[10,0] LIVRE DIX. [10,1] LETTRE I. A L’EMPEREUR JUSTINIEN, AMALASONTHE REINE. Extrait. Traduction française : Denis de Sainte-Marthe, La vie de Cassiodore, 1695. Prince très clément, nous sommes unis avec votre Majesté d'une amitié si étroite, que nous avons différé jusqu'à présent de lui donner avis de la mort de notre cher fils de glorieuse mémoire, de peur d'affliger, par cette nouvelle, un Prince qui nous aime. Mais Dieu qui a coutume de tourner les afflictions en consolations, l’ayant fait à notre égard, nous avons cru ne pouvoir pas nous dispenser de vous en informer, afin que vous preniez part à notre joie. Il est à propos de confesser les bienfaits de Dieu, et de les publier-devant ceux qui nous honorent de leur amitié. Vous saurez donc, Seigneur, que nous avons élevé à la Royauté un Prince qui nous est uni et qui est capable de soutenir le poids de la dignité Royale, d'un commun conseil, de concert avec nous. Nous avons cru devoir le revêtir de la pourpre, qui est l'héritage de ses Aïeux, afin que nous trouvions de la consolation dans les avis judicieux et sages. Je supplie V. M. d'appuyer de son suffrage nos vœux et nos désirs ; et comme nous souhaitons que votre Empire jouisse de toutes sortes de prospérités, ayez la bonté de nous accorder votre bienveillance. Nous joignons au courrier qui vous apporte ces nouvelles une ambassade qui est chargée de vous demander la continuation ou même la confirmation de la paix entre nous. (- - -) La concorde sied à tous les princes; entre vous et nous, elle nous honore. (- - -) (3) La brièveté d'une lettre suffirait mal à l'expression de nos pensées. Nous avons confié à nos légats le soin de les étendre. (- - -) Veuille votre sérénité les accueillir avec sa bonté accoutumée. [10,2] LETTRE II. A JUSTINIEN, EMPEREUR, THÉODAT, ROI. Extrait. Traduction française : L.M. Du Roure, Histoire de Théodoric le Grand, roi d'Italie. Volume 2. C'est la coutume des nations que les rois fassent part aux souverains étrangers de leur avènement pour entrer avec eux dans une communion de puissance. La divine Providence m'a fait une faveur spéciale, très pieux empereur, en m’assurant d'avance de votre bienveillance par pacte qui vous unit déjà depuis longtemps à mon excellente sœur et seigneur. (2) Je ne saurais dévier, ayant pour garant le jugement qui l'a fait resplendir d'une si vive lumière, qui a établi dans ses États un ordre si admirable, et si bien affermi l'effet de ses promesses à tous. (- - -) En m'associant à ses soins, elle m'a imposé la loi de suivre avec respect ses desseins pacifiques, et d'imiter sa prudence en recherchant une amitié qui surpasse toutes les amitiés de la terre. (3) Ces sentiments entre nous ne sont pas nouveaux, et par l'histoire de nos communs prédécesseurs, vous vous souvenez que c'est une loi d'habitude que la confraternité des Amales avec l'empire, d'autant plus assurée qu'elle est plus ancienne (- - -) Daignez donc applaudir au choix de ma sœur et seigneur ; votre suffrage ne m'aura pas moins fait roi que le sien. Si vous me faites part de l’amitié que vous portez à cette princesse, c’est alors que je me croirai vraiment roi et que je serai ravi de vous être redevable de ma couronne. (4) Cependant, comme ce que nous avons à vous dire ne saurait être renfermé dans un écrit, nous chargeons nos légats, après avoir accompli les devoirs de salutation, de nous suppléer oralement auprès de votre piété. (- - -) [10,3] LETTRE III. AU SENAT DE LA VILLE DE ROME, LA REINE AMALASONTHE. Traductions françaises : Denis de Sainte-Marthe, La vie de Cassiodore, 1695 ; Jean Baptiste Targe, Histoire générale d'Italie: depuis la décadence de l'Empire ..., t. I, 1774. (1) Après la déplorable mort de mon fils d'éternelle mémoire, l'affection que j'ai eue pour le bien de l’Etat a été plus forte que les tendres sentiments d'une mère et je me suis plus appliquée à procurer votre avantage qu'à satisfaire ma douleur. J’ai pensé d'abord à me chercher la consolation et le secours de quelqu'un, qui m'aidât à soutenir les soins de la Royauté. L'Auteur de la vertu et des miséricordes, qui nous a privé d'un fils dans sa jeunesse, nous a conservé un frère dans l'âge de maturité. (2) Nous avons fait choix du très heureux Théodat pour l'associer à notre règne. Nous avons jusqu'à présent, soutenu seule le poids du gouvernement; mais à l'avenir nous travaillerons au bien public par des conseils réunis, de façon qu'agissant ensemble, il paraisse que c'est l'ouvrage d'un seul. Les astres même du Ciel sont dirigés par des causes conjointes, et ils éclairent le monde par leur union. Dieu a donné à l'homme deux mains, deux yeux et deux oreilles, pour montrer que ce qui est fait par la société de deux, est fait avec plus de force. (3) Soyez dans la joie, pères conscrits, et recommandez notre ouvrage à la vertu suprême. C'est dans le désir de ne rien faire de répréhensible, que nous avons résolu de régler toutes choses avec le conseil d'un autre. La société, dans le gouvernement, assure aussi les mœurs, parce qu'on a plus de confiance en ce qui est fait avec le concours d'un second qui participe à notre pouvoir. Avec l'aide de Dieu, nous ouvrons le Palais à un homme de notre famille, distingué par son origine ; et qui étant né de la Maison des Amales, a déjà la dignité Royale dans toutes ses actions. Patient dans l'adversité, et modéré dans la prospérité, il possède le genre de puissance le plus difficile de tous, sachant être maître de lui-même. (4) A des biens aussi désirables, il a joint l'étude des belles-lettres, qui ornent admirablement un heureux naturel. Où elles trouvent la prudence, elles l'augmentent par la sagesse : si elles rencontrent un caractère guerrier, elles le fortifient par le courage de l’âme. Par elles un Prince reçoit tout ce qui peut contenir les peuples dans un état tranquille. Il n'y a aucun bien dans le monde, qui ne puisse être augmenté par la connaissance glorieuse des lettres. (5) Mais recevez ce qui mérite particulièrement d'être estimé. Votre Prince est également instruit dans la science de la Religion, qui nous enseigne tout ce qui convient à l’homme. C'est par elle qu'on apprend à juger selon l'équité; à connaître le vrai bien ; à respecter les choses divines, et à penser au jugement à venir. Celui qui est bien convaincu qu'il rendra compte un jour de ses sentences, ne s'écartera jamais du sentier de la justice. Nous voyons que la lecture des Livres sacrés, en perfectionnant l'esprit, le porte naturellement à la piété. (6) C'est en observant cette frugalité de l'ancienne Eglise, qu'il est parvenu à se procurer les moyens de faire tant de dons et de nourrir tant de pauvres, que la Royauté même n'aura rien de nouveau pour celui qui s'est ainsi attaché à l'étude de l'antiquité. Toujours disposé à exercer l'hospitalité ; toujours attaché aux œuvres de miséricorde, plus il dépensait, et plus ses biens augmentaient par les récompenses que le Ciel lui envoyait. Chacun a dû désirer que nous fissions le choix d'un homme tel que nous l'avons éprouvé, qui, étant accoutumé à disposer raisonnablement de ce qui lui appartenait, ne fût point tenté de s'approprier le bien des autres. (7) C'est une très bonne instruction que celle qui nous enseigne comment nous devons jouir de toutes choses, parce que l'excès même de ce qui paraît bon est toujours nuisible. Réjouissez-vous maintenant, Pères conscrits, et priez les cieux pour notre grâce, puisque nous avons nommé comme prince, un homme qui exécutera à la fois les actes qui proviennent de notre justice et ceux qui appartiennent à son dévouement. Car il est mû tant par l’exemple de ses ancêtres que par celui de son oncle Théodoric. [10,4] LETTRE IV. LE ROI THEODAT AU SENAT DE LA VILLE DE ROME. Traductions françaises : L. G. du Buat, Histoire ancienne des peuples de l'Europe, t. X, 1772 ; Jean Baptiste Targe, Histoire générale d'Italie: depuis la décadence de l'Empire... p. 370, t. I, 1774 ; Hodgkin, The Letters of Cassiodorus, 1886. Eloge d’Amalasonthe. Nous vous annonçons, Pères conscrits, sous les plus heureux auspices, les bienfaits dont le Tout-puissant vient de nous combler. La souveraine qui nous gouverne avec tant de gloire, et dont la renommée remplit l’univers, a daigné nous associer au trône. Par là elle s'est procurée un secours qui lui manquait, et nous a ouvert une voie convenable pour parvenir à la couronne qui nous était due. Que toute la nation applaudisse à un événement qui relève sa splendeur ! Que les vœux secrets étouffés jusqu'ici par la crainte se fassent entendre librement ! Celle de qui partaient les dangers que j'ai courus, celle-là même est l’auteur de mon élévation. Vous avez osé murmurer en ma faveur, quoique sans ma participation, un bruit sourd qui indiquait vos désirs, attestait en même temps la contrainte que vous éprouviez. Mais il a suffi pour me convaincre des obligations que je vous ai, puisque je n'ai pu douter que vos vœux ne hâtassent le bonheur dont je jouis, et auquel je n'osais prétendre. (2° C’est plus nouveau pour moi qu’inconnu pour vous. On doit accepter totalement une grande faveur, donc, qui s’est vue offerte rapidement. Mais si jamais nous avons bien mérité de vous, et nous croyons qu'au moins notre amitié pour vous mérite quelque reconnaissance de votre part, célébrez sans cesse les louanges de notre souveraine et de notre sœur, de celle qui a voulu affermir la grandeur de son empire en nous y associant, comme les deux yeux d'un homme coopèrent harmonieusement à une vision unique. La grâce divine nous unit: notre proche relation cimente notre amitié. (3) Les personnes de caractères différents trouvent peut-être ardu de travailler en commun, mais, à ceux qui se ressemblent par la bonté de leurs intentions, la difficulté serait plutôt de ne pas travailler en harmonie. L'homme dépourvu de prévoyance peut craindre le changement de ses intentions, mais celui qui est vraiment entré dans la sagesse cherche avidement la sagesse d’un autre. (4) Cependant entre les avantages que le Ciel nous a accordés avec la majesté royale, le plus grand à nos yeux est la rigueur de l'examen qu'a fait de notre conduite la très sage princesse qui nous a choisi. J'ai commencé par éprouver sa justice, afin que j'eusse l'occasion de mériter ses bontés ; car, vous le savez, elle m'a obligé de répondre en justice à de simples particuliers ; elle a voulu que je fusse jugé selon les lois. C'est; assurément-là un exemple de sagesse qui mérite d'être connu de tout l'univers ; elle n'a point hésité à soumettre son parent au droit commun, tandis qu'elle était résolue de le mettre, dans peu au-dessus des lois ; elle a voulu sonder notre cœur avant de nous confier la censure d'un grand royaume. Elle a fait voir par-là qu'elle, était la souveraine de tous, en même temps qu'elle se mettait en état de ne me pas élever sur le trône avant de m'avoir éprouvé. O noblesse étonnante de sentiments, ô équité admirable ! Cette Princesse n'a pas hésité d'assujettir aux lois et à un jugement public son propre parent, qu'elle voulait élever à la suprême puissance, pour que sa conscience fût pure avant de lui donner l'autorité sur son Royaume. (5) Comment pourrons-nous marquer dignement notre reconnaissance pour tant de bienfaits envers une Reine, qui, après avoir régné seule pendant l'enfance de son fils, me choisit présentement pour régner avec elle ? Elle est l'honneur de tous les Royaumes, et la gloire de notre famille. C'est d'elle que je recevrai tout l’éclat dont je vais briller. Elle est l'ornement de sa Maison et même de l'humanité. Est-il des termes assez forts pour célébrer sa piété et la régularité de ses mœurs ? Si les anciens Philosophes vivaient encore, ils recevraient d'elle de nouvelles instructions, et ils reconnaîtraient qu'elle possède plus de science qu'ils n'en ont renfermés dans leurs livres. (6) Son esprit pénétrant saisit à l'instant les choses les plus difficiles ; mais elle ne parle qu'avec la plus grande réserve, sachant que c'est une vertu des Rois de comprendre facilement et de ne parler qu'après de mûres réflexions. On connaît encore son savoir dans les différentes langues qui lui sont familières, et dont elle se sert avec autant d'élégance que de précision. La Reine du Midi est venue des contrées les plus éloignées admirer la sagesse de Salomon : et ici ce sont les Princes qui doivent venir admirer cette grande Reine. Elle synthétise en quelques paroles d’infinies profondeurs de pensées, et, avec la plus grande facilité, elle exprime ce que d'autres ne peuvent former dans la langue qu’après une longue réflexion. (7) Heureuse république qui se targue de la direction d'une telle maîtresse. Il n’a pas suffit que déjà la liberté et la commodité aient été communes à la multitude: ses mérites ont obtenu le respect qui convient à la personne royale. En lui obéissant, nous suivons toutes les vertus. Moi aussi, avec un tel conseiller, je ne crains pas le poids de la couronne, et je sais que quoi qui puisse être étrange pour moi dans mes nouvelles fonctions, je l’apprendrai d'elle comme la plus sûre des enseignantes. On ne doit pas avoir honte d’exprimer la vérité pour le bien public. Reconnaissez, nobles seigneurs, que tout mon pouvoir d'utilité accrue pour l'Etat provient de cette très sage dame qui est nôtre, dont je peux soit acquérir la sagesse en posant des questions, ou la vertu en suivant son exemple. Vivez alors heureux, vivez en harmonie avec l'aide de Dieu, et émulez cette grâce de la concorde que vous voyez prévaloir entre vos souverains. [10,5] LETTRE V. A SON INTENDANT THEODOSE, LE ROI THEODAT. Traduction française : François Martroye, L'Occident à l'époque byzantine: Goths et Vandales, 1904. Nous voulons que la modération impose des limites à notre pouvoir. Plus la Providence nous a accordé de bienfaits, plus nous devons aimer l'équité. C'est pourquoi, étant constitué désormais, avec l'aide de Dieu, le gardien commun des intérêts de tous, nous devons exclure de notre esprit le souci de nos intérêts privés. Nous vous adressons donc la présente instruction, pour que personne des gens de notre maison, qui sont placés sous vos ordres, ne se laisse aller à d'insolentes présomptions. Celui-là seul pourra se dire nôtre, qui vivra en paix avec les lois. Votre devoir est d'augmenter notre réputation par votre patience. Si quelqu'un de ma maison a quelque affaire à démêler avec autrui, qu'il se soumette au droit commun; demandez protection aux tribunaux, mais n'agissez point avec une injuste présomption. Nous voulons que nos domestiques donnent l'exemple de la discipline, afin que tout le monde, voyant que nous n'accordons point aux nôtres, licence de commettre aucun excès, ait honte de mal faire. Une dignité nouvelle nous impose un but nouveau. Si précédemment nous avons pu défendre strictement nos droits, nous entendons aujourd'hui être doux et clément ; car les princes n'ont point de maison privée et nous considérons comme notre domaine propre, tout ce que nous gouvernons avec l'aide de Dieu. Exercez donc une surveillance attentive sur tous ceux qui précédemment étaient dans notre dépendance et ne leur permettez aucun excès contre la loi. Accroissez donc ma renommée par votre patience, et faites-moi parvenir des louanges plutôt que des querelles de mes serviteurs. [10,6] {sans correspondance} [10,7] {sans correspondance} [10,8] {sans correspondance} [10,9] {sans correspondance} [10,10] LETTRE X. A L’IMPÉRATRICE THEODORA, LA REINE AMALASONTHE. Extrait. Traduction française : Paul Deltuf, Théodoric, roi des ostrogoths et d'Italie: épisode de l'histoire du Bas-Empire, 1869. Notre dessein a toujours été de rendre à un grand prince les hommages qui lui sont dus ; c'est pourquoi nous vous adressons cette lettre respectueuse, à vous dont la puissance croît tous les jours. Tout en saluant votre Auguste Révérence et en l'assurant de mon affection, j'espère recevoir par le retour de mes envoyés auprès de ce prince très clément et très glorieux de bonnes nouvelles de votre santé. Votre bonheur m'est aussi cher que le mien propre (- - -) [10,11] LETTRE XI. LE ROI THEODAHAD A L’ILLUSTRE MAXIMUS. Maximus, appartenant à une célèbre famille, reçoit en mariage du roi Théodat une princesse de la famille royale ou des Amales. 1. Si c'est la gloire des grands souverains de distinguer des personnes inconnues par l’honneur, puisque les dirigeants gagnent des éloges pour la promotion de leurs sujets, comme il est plus important pour moi de rendre à une plus noble famille ce que je sais qu'elle a mérité, même par la fortune de sa naissance! Car c'est ainsi que je peux suivre la justice, en ne niant pas aux dignes héritiers des récompenses dues à leurs parents. Car ceux qui sont parvenus à vivre sous mon règne dépassent même leurs ancêtres. 2. Assurément, les temps anciens ont consacré les Anicius, une maison presque égale aux princes; la dignité de leur nom, canalisée vers toi par la fontaine du sang, rassemblant ses pouvoirs, a brillé renouvelée et avec plus de joie. Qui, alors, pourrait léguer à la postérité ceux qui ont si longtemps été remarquables pourvus d’honneurs amoindris? Ce serait la honte de notre siècle si une famille si illustre ne possédait pas les honneurs. Si seulement les Marius et les Corvinus avaient vécu plus longtemps pour moi! S’il m’avait été échu de régner sur des hommes d’un tel mérite, les espoirs du prince auraient été remplis — si seulement. Oui, comment pourrais-je, moi qui aspire aux choses du passé, négliger maintenant ce que j'ai découvert? 3. Et donc — puisse la décision être heureuse — nous te conférons à partir de la quatorzième indiction le rang de primicerius, également nommé domesticatus. Tu bénéficieras de tous les droits se rapportant à cette fonction. Bien que cet honneur puisse sembler inférieur à ton ascendance, il semble encore plus heureux que toutes tes magistratures: car c’est à mon époque que tu as acquis une épouse de sang royal que tu n'osais espérer pour votre consulat. 4. Maintenant agis afin de me rendre appréciable l'honneur que tu as sollicité. Pense à ce que tu as obtenu, et tu te comporteras comme un homme digne de ma parenté. Car celui qui est uni à la famille du souverain est placé au sein même de la gloire. La douceur est maintenant dotée d’une plus grande tâche : la bienfaisance et la courtoisie doivent maintenant être dédiées à tous, me prouvant ainsi d'avoir choisi un homme que la bonne fortune ne peut changer. Use de ta gloire avec humilité, car la louange se gagne avec modestie, la haine est suscitée par l'arrogance. En effet, la malveillance est un compagnon incontournable de l’avancement; la rivalité l’augmente toujours, mais elle est mieux surmontée par la tolérance. 5. Dépassant toutes les autres vertus, chérissez la patience, chère au sage. Élevé par moi, tu seras plus loué pour supporter que venger des torts. Surmonte la colère; apprécie la bonté. Prend garde à ce que ta bonne fortune ne semble pas supérieure à tes mœurs ; mais plutôt, lié à ma famille, montre-toi un proche parent par tes actions glorieuses. Jusqu'à présent, ta famille a en effet été louée, mais elle n'a pas été récompensée par une telle union. Il n'existe aucun moyen supplémentaire d'augmenter votre noblesse. Tout ce que tu obtiendras avec distinction te fera paraître digne de ton propre mariage. [10,12] {sans correspondance} [10,13] LETTRE XIII. AU SENAT DE LA VILLE DE ROME, LE ROI THEODAT. Traduction française : François Martroye, L'Occident à l'époque byzantine: Goths et Vandales, 1904. Les vénérables évêques qui ont été députés vers nous, nous ont quitté, emportant une réponse favorable. Nous ne nous sommes point opposé à votre requête, bien qu'elle eût quelque chose de répréhensible. Cependant, on vient nous apprendre que la ville de Rome est encore travaillée d'une folle inquiétude et qu'on s'y conduit de telle façon, que sans notre mansuétude, on y risquerait de s'attirer de réels dangers par de fausses appréhensions. La vaine légèreté du peuple, comprenez-le bien, ne peut être imputée qu'à votre ordre dont le devoir eût été de tout apaiser. Vous eussiez dû, par votre sagesse, donner l'exemple à toutes les provinces et provoquer partout des sentiments de nature à inaugurer glorieusement notre règne. Car quelle cité ne serait pas excusable, si Rome manque à ses devoirs ? On s'empresse de suivre l'exemple d'un plus puissant que soi et celui qui donne l'exemple de mal faire, est responsable à bon droit de la faute d'autrui. Mais nous rendons grâce à la divinité, car vos excès ont fait briller davantage les dons qu'elle nous a accordés. Voici en effet qu'il nous est donné de pardonner, avant d’avoir reçu la moindre marque de dévouement. Nous nous acquittons avant de rien devoir et, commençant par répandre des bienfaits, nous acquerrons pour l'avenir des droits à la reconnaissance de nos sujets. Bien qu'il y ait lieu de remarquer combien est grande notre modération en cette circonstance, nous ne voulons cependant pas être seul digne d'éloges et nous entendons que la sincérité du dévouement de Rome paraisse également. Nous attachons plus de prix à votre estime qu'à notre propre et continuelle tranquillité. Eloignez donc de vous des soupçons qui ont toujours été étrangers à votre ordre. Il n'est point convenable qu'on ait à réprimander le Sénat qui a charge de modérer les autres par de paternelles exhortations. Qui donc inspirera de bonnes mœurs politiques, si ceux qui sont les tuteurs naturels de la société, se montrent au-dessous de leur tâche ? Ces observations doivent suffire à convaincre les nobles esprits, comme nos reproches doivent suffire à ramener ceux qui ont à avoir honte de leur conduite et il est inutile d'insister pour inspirer à tous le zèle le plus dévoué. Après mûres réflexions et dans votre propre intérêt, nous avons désiré que vous vous présentiez à nous, non pour vous faire l’injure d'une contrainte, mais pour mieux vous amener à faire ce que nous avons reconnu vous convenir. Voir votre prince est certainement votre devoir et nous avons voulu que vous fassiez, pour le bien de la République, une démarche qu'on a toujours eu coutume de souhaiter, au commencement d'un règne. Mais, pour que nulle part on ne puisse penser que nous entendons remédier à une situation fâcheuse, avec la sévérité qu'elle justifierait, nous avons ordonné de n'appeler vers nous que quelques-uns d'entre vous. De cette façon, nous ne priverons pas Rome de ses principaux citoyens et nos conseils seront fortifiés par les avis d'hommes prudents et sages. Reprenez donc vos traditions de dévouement, afin de nous aider à accomplir la mission dont nous sommes chargés pour le bien de l'Etat tout entier. Vous avez toujours, en effet, eu pour principe d'offrir à vos princes l'hommage de votre fidélité et de vous soumettre au souverain, volontairement et par affection, non par nécessité et par crainte. Nous avons chargé le porteur de la présente lettre de vous fournir oralement d'autres explications, pour que, débarrassés de vos craintes et de vos doutes, vous ne puissiez plus ne pas vous rendre avec confiance à nos avertissements. [10,14] LETTRE XIV. AU PEUPLE DE ROME, LE ROI THEODAT. Traduction française : François Martroye, L'Occident à l'époque byzantine: Goths et Vandales, 1904. Il est dans vos traditions d'aimer vos maîtres avec fidélité et de mériter leur clémence par vos hommages. Le propre de vos ancêtres a toujours été de se montrer attachés à leurs princes, comme le corps à la tête. Que de nos jours également, il ne se trouve rien en vous qui puisse exciter notre indignation ! Que votre fidélité, constante jusqu'à ce jour, paraisse avec plus d'éclat en ce moment. Il ne convient pas au peuple romain d'être vain, mobile, infidèle et séditieux. Votre nom même rappelle combien ces défauts sont contraires à vos mœurs. Il est même étonnant que nous soyons forcé de donner un avertissement à votre gravité qui, d'elle-même, a toujours su n'être point en défaut. Que d'ineptes soupçons ne vous détournent point de vos devoirs ; qu'aucune ombre de crainte ne vous trouble. Votre prince souhaite, avec un zèle pieux, avoir en vous l'objet de son affection. Opposez-vous à vos ennemis, non à vos défenseurs. Vous auriez dû réclamer du secours, au lieu de le repousser. Mais votre sentiment vous vient sans doute de ceux qui comprennent peu ce qui importe à l'intérêt général. Revenez plutôt à votre propre sentiment. De quoi vous êtes-vous effrayés! Vous êtes-vous trouvés en présence d'une race d'hommes nouvelle pour vous ? Pourquoi craignez-vous ceux que, jusqu'à ce jour, vous nommiez vos protecteurs ? Ceux qui abandonnaient leurs foyers et se hâtaient de courir vers vous, n'étaient occupés que de votre sûreté. Quand, je vous prie, a-t-on fait pareil accueil à des gens qui avaient droit à toutes les avances ? En ce qui nous concerne, vous devez savoir que, jour et nuit, notre constant désir est de fortifier sous notre règne et d'accroître, s'il est possible, avec l'aide divine, l'état de choses créé au temps de nos ancêtres. Où serait donc la gloire de notre règne, si nous supportions, ce qu'à Dieu ne plaise, que vous soyez diminués ? N'allez point vous imaginer des desseins que vous voyez être si peu dans notre pensée. Bien au contraire, si quelqu'un a souffert quelque iniquité, qu'il ne se désespère point ; car notre plus vif désir est d'élever tous ceux que nous trouverons animés d'un bon esprit. Nous avons chargé celui que nous envoyons vers vous, de vous exhorter oralement afin que, comprenant combien notre pensée vous est favorable en toutes choses, vous ne puissiez point ne pas nous être sincèrement dévoués, en nous adressant les hommages qui nous sont dus. [10,15] {sans correspondance} [10,16] {sans correspondance} [10,17] {sans correspondance} [10,18] LETTRE XVIII. AU SENAT DE LA VILLE DE ROME, LE ROI THEODAT. Traduction française : François Martroye, L'Occident à l'époque byzantine: Goths et Vandales, 1904. Nous ne pouvons souffrir, Pères conscrits, que des mesures, prises par nous dans votre intérêt et sans arrière-pensée, soient rendues nuisibles par de fâcheux soupçons. Sachez donc que nos armements sont destinés uniquement à assurer votre salut et à opposer, avec l'aide de Dieu, les forces des Goths à ceux qui essaieraient de vous attaquer. Si un pasteur courageux met son troupeau à l'abri des embûches, si un père de famille diligent ne laisse point son bien exposé aux rapines, avec quelle attention ne devons-nous pas défendre Rome, qui n'a pas sa pareille dans le monde ? Pour ne pas mettre en péril les plus grands intérêts, il faut être persuadé que ne pas prévoir tous les dangers, c'est n'être pas assez diligent. Ne voulant même point que vos défenseurs soient une charge pour vous, nous avons prescrit au commandant des troupes que nous vous envoyons, d'acheter les vivres nécessaires au prix du marché. De cette façon, les troupes n'auront aucun motif de commettre des excès et toute cause de dépense vous sera épargnée. Nous avons mis à leur tête Vuaccénès, chef de notre maison, que l'éclat de ses vertus militaires fera justement respecter des guerriers. Son exemple évitera tout excès et inspirera la bravoure. De plus, nous avons ordonné que les troupes demeurent campées. Vous aurez ainsi, au dehors, une armée pour vous défendre et la tranquillité de la ville ne sera nullement troublée. Comprenez la pensée que le souci de veiller sur vous, a inspirée à votre prince. Vos défenseurs vous entourent, pour qu'une armée ennemie ne puisse vous assiéger et nous éloignons tout péril de ceux que nous défendons au prix de notre sang. Nous ne voulons point que la ville dont le seul nom a frappé de terreur les nations, soit réduite, de nos jours, à n'être protégée que par ses murailles. Nous espérons qu'avec l’aide de Dieu, celle qui fut toujours libre, ne souffrira pas l'outrage d'un siège. [10,19] LETTRE XIX. LE ROI THEODAT A L’EMPEREUR JUSTINIEN. Traductions françaises : L. M. du Roure, Histoire de Théodoric le Grand, roi d'Italie..., 1846 ; F. Martroye, L'Occident à l'époque byzantine: Goths et Vandales Flatteries, demande de sauvegarde de la paix, renvoi de l’ambassadeur Pierre avec le sien. 1. Grâces soient rendues à la Divinité, toujours amie de la concorde entre les princes, de ce que Votre Clémence a eu pour agréable notre avènement. Vous savez, en fait, que vous pouvez aimer celui dont vous vous réjouissez qu'il soit parvenu au sommet du royaume. Donnez ainsi au monde un exemple de votre bénignité pour que nous puissions voir comment progresse celui qui se recommande à vous par une affection pure. 2. En effet, vous ne recherchez pas les viles querelles pour royaume et les guerres injustes ne vous plaisent point, elles sont ennemies de la morale, car on sait que vous ne désirez rien d’autre que ce qui peut se rendre digne de votre gloire. Comment pourriez-vous refuser la paix à des suppliants, vous qui avez coutume de l'imposer aux nations furieuses? En fait, nous ne taisons pas les bonnes choses de votre concorde. Nous considérons comme éminent tout ce qui a été assigné par votre amour digne d'éloge. 3. Pour vous, cependant, qui êtes absolument admirable, vous avez quelque chose de plus, ô glorieux prince, puisque tous les royaumes vous révèrent. En effet, si les louanges sont classiques dans son propre pays, il est en tous cas exceptionnel de recevoir des éloges en pays étrangers, que nous découvrons jugements vrais où aucune crainte n’en force certains. Nul doute que vous êtes aimé, ô empereur très bénévole, dans votre propre royaume ; mais ce qui est extraordinaire c’est que vous êtes encore plus populaire dans les régions de l'Italie, où la renommée du nom romain s’est répandue, c’est un fait, dans le monde entier! Il faut, par conséquent, une paix solide avec vous, la fin, celle que vous avez glorieusement commencé à utiliser. 4. Mais il semble que nous répondons à l'égard de lettres sacrées, nous vous retournons un salut respectueux. Nous avons voulu que votre pieux sentiment, le sénat et le très saint pape fussent informés sur le champ de vos désirs, pour que l'illustre Pierre, personne très cultivée et d’une exemplaire pureté de sentiments, légat de Votre Sérénité, vous portât sans remise leur réponse et ne supportât à l’encontre de ce vœu, aucun retard inopiné. Car nous désirons faire tout pour ne point vous déplaire. Nous savons que le but de votre Piété est notre bien en toutes choses. 5. Nous avons jugé convenable d'adjoindre à votre ambassadeur, un ambassadeur à nous, pour que vous puissiez connaître nos vœux, non seulement à l'occasion de l'ambassade que vous nous avez envoyée, mais par une démarche venant de notre propre initiative. [10,20] LETTRE XX. LA REINE GUDELINE A L’IMPERATRICE THEODORA. J’ai reçu les réponses de votre piété avec une gratitude respectueuse, les paroles qui sortent de votre bouche ayant plus de prix que tous les trésors. Mon âme sereine peut tout promettre, puisque par un entretien si bienveillant, j’ai pu obtenir tout ce que je désirais. Vous m’exhortez à vous faire savoir tout ce que peut désirer le prince triomphant, notre époux. Qui douterait du succès, quand il a pour garant une puissance telle que la vôtre? Jusqu’ici nous nous contentions d’avoir foi dans l’équité de notre cause, mais maintenant nous avons une raison de plus de nous réjouir, c’est votre promesse. Car nos vœux méritoires ne peuvent en effet être différés quand ils concernent celle qui les acceptera. Achevez votre ouvrage et réalisez nos espérances, afin que l’homme à qui vous avez donné un réel espoir le concrétise. Ma joie se complète parce que Votre Sérénité m’a destiné un homme que seul votre prestige pouvait envoyer, et que vous devez garder à votre service. Car sans aucun doute, celle qui fait l’objet de toutes les attentions choisit un homme de forte personnalité, puisque, formé selon les meilleurs principes, il est évidemment fiable. Et donc, avisé par Votre Révérence, nous avons ordonné que le sénat et le très saint pape obtempérassent sur le champ à vos désirs; ainsi Votre Gloire sera promptement obéie et cela accélérera l’entreprise dont nous avons sollicité la faveur. Car pour ce qui est de la personne dont il m’est revenu quelque chose, sachez qu’on a tenu à son égard une conduite telle que nous espérons que vous en serez contente notre seul désir étant que vous ayez dans notre royaume la même autorité que vous avez dans votre empire et que vous y soyez obéie aussi ponctuellement. Je vous informe aujourd’hui que j’ai demandé au vénérable Pape d’émettre la réponse susmentionnée avant que votre envoyé, le porteur de cette lettre, puisse quitter la ville de Rome, sauf si quoi que ce soit contrarie vos vœux. En conséquence je vous apporte mon salut avec toute la déférence indispensable envers un tel mérite, j’ai pris un soin tout particulier à envoyer le vénérable Untel, homme de valeur, tant du point de vue personnalité que doctrinaire, avec la charge d’envoyé vers Votre Clémence; je crois en effet que vous accueillerez avec bienveillance ces gens que j’estime très versé dans les saints mystères. [10,21] LETTRE XXI. LA REINE GUDELINE A L’AUGUSTA THEODORA. Flatterie de Gudeline envers Théodora, pour elle et son époux Théodat. Il convient d’estimer, ô la plus sage des princesses, la force de mon désir à gagner votre faveur, dont mon seigneur mari désire aussi très âprement bénéficier. Car, bien que pour lui tout soit absolument évident, pour moi cependant, cela possède une importance toute particulière: l’amour d’une telle reine peut tant m’exalter que je me sentirai plus vaste qu’un royaume. Que peut-il en effet exister de mieux que de se voir partager la gloire de votre amour? Comme votre rayonnement est si magnifique, vous ne devez pas me refuser cette grâce, parce que les astres ne perdent rien de leurs richesses en les communiquant et que c’est même ce qui fait leur principale gloire. Votre grâce doit me recommander dans chaque domaine. En effet, vous devez me faire étinceler, car je ne veux pas resplendir d’un autre éclat que du vôtre. Par conséquent, en présentant à votre sérénité un hommage respectueux, je me recommande à votre cœur avec une audace affectueuse. J’espère que votre admirable sagesse pourra ordonner toutes choses afin que la confiance que votre cœur m’accorde, s’accroisse encore plus abondamment. Bien qu’en apparence aucune discorde ne doive troubler les royaumes Romains, cependant une affaire d’une telle importance est apparue qui m’a rendue encore plus chère à votre équité. [10,22] LETTRE XXII. A L’EMPEREUR JUSTINIEN, LE ROI THEODAT. Traduction française : François Martroye, L'Occident à l'époque byzantine: Goths et Vandales, 1904. Vous avez appris, ô le plus sage des princes, et par nos légats et par Pierre, le personnage très éloquent que votre Piété a récemment envoyé en mission auprès de nous, avec quel zèle nous souhaitons vivre d'accord avec votre auguste Sérénité. Nous croyons bon d'insister, de nouveau aujourd'hui, sur ce point, par l'entremise du très saint homme que nous chargeons de la présente lettre; pour que vous reconnaissiez combien sont sincères et amicales nos fréquentes démarches auprès de vous. Nous vous demandons la paix sincèrement, puisqu'il n'existe entre nous aucune cause d'hostilité. Qu'elle s'établisse donc entre nous, assurée et parfaite, telle enfin que nous avons montré l'appeler de tous nos vœux. Considérez, — les documents du règne d'un prince sage, votre ancêtre, vous en fourniront la preuve, — considérez combien vos prédécesseurs ont eu soin d'arriver à conclure des traités avec nos parents, même au prix de l'abandon d'une partie de leurs droits. Jugez avec quelle bonne grâce il y a lieu d'accueillir des offres, dont on avait l'habitude d'avoir à prendre l'initiative. Il n'y a point d'arrogance de notre part à rappeler cette vérité. Ce que nous prétendons dire, est plutôt à votre gloire, puisque nous recherchons aujourd'hui, avec empressement, votre bienveillance et que nous avons conscience de valoir plus que nos parents. Qu'une amitié qui ne vous coûtera rien, vous unisse désormais à ceux que vous vous êtes appliqué autrefois à vous attacher par des sacrifices. Qu'il ne paraisse pas que vous n'avez apprécié que momentanément les avantages que vous vous êtes acquis, à force de bienfaits et de bienveillance. C'est pourquoi, en vous adressant l’hommage de notre salutation, nous avons donné mission à ce personnage vénérable, illustre dans le sacerdoce et célèbre par sa science, de vous porter l’expression de nos désirs. Nous prions Dieu avec confiance, pour que ce saint homme puisse vous plaire et obtenir nos justes demandes. Nous espérons qu'il nous reviendra bientôt avec une heureuse solution. Ne pouvant traiter de toutes choses par écrit, nous l'avons chargé de vous entretenir verbalement et officiellement de certaines affaires. Nous vous épargnons ainsi la peine d'une lecture étendue. [10,23] LETTRE XXIII. LA REINE GUDELINE A L’AUGUSTA THEODORA. Traduction française : Du Buat, Histoire ancienne des peuples de l’Europe, t. X. Lorsque le très élégant Pierre, qui vous est particulièrement attaché, avantage qui surpasse toutes les dignités les plus éminentes, nous est venu trouver de votre part, nous éclatant de vos augustes bontés, nous avons appris que tout ce qui était arrivé dans ce royaume vous était très agréable. Vous avez fait voir que vous aimez tout ce qui est juste, et que si l'on parvient à bannir tous les soupçons, rien n'empêchera que la paix ne soit durable entre les deux empires. Il s'agit maintenant d'effectuer vos promesses et d'affermir cette paix si désirable, et c'est pour y parvenir que nous vous avons envoyé un ambassadeur, qui est très digne de l'honneur qu'il aura de vous être présenté. Nous espérons que par son ministère et avec votre consentement, mon mari obtiendra une paix aussi glorieuse que solide. Ce sera le moyen de prouver à l'univers, que pour parvenir à une heureuse alliance, nous n'avons pu mieux faire que de recourir à votre amitié. Après un commencement aussi heureux, nous nous flattons que s'il s'élève quelque difficulté qui s'oppose à une conclusion tant désirée, votre sagesse saura tout adoucir et nous fournir de nouveaux motifs d'aimer encore davantage une princesse à laquelle nous sommes déjà si sincèrement attachée. Faites donc voir en cette occasion quelles sont les ressources de votre génie, afin qu'en vous rendant l'arbitre de la paix, vous égaliez la gloire que votre mari s'est acquise dans les armes. Je vous prie d'admettre souvent auprès de vous le porteur de cette lettre que je vous ai envoyé, et de vous entretenir familièrement avec lui. Je ne l'ai chargé de cette commission, que parce que j'en ai cru le succès infaillible ; ne trompez point son attente. Nous ne demandons que la justice, nous n'exigeons rien qui puisse vous être à charge, quoiqu'avec une aussi puissante intercession il n'y ait rien à quoi l’on ne pût prétendre. [10,24] {sans correspondance} [10,25] {sans correspondance} [10,26] LETTRE XXVI. LE ROI THEODAT A L’EMPEREUR JUSTINIEN. Traduction française : Jean Baptiste Targe, Histoire générale d'Italie: depuis la décadence de l'Empire, p. 395, t. I, 1774. J’apprécie plus qu’un autre don la faveur de Votre Sérénité, puisque ce que vous m’incitez à faire est de toute façon avantageux pour moi. Telle est, de fait, la requête constante d’un de vos sujets les plus aimants: demandez-moi de m’occuper d’affaires de miséricorde qui pourront nous recommander à la puissance divine. De ce fait, j’attire l’attention de Votre Gloire sur le monastère des serviteurs de Dieu; on vous a rapporté qu’il subissait un impôt très lourd; en effet leur terre a été inondée et est devenue coupée du monde par les eaux hostiles. De plus, j’ai donné des instructions au Préfet du Prétoire, le très éminent Sénator, sous sa responsabilité prudente, qu’il nomme un inspecteur précautionneux qui aille sur le terrain objet de la contestation; et lorsqu’une enquête correcte aura eu lieu, toutes choses évaluées par ailleurs, la charge que cette communauté supporte soit raisonnablement supprimée; ainsi ses propriétaires conserveront un profit correct et suffisant, car j’estime que les concessions faites par Votre Bienveillance sont véritablement ce que j’ai de plus cher. Quant à l’affaire de Veranide dont votre sérénité daigne me parler, quoiqu’elle soit depuis longtemps sous le Gouvernement de mes prédécesseurs nous avons résolu de la satisfaire de nos propres largesses pour qu’elle n’ait pas à se plaindre d’avoir changé de religion d’autant que nous ne prétendons nullement juger des choses qui ne nous regardent pas spécialement. La Divinité souffre qu’il y ait différentes religions et nous n’osons pas ordonner qu’on n’en suive qu’une. Car nous nous souvenons d’avoir lu qu’on doit sacrifier volontairement à Dieu et non pour obéir au commandement de quelqu’un. Celui qui voudrait agir autrement contredirait évidemment les ordres du Ciel. C’est donc avec raison que Votre Piété nous invite à faire ce qui nous est prescrit par les préceptes de Dieu même. [10,27] LETTRE XXVII. LE ROI THEODAT A SENATOR, PREFET DU PRETOIRE. Traduction italienne : http://alpiantiche.unitn.it/fonti/antiche/cassiodoro.htm. Ordre de remédier à la disette des Liguriens et des Vénètes. Quiconque se hâte de venir en aide aux tributaires, d'une façon ou d'une autre, ne semblera pas faire des frais, mais les récupérer en récompense. Quoi de plus juste, en effet, que de donner à ceux qui le demandent ce qu’ils ont apporté notoirement par leur propre travail? Les oisifs compteront peut-être sur la charité, les cultivateurs seront destinés à souffrir de la faim à l'avenir, si on ne les secourt pas totalement quand le besoin s'en fera sentir. C’est pourquoi, dans la Ligurie laborieuse et la Vénétie fidèle, des réserves ont été fournies par les champs, mais maintenant elles doivent quitter les greniers, car c’est vraiment chose impie que les agriculteurs, privés de moyens, souffrent de la faim quand les magasins sont pleins à craquer. Et donc, Ton Illustre Magnitude, dont la dignité a été justement instituée, pourra rassasier la population avec les provisions amassées, et devra ordonner, en faveur de ces Liguriens qui ont connu la pauvreté, que soit retiré des greniers de Pavie, de Tortona, le tiers des stocks de blé, au prix fixé d'un solidus pour vingt-cinq muids. Tu feras également en sorte de donner aux Vénètes, au prix indiqué ci-dessus, le tiers des stocks des greniers de Trévise et Trente, afin que la nature divine compatissante puisse donner en abondance aux hommes qui en auront pris conscience. Voilà pourquoi, tu t’emploieras à faire des distributions à ces hommes, afin que notre bienveillance parvienne le plus possible à ceux dont les forces permettront de s’alimenter le moins. [10,28] {sans correspondance} [10,29] LETTRE XXIX. Le Roi THÉODAT au comte Vinsivad. Autorisation au comte Vinsivad d’aller en cure aux eaux de Bormio. Traductions : Revue du Lyonnais: Volume 18, 1859, Page 505 ; Hodgkin, Les Lettres de Cassiodore. 1. Au moment où le désir d'honorer la noblesse de ta maison et les services de ta fidélité nous avait persuadé de te confier le gouvernement de la ville de Ticinum/Pavie que tu as su défendre pendant la guerre, surpris par une subite attaque de goutte, tu sollicites de nous la permission d'aller aux eaux de Bormio particulièrement dessicatives et spéciales contre cette affection. 2. Nous t’autorisons donc, ou plutôt t’encourageons sérieusement à faire ce voyage, car nous ne pouvons supporter l’idée que l’un de nos combattants devienne la victime de cette cruelle maladie, qui, comme les Barbares, quand elle a obtenu avec véhémence l’hospitalité dans le corps d’une personne, défend toujours après coup son droit avec cruauté. Elle recherche tous les endroits libres de l’organisme, bâtit des pierres à partir de sa moisissure, et les dépose là, détruisant les magnifiques arrangements de la Nature en un mouvement libre et facile. Elle relâche ce qui doit être tendu, elle contracte les nerfs, et ainsi raccourcit les limbes de façon telle qu’un homme de grande taille trouve l’aspect futur de sa stature comme rogné sur lui alors qu’il est sans mutilations. C’est, en vérité, une mort vivante ; et quand la douleur atroce s’en va, elle laisse derrière elle un héritage qui est presque pire, l’incapacité à bouger. Même les débiteurs d’une chambre de torture se voient les poids ôtés de leurs pieds ; mais cette cruelle maladie, elle, une fois qu’elle a pris possession du corps de l’homme, semble ne jamais vouloir l’abandonner. Une maladie de ce genre, apportant avec elle faiblesse et incapacité, est particulièrement terrible pour un guerrier, qui, après avoir lutté contre les ennemis se ruant sur lui au combat, se trouve ainsi frappé par un ennemi de l’intérieur. 3. Va donc, avec l’aide de Dieu, à ces fontaines guérissantes. Nous ne pouvons tolérer l’idée que toi le guerrier, soit porté sur les épaules d’un autre, au lieu de monter ton cheval de bataille. Nous avons décrit ces démons de façon quelque peu exagérée de façon à t’inciter à partir rapidement en cure. 4. Fais donc usage de ces eaux qui d'abord en boisson adoucissante, ensuite en bains chauds par leur vertu dessicative domptent l'opiniâtreté rebelle de la maladie. Lorsqu’à force de boire, l'intérieur lavé est affranchi, l'action attractive des bains ne tarde pas à délivrer l'extérieur à son tour; et le mal, pris comme entre deux forces alliées qui se prêtent mutuellement secours, est vaincu. Contre cette ennemie de l'humanité, ces eaux nous ont été données comme de salutaires moyens de défense. Là, le mal cruel que ni dix années consécutives, ni l'absorption rebutante de mille potions, ne sauraient adoucir, est promptement mis en fuite par une médication pleine d'agrément. Que la bonté de Dieu t'accorde le bienfait que tu désires et que nous le souhaitons, afin que l'excellente réputation du lieu nous soit de préférence attestée par le rétablissement de ta personne qu'il nous est particulièrement désirable de voir échapper à tout ce qui peut porter atteinte au parfait état de ta santé. [10,30] LETTRE XXX. A HONORIUS, PREFET DE LA VILLE, LE ROI THEODAT. Extrait. Traduction anglaise : The Letters of Cassiodorus, 1886, et Theodoric the Goth, the barbarian champion of civilization, 1891. Nous avons le regret d'apprendre par votre rapport que les éléphants d'airain placé sur la Via Sacra (ainsi nommée à cause des nombreuses superstitions auxquelles les anciens la consacrèrent) tombent en ruines de tous côtés. On doit fort regretter cela car, alors que ces animaux vivent en chair et en os plus de mille ans, leurs effigies d’airain devant bientôt s'effriter. Que Votre Providence fasse restaurer leur longévité, en remarquant donc que leurs membres béants sont à renforcer par des crochets de fer, et que leurs ventres tombants doivent être soutenus par un contrefort placé en dessous, et ce pour que leur admirable grandeur ne se désagrège pas affreusement en une ruine. L'éléphant vivant, une fois couché sur le sol, ne peut pas se lever sans aide, parce qu'il n'a pas de jointures dans ses pieds. Par conséquent, quand ils aident les hommes à abattre du bois, vous voyez nombre d'entre eux couchés par terre jusqu'à ce que des hommes arrivent et les aident à se relever. Ainsi, cette créature, si redoutable par sa taille, est vraiment plus impuissante que la petite fourmi. L'éléphant, plus sage que toutes les autres créatures, rend une adoration religieuse au souverain de tous: également aux bons princes, mais si un tyran s’approche, il ne lui rendra pas l'hommage qui est dû uniquement à la vertu. Il utilise sa trompe, cette main qui lui sert de nez, que la nature lui a donné en compensation de son cou très court, au bénéfice de son maître, acceptant les cadeaux qui lui seront profitables. Il marche toujours avec précaution, se rappelant d’une chute mortelle dans la fosse du chasseur qui fut le début de sa captivité. Lorsqu'on lui demande de le faire, il exhale son souffle, que l'on dit être un remède pour le mal de crâne. Quand il arrive à un plan d'eau, il en aspire une grande quantité dans sa trompe, et ensuite sur commande de la parole, l’éjecte de suite comme une douche. Si quelqu'un a traité ses demandes avec mépris, il répand un tel débit d'eau sale sur lui que l'on pourrait penser que la rivière a pénétré sa maison. Car cette bête a une mémoire merveilleusement durable, autant des insultes que des gentillesses. Ses yeux sont petits, mais bougent solennellement, de sorte qu'il y a une sorte de majesté royale dans son apparence: il méprise les plaisanteries grossières, alors qu'il regarde toujours avec plaisir ce qui est honorable. Sa peau est sillonnée par des canaux profonds, comme celui des victimes de la maladie étrangère qui porte son nom, éléphantiasis. C'est à cause de l'impénétrabilité de ce cuir que les rois perses ont utilisé l'éléphant à la guerre. Il est donc très souhaitable de devoir préserver les représentations de ces créatures, et que nos citoyens doivent donc se familiariser avec la vue des habitants des pays étrangers. Voilà pourquoi tu ne dois donc pas permettre qu’elles périssent, car il en va la gloire de Rome de rassembler tous les échantillons des méthodes par lesquelles l'ingéniosité des artistes a imité les riches productions de la puissante nature de toutes les parties du monde. [10,31] LETTRE XXXI. A TOUS LES GOTHS, LE ROI VITIGÈS. Traduction française : Jean Baptiste Targe, Histoire générale d'Italie: depuis la décadence de l'Empire ..., t. II. Quoique toute élévation doive être regardée comme une faveur de la Divinité, et que tous les biens viennent de Dieu, c'est particulièrement à ce qui concerne la dignité Royale, qu'on doit croire que président les jugements du Ciel, parce que l'Etre Suprême connaît quel est celui à qui les peuples doivent obéir. C'est donc en rendant nos actions de grâces avec une humble reconnaissance à notre Créateur, que nous vous déclarons que nos frères les Goths, en nous élevant sur un bouclier au milieu des épées nues, suivant la coutume de nos ancêtres, nous ont conféré par la grâce de Dieu, la dignité Royale. En choisissant celui à qui la guerre avait déjà donné de la réputation, c'est un honneur qu'ils ont voulu rendre aux armes. Vous apprendrez que je n'ai pas été élu dans des appartements étroits, ni dans les conversations amusantes qui accompagnent les festins délicieux; mais au milieu des campagnes, et au son des trompettes. C'est ainsi que le peuple Goth, excité par ce bruit, si propre à réveiller en lui la vertu nationale, devait se choisir un Roi, qui eût également l'âme martiale. Toutes les fois qu'un peuple guerrier se choisit lui-même un chef, il s'attache à celui qui a le plus de réputation, quelque opinion que ce peuple ait de son propre courage, et l'on juge de toute la nation par celui qu'elle a choisi. Vous apprendrez que j'étais venu pour partager avec mes compatriotes les périls auxquels ils étaient exposés, et pour suivre leur fortune. Si j'avais agi autrement, des gens qui désiraient un Roi aguerri, n'auraient pas voulu que je fusse à leur tête. Rendez-en donc premièrement grâces à Dieu, et approuvez le jugement des Goths. Ne craignez plus pour vos biens, et ne redoutez plus un gouvernement dur et sévère ; nous avons fait souvent la guerre, et nous avons appris à aimer les hommes courageux. Je serai toujours le témoin des belles actions de chacun de vous et il ne sera pas nécessaire qu'elles me soient rapportées par d’autres, puisque je partagerai tous vos travaux militaires. Les amis des Goths ne seront jamais trompés par des promesses infidèles : tout ce que nous ferons se rapportera au bien public et non à notre utilité particulière et nous ne nous écarterons jamais de ce qui convient à la dignité Royale: Nous nous promettons d'avoir toujours devant les yeux, que nous devons gouverner des Goths, comme ils le doivent être après avoir eu pour Roi le grand Théodoric, Prince si illustre et si digne de la couronne. Ceux qui sont destinés à lui succéder, doivent penser qu'ils ne s'acquerront une véritable réputation, qu'autant qu'ils le prendront pour modèle. Celui qui saura imiter ses actions, méritera d'être regardé comme son parent : faites donc des vœux pour la prospérité de notre règne, et vivez tranquilles dans vos habitations particulières, Dieu aidant! [10,32] LETTRE XXXII. A L’EMPEREUR JUSTINIEN, LE ROI VITIGÈS. Extrait. Traduction française : L. G. Du Buat, Histoire ancienne des peuples de l'Europe, t. X. Je vous demande la paix quoique j'aie éprouvé des torts considérables de la part de ceux qui agissent en votre nom. J'ai souffert de votre part ce dont auraient eu sujet de se plaindre ceux même qui ont persécuté l’innocence, qui ont haï sans sujet, qui ont fait du mal sans qu'on l'eût mérité. Ce n'a pas seulement été sur les provinces que sont tombés les effets de leur injustice, elle a attaqué le chef même de la république. Jugez par là quel sacrifice je fais pour mériter que vous me rendiez justice : si vous avez voulu punir Théodahat, je mérite votre amitié ; si vous avez eu en vue de venger la mémoire de la reine Amalasonthe, sa fille mérite que vous ayez des égards pour elle. J'ai fait ce à quoi auraient dû tendre tous vos efforts pour convaincre toutes les nations que les mérites de la mère n'étaient point perdus pour la fille. J'ai encore un titre de plus à votre amitié. Nous nous sommes connus l'un et l'autre dans un temps où ni vous ni moi n'avions point encore reçu les dernières faveurs de la fortune. Il ne tient donc qu'à vous de réparer tout le mal qui a été fait, puisque je recherche votre amitié, et qu'ainsi vous ne devez pas douter de la mienne. Si vous aviez dessein de punir Théodat, je mérite votre amitié. Si vous chérissez la mémoire de la Reine Amalasonte, vous devez penser à sa fille, qui aurait déjà dû monter sur le Trône par vos soins, pour faire voir à toutes les nations, que vous étiez reconnaissant de l'affection que vous portait cette grande Reine. Vous devez vous souvenir avec satisfaction, que par une disposition admirable, Dieu a voulu que nous nous connussions réciproquement avant d'être parvenus au Trône, afin que l'amitié se formât plus aisément entre nous. De quels sentiments de respect ne serais-je pas pénétré pour un Prince que j'ai déjà admiré dans la première situation où l'avait placé la fortune ? Vous pouvez présentement réparer tout ce qui a été fait, et il n'est pas difficile de vous concilier l'attachement de celui qui désire avec ardeur d'obtenir vos bonnes grâces. C'est à cette occasion qu'en saluant votre clémence avec tout l'honneur qui lui est dû, nous vous envoyons nos Ambassadeurs, afin qu'en pesant toutes choses avec votre prudence ordinaire, vous trouviez le moyen de rétablir la concorde entre les deux Républiques, et d'augmenter encore la bonne intelligence qui subsistait du temps de nos prédécesseurs. (- - -). [10,33] {sans correspondance} [10,34] {sans correspondance} [10,35] LETTRE XXXV. LE ROI VITIGES AU PREFET DE THESSALONIQUE. Nous envoyons nos légats untel et untel au prince sérénissime, Dieu aidant, afin qu’ils puissent obligatoirement donner notre salut affectionné à Votre Magnitude, quand il faudra votre honneur et votre sagesse afin qu’ils jouissent de la faveur de votre audience. Nous espérons aussi de Votre Excellence qu’ils ne souffrent pas de retard, et que les nôtres arrivent rapidement à destination; nous nous en remettons à votre bienveillance, pour savoir s’ils sont parvenus à cette démarche éloignée.