[1,0] INSTRUCTIONS - Livre premier. [1,1] PRÉFACE. Notre préface montre le chemin à l'errant, et le bon refuge, quand viendra la fin du monde, la vie éternelle : et les cœurs ignorants ne le croient pas. Moi, pareillement, j'ai erré longtemps; je fréquentais les temples, mes parents étant eux-mêmes des ignorants. Dieu m'a enfin sauvé de là, quand j'ai lu dans la Loi (j'atteste le Seigneur) : « Je plains la foule des cités ». Elle ne sait pas qu'elle va, pour sa ruine, chercher des dieux inertes; aussi, moi qui sais, j'instruis dans le vrai ceux qui l'ignorent. [1,2] LA COLÈRE DE DIEU. Dans la Loi, le maître du ciel, de la terre et de la mer, a enseigné : N'adorez pas, dit-il, des dieux sans la vie que vos mains ont fabriqués de bois ou d'or, de peur que ma colère ne vous détruise à cause de cela. Les hommes, avant Moyse, barbares, vivant sans loi et ignorant Dieu, priaient des rois morts et, à leur image, sculptaient de vaines idoles. Quand les Juifs furent ramenés de la terre d'Egypte, le Seigneur leur imposa la loi bientôt après et ordonna de le servir lui seul l'Omnipotent, non les dieux. Cette loi enseigne aussi la résurrection et l'espoir fortuné de vivre à nouveau dans l'éternité, si l'on abandonne les vaines idoles et leur culte. [1,3] LE CULTE DES DÉMONS. Le Dieu tout-puissant, ayant achevé l'ornement du monde, voulut que cette terre fût visitée par les anges, et ceux-ci, étant partis, méprisèrent ses lois. Si grande était la beauté des femmes qu'elle les fléchit, en sorte que s'étant souillés ils ne peuvent revenir au ciel. Rebelles à cause de cela, ils lancèrent des paroles contre Dieu. Aussi le Très-Haut envoya sur eux sa sentence. On dit que de leur semence naquirent les Géants : ceux-ci inventèrent les arts sur la terre, et la teinture des laines et tous les métiers. Les mortels les dressaient morts en statues, mais le Tout-Puissant, parce qu'ils étaient de semence mauvaise, ne voulut pas les recevoir une fois morts. C'est pourquoi maintenant ils vagabondent et torturent bien des corps. Vous les honorez grandement aujourd'hui et vous priez ces dieux. [1,4] SATURNE. Si le vieux Saturne est dieu, quand un dieu vieillit-il? Ou s'il était dieu, pourquoi dévorait-il ses enfants? Secoué de teneurs, il n'était pas un dieu; aussi mangeait-il, dans sa rage monstrueuse, les entrailles de ses fils. C'était un roi de la terre, né sur le mont Olympe, et non un devin, mais il le disait pour qu'on le crût dieu. Il retomba en enfance, il avala une pierre à la place de son fils. Ainsi un dieu en réchappa, qu'on appelle aujourd'hui Jupiter. [1,5] JUPITER. Ce Jupiter, né de Saturne, dans l'île de Crète, dès qu'il fut adulte, priva son père de la royauté; puis il enjôla les femmes et les sieurs des nobles du pays. En outre, le forgeron Pyraemon lui avait fait un sceptre. Au commencement, Dieu fit le ciel, la terre et la mer. Mais ce redoutable Jupiter, né au milieu des temps, fut nourri à la dérobée dans un antre d'où il sortit à l'âge d'homme. Juge l'affaire! C'est l'autre qui est Dieu, non Jupiter. [1,6] SUR LA FOUDRE DU MÊME JUPITER. ÉCOUTEZ. Vous dites, insensés : « Jupiter tonne, c'est lui qui lance la foudre. » Les petits enfants jugent ainsi; pourquoi, durant deux cents années, avez-vous été des enfants? le serez-vous donc toujours? Il ne sied pas à l'âge mûr de vivre la vie de l'enfance; les jeux puérils s'en sont allés : que vos cœurs changent de même. Vous devez vos esprits aux pensées viriles. Pauvre fou, tu crois donc que Jupiter tonne, lui, né sur la terre, et nourri du lait d'une chèvre? El si Saturne l'avait dévoré... à cette époque, qui donc aurait plu maintenant, lui mort? Et puis, pourrait-on croire. qu'un dieu naquît d'un père mortel ? Saturne vieillit sur la terre et il y mourut. Jupiter, nul prophète n'annonça sa naissance et si d'ailleurs c'est lui qui tonnait, lui aussi aurait donné la Loi; les poètes trompent les naïfs avec leurs fables... Jupiter régna en Crète et il y mourut. Celui dont vous faites le Tout-Puissant, fut l'amant de Ganymède. Il aimerait encore aujourd'hui des hommes, s'il vivait. Vous priez des infâmes et vous appelez célestes ceux qui sont nés de la semence mortelle des géants. Vous entendez et vous lisez qu'il naquit sur la terre : par quoi ce corrupteur a-t-il mérité de monter au ciel? On dit aussi que les Cyclopes lui fabriquèrent le foudre. Cet immortel tenait donc ses armes des mortels. Souillé de mille crimes, parricide des siens, de votre propre autorité, vous l'avez élevé au ciel. [1,7]SUR LES SEPT CERCLES ET LES ÉTOILES. Sur le cercle du ciel, votre ignorance vous trompe, si vous croyez d'aventure qu'il faille, à cause de cela, adorer Jupiter. Saturne est là, dit-on, mais non, c'est une étoile; lui s'est enfui chassé par Jupiter. Ou bien Jupiter, le croiriez-vous dans une étoile? Lui qui mit en branle les astres, lui, l'unique créateur, il fit aussi la guerre aux Troyens et aima un oiseau mortel. Dans les astres aussi, Mars surpris avec Vénus par un mari jaloux? L'appellerez-vous un dieu ce galantin? O stupides qui pensez que des adultères du haut des astres règlent les naissances et l'ordre du monde! Exposés aux blessures el vivant eux-mêmes sous les destinées, obscènes, inquiets, batailleurs, infâmes dans leur vie, ils ont procréé autant de fils, mortels comme eux. Terribles en vérité, pauvres fous, tous les forts des sept cercles! Si vous adorez les étoiles, adorez aussi les douze signes; pareillement le bélier, le taureau, les gémeaux et le fauve lion; et l'on va jusqu'aux poissons : approuveras-tu cela, toi aussi? Loi sans loi, votre folie, agira à sa guise. Elle est pétulante et veut vivre sans frein. Vous-mêmes, ce que vous voulez sera et vous priez en vain dieux et déesses. J'ai pratiqué, au temps de mon erreur, ce que je combats maintenant. [1,8] DU SOLEIL ET DE LA LUNE. Sur le soleil et sur la lune, bien que ces astres soient présents à vos yeux, vous vous trompez : comme moi-même jadis, vous pensez qu'il les faut prier. Ils sont, en vérité, parmi les astres, mais ils ne courent pas d'eux-mêmes : le Tout-Puissant, quand il fondait toutes choses, au commencement, les a placés là-même avec les étoiles, le quatrième jour. Votre erreur l'ancien... Et à la vérité, il a ordonné dans la Loi que nul ne les adore. Vous priez des dieux innombrables qui ne promettent rien de la vie, dont la Loi n'est pas sur la terre et qui ne furent pas annoncés; quelques mauvais prêtres vous trompent,... disant que ces divinités sont de quelque secours a qui doit mourir. Approchez-vous de la Loi et maintenant confessez le vrai. [1,9] MERCURE. Allons, peignez votre Mercure avec son manteau et son casque et ses talons ailés et son corps nu. Une chose m'étonne : ce dieu qui vole avec un petit sac! Courez donc, les pauvres, les bras tendus, partout où il vole; il va vider son sac, tenez-vous prêts à recevoir. Regardez ce dieu peint; d'en haut il vous va jeter des piécettes; et maintenant dansez de joie! Pauvre, homme, n'es-tu pas fou d'adorer des dieux peints sur le bois? Si tu ne sais pas vivre, va, demeure avec les bêtes. [1,10] NEPTUNE. Neptune, fils de Saturne, est un dieu selon vous, et il porte le trident dont il enfile les poissons. Il est un dieu, la chose est claire! Préparez lui son manteau! N'est-ce pas le même qui, avec Apollon, bâtit des murs pour les Troyens? Pourquoi ce dieu dans l'indigence se fit-il maçon? N'engendra-t-il pas le Cyclope monstrueux? Ne fut-il pas adultère, lui aussi? Il n'avait donc pas de quoi vivre qu'il entra dans le bâtiment ? Ainsi, il engendra, engendré lui-même, et il mourut, autrefois. [1,11] APOLLON, FAUX DEVIN. Vous faites d'Apollon, un citharède et un devin. D'abord, il naquit d'un adultère, dans l'île de Délos; peu après, contre salaire, il se fit charpentier, et construisit des murs pour Laomédon, roi des Troyens, et il se loua aux gages ; cet homme que votre erreur proclame dieu; dans ses os brûla l'amour de Cassandre. Une vierge rusée le joua : il fut trompé, lui, le devin; avec son bâton il aurait pu la connaître fourbe; le devin remercié s'en alla. La beauté d'une vierge l'enflamma et c'est lui qui aurait du l'enflammer. Un dieu! C'est elle, c'est toi, mortel, qui devrais l'aimer le premier. Et il aima aussi de même manière la vagabonde Daphnée; et il suit la jeune fille et il veut la violer; mais le niais aime pour rien et ne peut l'atteindre à la course. S'il avait été dieu, il eût couru au-devant d'elle, à travers les airs; mais elle arriva la première à la maison et le devin resta à la porte. La foule des gentils vous égare, car ils sont des hommes de sottise. On dit aussi que, dans sa jeunesse, il paissait les troupeaux. Jouant un jour, il lança en l'air son disque, mais il ne put le retenir à temps et il étendit à terre son ami : ce fut le dernier jour de son compagnon Hyacinthe. S'il avait été devin, il eût évité la mort de son ami. [1,12] LIBER PATER BACCHUS. Vous dites vous-mêmes que Liber Pater fut certainement deux fois engendré. Né dans l'Inde, de Jupiter et de Proserpine d'abord, il fit la guerre aux Troyens, et versa son sang et il expira, comme un simple mortel. De nouveau il fut rendu au souffle de vie dans un autre ventre. Il fut conçu une deuxième fois par Sémélé, une autre prostituée de Jupiter. Il déchira, en naissant, le ventre de sa mère et elle mourut, et il fut alors enlevé et confié à Xisus qui le nourrit. Et c'est pourquoi on l'appela Dionysus, deux fois né, et c'est lui dont le culte trompeur est célébré en vain. Et ceux-là aussi fêtent Bacchus que nous voyons aujourd'hui, - - - . Ils conspirent dans le mal et affichent de feintes fureurs pour tromper les autres et leur faire dire que le dieu est présent. Ces hommes barbares vivent au plein jour comme il vivait lui-même; affolés de ce vin, que le premier il exprima de la vigne, ils lui rendent hommage dans leurs jeux. [1,13] L'INVAINCU. Si l'Invaincu, né de la pierre, est un dieu, je me tais donc; mais vous, donnez-moi le premier de tous ces dieux! La pierre prime le dieu: cherchons le créateur de la pierre. Vous le dépeignez, en outre, comme un voleur, alors que, s'il était dieu, il ne vivrait nullement de rapine. Il fut terrestre de toute façon et monstrueux, et il détournait dans son antre les bœufs d'autrui, comme faisait aussi Cacus, fils de Vulcain. [1,14] SILVAIN. Et Silvain, à son tour, pourquoi vous paraît, il un Dieu? Il vous plaît sans doute parce qu'il joue bien de la flûte? On lui fournit donc le bois! Mais le bois pourrait bien manquer. Ce maître à vendre que tu as acheté, toi-même tu es son maître. Regarde, le bois manque! Quels honneurs lui dois-tu? N'as-tu pas honte, insensé, d'adorer de telles images? Recherche Dieu l'Unique, qui fait vivre après la mort! Eloigne-toi de ceux qui sont morts de mort violente. [1,15] HERCULE. Hercule avant écrasé le monstre du mont Aventin qui volait les troupeaux d'Evandre, les hommes à l'esprit grossier et indocile, pour le glorifier, voulurent lui rendre grâces, et, en l'absence du dieu Tonnant, ils consacrèrent les victimes de Jupiter à ce vaurien qu'ils prièrent comme un dieu. En souvenir, ils lui élevèrent des autels chargés d'offrandes; or, la vieille coutume persistant, il est encore adoré. Mais Hercule n'est pas un dieu, bien qu'il ait été vaillant sous les armes. [1,16] DES DIEUX ET DES DÉESSES. Vous appelez dieux des êtres évidemment souillés de sang et vous adorez aussi je ne sais quelles déesses femelles. Dites donc, maintenant, à qui sont dus les premiers hommages : entre les deux routes rôde la mort subite. Si les destins règlent la vie, pourquoi adorez-vous un dieu ? Tu te trompes, insensé, qui va prier les Mânes et qui appelles tes maîtres des dieux que tu as forgés. Et vous adorez aussi je ne sais quelles déesses femelles, Bellone et Némésis, les déesses Furina, Caelestis, les Vierges et Vénus, eu l'honneur de qui vos femmes jouent de la croupe. Il y a encore d'autres démons dans les temples, que l'on n'a pas encore dénombrés et que l'on porte sur le cou et dont leurs fidèles mêmes ne sauraient faire le compte. On devrait les chasser au bout de la terre. [1,17] LEURS SIMAGRÉES. Ils vous trompent, ces quelques piètres scélérats et vains, qui cherchent à gagner leur vie. Ils machinent eux-mêmes dans le mystère leurs tromperies, puis, feignant d'être secoués par un dieu, ils chantent sa majesté et ils s'épuisent en grimace. Nous avez vu souvent les Duellonaires; avec quel fracas, dans leur feinte furie, ils se livrent aux débauches; ou lorsqu'ils se tailladent le dos à coups de hachette, cherchant avec leur art un remède aux maladies. Considérez que les dieux ne les inspirent pas, mais eux-mêmes, d'un esprit froid, ils composent leur rôle; pour soutirer votre argent, ils ont de telles inventions. Voyez donc qu'il n'y a là que fourberies. Ils enténèbrent le peuple suppliant et il ne sait pas qu'il court à sa perte. Une fois, mais en vain, la chose, étant ancienne, a réussi, et l'on a cru aux mensonges du devin; mais la majesté de ces dieux n'a jamais parlé. [1,18] AMMUDAS ET LE GRAND DIEU. Nous avons déjà dit bien des choses de l'exécrable superstition, et cependant nous poursuivons pour qu'on ne dise pas que nous ayons rien omis. Ammudas avait aussi ses sots adorateurs; il fut grand pour eux tant qu'il y eut de l'or dans son temple; ils inclinaient la tête sous sa divinité qu'ils croyaient présente. Mais un jour enfin, César enleva l'or; plus de divinité : enfuie ou passée dans le feu. L'auteur de la fourberie est celui qui créa ce dieu. Il trompa maints personnages et des grands par ses fausses prophéties, et voilà que s'est tu celui qui jadis prophétisait. Il proférait des mots, l'air affolé, comme si le dieu lui parlait à l'oreille. Dites maintenant vous-mêmes si ces divinités ne sont pas fausses? Avec ce prodige, combien d'hommes ce prophète a-t-il perdus? Il oublia de prophétiser comme il le faisait autrefois. Tous ces miracles du dieu ont été imaginés par des ivrognes dont la damnable audace crée les divinités. Ils promenaient leur statue et elle les faisait vivre : maintenant ce dieu aussi se tait et nul ne prophétise pour lui. Ames séduites, vous-mêmes vous voulez votre ruine. [1,19] AUX NÉMÉSIAQUES TROMPEURS. N'est-il pas honteux qu'un homme sage se laisse tromper et qu'il honore les dieux ou appelle Diane un morceau de bois? Ivre au matin, glouton et réprouvé, voilà l'homme à qui vous vous confiez; il invente et débite les sottises qui lui viennent à l'esprit; il joue gravement au devin et remplit son ventre. Ce détestable vaurien, à lui seul insulte tous les citoyens et il s'est attaché une troupe de vagabonds, pareils à lui, et ils préparent de concert le boniment qui doit illustrer leur dieu. Il ne sait pas prédire pour lui-même, il l'ose pour les autres. Il hisse, à son gré, son dieu sur sou cou ou le pose à terre; Il s'enlève et tourne de lui-même avec un bâton fourchu, et, tu crois cependant que la divinité de bois souffle sur lui. Non, vous n'adorez pas les dieux que ces meilleurs prophétisent, mais les prêtres eux-mêmes vous les adorez et vous les craignez en vain. Si tues fort dans ton cœur, fuis bien vite les sanctuaires de mort. [1,20] LES TITANS. Vous dites que les dieux Titans vous sont tutélaires et vous priez aussi sous votre toit les Muettes et les Taciturnes. Que de lares dans leurs niches! Que de statuettes du Titan ! Tous, vous adorez des êtres morts de mort violente, et vous n'avez pas lu leur loi. Ils ne parlent pas, et vous osez appeler dieux des statues fondues dans l'airain? Faites-en donc plutôt des marmites à votre usage. [1,21] AUX ADORATEURS DES MONTS. Vous dites qu'il y a des dieux de montagnes, maîtres de l'or, hommes obscurcis par le mal, qui jurez sottement par eux. Mais si un cœur pur et un esprit serein vivaient en toi, tu devrais toi-même discuter de ces dieux. Tu déraisonnes, homme, si tu penses qu'ils peuvent te sauver, te régir ou le nuire, - - -. Recherche plutôt la justice de la Loi; du salut elle porte le secours et promet l'éternité. Mais si tu suis les vanités, tu te réjouis un temps, ta joie est brève et peu après tupleures dans les profondeurs. Arrache-toi à ces dieux, si tuveux ressusciter en Christ. [1,22] XXII. LA SOTTISE DU SIÈCLE. Hélas ! je vous plains, citoyens, à ce point hébétés par le monde! L'un court aux sorts, l'autre observe les oiseaux, l'autre, méchant, verse le sang des brebis, interroge et désire entendre une réponse favorable, le cruel. Tant de chefs et de rois ont consulté sur leur destin, mais que leur a servi de connaître les présages? Apprenez, je vous en prie, le bien, citoyens; fuyez les images; cherchez tous votre salut dans la loi du Tout-Puissant. Il a plu ainsi au Maître des Maîtres dans les hauteurs que des démons vagabondent dans le monde pour notre épreuve. Et pourtant, d'autre part, il a ordonné que ceux qui fuient leurs autels deviendront célestes. Pourquoi? Je ne me soucie pas de le discuter dans ce petit livre. La loi vous l'enseigne entre autres choses, consultez dans votre intérêt! Vous êtes entrés dans un double chemin : discernez la bonne route. [1,23] CEUX QUI SE GARDENT DES DEUX CÔTES. Esclave de son ventre, tu te dis innocent; tu fais le bon garçon et tu te crois gardé de tous côtés. Malheur à toi, homme stupide, tu cherches toi-même la mort; tu veux vivre sans loi, comme un barbare; mais toi-même tu t'enfonces la hache dans la jambe, comme dit le proverbe. Tu fais l'homme simple, mais crois-tu, avec ce vin, vivre simplement, toi qui ne songes qu'à emplir ton ventre? Pauvre, dans la maison du maître tu t'assieds tout honteux, Guignant les repas, et tu négliges les préceptes de Dieu. Ou bien tu ne crois donc pas que Dieu juge les morts, toi qui te fais sottement à sa place le gouverneur du ciel? Tu veilles sur ton ventre comme si tu en était la providence, On te voit tantôt profane, tantôt pieux. Tu t'avances en suppliant de Dieu sous les yeux d'un maître. Tu sentiras dans la mort ce que devient l'homme sans la Loi. [1,24] A CEUX OUI VIVENT ENTRE LES DEUX. — J'ai cru prudent de vivre douteux entre les deux partis. — Dépouillé de la Loi, usé par les débauches de la table, tu prends de vaines précautions, homme vain. - Pourquoi? — Tu cherches l'impiété? Quoi que tu fasses, après cela, tu mourras, sache-le bien. Insensé, tu n'étais pas mort et voici, tu l'es maintenant! Tu ne sais d'où tu viens ni qui te nourrit : tu fuis le Dieu très haut, bienveillant à la vie, ton maître, lui qui préfère que tu vives. Tu nous regardes en face et tu tournes le dos à Dieu; tu te plonges dans les ténèbres quand tu crois vivre dans la lumière. Pourquoi cours-tu si souvent à la synagogue, homme double? Pour te rendre miséricordieux celui que tu renies toi même? Tu sors de là et de nouveau tu reviens dans les temples. Tu veux vivre entre les deux, mais par là tu périras. Tu dis aussi : « Quel est-il celui qui rachète de la mort? pour que nous croyions en lui, puisque là-bas il nous punit. » Il n'en va pas comme tu penses, méchant ! - Mais que sert, après la mort, d'avoir bien vécu? — Tu as beau dire, à peine mort tu seras conduit en un lieu mauvais; ceux qui croient en Christ, au contraire, en un lieu bienheureux, et sa bonté sourit à ceux quelle touche. Mais vous, les douteux, sur vous, quand vous serez sans corps, la torture! Le feu vous forcera à crier en face du Tourmenteur. [1,25] CEUX QUI CRAIGNENT ET NE CROIENT PAS. Combien de temps encore, homme stupide, veux-tu ne pas connaître le Christ? Tu fuis le champ fertile et tu jettes la semence dans le sol stérile. Tu veux rester dans la forêt où rôde le Larron. Tu dis : « Et moi aussi je suis enfant de Dieu »; et tu erres au dehors. Entre maintenant enfin dans la cour, toi qu'on a tant de fois appelé; la moisson est mûre, le temps est accompli; Moissonne maintenant; sinon, tu t'en repentiras. Aujourd'hui, si tu ne l'as fait, réunis les épis, voici la vendange. C'est à l'heure de la mort qu'il faut croire à la vie. La loi première de Dieu est le fondement de la seconde loi. et elle te désignait. Puisses-tu croire en la seconde loi. Non seulement à cause de Dieu, mais à cause de la loi même, prudemment effrayé désormais, souhaite de croire en Christ, car l'Ancien Testament le proclame. Il faut croire, en effet, qu'en lui seul, le Dieu qui mourut , tu peux ressusciter et vivre éternellement. Si donc on ne croit pas que ces choses seront, je chanterai en quelques vers dans ce livre ce qui arrivera jusqu'au jour où le coupable sera confondu dans la seconde mort. Car on peut connaître où placer de préférence l'espoir de la vie. Vous cependant, je vous exhorte à croire très vite en Christ. [1,26] A CEUX QUI LUTTENT CONTRE LA LOI DE CHRIST, DIEU VIVANT Tu repousses, malheureux, le bienfait de la discipline céleste, et tu te rues dans la mort, tandis que tu veux vagabonder sans frein. Les luxures te perdent et les brèves joies du monde par quoi, sous l'enfer, tu seras torturé, le temps éternel. Ces joies sont vaines qui réjouissent ton cœur, pauvre sot. Elles ne te ressusciteront pas une fois mort. Trente années ne peuvent encore te rendre sage? Si d'abord tu as erré, ne sachant pas, considère tes cheveux blancs. Penses-tu maintenant jouir longtemps ici d'une vie heureuse? Ici, tribulations, procès et dommages toujours, guerres ou malheurs, duplicités, vols sanglants, corps que ronge l'ulcère, et l'on gémit, l'on pleure; voici la peste, et la longue maladie qui vous tient; tu perds tes enfants, tu pleures la femme morte; partout sévit le deuil; les dignités s'écroulent de leur sommet; la maladie double la torture de la pauvreté; et tu appelles la vie, cette vie fragile comme le verre? considère que ce temps est déjà écoulé : mais dans le futur l'espoir t'est réservé de vivre sans douleur. Ils voulaient vivre certainement les tout petits enlevés, mais ils ont été privés de la vie; le jeune homme aussi sans doute voulait vieillir pour jouir dans la richesse des biens qu'il entassait, et cependant nous devons, malgré nous, laisser tout dans ce monde. Moi aussi, gentil, j'ai vécu dans un esprit pervers, el je pensais que la vie de ce siècle était la vraie vie, et comme vous j'estimais que la mort était, après le départ, la destruction de l'âme. Or, ces choses ne sont pas ainsi; mais le créateur et l'auteur du monde réclama le frère que son frère avait tué : « Impie, je te demande, dit-il, où est ton frère? » Lui, dit qu'il ne le savait pas. « Mais le sang de ton frère a crié vers moi dans les hauteurs. Tu seras donc torturé, là où tu pensais ne rien sentir; mais lui, il vivra et siégera à ma droite, il jouira des délices que toi tu as perdus, malheureux! Tu as ranimé en toi l'amour du siècle, lui l'a dédaigné, il sera immortel; mais toi tu pleureras dans le tartare. » Dieu vit certainement qui a fait vivre les morts, pour donner aux bons innocents les récompenses méritées, aux insensés et aux impies les cruels tartares. Commence à comprendre les jugements de Dieu, âme séduite. [1,27] INSENSÉ, TU NE MOURRAS PAS EN ENTIER POUR DIEU. Insensé, tu ne mourras pas en entier et mort tu ne fuiras pas le jugement, bien que tu penses ne rien sentir après ta mort. Tu seras vaincu, pauvre sot : il existe un Dieu, créateur du monde, dont on te crie que la loi vaut contre les morts. Mais toi, tète folle, qui veux vivre sans Dieu, tu juges que tu t'anéantiras dans la mort; tu le crois sottement. Le Dieu éternel n'a pas décidé, comme tu le penses, que la vie passée des morts fût oubliée. Dans sa prudence, il a créé pour nous des réceptacles de la mort. Or, après nos cendres (une fois morts), nous verrons ces choses; arrache-toi à la mort, insensé qui crois ne plus être après les funérailles; tu as donc pensé que ton Seigneur et maître ne pouvait rien. Mais ta mort ne sera pas stérile, si tu te rétractes dans ton coeur. Puisses-tu le connaître, car, après, trop tard, tu le sentiras. Tu étais le maître de ta chair : certes la chair ne te gouvernait pas; t'en voilà affranchi : elle est ensevelie. C'est justement que l'homme mortel est séparé de sa chair. Car la vue mortelle ne saurait s'élever — tel est notre abîme — jusqu'aux secrets de Dieu. Apporte donc aujourd'hui à Dieu ton hommage jusqu'au jour où tu mourras, être fragile, et crois que Christ de mort te rendra vivant. Tu dois chanter les louanges du Tout-Puissant dans l'Eglise. [1,28] LES JUSTES RESSUSCITENT. Justice et bonté, paix et vraie patience, font que nous vivons après la vie et ne gémissons pas du jugement; mais la race rusée, coupable, perfide, dépravée, se déchire en factions et vit dans la cruauté. Impie qui veux t'enrichir dans les méfaits, écoute maintenant. Regarde les juges de la terre, qui aujourd'hui dans la chair torturent les méchants : on prépare par le fer le supplice des coupables, ou on les condamne à gémir dans une longue prison. Espères-tu, à la fin, railler impunément le Dieu du ciel, le gouverneur du monde, par qui toutes choses furent créées? Tu déraisonnes, tu attaques et blasphèmes maintenant même le nom de Dieu. Il te prépare, après ta mort, un châtiment que tu n'échapperas pas. Maintenant, je veux que tu sois prudent, afin que tu n'ailles pas dans la fournaise du feu. Donne-toi donc à Christ afin que ses bienfaits te suivent. [1,29] AU MAUVAIS RICHE INCRÉDULE. Tu remets à plus tard ta conversion, riche, car tu considères trop tous tes biens auxquels inlassablement tu veux t'attacher encore. Après ces choses, dis-tu, je n'espère pas vivre une fois mort. Ingrat envers le Dieu suprême, c'est ainsi que tu juges Dieu! Dieu qui t'a créé, pauvre ignorant, et puis t'a nourri; C'est Lui qui te gagne tes biens, Lui qui gouverne tes vignes, Lui qui veille sur tes troupeaux et sur tout ce que tu possèdes, c'est Lui. Et tu ne prêtes pas attention à ces choses (sens obscur). Celui qui a fait ce ciel el la terre et les mers salées, n'a-t-il pas décidé de nous rendre à la vie dans un siècle d'or? Et si seulement tu crois, tu vivras dans les retraites de Dieu. Insensé, connais Dieu qui te veut immortel, et rends-lui des grâces éternelles dans les combats. Sa loi t'enseigne, mais préférant vagabonder, tu refuses de rien croire; aussi tu iras dans les tartares. Dès que tu auras rendu l'âme, tu seras conduit où tu te repentiras d'être : c'est là que l'on acquitte la peine éternelle de l'esprit; les souffrances y durent toujours et tu ne mourras pas dans ces lieux, proclamant alors enfin le Dieu tout-puissant, mais trop tard. [1,30] XXX. RICHES, SOYEZ HUMBLES. Apprends, toi qui dois mourir, à te montrer bon envers tous. Au milieu du peuple, pourquoi te crois-tu autre que tes semblables? Tu vas tu ne sais où et tu reviens sans savoir davantage: tu te conduis en impie, esclave de ton corps, tu as soif toujours de richesses, tu t'élèves trop haut et - - - et tu ne daignes regarder les pauvres qui sont à vos pieds et vous ne nourrissez même pas vos parents. Hélas! que les humbles malheureux fuient loin de vous. Le pauvre a vécu et il est mort, toi tu hurles dans l'ivresse. Bientôt, quand tu périras, à ton tour, tu seras possédé des furies de Charybde. Riches, vous répugnez à la discipline comme... Aux autres vous imposez la loi, mais vous vous l'épargnez à vous-mêmes. Dépouille donc ces mille défauts de la richesse, et reviens à Dieu, afin qu'il le vienne en aide partoul dans tout ce que tu feras. Frayez avec les petits, quand vous avez le temps; comme l'ormeau aime la vigne, ainsi aimez les tout-petits. La Loi de Dieu, terrible aux méchants et aux bons bienveillante, observe-la, toi, maintenant stérile! Dans le bonheur sois soumis! Dépouillez vos coeurs de fraude, riches, el prenez des coeurs de paix. Et voyez votre malheur : vous êtes les créanciers de Dieu. [1,31] AUX JUGES. Méditez les paroles de Salomon, vous tous, les juges; comme il nous réprimande d'un seul mot : « Les dons et les cadeaux, dit-il, corrompent tous les juges! » Et le même : « Le présent suit, vous aimez toujours celui qui donne. » Vienne un procès, la mauvaise cause triomphe. Je suis innocent, et je ne vous accuse pas, moi chétif, mais que Salomon retire son reproche, lui qui parle si clairement. « Le ventre est votre dieu et l'argent votre droit. » C'est Paul, l'apôtre, qui l'assure, ce n'est pas moi, homme de rien. [1,32] AUX ORGUEILLEUX. Si le lieu ou le temps sont favorables et si les honneurs t'accompagnent, sois un juge d'un nouveau genre. Pourquoi, maintenant, t'enorgueillir? Tu blasphèmes, rebelle, le Dieu par le secours duquel tu vis, tu n'y songes jamais, dans ta grande fragilité. Dans les honneurs et le lucre, avide de fortune, tu t'enorgueillis; nulle loi n'existe pour toi et tu ne te connais pas dans ta prospérité. Tu as beau tous les jours souper dans l'or avec la troupe de tes joueurs de flûte, si tu n'adores pas le Seigneur crucifié, tu es mort. Et le lieu et le temps et les honneurs te seront pardonnés, si maintenant tu crois; sinon, tu craindras à cause de cela. Mêle-toi à Christ et baisse ton cou devant lui; en lui réside tout honneur et toute assurance. Puisque le temps te sourit maintenant, sois plus prudent encore. Si tu ne prévois pas, comme tu le dois, les dernières destinées, sans le Christ tu ne pourras jamais participer de la vie. [1,33] AUX GENTILS. Gentil farouche, cesse donc de vagabonder sans pasteur. Et moi aussi qui vous conseille, j'ai de même erré, ignorant la vérité. Maintenant donc, revêtez la figure de votre Seigneur, dépouillez vos coeurs barbares et furieux; entrez dans les étables, à la crèche du taureau rustique, et là, protégés des voleurs, vous resterez dans la maison du Maître. Il y a des loups dans la forêt, réfugiez-vous sous l'abri. Tu luttes, tu déraisonnes et tu ne considères pas où tu habites. Crois en Dieu seul afin, mort, de vivre en lui et de surgir dans son royaume quand viendra la résurrection pour les justes. [1,34] ITEM AUX GENTILS IGNORANTS. La cavale au col rebelle refuse de porter le joug pour le travail; alors il lui plaît de se repaître de jeunes tiges dans les champs fertiles. Et pourtant contre son gré domptée elle devient jument laborieuse, et cesse d'être sauvage, aussitôt domptée. Gentil, homme, toi mon frère, ne sois pas une tête brûlée. arrache-toi enfin au monde et rentre en toi-même; tu n'es certainement ni brute ni bétail, tu es un homme; sois raisonnable, dompte-toi et entre dans la cour de l'étable. Les idoles que tu suis ne sont que vanité du siècle. Nos coeurs légers vous conduisent à l'abîme du châtiment. Là, l'or, l'argent, et les riches habits à pleins bras; là, on combat, puis on chante l'amour au lieu des psaumes. Tu penses que la vie est où sont les jeux et tu recherches toutes ces choses. Tu ramasses la cendre, ignorant qui cherches l'or. Aussi n'éviteras-tu pas la peste, toi qui te piques de divination. La grâce que Dieu a envoyée pour qu'elle fût lue sur la terre, tu ne la recherches pas, mais tu erres, pareil à la bête. Les siècles d'or viendront pour toi après la mort, si tu crois, et tu revivras à jamais immortellement. Tu peux savoir aussi ce que tu as été jadis : incline ton front et te donne à Dieu qui gouverne toutes choses. [1,35] L'ARBRE DE VIE ET DE MORT Pour que Adam le premier homme désobéît à Dieu. Bélial, jaloux de la créature, lui tendit un piège . Adam nous a transmis, par héritage, ce qu'il a fait de bien et de mal, lui, le chef de notre nativité; de même nous mourons par lui comme lui-même fut exilé de la vie divine par le verbe. Six mille ans accomplis, nous serons immortels. L'homme ayant goûté du fruit, la mort entra dans le monde; sur cet arbre de la mort, cherchons celui de la vie future. A cet arbre est suspendue la vie portant des fruits qui sont les préceptes; cueillez-y maintenant les fruits substantiels, vous qui croyez. Du haut de l'arbre une loi redoutable fut donnée au premier homme, el la mort survint, cette première loi ayant été méprisée. Tends la main aujourd'hui et cueille sur l'arbre vital. La loi très bonne du Seigneur, la loi seconde, procède de l'arbre; la loi première est abolie : que celui-là y goûte qui adore les dieux défendus, joies mauvaises de la vie. Crachez ce fruit; il vous suffira de savoir que cette loi existait. Si vous voulez vivre, rendez-vous à la seconde loi; fuyez la pratique des temples et les autels des démons. Tournez-vous vers Christ et vous serez compagnons de Dieu. Sainte est la loi de Dieu qui dit que les morts vivront. A lui seul le Seigneur a ordonné de chanter un hymne; évitez tous absolument la loi du diable. [1,36] SUR LA FOLIE DE LA CROIX. De l'arbre double d'où procéda la mort, j'ai dit que fréquemment la vie aussi procède. Mais la croix semble une folie à la race de l'Adultère. Le Roi de L'éternité jette l'ombre de la croix sur les cruels, en sorte qu'ils ne croient pas en lui. O les sots qui vivent dans la mort! Caïn tua son jeune frère et par là il prouva qu'il était mauvais. Et de lui on dit que naquirent les Chananéens, race d'Enoch. Ainsi se multiplia dans le monde une race impie, qui jamais ne change son coeur pour croire en la croix du Maître. Ils vivent dans l'erreur et ils prétendent vivre droitement. La première loi fut dans l'arbre; puis, la seconde, désarma la redoutable loi première, car elle porte la paix. Les méchants se ruèrent dans leur perversité farouche; ils ne veulent pas connaître le Seigneur, percé de clous : quand ils viendront à son jugement, ils le connaîtront. Mais la race d'Abel croit dès aujourd'hui au Christ bienveillant. [1,37] AUX PAÏENS QUI JUDAISENT. Quoi? Tu veux être à moitié juif, à moitié païen? Mort, tu n'éviteras pas ainsi le jugement du Christ. Tu erres, aveugle, et tu entres chez les aveugles, insensé. Or, l'aveugle ramène l'aveugle dans le fossé. Tu vas tu ne sais où et tu reviens sans savoir davantage. Ceux qui apprennent vont vers les savants pour revenir savants; mais toi, tu vas chez d'autres qui ne sauraient rien t'apprendre. Tu sors et de là tu vas vers les idoles. Demande d'abord ce qui est prescrit dans la Loi; qu'ils te disent s'il a été ordonné d'adorer les dieux. Leur pouvoir est surtout fait de votre ignorance. Mais eux étant coupables par leur faute, des préceptes de Dieu ne disent rien qu'extravagances. Et ainsi, avec eux, ils vous amènent dans le fossé, eux les aveugles. Il y a les funérailles desquelles il serait trop long de tout dire, et d'ailleurs je suis enfermé à l'étroit dans les limites de mon sillon. Le Tout-Puissant n'a pas voulu qu'ils le reconnussent comme leur Roi; lui-même il a fui loin de leur crime, car ils sont souillés de sang. Il s'est donné à nous par une nouvelle loi; c'est pourquoi maintenant abandonnés par leur Roi, ils aboient après nous. Au reste si vous placez en eux votre sepérance, vous errez en tout, puisque vous honorez à la fois Dieu et les temples. [1,38] AUX JUIFS. Eternels méchants, et récalcitrants au col roide, vous ne voulez pas vous laisser convaincre : aussi vous serez déshérités. Isaïe a dit que votre coeur était obscurci. Vous observez une loi que Moïse a brisée dans sa colère; et le même Seigneur lui a donné la loi seconde. En elle, il a mis un espoir que vous raillez, vous les insurgés. Ainsi vous serez indignes du royaume céleste. [1,39] ITEM AUX JUIFS. Vois l'image de la synagogue dans cette Léa aux yeux malades que Jacob reçut, en symbole; et cependant il servit de nouveau pour la plus jeune soeur qu'il aimait : mystère véridique et image de notre Eglise. Comprenez pleinement la parole venue du ciel à Rebccca, et tous ensemble, esprits pervertis, croyez en Christ. Ensuite, lisez l'histoire des jumeaux de Thamar; songez à Caïn, le premier laboureur, et à Abel, le pâtre, le premier, l'immaculé porteur d'offrandes qui fut, dans le sacrifice, tué par son frère. Apprenez donc par là que les cadets sont aimés du Christ. [1,40] DE NOUVEAU AUX MÊMES. ll n'est de peuple incrédule que le vôtre, impies, en tant d'endroits et tant de fois réprouvé par la parole des crieurs. Vos sabbats, le Très-Haut les méprise et vos trentièmes fêtes tout entières il les a retranchées de sa Loi, afin que vous ne lui fissiez pas les sacrifices prescrits; et il a dit qu'il mettait la pierre d'achoppement dans votre scandale. Si quelqu'un de vous ne croit pas qu'il a péri de mort ignominieuse, un autre passage de la Loi crie : « Vous verrez ensuite la vie suspendue à l'arbre et vous ne le croirez pas. » Dieu même est la vie; il a été pendu lui-même pour nous; mais vous, coeurs endurcis, vous l'outragez. [1,41] SUR LE TEMPS DE L'ANTÉCHRIST. Isaïe a dit : « Voici l'homme qui ébranle le monde, et les rois tout ensemble, et sous qui la terre deviendra déserte. » Ecoutez, puisque le prophète l'a annoncé: moi je parle sans ordre, mais je lis la loi. Alors, sachez-le, le monde finira quand il paraîtra et qu'il aura vaincu trois empereurs sur la terre. Quand Néron sera remonté de l'enfer, Elie viendra d'abord marquer les élus. Les choses qu'il dirige jusqu'à la fin - - -. Durant sept ans, la terre tremblera de toute part. Or, Elie régnera la moitié de ce temps et Néron l'autre moitié; alors Babylone la prostituée deviendra cendre dans le feu; puis, il marchera sur Jérusalem, et le vainqueur latin alors dira : « Moi aussi, je suis Christ, que vous priez toujours. » Et, à la vérité, trompés tout d'abord, les hommes le louent parce que son faux prophète fait de nombreux prodiges. En outre, pour que l'on croie en lui, son image parlera; Le Tout-Puissant permet que - - -. Les Juifs, récapitulant les Ecritures, après cela crient tous ensemble vers le Très-Haut qu'ils ont été trompés.