprit de justice, tu tombes dans un état pire : alors moi, à cause de la tiédeur de ta négligence, je commencerai à te rejeter, en te chassant par la même vertu de mes paroles; parce que, ne montrant aucune douceur de suavité, pour l'efficacité de ton œuvre, tu n'aspires pas aux biens intérieurs (qui proviennent) de la bienheureuse retraite. Et ainsi, tombant dans l'abjection tu seras dédaigné, comme cette nourriture qui, à cause de son goût insipide, est rejetée de la bouche de l'homme, avant de devenir son aliment. Mais quoi maintenant ? Les vents volent en effet et leur murmure résonne ; mais ils ne jettent pas de racines et ne produisent pas de germes. Car, ceux qui devraient se soumettre à mon joug sont lâches et ne veulent pas se plier à la discipline. Pourquoi cela ? Ils ne veulent pas rentrer dans la voie droite, et ils élèvent, pour eux-mêmes, bien des demeures inutiles. Car, ces hommes, n'ayant aucune ardeur pour la justice, mais se reposant en eux-mêmes, n'ont aucun zèle pour la loi établie pour eux, et n'agissent pas selon les coutumes de leurs anciens pères ; mais chacun d'eux introduit en lui-même quelque singularité, et se fait une loi selon sa volonté ; s'élevant ainsi, pour voler, dans ses propres pensées et sa grande instabilité, par son orgueil superbe. Et, parce que ceux-ci n'adhèrent pas à l'alliance étroite de leurs pères : toujours changeants et informes, ils errent çà et là dans leur étrange instabilité, selon leur volonté propre. C'est pourquoi je les compare à des artisans insensés qui, voulant élever dans les airs un grand édifice, n'imitent pas la prudence de ceux qui, bien munis de tous les instruments, et ayant mené à bien de nombreux plans d'édifices, connaissent tout ce qui est nécessaire à la construction, et savent bien disposer tous leurs instruments ; mais eux, ignorants et dépourvus, se confient en eux-mêmes, parce qu'ils veulent être plus sages que les autres ; et ils disposent de telle sorte leurs édifices, qu'ils ne peuvent résister à la tempête et qu'ils sont renversés par les vents ; car ils ne sont pas construits sur la pierre, mais sur le sable. Ainsi agissent ceux qui, dans leur orgueil, se confiant en eux-mêmes, veulent paraître plus prudents que leurs anciens pères, et ne pas marcher selon leur règle, mais établissent pour eux-mèmes, dans leur grande instabilité, des lois selon leur volonté ; et c'est pourquoi ils sont fréquemment agités de tentations diaboliques, et tombent dans le péché ; car, ils s'appuient, non sur le Christ, mais sur l'instabilité de leurs mœurs. Aussi, de peur que l'inspiration du St-Esprit, qui agissait dans les anciens pères, s'évanouisse, je voudrais que pour l'homme fidèle il lui suffit, dans son humilité, de ce qui a été institué, pour lui, par ses prédécesseurs ; de peur que, s'il faisait vainement plus qu'il ne devrait rechercher humblement, dans la suite, devenu tiède, il ne tombât dans la confusion ; comme il est écrit dans l'Evangile : Lorsque tu seras invité aux noces, ne t'assieds pas à la première place, de peur qu'il n'ait un invité plus honorable que toi, et que, survenant celui qui t'a invité ainsi que le plus digne, il ne te dise . Donne ta place à celui-ci, et qu'alors tout couvert de honte, tu ne sois obligé d'occuper la dernière place. Que signifie cela ? Lorsque, par l'inspiration d'en haut, tu auras été averti, à cause de tes labeurs fidèles, de venir vers ce tabernacle qui abonde toujours de la vie nuptiale, de telle sorte qu'il puisse se réjouir sans cesse dans la sincérité, l'honneur et la sanctification, dans sa tige vierge et sa bienheureuse mère l'Eglise ; et qu'il ne s'attriste pas dans la corruption, la confusion et la déjection de son germe et de sa fleur : alors réprime ton esprit par l'humilité et ne l'exalte pas dans son orgueil. Comment ? [2,5,80] Lorsque, par amour de Dieu, tu auras éloigné de toi les soucis du siècle alors, comme une fleur très belle, tu germeras pour fleurir dans la Jérusalem céleste, sans aridité, avec le fils de Dieu, dans lequel resplendissent tous les ornements des âmes ; parce que le vieil homme porte en lui toutes les abominations des hommes ; mais l'homme nouveau élève tout édifice de sanctification des vertus. Et c'est pourquoi, lorsque tu seras parvenu à cette sanctification, rougis d'imiter, par le désir de vaine gloire, l'antique serpent, qui s'est précipité lui-même du lieu de la béatitude. Qu'est cela ? Si tu vois quelqu'un plus honoré que toi, prends garde, par la cupidité de ton esprit, de t'élever au-dessus de lui, en disant : Je veux être au-dessus de lui ou comme lui. Que, si tu t'exaltes de la sorte, est-ce que tu es un serviteur fidèle, lorsque tu provoques le Seigneur à la colère et que tu t'opposes à sa volonté ? mais, si tu comprends que quelqu'un est meilleur que toi par nature, par la grâce ou par la fortune, et si tu lui portes envie : alors tu ne suis pas la voie droite, mais tu marches par des sentiers détournés. C'est pourquoi applique toi à servir Dieu dans l'humilité et à ne pas t'enorgueillir dans la superbe ; et ne t'élève pas, par la vanité de la dissimulation, au-dessus de celui qui, d'après une épreuve équitable, est enflammé d'un plus grand désir de la vie éternelle que toi; ainsi invité, à cause de son amour des biens célestes, à gravir le sommet de cette béatitude, de la part de celui qui manifeste la vérité à ceux qui l'aiment ; de peur que, survenant celui qui vous a appelés par une bienheureuse inspiration dans son regard qui sait tout, toi pour servir dans l'humilité et lui pour le don de charité, il te juge dans sa justice équitable en disant : Toi (lui) dans un fol orgueil t'es élevé à ce sommet qui n'est pas pour toi, laisse ta vaine gloire et donne à mon bien-aimé cette place d'honneur que tu as prise témérairement, pour remplir le rôle de serviteur. Et qu'en serait-il alors de toi ? Car si tu étais repoussé de la sorte, tu commencerais à connaître, dans l'affliction et dans la tristesse, l'extrémité de l'abjection, et à te faire horreur à toi-même, à cause de ton abaissement ; parce que le gardien des âmes t'enlèverait l'honneur étranger, que tu aurais ravi frauduleusement, en t'opposant à lui, pour tenter de prendre témérairement ce que tu ne saurais avoir. C'est pourquoi, après t'avoir enlevé ce que tu voulais posséder, il te serait donné ce que tu ne voulais avoir. Il en est ainsi pareillement, lorsqu'un ordre mineur s'élève au-dessus d'un ordre majeur : par mon juste jugement, il est supprimé ; parce que je ne veux pas que devant mes yeux, l'orgue'il ne soit toujours confondu. Car, si une servante veut s'élever au-dessus de sa maîtresse : elle est d'autant plus méprisée qu'elle tente de faire ce qu'elle ne saurait désirer. C'est pourquoi, ceux qui se font des lois selon leur cœur, et en cela ne cherchent pas ma volonté, en retirent plus de désagréments que d'avantages, comme mon Fils en rend de nouveau témoignage dans l'Evangile, lorsqu'il dit : Tout arbre que n'a pas planté mon père céleste sera déraciné. Que signifie cela ? Tout germe de science, du cœur, de l'esprit et des mœurs, qui surgit en vertu de cette fécondité de la nature par laquelle l'homme vit, lorsque l'homme le sème dans lui-même de telle sorte que, dans la suite, bouillonnant de chaleur, il s'unisse à lui comme il le veut ; c'est-à-dire transporté dans l'exaltation de son esprit, dans l'impétuosité de la chair, dans la superfluité de l'humeur, dans les diverses occasions ou dans les vicissitudes de l'acte, allant imprudemment des sommets aux abîmes, sans distinguer le fondement, et méprisant de savoir s'il est utile ou inutile : ce germe sera véritablement détruit par un jugement équitable, parce que le Père qui habite les cieux et qui est le principe de toute justice, n'a pas fait une telle plantation, et c'est pourquoi, déracinée, elle se dessèchera, parce qu'elle ne croît pas par la rosée du ciel, mais elle provient des humeurs de la chair. Comment ? Parce que l'homme, accomplissant cette œuvre en vertu de sa folle science, ne veut considérer ni la justice, ni la volonté de son Créateur; mais il regarde toujours vers celui qui agite infatigablement la roue de sa chair. Car, de ce que par les hommes, lorsqu'ils ne veulent pas reposer attentivement leur regard sur Dieu, le bien est parfois entrevu dans la déception de leur esprit : toutefois, si le St-Esprit ne réchauffe par son inspiration cette (œuvre humaine), elle périt misérablement, car la vaine gloire passe. Lorsque, en effet, les hommes vains sont affligés, d'un côté, par l'ennui : ils sont tout transportés, d'autre part, de la vaine gloire, en s'exaltant par l'orgueil, l'émotion et l'esprit de jalousie, et se querellant fréquemment dans le chagrin, l'indignation et la contradiction (qui proviennent) des autres règles posées par moi ; bien plus, à cause des autres biens qui n'engendrent que le dégoût, ils se tourmentent les uns les autres, dans l'ardeur du désir qu'ils éprouvent de progresser de jour en jour. Car, ce qui découle de moi, s'accroissant sans cesse dans ceux qui persévèrent, et ne rétrogradant jamais par son instabilité, est d'une grande douceur et d'une merveilleuse suavité pour l'âme. Et celui-là est heureux qui, se confiant en moi, repose non en lui, mais en moi, son espérance, ainsi que le commencement et la fin de ses œuvres. Quiconque agit ainsi ne tombera pas ; mais celui qui voudra se maintenir sans moi tombera en ruines. Et quels sont ceux qui veulent se transformer eux-mêmes, pour la vaine gloire, et qui se confient en eux-mêmes, dans l'ennui qu'ils éprouvent de mes préceptes ? Certes, je ne dois pas être méprisé dans mes dons, ainsi qu'un vieux vêtement qui est à charge aux hommes ; et les dons que je fais aux âmes simples sont toujours nouveaux, et d'autant plus chers qu'ils sont plus anciens. C'est pourquoi, ce que pensent les hommes en eux-mêmes, sans mon inspiration, pour satisfaire la vanité de leurs mœurs, s'évanouit dans leurs vains calculs ; et, bien, qu'ils paraissent parfois se maintenir au regard des hommes, cependant, rejetés loin de mes yeux, ils sont devant moi comme le néant, ainsi qu'il est écrit dans l'Evangile : Abandonnez-les, ils sont aveugles, les guides des aveugles. Mais si l'aveugle confie sa conduite à un aveugle, ils tomberont tous les deux dans le précipice. Que signifient ces paroles ? Abandonnez, ceux qui sont pervers dans leurs actions, pour qu'ils se perdent dans leur perversité ; car ils ne veulent pas se corriger, en vue des œuvres bonnes et droites. [2,5,90] Et parce que, dans leur estimation, ils se nomment justes, bien qu'il s ne soient que vains dans leurs actes, ils deviennent aisément aveugles, car ils ne veulent pas marcher dans la voie de la justice; et ils proposent de préférence la voie de l'iniquité à celle de la vérité, aux hommes, qui se hâtent dans leurs œuvres mauvaises. De là, ceux qui, de cette manière, n'ont pas la vue droite, estiment qu'ils sont dans la vérité, lorsqu'ils sont plongés dans l'erreur, et qu'ignorant la véritable doctrine, ils enseignent une fausse justice. Les uns et les autres tomberont dans l'abîme du désespoir, parce que ni les uns ni les autres ne savent où ils vont. Mais, de toutes ces choses, j'en rejette parfois quelques-unes, devant les hommes, dans ma colère ; et parfois, j'en tolère d'autres secrètement dans ma vision instinctive ; mais cependant, pour l'établissement de ma justice équitable, je venge ces choses dans l'avenir. Et c'est pourquoi, que celui qui est fidèle s'efforce de gravir les sommets de la vertu, et de ne pas se rabaisser vers la terre. Comment ? Celui qui est dans un rang inférieur peut monter à un rang supérieur ; mais celui qui est dans les grandeurs ne peut se rabaisser vers les rangs inférieurs. Pourquoi cela ? Les préteurs, en effet, peuvent parvenir au gouvernement, les gouverneurs s'élever à la royauté; mais il ne convient pas aux rois de descendre au rang des gouverneurs, ni à ces derniers de s'abaisser à celui des préteurs. Car si les rois se soumettaient aux gouverneurs et les gouverneurs aux préteurs, tout le peuple s'indignerait violemment et les tournerait en ridicule. Ainsi, ceux qui sont dans le siècle peuvent suivre la voie (des prêtres), et ceux qui marchent dans cette voie peuvent imiter ceux qui sont le parfum vivant et qui font vœu de régénération spirituelle ; mais ils ne peuvent se ravaler vers les biens du siècle. Que si, ceux qui sont le parfum vivant, faisant vœu (de suivre) le chemin de la régénération, s'abaissent au rôle inférieur, ou si les réguliers passent aux séculiers, hélas ! hélas ! hélas ! diront sur eux les âmes des justes, et ils tomberont devant moi dans l'abjection, à moins qu'ils ne fassent une digne pénitence. Car si le degré supérieur tombe sur l'inférieur, les deux seront détruits. Il en sera ainsi de ceux qui quittent le droit chemin pour rétrograder en arrière. Car celui qui s'est revêtu de mon Fils peut-il trouver plus splendide vêtement ? Non jamais ! non jamais ! Réjouissez-vous donc en votre Père ; car je vois souvent des grands parmi les petits, et je découvre des petits parmi les grands; car l'orgu'eil abaisse et l'humilité élève. De là, ayez parmi vous la paix, la charité et l'humilité comme les âmes des justes avec les anges, et les anges avec les archanges. Car les âmes des justes ne jalousent pas le rôle des anges, et les anges la gloire des archanges. Pourquoi cela ? Les archanges, dans une grande nécessité, manifestent les faits extraordinaires ; mais les anges, dans les fréquentes vicissitudes, interviennent dans les petites choses ; et le peuple fidèle obéit humblement. Et chacun joue fidèlement son rôle. Comment ? Ceux qui sont le parfum vivant, qui se vouent (à suivre) le chemin de la secrète régénération, lorsque l'église se trouve soudain dans une grave nécessité, interviennent, comme les archanges, pour rétablir l'ordre des choses ; et ceux qui selon le rôle qui leur a été attribué, doivent les aider dans leur mission, agissent en cela comme les anges, dans une ferme détermination, pour des raisons fréquentes ; et les hommes qui désirent parvenir à la souveraine béatitude, acceptent fidèlement leurs paroles. Car, ceux qui sont le parfum vivant, faisant vœu (de suivre) la voie de la secrète régénération, sont comme le grain qui est la nourriture frugale et forte des hommes ; et de même, le peuple qui m'appartient, se montre dur et intraitable pour l'attrait des choses séculières. Mais leurs auxiliaires, dont il a été parlé, comme les fruits qui sont d'une saveur suave à ceux qui les goûtent, par l'utilité de leur office, se montrent très agréables aux hommes. Et le simple séculier est comme la chair, dans laquelle se trouvent des oiseaux chastes ; car ceux qui sont dans le siècle, vivant charnellement, procréent des fils, parmi lesquels cependant il y a des imitateurs de la chasteté, à savoir les veufs et les continents qui s'élèvent aux désirs célestes, par l'attrait des saintes vertus. Or ces ordres de l'institution ecclésiastique marchent sur deux voies. Comment ? Celle des séculiers et celle des réguliers. Comment ? Comme le jour et la nuit. Qu'est-ce que cela ? Le jour possède la clarté du soleil et la sérénité de l'air transparent: ce qui indique que les hommes spirituels ont, parmi eux, l'ordre du parfum vivant qui se voue à la secrète régénération, et l'ordre de leurs auxiliaires. Mais la nuit possède la lumière de la lune et des étoiles et l'obscurité de l'ombre ténébreuse : ce qui indique que parmi les hommes du siècle, il y a les justes qui brillent dans leurs œuvres, et les pécheurs qui sont plongés dans l'obscurité de leurs crirnes. Mais celui qui abandonne la nuit du siècle pour se tourner vers le jour de l'esprit, par amour de la vie, doit rester ferme dans sa résolution, de peur que, en retournant en arrière, il ne devienne semblable à l'ancien Adam, qui transgressant le précepte de vie, fut plongé dans les misères du siècle. [2,5,100] C'est pourquoi, que nul ne se hâte de quitter le monde, et de signer audacieusement mon pacte, de par sa volonté, avant de s'être soumis à un mûr examen ; car, celui qui s'attache à la tunique de mon fils, je ne veux pas qu'il l'abandonne. Et celui qui s'est revêtu de son incarnation et a pris dans ses mains sa croix, il ne convient plus qu'il abandonne son Seigneur. C'est pourquoi, fais attention à ces choses. L'homme qui dans la volonté de son cœur s'est déterminé, et dans la dévotion de son âme a fait vœu de porter mon joug, dans le mépris des biens du siècle ; s'il a en même temps, dans l'ardeur de son cceur, par la volonté de son âme désireuse, pris le signe de religion, avec une intention juste : qu'il y persévère, de peur que, s'il venait à le mépriser, il n'eût à subir un jugement sévère. Pourquoi ? Car il mépriserait ainsi celui dont il a pris le signe ; comme les Juifs le méprisèrent, lorsque, dans la folie de leur incrédulité, ils le clouèrent sur la croix. Et de même que les Juifs n'hésitèrent pas devant ce forfait : ainsi lui-même ne craindrait pas de renier sa passion, en rejetant son vœu. Car ce que l'homme me promet, il doit le tenir, comme David en rend témoignage, lorsqu'il dit : J'entrerai dans ta maison en vertu des holocaustes, et je t'offrirai les vœux que distilleront mes lèvres. Que signifient ces paroles ? Par l'intention d'un acte juste et bon, j'entrerai, ô mon Dieu, dans la constitution de ta grâce très sainte, en abandonnant, dans un désir ardent, le lit de ma volupté ; de telle sorte qu'il n'y aura rien de plus doux pour moi que d'aspirer vers toi, le Créateur de toutes choses. Et, pour cela, je t'offrirai les vœux que profèreront mes lèvres avec mon âme ; car je veux accomplir ce que je t'ai promis dans un ardent désir et un esprit de justice, c'est-à-dire, diriger vers toi mes actes, car j'ai transgressé follement ta loi. Mais, maintenant, par ton secours, je veux éviter le mal et faire le bien ; car la raison et l'intelligence qui luisent en moi, aspirent davantage vers toi, ô Dieu vivant, par une vie de pénitence, qu'à l'imitation du démon, par la folie de la contradiction à tes lois. C'est pourquoi, ô homme, lorsque tu m'offriras de cette manière ton cœur, considère de le faire avec prudence. Car mon œil voit lumineusement ou se porte la volonté de l'homme. Et ce qui m'appartient, je le réclame scrupuleusement. C'est pourquoi, ô insensés et plus qu'insensés, comment vous imposez-vous de si grandes charges, pensant qu'il est si facile d'abandonner votre volonté charnelle ? En effet par la loi qui vous est donnée, en vertu de mes préceptes, vous n'êtes pas contraints d'abandonner le siècle, à moins de vous être éprouvés auparavant par de multiples labeurs, de telle sorte que vous puissiez imposer un frein aux désirs charnels qui s'éveillent en vous. 105 Mais, vous êtes comparables au vent tiède, car lorsque la vaine gloire enfle votre esprit, alors, à la suite de quelque contrariété, vous parlez ainsi : Je ne veux plus travailler dans le siècle, mais je délibère de le fuir promptement. [2,5,110] La traduction française fait défaut. [2,5,120] La traduction française fait défaut. [2,5,130] La traduction française fait défaut. [2,5,140] La traduction française fait défaut. [2,5,150] La traduction française fait défaut.