[9,0] LIVRE IX. [9,1] LETTRE I. A HILDERIC, ROI DES VANDALES, LE ROI ATHALARIC. Traduction française : L. G. Du Buat, Hist. Ancienne des peuples de l’Europe, t. X, p. 75. Il est fâcheux d'avoir des reproches terribles à faire à ceux auparavant appelés du tendre nom de parents ; il est dur d'avoir à poursuivre la vengeance d'un crime qu'on ne peut dissimuler, contre ceux dont son aïeul avait espéré de lui faire des amis éternels. Cependant le bruit est public et il paraît certain qu'Amalafride a vu terminer ses jours par une mort violente, et qu'Hildéric, après lui avoir obéi comme à sa souveraine, n'a pas voulu la laisser vivre quoique réduite à une condition privée. S'il n'avait pu souffrir sa présence en Afrique, il aurait du moins dû la renvoyer à ses parents d'une manière convenable, puis que les Vandales l'avaient demandée avec les plus vives instances. Quel pouvait être son crime depuis son veuvage ? Si le royaume devait appartenir à un autre, était-ce une femme qui avait pu se mettre sur les rangs pour le disputer à Hildéric ? et ce prince en la respectant comme sa mère, puisqu'elle lui avait transmis la royauté, n'aurait-il pas conservé à sa famille l'honneur d'être alliée aux Amales, à ce sang des dieux consacré par la pourpre? Les Goths ne pouvaient donc regarder la mort violente d'Amalafride que comme un outrage fait à leur nation. C'était une preuve manifeste qu'Hildéric les méprisait et qu'il se mettait peu en peine de se les concilier, puisqu'il avait coupé tous les liens par lesquels il pouvait leur tenir. Par toutes ces considérations, nous vous envoyons nos ambassadeurs qui vous demanderont justice et qui doivent nous rapporter comment vous vous serez justifié d'une imputation aussi grave. Car encore qu'Amalafride se fût rendue coupable d'un crime énorme, vous deviez nous en instruire, afin que nous concourussions à son châtiment si elle l'avait mérité. Vous ne pouvez donc vous justifier qu'en disant qu'elle est morte de mort naturelle. Nous ne prétendons pas que la chose soit impossible, notre intention n'est point de chercher querelle. Mais si cela est, faites-nous livrer deux personnes que nos ambassadeurs vous nommeront ; l'examen que nous en ferons, mettra fin à notre différend ; et sans nous faire la guerre, sans répandre de sang, nous nous apaiserons, nous avouerons même vous devoir de la reconnaissance. Mais si vous méprisez la demande que nous avons d'abord voulu vous faire, si vous ne nous faites point une réponse raisonnable, sachez que nous ne nous croyons plus obligés à vivre en paix avec vous, puisque nous ne pouvons plus être liés par un traité que vous avez enfreint. Que la Majesté divine venge ce crime atroce. De quelque manière qu'il ait été commis, c'est le sang d'un frère qui crie vengeance contre la main impie qui l'a répandu. [9,2] II. EDIT DU ROI ATHALARIC. Traductions françaises : Claude Lepelley, La fin de la cité antique, 1996 et Claude-Joseph Perreciot, Histoire des conditions et de l'état des personnes en France et ..., Volume 2. I. Celui qui souhaite que demeure stable la constitution de l'Etat, le sommet de tout l'édifice, doit se préoccuper de toutes les affaires, car il n’est de santé dans le corps que celle de chacune de ses membres aura pu conserver. Tout l’assemblage est ébranlé par injustice subie en un seul lieu, et la force de la sympathie est telle qu’on pourrait croire qu’une seule et même blessure est ressentie partout dès qu’elle a commencé à faire partager la souffrance. En fait l’Etat n’est pas la charge des affaires d’une seule cité, mais la prévoyante protection de tout le royaume : du coup, si une part de cette protection est amoindrie, on ressent les dommages à la source. Il ne peut qu’être diminué, celui dont l’un des éléments a péri. C’est pourquoi le soin des diverses cités nous tient vigilant et soucieux, de manière à ne pas tolérer que des maux permis plus longtemps accablent le Palais. En effet, l’arbre que tu vois fleurir, et que tu observes dans l’épanouissement de la verdure de son sommet, est animé par le suc souterrain de sa fécondité, rendant à la surface ce qu’il contient en sa racine. Le visage de l’homme aussi manifeste une vive et joyeuse harmonie, s’il ne ressent l’incommodité d’aucune lésion, puisque ses entrailles sont saines. De même, on dira à bon endroit que le royaume est pleinement préservé de tout dommage si aucun endroit n’est amoindri. Ceci peut se faire si de partout est repoussée la licence effrénée, si est refusée à l’esprit perfide l’audace de pécher sous l’empire d’une liberté abominable. On dit que les curiales, dont le nom vient d’une prévoyante sollicitude, sont frappées par des vexations très graves, si bien que ce qui leur est délégué à titre d’honneur paraît plutôt avoir abouti à de l’injustice. Tout ce qui leur avait été attribué à titre d’honneur, était devenu pour eux une source d'affronts et d'avanies, O le crime indicible, l’insupportable mal ! Alors qu’un curiale aurait dû gagner à servir l’Etat, voilà qu’il perd sa liberté avec ses biens. II. C’est pourquoi, par la publication de cet édit, nous établissons que, si quelqu’un a été mêlé, ou à des injustices ou à des dommages au détriment d’un curiale, ou aura eu l’audace de lui imposer quelque chose, excepté ce qui aura été ordonné par nous ou par les autorités auliques compétentes, qu’il soit frappé d’une amende de dix livres d’or, qui profiteront néanmoins personnellement à celui qui aura enduré de telles choses ; ou si ses richesses ne suffisent pas pour la punition, qu’il soit déchiré par le supplice du fouet et qu’il s’acquitte par ce châtiment de ce qu’il doit et qu’il n’a pu acquitter pécuniairement, de sorte que ce qui a été délégué en vue du bien public soit accompli avec une noble sollicitude, puisque deviennent davantage redevables ceux que nous ne supportons pas de voir subir des iniquités de la part d’autrui. III. Que nul n’envahisse par un achat illicite les domaines des curiales qui sont l’objet de menaces, surtout ceux des moins riches ! Il ne peut en effet y avoir de transaction si elle n’est pas conforme aux lois. Qu’ils soient protégés par l’aide des sajones et les agents de l’Etat. Notre autorité aussi les vengera des gouverneurs eux-mêmes, qu’il faut punir plus lourdement, s’il est prouvé que celui à qui est délégué le pouvoir de secourir cause des préjudices. IV. Redressez vos têtes, vous qui êtes rabaissés, élevez vos cœurs, vous qui êtes écrasés par les fardeaux imposés par les méchants : Appliquez-vous à récupérer ce que vous savez avoir injustement perdu ! Chaque citoyen a sa ville pour république et c’est dans une pareille cité que les curiaux doivent administrer la justice d’un commun accord, que leurs ordres doivent se comporter sur un pied d’égalité ! N’accablez pas les petites gens de manière à ce que les puissants ne puissent pas vous accabler à bon droit ! C’est le châtiment du péché que chacun puisse recevoir à ses dépens ce qu’il a lui-même fait effrontément endurer à autrui. Vivez dans la justice, vivez dans la tempérance, car c’est difficilement que quelqu’un ose dépasser la mesure à l’encontre de ceux chez qui il ne peut trouver aucune faute. V. Les grues ont appris à appliquer la concorde dans leurs mœurs : chez elles, on ne recherche nulle prééminence, car on n’y pratique pas d’ambition inique ; elles veillent à tour de rôle, elles se protègent par de communes précautions, elles prennent même leur nourriture l’une après l’autre. Ainsi l’honneur n’est enlevé à personne, quand tout est conservé en commun. Pour elles aussi, le vol est organisé de manière alternée et égalitaire : la dernière devient la première, et celle qui a tenu la tête ne refuse pas de passer derrière. Ainsi rassemblées en une sorte de communauté, elles se soumettent à elles-mêmes sans avoir de roi, elles obéissent sans subir de domination, elles servent sans crainte, volontaires pour le service, elles sont libres et c’est en s’aimant les unes les autres qu’elles se défendent. En observant leurs mœurs, ceux qui ont écrit sur l’histoire naturelle rappellent qu’il existe parmi elles une sorte de "république" : ils ont reconnus qu’elles vivaient animées de sentiments civiques. VI. Si vous-mêmes vous les imitez, vous écarterez loin de vous toutes les accusations injustes de corruption. En effet, vous qui recevez des vœux parce que vous êtes justes, vous possédez de par les lois la puissance sur vos concitoyens. De fait l’antiquité vous a donné le titre de curie et ce n’était pas un vain nom ; ce n’a pas été en vain qu’ils vous avaient qualifiés de moindre sénat, de nerfs et d’entrailles des cités et que ces qualifications n’excluaient aucun genre de puissance. En effet, ce qui est comparé au Sénat n’est exclu d’aucune forme de noblesse. [9,3] {sans correspondance} [9,4] {sans correspondance} [9,5] {sans correspondance} [9,6] LETTRE VI. LE ROI ATHALARIC A PRIMISCRINIUS Athalaric permet à un Primiscrinius d'aller à Baïes pour sa santé. Traduction française faite d'après une traduction italienne (http://www.openstarts.units.it/dspace/bitstream/10077/4401/1/Ravenna_Calamo.pdf) et une traduction anglaise (Frances Ellis Sabin, Classical associations of places in Italy, 1921). 1. Une douleur permanente te cloue au lit et tu prétends que ta faiblesse physique t’empêche de respecter les engagements de l'honneur militaire, objectif sur lequel – on le sait – tu t’es jeté tête baissée : craignant qu’en ton absence tes revenus soient comme les fruits les plus doux qui te semblent presque arrachés de la bouche, et tu demandes aussi à détendre ton corps, contracté de douleurs, grâce aux bienfaits de l’élément sec offert par les thermes de Baïes. 2. Cela est certainement digne de figurer parmi les plus hautes distinctions offertes pour le salut des quémandeurs, comme l'espoir que nous donnons aux vaincus. Donc, d'un côté nous te libérons des contraintes économiques qui te préoccupent, de l'autre nous t’assistons de l'avantage des bains mentionnés ci-dessus, car avec en premier lieu le confort de l'âme tu retrouveras plus facilement la santé physique, du moment que cette thérapie fournit une joie naturelle aux malades: c'est comme si un patient avait un peu de joie et une guérison prête. 3. Vas donc à cette charmante retraite! Vas là où le soleil brille plus, si je puis dire, qu'il ne le fait sur la terre moins privilégiée! Vas là où le climat est constamment tempéré ! La nature sourit plus doucement à la terre ! Là, reflétant une pensée profonde sur des sites merveilleux, l'âme de l'homme communie avec les mystères du monde, et ne cesse de s'étonner que ce qu'il trouve puisse se produire là: d'abord, les courants de Nérée pleins des délices de la mer ; maints ports installés en vertu d'une nature prévoyante au milieu des côtes découpées; maintes îles renommées, dotées de la caressante étreinte de la mer: et d'autre part un bassin d'eau de mer introduite dans le lac Averne, où pour le plaisir de l'homme les huîtres sont protégées: et qu’au travers des l’entreprise des mortels, il s’avère qu'un phénomène aléatoire ailleurs, semble ici toujours exister en abondance. 4. Comme les remblais et les môles qui se projettent dans les profondeurs de la baie sont vastes et harmonieux! Sur quels grands espaces la terre ferme s'étend, sur les entrailles de la mer! A droite et à gauche jouent des bancs de poissons. Ici, construits par la patience de l'homme, des murs fermeront tout ce qui permet de ravir son palais; ailleurs pourront être maintenus en captivité des troupeaux aquatiques, mais ici, ici, partout, sans limites, existent des lieux de pêche et de réserves. Ajoute à cela que la pêche est ici dans un cadre si séduisant pour l'œil, que, avant la riche fête à laquelle elle mène, elle enchante les yeux du spectateur. Partout ailleurs, le plaisir est grand de fixer ce sur quoi son cœur a vibré: mais en pêchant à Baies, le charme du paysage donne encore plus de plaisir que celui qui vient de la qualité du poisson pêché. 5. Mais pour ne pas trop digresser, ceux qui aiment les loisirs de Baïes croiraient habiter au beau milieu des trésors de Neptune. Alors, saturé par le plaisir et la familiarité du paysage, tu te hâtes vers les bains magnifiques, remplis de tout ce qui est merveilleux, et aussi bien appréciés pour leurs qualités salutaires. En effet même s’il est bien clair que c’est une réalisation de l'ingéniosité humaine, ce qu'ils fournissent se présente comme vraiment naturel. Il n'y a là pas besoin d'amasser du bois pour alimenter les chaudières, une chaleur constante peut être utilisée même si la flamme s’achève, on ne sait pas là-bas ce que sont les nuages de fumée : l’air est très pur, il produit la vapeur, provoque des suées qui font doucement haleter. Et cela se révèle encore plus salubre que des bains communs, comme la nature dépasse l'esprit d'entreprise de l’homme. Tu vois là les vagues en tourbillons de fumée sans cesse, vagues qui semblent tant satisfaire les désirs des baigneurs, en réglant l'activité de l'homme. 6. La renommée toujours célébrée de la mer de Corail ne pourra pas que céder en comparaison avec Baïes, comme si l'estime qui entourait la blancheur des perles blanches de l'Océan Indien devrait s’accroître beaucoup pour l’atteindre. Car qu’importe le prix, si le cœur ne jouit pas de l'objet de son désir ? Il n'y peut y avoir rien de plus beau que les plages de Baies, où il est donné se nourrir de friandises sucrées et en même temps de bénéficier de l’avantage inestimable de la santé. Profite donc néanmoins des avantages demandés : avec nos faveurs tu obtiendras tes émoluments, avec les remèdes de Baïes, tu acquerras un patrimoine de bonne santé. [9,7] {sans correspondance} [9,8] {sans correspondance} [9,9] {sans correspondance} [9,10] {sans correspondance} [9,11] LETTRE XI. AU SUBLIME GILDIAS, COMTE DE LA CITE DE SYRACUSE, LE ROI ATHALARIC. Traduction française (partim) : Jean-Baptiste Dubos, Hist. critique de l’établissement de la monarchie françoise, III, 1735. A Victor et Witigiscle, spectabiles, commissaires de la province de Sicile, nous avons envoyé des instructions précises pour qu’ils ne perçoivent pas la taxe spéciale additionnelle de l’indiction IV, car pour cette raison un impôt est lourd, quand sa conformité n’est pas encore reconnue. À cette fin, nous avons fait communiquer les décisions à nos fonctionnaires, afin que si vous estimez nécessaire d'appliquer une augmentation de la taxe selon les possibilités réelles des contribuables, elle doive rester modérée. Si, au contraire, ils ont agi de façon insensée, cela a été injustement prélevé. Si cependant, quelque impôt a été prélevé pour l’indiction IV, il sera rétrocédé aux possesseurs sans aucune diminution : parce que le fardeau de l’impôt ne doit pas faire naître de plaintes, pendant toute la durée où il est demandé. Il ne nous reste plus qu’à vous ordonner d’avertir votre Province que notre intention est que ceux à qui nous avons conféré des bénéfices militaires, soient exacts à nous témoigner leur reconnaissance en payant leurs redevances de si bonne grâce qu’ils paraissent nous offrir comme à un Bienfaiteur ce qu’ils nous doivent comme à leur Souverain. [9,12] {sans correspondance} [9,13] {sans correspondance} [9,14] {sans correspondance} [9,15] {sans correspondance} [9,16] {sans correspondance} [9,17] {sans correspondance} [9,18] {sans correspondance} [9,19] LETTRE XIX. LE ROI ATHALARIC AU SENAT DE LA VILLE DE ROME. Edit de 12 chapitres à lire au Sénat et qui sera affiché 30 jours. 1. Les excès répréhensibles des autres donnent souvent lieu à des décrets utiles, et les impulsions données à la justice émergent merveilleusement de circonstances pénales. Car l'équité est muette, si un crime reconnu n'est pas proclamé, et l'esprit d'un prince reste paresseux, s’il n'est pas motivé par quelque grief. 2. Maintenant, poussé par les voix de plaignants, et alerté par des appels de maintes personnes sur certaines questions, j'ai établi certaines choses comme indispensables pour la paix romaine ; elles devront être maintenues pour toujours, par la proclamation d’un édit de douze chapitres, conçu comme le droit civil institué que nous lisons. La tenue de ces (lois) ne visent pas à affaiblir les lois en vigueur, mais plutôt à les renforcer. 3. C’est à lire dans la splendeur de votre assemblée, et le Préfet de la Ville les affichera solennellement pendant trente jours dans les endroits les plus fréquentés, afin que mon équité puisse être reconnue, et que les hommes agressifs perdent espoir. Car comment les gens violents peuvent-ils se sentir en confiance lorsqu'ils savent ce que la miséricorde du prince a condamné? Que tous les hommes retrouvent l'amour de la discipline, grâce auquel les petites choses deviennent fortes, et les grandes sont conservées. 4. Car dans ce but, je mobilise mon armée pour de fréquentes expéditions avec l'aide de Dieu ; et ce pour savoir que le peuple vit en paix selon les lois. Qu’on m’accorde le bénéfice de cet échange de bons procédés, afin que celui que vous savez occupé au service de l'Etat, soit rarement agressé par l'approche de pétitionnaires. Les juges devraient conserver leur sévérité légale, ils devraient rejeter les tentatives de vile corruption. Si le défendeur trouve son juge sans opprobre, la crainte permettra de remettre toutes les affaires en ordre. [9,20] LETTRE XX. A TOUS LES GOUVERNEURS DE PROVINCES, LE ROI ATHALARIC. Bien que nous répondions pour vos provinces, avec l’aide de Dieu, du renouvellement annuel, et les cours sont réparties à travers chaque coin de l’Italie, nous avons appris qu’une importante masse de cas n’avaient pas été traitée en justice. C’est clairement la responsabilité de votre négligence, quand des hommes se trouvent contraints de venir par devers moi pour demander l’aide de la justice. Car qui voudrait aller si loin choisir ce qu’il voit venir sur son propre territoire? Mais pour vous débouter de vos astucieuses excuses et aider les provinciaux dans leurs rudes besoins, nous avons décidé de régler par la promulgation d’un édit certains cas jusque là négligés par une torpeur scandaleuse. Ainsi votre confiance à juger correctement pourra s’accroître et l’audace maligne pourra diminuer graduellement. Vous publierez solennellement cet édit durant trente jours en l’inscrivant dans les assemblées publiques, de telle sorte que celui qui, après ces remèdes, osera continuer à jouer l’inertie puisse justement être condamné. [9,21 ] LETTRE XXI. AU SENAT DE LA VILLE DE ROME, LE ROI ATHALARIC. Traductions françaises (partim) : Antoine Frédéric Ozanam, Etudes germaniques pour servir à l'histoire des Francs, t. 2, 1850 ; Pierre Riché, La législation scolaire d'un empire à l'autre (IVe - IXe siècle), 1992. 1. Vous savez que nous sommes entré dans des différends impliquant les fils des Pères et ce pour qu’ils pensent aux carrières de ceux qui sont affectés à l’enseignement à Rome. Il est en effet inconcevable que vous ne soyez pas concerné par un sujet porteur d’honneurs à votre descendance, et qui donne à votre assemblée le conseil qui provient d’une connaissance permanente. C’est ainsi que récemment, car nous sommes toujours attentif à votre bien-être, nous avons pris connaissance par un rapport confidentiel provenant de diverses personnes, que les éducateurs d’éloquence à Rome ne recevaient pas la juste rétribution de leur labeur, et que les escroqueries de certains hommes faisaient diminuer les sommes attribuées à ces gens. 2. Puisque des récompenses doivent être données aux arts, nous avons pensé qu’il était impie d'enlever quelque chose aux maîtres des adolescents, ces maîtres qui sont encouragés à des études glorieuses par l'augmentation de leur traitement. 3. L'école des grammairiens est le fondement des Belles-Lettres, la plus belle création du savoir humain, la mère glorieuse du discours qui apprend à rechercher la gloire et parler sans fautes. Tout comme la morale reflète un crime extérieur, de même une erreur dissonante peut se discerner en pleine déclamation. Le musicien créera, par des sons modulés, la chanson la plus douce dans un chœur harmonieux, le grammairien de même récitera en mètre. 4. La grammaire est le fondement des lettres, l’ornement du genre humain, la maîtresse de la parole: par l’exercice des bonnes lectures, elle nous éclaire de tous les conseils de l’antiquité. Les rois barbares ne la connaissent pas; elle demeure fidèle aux maîtres légitimes du monde. Les armes sont dans les mains des autres nations, l’éloquence seule reste au service des Romains. C’est elle qui embouche la trompette, quand les orateurs engagent le combat dans l’arène du droit civil ; pour cette raison la noble éloquence distingue tous les hommes de classe ; c’est de là, pour ne rien ajouter, que mes paroles proviennent. 5. Et donc, Pères conscrits, avec l’aide de Dieu, je vous confie cette tâche, ce devoir : nous voulons que chaque professeur de Belles-Lettres, tant les grammairiens que les rhéteurs et les professeurs de droit, reçoivent les mêmes appointements que recevait son prédécesseur sans aucune réduction. Et une fois confirmé par votre autorité et le reste du très noble sénat, s’il correspond au poste repris, il ne devra souffrir ni concurrence déloyale ni transfert ou diminution de ses émoluments ; mais sous votre ordonnance et votre protection, il devra jouir de son salaire. Le Préfet de la Ville, lui aussi, maintiendra ces droits légaux. 6. Et de peur qu’il existe quelque échappatoire laissé à la fantaisie de ceux qui distribuent les revenus, les professeurs susmentionnés recevront la moitié de leurs honoraires convenus immédiatement à la fin du premier semestre ; le restant dû sera attribué avec le paiement prévu selon l’encours du salaire. Ceux pour qui l’inaction d’une heure est un crime, ne doivent pas être contraints de subir l’arrogance d’autrui. 7. Je souhaite en effet que les lois soient tenues avec une telle fermeté qu’à quiconque aura pensé différer le versement de ce revenu, on comptera les intérêts en dédommagement puisque, par une cupidité criminelle, il aura privé de leurs revenus ceux qui font un travail honorable. 8. Car, si nous payons méticuleusement des acteurs pour le plaisir du peuple, des hommes qu’on ne croit pas être aussi utiles, à plus forte raison faut-il nourrir ceux qui entretiennent la politesse dans les mœurs et l’éloquence dans notre palais. 9. Je commande en outre à votre vénérable assemblée d’expliquer cela aux présents professeurs de lettres : car comme ils savent mon souci sur leurs honoraires, ils doivent être informés que je désire leur attention la plus zélée à l’enseignement des jeunes. Cette disposition qui avait été adoptée par les professeurs larmoyants de la satire doit maintenant cesser, le talent ne pouvant faire l’objet d’un conflit d’intérêt. Il est clair qu’ils ont déjà un logement adéquat : c’est pourquoi ils ne doivent plus avoir qu’un seul souci, concentrer l’énergie de leur esprit à l’étude des arts. [9,22] {sans correspondance} [9,23] {sans correspondance} [9,24] LETTRE XXIV. LE ROI ATHALARIC A SENATOR, PREFET DU PRETOIRE. Traductions françaises (partim) : L. G. du Buat, Histoire ancienne des peuples de l'Europe, t. X, 1772 ; Denis de Sainte-Marthe, La vie de Cassiodore, 1695 ; J. B. Targe, Histoire générale d'Italie: depuis la décadence de l'Empire..., t. I, 1774.Eloge de Cassiodore par le roi Athalaric. 1. Si notre volonté avait eu le bonheur de vous trouver méconnu et sans honneurs, certes je me réjouirais de ma découverte, mais je douterais beaucoup, car il existe plus d’espoir que de fruit dans la nouveauté. Mais puisque mon seigneur grand-père vous a glorifié sans compter de sa puissante approbation, il serait inapproprié d’examiner une personne à laquelle j’ai du mal à exprimer mon admiration. De fait, les décisions d’un tel prince n’ont pas à être jugées mais exécutées, ses actes n’ont pas à être remis en cause, étant bien conscient que je fis partie moi aussi de son choix. Mais ce qui le distingua encore des autres rois, ce fut le rare talent qu'il eut de connaître les hommes et l'attention plus louable encore de n'employer que ceux qu'il savait être propres par leurs talents à l'emploi qu'il leur destinait, et incapables d'en déshonorer aucun par les vices qui font gémir les peuples. Il implorait assidûment la bénédiction du ciel sur tout ce qu'il entreprenait, mais il s'en rendait digne par les soins infinis qu'il prenait pour ne pas mettre lui-même des obstacles à ses succès. 2. Aussi n'envoya-t-il jamais de général en campagne qui n'en revînt avec la victoire ; jamais il n'envoya de juge dans les provinces qui n'en revînt avec la réputation d'être le plus intègre des magistrats. On eût dit qu'il lisait dans l'avenir, tant l'effet répondit exactement à son attente ; et cette attente n'était point en lui une espérance incertaine; sa pénétration et ses soins lui étaient garants de la réussite. 3. Vous avez justifié la conduite du Roi dans le choix qu'il a fait de votre personne, vous ayant fait recevoir dès votre première jeunesse, dans la charge de Questeur ; vous avez été en même temps à l'épreuve de la corruption par l'intégrité de vos mœurs et de vôtre conscience, et à couvert de la surprise par votre maturité, et par une parfaite connaissance des lois. Vous avez été la principale gloire, et le plus grand ornement de ce temps-là et mettiez en repos l’esprit du Roi au milieu des soins du gouvernement, qui demande une vigilance exacte sur toutes choses, parce qu'il se tenait assuré de votre fidélité inviolable dans l'administration des affaires. Vous partagiez avec lui le pesant fardeau de la Royauté, et vous l'aidiez à le soutenir par la force de votre génie. Il vous trouvait agréable dans les lettres que vous dictiez, inflexible à rendre la justice, et particulièrement éloigné de tout intérêt. 4. Vous n'avez jamais fait commerce des grâces du Prince. Jamais vous n'avez fait acheter aux sujets de Théodoric, par des taxes et par des réserves indignes, ce que sa libéralité avait une fois accordé. Vous ne vous étés jamais servi des dignités pour acquérir d'autres trésors que ceux de la bonne réputation, qu'on n'achète pas à prix d'argent. Voilà ce qui avait fait entre le Roi et vous cette liaison si étroite d'amitié, qui vous était très glorieuse et très honorable. Cependant: il vous chargeait du poids des affaires de ceux qui imploraient le secoure de sa justice, parce qu'étant très habile à juger du mérite des personnes, et connaissant la force et la pénétration de votre esprit, il croyait faire une grâce signalée à ceux que leurs procès tenaient dans une continuelle agitation, de les remettre sans délai à votre jugement, pour les terminer. 5. Combien de fois vous a-t-il donné la préférence sur des Seigneurs de sa Cour beaucoup plus âgés que vous, parce que toute l'expérience que le grand âge leur avait acquise, n'approchait pas de la suffisance et de l'habileté que vous fîtes paraître, même dés que vous entrâtes en charge ? Ce qui faisait éclater davantage votre grandeur d'âme, c'est que vous rendant à tout moment digne de recevoir de nouveaux bienfaits, vous aviez la générosité de les refuser, vous tenant ferme contre tous les vices de la cupidité, dans un temps où il est si rare d'avoir les mains fermées et la justice ouverte. 6. Passons au poste de Maître des Offices, que nous savons que vous n’avez pas obtenu au travers de méprisables dons d’argent, mais par l'habileté de votre caractère. Une fois dans cette fonction, vous avez constamment assisté les Questeurs ; car, quand l’éloquence était nécessaire, l’affaire était directement confiée à votre génie. Un aimable prince vous demanda ce qu’il savait n’avoir jamais était soumis à vous ; par une faveur incorrecte, il libéra les autres d’un dur labeur qu’il vous confia avec la généreuse louange de sa bonne opinion. 7. Car avec vous, aucune fonction ne resta dans ses propres limites, puisque ce qui était en réalité le travail de nombreux commissionnaires fut confié sans retenue à votre honneur. Personne ne pouvait murmurer un mot d’opposition contre vous, bien que vous ayez eu à supporter la jalousie qui s’attache à la faveur royale. L’intégrité de vos actions dérouta les éventuels calomniateurs ; vos adversaires furent souvent obligés de reconnaître ce qui ne leur faisait pas particulièrement plaisir. 8. Envers le maître de l’Etat, vous avez agi comme un juge de maisonnée ou un courtier privé. Lorsque le Roi mon aïeul pouvait jouir de quelque repos, et se dérober aux affaires de l'Etat, il venait apprendre de vôtre bouche, ce que les Sages de l'antiquité ont dit de plus beau. Il s'instruisait du mouvement des astres, il vous proposait des questions sur les vastes abîmes de la mer, et sur l'origine des fontaines, il examinait curieusement les secrets surprenants de la nature ; en sorte qu'on l'aurait pu nommer un Philosophe revêtu de la pourpre. Ce serait ici trop long de tout rapporter. Non, nous parlerons maintenant à notre avantage, pour que vous ayez le sentiment qu’il est juste que le successeur de l'Empire vous paie ce que son prédécesseur avait reconnu vous devoir. 9. En conséquence, avec l’aide de Dieu, par lequel notre inspiration prospère tous, nous vous nommons pour l’indiction XII, Préfet du Prétoire, avec son tribunal et ses insignes. Ainsi, les Provinces, après avoir souffert si longtemps sous des Juges iniques, recevront sans crainte un Juge dont la probité brille avec tant d'éclat. Mais, bien que vous ayez la Préfecture de votre père, encensée dans tout le royaume d’Italie, comme modèle, nous ne vous comparons pas à d’autres hommes. Montrez votre propre caractère et vous remplirez les vœux de tous. 10. Avec l’aide de Dieu, traversez ces champs de gloire que, nous le savons, vous avez toujours recherché. Car si, comme je le crois, cette dignité démontrera également votre intégrité, vous aurez alors conquis les vaines ambitions du monde. Ce n’est pas, d’ailleurs, votre habitude de vendre la justice; mais maintenant vous devez aider avec ardeur ceux qui ont été blessés de façon délibérée. Votre jugement incorruptible devra se méfier des mains accoutumées au mal. Laissez les efforts des mécontents se parer partout, car c’est la preuve flagrante de la réussite d’un magistrat honnête. Par la longueur de nos délais, nous avons lassé les vœux que tous nos sujets formaient en votre faveur, afin de pouvoir mieux juger de leur bonne volonté envers vous, et pour que chacun vous désirât plus ardemment, d'autant qu'il est de la condition humaine, qu'on se lasse bientôt de ce qu'on obtient trop facilement, et que les choses les plus précieuses paraissent avilies quand elles font offertes ; au lieu qu'on goûte mieux ce qu'on a attendu quelque temps. 11. Quelques louanges que vous ayez déjà méritées, vous devez en mériter encore de plus grandes. Faites une exacte recherche de tout ce qui appartient à la place de Préfet du Prétoire, dont le principal objet est de réprimer la cupidité des antres. Nous vous établissons comme une lumière propre à découvrir les choses les plus cachées, et nous savons que personne ne pourra tromper votre prudence, surprendre votre fidélité par des présents. 12. Prenez pour règle dans cette dignité, ce désintéressement admirable que vous avez toujours fait paraître avant d'être décoré des faisceaux. Vous êtes propre à remplir également bien toutes les places les plus honorables, parce que vous avez pour guide les principes d'une bonne conscience, qui ne connaissent pas de bornes. Le plus grand honneur est de ne jamais craindre de pousser trop loin ces principes ; c'est là où se trouve la véritable ambition dont on aime jusqu'à l'excès. [9,25] LETTRE XXV. LE ROI ATHALARIC AU SENAT DE LA VILLE DE ROME. Traductions françaises (partim) : Jean Baptiste Targe, Histoire générale d'Italie: depuis la décadence de l'Empire..., t. I ; Ammien Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus, éd. Nisard, 1869 ; Margaret Deanesly, Histoire de l’Europe du haut moyen âge (476-911), 1958 ; Denis de Sainte-Marthe, La vie de Cassiodore, 1695. Eloge de Cassiodore. 1. Nous avons comblé de bienfaits, Pères conscrits, le Sénateur qui rassemble toutes les vertus, dont les mœurs font la richesse, et qui a déjà reçu les plus grands honneurs ; mais si nous examinons son mérite, nous lui devons tout ce que nous lui accordons. En effet, par quelle compensation peut-on s'acquitter envers celui qui donne au Prince les conseils les plus salutaires ? Il s'est conduit avec une fermeté admirable dans les dignités qui lui ont été confiées ; la vérité et l'éloquence qui sortaient de sa bouche, ont entraîné l'âme du Souverain, qui avait lieu d'être lui-même dans l’admiration de ce qu'il lui faisait faire. 2. Ses arguments personnels ont enchanté tous les hommes ; et en fournissant des louanges de pourpre à son auditoire, il vous a permis de m’accueillir avec bienveillance. Celui qui adoucit et apaise les hauteurs royales par son discours rend hommage à sa course, quand on pourra requérir des services identiques de l’un de vous et d’autres au caractère semblable. 3. En outre, avec quelle éloquence n’a-t-il pas proclamé le père de ma clémence dans l’assemblée du sénat elle-même ! Vous vous souvenez de la façon dont cet orateur a exalté ses faits, faisant apparaître ses vertus plus appréciables que ses dignités. Je peux tester mes paroles par poignées. Considérez, Pères conscrits, l’avantage dont vous avez bénéficié à être pris en considération par quelqu’un que votre présence a tant exalté. Les louanges étant plus agréables à un Monarque qui aime la gloire, que les tributs qu'il retire de ses sujets; parce que les tributs se paient également aux tyrans, au lieu que les louanges sont le véritable apanage des bons Princes. 4. Il s'est appliqué à connaître notre antique famille, et les livres lui ont appris ce que le souvenir de nos vieillards blanchis par l'âge ne retenait plus qu'à peine. Il a tiré les rois des Goths des profondeurs de l'oubli et de la nuit des temps qui les cachaient. Il a fait revivre la race des Amales dans tout son éclat, et montre clairement que nous étions le dix-septième rejeton de cette lignée royale. 5. L'histoire des Goths est devenue, grâce à lui, une histoire romaine. Il a recueilli et réuni, pour ainsi dire, en une couronne, les boutons de fleurs épars auparavant çà et là dans les champs de la littérature. 6. Pensez à ce qu’il à pu m’aimer en me louant, quand il a montré que la nation de votre prince était une ancienne merveille. C’est pourquoi, comme vous avez toujours été considéré comme nobles de par vos ancêtres, vous serez ainsi dirigé par une antique lignée de rois. Je ne peux en dire plus, Pères du sénat, car, si j’insistais en rapportant ses hauts faits, ceux qui sont mentionnés ici seraient dépassés. 7. Dans les premiers temps de notre règne, quel soin ne donna-t-il pas au bon ordre de nos affaires? Lui seul suffisait à tout, le devoir des harangues publiques, nos conseils privés le prenaient entièrement ; il travaillait pour que l’empire put être en repos. 8. Nous l’avons trouvé Maître des Offices, mais il se déchargea de ses fonctions de Questeur et nous gratifia volontiers, nous l’héritier du trône, de l’expérience qu’il avait gagnée par les conseils de notre grand-père. 9. Il aida au début de notre règne aussi bien avec ses armes qu’avec sa plume. En effet lorsque la défense de nos rivages emplissait nos royales méditations, il sortit soudain de sa salle de travail et hardiment, comme ses ancêtres, assuma les fonctions de général et triompha par son caractère remarquable car l’ennemi ne vint pas. Il prit à sa charge l’entretien des guerriers goths, d’une part, de façon qu’il ne pût y avoir aucun abus commis aux dépens des provinciaux, et d’autre part, pour éviter aux finances un trop grand fardeau de dépenses. Ses armes ne firent encourir aucun dommage aux propriétaires de terres. Il n’est donc pas surprenant qu’il fut le plus authentique gardien de la province, car celui qui protège sans faire de dommages, mérite en évidence le nom de défenseur. 10. Puis lorsque le temps fut passé de ravitailler les navires et que le temps de la guerre se fut évanoui, il employa ses talents comme docteur des lois, mettant fin, sans dommages pour les intéressés, aux divers procès provenant de la soudaine résiliation des contrats. Tel fût le gouvernement de Metellus en Asie et de Caton en Espagne, des hommes plus loués pour leur rigueur que pour leurs batailles ; car l’issue d’un combat est toujours aléatoire, mais garder une conduite juste est une gloire incontestable. 11. Quoi donc ? Il est coutumier aux hommes qui savent leur conduite appréciée de s’infatuer ; mais ce ne fut pas son cas ni de se vanter orgueilleusement. Il s'est montré si porté à faire du bien, qu'il semblait n'user de la faveur de son Roi, que pour obliger tout le monde. Il voulait bien même se persuader, qu'il n'avait aucun autre pouvoir que celui de faire plaisir. Il était affable et tendre à tous ceux qui l'approchaient. Il faisait paraître une merveilleuse modération dans les prospérités. Il ne savait ce que c'était que de se mettre en colère, et pour en venir là, il fallait qu'il eût été bien irrité. Homme juste, il lui convient de montrer sa colère par sévérité. Il prenait plaisir à distribuer et à répandre abondamment ses propres biens, mais il ne savait point les voies de remplir ses mains du bien d'autrui. C’est cette disposition que ses études religieuses ont confirmé, car les affaires sont toujours gérées dans la crainte des cieux par rapport aux impulsions humaines. Car la claire compréhension de la vertu provient de là, de même que la sagesse qui est fondée d’une saveur de vérité. Ainsi, un homme imbu de la discipline céleste est humble en toutes choses. 12. A cet homme, donc, Pères conscrits, nous avons attribué la charge de Préfet du Prétoire, qu’il devra prendre à la douzième indiction. Avec l’aide de Dieu et sa propre intégrité, il peut apaiser toutes les contestations accumulées par les manœuvres des gens peu fiables, et trop longtemps attendu, agir de façon à servir chacun de nous. Que le ciel l’assiste dans ses projets, dont nous avons éprouvé la sagesse depuis longtemps, puisse-t-il être chanceux pour sa part, très loyal envers nous, et utile à l’Etat. Puisse-t-il laisser enfin à la postérité un nom de famille qui brillera éternellement.