LECTURE : Francis BACON (1561 - 1626) à propos des triomphes chez les Roamins : Francis Bacon, De la dignité et de l'accroissement des sciences, VIII, 3 : ... nomen ipsum Imperatoris, quod postea reges maximi a belli ducibus mutuati sunt; redeuntium ducum, bellis prospere confectis, celebres Triumphi ; Donatiua atque Largitiones ingentes in milites sub exercituum dimissionem; haec (inquam) tot et tanta fuerunt, et tam insigni splendore coruscantia, ut pectoribus mortalium etiam maxime conglaciatis igniculos subdere, eaque ad bellum inflammare potuerint. Ante omnia uero, mos ille Triumphandi apud Romanos non res erat ex pompa, aut spectaculum quoddam inane, sed inter prudentissima plane nobilissimaque instituta numerandu¢ ; utpote, qui in se haec tria haberet; Ducum Decus et Gloriam; AErarii ex spoliis Locupletationem ; et Donatiua Militum. Verum honor Triumphi fortasse monarchiis non competit praeterquam in personis regis ipsius aut filiorum regis ; quod etiam temporibus Imperatorum Romae obtinuit ; qui honorem ipsum triumphi sibi et filiis suis, de bellis quae praesentes ipsi confecerant, tanquam peculiarem reseruarunt ; Vestimenta autem solummodo et Insignia Triumphalia aliis ducibus indulserunt. ... Et ce titre même d'empereur, que dans la suite les plus grands souverains empruntèrent des généraux d'armée, il faut le compter pour quelque chose. Oublions encore moins ces triomphes si fameux décernés aux généraux d'armée à leur retour des expéditions militaires heureusement terminées. Telles étaient enfin ces gratifications, ces largesses faites aux armées au moment de les licencier. Ces moyens, dis-je, étaient si multipliés, ils étaient si grands, si éclatants, si imposants, qu'ils portaient, pour ainsi dire, le feu dans les âmes, échauffaient les coeurs les plus glacés, et les enflammaient de l'ardeur des combats ; mais surtout cet usage de triompher, chez les Romains, n'était pas, comme on pourrait le penser, une simple pompe, une sorte de vain spectacle, mais bien une des plus sages et des plus nobles institutions, attendu qu'elle renfermait trois avantages. D'abord, l'honneur et la gloire des chefs, puis celui d'enrichir le trésor public des dépouilles des ennemis ; enfin, celui de fournir de quoi faire des largesses aux soldats. Mais l'honneur du triomphe ne convient peut-être pas aux monarchies, si ce n'est en la personne du roi même, ou des fils du roi. Et tel était l'usage à Rome, du temps des empereurs, qui, après les guerres qu'ils avaient faites en personne, réservaient pour eux et leurs enfants, l'honneur même du triomphe, comme leur étant propre ; n'accordant aux autres généraux que des robes triomphales et autres décorations de cette espèce.